• inventaire topographique, Inventaire du parc naturel régional des Baronnies provençales
borne seigneuriale de Roche Pourrie
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional des Baronnies Provençales - Serres
  • Commune Rosans
  • Lieu-dit Roche Pourrie
  • Cadastre 1839 A non cadastré  ; 1984 A non cadastré  ; 2021 000A non cadastré
  • Dénominations
    borne
  • Précision dénomination
    borne seigneuriale
  • Appellations
    borne de Roche Pourrie

Contexte topographique et historique

Cette borne fait partie d'un ensemble d’artefacts qui matérialisaient la limite entre les territoires des actuelles communes de Rosans (Hautes-Alpes) et de Verclause (Drôme) – et donc aujourd'hui entre les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Auvergne-Rhône-Alpes. Cette matérialisation a été rendue nécessaire là où la limite entre les deux territoires ne suit pas de ligne topographique évidente (crête ou cours d'eau).

Cette limite communale partage le petit plateau de Saint-Jaume, site probable d'un ancien oppidum sur lequel était érigée une chapelle. Attestée dans le cadastre de 1699 (f° 226) comme une « vieille masure où était la chapelle Saint Jaume, patron du lieu », elle est encore dessinée comme chapelle ruinée sur la carte de Cassini à la fin du 18e siècle. Ce découpage pourrait illustrer un phénomène de morcellement d'un vaste territoire dont le point central était le site de Saint-Jaume (Antiquité tardive – premier Moyen Age ?) et être le résultat d'un remodelage territorial qui aboutit à l’émergence, au cours du 13e siècle, de la seigneurie de Verclause à partir notamment du partage d’anciens fiefs : celui de Saint-Jaume, dont on ignore le nom, entre Rosans et Verclause et celui de Miraval, entre Verclause et Lemps. La transformation d'un site perché, ancien pôle local, en borne de limite est un phénomène classiquement associé au morcellement médiéval du territoire, bien attesté dans d'autres communes des Baronnies et de haute Provence en général. En outre, le toponyme « La Gardette » ou « Serre de la Gardette » situé un peu en amont du plateau de Saint-Jaume laisse penser qu’il pouvait y avoir là un axe de circulation nord-sud, défendu et contrôlé par une petite fortification disparue.

Seules trois bornes ont été repérées, les autres, disparues ou non retrouvées, étant indiquées sur les documents cadastraux des années 1830. Outre ces bornes, d'autres éléments complètent ou complétaient cette limite territoriale : « gros rocher », pierriers et cairn, piquets, poteau indicateur récent.

La limite communale, vue prise du sud. Localisation du tracé et des bornes étudiées.La limite communale, vue prise du sud. Localisation du tracé et des bornes étudiées. Localisation sur la carte IGN de la limite communale, de ses principaux repères et des bornes étudiées. Echelle d'origine 1/25 000e.Localisation sur la carte IGN de la limite communale, de ses principaux repères et des bornes étudiées. Echelle d'origine 1/25 000e.

Epoque moderne

L'érection de la borne de Roche Pourrie au 16e siècle semble envisageable.

Elle porte des armoiries identiques à celles de la borne du Serre de la Gardette (voir dossier IA05001630), dirigées vers l'extérieur du territoire rosannais de manière à être vues par ceux qui y arrivent. Le motif, qui peut être interprété comme quatre roses posées deux et deux et séparées verticalement, pourrait correspondre à un dédoublement des armes de la famille d'Alauson, décrites comme « coupé d'argent et de gueule, à deux roses de l'un en l'autre » dans l'Armorial de Dauphiné (G. de Rivoire la Bâtie, 1867 (2006)). La famille d'Alauson était co-seigneur de Rosans entre le début du 15e siècle et les années 1570.

Borne de Roche Pourrie. Face ouest, écusson armorié.Borne de Roche Pourrie. Face ouest, écusson armorié.

Cadastre de Rosans (1839) et de Verclause (1831)

Les documents cadastraux anciens ne fournissent aucune indication au sujet de cette borne.

Description

Cette borne, située sur la crête de Roche Pourrie à une altitude d'environ 1060 mètres, n'est pas figurée sur la carte IGN au 1/25 000e. Placée à un point de changement d'orientation de la limite communale, elle domine au sud le vallon de Combe Cristol et au nord celui de Raton ; à proximité immédiate se trouve un panneau d'itinéraire de randonnée indiquant le toponyme « la Médecine ».

Il s'agit d'un monolithe de grès, fiché verticalement dans un substrat calcaire. Les faces larges regardent vers l'ouest et l'est, les faces étroites étant orientées au nord et au sud. La face occidental est sculptée en réserve d'un écusson portant quatre roses séparées deux et deux verticalement. Les autres faces restent brutes mais, sur la face orientale, les lettres « H-A » (pour Hautes-Alpes) sont peintes en rouge.

Borne de Roche Pourrie. Vue de situation prise de l'ouest.Borne de Roche Pourrie. Vue de situation prise de l'ouest. Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise de l'ouest.Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise de l'ouest. Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise de l'est.Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise de l'est. Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du dessus.Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du dessus. Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du sud.Borne de Roche Pourrie. Vue d'ensemble prise du sud.

Remontant la ligne de la crête vers l'ouest jusqu'à l'extrémité occidentale de l'échine dominant le Col de Staton, la limite communale oblique ensuite à 90° vers le nord et plonge en direction de vallon de Michelonne (appelé « béal de l'Adrech » sur le plan cadastral de Rosans de 1839). Aujourd'hui, aucun repère n'est visible au niveau de ce changement de direction, mais on observe plusieurs fragments de grès épars en contrebas sur le versant. La présence de ces blocs dans un contexte géologique calcaire laisse supposer qu'une autre borne a pu exister.

Atteignant le fond du vallon, la limite remonte droit dans la pente – bien visible sur le versant, en formant une ligne sans végétation – jusqu'au Pas de Pousterle (appelé « Pas de Poustelle » dans le cadastre de Verclause de 1831) situé sur la crête de la Montagne des Gravières, à une altitude de 1341 m. Là, elle est matérialisée par un piquet en bois.

La limite communale traversant le versant sous le Pas de Pousterle.La limite communale traversant le versant sous le Pas de Pousterle.

L'écusson armorié figuré sur cette borne pourrait correspondre à un dédoublement des armes de la famille d'Alauson, co-seigneurs de Rosans entre le début du 15e siècle et les années 1570. Une datation du 16e siècle semble envisageable.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle

Cette borne consiste en un monolithe en pierre de taille de grès, fiché en terre. Elle est ornée d'armoiries sculptées en réserve : quatre roses posées deux et deux.

  • Murs
    • grès pierre de taille
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • rose
  • Précision représentations

    Blason armorié : quatre roses posées deux et deux.

  • Mesures
    • l : 29 cm
    • la : 14 cm
    • h : 70 cm
  • Précision dimensions

    Les dimensions données sont prises à la base de la borne, elles sont un peu moins importantes au sommet.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune (incertitude)

Les bornes seigneuriales sont peu fréquentes dans les Baronnies. On peut citer celle de la Roche-Saint-Secret (haute vallée du Lez) ou les trois qui étaient implantées sur le Serre des Bornes à Nyons (J. Roussel-Ode et J.-C. Mège-Bastet, 2016).

Documents d'archives

  • HOZIER, Charles-René d'. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696. XXIX Provence, I. 1697-1709. Bibliothèque nationale de France, Paris : Français 32256. Disponible en ligne : < ark:/12148/bpt6k111476m>

  • Cadastre general des batimens fondz et proprietes de tous les habitans et possedans biens au lieu et terrain de presant lieu de Rosans. / 1698-1755 [registre relié, Antoine Perrin, châtelain de Sahune ; Jean-André Bonnet, de Bellegarde, experts jurés en 1698-1699 ; procédure de révision en 1702 experts jurés : Antoine Bérenger et Guillen Armand ; révision de la valeur cadastrale des biens en avril-mai 1755 (apparaît en marge, anonyme), 243 f° (supplément de 1702, 10 f°)]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 E 6470.

    F° 226, 1699. F° 232v°, 1699.
  • Etat des sections cadastrales de la commune de Rosans. / Par Truchy, géomètre, 1840 [registre papier]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1240.

    Sections A, B et G, 1840.

Bibliographie

  • RIVOIRE DE LA BATIE, Gustave. Armorial de Dauphiné. 1867 (2006). Lyon, Auguste Brun, 1867. Marseille, réimpression de l'édition de 1867 par Laffitte Reprints, 2006.

    p 5
  • ROUSSEL-ODE, Janick, MEGE-BASTET, Jean-Claude. Des bornes médiévales dans la haute vallée du Lez. In: Terre d'Eygues n° 57. Histoire et Patrimoine du Nyonsais et des Baronnies. Nyons (Drôme) : 1er semestre 2016.

    p 28-33

Documents figurés

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Plan cadastral de la commune de Verclause. / 1831. Archives départementales de la Drôme, Valence : 3 P 3622.

    Section B et C, 1831.
  • Plan cadastral de la commune de Rosans. / Dessin, encre et lavis par Truchy, géomètre, 1839. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1239.

    Sections A, B et G, 1839.
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général