SYNTHÈSE HISTORIQUE
Un manuscrit de 1550 faisant la liste des ouvrages appartenant aux bourdigaliers (propriétaires des bourdigues, ces cônes de roseaux installés sur les îlots permettant de capturer des poissons) qui sont tenus de les entretenir, porte mention d´un ''pont à l´entrée de l´Ile dit pont Saint-Sébastien''. Il s´agit d´un pont fixe. Le document, un procès-verbal qui sert aux habitants à faire pression sur les propriétaires au sujet de la viabilité des ponts, indique que ces derniers sont ''fragiles et mal entretenus'' (MAISONNEUVE, DEL BALDO, ENTRESSANGLE, p. 29).
D´après le descriptif donnant l´état du pont en 1839, à cette date, celui-ci était un ouvrage voûté en pierre (AD Bouches-du-Rhône, 2S 10/3).
Le 25 octobre 1839, les habitants de Martigues signent une pétition au sujet du pont de Caronte dit de Saint-Sébastien, qui est en mauvais état et sur le point de s´écrouler. Les voussoirs, culées et murs de tête de ce pont sont très dégradés. Ce pont et le canal ont été construits par le marquis de Galliffet, dont la famille est toujours concessionnaire. Un descriptif permet de connaître l´aspect de l´ouvrage à cette date (ibidem).
Le préfet propose que le pont soit d´abord étayé puis reconstruit aux frais des propriétaires du canal. Un projet de mise en place de cintres pour le soutenir est resté sans suite. Le nouveau pont projeté en 1840 doit être construit sur les anciennes culées avec des dimensions entièrement semblables sauf de légers changements avec l´ancien (ibidem).
Les travaux sont soumis le 15 janvier 1845. La soumission est remportée par le sieur Gros qui reçoit, le 17 septembre 1846, un paiement de 5.500 F pour la reconstruction du pont Saint-Sébastien. Le financement a été effectué par la Société de Caronte gestionnaire du pont (ibidem).
En 1846, on profite de la réfection du pont Saint-Sébastien ''pour supprimer le clocher-porche et élargir la route départementale'' (DEUFF, p. 31). Cette Tour de l´Horloge avait été construite dans le quartier de l´Ile en 1561. ''Elle servait de porte d´entrée, au bout du pont Saint-Sébastien, dans la grand´rue de l´Ile'' (CONTENCIN, p. 22).
Tel qu'on peut le constater aujourd'hui, des poutres latérales ont été mises en place pour élargir l'ouvrage. Cet élargissement a été opéré à une date inconnue.
DESCRIPTION
On ne connaît pas l´aspect initial du pont Saint-Sébastien, sans doute était-il en bois (CONTENCIN, p. 23). On sait seulement qu´il était fixe (COURTOT, p. 23 ; MAISONNEUVE, DEL BALDO, ENTRESSANGLE, p. 29). On ignore à quelle date il a été refait en pierre.
Une gouache du début du 19e siècle (Fig. 5) le montre comme un pont de pierre à une travée voûtée.
Ses dimensions et son aspect nous sont connus pour 1839 : l´intrados de la voûte a la forme d´un arc de cercle dont la corde est de 6,80 m et la flèche 0,85 m ; les culées ont environ 2,40 m de hauteur ; la largeur entre les parapets est de 3,70 m et entre les têtes de 4,80 m ; sa longueur totale est de 9 m (AD Bouches-du-Rhône, 2S 10/3).
Le pont tel qu´on le reconstruit en 1846 conserve à peu près les mêmes caractéristiques : son ouverture sera la même (6,50 m), sa flèche 1/7e environ de la corde, et l´arc de la voûte décrit avec un rayon égal à la corde de l´ouverture (ibidem). Les trottoirs sont en encorbellement et les parapets en fer.
L'ouvrage a été ensuite élargi par la mise en place, latéralement, de poutres métalliques, qui permirent notamment de ménager, côté Caronte, une voie piétonne séparée.