• enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
arsenal
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Toulon

Topographie et typologie générale

Introduction méthodologique

La destruction de nombreux édifices et équipements de l’arsenal de Toulon lors des bombardements alliés de 1944 a néanmoins laissé subsister quelques bâtiments militaires importants et patrimoniaux, notamment les témoins monumentaux les plus représentatifs de l’histoire de cet établissement d’envergure.

Pour autant, l’infrastructure bâtie d’un arsenal maritime, bâtiments et équipements, ne relève pas exclusivement de l’architecture militaire, mais aussi de l’architecture portuaire, voire de l’architecture industrielle (forges, ateliers mécaniques), tant il est vrai que la nature défensive de la flotte n’imprime pas nécessairement un caractère spécifique aux équipements et aux architectures édifiés pour son service. Il est une certaine proportion d’équipements d’un port de guerre, notamment à partir du XIXe siècle, qui ne se différencient pas de leur équivalent dans un port marchand. Ceux notamment n’ayant pas directement trait à l’armement de la flotte. Leur étude alors doit relever d’une thématique propre à l’architecture portuaire, non à l’architecture militaire.

D’autre part, la fonction même de l’arsenal de la marine induit le fait que ses bâtiments militaires sont au service de la flotte de guerre et de son artillerie, mais pas à celle des fortifications, y compris celles enserrant les darses du port. Il en résulte notamment que ces bâtiments ne comportent pas de caserne, les marins vivant sur les navires.

Ont été cependant retenus ici, du fait de leur importance dans l’histoire de l’arsenal des XVIIe et XVIIIe siècle, des bâtiments non spécifiquement militaires, plutôt pré-industriels ou civils, indirectement seulement au service de l’armement de la flotte, et n’ayant pas leur équivalent dans les places fortes non portuaires : c’est le cas de la corderie, conçue par Vauban, et réalisée sous la direction de Niquet, directeur des fortifications de Provence, et du bâtiment de l’horloge, bâti par un ingénieur des bâtiments civils de la marine, Verguin.

Ces cas de figure catégoriels difficiles à trancher sont comparables à celui des hôpitaux militaires qui, lorsqu’ils ne sont pas conçus comme des casernes à composante défensive, relèvent de la thématique de l’architecture hospitalière au sens large, et non de celle de l’architecture militaire. Tel, près de Toulon, l’hôpital de Saint-Mandrier, conçu par un ingénieur civil du corps des Ponts-et-Chaussées.

A Toulon, les enceintes fortifiées successivement agrandies enveloppant l’arsenal et les deux extensions consécutives dont cet arsenal a fait l’objet sous le second Empire, ne sont pour l’essentiel (même dans le cas de la dernière et plus vaste extension qui n’enveloppe aucun habitat urbain) pas à l’usage particulier des équipements de l’arsenal, d’autant que l’aire circonscrite par cette dernière extension était partagée, jusqu’au déclassement de la place forte de Toulon en 1923, entre le département de la Marine et celui de la Guerre. Ces segments d’enceinte doivent être considérés au demeurant comme des sous-ensembles de l’enceinte du corps de place de Toulon, place forte à la fois terrestre et portuaire, et sont du reste en continuité avec l’enceinte de la ville. La rue du rempart, les chemins de ronde, les dehors et les positions de tir en batterie sur ces ouvrages, n’ont été empiétés et occupés par les équipements de l’arsenal que dans le cas des fronts « maritimes », enveloppant les darses. Par conséquent, l’étude de ces parties des enceintes de Toulon, qui ne sont que secondairement «l’enceinte de l’arsenal », n’entrent pas dans le cadre d’une approche thématique de l’arsenal et de ses bâtiments militaires, mais dans celle de l’ensemble des fortifications du corps de place, y compris les bâtiments militaires qui y sont intégrés indissociablement, tels les corps de gardes, pavillons ou casemates liés aux portes, ou magasins à poudres inclus dans des bastions. Il n’existe plus aucun vestige des anciens magasins de désarmement des navires du XVIIe siècle, qui se déployaient en série continue, adossés à l’intérieur du revêtement des fronts maritimes des deux anciennes darses (dites vieille et neuve) du port de Toulon ; on doit admettre que s’il en restait des tronçons significatifs, leur description aurait pu pertinemment trouver place dans la catégorie des bâtiments militaires de l’arsenal, malgré leur lien intime avec l’enceinte des darses. Encore faut-il préciser qu’une partie de ces bâtiments, utilisée secondairement par le bagne terrestre de Toulon, pouvait relever de ce fait de l’architecture carcérale.

On réaffirmera, en résumé, que tout ce qui a été ou demeure bâti dans le périmètre de l’Arsenal, à l’usage de la Marine et de la flotte de guerre, ne relève pas pour autant nécessairement de l’architecture militaire. A cet égard, n’ont pas été pris en compte ici certains équipements, comme les bassins de radoub, qui sont des ouvrages d’architecture portuaire et non des bâtiments ou des fortifications. Sont également exclus de cette sélection des bâtiments militaires de l’arsenal ceux qui, bien que de construction antérieure aux destructions de guerre, ne sont pas des éléments forts de l’arsenal maritime de Vauban et de ses successeurs, et ne présentent pas des architectures représentatives des modèles et des poncifs suivis par le génie. En particulier, il est une période, vers la fin du XIXe siècle, où, qu’il s’agisse de hangars ou d’entrepôts, magasins au sens large, l’architecture se banalise, nivelant toute différence entre les formes d’un hangar civil à usage commercial et d’un hangar à usage d’un département de la défense nationale. Il en va de même pour l’ensemble monumental du dépôt des équipages, de la même époque, destiné à loger à terre, dans l’enceinte de l’arsenal, les équipages des vaisseaux de guerre séjournant dans le port : l’architecture de cet ensemble, qui ne saurait être assimilée à celle d’une caserne, faute de particularités telles que le voûtement à l’épreuve, un minimum de composante défensive, ou des modules de casernement immédiatement reconnaissables. Tant extérieurement qu’intérieurement, cette architecture s’apparente davantage à celle de grands hôtels contemporains, d’établissements conventuels, hospitaliers ou d’enseignement, édifiés à la même époque. Comme les bâtiments de logement du commandement de la place forte projetés en ville dans le dernier quart du XIXe siècle (et d’ailleurs non réalisés), évoquant des villas ou des édifices de l’administration civile, les bâtiments du dépôt des équipages, bien que bâtis à l’usage du personnel embarqué de la marine, ne relève pas plus de normes propres à l’architecture militaire, que de celle de l’architecture portuaire au sens large. Ils n’ont donc pas lieu d’être décrits dans le cadre de la présente enquête thématique.

S’agissant des édifices implantés hors l’enceinte du corps de place, mais pouvant être considérés comme des annexes de l’arsenal, seuls les magasins à poudres côtiers-début fin XVIIe s. de Milhaud et de Lagoubran, ce dernier détruit, tous deux directement au service de l’armement de la flotte royale du port de Toulon, entrent dans la catégorie des bâtiments militaires traditionnels dont le type architectural est spécifique aux places fortes de l’âge classique, qu’elles soient terrestres ou portuaires. A cet égard, il est pertinent de retenir le magasin de Milhaud, variante du modèle préconisé par Vauban, dans la présente sélection. En revanche, le parc d’activité de la pyrotechnie, établi dans le même secteur extra-muros autour de 1870, comportant une école nationale, des bâtiments administratifs et de nombreux hangars et magasins stéréotypés, relève d’une catégorie spécifique indépendante de la typologie des bâtiments militaires traditionnels des places de guerre.

Synthèse historique sur l’arsenal de Toulon

1Principale base de la marine française, l’arsenal de Toulon héberge la marine de guerre depuis plus de quatre siècles. Les infrastructures portuaires se sont développées au gré des tendances de la politique maritime française et en suivant les évolutions de l’art de la construction navale et des nécessités du soutien logistique des forces navales.

La ville de Toulon se dote d’une enceinte bastionnée sous le règne d'Henri IV, entre 1589 et 1595. Les habitants entreprennent alors de gagner sur la mer de quoi bâtir des îlots de maison alignés sur le front de mer. En 1595 le roi concède aux Toulonnais les terrains ainsi conquis. Lorsque la cour des comptes de Provence enregistre les lettres patentes du souverain, par arrêt du 30 juin 1599, celui-ci précise qu’une partie des lieux sera destinée à « servir à la construction et fabrique des vaisseaux et pour bâtir un arsenal ou magasin ».

En 1590, le duc de La Valette a envisagé de construire deux bastions sur le rivage pour protéger le port. Ce n’est qu’à partir de 1604 que le front de mer commence à être aménagé et modernisé, selon un projet de l’ingénieur territorial Raymond de Bonnefons. Le 3 janvier 1604, le conseiller Garnier de Montfuron établit un procès-verbal après avoir reconnu les lieux propres à l’implantation du futur arsenal : « Nous aurions avisé n’y avoir lieu plus propre ni plus commode pour la fabrique des vaisseaux, que l’espace qui est entre la courtine de la porte Notre-Dame, jusques à la mer, où conviendra faire un bastion 2 ». Quelques mois plus tard, le duc de Guise confirme aux consuls la nécessité de prolonger jusqu’à la mer la courtine jouxtant le bastion Notre-Dame « selon le plan et dessein qu’en sera fait par le sieur de Bonnefons, ingénieur de Sa majesté 3 ».

L’aménagement de la darse, dont Raymond de Bonnefons avait différé le lancement en octobre 1604 en raison de l’urgence des affaires de Marseille et de la tour de Bouc, prend forme à partir de 1605 4. Il est suffisamment avancé en août 1609, pour que les Toulonnais décident d’implanter l’aire de carénage des navires à l’alignement occidental de la darse, près de l’enceinte, et que le lest des navires y sera déchargé, de façon à former un atterrissement sur lequel sera ultérieurement aménagé un chantier de construction navale 5.

La darse commençant à être fermée et protégée face à la mer, Henri IV ordonne, par lettre du 26 novembre 1609, « de tenir pour quelque temps, nos galères qui sont au port de Marseille en celui de Tholon 6 ». Ultérieurement, les fronts maritimes tenaillés de l’enceinte, couvrant les môles, sont renforcés, en vertu d’un marché de septembre 1625 passé pour le « haussement des murailles de la face vers l’hort, des tenailles de la darsène du port 7 ».

La complète réalisation de la darse de Toulon et de sa protection demandera plusieurs décennies. En 1628 diverses délibérations du conseil de ville montrent que le remblai d’une portion de la darse dans sa partie occidentale se poursuit, tandis que le rehaussement de la muraille sur les môles tenaillés demeure à l’ordre du jour. Un terre-plein est aussi prévu à l’ouest de la darse à proximité immédiate de l’enceinte 8.

Dès avant la guerre contre l’Espagne le destin naval de Toulon était engagé. Henri IV en avait fait un port pour les galères, Richelieu en fera un arsenal pour la marine de guerre. En janvier 1628 le conseil de ville prend une délibération pour continuer les travaux de terrassement de la place destinée à la construction des vaisseaux et galères 9. Un mois plus tard il est décidé que la muraille qui ferme la darse du côté du Ponant sera exhaussée et qu’un terre-plein sera ménagé à sa proximité 10. Au début de l’été 1629 il est stipulé qu’une jetée de pierre sera faite du côté du couchant du quai pour retenir la vase qu’on y dépose 11. Ces travaux, onéreux et délicats, prennent manifestement du temps. La création d’un terre-plein gagné sur la mer revient à l’ordre du jour en 1634, avec la décision de faire une jetée d’enrochements dans la darse du côté du ponant pour empêcher que la vase ne soit entraînée dans la mer 12. Dans les faits, l’aire incluse dans l’angle nord-ouest de la darse est dévolue à la création de l’arsenal, ce qui est perceptible sur le plan de Toulon figurant sur la planche de Vues perspectives de La Seine, Tollon, Hieres, breganson… dessinée en 1631 par le mathématicien aixois Jacques de Maretz 13, qui met en lumière les travaux engagés.

C’est en 1641 que la présence d’un établissement naval à Toulon se concrétise d’une façon plus affirmée et définitive. Un ensemble cohérent de magasins et ateliers est construit entre le quai, le rempart ouest et la ville. Cet équipement, berceau du futur grand arsenal, fut aménagé sous l’autorité d’un homme de confiance du secrétaire d’Etat à la guerre François Sublet de Noyers et de Richelieu, Nicolas Arnoul, dès que celui-ci eut pris les fonctions de commissaire général de la marine de Provence, avec élection de domicile à Toulon, à l’automne 1641.

Le plan de Toulon dressé en 1651 par l‘ingénieur François Blondel 14 montre bien en perspective le nouvel enclos réservé à l’usage de la marine du roi. La description en est fournie par le père Georges Fournier dans l’ouvrage qu’il publie en 1643, intitulé Hydrographie, contenant la théorie et la pratique de toutes les parties de la navigation : « Il [Arnoul] s’appliqua incontinent à la construction de 30 magasins qu’il a fait dresser au bout du port de Toulon, si proche de la mer que de la chaloupe on peut mettre tous les agrès, apparaux, ustensiles & tout le désarmement de chaque navire dans le magasin qui lui est destiné … Ces magasins s’étendent en équerre tout le long du quai. On voit du côté qui regarde le midi tout l’étage d’en bas départi selon les offices nécessaires pour équiper une flotte … du côté qui regarde le levant il y a 24 beaux magasins pour autant de vaisseaux. 15». Le terme de « Quartier de l’arsenal » fait alors son apparition dans le langage officiel et courant de l’époque. Il figure dans divers documents conservés aux archives de la ville 16. Un autre document, daté de 1643, fait état des « magasins du Roy nouvellement fabriqués 17».

Le plan met bien en valeur les plates-formes d’artillerie qui encadrent la passe reliant la darse à la mer (la « chaîne », par allusion à la chaîne qui ferme le port en cas de nécessité militaire).

Un document de 1646 18 mentionne par ailleurs les dénominations de grande darse et petite darse pour désigner les deux parties du plan d’eau séparées par la langue de terre sur laquelle est disposé le chantier de construction navale. Le nom de l’ingénieur chargé de la conception des bâtiments de l’arsenal n’a pas encore été livré par les archives. On peut toutefois noter que Pierre de Conty d’Argencourt, bien que non territorialement compétent comme ingénieur général des fortifications, vint à Toulon à la fin de 1645 pour faire le devis de la fortification et des maisons nouvellement construites du côté de levant de la darse 19. Son rôle pour la création de l’arsenal ne peut donc être exclu.

Au fil du temps et au gré des besoins, l’arsenal fermé et isolé de la ville s’y intègre en perdant sa clôture. Plusieurs ateliers et magasins trouvent alors place dans la trame urbaine. Lorsque l’intendant Louis Matharel est envoyé prendre ses fonctions à Toulon au printemps 1670, les instructions qui lui donne Louis XIV stipulent notamment que «Sa principale occupation doit être d’établir si bien l’arsenal et tous les ouvrages de marine que, toutes les fois que le Roi voudra bâtir un nombre considérable de vaisseaux, il puisse y satisfaire promptement …Il n’y a rien qui puisse tant marquer la grandeur et la puissance de Sa Majesté à l’égard de la marine que la grande quantité de bois, mâts, canons … et de tenir le tout bien rangé ; le sieur Matharel y donnera une application particulière, en sorte que les étrangers soient portés à venir voir l’arsenal de Toulon par curiosité, et qu’il aît plus de réputation que ceux de leur nation, sinon dans l’espace, au moins dans le bon ordre 20». Un mémoire rédigé à ce moment précis fournit une description très détaillée de ce qu’est alors l’arsenal. Son préambule résume bien les préoccupations auxquelles Matharel devra faire face : « Celle [l’étendue] dudit parc ou arsenal est tellement resserrée pour ladite darse et par les maisons et murailles de la ville, laquelle est fort petite en soi pour la grande quantité de ses habitants, qu’il est impossible d’y contenir avec ordre tout ce qu’on est obligé d’y faire entrer pour les constructions et armements des navires … ce qui cause au roi des dépenses extraordinaires, les choses y étant tellement mêlées et confondues ou proches les unes des autres que les forges se trouvent voisines des bois, … et magasins aux poudres, qui sont choses fort dangereuses et qui tiennent non seulement tous les officiers et ouvriers mais encore tous les habitants de la ville en de continuelles alarmes 21 ». Désireux de faire passer une flotte de cinquante à soixante vaisseaux en Méditerranée, Louis XIV charge Colbert de transformer le parc de marine de Toulon en conséquence. Du fait de son importance croissante, l’exiguïté de l’arsenal devient problématique pour faire face à sa charge et surtout à sa fonctionnalité. L’intendant Matharel entreprend donc de lui adjoindre une « annexe », en attendant la concrétisation du dessein de « grand arsenal » que Colbert est résolu à mettre en œuvre et qui nécessitera dix années de projets, contre-projets et hésitations.

À défaut de plans particuliers contemporains de la construction du « petit parc », une représentation quasi-photographique nous en est parvenue par le crayon de Pierre Puget. Conservé à la Bibliothèque nationale de France 22, le dessin de 70 x 164 cm sert de cadre à un projet non réalisé d’agrandissement de l’arsenal à l’est de la ville. La description de la ville, de l’enceinte et de l’arsenal avec son petit parc est d’une minutie remarquable.

Y sont figurés les bâtiments édifiés sous l’autorité de Nicolas Arnoul à partir de 1641 le long de l’enceinte de la darse. Sur la gauche du dessin, le « petit parc », partie renfermé dans le front ouest de l’enceinte ouest, partie développé hors enceinte, est un vaste espace libre entouré par des constructions pour la plupart des séries de magasins à un seul niveau, couverts en appentis, adossés le long de l’enceinte et contre le mur de clôture qui court depuis le bastion Notre-dame jusqu’au mail qu’il contourne. Deux édifices se distinguent par leur élévation monumentale des appentis purement utilitaires : le pavillon de l’horloge situé à l’angle d’épaule du demi-bastion ouest de l’enceinte tenaillée de la darse, et le pavillon double qui encadre l’entrée nord, côté terre, du petit parc.

L’agrandissement de l’arsenal est la grande affaire de Colbert à partir des années 1660 et jusqu’à la fin du siècle. De nombreux ingénieurs ou autres sont impliqués dans la mise au point du projet, qui demandera dix années. Le chevalier Nicolas de Clerville séjourne à Toulon durant l’été 1669 ; ses trois projets ne suffiront pas à convaincre Colbert. Pierre Puget propose également quatre projets, tous rejetés. L’intendant Arnoul rédige lui-même des projets, ainsi que l’ingénieur du port, François Gombert. Seignelay, fils aîné de Colbert, est envoyé à Toulon en 1676 en compagnie d’un ingénieur qui ne produit rien de recevable. L’ingénieur d’Aspremont est à son tour envoyé à Toulon en 1677. La longue litanie d’études est marquée par les contradictions dans les propres exigences de Colbert. En effet, lorsqu’il envoie Clerville sur place Colbert lui stipule que « nous ne sommes pas en un règne de petites choses … il est impossible que vous puissiez imaginer rien de trop grand 23 », mais insiste sur le fait que ceci « doit toutefois avoir sa proportion » …

Devant l’insuccès de cette longue quête et excédé par l’inconduite de Pierre Arnoul, qui a succédé à son père en 1674, et qu’il avait d’abord protégé, Colbert décide à la fin 1678 de faire appel à Vauban 24.

Commissaire général des fortifications depuis le début de 1678, Vauban n’a commencé à travailler au profit de la marine qu’en 1677, car Colbert faisait toujours appel au chevalier de Clerville, commissaire général en titre, jusqu’à la mort de ce dernier. Vauban avait récemment fait ses preuves à Dunkerque, en ouvrant le chenal qui, traversant le banc Schurken, mit le port en communication avec la mer du nord. Les travaux maritimes de Vauban à Dunkerque et à Toulon sont à conserver parallèlement en mémoire pour apprécier son rôle au profit de la marine.

Vauban séjourne à Toulon en février-mars 1679. Après avoir rédigé dès le mois de mai un premier mémoire général « sur les réparations plus necessaires des fortifications de Toulon, forts et batteries d’alentour de la rade et dessein d’un arcenal de marine », il donne un plan de masse du projet de l’arsenal en mars 1681 25 puis un second en mai 1682 26.

[Plan de masse du projet de l’arsenal de Toulon.] 1681[Plan de masse du projet de l’arsenal de Toulon.] 1681 [Deuxième plan de masse du projet de l'arsenal de Toulon]. 1682[Deuxième plan de masse du projet de l'arsenal de Toulon]. 1682

C’est ce dernier projet, version remaniée en diminution de surface du précédent, proposant l’agrandissement vers l’ouest de l’arsenal et, dans une moindre mesure, de la ville, qui est choisi pour être mis en œuvre. Le nouvel arsenal est associé à une nouvelle darse, principe avancé dès 1679, hérité des idées d’Arnoul et d’Aspremont : la darse neuve (dite aujourd’hui darse Vauban), contiguë à l’ancienne, désormais darse vieille, et enclose par des fronts maritimes bastionnés, raccordés au front sud maritime tenaillé de Raymond de Bonnefons.

L’arsenal est tracé de façon orthogonale et symétrique ; il est centré sur le chantier de construction navale. La composition générale résulte d’une approche fonctionnelle adoptée par Vauban et détaillée dans son mémoire du 21 mars 1681, accompagnant le plan du premier projet. La corderie constitue un élément remarquable et structurant de l’arsenal de Vauban. Longue de 400 mètres, elle en constitue le « fond de scène », marquant la limite entre port militaire et ville. Dans son prolongement occidental, et de même structure, la goudronnerie et le magasin à goudron en sont le complément manufacturier.

La construction des bâtiments débute en 1685, au titre d’un marché confié à l’entrepreneur parisien André Boyer, parfois qualifié d’architecte. Quelques bâtiments sont confiés à l’entrepreneur toulonnais des fortifications Gaspard Chaussegros.

En 1691-1692, l’avancement des travaux est suffisant pour permettre à la marine de délaisser les édifices du vieil arsenal afin de s’installer dans les nouveaux. En 1691, Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence, rédige à Toulon un rapport sur l’avancement des travaux 27 dans lequel il précise « …la marine qui commence à s’établir dans les nouveaux magasins… » Le transfert doit alors être suivi par la démolition des bâtiments inemployés ou condamnés, afin de parachever la réalisation du plan de Vauban. La guerre de la ligue d’Augsbourg (1689-1697), suivie par celle de succession d’Espagne (1701-1714), entraînent des servitudes et dépenses extraordinaires pour les campagnes militaires, qui empêchent la poursuite des travaux de Toulon. La fin du règne de Louis XIV signe le délaissement de la marine jusque dans les années 1740. A titre d’exemple, sur un ensemble de quatre bâtiments identiques projetés, groupés par binôme de chaque côté est et ouest du chantier, seul le bâtiment sud du côté ouest, dévolu au magasin général, est réalisé, avant 1693.

Plan de l'Etat present des fortifications et de l'Arcenal de Toulon 1699.Plan de l'Etat present des fortifications et de l'Arcenal de Toulon 1699.Un plan de novembre 1699, signé de Niquet 28, correspondant à l’époque où l’on renonce à finir les travaux d’agrandissement de l’arsenal selon le projet de Vauban, montre clairement que la symétrie idéale du projet n’a pas été respectée. La partie orientale de l’ancien arsenal, avec l’ancien demi-bastion ouest de la darse vieille et les magasins adossés à son revêtement, n’a pas été démolie comme il était prévu, du fait des restrictions de dépenses engendrées par l’état de guerre, et le projet de bâtiments symétriques au magasin général de ce côté est abandonné.

Le projet de Vauban de 1679 avait perfectionné le principe de la séparation des deux darses : chacune devait conserver son entrée propre, et la darse neuve, procurée par l’agrandissement à l’ouest gagné sur « le Marais », était dévolue entièrement à la flotte royale, l’ancienne étant en principe délaissée au port de commerce. L’aile droite (ouest) tenaillée de l’enceinte de la darse vieille, devait être entièrement démolie, pour permettre à terme de reporter beaucoup plus à l’est la séparation entre ancienne et nouvelle darse, au bénéfice de cette dernière. Cette séparation devait être matérialisée, selon le projet, par un quai rectiligne percé d’une passe entre les deux darses, nommé « quay de Dannemark » 29. Dans son addition au projet datée de 1701, Vauban précise que ce quai « se fera aux dépens de la vieille (darse) qui sera de beaucoup diminuée par cette lizière large de 24 à vingt sept toises ». Curieusement, la démolition de l’ancienne aile droite de la vieille darse et la construction de la nouvelle séparation, ne seront jamais réalisées, reportées indéfiniment dans les projets généraux jusque 1738 et après, abandonnées en 1750. Cependant de nombreux plans de Toulon dessinés ou gravés au XVIIIe siècle représentent ce quai projeté, donnant l’illusion trompeuse d’un état réalisé.

Dans ce cadre de compromis entre réalisation du projet et maintient de l’existant, plusieurs bâtiments de l’arsenal de 1641 furent conservés, notamment ceux qui bordaient l’enceinte tenaillée de la darse vieille, alors dénommés « Vieux magasins de désarmement » 30, associés au pavillon de l’horloge formant porche entre les deux darses, et à des forges. Les ateliers des sculpteurs et des menuisiers seront systématiquement mentionnés dans ces bâtiments, au moins pour la période comprise entre 1733 et 1770.

L’embellissement de l’arsenal sera effectué par touches successives, au gré des nécessités et des possibilités financières d’un royaume appauvri et souvent peu soucieux de sa marine. Les différents travaux d’architecture seront réalisés dans les limites posées par Vauban et matérialisées par l’enceinte de l’arsenal, d’une part, et par l’espace urbain, d’autre part.

Les éléments architecturaux marquants de cet embellissement sont conçus et réalisés à partir des années 1750, sous l’autorité de Jean-Joseph Verguin, ingénieur des bâtiments civils de la marine chargé de la direction des travaux d’architecture de l’arsenal de 1745 à 1777.

La première de ces réalisations est l’achèvement, par reconstruction partielle, de la boulangerie de l’arsenal. Au commencement de la réalisation de l’arsenal de Vauban, il existait une boulangerie de la marine au nord, en limite de la ville. Incendiée en 1695, elle avait été remplacée par une nouvelle boulangerie construite de 1698 à 1707 en position isolée hors les murs de l’arsenal (en prévention des risques d’incendie) et en principe à l’abri dans une demi-lune projetée à l’ouest de l’enceinte de l’arsenal (front 11-12). Elle se composait de deux ailes et d’un magasin à grains et farines, disposés en chevron à l’intérieur de la demi-lune projetée qui, jamais réalisée telle que prévue, prit finalement la forme d’une simple place d’armes du chemin couvert. En 1772 fut entreprise la reconstruction de l’aile droite des fours, mal finie et menaçant ruine, assurant l’augmentation des capacités de production et de stockage de la boulangerie.

La seconde réalisation marquante de Verguin est la reconstruction à neuf d’un des plus vieux des bâtiments de l’arsenal ayant survécu jusque-là, aussi et des plus hétérogènes. Il s’agissait d’un ensemble d’ateliers et magasins construits vers 1641 en adossement du revêtement du demi bastion ouest de la darse vieille, complété en 1672 par le pavillon porche dit de l’horloge, puis en 1741 par une aile de forges. L’édifice neuf comporte une nouvelle tour ou beffroi avec horloge et campanile supportant la cloche de 1672 réutilisée, qui rythmait les heures de travail dans l’arsenal.

Vauban avait bien prévu dans le plan de l’arsenal la construction d’une forme de radoub, mais la mise au point de son procédé de construction nécessitera plus de soixante quinze ans. L’absence de marée en Méditerranée constitue en effet un obstacle à la construction d’un ouvrage immergé qui doit former enceinte étanche. C’est en 1774 que le premier bassin de radoub toulonnais est mis en chantier, selon le projet de l’ingénieur des constructions navales Antoine Groignard. Le bassin est mis en service en 1778 avec le radoub du vaisseau Le Souverain. Par la suite, il servira également de bassin de construction de navires.

L’installation d’un bagne à terre après le transfert des galères à Toulon en 1748 prend corps à partir de 1782 avec la reconversion d’anciens magasins de désarmement des vaisseaux, adossés aux revêtements des fronts d’enceinte maritimes, autour des darses. En 1791 une nouvelle aile très allongée est construite en prolongement des magasins de la face gauche du demi-bastion ouest de la darse neuve (2), sur le môle séparant les deux darses. Initialement prévue pour abriter une extension du bagne et un magasin aux câbles, elle est d’abord affectée en totalité à ce dernier usage. En 1816 elle est réaffectée en totalité au bagne, dont elle abrite l’hôpital ainsi que la caserne des gardes-chiourmes.

A la fin l’occupation anglaise de 1793, le commodore Sidney Smith, accompagné de trois lieutenants de vaisseau anglais, tentent d’incendier l’arsenal avant d’évacuer Toulon le 18 décembre. L’entreprise tourne heureusement court, mais le magasin général construit sous Louis XIV est détruit aux deux tiers. Après l’étude de projets visant à en conserver une partie, le choix est arrêté en 1803 de le reconstruire à neuf, sur les fondations de l’ancien, mais plus long et plus haut. Le nouveau magasin général, œuvre des ingénieurs civils Carron et Mandar est construit avec le concours des forçats du bagne de Toulon, qui exécutent les fondations pilotées et une partie des maçonneries (les voûtes sont réalisées à l’entreprise). Du fait de restrictions budgétaires, il n’est achevé que vers 1827.

La marine commence à éprouver des difficultés à exercer ses missions au sein des limites du parc foncier et des darses fixées sous le règne de Louis XIV. Les missions et la taille de la flotte s’accroissent, notamment avec le début de l’expansion coloniale. L’émergence de la propulsion à vapeur entraîne de nouveaux besoins industriels qui, conjugués aux nécessités logistiques, militent en faveur d’un agrandissement de l’arsenal. Un temps envisagé vers l’est, du côté du Mourillon, à l’abri du retranchement faisant communication au fort Lamalgue, il commence à s’exprimer à travers l’aménagement d’un arsenal de construction navale au Mourillon au début des années 1820. Cet établissement est conçu comme une annexe autonome de l’arsenal, pourvue de fosses et de hangars de conservation des bois, d’une scierie, de cales de construction. La véritable modernisation de l’arsenal passe par son extension vers l’ouest, dans la plaine de Castigneau. De nombreux projets sont étudiés, qui visent essentiellement à créer un nouveau bassin à flot associé à des formes de radoub et des cales de construction supplémentaires. Il faut observer à cet égard que le service en charge des infrastructures portuaires de la marine est désormais confié à des ingénieurs des Ponts et chaussées mis au service du ministère de la marine et qui dirigent le service des Travaux maritimes 31. Les études réalisées en vue d’agrandir l’arsenal vers l’ouest reflètent parfaitement les conceptions urbanistiques acquises par ces ingénieurs à l’école des Ponts et chaussées, dans leur quête de rationalité. À titre d’exemple, on notera la géométrie idéale de plan centré rayonnant ou cruciforme des plans présentés par l’ingénieur Brue en 1822 et 1825, et de ceux de l’ingénieur Antoine Raucourt, vers 1819, dont l’auteur verra réalisé un autre de ses projets : celui de l’hôpital de la marine à Saint-Mandrier, entièrement construit par des forçats du bagne de Toulon.

Au terme de ces études, le principe de l’extension ouest de l’Arsenal est officialisé par une ordonnance de Louis-Philippe en date du 12 septembre 1841 32, puis confirmé et précisé par une nouvelle ordonnance royale, du 23 décembre 1843 33 qui amende le tracé du nouvel établissement. Situé dans la plaine littorale de Castigneau, il est organisé autour d’un nouveau bassin à flot ou darse associé à des formes de radoub et des cales de construction supplémentaires ; le terre-plein des quais porte différents ateliers mécanisés en relation avec la confection de machines à vapeur pur la flotte. Trois nouvelles formes de radoub sont creusées en abord. Le sud de la darse est bordé par un important établissement des subsistances et un grand parc à charbon. L’ensemble est édifié à l’abri de la partie sud-ouest d’une ample extension de l’enceinte de la ville, développée surtout au nord, selon le projet du colonel Picot rédigé en 1845, et réalisée entre 1850 et 1860. L’arsenal de Castigneau, qui reste séparé de la darse neuve par le front bastionné maritime de Vauban, entre en service à la fin des années 1850 et est officiellement inauguré par Napoléon III en 1860. Toute cette période de grands travaux voit la direction des Travaux hydrauliques bénéficier d’une continuité de vues et d’action, sous la direction de Charles Noel qui en est directeur de 1839 à 1866.

Alors même que l’aménagement de l’arsenal de Castigneau n’est pas terminé, la nécessité d’un nouvel agrandissement est reconnue. Le rôle de Toulon comme port de projection de force a été confirmé et expérimenté lors de la campagne de Crimée notamment. Les conditions de transit des troupes, les modalités d’hébergement des équipages rendent nécessaires la poursuite vers l’ouest de l’extension du port militaire. La décision est prise de creuser une nouvelle darse dans la plaine de Missiessy pour augmenter le plan d’eau offert à la flotte et aux navires de transport de troupes. L’arsenal agrandi sera protégé par une enceinte bastionnée tracée dans le prolongement de celle construite après 1852 pour protéger la ville de Toulon. Cette enceinte tire à l’ouest jusqu’à la hauteur de Malbousquet, avant de rejoindre le rivage au sud à hauteur de la zone de Milhaud.

L’arsenal atteint ainsi son extension maximale à la fin du XIXe siècle. En parallèle, une pyrotechnie maritime est aménagée hors l’enceinte, à partir de 1864 en limite occidentale de la rade à Lagoubran. Les terrains jouxtant à l’extérieur de l’arsenal la hauteur de Malbousquet sont progressivement acquis au début et pendant le cours de la première guerre mondiale afin d’agrandir la pyrotechnie.

Au cours de la seconde guerre mondiale, la ville et l’arsenal sont abondamment bombardés par les Alliés. À la Libération, la moitié des surfaces couvertes de l’arsenal sont détruites, les infrastructures portuaires, sabotées par l’occupant, sont très endommagées. Entreprise dès la Libération, la reconstruction de l’arsenal représente plus de vingt années d’efforts.

L’aspect de l’entrée de l’arsenal depuis la ville est progressivement modifié et décloisonné. Une entrée de moyenne largeur avec grille avait d’abord été aménagée du côté gauche de l’entrée traditionnelle par la porterie à portail baroque du XVIIIe siècle, qui était situé dans l’axe de la « rue » principale intérieure parallèle à la corderie. Ensuite, en 1976, la grille d’entrée fut élargie à droite et reporté plus de 10m en arrière au bénéfice de la voirie municipale (création de la place Monsenergue), ce qui entraîna la démolition de la porterie initiale, la dépose du portail baroque et son remontage à gauche de la nouvelle entrée, dans un plan perpendiculaire à son implantation d’origine, contre le mur d’un bâtiment affecté au musée de la Marine.

En dépit des vicissitudes de l’histoire, l’arsenal (désormais dénommé « Base navale ») conserve de nombreux et remarquables éléments de patrimoine retraçant sa longue histoire.

1Ce texte historique général a été rédigée pour l’essentiel par Bernard Cros, ingénieur retraité des travaux maritimes de la base de Toulon et spécialiste de l’arsenal, collaborateur de cette mission d’inventaire. J’ai relu, et retouché et complété sur quelques points, cet exposé général. 2G. Lambert, Agrandissements et fortifications de la ville de Toulon, Bulletin de la société académique du Var, 1873. 3Id. 4AC BB 558. 5AC BB53 f° 438. 6AC BB53 f° 474. 7Henry, Fortification de Toulon, bulletin des amis du vieux Toulon, 1853 et 1855. 8Délibération du 7 janvier 1628 pour la continuation du terrassement de la place destinée à la construction des vaisseaux et galères (AC BB 55 f° 489), délibération du 25 février pour l’exhaussement de la muraille du côté du ponant et réalisation d’un terre-plein (AC BB 55 f° 504). 9AC BB 55 f° 489 délibération du 7 janvier 1628. 10 Ibid. f° 504 délibération du 25 février 1628. 11Ibid. f° 616 délibération du 17 juillet 1629. 12AC BB 56 f° 302 délibération du 18 avril 1634. 13BnF Cartes et Plans, GE SH 18E PF 71 DIV 3 P 2/2 RES. 14 Fournier op. cit. Du magasin de Toulon Chapitre XLV, pp. 642, 643. 15 Notamment dans la « Table d’Aymar » de 1643, AC CC 399. 16AC CC 84 Etat de droits domaniaux et directe du Roi, description d’une parcelle dénommée Cartier de l’arsenal. 17AC BB 59 f° 105, délibération du 2 janvier 1646. 18AC BB 59 f° 102, délibération du 19 décembre 1645 19Instruction pour le sieur Matharel ... que Sa majesté envoie au port de Toulon pour faire les fonctions d’intendant. In Lettres, instructions et mémoires de Colbert, publiés par P. Clément, 1864. 20Mémoire de l’état auquel se trouvent présentement le port, l’arsenal, les vaisseaux et les magasins du roi qui sont à Toulon. AN B3 9 f° 454.21 Inséré dans le recueil intitulé Les plans, profils, et devis de l’état des places maritimes de Provence, SHD Vincennes marine SH 86. 22BnF Cartes et plans, Ge SH Arch. 24 RCC 08 826. 23Lettre du 4 octobre 1669, Lettre, instructions et mémoires de Colbert, publiés par P Clément, Paris, 1868. 24« Sa majesté ne prendra aucune résolution qu’elle n’ait fait visiter les lieux par le sieur de Vauban » Lettre de Colbert du4 décembre 1678, cité par P Clément. 25Vincennes, SHD, 1V H 1831 n° 8. 26 Vincennes, SHD, 1V H 1831 n° 9 et copie Toulon, SHD 2K1 3 n° 17. 27Etat des ouvrages à faire à Toulon l’année prochaine 1692 pour achever les bâtiments du nouvel arsenal. (SHD 1V H 1831 n°14). 28 Vincennes SHD 1V H 1831 n° 30. 29Appellation figurant sur le plan de Toulon du 27 juillet 1693 signé de Cauchy de Chaumont. Vincennes SHD 1V H 1831 n° 30. 30 Notamment sur un plan du 15 novembre 1699, signé par Niquet . Vincennes SHD 1V H 1831 n° 30. 31Les ingénieurs des Ponts et chaussées remplacent les ingénieurs de la marine depuis l’An VIII, avec la création du service des Travaux maritimes. En 1828 ce service prendra le nom de service des Travaux hydrauliques et des bâtiments civils de la marine. 32SHDT 2K1 21. 33SHDT 2K1 21.

Les premiers travaux d'aménagements et de fortification de la darse du port de Toulon sont lancés en 1604 sur un projet de l'ingénieur Jean de Bonnefons. Dans les années 1630 s'affirme le projet de transformer une partie de la darse en arsenal. En 1641, Nicolas Arnoul, commissaire général de la marine de Provence dirige les travaux de construction de magasins et ateliers entre le quai, le rempart ouest et la ville, berceau du futur grand arsenal. Louis XIV, désireux d'accroître la capacité de sa flotte en Méditerranée, charge Colbert de transformer le parc de marine de Toulon en conséquence. Après 10 années de projets infructueux, Colbert charge Vauban du dossier. Le projet de Vauban de 1682 est retenu et mis en oeuvre à partir de 1685. Les guerres de la ligue d'Augsbourg et de succession d'Espagne entraînent une réduction des dépenses dévolues à la Marine et un arrêt des travaux. Les travaux reprennent dans les années 1750, sous l'autorité de Jean-Joseph Verguin, ingénieur des bâtiments civils de la marine chargé de la direction des travaux d’architecture de l’arsenal de 1745 à 1777. En 1774 le premier bassin de radoub est mis en chantier selon le projet de l’ingénieur des constructions navales Antoine Groignard. En 1793, les anglais tentent d'incendier l'arsenal mais ne parviennent qu'à détruire le magasin général construit sous Louis XIV qui sera reconstruit entre 1803 et 1827. Dès les années 1820, la nécessité d'agrandir l'arsenal se fait sentir. Au terme de plusieurs études, le principe d'une extension vers l'ouest, dans plaine littorale de Castigneau, est validé en 1841. L’arsenal de Castigneau, qui reste séparé de la darse neuve par le front bastionné maritime de Vauban, entre en service à la fin des années 1850. Une nouvelle darse est ensuite creusée dans la plaine de Missiessy. L’arsenal agrandi est protégé par une enceinte bastionnée tracée dans le prolongement de celle construite après 1852 pour protéger la ville de Toulon. Cette enceinte tire à l’ouest jusqu’à la hauteur de Malbousquet, avant de rejoindre le rivage au sud à hauteur de la zone de Milhaud. L’arsenal atteint ainsi son extension maximale à la fin du XIXe siècle. Pendant la seconde guerre mondiale, les bombardement alliés détruisent la moitié des surfaces couvertes de l’arsenal, alors que les infrastructures portuaires, sabotées par l’occupant, sont très endommagées. La reconstruction dure plus de 20 ans. A cette occasion, la porterie à portail baroque du XVIIIe siècle est démolie, le portail déposé et remonté contre le mur de l'actuel musée de la Marine.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle, 2e moitié 18e siècle, 19e siècle, 2e moitié 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bonnefons Raymond de
      Bonnefons Raymond de

      Ingénieur pour le roi en 1600 en Provence. Il travaille aux fortifications d'Antibes, de Saint-Tropez et de Toulon. Il a pour apprentis son fils Jean de Bonnefons.

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    • Auteur :
      Le Prestre de Vauban Sébastien
      Le Prestre de Vauban Sébastien

      Ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Nommé maréchal de France par Louis XIV. Expert en poliorcétique (c'est-à-dire en l'art d'organiser l'attaque ou la défense lors du siège d'une ville, d'un lieu ou d'une place forte), il a conçu ou amélioré une centaine de places fortes.

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      ingénieur militaire attribution par source
    • Auteur :
      Arnoul Nicolas
      Arnoul Nicolas

      Commissaire général de la Marine en Provence avec résidence à Toulon en 1641. En 1665, il est nommé par Colbert intendant de Provence et des galères à Marseille.

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      auteur commanditaire attribution par source
    • Auteur :
      Niquet Antoine
      Niquet Antoine

      Ingénieur général des fortifications de Provence, de Dauphiné, de Languedoc en 1680. En 1700, il est à Toulon où il travaille avec Vauban sur un nouveau projet d'aménagement du site : retranchement de la ville, aménagement du port et de la darse, défense de la ville avec des forts et des tours. Auteur des projets de fortification de la place de Seyne (Alpes-de-Haute-Provence) en 1690.

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    • Auteur :
      Verguin Jean-Joseph
      Verguin Jean-Joseph

      Mathématicien attaché au service des bâtiments civils de la Marine à partir de 1724, cartographe des expéditions Dugay-Trouin 1732-1734, expédition en Amérique pour mesurer le méridien terrestre, 1735-1745. Ingénieur des bâtiments civils de la Marine, chargé de la direction des travaux d’architecture de l’arsenal depuis 1745, affecté à Toulon.

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      ingénieur, ingénieur militaire attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Groignard Antoine
      Groignard Antoine

      Formé à l'école des ingénieurs-constructeurs de vaisseaux créée par Duhamel du Monceau en 1765.

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      ingénieur attribution par travaux historiques
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    corderie, poudrière, édifice logistique
  • Sites de protection
    zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager
  • Protections
    classé MH partiellement, 1910/05/04
  • Précisions sur la protection

    L'ancienne porte de l'Arsenal, remontée au musée : classement par arrêté du 4 mai 1910.

Documents d'archives

  • Délibérations du conseil communal de Toulon du 7 janvier 1628 pour la continuation du terrassement de la place destinée à la construction des vaisseaux et galères et du 25 février 1628 pour l’exhaussement de la muraille du côté du ponant et réalisation d’un terre-plein. Archives communales, Toulon : BB 55 f° 489 et 504.

  • Mémoire de l’état auquel se trouvent présentement le port, l’arsenal, les vaisseaux et les magasins du roi qui sont à Toulon, 1670. Archives Nationales, Paris : B3 9 f° 454.

  • Les plans, profils, et devis de l’état des places maritimes de Provence, 1670. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds de la Marine SH 86.

  • LE PRESTRE DE VAUBAN Sébastien. Mémoire sur les réparations plus nécessaires des fortifications de Toulon,... et dessein d'un arsenal de marine... 10 mars 1679. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8, carton 1 (1 VH 1831), n°1bis.

  • NIQUET, Antoine. Etat des ouvrages à faire à Toulon l’année prochaine 1692 pour achever les bâtiments du nouvel arsenal. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1V H 1831 n°14.

  • LE PRESTRE DE VAUBAN Sébastien. Deuxième adition au projet des fortiffications de Toulon, 19 mars 1701. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 n° 36. Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°36

Bibliographie

  • TEISSIER, Octave. Agrandissements et fortifications de la ville de Toulon. Dans Bulletin de la société académique du Var, 1873, p. 325 à 481.

Documents figurés

  • Travaux maritimes. Plans des Atlas des ports, Toulon : 627 plans, 1695 - 1874. Service Historique de la Défense, Vincennes : Marine DD2 696, 711 à 714 bis.

  • [Vues perspectives de la Seine, Tollon, Hières, Breganson, Saint-Tropes, Freiuls, Saint-Rapheau, Canes, Saint-Honoré, Antibo.] / Dessin manuscrit sur parchemin ; 54,5 x 80 cm, par Jacques de Maretz, 1631. Bibliothèque nationale de France, Paris : Cartes et Plans, GE SH 18E PF 71 DIV 3 P 2/2.

  • Dessein de la ville de Toulon, et partie de son Arsenal, du costé du Levant [par] Pierre Puget, scuplteur [sic] et architecque du Roy. / Dessin, plume et lavis, par Pierre Puget, 1676. Bibliothèque nationale de France, Paris : Cartes et plans, Ge SH Arch. 24 RCC 08 826.

  • [Plan de masse du projet de l’arsenal de Toulon.] / Dessin à l'encre, par Sébastien Le Prestre de Vauban, mars 1681. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 n° 8.

  • [Deuxième plan de masse du projet de l'arsenal de Toulon]. / Dessin à l'encre aquarellé, par Sébastien Le Prestre de Vauban, mai 1682. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 n° 9.

  • Plan de l'Etat present des fortifications et de l'Arcenal de Toulon. Dessin à l'encre aquarellé, 15 novembre 1699, signé Niquet. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 n°30.

  • [Plan de l'arsenal de Toulon.] / Dessin à l'encre aquarellé, par Antoine Niquet, 1702. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831.

  • Plan de Toulon et de ses environs. / Dessin à l'encre aquarellé, par Pierre Nègre, 1738. Service Historique de la Défense, Toulon : 1 VH 1832.

  • Plan de l'arsenal de Toulon. / Dessin à l'encre aquarellé, par Nicolas François Milet de Monville, 1765. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1834.

  • Plan de la ville et des darses de Toulon relatif au projet d'agrandissement à la partie du Mourillon. [projet d'extension est du port et de l'arsenal, non réalisé], 1790. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1VH 1838.

    Service Historique de la Défense, Vincennes : 1VH 1838
Date d'enquête 2014 ; Date(s) de rédaction 2015