• inventaire topographique, Inventaire du parc naturel régional des Baronnies provençales
bornes seigneuriales de la commune de Rosans
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    borne
  • Aires d'études
    Parc naturel régional des Baronnies Provençales
  • Adresse
    • Commune : Rosans

Des bornes comme marqueurs topographiques d'une limite territoriale

Cet ensemble est composé de trois bornes, monolithes de grès fichés en terre, dont deux portent des armoiries identiques (voir dossiers IA05001630 et IA05001657), la troisième étant anépigraphe (voir dossier IA05001656).

Borne du Serre de la Gardette. Vue d'ensemble prise de l'ouest.Borne du Serre de la Gardette. Vue d'ensemble prise de l'ouest. Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise de l'ouest.Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise de l'ouest. Borne du Pas du Terme. Vue d'ensemble prise de l'ouest.Borne du Pas du Terme. Vue d'ensemble prise de l'ouest.

Matérialisant la limite entre les territoires des actuelles communes de Rosans (Hautes-Alpes) et de Verclause (Drôme) – et donc aujourd'hui entre les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Auvergne-Rhône-Alpes – elles étaient complétées par d'autres bornes. Aujourd'hui disparues ou non retrouvées, ces bornes sont indiquées sur les documents cadastraux des années 1830. Sur la borne du Serre de la Gardette, la face armoriée est dirigée vers l'extérieur du territoire rosannais, de manière à être vue par ceux qui y pénètrent. Outre ces bornes, d'autres éléments complètent ou complétaient cette limite territoriale : « gros rocher », pierriers et cairn, piquets, poteau indicateur récent.

Localisation sur la carte IGN de la limite communale, de ses principaux repères et des bornes étudiées. Echelle d'origine 1/25 000e.Localisation sur la carte IGN de la limite communale, de ses principaux repères et des bornes étudiées. Echelle d'origine 1/25 000e.

C'est parce que la limite entre les deux territoires ne suit pas de ligne topographique évidente (crête ou cours d'eau) que cette matérialisation a été rendue nécessaire. Les trois bornes principales décrites ici sont placées à des points clefs du tracé limitrophe, permettant d'orienter son axe lors d'une reconnaissance sur le terrain.

On note par ailleurs que cette limite communale partage le petit plateau de Saint-Jaume, site probable d'un ancien oppidum sur lequel était érigée une chapelle. Attestée dans le cadastre de 1699 comme une « vieille masure où était la chapelle Saint Jaume, patron du lieu », elle est encore dessinée comme chapelle ruinée sur la carte de Cassini à la fin du 18e siècle.. Ce découpage pourrait illustrer un phénomène de morcellement d'un vaste territoire dont le point central était le site de Saint-Jaume (Antiquité tardive – premier Moyen Age ?) et être le résultat d'un remodelage territorial qui aboutit à l’émergence, au cours du 13e siècle, de la seigneurie de Verclause à partir notamment du partage d’anciens fiefs : celui de Saint-Jaume, dont on ignore le nom, entre Rosans et Verclause et celui de Miraval, entre Verclause et Lemps. La transformation d'un site perché, ancien pôle local, en point de limite est un phénomène classiquement associé au morcellement médiéval du territoire, bien attesté dans d'autres communes des Baronnies et de haute Provence en général. En outre, le toponyme « La Gardette » ou « Serre de la Gardette » situé un peu en amont du plateau de Saint-Jaume laisse penser qu’il pouvait y avoir là un axe de circulation nord-sud, défendu et contrôlé par une petite fortification disparue.

Deux bornes armoriées

Les bornes du Serre de la Gardette et de Roche Pourrie sont ornées d'un écusson armorié sculpté en bas-relief sur la première, traité en réserve sur la seconde. Le motif, qui peut être interprété comme quatre roses posées deux et deux et séparées verticalement, pourrait correspondre à un dédoublement des armes de la famille d'Alauson. Elles sont décrites comme « coupé d'argent et de gueule, à deux roses de l'un en l'autre » dans l'Armorial de Dauphiné (G. de Rivoire la Bâtie, 1867 (2006)). La famille d'Alauson était co-seigneur de Rosans entre le début du 15e siècle et les années 1570. Il est probable que ces bornes aient été dressées au cours du 16e siècle.

Borne du Serre de la Gardette. Face ouest, écusson armorié.Borne du Serre de la Gardette. Face ouest, écusson armorié. Borne de Roche Pourrie. Face ouest, écusson armorié.Borne de Roche Pourrie. Face ouest, écusson armorié.

Toponymies et propriétés seigneuriales au 17e siècle

En 1699, le seigneur François d'Ize – dont le père Jean Antoine avait réuni les deux anciennes co-seigneuries de Rosans en 1600 et 1609 – est entre autre propriétaire de divers terrains jouxtant cette limite territoriale. Il détient notamment tout le coteau sud du plateau de St-Jaume, mais aussi des terres à « Clausière », bordées au sud par le « chemin allant à Combe Cristau », et d'autres à « Fayolle » bordées à l'est par la « draye de Combe Cristau allant aux Peyroux », à l'ouest par la « terre de Clermont » et au sud par la « terre de Verclause ».

Bornes et repères sur les cadastres des années 1830

Dans l'atlas cadastral de Rosans (1839) conservé par les Archives Départementales des Hautes-Alpes, c'est seulement sur le tableau d'assemblage communal que plusieurs point de repères servant à la limite communale sont localisés (par un simple point). Ils sont en revanche absents des plans détaillés sectionaux.

Dans l'atlas cadastral de Rosans (1839) conservé dans les Archives Communales de la mairie, ces points sont uniquement indiqués sur les tableaux d'assemblage sectionaux. Le secteur entre Saint-Jaume et le Pas du Terme est le plus riche, avec deux repères nommés : « Saint-Jaume » et « Eygarine ». Deux autres sont simplement mentionnés comme « borne », dont celle du Serre de la Gardette.

Dans l'atlas cadastral de Verclause (1831) conservé par les Archives Départementales de la Drôme, les repères (« borne », « gros rocher ») sont indiqués sur les tableaux d'assemblage communaux et sectionaux. Ils sont également repris sur les plans détaillés des sections.

Néanmoins, sur tous ces documents, c'est seulement dans la partie sud de la limite communale que des indications précises sont données. Ainsi, la borne armoriée de Roche Pourrie n'est figurée nulle part.

Localisation des bornes étudiées sur le tableau d'assemblage du cadastre de Rosans (1839). Echelle d'origine 1/20 000e.Localisation des bornes étudiées sur le tableau d'assemblage du cadastre de Rosans (1839). Echelle d'origine 1/20 000e. Extrait du tableau d'assemblage de la section G du cadastre de Rosans (1839). Echelle d'origine 1/4 000e.Extrait du tableau d'assemblage de la section G du cadastre de Rosans (1839). Echelle d'origine 1/4 000e. Extrait du plan de la section B2 du cadastre de Verclause (1831). Echelle d'origine 1/2 500e.Extrait du plan de la section B2 du cadastre de Verclause (1831). Echelle d'origine 1/2 500e.

Lors de la mission de terrain d'inventaire, les repères mentionnés sur ces plans cadastraux n'ont pas été prospectés de façon exhaustive et ceux qui ont été recherchés n'ont que rarement été trouvés. Cela tient d'une part au couvert végétal dense et broussailleux qui prédomine dans ce secteur, d'autre part au possible basculement ou effondrement des bornes les rendant invisibles aujourd'hui, ou au encore caractère discret de certains petit pierriers qui pouvaient faire office de repères.

Description du tracé de la limite communale

A son extrémité sud, la limite communale débute immédiatement en rive droite du torrent de Baudon. De là, elle part en direction du nord et du plateau de Saint-Jaume à travers les marnes de son versant sud. A la bordure supérieure de ce plateau, dominant le versant, un long pierrier orienté nord-sud pourrait correspondre à l'axe de son tracé. Il semble que la limite communale qui, sur les cartes, partage le plateau en deux parties inégales (deux tiers orientaux sur Rosans, un tiers occidental sur Verclause) passe par le sommet d'un grand pierrier édifié à peu près au centre du promontoire. Ce pierrier a peut-être été formé à partir des ruines de l'ancienne chapelle Saint-Jaume mentionnée au 17e siècle et au 18e siècle.

La limite communale, vue prise du sud. Localisation du tracé et des bornes étudiées.La limite communale, vue prise du sud. Localisation du tracé et des bornes étudiées.

Longeant ensuite la ligne de crête en direction du nord, la limite était matérialisée à quelques points de changement de direction par des bornes (un petit monolithe de grès à été observé, mais sans certitude quant à sa fonction) ou des petits pierriers localisés sur les documents cadastraux des années 1830. La borne armoriée du Serre de la Gardette (voir dossier IA05001630) marque son passage à l'extrémité nord de la crête, juste avant de descendre vers le col marneux du Pas du Terme. Accolé à son pied sud, un muret en pierre sèche partiellement effondré donne l'axe de la limite territoriale dans cette direction.

Borne du Serre de la Gardette. Vue d'ensemble prise de sud-ouest.Borne du Serre de la Gardette. Vue d'ensemble prise de sud-ouest. Borne du Serre de la Gardette. Vue de situation prise du nord-est.Borne du Serre de la Gardette. Vue de situation prise du nord-est. Le col du Pas du Terme, vue prise du nord-ouest. Localisation de la limite communale et de ses repères.Le col du Pas du Terme, vue prise du nord-ouest. Localisation de la limite communale et de ses repères.

À une centaine de mètres au nord de la borne du Serre de la Gardette, un petit cairn dressé dans les marnes du col du Pas du Terme fait office de relais pour la ligne de séparation des deux communes. A partir de ce cairn, la limite s'oriente vers le nord-ouest en passant par un panneau récent indiquant l'entrée dans la commune de Verclause. Elle se dirige ensuite à travers le versant jusqu'à la borne du Pas du Terme (voir dossier IA05001656).

Le col du Pas du Terme, vue prise du sud. Localisation de la limite communale et de ses repères.Le col du Pas du Terme, vue prise du sud. Localisation de la limite communale et de ses repères. Col du Pas du Terme. Cairn et mamelon marneux, marqueurs de la limite communale.Col du Pas du Terme. Cairn et mamelon marneux, marqueurs de la limite communale. Borne du Pas du Terme. Vue de situation prise du sud.Borne du Pas du Terme. Vue de situation prise du sud.

Depuis la borne du Pas du Terme, le tracé de la limite communale plonge en diagonale dans le versant ouest du vallon de Combe Cristol, probablement en direction d'un autre relais qui n'a pas été recherché. D'après le plan cadastral de Verclause (section B2), la jonction entre la limite et le torrent de Combe Cristol correspond à un « gros rocher », qui n'a pas été identifié sur le terrain. C'est ensuite ce cours d'eau qui sépare les deux territoires, jusqu'à sa source. Là, le tracé monte droit dans le versant et abouti à la borne armoriée de Roche Pourrie (voir dossier IA05001657).

Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du sud.Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du sud. Borne de Roche Pourrie. Vue de situation prise de l'ouest.Borne de Roche Pourrie. Vue de situation prise de l'ouest. Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du dessus.Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du dessus.

Remontant ensuite la ligne de la crête vers l'ouest jusqu'à l'extrémité occidentale de l'échine dominant le Col de Staton, la limite communale oblique ensuite à 90° vers le nord et plonge en direction de vallon de Michelonne (appelé « béal de l'Adrech » sur le plan cadastral de Rosans de 1839). Aujourd'hui, ce changement de direction important n'est marqué d'aucun repère. Mais plusieurs fragments de grès épars ont été observés en contrebas sur le versant, côté nord. Leur présence dans un contexte géologique ici exclusivement calcaire pourrait être l'indice de l’existence passée d'une autre borne, disparue.

Atteignant le fond du vallon de Michelonne, la limite remonte droit dans la pente jusqu'au Pas de Pousterle (appelé « Pas de Poustelle » dans le cadastre de Verclause de 1831), sur la crête de la Montagne des Gravières (1341 mètres). Bien visible sur le versant, où il forme une ligne sans végétation, le tracé abouti là-haut sur un piquet en bois.

La limite communale traversant le versant sous le Pas de Pousterle.La limite communale traversant le versant sous le Pas de Pousterle.

L'écusson armorié figuré sur deux bornes pourrait correspondre à un dédoublement des armes de la famille d'Alauson, co-seigneurs de Rosans entre le début du 15e siècle et les années 1570. Une datation du 16e siècle semble envisageable.

Les bornes seigneuriales sont peu fréquentes dans les Baronnies. On peut citer celle de la Roche-Saint-Secret (haute vallée du Lez) ou les trois qui étaient implantées sur le Serre des Bornes à Nyons (J. Roussel-Ode et J.-C. Mège-Bastet, 2016).

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle

Les trois bornes seigneuriales sont des monolithes dressés, en pierre de taille de grès. Deux portent des armoiries identiques, sculptées en réserve, à quatre roses posées deux et deux. La troisième est anépigraphe.

Marquant la limite entre les territoires de Rosans (Hautes-Alpes) et de Verclause (Drôme), ces bornes étaient complétées par d'autres éléments naturels ou anthropiques : rochers, pierriers et cairn, piquets, poteaux.

  • Toits
  • Murs
    • grès pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • repérées 3
    • étudiées 3

Documents d'archives

  • HOZIER, Charles-René d'. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. XXIX Provence, I. 1697-1709. Bibliothèque nationale de France, Paris : Français 32256. Disponible en ligne : < ark:/12148/bpt6k111476m>

  • Cadastre general des batimens fondz et proprietes de tous les habitans et possedans biens au lieu et terrain de presant lieu de Rosans. / 1698-1755 [registre relié, Antoine Perrin, châtelain de Sahune ; Jean-André Bonnet, de Bellegarde, experts jurés en 1698-1699 ; procédure de révision en 1702 experts jurés : Antoine Bérenger et Guillen Armand ; révision de la valeur cadastrale des biens en avril-mai 1755 (apparaît en marge, anonyme), 243 f° (supplément de 1702, 10 f°)]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 E 6470.

    F° 226, 1699. F° 232v°, 1699.
  • Etat des sections cadastrales de la commune de Rosans. / Par Truchy, géomètre, 1840 [registre papier]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1240.

    Sections A, B et G, 1840.

Bibliographie

  • RIVOIRE DE LA BATIE, Gustave. Armorial de Dauphiné. 1867 (2006). Lyon, Auguste Brun, 1867. Marseille, réimpression de l'édition de 1867 par Laffitte Reprints, 2006.

    p 5.
  • ROUSSEL-ODE, Janick, MEGE-BASTET, Jean-Claude. Des bornes médiévales dans la haute vallée du Lez. In: Terre d'Eygues n° 57. Histoire et Patrimoine du Nyonsais et des Baronnies. Nyons (Drôme) : 1er semestre 2016.

    p 28-33.

Documents figurés

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Plan cadastral de la commune de Verclause. / 1831. Archives départementales de la Drôme, Valence : 3 P 3622.

    Section B et C, 1831.
  • Plan cadastral de la commune de Rosans. / Dessin, encre et lavis par Truchy, géomètre, 1839. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1239.

    Sections A, B et G, 1839.
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général