Commentaire historique
D'après les cadastres de 1570 et 1699, cet emplacement est situé en limite des quartiers des « Estables » et du « Portallet », cette dernière appellation étant liée à la présence du proche passage couvert aménagé dans l'enceinte médiévale qui longe l'actuelle Grande Rue (voir dossier IA05001550).
Sur le plan cadastral de 1839, cette parcelle (1839 F1 120), qui n'est pas bâtie, est désignée comme un « jardin » de 88 m² appartenant à Jacques Barre, ex-buraliste. Après avoir changé de propriétaire en 1843 (Jean-Louis Seguin) et en 1858 (Joseph Aumage), ce jardin devient en 1866 la propriété de Jean Hugues, fils de Elizabeth Combel. Celui-ci possède déjà une maison (parcelle 1839 F1 122, voir dossier IA05001536) et un autre tout petit jardin (1839 F1 123) presque mitoyens au nord.
Localisation de l'emplacement du bâtiment actuel, d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
Propriétés de Jean Hugues en 1866, d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
En 1880, la maison de Jean Hugues et son petit jardin passent au cafetier Augustin Achard. Mais c'est seulement en 1886 que ce dernier acquiert la parcelle qui nous intéresse ici. En 1888, il y déclare un « chantier », enregistré dans la matrice cadastrale. En 1901, le bâtiment est terminé et il est désormais imposé comme un « atelier et magasin » comptant 2 ouvertures.
A l'intérieur du bâtiment, une solive porte deux inscriptions écrites à la mine graphite : « Maurice Achard né à Rosans le 31 décembre 1881 » et « Rosans le 12 janvier 1896 Maurice Achard ». Cette dernière date pourrait indiquer une des extensions de l'atelier et magasin.
Solive avec inscription : "Maurice Achard né a Rosans le 31 décembre 1881".
Solive avec inscription : "Rosans le 12 janvier 1896 Maurice Achard".
L'observation du pignon sud de cette maison montre qu'elle est composée de trois parties accolées successivement de l'ouest vers l'est. La partie ouest est la plus ancienne, elle disposait d'un toit à un pan orienté vers l'est. La première extension c'est accompagnée d'une légère surélévation, avec un toit à un pan orienté vers l'ouest. Enfin, la dernière phase de construction a donné au bâtiment sa physionomie actuelle, avec son toit à longs pans.
Pignon sud, avec surcharge de couleurs montrant l'état antérieur du bâtiment.
Coupe schématique est-ouest et états successifs : rouge 1er état, jaune 2e état, gris état actuel.
Description architecturale
Cette maison est située à l'est du bourg extra muros, en contrebas du tronçon oriental de la fortification d'agglomération. De plan légèrement trapézoïdal, elle est adossée parallèlement au sens de la pente, entre la Grande Rue et la rue des Jardins. Exempte de toute mitoyenneté, elle comporte deux étages de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé.
Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.
Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Vue d'ensemble prise du nord-est.
Fonctions et aménagements intérieurs
Le premier étage de soubassement ne concerne que la moitié orientale de l'emprise au sol du bâtiment – le reste étant constitué du substrat naturel resté en place. Accessible de plain-pied depuis la rue des Jardins par une porte piétonne, il est occupé par une étable pouvant aussi servir de remise à outils. Le sol est en terre battue, les murs restent bruts de maçonnerie et le couvrement est réalisé par un plancher sur solives.
Le second étage de soubassement, anciennement à usage de resserre et d'atelier, est accessible depuis le rez-de-chaussée surélevé grâce à un escalier intérieur. Originellement, il était éclairé côté est par une baie unique, aujourd'hui complétée par deux autres ouvertures.
Le rez-de-chaussée surélevé dispose de deux portes côté ouest, donnant sur la Grande Rue. L'une est une porte piétonne permettant d'accéder au logis, l'autre est une baie boutiquière.
Matériaux et mise en œuvre
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons de grès, complétés par quelques rares blocs calcaires. Les élévations restent brutes de maçonnerie, sauf la façade ouest qui reçoit un enduit à la tyrolienne, avec soubassement lissé et bandeau de sous-toiture peint en blanc. Les chaînes d'angles sont réalisées en moellons équarris.
Les encadrements des ouvertures sont façonnés au mortier, avec un linteau droit en bois sauf pour la porte du premier niveau de la façade orientale, dont le couvrement en arc segmentaire est réalisé en moellons clavés. Sur cette même façade est, les deux portes-fenêtres du balcon sont équipées de contrevents en bois à persiennes hautes. Ce balcon est construit sur une poutrelle métallique en U, avec un sol en béton armé. Il est équipé d'un balustrade en ferronnerie à barreaux droits.
Au faîte du pignon nord, on remarque un petit élément lapidaire circulaire (pierre de taille de grès) en remploi. Il pourrait s'agir d'une petite meule à aiguiser remployée.
Pignon sud.
Elévation est, premier niveau. Porte en arc segmentaire clavé.
Pignon nord, élément lapidaire remployé.
Le toit à longs pans est couvert en plaques ondulées de fibro-ciment supportant des tuiles creuses. Côté ouest, l'avant-toit est constitué de deux rangs de génoise peints en blanc ; côté est, il s'agit d'un seul rang, non peint.
Elévation ouest, avant-toit constitué de deux rangs de génoise.
Ethnomusicologue et violoniste, habitant à Rosans (Hautes-Alpes) dans les années 2000-2020.