Dossier d’œuvre architecture IA84000681 | Réalisé par
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

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  • inventaire topographique
hôtel de Thezan ou de Camaret actuellement sous-préfecture
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Carpentras - Carpentras
  • Commune Carpentras
  • Adresse 62 rue de la Sous-Préfecture
  • Cadastre 1983 CE 532
  • Dénominations
    hôtel
  • Appellations
    hôtel de Thezan ou de Camaret
  • Destinations
    sous-préfecture

HISTORIQUE

En 1838, l'hôtel de Thezan fut loué par son propriétaire Louis-Marie Duplessis au département de Vaucluse pour y établir la Sous-Préfecture de l'arrondissement de Carpentras : un état des lieux en date du 26 décembre 1838 nous donne une description précise des bâtiments par laquelle nous connaissons les décors disparus du rez-de-chaussée de l'hôtel. Quelques années plus tard, l'hôtel devenu propriété du département, on décide la reconstruction de la façade : les plans et dessin en sont donnés en 1862 par l'architecte départemental Joseph-Auguste Joffroy.

En juin 1987, ont été inscrits sur l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques :

- les façades et toitures sur rue et sur cour

- l'escalier

- la chambre à alcôve, le salon de musique, le petit salon du premier étage (pièces D, Fa et Fb).

DESCRIPTION

Situation

L'hôtel présente une façade antérieure nord sur la rue de la Sous-Préfecture et s'ouvre au sud sur un jardin relativement important. Il est mitoyen à l'ouest avec un gros hôtel classique, à l'est avec une maison du XVIIe siècle également, avec laquelle il communique depuis peu (maison récemment acquise par le département pour l'agrandissement de la Sous-Préfecture).

Façade nord.Façade nord. Façade nord.Façade nord.

Composition d'ensemble

Situé entre rue et jardin, l'hôtel se compose de quatre corps de bâtiment A-B-C-D disposés autour d'une cour intérieure et de deux ailes E et F en retour sur le jardin. Dans le jardin, aménagement au sud-est d'une terrasse avec pergola métallique et treillage.

Matériaux

- Façade antérieure nord et premier niveau des élévations sur le jardin en pierre de taille.

- Maçonneries enduites.

- Escalier d'honneur en pierre de taille ; escalier secondaire en plâtre et bois.

- Sols : dallage ; planchers récents ; tomettes aux étages.

- Cheminées de marbre.

- Décors de gypseries et peintures sur plâtre.

Structure

L'hôtel comprend deux étages carrés et un étage de comble au-dessus d'un rez-de-chaussée et d'un étage de caves voûtées (non visitées). Seul le corps de bâtiment A a une structure différente : simple en largeur et en profondeur, il ne comporte qu'un étage (une pièce unique faisant la liaison entre B et C) sous lequel se trouve l'entrée en passage vers la cour.

B, triple en largeur et simple en profondeur, s'ouvre sur le côté ouest de la cour par une cage d'escalier centrale Ba, qui constitue l'entrée habituelle de l'hôtel : l'escalier en rez-de-chaussée est à trois volées en retour à droite autour d'un jour ; sous le second repos, s'ouvre la porte de la cave. Dans le corps de bâtiment C, double en profondeur, un escalier secondaire Ca donne accès aux autres étages : il s'agit d'une vis suspendue tournant à gauche autour d'un jour qui dessert les deux étages carrés par des volées de 21 et 22 marches, le grenier par 13 marches supplémentaires.

D est un vaste vestibule qui dans l'axe du passage d'entrée conduit de la cour au jardin ; sa structure à voûtes d'arêtes supportées par des piliers est actuellement dissimulée par un faux plafond et des coffrages de bois. Au rez-de-chaussée, il permet la communication de B et C et distribue les deux ailes E et F ; ses étages sont construits en retrait au -dessus d'une terrasse sud et sont chacun constitués d'une chambre à alcôve. Les ailes en retour E et F qui sont simples en profondeur ont été modifiées au rez-de-chaussée : l'état des lieux de 1838 indique une galerie en E et un salon en F. Aux étages, l'enfilade des pièces a été conservée.

Élévations

- Élévation antérieure nord

Façade en pierre construite d'après un dessin donné en 1862 par l'architecte départemental Joffroy.

De part et d'autre de la travée d'entrée, B et C ont une façade à trois niveaux couronnée par une corniche et à deux travées de baies qu'encadre un chaînage d'angle harpé, relayé par un ordre de pilastres sur le niveau supérieur. Les fenêtres ont des chambranles moulurés à crossettes : en arc segmentaire, elles sont couronnées par une corniche en appui sur deux petites consoles au premier niveau et ont des allèges à balustres au second niveau ; rectangulaires, elles sont couronnées de frontons cintrés au troisième niveau. Sur la travée médiane, s'ouvre un portail en arc segmentaire et à chambranle mouluré. Il s'inscrit dans une travée de pilastres au-dessus desquels deux fortes consoles sculptées supportent un balcon de pierre : s'y ouvre une porte-fenêtre inscrite dans une travée ionique dont les demi-colonnes supportent entablement et fronton cintré.

- Élévations sur cour

Ensemble de façades enduites sans grand intérêt. B et C sont à trois niveaux percés de baies en arc segmentaire. D présente une façade aveugle, seulement percée d'une porte bâtarde au premier niveau ; porte en pierre avec chambranle mouluré à crossettes et couronnée par une corniche cintrée. La menuiserie très restaurée est surmontée d'une imposte en bois ajourée : dans un cadre chantourné belle ferronnerie du XVIIIe siècle.

- Élévations sur le jardin

D, E, F présentent un ensemble homogène de façades, appareillées au premier niveau et enduites au-dessus ; couronnées par un coffrage de plâtre elles sont régulièrement percées de baies en arc segmentaire. D présente la particularité d'un premier niveau partiellement couvert en terrasse au-dessus duquel les deux niveaux supérieurs sont situés en retrait ; la terrasse est bordée d'une belle rampe en fer forgé du XVIIIe siècle alternant panneaux rectangulaires et pilastres. Sur les trois côtés, le premier niveau, couronné par un bandeau mouluré, est orné d'un bossage continu en table qui s'interrompt autour des baies avec chambranle mouluré à crossettes. Seule la porte s'ouvrant au centre de D diffère : en anse de panier, elle est entourée d'une mouluration torique.

Elévation de D sur le jardin, premier niveau.Elévation de D sur le jardin, premier niveau.

Couverture

B, C et E ont un toit à croupes ; D et F un toit à longs-pans. Tuiles creuses.

Distribution intérieure

- Rez-de-chaussée

La plupart des pièces ont perdu leur décor, mais l'état des lieux dressé en 1838 fournit un certain nombre de renseignements :

- Be était une petite salle à manger dans laquelle se trouvait une fontaine avec bassin en pierre qu'encadraient deux consoles de marbre.

- C était une aile de service avec cuisine en Cd.

- E était une galerie carrelée.

- F comprenait un salon parqueté, lambrissé, avec cheminée de marbre gris et sur le trumeau est, console du même marbre.

Rez-de-chaussée, cage d'escalier Ba.Rez-de-chaussée, cage d'escalier Ba.

Actuellement, le décor de D étant masqué (pièce dallée avec voûte d'arêtes supportée par des piliers) seule la cage d'escalier Ba présente un intérêt au rez-de-chaussée. Le sol en a été refait. L'escalier à trois volées droites de 10-3-10 marches est en pierre dure grise. Il a un départ en volute et un limon à la française. La rampe en fer forgé du XVIIIe, dont le départ et la main-courante ont été changés, est faite de panneaux rectangulaires alternés avec des pilastres. Le mur d'échiffre en calcaire fin est sculpté sur ses deux panneaux d'une table saillante moulurée ; l'angle en est à peine arrondi. Au plafond, un léger décor de gypserie semble avoir été refait au XIXe siècle : panneau rectangulaire à l'intérieur duquel les baguettes s'arrondissent dans les angles et rosace.

En Ca, l'escalier a un départ en volute ; ses marches sont revêtues de carreaux de terre cuite avec nez-de-marches en bois ; sur le limon à la française, la rampe en fer est à barreaux droits sous une main-courante en bois.

- Premier étage

L'escalier s'ouvre au sud sur une antichambre Bc-d qui distribue un ensemble de pièces richement ornées en D et F. L'aile E ne conserve aucun décor ainsi que les pièces nord réaménagées aux XIXe et XXe siècles. Seule Cc, une ancienne chambre à alcôve semble-t-il, a une cheminée en marbre vert du XIXe avec piédroits angulaires ; un plafond orné d'un panneau rectangulaire au-dessus d'une voussure.

- Dans l'antichambre Bc-d, deux dessus-de-portes aux baguettes chantournées ont été plâtrées : des peintures se dissimulent peut-être encore sous cet enduit.

- D est une chambre à alcôve s'ouvrant par deux portes-fenêtres sur la terrasse sud. Cette pièce au plancher récent est ornée d'un riche décor Louis XV de gypseries relevées de peintures sur plâtre en camaïeu de bleu : décor qui comprend un dessus d'alcôve, un dessus-de-porte, des parcloses d'angle ; la hotte de la cheminée et le trumeau sud (seul élément en bois) sont dorés. Le plafond est à trois compartiments ornés de panneaux rectangulaires. La cheminée en marbre blanc incrusté de brèche orange a des piédroits cannelés et un linteau sculpté d'un vase entre deux guirlandes de laurier.

Premier étage, chambre à alcôve, vue d'ensemble de l'alcôve.Premier étage, chambre à alcôve, vue d'ensemble de l'alcôve.

- Le salon de musique Fa conserve au-dessus d'un lambris bas à panneautage un imposant décor de gypseries de style Louis XV dont les sculptures en fort relief se détachent en blanc sur un fond vert pâle. Ensemble constitué de deux dessus-de-portes, deux panneaux encadrant les fenêtres aux angles nord et sud de la pièce, quatre parcloses d'angle, la voussure du plafond avec cartouches. Comme dans la pièce précédente, le trumeau et la hotte de la cheminée se distinguent par leur dorure. La rosace du plafond refaite au XIXe est constituée d'un médiocre motif de grappes de raisin et feuilles de vigne. La cheminée en marbre violet et blanc est sculptée de discrètes tables sur les piédroits angulaires, d'une urne au centre du linteau chantourné.

- Fb est un second salon dont le décor de gypseries blanches est d'un style plus avancé, de transition Louis XV-XVI pour le plafond, franchement Louis XVI ou même Empire pour les dessus-de-portes, dessus de-hotte et de trumeau, parcloses d'angle. Autour de la pièce, court un lambris bas à décor de panneaux et pilastres rectangulaires. La cheminée en brèche jaune est sculptée d'une coquille sur le linteau galbé.

- Deuxième étage

D est une chambre à alcôve : l'alcôve, ici située à l'ouest, est encadrée par deux petites cabinets dont celui de gauche s'éclaire par une fenêtre sur le jardin. Le dessus d'alcôve et le dessus de hotte de la cheminée conservent à l'intérieur d'un cadre chantourné des peintures en camaïeu de brun : scènes de putti illustrant l'été et l'hiver. Cheminée de style Louis XV en marbre blanc avec piédroits sculptés de table et de consoles en faible relief et linteau à coquille centrale.

Deuxième étage, chambre à alcôve, vue d'ensemble de l'alcôve.Deuxième étage, chambre à alcôve, vue d'ensemble de l'alcôve.

CONCLUSION

Hôtel du milieu du XVIIIe siècle qui se caractérise par la combinaison inhabituelle à Carpentras de deux partis de distribution : en effet au plan traditionnel depuis le XVIIe siècle de quatre corps de bâtiment entourant une cour intérieure, s'ajoute un développement en U sur le jardin au moyen de deux ailes, dont l'une, l'aile E, abritait au rez-de-chaussée une galerie, thème architectural également peu courant dans la ville.

Les décors de gypseries d'une grande qualité se rapprochent par leur facture d'ensembles contemporains étudiés dans l'hôtel de Jocas (57,rue Moricelly cf. IA84000665) et dans l'hôtel de Gaudemaris (18, rue de la Monnaie cf. IA84000662). En revanche, les peintures qui les accompagnent dans la chambre à alcôve D du premier étage, bien qu'elles ne soient pas d'une réalisation exceptionnelle, appartiennent à un répertoire iconographique original.

Hôtel du milieu du 18e siècle. En 1838, l'hôtel de Thezan fut loué par son propriétaire, Louis-Marie Duplessis, au département de Vaucluse pour y établir la sous-préfecture de l'arrondissement de Carpentras : un état des lieux en date du 26 décembre 1838 nous donne une description précise des bâtiments, par laquelle nous connaissons les décors disparus du rez-de-chaussée. Quelques années plus tard, l'hôtel étant devenu propriété du département, on a décidé de la reconstruction de la façade : les plans en sont donnés par l'architecte départemental Joseph-Auguste Joffroy. Hôtel inscrit partiellement. La maison mitoyenne à l'est a été récemment achetée par le département pour l'agrandissement de la sous-préfecture et communique avec elle depuis peu.

  • Période(s)
    • Principale : milieu 18e siècle
    • Principale : 2e quart 19e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Joffroy Joseph-Auguste
      Joffroy Joseph-Auguste

      Après avoir été employé dans l'administration des ponts et chaussées (1825), faisant fonction d'ingénieur à Orange et à Avignon pendant six ans, il fut désigné en 1839 architecte de la ville d'Avignon, puis du département du Vaucluse en 1849 (jusqu'en 1870) [Source : École des Chartes, Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle]. Outre la synagogue d'Avignon, Joseph-Auguste Joffroy dessina les plans de l'Hôtel de Ville d'Avignon dont la façade décriée fut remaniée. Il est nommé architecte diocésain le 16 juillet 1851.

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      architecte départemental attribution par source

L'hôtel de Camaret se situe sur la rue de la Sous-Préfecture ; il est mitoyen sur les deux côtés et son grand jardin est en coeur d'îlot. Il se compose de quatre ailes disposées autour d'une cour intérieure et de deux ailes en retour sur le jardin. Façade antérieure nord et premier niveau des élévations sur le jardin en pierre de taille. Un sous-sol voûté et deux étages carrés, sauf pour la partie centrale de l'aile sur rue, qui n'a qu'un étage et ne comporte qu'un seule pièce servant de passage vers la cour, puis vers le grand hall. L'aile droite est triple en largeur et simple en profondeur et abrite l'escalier monumental en pierre de taille et rambarde de fer forgé ; dans l'aile gauche, double en profondeur se situe au centre l'escalier secondaire, en vis. L'aile du fond après la cour est un vaste vestibule qui conduit de la cour au jardin ; sa structure en voûtes d'arêtes supportée par des piliers est aujourd'hui dissimulée par un faux plafond ; il distribue les deux ailes sur jardin. Ses étages sont construits en retrait au-dessus d'une terrasse sur le jardin et sont chacun constitués d'une chambre à alcôve. Les ailes sur le jardin abritaient un salon et une galerie et servent aujourd'hui de cabinet au sous-préfet et de bureaux. Au rez-de-chaussée se trouvaient également la salle à manger, à droite du grand vestibule, l'aile gauche étant réservée aux espaces de service, dont la cuisine. A l'étage se trouvaient chambres et grand salon, la salle à manger sur la rue à gauche et deux offices derrière. L'enfilade des pièces a été conservée à l'étage. La façade antérieure est en pierre de taille. De part et d'autre de la travée d'entrée, les deux ailes ont trois niveaux couronnés par une corniche et deux travées encadrées par un chaînage harpé, relayé par des pilastres doriques à l'étage. Les fenêtres ont des chambranles moulurés à crossettes : en arc segmentaire, elles sont couronnées par une corniche en appui sur deux petites consoles au premier niveau et ont des allèges à balustres au second niveau ; rectangulaires, elles sont couronnées de frontons cintrés au troisième niveau. Sur la travée médiane s'ouvre un portail en arc segmentaire et à chambranle mouluré ; travée de pilastres, balcon de pierre sur deux fortes consoles. Au-dessus, porte-fenêtre dans une travée ionique dont les demi-colonnes surpportent entablement et fronton cintré. Elévations sur cour : ensemble de façades enduites à trois niveaux de baies en arc segmentaire. Sur le jardin, ensemble homogène de façades appareillées au premier avec bossage continu en table, enduites au-dessus ; baies en arc segmentaire et chambranle mouluré à crossettes ; porte en anse-de-panier entourée d'une mouluration torique.

  • Murs
    • enduit
    • pierre de taille
    • maçonnerie
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan régulier en H
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte à cantons
    • voûte d'arêtes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à longs pans
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
    • escalier en vis en maçonnerie
  • Techniques
    • décor stuqué
    • peinture
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Protections
    inscrit MH, 1987/06/18
  • Précisions sur la protection

    Façades et toitures sur rue et sur cour, escalier avec sa rampe en fer forgé ; chambre à alcôve, salon de musique et petit salon du premier étage sur jardin avec leur décor : inscription par arrêté du 18 juin 1987.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • [Devis estimatif des travaux à faire à la Sous-Préfecture de Carpentras]. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : série 19, session de 1856.

Bibliographie

  • LIABASTRES, Joseph. Histoire de Carpentras, ancienne capitale du Comté Venaissin. Carpentras : Impr. de L. Barrier, 1891. 284 p.

Date d'enquête 1988 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

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