• enquête thématique régionale, patrimoine religieux de Provence Verte Verdon
Chapelle, puis couvent de trinitaires, puis ferme, actuellement chapelle Notre-Dame-de-Santé
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
  • (c) Provence Verte Verdon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de la Provence Verte
  • Commune La Verdière
  • Lieu-dit Notre-Dame-de-Santé
  • Cadastre 1823 D2 880  ; 2017 D 585
  • Dénominations
    chapelle, couvent
  • Genre
    de trinitaires
  • Vocables
    Notre-Dame-de-Santé
  • Destinations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    ermitage, hôtellerie

Un édifice médiéval primitif

L’actuelle église a été bâtie sur les ruines d’une construction médiévale, dont des pierres taillées sont visibles en remploi. Peut-être s’agit-il de l’église Sainte-Marie de Fonte Crosa, mentionnée dès 1251, une source s'écoulant à proximité portant le nom de Font de Cros. Cette église est mentionnée à plusieurs reprises au cours du 14e siècle (ca 1300, 1343, 1348, 1351). Au siècle suivant, un acte de 1428 relevé par Reynaud indique que le testateur souhaite être enseveli à la chapelle Notre-Dame. Cependant, il est difficile d’affirmer qu’il s’agit bien de Notre-Dame-de-Santé.

L’existence antérieure d’une église à l'emplacement de Notre-Dame-de-Santé est confirmée par la visite pastorale de 1620, qui décrit la présence de sépultures dans le soubassement de l'édifice ; et par l’acte de fondation de la nouvelle chapelle, daté du 20 septembre 1624 qui confirme que la communauté a commencé à rebâtir la chapelle à ses frais dès 1617. Cet acte indique que les anciens seigneurs de La Verdière avaient fait bâtir une chapelle dédiée à la Vierge qui, ruinée, n’en faisait pas moins l’objet d’une fréquentation annuelle par les verdièrois et les habitants des localités voisines, « miraculeusement soulagés des maladies dont se estaient affligés ». Il semblerait donc qu’une dévotion vivace à la Vierge, traduite par un pèlerinage annuel et le témoignage de nombreux miracles, ait motivé la refondation de la chapelle au début du 17e siècle.

Des voûtes d’arêtes reposant sur arcs doubleaux sont visibles dans l’actuelle sacristie, elles se poursuivent dans une partie du bâtiment attenant. Il s’agit certainement d'une partie de l'édifice médiéval primitif. L’acte de 1624 le confirme en indiquant que seuls « l’ancien hautel et chapellettes d’icelluy qu’on appelle les presbytaires » sont conservés.

Une reconstruction motivée par un pèlerinage

La reconstruction de la chapelle est mentionnée dans les archives communales entre 1617 et 1626. L’acte de 1624 en détaille les modalités : étant donné la fondation antérieure de la chapelle par ses aïeux, le seigneur verdiérois Jean de Castellane en devient juspatron de droit. Les conditions suivantes sont établies entre le seigneur et la communauté : les consuls auront en charge l’entretien de la chapelle, sauf dans le cas d’une « ruine entière » où le seigneur devra apporter sa contribution. Ils se chargeront du mobilier de la chapelle, qui sera inventorié tous les ans par le juge du seigneur, en présence des consuls. Tous les premiers jours de l’an seront nommés des marguilliers qui recueilleront et tiendront compte des aumônes. La clé buchée, présente sur l’arc de la porte latérale, atteste peut-être cette co-fondation laïque entre seigneur et communauté. La façade occidentale, portant la date de 1625, appartient à cette campagne de travaux. Le service de la chapelle est confié aux religieux de l’ordre des trinitaires déchaussés en 1635. Parmi eux, Ignace Gory, qui publia en 1655 une « Panacée mystique » relatant les nombreuses grâces accordées par la Vierge de Santé.

Après le départ des trinitaires à la fin du 18e siècle, différents prieurs s’y succèdent jusqu’à la Révolution où le couvent et ses propriétés sont vendus comme biens nationaux. La chapelle sert alors de remise et de bergerie. Dans la seconde moitié du 19e siècle, le propriétaire de la chapelle la restaure et y rétablit le culte. Son legs à la fabrique de La Verdière est entravé par un décret de l’Etat, et la chapelle sera vendue aux enchères en 1903 à Casimir Blanc, ancêtre des actuels propriétaires, qui y entreprend des travaux de restauration.

Un ensemble de bâtiments traduisant une intense activité spirituelle

La chapelle était complétée par différents bâtiments destinés à l’activité spirituelle et à l’hébergement des clercs et des hôtes (couvent, hôtellerie), ainsi que par le logement d’un ermite. Il est difficile de les identifier parmi les bâtiments existants, dont certains sont ruinés. Les délibérations communales comme la visite pastorale de 1620 mentionnent en particulier la construction du logement de l'ermite lors de cette période. Les trinitaires bâtissent le couvent à proximité de la chapelle. En 1638, le conseil vote un capage pour aider les religieux trinitaires à terminer la construction de leur couvent. D’après la visite pastorale de 1639, leur habitation se compose de « six chambres garnies de pettis lits ». Son emplacement est incertain : les archives indiquent que suite à l’irrégularité du service religieux due à l’éloignement du couvent, celui-ci est rebâti en 1658, alors que des trinitaires chaussés ont remplacé les trinitaires déchaussés. Un plan du 19e siècle figure le couvent (alors en ruine) au sud-est de la chapelle. Une écurie et un poulailler étaient accolés à l'élévation sud.

À 100 mètres au nord-ouest, de l’autre côté du chemin, un édifice à l’état de ruines pourrait être l’hôtellerie destinée à accueillir les pèlerins, également contemporaine de la refondation de la chapelle au 17e siècle. En outre, les sources orales rapportent qu’un bâtiment en partie ruiné situé à 500 mètres au nord, appelé « bastide Notre-Dame » sur le cadastre napoléonien et « bastide des pères » au 19e siècle, aurait abrité les religieux officiant à Notre-Dame-de-Santé.

Une première église dite de Fonte Crosa (à associer au nom de la source Font de Cros existant à proximité) est mentionnée sur ce site en 1251. L'actuelle chapelle Notre-Dame-de-Santé est édifiée sur cet ancien lieu de culte et porte la date de 1625. Au 17e siècle, un ermitage (bâti vers 1620) et un couvent (bâti en 1658) se trouvent à proximité. La chapelle devient un bâtiment agricole après sa vente comme bien national à la suite de la Révolution. Elle est ensuite revendue et complétée par trois corps de bâtiments au début du 20e siècle. C'est aujourd'hui une chapelle privée accueillant une procession annuelle (8 septembre) à Notre-Dame-de-Santé.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Principale : 1er quart 17e siècle , porte la date
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1625, porte la date

La chapelle Notre-Dame-de-Santé s’élève dans une plaine à environ quatre kilomètres du village, en bordure de l’ancien chemin de Ginasservis à Bezaudun (ancien castrum voisin de Varages). Un bâtiment lui est accolé à l’est. Au sud, trois corps de bâtiments (aujourd’hui des maisons d’habitation), s’articulent autour d’une cour. Une source, la Font de Cros, se trouve à proximité. Deux autres bâtiments, dont l'hôtellerie en ruine, se situent au nord. Un couvent dont il ne reste pas de vestiges visibles était accolé à l'est de la chapelle, perpendiculairement à celle-ci. Un ermitage (non localisé) existait de même.

L’édifice est construit en moellons liés au mortier, il est couvert d'un toit à long pans comportant des tuiles creuses. Orienté, il est de plan allongé et possède un chevet plat prolongé par une sacristie. Il est couvert d’une voûte en berceau brisé, contrebutée par cinq contreforts au nord et au sud. La façade occidentale, qui porte la date de 1625, se compose d’une porte plein-cintre en pierre de taille, surmontée d’une petite niche plein-cintre et d’un oculus. Elle est couronnée d’un clocher-mur. Au nord se trouve une seconde porte plein-cintre en pierre de taille.

La nef, unique, est divisée en trois travées, séparées par des arcs doubleaux et rythmées par des arcatures. Un cordon mouluré se situe à la naissance de la voûte. Ce décor se poursuit dans le chœur. Les arcatures de la travée précédant le chœur présentent une profondeur plus importante. Une fenêtre plein-cintre, percée dans le mur sud, éclaire le chœur. On accède à l’autel par un emmarchement à quatre degrés.

  • Murs
    • pierre moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790. La Verdière. 1552 - 1793. Archives départementales du Var, Draguignan : 2 MI 240 R1. Disponible en ligne : <http://www.archives.var.fr/arkotheque/consult_fonds/fonds_seriel_resu_rech.php?ref_fonds=19>. Date de consultation : 2020.

  • Visites, sentences de visites de l'archevêché d'Aix-en-Provence, 1620-1621. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 1333

  • Registre des actes et délibérations du Conseil de Fabrique et du bureau des Marguilliers de l’église succursale de La Verdière, diocèse de Fréjus et Toulon, Var, 1883. Archives paroissiales, La Verdière : non coté.

  • PELLOQUIN, Henri, curé. Lettre au Très Saint Père par le curé de La Verdière. 20 juin 1925. Collection particulière : non coté.

  • ARNAUD Claude, BORREANI Marc, JERPHANION Guillaume de. [Evolution historique de l'habitat en Provence Verte Verdon.] Tapuscrit, [vers 2020]. Collection particulière : non coté.

    Testament de Rayne de Vintimille mentionnant un leg à une "ecclesia Beata Maria de Fortrossa", 1348.

Bibliographie

  • CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse d'Aix-en-Provence, dir. Maurice Prou, Paris : Imprimerie nationale, 1923.

  • FORBIN D'OPPEDE, Michel-Palamède de. Monographie de la terre et du château de La Verdière, et des familles qui l'ont successivement possédé sans interruption du Xe au XIXe siècle. Marseille : 1880. Publication en ligne : <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k852565w.texteImage>. Date de mise en ligne : 09/04/2013.

  • GORY, Ignace (père). Panacée mystique. Ou remede a toute sorte de maladies, & accidents de cette vie. Qui est, la devotion a la tres glorieuse Vierge, mere de Dieu, sous le titre de Nostre Dame de santé, & du bon remede dans les convents de l'ordre de la tres saincte Trinité, & redemption des captifs. Lyon : Guillaume Barbier, imprimeur ordinaire du Roy à la place de Confort, 1655. Notice n° FRBNF17120889.

  • PHILIBERT, Lucien. Monographie du sanctuaire de Notre-Dame-de-Santé de La Verdière (Var). Draguignan : Imprimerie du Var, ancienne maison C. Latil, H. Cauvin succt, 1916.

  • PIEGAY, Joseph. Au moyen âge entre Durance et Verdon : histoire médiévale de Ginasservis, Gréoux, Saint-Julien-le-Montagnier, Saint-Paul-les-Durance, La Verdière, Vinon, Cadarache et autres lieux. Vinon-sur-Verdon : Association Résonances, 2004. 1 vol. (407 p.) : ill. ; 24 cm.

    Visite pastorale de 1343 à Notre-Dame de Fonte Crosa.
  • REYNAUD. Histoire d'une chapelle : N.-D. de Santé à La Verdière (Var). Annales de Provence, Société études provençales, 21e année, n° 4, octobre à décembre 1924. p. 188 - 211.

    Acte de fondation de la nouvelle chapelle, 20 septembre 1624
  • REYNAUD. Histoire d'une chapelle : N.-D. de Santé à La Verdière (Var) (fin). Annales de Provence, Société études provençales, 22e année, n° 1, janvier à mars 1925, p. 5 - 33.

Documents figurés

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Plan cadastral de la commune de la Verdière, 1823. / Dessin à l'encre sur papier par le géomètre Bragier, 1823. Archives départementales du Var, Draguignan : 3PP 146.

  • Notre-Dame de Santé. - Ruines du couvent. / Carte postale, noir et blanc, avant 1903. Collection particulière.

  • MADEC, Joseph Mgr. Prière à Notre Dame de Santé. / Impression, papier glacé. Toulon, 17 janvier 1988. Collection particulière.

  • Extrait du Plan Cadastral de la Commune de La Verdière. [Plan de masse de la chapelle de Notre Dame de Santé et de la Ferme dite du Couvent.] / Dessin, s.d. (1807-1898). Archives départementales du Var, Draguignan : 4 V 6.

  • Plan de la Chapelle de Notre Dame de Santé et de la Ferme dite du Couvent. / Dessin, s.d. (1807 - 1898). Archives départementales du Var, Draguignan : 4 V 6.

Annexes

  • Pratiques cultuelles associées à la chapelle Notre-Dame-de-Santé, La Verdière
Date d'enquête 2020 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Provence Verte Verdon
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général