Commentaire historique
Un premier bâtiment a sans doute été bâti à cet emplacement dès le 16e siècle ou le début du 17e siècle. Dans le cadastre de 1570, ce quartier est appelé « Tutelle » mais cette appellation n'apparaît plus dans le cadastre de 1699. Dans ce document, ce secteur situé au pied sud de l'enceinte fortifiée du bourg est nommé « derrière le Barry ».
La disposition du plan, avec la présence des deux pièces nord-est voûtées d'arêtes en étage soubassement, ainsi qu'un collage de maçonnerie visible dans le mur de refend au niveau de l'étage de comble indiquent qu'il s'agissait à l'origine d'une construction d'une emprise plus modeste qu'aujourd'hui, occupant la partie nord-ouest du bâtiment principal. Le bâtiment initial a ensuite été agrandi, peut-être à la fin du 18e siècle ou au début du 19e siècle.
Sur le cadastre de 1839 l'emprise au sol du bâtiment principal est identique à l'actuelle. Avec la cour orientale, il appartient à la parcelle 1839 F1 61, désignée comme « écurie et vacant », pour une surface au sol de 190 m². A l'angle nord-ouest, la forme de cette parcelle formant une sorte de trottoir longeant l'actuelle rue du Temple s'explique par l'existence d'une petite resserre aménagée sous la rue, qui devait donc déjà exister. Quant à l'emplacement de la dépendance nord-ouest, il fait partie avec l'actuelle cour occidentale d'une parcelle de jardin de 100 m² (parcelle 1839 F1 60). Ce jardin était vraisemblablement clôt d'un haut mur maçonné, qui correspond au pignon occidental de cette dépendance. L'actuelle porte percée dans cette élévation pourrait correspondre à l'ancien portail du jardin.
Ces deux parcelles appartiennent à Jean Seguin, qui possède plusieurs bâtiments tous proches : habitations (parcelles 1839 F1 76 et 329, et partie de la F1 75) et une autre dépendance agricole (1839 F1 349), ainsi qu'un jardin disjoint (1839 F1 36) au quartier de Sous-Vière. Il détient également de nombreux terrains sur la commune, notamment aux quartiers de Travers des Buis, Fouent de la Lauze, le Suquet, Plan de la Croix, la Combe, le Fraysse, Longeagne, Taravelle, Merdaric, les Coings, etc.
Plan de situation d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
Propriétés de Jean Seguin en 1839, d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
En 1858, ces deux parcelles passent à Antoine Cornillac, fils d'Alexandre, qui possédait déjà une maison proche (1839 F1 77). En 1870, celui-ci déclare une « construction neuve » à usage de maison sur la parcelle F1 61, comptant 5 ouvertures et imposée dans la 5e classe fiscale (sur 8). Ces travaux ont donné à la façade occidentale son aspect actuel.
En 1885, la plupart des biens de Antoine Cornillac reviennent à Jacques Reynier. Celui-ci, en 1890, déclare un agrandissement de maison sur la parcelle F1 61, qui compte désormais 7 ouvertures et est imposée dans la 4e classe fiscale. Ces travaux pourrait correspondre au réaménagement de la remise-étable : mangeoire avec abreuvoir intégré, couvrement en voûtains, cuve (en ciment ?), etc. L'installation des chambres orientales de l'étage, installées dans la partie haute du fenil est probablement contemporaine – ou a été réalisée peu de temps après cette période.
En 1892-1893, une partie des biens de Jacques Reynier est récupérée par Jean-Pierre Souvoux, dont cette ferme (et une maison au bourg, voir dossier IA05001549). A cette époque, la parcelle F1 60 est toujours mentionnées comme un jardin de 100 m², alors que la parcelle F1 61 reste indiquée d'une part comme « maison » et d'autre part comme « écurie et vacant » pour une emprise au sol inchangée de 190 m².
La construction de la dépendance disjointe au nord-ouest, assise sur le mur de clôture du jardin, semble postérieure à 1913 (pas de mention à la matrice cadastrale jusqu'à cette date) et remonte sans doute aux années 1920. La diversité de fabricants observée sur les tuiles plates mécaniques de la couverture laisse penser que ce matériau est issu d'un recyclage ou de surplus provenant d'autres bâtiments.
Si certains aménagements intérieurs (carrelage de la cuisine, etc.) datent de la fin du troisième quart du 20e siècle, la plupart des équipements et finitions remontent à la première moitié du 20e siècle. La tradition orale précise que cette maison appartenait au milieu du 20e siècle à Septime Souvoux. Les dernières vendanges traitées dans cette ferme ont eu lieu en 1989, ce que confirment les dates inscrites sur les tonneaux conservés dans le cellier.
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.
Description architecturale
Cette ferme est située dans la partie sud du bourg extra muros. Elle est constituée de trois parties. Un bâtiment principal de plan barlong orienté nord-sud, auquel est accolé une remise ouverte côté est, et une petite dépendance disjointe au nord-ouest. Une cour se développe devant les façades est et ouest du bâtiment principal.
Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Bâtiment du logis. Elévation ouest.
Bâtiment du logis. Vue d'ensemble prise de l'est.
Dépendance disjointe. Elévation ouest.
Dépendance nord-ouest. Elévation sud.
Bâtiment principal : fonctions et aménagements intérieurs
Le bâtiment principal comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble.
Etage de soubassement
Plan schématique du bâtiment : étage de soubassement.
Au nord-ouest, une pièce couverte par une voûte d'arêtes accueille un cellier. Une trappe vinaire est aménagée dans la voûte – indice de l'existence passée d'une cuve vinaire en bois dans cette pièce – et plusieurs tonneaux sont encore présents. Ce cellier, dont les murs portent un enduit rustique, est accessible côté ouest par une porte piétonne aménagée sous la logette de l'escalier extérieur et côté sud par une porte intérieure donnant dans l'étable-remise.
Etage de soubassement, cellier et cuvage. Vue de volume prise du sud.
Etage de soubassement, cellier et cuvage. Tonneaux.
Cette étable-remise, qui occupe tout le reste de l'étage de soubassement, est accessible côté est par une grande porte charretière et côté ouest par une porte piétonne. Elle est couverte par des voûtains en briques creuses sur poutrelles métalliques, sauf la partie centre-ouest qui est couverte par une voûte d'arêtes maçonnée. Une mangeoire est adossée au mur sud, sur une banquette maçonnée et surmontée d'un râtelier en menuiserie ; elle est équipée d'un distributeur d'eau mécanique en fonte. Une cuve vinaire rectangulaire en ciment est installée contre le mur nord, accompagnée de quelques tonneaux posés sur une estrade en bois, et surmontée d'une trappe vinaire aménagée dans un voûtain.
Etage de soubassement, étable. Vue de volume prise de l'ouest.
Etage de soubassement, étable. Mur est, porte.
Etage de soubassement, remise. Vue de volume prise de l'est.
Etage de soubassement, étable. Angle sud-est, mangeoire sur banquette maçonnée et râtelier.
Rez-de-chaussée surélevé
Plan schématique du bâtiment : rez-de-chaussée surélevé.
La partie nord-ouest du rez-de-chaussée surélevé est occupée par une cuisine, accessible depuis l'extérieur par une porte piétonne ouverte côté ouest et éclairée par une fenêtre percée dans le même mur. Cette pièce est couverte par un plancher sur solives peints en blanc, les murs sont enduits avec un décor de plinthes en carreaux de faïence noirs et un liseré décoratif noir en partie supérieure, le sol en carreaux granités inclut l'ouverture de la trappe vinaire du cellier. Une cheminée est adossée au mur sud, avec un manteau et une hotte maçonnés en briques pleines, flanquée d'un petit placard-niche. Des étagères sur tasseaux en plâtre sont aménagées dans l'allège de la fenêtre. L'angle nord-est est occupé par une haute niche où est installée une pile d'évier en faïence, surmontée d'étagère. Sur le mur est, on note la présence de quelques crochets de suspension scellés dans le mur et accompagnés de deux planches munies de crochets. Côté est, une porte donne accès au fenil et côté sud, une autre porte dessert une chambre.
Rez-de-chaussée surélevé, cuisine. Angle sud-ouest : cheminée et petit placard-niche, fenêtre.
Rez-de-chaussée surélevé, cuisine. Mur sud : porte de la chambre, cheminée et petit placard-niche.
Rez-de-chaussée surélevé, cuisine. Angle nord-ouest, niche de la pile d'évier.
Cette chambre est éclairée par une fenêtre ouverte côté ouest. Les murs sont enduits et elle est couverte par un plafond sur solives.
Le reste de ce rez-de-chaussée est occupé par un grand fenil, accessible depuis la cuisine par une porte intérieure et depuis la rue par une grande baie fenière ouverte côté nord. Au pied de cette baie, on note la présence de la trappe vinaire de l'étable-remise, fermée par un platelage en menuiserie. Cette baie est flanquée à l’ouest d'un placard-niche, juste à côté de la porte de la cuisine.
Rez-de-chaussée surélevé, fenil. Trappe vinaire située au niveau de la porte fenière.
Rez-de-chaussée surélevé, fenil. Départ de l'escalier menant à l'étage.
Premier étage
Plan schématique du bâtiment : étage.
L'étage carré, qui ne concerne que les deux tiers nord du bâtiment, est occupé par quatre chambres séparées par des cloisons en maçonnerie légère et pans de bois, chacune éclairée par une fenêtre. On y accède par un escalier droit en menuiserie installé dans le fenil contre le mur de la cuisine, qui débouche sur un palier commun à la chambre nord-est et qui distribue les chambres sud-est et nord-ouest. Depuis cette dernière, on peut accéder à la chambre sud-est.
Les sols sont en plancher, les murs sont enduits et peint (en blanc sauf dans les embrasure où ils sont bleus) avec un décor peint de plinthes noires et les couvrements en planches sur solives sont laissés bruts ou sont peints. Chaque chambre dispose d'un lit et d'une armoire.
Etage, chambre nord-ouest. Angle sud-est, porte du palier et porte de la chambre sud-ouest.
Etage, chambre sud-ouest. Vue de volume prise du nord-est.
Etage, chambre nord-ouest. Vue de volume prise du sud-est.
Etage de comble
L'étage de comble est aménagé sous le rampant du toit. On y accède depuis la chambre nord-ouest grâce à une trappe. Il accueille un séchoir, aéré par un petit jour en fente côté nord et un grand jour rectangulaire côté sud. Le sol est un plancher brut et les murs conservent un enduit rustique. Un petit billot destiné à la découpe du cochon y est conservé, constitué d'une courte section de tronc évidée supportée par quatre pieds en bois de brin.
Etage de comble, séchoir. Vue de volume prise du nord.
Etage de comble, séchoir. Support pour découper le cochon.
Dépendance agricole : fonctions et aménagements intérieurs
Disjointe au nord-ouest, elle comporte un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé.
La partie orientale de l'étage de soubassement est occupée par une étable à cochon, accessible par une porte basse ouverte côtés est, accompagnée d'une ouverture d'auge fermée par un bas-volet. Cette pièce est couverte par des voûtains en brique sur solives. La partie occidentale accueille une petite resserre accessible depuis la ruelle côté ouest par une porte piétonne. Enfin, une petite pièce est aménagée à l'angle nord-est de cette dépendance, enterrée sous la rue du Temple et couverte par une voûte en berceau ; la présence d'une épaisseur de sable témoigne de son ancien usage comme silo à légumes.
Le rez-de-chaussée surélevé est réservé à un séchoir, accessible par une porte côté est, aéré par un jour côté nord et par deux baies côté sud.
Dépendance nord-ouest. Pignon est, premier niveau. Baie de l'auge à cochon.
Dépendance nord-ouest. Rez-de-chaussée surélevé, étable à cochon. Couvrement en voûtains sur solives.
Etage de soubassement, silo sous la rue. Vue de volume prise du sud.
Matériaux et mise en œuvre
Les bâtiments sont construits en maçonnerie de moellons calcaires et de grès, avec des chaînes d'angles en gros moellons et moellons équarris. Les élévations conservent un enduit rustique, orné sur le bâtiment principal d'un bandeau de sous-toiture peint en blanc et rehaussé d'un liseré rouge, prolongé aux angles par un décor géométrique pendant.
La plupart des encadrements sont en pierre de taille de grès, bouchardée à arêtes ciselées sur le bâtiment principal, avec appui monolithe et linteau droit en pierre ou en bois. Au deuxième niveau de la façade ouest, l'encadrement de la porte du logis possède un piédroit commun avec celui de la fenêtre qui l'accoste. Toutefois, l'encadrement des fenêtres du dernier niveau de la façade orientale est en briques pleines avec un couvrement en arc clavé très surbaissé ; elles disposent d'un appui monolithe.
Bâtiment du logis. Elévation ouest, deuxième niveau. Porte du logis avec piédroit commun à la fenêtre.
Bâtiment du logis. Elévation ouest,troisième niveau. Fenêtre équipée de contrevents en planches croisées.
Bâtiment du logis. Elévation est, troisième niveau. Fenêtre avec encadrement en briques.
Dépendance disjointe. Elévation ouest, premier niveau. Porte.
La porte du logis est équipée d'une menuiserie à soubassement en planches croisées et partie supérieure à panneau mouluré en creux, elle est surmontée d'un jour d'imposte vitré en bois. Les fenêtres sont équipées de contrevents en planches croisées. Sur le pignon nord, la baie fenière est munie de deux vantaux ouvrant vers l'intérieur, en planches doublées et cloutées ; on distingue les vestiges d'une publicité peinte pour du matériel agricole et des jeunes plants, notamment des plants américains pour la vigne. Sur la façade est, la porte de la remise-étable dispose également d'une menuiserie à deux vantaux, sur laquelle subsiste une plaque en tôle émaillée attestant de la bonne qualité sanitaire du cheptel (tuberculose) accompagné des pastilles datées d'entre le milieu des années 1950 et le milieu des années 1960.
Bâtiment du logis. Pignon nord, premier niveau. Porte fenière.
Bâtiment du logis. Pignon nord, premier niveau. Porte fenière, publicité peinte au pochoir.
Elévation est, premier niveau. Porte de l'étable, détail.
Un escalier extérieur est adossé parallèlement à la façade ouest, permettant de relier la cour et la rue. Droit, il est maçonné avec des marches en pierre de taille de grès sur une logette voûtée. Un palier monolithe est aménagé devant la porte de la cuisine, prolongé par un voûtain en briques creuses côté dépendance. Ce palier est fermé côté nord par un muret maçonné équipé d'un portillon métallique et il est couvert par un toit en appentis récent.
Muret et portillon de la cour, vue prise du nord.
Elévation ouest, premier niveau. Escalier extérieur menant à la cour.
Dans le bâtiment principal, la charpente est à pannes et le toit à longs pans est couvert en tuiles creuses sur chevrons taillés en quartons. L'avant-toit est constitué de deux rangs de génoise alors que la saillie de rive du pignon n'en comporte qu'un seul. Ces génoises sont peintes en blanc et le passage des angles est traité en éventail. On remarque toutefois que sur la partie sud qui est plus basse d'un niveau que le reste du bâtiment, l'avant-toit est constitué d'un seul rang de génoise côté ouest et que, côté est, il est réalisé par un larmier en lauzes de grès.
Dans la dépendance disjointe, le toit à un pan est couvert en tuiles plates mécaniques, issues de divers fabricants. Un petit appentis sur poteaux est adossé à sa façade sud.
Plan schématique du bâtiment du logis : toit.
Bâtiment du logis. Angle nord-ouest, décor peint et passage en éventail de la génoise de l'avant-toit vers la saillie de rive.
Elévation est, partie sud. Avant-toit constitué d'un larmier en lauze.
Dépendance disjointe. Elévation nord, débord de la couverture en tuile plate mécanique.
Remise ouverte
Adossée à la façade est du bâtiment principal, elle est fermée par un mur de soutènement côté nord. Sa charpente est à pannes et son toit en appentis, qui repose sur l'angle d'une maison proche fermant la cour à l'est, est couvert en tuiles creuses sur chevrons taillés en quartons.
Cours
Dans la cour occidentale, un petit poulailler bâti en parpaings de béton est adossé à l'angle sud-ouest du bâtiment principal. Les poules disposent d'une mangeoire en menuiserie. La cour orientale ne présente pas d'aménagements particuliers.
Cour, vue d'ensemble prise du nord.
Cour, mangeoire pour les poules.