Commentaire historique
Ce bâtiment s'appuie le parement intérieur de l'enceinte fortifiée du bourg, dont la construction remonte à la fin du 14e siècle (voir dossier IA05001550). Toutefois la maçonnerie de cette muraille n'est conservée que sur environ 160 cm de hauteur, à la base du mur ouest ; la surépaisseur est très visible à l'intérieur du bâtiment.
Dans le cadastre de 1570, cet emplacement fait partie d'un micro-quartier appelé « la Frache », toponyme qui fait référence à une brèche pratiquée dans la muraille d'enceinte, monumentalisée un siècle et demi plus tard avec l'encadrement du portail tout proche qui porte la date « 1727 ». Dans le cadastre de 1699, cet emplacement est occupé par un jardin appartenant à François Laty, lequel possède également une maison mitoyenne à l'est. La fortification sur laquelle s'appuie le bâtiment est désignée comme « le barry du lieu » alors que, côté nord, la construction est bordée par un « coin de rue » qui correspond au passage donnant sur la porte de ville.
Une première construction à cet emplacement remonte sans doute au 18e siècle, peut-être contemporaine de la monumentalisation de la porte de ville mitoyenne déjà évoquée. Il semble qu'il s'agit à l'origine de deux petits bâtiments accolés, comme le suggère l'arrachement d'un mur de refend visible dans le mur sud du rez-de-chaussée. Cette rupture de construction est confirmée, dans le bâtiment mitoyen au sud, par la présence d'un collage de maçonnerie sur cet axe.
L'existence de deux bâtiments occupant cet emplacement paraît confirmée par le plan cadastral de 1839. En effet, sur ce document, si la parcelle correspond à l'emprise actuelle, le plan du bâti est un peu différent puisque le dessin montre un décrochement du bâtiment sur son élévation nord, dans l'axe de l'ancien mur de refend déjà mentionné ; décrochement qui n'existe plus aujourd'hui. Cette parcelle est mentionnée comme une « écurie » de 48 m² d'emprise au sol appartenant à Antoine Reynier, cabaretier. Ce propriétaire possède également deux maisons proches dans le bourg (parcelles 1839 F1 262, 50 m² et F1 289, 56 m²) et un jardin (F1 109) situé au pied oriental de l'agglomération. Il détient également de nombreux terrains sur la commune, notamment aux quartiers de la Fayée, Baumelle, Coulet d'Encharles, Favier, les Casses, Chaulonge, le Gravas, Clot d'Aucheron, Merdaric, Champaure, etc.
Plan de masse d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
Propriétés du cabaretier Antoine Reynier en 1839, d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
En 1881, cet entrepôt agricole revient à son fils homonyme Antoine Reynier, voiturier, en même temps qu'une maison (F1 262, 50 m²). En 1866, celui-ci avait fait construire une maison neuve au quartier de Pigerolles (G 10, pas de superficie donnée) et, en 1879, il avait acquit une grande maison dans le bourg (F1 291, 170 m²).
Ce bâtiment agricole a été profondément remanié à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle. Les modifications ont manifestement concerné toutes les élévations, en conservant peut-être une base maçonnée à l'est. Ces travaux ont entraîné la fusion des deux bâtiments originels, avec la disparition d'un mur de refend originel. C'est possiblement aussi à cette époque que la muraille médiévale, côté ouest, a été fortement rabaissée.
Cette importante reprise a entraîné le dépôt de l'encadrement de la porte de ville mitoyenne, puis sa réintégration avec un piédroit en pierre de taille brochée, commun à celui de la porte charretière du bâtiment.
Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.
Chaîne d'angle nord : blocs communs avec le piédroit de la porte de l'étable-remise.
Description architecturale
Cet entrepôt agricole occupé l'extrémité nord d'un petit îlot installé contre le parement intérieur de la courtine nord-ouest de la fortification d'agglomération, mitoyen de la porte nord-ouest qui porte la date « 1727 ». Adossé parallèlement à une légère pente, il comporte un rez-de-chaussée et un étage carré.
Vue d'ensemble prise de l'ouest.
Pignon nord.
Elévation est.
Fonctions et aménagement intérieurs
Le rez-de-chaussée est accessible par une large porte charretière ouverte côté ouest et par une porte piétonne côté nord. Il est occupé par une étable pouvant servir de remise, éclairée par une petite fenêtre côté ouest et par un petit jour carré côté nord. Une banquette maçonnée court au pied du mur ouest, possible vestige d'une mangeoire installée sur ce qu'il reste de la maçonnerie de la muraille médiévale. Une petite niche est aménagée dans le mur est. Cette pièce était anciennement couverte par un plancher sur solives, aujourd'hui remplacé par un hourdi de béton.
L'étage est réservé au fenil-séchoir. Il est desservi côté ouest par une large et haute baie fenière et, côté est, par une porte fenière perchée. L'accès à cette dernière se fait par deux marches volantes dépassant du mur. Cette pièce est aérée par deux jours en fente côté nord.
Plans schématiques du bâtiment. En haut, rez-de-chaussée. Au milieu : étage. En bas : toit.
Rez-de-chaussée, étable-remise. Mur ouest et surépaisseur de l'enceinte médiévale.
Structure et matériaux
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires et de grès, avec une chaîne d'angle nord-ouest en pierre de taille de grès brochée et une chaîne nord-est en petits moellons de qualité bien moindre. Les élévations conservent un enduit à pierres vues.
Sur la façade ouest, les piédroits de l'encadrement de la porte charretière sont en pierre de taille de grès brochée ; côté nord, il constitué le départ de la chaîne d'angle et il est commun à l'encadrement du portail de ville mitoyen. Son couvrement est arc segmentaire clavé. Les encadrements des autres ouvertures sont en moellons équarris avec quelques pierres de taille en remploi. Les linteaux sont droits, en pierre de taille (porte nord, jours) ou en bois. Les appuis des ouvertures fenières sont des remplois en pierre de taille de grès. Sur la façade ouest, la baie fenière est surmontée d'une potence en bois.
Le toit à longs pans est couvert en plaques ondulées de fibro-ciment recevant des tuiles creuses. L'avant-toit et la saillie de rive du pignon nord sont constitués d'un rang de génoise ; leur passage aux angles du bâtiment est traité en éventail.
Pignon nord, premier niveau. Porte.
Pignon nord, premier niveau. Porte, détail de la menuiserie.
Elévation est, second niveau. Baie fenière accessible par deux marches volantes.
Pignon nord, second niveau. Jour du fenil-séchoir.