Dossier d’œuvre architecture IA83003103 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Batterie de côte Saint Pierre des Embiez
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Six-Fours-les-Plages
  • Lieu-dit Saint-Pierre,
  • Adresse
  • Dénominations
    batterie
  • Précision dénomination
    batterie de côte
  • Appellations
    Batterie Saint Pierre des Embiez
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GÉNÉRALE

XVIIe et XVIIIe siècles

La mise en état de défense de l'île des Embiez, au début de l'époque moderne, fut d'abord envisagée, contre les descentes des Turcs, maures et corsaires qui ravageaient la provence et surtout les costes de Six Fours, sous la forme de feux de garde ou farots, d'intérêt collectif, desservis par des guetteurs, et permettant de prévenir les habitants de l'approche d'agresseurs venus de la mer. Un de ces farots, sur les hauteurs du Cap Sicié, avait été remplacé par une tour de pierre vers 1530 à l'initiative du conseil des syndics de la communauté de Six-Fours. S'agissant des Embiez, il existe une certaine ambiguïté de qualification entre deux tours circulaires : d'une part une tour qui aurait été édifiée dans ce contexte, pour servir de farot, à l'origine du toponyme de La Tour Fondue (qui désigne le sous-ensemble nord-est de l'Ile, jadis détaché), d'autre part le château des Embiez, sur le point haut de l'île, pourvu d'une tour toujours existante. Barthélémy Lombard, membre d'une famille de notable de Six-Fours, succédant à son oncle dans la concession de l'exploitation des salines de l''île des Embiez, obtint en 1593 du roi Henri IV que cette concession et le domaine foncier associé soient érigés en arrière-fief en sa faveur, à titre héréditaire. Lombard, seigneur de Sainte-Cécile (des Embiez), aurait fait construire le château dans ce contexte en 1602, vraisemblablement sous condition de le mettre à disposition de l'intérêt public comme point d'appui stratégique. Sous Louis XIII, en octobre 1637, une garnison "de vingt hommes compris un capitaine et un sergent" fut cantonnée "à la tour des Embiez, à raison de cent livres au capitaine, 18 au sergent et 12 à chacun des soldats ". Cette mesure s'inscrivait dans le cadre d'entretien de troupes de garnison au service du roi dans les places et châteaux de Provence et de vingt compagnies ordonnées pour la garde des côtes et autres places1. La tour mentionnée désigne-elle le château des Lombard, ou la tour à signaux, dite Tour Fondue, qui aurait été détruite dès 1646, par autorisation royale ?

Quoi qu'il en soit, il n'existait aucune fortification digne de ce nom sur l'archipel des Embiez trente ans plus tard, lors de la première tournée toulonnaise de Vauban, commissaire général des fortifications, en 1679. Un mémoire rédigé en mai 1688 par Antoine Niquet directeur des fortifications de Provence, collaborateur de Vauban, décrit les avantages topographiques de la rade du Brusc : "La petite isle des Embies forme à ce port une tres bonne rade qu’on nomme le Bruzc ou toutes sortes de vaisseaux sont en sureté. Les galleres et les autres bastimens du Roy s’y retirent souvent (...) sans les ports de Toulon et de Marseille il seroit tres considérable. La depense pour l’accommoder sera très médiocre"2. Six ans plus tard, l'auteur de ce mémoire avait esquissé un principe de défense de cette rade, appuyé sur des batteries de côte. Vauban l'approuve pour l'essentiel dans un mémoire sur la protection des rades entre Marseille et Toulon daté de décembre 16943 , qui préconise des batteries retranchées bien armées : " il n’y a qu’à disposer les batteries de manière qu’elles puissent voir toute l’estendue de la rade, les asseurer par un bon retranchement, et y mettre deux fois autant de gros canons que de mortiers » .

Ce programme n’est pas encore lancé le 30 mars 1695, date à laquelle Louis XIV nomme le maréchal de Tourville, son lieutenant-général des armées navales, vice-amiral du Levant, au commandement des côtes de Marseille à Toulon, pour faire face à la menace de croisière anglaise de l’amiral Russel. Le projet de mise en état de défense opérationnel conçu par Antoine Niquet dès le 22 mars 1695, dans un mémoire sur l'état des batteries à faire et à réparer sur la côte des rades de Toulon4, ne s’étend pas, vers l’ouest, au-delà du pourtour de la presqu’île de Saint-Mandrier et des abords de l’isthme des Sablettes. La question de la défense de la rade du Brusc reste du ressort de Tourville, qui y fait une tournée avec l'intendant de la Marine de Toulon, Jean-Louis Girardin de Vauvré, et confirme l’importance d’y interdire le mouillage aux ennemis, qui pourraient de ce secteur intercepter les galères circulant entre Toulon et Marseille. Pour couvrir la rade, il propose trois batteries armées d’un mortier et deux canons de 24 livres, au cap de La Cride, au cap Nègre et sur l’île des Embiez. L’exécution de ces batteries de la rade du Brusc est déléguée aux consuls de Sanary et de Six-Fours, et leur garnison recrutée dans ces deux localités au titre des milices garde-côtes 5. Ouvrages de temps de crise vite réalisés, de construction sans doute sommaire, sans retranchements ou édifices maçonnés complexes, ces batteries sont achevées fin mai 1695 et servies chacune a minima par un canonnier et deux aides canonnier, complétés de deux bombardiers pour les mortiers.

Dès 1715, la paix revenue, ces batteries sont désarmées. Dix ans plus tard, en 1726, Antoine Niquet songe à améliorer la défense de la rade du Brusc, ce qu’il exprime sur une carte légendée. A propos d'une des batteries existantes, celle de La pointe de la Cride, la légende précise qu'elle peut être retranchée facilement, étant comme une presqu’île, ce qui laisse à penser que les batteries de 1695 avaient été réalisées sommairement, sans retranchement à la gorge. Les trois batteries peinant à croiser leurs feux du fait de leur espacement, Niquet en propose deux autres, une à Portissol, au pied d’une tour existante, et une autre à l’île de Rouveaux, au large de l’île des Embiez, sans conviction : "L’ile de Rouveaux est fort irrégulière on ne peut y faire une batterie sans dépense parce que pour lui donner des vues de tous cotés il faut la placer sur le haut qui n’est qu’une crete de rochers peu large et irrégulière". Seule la première sera réalisée.

Un mémoire du 20 octobre 1757 d'un officier du génie en poste à Toulon, le sieur Roquepiquet, évoque la position des Embiez comme dépourvue d'une batterie à la pointe nord-ouest : "Des rades du Brusc et Senaris il n'y a que quelques batteries fort éloignées qui en empèchent l'entrée, on a négligé, je ne sais pourquoi, d'en placer une qui doit être la plus grande à la pointe de l'Isle des Embiez qui avance à la mer et qui oblige à l'approche de près pour entrer dans la rade ; elle peut s'établir à peu de frais. Il y a dans la presque isle un ancien château qui peut contenir deux à trois cens hommes et la dépense pour cet établissement ne serait guere que de douze à quinze cent livres. On pourrait augmenter de quelques pièces les batteries de la Cride et du cap Brun (Nègre?), en supprimant celle de la plage de Senaris et de la Lauve, qui ne sont d'aucune utilité..."

Une carte des rades de la ville de Toulon et du Brusq avec les environs, jointe au mémoire sur la défense de Toulon du directeur des fortifications de la place Milet de Monville, daté de 18 avril 17626, exprime de manière sommaire, mais lisible, la batterie de l'île des Embiez, qui est nommée Saint-Pierre, à la pointe nord-ouest, sur le site de la batterie actuelle, celles de Portissol et de La Cride, ainsi que celles du Cap Nègre et du Rayollet; seules ces deux dernières sont retranchées à la gorge d'un mur tenaillé. Cette carte, ainsi que celle de la rade du Brusc imprimée en 1764 par Jacques-Nicolas Bellin7, n'indiquent aucune autre fortification sur l'île des Embiez (Rouveaux compris), mais figurent le château, non considéré comme un ouvrage défensif. Le projet général des fortifications de Toulon du même Milet de Monville, pour 1764, se termine sur l'importance défensive des Embiez : "...il est de nécessité indispensable d'établir sur l'isle des Embiez des batteries de gros calibre et de mortier, bien fortifiées, pour interdire le mouillage et l'usage de la rade du Brusq, propre à l'entreprise d'une descente par un ennemi qui aurait pour objet l'entier investissement de Toulon, par la facilité qu'il aurait après la descente faite, d'occuper les villages d'Ollioules, de Six-Fours et de La Seine et (...) d'attaquer par la gorge les batteries de Faubregas et de La Verne (...) en établissant des batteries sur l'isle des Embiez, il faut fortifier celles de Portissol et du Rayolet qui déffendent la même rade et l’anse ou plage de Bandol”8. Une note marginale précise : "quelque représentations qui ayent été faites, on a négligé de fortifier par la gorge les batteries de la côte". On peut supposer que la batterie sommaire de 1695, qui occupait le même emplacement à Saint Pierre, était jugée insuffisante en 1758 et 1764 au point de ne plus être mentionnée dans les mémoires appelant à la refonder. Le Mémoire sur la ville de Toulon 9 du sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon, rédigé en mars 1768 consacre un chapitre général aux batteries de côte, qui concerne l'ensemble de celles défendant Toulon, sans doute jusqu'à la rade du Brusc ; presque toutes sont à barbette et dans un très mauvais état.

Un mémoire du 6 octobre 1777 signé du sieur d'Optère10 montre que ce projet de nouvelles batteries aux Embiez reste à l'ordre du jour; il en précise les dispositions, les proposant comme des batteries fermées : "...il convient d'y établir de fortes batteries dont les feux se croiseront avec celles qu'on indiquera dans la suite, la pointe dite de St Pierre et celle de la petite isle à l'est des salines fournissent des emplacements favorables; elles seront assez élevées pour que l'intérieur n'en puisse être vus, et on pense qu'on pourra les établir à barbette en les plaçant sur la sommité des deux monticules; on les disposera de manière à recevoir chacune au moins six pièces de gros calibre et 2 mortiers de 12 pouces à plaque (...) il conviendra (..) d'envelopper chacune de ces batteries d'une forte redoute dont le tracé sera déterminé par le terrein (...) mais comme les monticules sur lesquels ces batteries seront établies et notamment celle de la pointe St Pierre n'ont que fort peu d'étendue, il serait impossible de faire dans l'intérieur de chacune de ces redoutes tous les divers établissements nécessaires à leur service; on propose donc de choisir un emplacement à portée des redoutes pour y faire les magasins, casernes, citernes, etc. Le château des Embiez, situé à 200 toises des emplacements des batteries sur une hauteur qui occupe le milieu de l'isle et qui commande partout, parait remplir cet objet, il contient beaucoup de bâtiments dont on pourra profiter, et presque tout l'ouvrage se réduira à enceindre ce poste d'un fort retranchement qui puisse le mettre à l'abri d'être emporté d'emblée; les troupes qui fourniront à la garde de ces batteries logeront dans ce château, éclaireront la marche de l'ennemi s'il tentait de débarquer dans l'isle. En outre des deux batteries dont on a parlé, on en peut établir une autre à merlon sur le petit Rouveau, rocher qui n'est éloigné que d'une portée de mousquet de la pointe St Pierre; on ne propose point de la retrancher, parce que son retranchement serait vu et plongé par les vaisseaux, mais elle sera soutenue par la batterie de St Pierre."

A la période révolutionnaire, en 1791, la direction des places des départements du Var et des Bouches du Rhône définit les dépenses à engager pour mettre les batteries de la côte dans un état de défense désirable. La liste indique que les deux batteries proposées aux Embiez en 1777 restent à l'état de projet : la batterie proposée à l'isle des Embiez, et la batterie proposée au cap Saint-Pierre justifient conjointement une dépense de 6000 livres 11.

Après la reprise de Toulon aux anglais par les républicains de septembre à décembre 1793, de nouveaux rapports et projets sur la défense des côtes nous renseignent sur l’état des batteries de la rade du Brusc, et les projets les concernant. Le rapport en forme de liste qui en est dressé le 18 prairial an 2 (6 juin 1794) par quatre commissaires nommés par le ci-devant pouvoir exécutif, indique, dans la colonne donnant la force des batteries dans l'état existant au 1er germinal an 2 (21 mars 1794), pour l'île des Embiez, qu'il n'y existe rien (aucun armement). La colonne relative à la force projetée prévoit d'y faire un fort sur la hauteur, capable de soutenir une attaque réglée, ouvrage important pour protéger tout à l'entour, armé de seize canons de 36 (livres), quatre de 24, quatre de 18, autant de 12 et de 8, quatre mortiers, et équipé d'un fourneau et d'un four à caisse. Une carte imprimée des environs de Toulon dans l'état ou tout se trouvait avant la reprise par les français (...) du 16 au 17 novembre 1793, carte non datée mais d'environ 180012 , indique, sur l'ile des Embiez, la batterie de St Pierre, telle que figurée sur le plan Milet de 1762, le château, et une autre batterie, sur l'excroissance nord-est, à l'emplacement de la Tour Fondue, soit au second emplacement préconisé dans le mémoire de 1777. Une carte manuscrite des batteries de la rade du Brusc, datée de 1800, donnant les directions des tirs, figure sur l'ile des Embiez le château, la batterie de St Pierre, avec la mention "projet", et une autre batterie sans nom au sud-ouest de l'île13.

Premier Empire

En 1810, la 5eme commission de l'inspection des côtes de la Méditerranée, l'une des commissions mixtes nommées par Napoléon pour l'armement du littoral français, rend un rapport détaillé concernant notamment Les Embiez, définissant un projet précis : " La commission, après avoir parcouru tous les points de l'île des Embiers, a reconnu : premièrement que la petite batterie située sur le cap du côté du passage de la navigation sud-ouest devait être conservée et entretenue dans son état actuel et, deuxièmement, qu'il était très important d' établir une nouvelle batterie sur le plateau de Saint-Pierre et d'y placer le mortier et le fourneau à reverbère décrétés par S.M. sur le même point où il existe une partie du tracé d'une ancienne batterie. La nature du terrain, la forme du plateau et son but de défense exigent qu'elle soit construite sur trois fronts . Celui de gauche, est sud-est et sud sud-ouest aura dix mètres de longueur où l'on placera une pièce de 24 en fer sur affût de côte. Celui du centre, sud-sud-ouest et nord-nord-est, aura huit mètres et celui de droite , est sud-est aura dix mètres de longueur où l'on placera une pièce de 24 en fer sur affût de côte. Au commencement de celui de droite, on placera un mortier de 12 pouces à la Gomer et les pièces de 18 à la suite, montées sur affût de côte. La première pièce de 24 sur la gauche défendra la ligne de ce côté et croisera son feu avec la première batterie de l'île ; la seconde, au centre, dirigera son feu sur La Cride et Portissol, et défendra l'entrée de la rade du mouillage du Brusc. Le mortier et les deux pièces de 18 auront la même défense. La commission en a fait le tracé sur les lieux ainsi que de l'enceinte qui doit renfermer le four à rougir les boulets, avec tous les établissements qui seront couverts par la pente de la hauteur de cette colline et en a adressé le plan général. L'élévation de la batterie de Saint-Pierre au-dessus du niveau de la surface sera de vingt-quatre mètres. Les hommes nécessaires à sa défense et à son service logent dans des bâtiments à l'intérieur de l'île. Ce rapport donne aussi des détails sur la batterie sud-ouest, dite batterie des Embiez, plus récente et seule armée en l'état, à maintenir : " située sur le second cap du côté du passage de la navigation sud-ouest. Elle est armée de deux pièces de 16 en fer allongées et montées sur affût de côte en bon état.La pièce à gauche défend la pointe des Embiers sur la ligne ouest-sud-ouest; la seconde défend la même ligne jusqu'au nord-ouest sur la ligne du cap d'Aron. Les établissements de cette batterie sont placés sur le derrière , à environ cent mètres de distance et couverts par la nature du terrain. Ils sont composés d'un petit corps de garde pouvant contenir quatre hommes et d'un très petit réduit à la suite pour la caisse des munitions. Cette batterie est suffisamment armée. La commission n'a pas cru devoir proposer d'autres établissements parce que ce poste doit être dépendant d'une nouvelle batterie qui sera établie à la pointe de la même île où S.M. a décrété un fourneau à reverbère" 14.

En 1811, Napoléon valide les propositions du comité général des fortifications organisant à sa demande un projet général de mise en défense des côtes à l'échelle du territoire de l'Empire, jusqu'aux Pays-Bas au nord, et jusqu'à l'Italie et la Dalmatie au sud-est. Le programme définit et fixe des modèles architecturaux normalisés pour les batteries de côte, et en particulier, pour les réduits de batteries. Ces réduits, en forme de tour cubique voûtée à l'épreuve, inspirées de celles bâties en 1801, lors de la campagne d'Egypte, pour défendre la place conquise du Caire, constituent des “tours-modèles” incluant tous les locaux de service de la batterie : en soubassement : magasin à poudre, magasin d’artillerie, réserve de vivres, citerne ; à l'étage, logements de la garnison, et plate-forme d'artillerie en couronnement. Les tours-modèle sont retranchées et en partie défilée par un fossé, franchi par un pont dormant avec pont-levis. Cinq tailles de tours sont prévues, les trois premiers seuls casematés : n°1 pour 60 hommes; n°2 pour 30 hommes; n°3 pour 18 hommes. Cent soixante de ces tours devaient être construites sur l'ensemble du littoral, dans un délai de dix ans, dont à peine plus d'une dizaine ont été réalisées15. Cinquante quatre étaient prévues sur les côtes de la Méditerranée. Sept d'entre elles devaient être réparties d'ouest en est entre Sanary (île des Embiez) et la presqu'île de Giens, augmentée de quatre autres sur les îles d'Hyères.

Un mémoire sur les batteries qui défendent la rade de Brusc et celle de Bandol daté du 15 octobre 1811 définit l'armement et le programme de principe, sans évoquer la question des tours. La batterie de Saint Pierre, dont l'épaulement a été reconstruit sur plan polygonal conformément aux préconisations de 1810, doit être armée de "deux canons de 24 sur affuts de côte, 1 mortier de 12. Cette batterie formant l’appui de gauche de la rade de Brusq devrait être agrandie et portée à 6 (pièces ?) et 2 mortiers ; elle est dans une belle position qui, retranchée, devrait être le réduit défensif de l’île des Embies, on n’a pas saisi dans son tracé tous les avantages du terrain ni songé en la construisant qu’elle devait être retranchée". S'agissant de la batterie des Embiez, il n'est question de l'armer que des deux canons de 16, car elle est "dans une position qui l’empêche de voir sur la gauche, elle bat le large et la passe entre l’île et celle de Rouveaux". Évoquant ensuite la batterie de la Lauve, sur le littoral à proximité de l'île au sud-est, le texte ajoute : "Il faudrait changer la place de ces deux batteries, celle des Embiez pourrait être placée sur une pointe à gauche, elle serait un peu élevée mais verrait le large et battrait cependant le canal ou passe de Rouveaux. Celle de la Lauve devrait être placée sur l’île de Gau, la communication sera assurée par la digue (...) pour lier au continent l’île d’Embies. Ces batteries devraient avoir chacune 3 ou 4 pièces de 36. Dans les nouvelles positions elles pourraient être fermées à leur gorge et défensives, elles verraient mieux tout le large, ce qu’elles ne font pas à présent".

La carte militaire de la reconnaissance de la rade du Brusc et du terrain qui la sépare de Toulon, du 27 mars 1812, indique les deux batteries en place sur l'île.Détail de l'île des Embiez sur la "carte militaire de la reconnaissance de la rade du Brusc et du terrain qui la sépare de Toulon", 27 mars 1812Détail de l'île des Embiez sur la "carte militaire de la reconnaissance de la rade du Brusc et du terrain qui la sépare de Toulon", 27 mars 181216 Plan et profils des batteries de St Pierre (Ile des Embiez) et de l'île du Petit Raveau [...],1812.Plan et profils des batteries de St Pierre (Ile des Embiez) et de l'île du Petit Raveau [...],1812.

Le programme de principe annoncé dans le rapport de la séance du comité central des fortifications du 11 avril 1812 planifie la construction de six tours modèles pour la place de Toulon, réparties d’ouest en est entre l’île des Embiez et Carqueiranne; l'une d'elles, du type n°1, est proposée à l'appui de la batterie de la Carraque, toujours dans la presqu’île de Saint Mandrier, sur la hauteur de la Croix des Signaux, sera la seule effectivement construite. Pour la rade du Brusc, entre Bandol et les Embiez, l’amiral Emériau, préfet maritime, juge indispensable le renforcement des batteries du Cap Nègre, de La Cride, de Portissol et de Saint-Pierre des Embiez, destinées à être armées chacune de cinq ou six canons de 36 livres et un ou deux mortiers. Il choisit de les compléter d’un réduit de type tour n° 1, sur avis de la Marine, bien que le directeur des fortifications de Toulon et la 5e commission aient proposé, pour les Embiez, une tour n° 2. Une note du 27 mars 1812 précisait déjà «Il est très important de commencer les deux tours n°1 des batteries de la Cride et de St Pierre des Embiez ». Le programme défini par Emeriau pour l'ile des Embiez ne mentionne pas la batterie sud-ouest mais donne des précisions sur celle de Saint-Pierre : il s'agit de "la bien fermer et construire à quelque distance une tour n°1 qui pût empêcher l’ennemi de s’y établir".

Le nouveau projet de la batterie de St Pierre des Embiez, établi sous l’autorité du colonel Alexandre de Dianous (de La Perrotine), directeur des fortifications de Toulon, daté du 25 mai 1812, signé de Geoffroy, major du génie, sous-directeur des fortifications, et de Riouffe-Lombard, adjudant du génie, assorti d'un plan17, propose, pour un budget de 97500 fr, "d'établir une tour du modèle n° 1 à sa gorge, qui servira en même temps de réduit à toute l'île qu'il est essentiel d'occuper fortement attendu qu'elle est la clef de tout le système de défense du Brusc". Le projet comporte aussi -reprenant une idée proposée en 1777- l'occupation de l'îlot voisin du Petit Raveau par une batterie annexe, avec les établissements qui lui sont nécessaires, et la construction d'une chaussée liant l'îlot à la côte. Le plan montre l'épaulement de la batterie existante, à barbette, de très faible étendue (conformément aux préconisations de 1810) du fait de la faible surface de l'éminence naturelle culminant à 21,27m d'altitude, et de plan polygonal / en fer-à-cheval, incluant dans son aire intérieure le four à réverbère. La tour projetée s'adosse directement à la gorge de la batterie, son fossé retranchant l'une de l'autre; la porte de la tour est prévue vers la batterie, qui lui sert en quelque sorte d'ouvrage avancé. Elle est profondément enfoncée dans le sol de la petite éminence, afin d'être défilée par le parapet peu élevé de la batterie. La batterie projetée sur l'île du Petit Raveau, à 11, 50m d'altitude moyenne, est beaucoup plus spacieuse, elle comporte à sa gorge un corps de garde et un magasin à munitions, défilés par l'épaulement. La chaussée rectiligne reliant les deux batteries forme une digue sur enrochement dans sa traversée du bras de mer. Aucun des ouvrages de ce projet ne sera exécuté, ce que pouvait laisser augurer l'opinion dubitative formulée par le colonel Dianous dans son apostille aux projets des batteries de la rade du Brusc 18: "...il est bien difficile de penser que cinq ou six batteries et quatre tours disséminées sur un développement de plus de six mille toises puissent s'opposer efficacement au débarquement d'une armée navale (...) qui serait mue par un intêret puissant (...) il faudrait former dans l'île des Embiez, sur les hauteurs de Portissol et de La Cride et sur celle du Cap Nègre des établissements assez considérables pour ôter à l'ennemi jusqu’à l'idée de tenter une pareille expédition, mais ne remplirait-on pas ce but d'une manière plus utile et moins dispendieuse en complétant le système des défenses immédiates de Toulon qui de ce côté sont extrêmement négligées. Si le gouvernement prenait ce parti, la rade du Brusc cesserait d'être un sujet d'intérêt et d'inquiétude et l'état actuel de ses défenses suffirait à son objet".

L'état de l'armement de ces batteries, en date du 3 mai 1812 mentionnait dans celle de Saint-Pierre des Embiez, tel que réalisé selon les préconisations de la commission de 1810, deux canons de 24 sur affût de côte et d'un mortier à la Gomer de 12 pouces; cet armement était à maintenir sans changement; la nouvelle batterie projetée dans l'îlot du Petit Raveau était destinée à recevoir cinq canons de 36 (ceux préconisés par l'amiral Emeriau) et un mortier à la Gomer19 . Aucun armement n'est mentionné ou proposé pour la batterie au sud-ouest de l'île, qui, cependant, figure sur une carte associée également de 1812.

De la Restauration à la fin du XIXe siècle

Une inspection de ces batteries de côtes, accompagnée des plans d'atlas, est conduite en 181820; la batterie de Saint Pierre est décrite comme "d’un tracé fort exigü (...) développé sur quatre côtés dont deux suivent un angle fort ouvert, elle renferme un espace à peine suffisant au service des bouches à feu dont elle est armée. Le relief de son épaulement qui est revêtu intérieurement et extérieurement est insuffisant pour couvrir les hommes et les établissements. ses plateformes sont en briques. Elle est ouverte à la gorge, n’a aucun moyen défensif, les hommes nécessaires à sa défense et à son service logent dans les bâtiments de l’intérieur de l’île. Construite en vertu du décret du 17 novembre 1810, ne l’a pas été suivant les vues de la commission chargée de l’inspection des côtes de la Méditerranée, qui l’avait projetée suivant une autre forme et un développement susceptible de recevoir 6 pièces de canons et un mortier. Cette batterie est l’une des plus nécessaires à la défense de la rade du Brusc ; sa construction et sa capacité ne sont point en rapport avec l’importance de son objet militaire. Il convient de l’améliorer en la reconstruisant sur de nouvelles bases."

La batterie sud-ouest, dont l'appellation n'est plus "batterie des Embiez", mais "batterie de Courcoussas", est également décrite : " Sur un cap assez élevé au sud de l’île des Embiez, dit le cap Courcoussas (...) du côté du passage de la navigation. Son tracé développé suivant une forme demi-circulaire est assez exigu, son épaulement est en terre revêtu intérieurement en pierres sèches. Le relief en est faible, ce qui n’est pas d’un grand inconvénient à cause de la contexture du terrain qui donne le couvert nécessaire aux établissements et aux hommes qui ne sont point en batterie. Etablissements : un petit corps de garde, un réduit pour la caisse de munitions , en assez bon état. Objet de la batterie : gêner les mouvements de l’ennemi qui voudrait pénétrer dans la rade. Protège la navigation de cabotage. Sa conservation est jugée indispensable (...) Cette batterie, quoique faible dans son tracé et son profil, est à cause de l’avantage de sa position à peu près suffisante ; il n’y a rien à y faire dans le cas où l’île serait retranchée. Dans le cas contraire, il serait nécessaire de la fermer et de la mettre à l’abri d’un coup de main".

Comme la plupart des autres batteries de côte de la rade de Toulon et de celle du Brusc, les batteries de l'île des Embiez sont laissées en l’état pendant plus d'un quart de siècle. La nouvelle commission de défense des côtes, en 184121 , lance un programme général de remise aux normes des batteries de côte, en plaçant au premier degré d'importance, pour le littoral de Toulon, celles de presqu'île de Saint-Mandrier, mais en formulant des préconisations générales pour toutes. L’armement des batteries doit être normalisé, constitué de canons de 30 livres et d’obusiers de 22 cm en nombre égal, complété par des mortiers de 32 cm, et non plus de pièces d’artillerie hétérogènes débarquées des vaisseaux, comme dans la situation antérieure. S'agissant des Embiez, l'avis formulé par la commission est que l'île "devra être occupée par un poste permanent qui permettra de supprimer la batterie de Courcoussas d'une utilité d'ailleurs contestable. En conséquence, la commission exprime le vœu qu'un fort soit établi sur la hauteur qui, au sud du vieux château domine cette île; ses feux découvriraient là l'est le pas de Gaou et le rivage de la Lauve (...) au sud, ils forceraient les bâtiments ennemis de se tenir au large et enfin ils appuieraient la batterie Saint-Pierre. Ce fort dispenserait d'armer la Lauve en batterie de côte" . . Quand à la batterie de Saint-Pierre, vieille d'une trentaine d'années dans son dernier état, elle "sera reconstruite. La rade du Brusc, vu son importance, doit être défendue puissamment ; la batterie de St Pierre qui la couvre directement, appuyerait avec la batterie de la Cride la première ligne de défense et aurait enfin pour objet de défendre les approches et l’entrée de la rade, et de protéger le mouillage. Armement prévu 5 canons de 30 et 5 obusiers de 22. Tour n°1 pour réduit, si le fort n’est pas construit. Si celui-ci est construit, il suffirait d’un corps de garde n°1. Classée dans le 1° degré d’importance."

Le fort proposé, évalué à un coût de 400.000 francs, serait un ouvrage bastionné. Le dispositif formé par ce fort et nouvelle batterie de Saint-Pierre telle que proposée, aurait présenté, s'il avait été réalisé, des analogies avec celui développé dans les années 1840-1850 au Cap Brun, à l'est de Toulon et de ses rades.

Un plan ou carte détaillée de l'île des Embiez, non daté, montre l'état des lieux vers 184022. La batterie de Saint-Pierre y est figurée comme un simple épaulement de plan trapézoïdal, à deux faces, deux flancs et une traverse. La géométrie du plan est inexacte, l'épaulement tel que représenté sur le plan du projet de 1812, et confirmé par des plans des années 1840-1850, étant plutôt un hexagone irrégulier dont l'ouverture à la gorge, à l'est, formait le plus grand côté. Cette batterie non retranché à la gorge était dépourvue de tout bâtiment annexe autre que l'ancien four. La batterie du sud-ouest de l'île est représentée comme un petit épaulement maigre en arc de cercle. Le colonel Edouard Picot, directeur des fortifications de Toulon, et le chef du génie Dautheville, bientôt remplacé par le chef de bataillon Joseph Corrèze, sont chargés, à partir de 1843, de travailler aux projets de reconstruction ou de réorganisation des ouvrages de défenses, tant forts que batteries de côte, jusqu’à Bandol.

La batterie de Saint-Pierre des Embiez fait l'objet d'un premier projet en 1846, pour 1847, signé par le colonel du génie Pouzols, inaugurant un principe inhabituel pour une batterie de côte, conçu en accord avec l'avis du comité des fortifications du 21 avril 1846, consistant à " ne construire dans l'île des Embiez qu'un fort unique, sur l'emplacement de l'ancienne batterie St Pierre, contenant dix pièces, dont six dirigées vers Portissol pour battre le mouillage de la rade du Brusc, deux sur La Cride et les deux dernières vers la haute mer, au lieu d'une simple batterie sur ce même emplacement et d'un fort sur la hauteur du château". Il s'agit de remplacer la batterie existante par un ouvrage quadrangulaire en forme de fort bastionné retranché par un fossé sur ses trois faces qui ne dominent pas directement la mer, ces fronts de terre ayant un développement de 512m. Ce projet est qualifié de "fort et batterie"23, appellation significative démontrant qu'il s'agissait de fusionner en un seul ouvrage les préconisations de la commission de 1841. Placé sur le site de Saint-Pierre, et reprenant la fonction de batterie de côte, le fort projeté intègre une caserne casematée pour 126 hommes sur le front d'entrée (est) et un magasin à poudre, enterrés sous le terre-plein des courtines. Le coût est estimé à 425.000 francs, somme très élevée, en grande partie du fait de l'importance des déblais et terrassements, qui, à eux seuls, sont évalués à 325.000 francs. Le chef du génie Corrèze formule l'avis que l'île des Embiez étant inabordable et n'ayant à craindre que de petits débarquements partiels, il est inutile d'organiser le fort en vue de le rendre susceptible de soutenir un long siège régulier, et propose le principe alternatif d'un petit fort de 4 ou 5 côtés circonscrits à la butte (...) avec escarpes de 10m de profondeur et fossés éclairés par 4 ou 5 petits bastionnets entièrement couverts contre les vues de l'artillerie ennemie, intégrant un parados taillé dans la butte naturelle et abritant la caserne intégrée et le magasin à poudres. Cependant, le contre-projet plus économique proposé, toujours pour 1847, chiffré à 263.000 fr, est davantage apparenté à une batterie fermée retranchée, sans caserne, qu'à un fort, toujours de plan quadrangulaire, avec banquette et parapet sur trois côtés, grand côté nord face à la côte, flancs en retour a l'est et à l'ouest, pouvant accueillir un maximum de 15 canons. Le tout est étroitement enveloppé dans une enceinte à mur crénelé au sud et à l'est, le flanquement étant assuré sur deux des angles opposés, au nord-est par un bastionnet carré a caponnières, au sud-ouest par un réduit de batterie en forme de tour crénelée type 1846 n° 1, adaptée à 60 hommes.Projets pour 1847. Fort et batterie de Saint-Pierre (île des Embiez) 1846.Projets pour 1847. Fort et batterie de Saint-Pierre (île des Embiez) 1846. Projets pour 1847. Fort et batterie de St-Pierre (île des Embiez) [Projet alternatif]. 1846.Projets pour 1847. Fort et batterie de St-Pierre (île des Embiez) [Projet alternatif]. 1846.

L'état sommaire des travaux extraordinaires à proposer au projet général pour 1848, estime le coût de l'ouvrage de Saint Pierre des Embiez à 280.000 francs, dont 80.000 seraient à dépenser en 1848. Cependant, les divergences de vues entre le chef du génie et le directeur des fortifications, ce dernier partisan d'un fort en capacité de soutenir un siège, entraîne l'ajournement des travaux, et la représentation des projets est ajournée sans examen par le comité des fortifications les années suivantes. Dix ans plus tard, rien n'a encore été commencé et un nouveau projet pour 1858-1859, est dessiné par le capitaine du génie Coste, sous la direction du lieutenant colonel Antoine Long, nouveau chef du génie de Toulon, en date du 20 avril 185824, et appliquant les préconisations de l'inspecteur général du génie. Il s'agit d'un compromis entre les deux projets alternatifs précédents, soit un ouvrage bastionné quadrangulaire, sorte de fortin, plus petit et moins coûteux (290.200 francs) que le fort proposé pour 1847, avec batterie pour dix canons organisée sur la courtine et sur les deux bastions du front de mer (nord), et un cavalier rectiligne profilé comme un parapet d'artillerie sur le front opposé. Ce cavalier n'abrite pas de caserne casematée, faute de place, mais forme parados à un réduit de batterie prévu au centre de la cour intérieure. Le réduit proposé est un corps de garde défensif type 1846 n° 1, pour 60 hommes, entouré de son fossé, dont la structuration horizontale est plus adaptée à être défilé par les parapets de la batterie que ne l'aurait été une tour crénelée n°1. Une nouvelle option différente et plus coûteuse (454.000 francs, dont 4000 pour construire la route d'accès depuis le débarcadère) est proposée dans le cadre des projets pour 1860-1861, conçue selon les idées du chef du génie Antoine Long, en date du 7 février 186025 . Dans cette variante au plan général assez semblable, mais d'un bon tiers plus allongé dans l'axe est-ouest, le réduit est supprimé, et remplacé par une très longue caserne casematée enterrée sous le cavalier sud, d'une capacité d'hébergement de 157 hommes de troupe, non comptés les officiers et sous-officiers. Le chef du génie considérait en effet comme un contresens (...) que le logement des hommes (...) enfermé dans le fort soit établi dans un réduit défensif dont les formes ont été imaginées pour le cas de la défense d'une batterie accessible, susceptible d'être envahie de vive force, et non dans une caserne ordinaire, d'autant que la capacité d'un réduit se limite aux canonniers au service de la batterie, et ne permet pas l'installation d'une garnison. Dans ce nouveau projet, la batterie nord, pour dix canons, n'occupe pas les bastionnets, et n'assure qu'une action frontale, sur Portissol et la Cride, à la demande de l'inspection générale de 1859, à l'exclusion de tirs vers la haute mer (ouest); elle est défilée par trois traverses, deux courtes en retour d'équerre formant aile gauche à l'ouest et au sud, destinées à couvrir deux mortiers, et un longue formant parados au sud, le tout contraignant en chicane l'accès des sections d'artillerie.Ce n'est qu'en 1860 que le terrain nécessaire au développement du projet a été acquis par expropriation, pour 25.000 francs, somme considérable. Parallèlement au fort de Saint-Pierre, et pour compenser son incapacité d'action vers le sud-ouest, du fait de sa situation, le projet de 1860-1861 propose de réoccuper le site de l'ancienne batterie sud-ouest de l'île, dite de Courcoussas, projet évalué à 35.000 francs (d'après le mémoire) ou 42.000 francs (d'après la feuille de plan). Il s'agit d'établir au raz du surplomb rocheux un épaulement droit pour une batterie de deux canons et deux obusiers tirant vers l'ouest, soit vers la haute mer, avec à l'arrière un réduit, corps de garde défensif type 1846 n° 3, pour 20 hommes.

Projets pour 1858-1859. Fortifications. Construire le fort St Pierre des Embiez. 1858.Projets pour 1858-1859. Fortifications. Construire le fort St Pierre des Embiez. 1858.

Le projet pour 1862-1863, dessiné par le capitaine Marchand, toujours sous la direction du chef du génie Antoine Long, s'adapte à un changement de parti radical, imposé par l'avis décisionnel de la haute commission de défense des côtes du 11 avril 1860, approuvé par le général Frossard, inspecteur général du génie. Il s'agit du retour au principe abandonné en 1846, de la construction du fort des Embiez non plus à l'emplacement de la batterie de Saint-Pierre, mais sur le point culminant au centre de l'île, à l'emplacement du château, dont ce projet entraine la démolition. Le terrain reste à acquérir, avec une provision prédéfinie de 25.000 francs; le chef du génie de Toulon observe de façon résignée que le terrain et les ruines du château qui s'y trouvent sont loin de valoir cette somme, mais qu'il faut s'aligner au prix d'achat du terrain de Saint-Pierre. Le site de la batterie de Courcoussas étant aussi à acheter, il espère que dans ce cas une somme de 2000 francs sera suffisante. Le projet est estimé à 650.000 francs pour le fort de hauteur, 71.000 francs pour la batterie de Saint-Pierre, maintenue mais simplifiée sur le modèle de principe proposé en février 1860 pour celle de Courcoussas, et enfin un coût minoré de 32.000 francs pour cette dernière, dont la réalisation est ajournée sur avis du directeur des fortifications. Le plan du fort proposé, étiré en longueur dans l'axe nord-sud pour s'adapter à l'éminence, enveloppé d'un étroit fossé taillé dans le roc, comporte deux longs côtés rentrant en tenaille, avec bastionnet ou épi central, et deux petits côtés en corne (à deux demi-bastionnets). Les parapets d'artillerie font le tour complet de l'enceinte, avec sections définies par quelques traverses, autorisant des tirs dans toutes les directions possibles. Une caserne casematée pour 100 hommes est prévue sous le rempart du front Est, à la faveur d'une dépression du rocher, autour de l'épi ou bastionnet central, et un magasin à poudres défilé. Le projet de la batterie de Saint-Pierre est toujours adapté à dix pièces d'artillerie, désormais disposées sur un simple épaulement rectiligne étagé en deux sections en ressaut (2 X 4 pièces) face au nord-est, " dirigé de façon à couvrir toute la baie de St Nazaire", avec une courte aile en retour d'équerre (2 pièces) au nord-ouest "pour tirer au large". Le réduit de batterie, placé à l'arrière de la moitié gauche, estimé à un coût de 45.000 francs, est conçu, selon les termes du directeur des fortifications, comme un corps de garde ordinaire pour 50 hommes, selon un modèle défini dans un mémoire du 15 avril 1861, pour satisfaire à une capacité intermédiaire entre celle du corps de garde crénelé type 1846 n° 1 pour 60 hommes desservant 12 pièces, et celle du n° 2 pour 40 hommes et 8 pièces. Le défilement de la batterie et du corps de garde, "pour la couvrir contre les coups du large" (ouest), est assuré par une traverse de plan en chevron partant de l'aile en retour de l'épaulement de batterie.Projets pour 1860-1861. Fortifications. Construire le fort [Saint-Pierre des Embiez] et sa batterie 1860.Projets pour 1860-1861. Fortifications. Construire le fort [Saint-Pierre des Embiez] et sa batterie 1860. Projets pour 1862-1863. Fortifications. Construire le fort des Embiez. [Plan de l'île des Embiez, avec projet de fort de hauteur] 1862.Projets pour 1862-1863. Fortifications. Construire le fort des Embiez. [Plan de l'île des Embiez, avec projet de fort de hauteur] 1862. Projets pour 1862-1863. Fortifications. Construire la batterie St Pierre des Embiez. 1862.Projets pour 1862-1863. Fortifications. Construire la batterie St Pierre des Embiez. 1862.

Le projet général pour 1864-1865 propose une variante pour le fort des Embiez, dessiné par le capitaine Malet sous la direction du nouveau chef du génie, le colonel Petit, pour un coût estimé augmenté de 760.000 francs. Le nouveau plan se différencie assez nettement du précédent par l'absence de bastions médians sur les grands côtés est et ouest, et un plus grand développement des deux fronts nord et sud, sur un tracé bastionné, chacun surmonté d'un gros cavalier polygonal, selon un parti proche de celui réalisé à partir de 1861 dans l'île de Port-Cros, au fort de l'Eminence. La caserne casematée pour 100 hommes est toujours prévue sous le front ouest. Ce projet de fort, trop coûteux, ne sera jamais réalisé, pas plus que celui de la batterie de Courcoussas. En revanche, le projet de la batterie Saint-Pierre est réalisé en 1863 et 1864. Le corps de garde crénelé est un des réduits de batterie type 1846 les plus tardivement construits dans le secteur de Toulon, et s'affranchit quelque peu des normes des trois modèles-type pour s'adapter à une garnison de 50 hommes, selon des dispositions alternatives prévues de façon générale en avril 1861 par la commission de défense des côtes, pour correspondre à des effectifs intermédiaires de 30 ou de 50 hommes. La réalisation de la batterie apporte quelques modifications dans l'organisation du plan d'ensemble : le corps de garde est placé à l'arrière de la batterie en position plus centrale que dans le projet, la grosse traverse-parados ou épaulement arrière assurant le défilement est plus longue que prévu et forme trois pans, pour fermer complètement la batterie à la gorge, et la couvrir contre tous les feux lointains, et pas seulement ceux venus du large. Enfin les trois sections d'artillerie de la batterie sont séparées par deux traverses, réparties différemment : 4 pièces à gauche (nord-ouest), autour de l'angle, 3pièces au centre, 3 pièces à droite, sur la section basse. Du fait de l'introduction de l'artillerie rayée, les pièces pour lesquelles les batteries de la génération 1846 étaient conçues, étaient obsolètes dès 1860 en termes de portée des tirs et de précision à l’impact. Les canons de 30 prévus pour les batteries de côte, furent envoyées au rayage, et pour certaines batteries dont Saint-Pierre des Embiez, le Cap Nègre, La Cride, La Lauve, elles ne revinrent pas avant 1869.

Le rapport de la Commission mixte de révision de la défense du littoral dans le 5è arrondissement maritime de 187326 estime que les batteries dispersées pourraient être avantageusement remplacées par de fortes batteries de hauteur. Le projet du fort au point haut de l’île des Embiez ayant avorté, un nouveau fort de hauteur, assurant à la fois une défense terrestre, projeté à l’emplacement de l’ancien château de Six-Fours, et dont la construction est admise, assurera la défense à longue portée des rades de Bandol et du Brusc, entre Bandol et les Embiez, "sans pouvoir empêcher un bombardement par surprise, et par conséquent de peu de durée (...) Les batteries des Embiers, du cap Nègre et de la Cride seront exposées à une destruction rapide". la majorité des membres de la commission, est d’avis d'abandonner la batterie du cap Nègre et de conserver les batteries de Saint-Pierre des Embiez et de la Cride, dont les pièces seraient à protéger par des blindages. L'armement de la batterie de Saint-Pierre, revu à la baisse, est alors de deux canons de 16 et de quatre obusiers de 22. Le principe de son abandon est annoncé par le ministère de la guerre le 4 avril 1877. Une feuille d'atlas des bâtiments militaires des batteries de côte datée du 31 décembre 1879 donne un plan de la batterie, pour le détail de son corps de garde 27. Un atlas des batteries de côte de 1881 qualifie la batterie d'abandonnée, ce qui signifie qu'elle est désarmée.Atlas des bâtiments militaires. batterie St-Pierre des Embiez. [Plans et coupes du réduit] 1879.Atlas des bâtiments militaires. batterie St-Pierre des Embiez. [Plans et coupes du réduit] 1879.

Définitivement déclassée par effet de la loi du 27 mai 1889, conformément aux avis du comité de défense du 19 février 1886 et du conseil supérieur de la guerre des 1 octobre, 5 novembre et 3 décembre 1888, la batterie de Saint Pierre des Embiez reste dans le domaine militaire. Si les sections d'artillerie et leurs traverses sont en partie dégradées par la suite, le corps de garde crénelé est entretenu et maintenu en parfait état, conservant sa capacité de logement de personnel, comme on le voit sur une photographies éditée en carte postale vers 1910. Cette situation semble perdurer jusqu'à l'entre-deux guerres. Le réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861,  de Saint-Pierre des Embiez vers 1910, carte postaleLe réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861, de Saint-Pierre des Embiez vers 1910, carte postale

1944 - 1970

Durant la seconde guerre mondiale, en 1944, un point d'appui allemand au nom de code Wn Tor 035 est installé à l'extrémité sud de l'île. Il formait une sorte de camp retranché de campagne comportant une galerie souterraine à alvéoles logeables (inachevée) accessible par un puits, deux postes d'observation et trois position de tir, une pour canon de 75mm (croisant ces feux avec ceux de la batterie de Six-Fours), deux pour mortiers, des abris bétonnés individuels (Ringstand) pour arme portative, type mitrailleuse, le tout relié par des tranchées.

Vue aérienne verticale de la batterie Saint-Pierre des Embiez. 1958.Vue aérienne verticale de la batterie Saint-Pierre des Embiez. 1958.

En 1958, l'entrepreneur marseillais Paul Ricard achète l'île des Embiez pour y entreprendre d'ambitieux aménagements de loisir ouverts au public. La photographie aérienne verticale de l'IGN prise à cette même date, montre que les reliefs de l'épaulement de batterie et de ses traverses et parados sont encore conservés, un peu déformés et envahis par une végétation parasite. Paul Ricard crée aux Embiez en 1966 un institut océanographique, géré par une association nommée l'Observatoire de la mer, dont l'animation est confiée au biologiste et océanographe Alain Bombard. Le corps de garde de l'ancienne batterie de Saint-Pierre est alors choisi comme siège de cette structure, et fait l'objet d'importants travaux d'appropriation aux usages de musée, salle d'aquariums marins, bibliothèque, salle de conférence et laboratoires. Terminés en 1971, ces travaux entrainent l'adjonction d'un étage couvert en terrasse, construit en ciment armé en surélévation de la plate-forme du corps de garde, ce qui entraine l'occultation des créneaux de cette ancienne plate-forme. Le nivellement des restes anciens épaulements et traverses de la batterie, pour aménager le chemin littoral, des accès, des aires de stationnement et de jeu, date de cette époque, 1966-1970. Cependant, quelques canons sont mis en place pour évoquer le souvenir de l'ancienne batterie.

DESCRIPTION

Site et implantation générale

L’état actuel du site de l'ancienne batterie, dégagé et ouvert, ne permet plus de reconnaître l'organisation d'ensemble de la batterie de 1863-1864, du fait de la destruction de l'épaulement et de ses traverses, ouvrages de terre qui formaient une enceinte fermée autour du réduit. L'ancien chemin qui accédait à la batterie du côté de l'est, formant une chicane en entrant dans l'enceinte, et en était encore le seul accès en 1958, a aujourd'hui disparu. Une place publique s'étend à cet emplacement, liée à un réseau plus complexe de chemins périphériques, dont le chemin littoral qui enveloppe au nord le contour de l'ancienne batterie.Le sol de l'aire intérieure de l'ancienne batterie surplombe la mer de 16, 50m, le parapet du réduit ou corps de garde culminait à 22, 70m.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Le seul élément conservé de l'ancienne batterie de 1863-1864 est son réduit, soit le corps de garde crénelé type 1846 adapté 1861. De l'épaulement détruit de la batterie proprement dite , il ne reste que des vestiges très dégradés des deux traverses, en partie taillée dans le roc schisteux, qui séparaient la section médiane des deux sections attenantes. Subsiste également un petit escalier maçonné en pierre de taille qui permettait de monter de la section médiane sur le flanc droit de la traverse de droite. Trois dés de sellettes monolithes pour les pièces d'artillerie subsistent également sur l'emplacement de la section médiane, deux l'emplacement de la section médiane dérasé et aplani, a perdu son parapet, ses banquettes et ses six emplacements de tir.

Le corps de garde crénelé type 1846, millésimé 1863 au-dessus de la porte, est retranché par un étroit fossé à contrescarpe verticale revêtue, régnant du côté de l'entrée (Est) et sur les faces latérales ; le côté sud du fossé est aujourd'hui comblé. La contrescarpe du côté nord est profilée en talus à terre coulante, et le fossé ouest remplacé par une déclivité aménagé du terrain, en pente douce; ces dispositions particulières, peut-être pas d'origine, existaient néanmoins en 1879, comme en atteste le plan d'atlas établi à cette date. Le réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861, porte à pont-levis, fenêtres, créneaux, embrasures et bretècheLe réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861, porte à pont-levis, fenêtres, créneaux, embrasures et bretèche

Du fait d'une capacité d'hébergement nécessaire de 50 hommes, le corps de garde de Saint-Pierre ne correspond strictement ni au modèle-type n° 1 (60 hommes, trois grandes casemates, dimensions hors oeuvre de 23,30m / 14, 80m), ni au n° 2 (40 hommes, deux grandes casemates, dimensions hors œuvre de 19,90m / 12, 40m). Son modèle, redéfini selon des prescriptions générales de 1861 s'apparente davantage au modèle n° 2 par ses deux grandes casemates, mais dans des dimensions plus amples et des proportions moins allongées : 20,50m / 15, 30m. Ces proportions en font d'ailleurs plutôt une version agrandie du modèle n° 3 (20 hommes, 14,75m/ 12m). Le modèle n° 3 est représenté dans le secteur Toulonnais par la batterie de Mord'huy, dans la presqu'île de Saint Mandrier, on trouve un n°1 à la batterie basse du Cap Brun ; quand au n° 2, un exemplaire en avait été construit dans la batterie de Fabrégas, mais il a disparu ; un autre est bien conservé dans les îles d'Hyères, à la batterie de Lequin.

Le corps de garde est construit entièrement en pierre de différente nature. Le parement ordinaire extérieur est un compromis entre un appareil polygonal et un opus incertum, employant des moellons d'au moins trois natures géologique, dont des basaltes, des quartzites et des schistes locaux ou phyllades, d'ou un aspect polychrome. La pierre de taille dure, calcaire marbrier dit de Tourris, contrastant avec les moellons, est réservée à l'encadrement de la porte à pont-levis, aux linteaux et appuis des créneaux du rez-de-chaussée et à la tablette du parapet. Les dalles formant cette dernière ont été déposées et retournées d'un quart pour être reposées de chant, et former parement d'une partie de l'étage bâti en surélévation en 1966-1971. Une pierre de taille ocre, sorte de calcaire marneux, plus tendre, qui ne contraste pas par sa teinte avec le parement ordinaire, est employée pour les chaînes d'angles harpées du corps de garde, de ses bretèches, pour les arcs des fenêtres et les encadrement des créneaux et autres baies et portes.

Conformément aux modèles-types 1846, le corps de garde crénelé n'a qu'un niveau logeable casematé surmonté d’une plate-forme à parapet crénelé ponctué de bretèches. La distribution intérieure est conforme à celle des corps de garde n° 2 et 3: elle comporte deux grandes casemates de casernement transversales dans sa partie médiane, larges de 5, 40m et longues de 13,80m, hautes de 3,10m sous voûte en berceau surbaissé, desservies par une circulation axiale en corridor traversant les murs de refend. De part et d’autre, aux deux extrémités, règne une travée dite « de culée », plus étroite que les grandes casemates et subdivisée par deux murs de refend en trois petites casemates dont les voûtes en berceau contrebutent perpendiculairement celles des grandes casemates. Toujours conformément au modèle-type, la travée de culée antérieure (est), plus étroite, ou moins profonde que la postérieure, intègre en son centre la porte et son sas d’entrée, relativement étroit qui forme la petite casemate centrale, encadrée symétriquement des deux autres petites casemates, deux fois plus larges. Celles-ci abritaient d’une part (à droite) la chambre de l'officier chef de poste, d’autre part (à gauche), la loge du gardien de batterie, selon les modèles type 2 et 3. Au-dessous de cette travée antérieure, au niveau du fossé, régnait la citerne du réduit. Les trois petites casemates de la culée postérieure (ouest), en stricte application des modèles 1 et 2, logeaient un magasin d’artillerie au centre, encadré symétriquement de deux magasins à poudres (longs de 4, 15m). Conformément aux modèles 1846, les murs latéraux des travées de culées sont deux fois plus épais que les autres, pour absorber la poussée des voûtes des trois petites casemates ; plus épais aussi est le murs de fond de la travée de culée postérieure. Le corps de garde se distingue par d'autres épaississement muraux non conformes, concernant le mur latéral gauche (nord) au droit des deux casemates médianes, et le mur de la façade, aussi épais que celui du fond de la travée postérieure, ces deux murs ayant été jugés potentiellement exposés aux coups de l'artillerie ennemie, à la différence du mur sud. En stricte application du modèle-type n° 2 de 1846, la première grande casemate était cloisonnée pour y réserver, à gauche (sud), le magasin aux vivres et la cuisine du poste. L'escalier droit (en bois ?) à volée unique desservant la plate-forme montait contre la cloison refermant la cuisine et les vivres sur le passage central, et passait dans une percée de la la voûte de la casemate. Les deux magasins à poudres ne sont percés chacun que d’un évent en chicane, dans le mur postérieur (ouest). Les autres percements sont, classiquement, un créneau au milieu du mur postérieur (aujourd'hui transformé en porte, depuis les travaux de 1966), qui éclairait le magasin d'artillerie, six créneaux de chaque côté des deux grandes casemates, à raison de trois par côté de casemate, surmontés d’un fenestron demi-circulaire (comme dans le modèle-type n° 2), enfin deux créneaux surmontés d'un fenestron semblable, de chaque côté de la porte, pour chacune des deux petites casemates de la travée de culée antérieure. On notera que les créneaux percés dans les murs épais ont un ébrasement extérieur à ressaut "en trémie", comme dans les réduits 1846 en forme de tour crénelée, tandis que les six créneaux percés dans le seul mur maigre, et donnant jour au sud des grandes casemates, forment une simple fente au dehors. Les créneaux sont tous actuellement murés, du fait des aménagements intérieurs.vestiges de l'épaulement de batterie détruit : escalier de l'ancienne traverse droite de la section médianevestiges de l'épaulement de batterie détruit : escalier de l'ancienne traverse droite de la section médiane

La hauteur totale du corps de garde était de 8,24m depuis le fond du fossé (dont le fond est actuellement en partie rechargé de remblais), jusqu'à la crête du parapet de la plate-forme supérieure. En dépit de l'adjonction de l'étage supplémentaire de 1966, qui a entrainé me murage des créneaux, ce parapet est conservé dans son organisation d'origine, disposant, sur chaque petit côté, une embrasure centrale, encadrée de deux créneaux, puis de deux bretèches crénelées et deux autres créneaux près des angles; les faces latérales comportent également une embrasure centrale et deux bretèches alternant avec six créneaux (3X2). Les bretèches reposent en encorbellement sur trois consoles portant linteaux ; la console du centre, plus haute, à deux ressauts en quart de rond, est encadrée de deux consoles monolithes, de même profil. Elles comportent chacune trois petits créneaux, un frontal, deux flanquants. Ces dispositions du parapet sont conformes au modèle-type n° 2, excepté pour les quatre embrasures, absentes des corps de garde 1846. Elles reprennent le principe de celles des tours crénelées 1846, à cette différence près que celles des tours crénelées sont découvertes, alors que celles du corps de garde des Embiez sont voutées en berceau surbaissé. Ces quatre embrasures étaient susceptibles d’accueillir, de manière optionnelle, des pièces d'artillerie de plus petit calibre et de moins longue portée que celles de la batterie, par exemple des obusiers de 15 ou de 16cm.

Le réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861, façade d'entréeLe réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861, façade d'entrée

Les dispositions internes du corps de garde sont presque entièrement occultées par les aménagements et équipements divers liés à son usage actuel de siège de l'Institut océanographique Paul Ricard, avec musée, aquariums et salles de travail. L'étage ajouté en 1966, vu de l'extérieur, a été intégré d'une manière assez habile et respectueuse des dispositions d'origine, sans destruction ni repercements intempestifs. Il est traité sobrement comme un attique sur entablement, presque aveugle, les seules fenêtres étant au-dessus des bretèches, et évoquant des embrasures à canon. En effet, cet étage prend aussi jour sur un puits de lumière central rectangulaire ménagé dans le toit-terrasse.Le réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861, façade postérieure (équipements et surélévation de 1966-1971)Le réduit de batterie, corps de garde crénelé type 1846 / 1861, façade postérieure (équipements et surélévation de 1966-1971)

1 Etat de dépense pour la subsistance des troupes de garnison (...) St Germain en Laye, 24 octobre 1637, cité par Albert Degiovani, Les Embiez, sentinelle avancée du pays provençal, Marseille/Six-Fours I.O.P.R., 1992, p. 13. 2Mémoire daté de Marseille le 26 mai 1688 , Arch. Nat. 3JJ2063 Lettre du 4 décembre 1694. SHD Vincennes, 1 VH 1831.4 Vincennes, SHD, 1 VH 1831, 1679-1701, n° 23, 25. 5Lettre de l'amiral de Vauvré du 15 avril 1695, Arch. Nat. B391 f° 676 Vincennes, SHD, 1 VH 1833, 7 BNF Cartes et Plans, GE DD - 2987 (1399).8 Vincennes, SHD, 1 VH 1833, n° 43, 1 VH 1834, n°1 et n° 10.9 Vincennes SHD, 1 VH 1834, 1764-1769 n° 22.10 Vincennes, SHD, 1 VH 1835, n° 28.11 Vincennes, SHD, 1 VH 1838, n° 19.12 BNF Cartes et Plans, GE D - 16884.13 Toulon, SHD, plan publié dans Albert Degiovani, Op. Cit, p. 18.14 Rapport transcrit et cité par Albert Degiovani, Op. Cit, p. 21-25.15 Sur six tours réalisées en rade de Brest, quatre subsistent, dont deux intactes (Toulonguet, Roscanvel/Cornouailles) , trois subsistent près de Rochefort, celle de Chatellaillon seule bien conservée .16Vincennes, SHD, 1VH 184117 Vincennes, SHD, 1 VH 1841 18 Vincennes, SHD, 1VH 1841, n° 1719 Tableau comparatif de l'armement actuel des batteries formant le système de défense de la rade du Brusc, Vincennes, SHD, 1 VH 1841, n° 30.20 Toulon, SHD 4B1 1bis.21 Toulon, SHD 4B1 47 n° 44.22 BNF, Cartes et Plans, GE C - 235723 Vincennes, SHD, 1 VH 1864,24 Vincennes, SHD, 1 VH 1870, feuille n° 1825 Vincennes, SHD, 1 VH 1872, feuille n° 1426 Rapports du 6 mars et du 22 décembre 1873. Toulon, SHD 4B1 22, n° 27527 Vincennes, SHD, E-G Nice-Toulon, art. / 8915.

Au tournant du XVIe et du XVIIe siècle, deux tours circulaires à vocation défensive existaient dans l'île des Embiez, l'une servant de noyau au château bâti au point culminant de l'île pour Barthélémy Lombard, qui avait obtenu en 1594 l'érection des salines des Embiez en fief héréditaire, l'autre plus bas, dite "la Tour Fondue", sans doute ancien farot (tour à feu de garde), détruite dès 1646. La politique de mise en place de batterie de côte pour la défense de la rade du Brusc, esquissée par Vauban et par Antoine Niquet dès 1688, donne lieu à la mise en place de trois batteries sommaires en 1695, en des points indiqués par le maréchal de Tourville, dont une aux Embiez. En 1757, le sieur Roquepiquet, officier du génie, propose le principe d'installer une nouvelle batterie à la pointe nord-ouest de l'île, soit à Saint-Pierre. Ce projet est repris en 1762 et 1764 par Milet de Monville, directeur des fortifications de Toulon, puis en 1777 par le sieur d'Optère, qui proposent deux batteries distinctes sur l'île, dont le casernement serait installé au château. En 1794, après la reprise de Toulon aux anglais, un rapport sur la défense des côte indique l'absence de tout armement aux Embiez, et propose la construction d'un fort sur la hauteur. Peu après, une petite batterie sommaire, armée de deux pièces de 16 livres, est établie au sud-ouest de l'île. La batterie de la pointe Saint-Pierre reste en projet, précisé en 1810 : l'armement proposé est de deux pièces de 24 livres, deux de 18 et un mortier de 12 pouces. L'épaulement de batterie est réalisé à la suite, et armé de deux canons de 24 livres et d'un mortier de 12 pouces. Un nouveau projet pour la batterie de St Pierre des Embiez, daté du 25 mai 1812, signé de Geoffroy, major du génie, sous-directeur des fortifications, et de Riouffe-Lombard, adjudant du génie, sous l’autorité du colonel Alexandre de Dianous, directeur des fortifications de Toulon, propose, pour un budget de 97500 fr, de construire à la gorge de l'épaulement existant une tour-réduit du modèle-type n°1 défini en 1811, adapté à une garnison de 60 hommes. Le projet comporte aussi -reprenant une idée proposée en 1777- l'occupation de l'îlot voisin du Petit Raveau par une batterie annexe, et la construction d'une chaussée liant l'îlot à la côte. Ce projet n'est pas réalisé, et l'épaulement de 1810 est jugé trop petit, trop sommaire, non retranché, dès 1818 ; à cette date, la batterie sud-ouest de l'île est dite de Courcoussas. En 1841, le programme général de remise aux normes des batteries arrêté par la commission de défense des côtes reconsidère la fortification de l'île des Embiez à une échelle plus ambitieuse : il s'agit de construire un fort bastionné sur la hauteur et de reconstruire la batterie de Saint-Pierre, selon un programme comparable à celui réalisé au cap Brun à cette période. A partir de 1846, des projets et contre-projets précis sont proposés, divergeant sur le principe et sur la forme, avec 10 ans d'ajournement entre 1848 et 1858, le parti a choisir divisant l'opinion des chefs du génie, des inspecteurs du génie et des directeurs des fortifications. La principale alternative tient au fait de faire de la batterie de Saint-Pierre un fortin bastionné, plus ou moins puissant, en faisant l'économie du fort de hauteur, ou de défendre le projet de ce fort, en plus de la batterie. Dans tout les cas, la batterie, fermée, est dotée d'un réduit type 1846 pour 60 hommes, soit tour crénelée, soit corps de garde défensif, remplacé dans un des projets (1860) par un casernement casematé sous cavalier. En 1862 et 1864, le fort de hauteur est à nouveau projeté, d'où le retour pour Saint-Pierre d'un projet de batterie polygonale fermée mais non bastionnée, pour dix pièces d'artillerie, avec un corps de garde crénelé type 1846, revu pour 50 hommes selon un modèle-type défini en 1861. Ce projet est dessiné par le capitaine Marchand, sous la direction d'Antoine Long, chef du génie de Toulon. Il est réalisé en 1863-1864 pour la batterie, mais le fort de hauteur, trop coûteux, ne voit pas le jour. Abandonnée en 1881 et déclassée définitivement en 1889, la batterie de Saint-Pierre reste entretenue jusque l'entre deux guerres, pour le casernement que procure son corps de garde. En 1958, l'entrepreneur marseillais Paul Ricard achète l'île des Embiez pour y entreprendre d'ambitieux aménagements de loisir ouverts au public. Il y crée en 1966 un institut océanographique, et fait réaliser d'importants travaux au corps de garde de la batterie de Saint Pierre, pour l'approprier aux usages de musée, salle d'aquariums marins, bibliothèque, salle de conférence et laboratoires de cet institut. Terminés en 1971, ces travaux entrainent l'adjonction d'un étage en surélévation de la plate-forme, en ciment armé, et entrainent le dérasement des restes de l'épaulement, traverses et parados de la batterie.

Le seul élément conservé de l'ancienne batterie de 1863-1864 est son réduit, soit le corps de garde crénelé type 1846 adapté 1861. De l'épaulement détruit de la batterie proprement dite, il ne reste que des vestiges très dégradés des deux traverses, avec un petit escalier maçonné en pierre de taille. Millésimé 1863 au-dessus de la porte, le corps de garde crénelé est retranché par un étroit fossé du côté de l'entrée et sur les faces latérales. Son modèle-type, redéfini 1861 s'apparente davantage au modèle-type n° 2 de 1846 par ses deux grandes casemates, dans des dimensions plus amples et des proportions moins allongées : 20,50m / 15, 30m. Sa hauteur est de 8,20m. Le parement ordinaire extérieur est un compromis entre un appareil polygonal et un opus incertum, panachant des moellons de basaltes, de quartzites et des schistes locaux. La pierre de taille est soit un calcaire marbrier dit de Tourris, contrastant avec les moellons, réservée à l'encadrement de la porte à pont-levis, aux linteaux et appuis des créneaux du rez-de-chaussée et à la tablette du parapet, soit un calcaire ocre, marneux, employé pour les chaînes d'angle des bretèches, pour les arcs des fenêtres et les encadrement des créneaux. Les dalles de tablette ont été retournées d'un quart et reposées de chant, et forment parement d'une partie de l'étage bâti en surélévation en 1966-1971. Conformément aux modèles-types 1846, le corps de garde a un seul niveau logeable casematé surmonté d’une plate-forme à parapet crénelé ponctué de huit bretèches. il comporte deux grandes casemates de casernement transversales dans sa partie médiane, et aux deux extrémités, une travée dite « de culée », plus étroite subdivisée en trois petites casemates dont les voûtes contrebutent perpendiculairement celles des grandes casemates. La travée de culée antérieure intègre en son centre la porte et son sas d’entrée, relativement étroit. Les murs latéraux des travées de culées sont deux fois plus épais que les autres, pour absorber la poussée des voûtes des trois petites casemates ; plus épais aussi est le mur de fond de la travée de culée postérieure, qui abritait les deux magasins à poudres percés chacun d’un évent en chicane, dans le mur postérieur. Les six créneaux de chaque côté des deux grandes casemates, et deux créneaux surmontés de chaque côté de la porte surmontés d’un fenestron demi-circulaire, sont bien conservés en dépit des murages liés aux aménagements intérieurs actuels. Ceux-ci occultent presque entièrement les dispositions internes du corps de garde. L'étage ajouté, vu de l'extérieur, a été intégré d'une manière habile, sans destruction ni repercements, traité comme un attique sur entablement, les seules fenêtres étant au-dessus des bretèches, et évoquant des embrasures à canon.

  • Murs
    • pierre moellon parement
    • calcaire pierre de taille parement
  • Couvrements
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • Typologies
    batterie ouverte
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne morale, Occupé par l'Institut océanographique Paul Ricard

Réduit de batterie réaffecté à l'usage d'institut océanographique en partie ouvert au public, d'où une architecture remaniée dans les années 1970.

Documents d'archives

  • NIQUET, Antoine. [Mémoire sur la défense des côtes entre Marseille et Toulon], 26 mai 1688. Archives nationales, Paris : 3JJ206

  • NIQUET, Antoine. Mémoire sur l'état des batteries à faire et à réparer sur la côte des rades de Toulon, 22 mars 1695. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 n°23, 25.

  • GIRARDIN DE VAUVRE, Jean-Louis. Lettre sur la défense de la rade du Brusc, 15 avril 1695, Archives nationales, Paris : B391 f° 67.

  • Mémoire pour servir au projet général des fortifications de la ville de Toulon, des forts et des batteries retranchées qui en dépendent... 8 janvier 1764. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834).

  • [Mémoire sur les batteries de la rade du Brusc], 6 octobre 1777. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1835, n°28.

  • Tableau comparatif de l'armement actuel des batteries formant le système de défense de la rade du Brusc, 3 mai 1812. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1841, n° 30.

  • Rapport de la Commission mixte de révision de la défense du littoral dans le 5è arrondissement maritime, 6 mars et 22 décembre 1873. Service Historique de la Défense, Toulon : 4B1 22, n° 275

Bibliographie

  • DEGIOVANI, Albert, Les Embiez, sentinelle avancée du pays provençal. Marseille/Six-Fours : I.O.P.R.,1992.

    p. 13, 18, 21-25.
  • FRIJNS, M., MALCHAIR, L., MOULINS, J.-J., PUELINCKX, J. Index de la fortification française, Métropole et Outre-mer, 1874-1914. Welkenraedt : 2008.

    p. 178

Documents figurés

  • Carte des rade de la ville de Toulon et du Brusq avec les environs. [1762]. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1833 n°34.

  • Carte de la rade du Brusc. / Estampe, par Jacques-Nicolas Bellin, sd [1764]. Bibliothèque nationale de France, Paris : Cartes et Plans, GE DD - 2987 (1399) Ancienne collection d'Anville.

  • Plan et Carte des Environs de Toulon dans l'Etat où tout se trouvait avant la Reprise par les François à l'Epoque du 16 au 17 Xbre 1793. / Carte imprimée, sd [1800 ?]. Bibliothèque nationale de France, Paris : Cartes et plans, GE D-16884.

  • Plan et profils des batteries de St Pierre (Ile des Embiez) et de l'île du Petit Raveau, relatifs au projet rédigé d'après les bases posées par la commission (...) lettre de S Ex le ministre de la guerre du 27 mars 1812. / Dessin aquarellé, signé Geoffroy major du Génie et Riouffe-Lombard, adjudant du Génie sous la direction d'Alexandre de Dianous, directeur des fortifications de Toulon, 25 mai 1812. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1841.

  • Plan de l'île des Ambies, située dans le département du Var. / Carte imprimée, sd [1840]. Bibliothèque nationale de France, Paris : GE C-2357.

  • Projets pour 1847. Fort et batterie de Saint-Pierre (île des Embiez). / Dessin aquarellé, signé par le colonel du génie Pouzols, 1846. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1864.

  • Projets pour 1847. Fort et batterie de St-Pierre (île des Embiez) [Projet alternatif]. / Dessin aquarellé, par Joseph Corrèze (?), 1846. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1VH 1864

  • Projets pour 1858-1859. Fortifications. Construire le fort St Pierre des Embiez. / Dessin aquarellé, par le capitaine du génie Coste, sous la direction du lieutenant colonel Antoine Long, 20 avril 1858. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1870, feuille n° 18.

  • Projets pour 1860-1861. Fortifications. Construire le fort [Saint-Pierre des Embiez] et sa batterie. / Dessin aquarellé, 7 février 1860. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1872, feuille n° 14.

  • Projets pour 1860-1861. Fortifications. Construire le fort St Pierre des Embiez [Carte de l'île des Embiez et de la rade du Brusc avec les directions de tir]. / Dessin aquarellé, 1860. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1872, feuille n° 13.

  • Projets pour 1862-1863. Fortifications. Construire le fort des Embiez. [Plan de l'île des Embiez, avec projet de fort de hauteur]. / Dessin aquarellé, par le capitaine du Génie Marchand, sous la direction du chef du Génie Antoine Long, 1862. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1873.

  • Projets pour 1862-1863. Fortifications. Construire le fort des Embiez. [Plan du fort de hauteur]. / Dessin aquarellé, par le capitaine du Génie Marchand, sous la direction du chef du Génie Antoine Long, 1862. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1873.

  • Construire la batterie de Courcoussas [sur l'île des Embiez]. / Dessin aquarellé, signé par le capitaine du Génie Marchand, sous la direction du chef du génie Antoine Long, 1862. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1873.

  • Projets pour 1862-1863. Fortifications. Construire la batterie St Pierre des Embiez. / Dessin aquarellé, par le capitaine du Génie Marchand, sous la direction du chef du Génie Antoine Long, 1862. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1873.

    Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1873
  • Atlas des bâtiments militaires. batterie St-Pierre des Embiers. Corps de garde n°2 pour 40 H. [Plans et coupes du réduit] / Dessin aquarellé, 31 décembre 1879. Service Historique de la Défense, Vincennes : E-G Nice-Toulon, art. / 8915.

  • Le Brusc (Var) - Ile des Ambiers - La Batterie Saint-Pierre. / Carte postale, Editions A. Simon, vers 1910. Collection particulière.

    Collection particulière
  • Vue aérienne verticale de la batterie Saint-Pierre des Embiez. / Phototype argentique, 1958. Institut Géographique National, Saint-Mandé : C3246-0271_1958_CDP1361_0673.

Date d'enquête 2017 ; Date(s) de rédaction 2018
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