Dossier d’œuvre architecture IA04002577 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
Ferme dite de la Moutière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Thorame-Basse
  • Lieu-dit la Moutière
  • Adresse route de la Valette
  • Cadastre 1827 A2 585-610  ; 2014 A2 484-485
  • Dénominations
    ferme
  • Appellations
    ferme de la Moutière
  • Parties constituantes non étudiées
    remise agricole, fenil, bergerie, étable, four à pain, bûcher, lavoir, fontaine

Le bâtiment principal, mentionné sur le cadastre ancien de 1827 sous le terme "maison" (parcelle 590), accompagné d'une dépendance (parcelle 606) mentionnée alors comme bâtiment rural, et de foncier environnant, était la propriété de Paul Simian à cette date. L'édifice doit dater du 18e siècle. Dans le jeu des "Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille", levées entre 1764 et 1778 par l'ingénieur Bourcet de la Saigne notamment, celle correspondant à la commune de Thorame-Basse figure déjà le bâtiment principal, sous l'appellation "Bastide de Mouliere", de même qu'un bâtiment de l'autre côté du ravin de Riou Maurel qu'il est toutefois impossible d'identifier formellement avec la dépendance de l'ancienne parcelle 606. La carte de Cassini qui date de la même époque est sans surprise moins précise. Il est plus curieux que la carte de l'état-major dressée autour du milieu du 19e siècle ne le soit pas davantage : elle ne désigne en effet que le corps principal, sans le bâtiment de la parcelle 606. Il est possible que le bâtiment actuel (parcelle 474) résulte de la reconstruction de l'ancienne dépendance 606 du cadastre de 1827 qui aurait été détruite entre la seconde moitié du 19e siècle et le début du 20e siècle. Quoi qu'il en soit, il s'avère impossible de dater les périodes d'édification de l'ensemble avec minutie. L'état de la section A ne permet pas plus de comparer la "maison" de 1827 avec le bâtiment principal actuel, car la superficie enregistrée (500 m2) comprend la cour. On en est donc réduit aux conjectures.

Il s'agit de la tête de pont d'une exploitation compacte, dans laquelle en 1827 le foncier était rassemblé autour des bâtiments à proximité de l'Issole, en plus d'une vaste parcelle de pâturage plus haut, sur les hauteurs de la montagne de Coste Longue. L'agriculteur et éleveur disposait donc au début du 19e siècle d'une propriété organisée en faire-valoir direct sur un espace restreint de territoire, immédiatement accessible, d'une superficie de 42,5 hectares dont environ 16 de terres labourables.

La ferme résulte manifestement d'adjonctions successives, qu'il est difficile de dater précisément. Le four n'était pas désigné en 1827, mais il pouvait être intégré au bâtiment lui-même dans l'estimation des géomètres et donc être passé sous silence. Une seule chose est certaine : la dépendance disjointe qui fait face au corps principal est récente. Elle est postérieure aux années 1950.

Que peut-on avancer sur l'édification du bâtiment ? Il résulte de campagnes de constructions successives qui s'inscrivent pour certaines dans le courant du 19e siècle, voire dès le premier quart de ce siècle pour les deux premiers bâtiments. De fait, le bâtiment porté sur le plan figuré du cadastre de 1827 est de forme très allongée. Cette forme correspond aux deux bâtiments A et B, le premier étant la ferme à maison-bloc en hauteur identifiable aujourd'hui, le second l'adjonction avec logis, dans le prolongement côté nord. La deuxième adjonction (bâtiment C), sur le gouttereau ouest du bâtiment A, est intervenue après, certainement dans la seconde moitié du 19e siècle, pour une configuration en L. Un appentis ouvert sur pilier maçonné et poteaux monoxyle, avec mur maçonné au nord a été ajouté pour transformer ce plan en L en forme rectangulaire, cette fois peut-être au début du 20e siècle. Une troisième adjonction dans l'alignement, vers le nord (bâtiment D) a été construite à une date indéterminée, peut-être dès la fin du 19e siècle. La dépendance disjointe à l'ouest (bâtiment E), mixte (de type hangar sur piliers aux extrémités avec murs formant un espace clos central) est postérieure à 1950, comme il a été indiqué plus haut. Une date portée et tronquée mais tardive sur une contremarche de l'escalier permettant d'accéder au logement du bâtiment B (193?) n'apporte pas d'information probante quant à la périodisation des phases de construction de l'ensemble, mais indique une date d'occupation. La dépendance disjointe de l'autre côté du Riou Maurel a été transformée en résidence secondaire dans la seconde moitié du 20e siècle (peut-être dans le 3e quart du siècle) et a donc perdu toute vocation agricole.

Si l'agriculteur n'habite plus cette ferme, l'exploitation semble encore en usage en 2011, ne serait-ce que par l'utilisation du hangar comme espace de stockage pour le foin. Le bâtiment principal de la ferme est quant à lui proposé à la location par l'actuel propriétaire. C'est sans doute la raison pour laquelle le toit du bâtiment A a fait l'objet d'une restauration de sa couverture, le bac acier remplaçant la tôle dans le dernier quart du 20e siècle ou au tournant du 21e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle , daté par source
    • Principale : 1er quart 19e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle
    • Secondaire : limite 20e siècle 21e siècle
  • Dates

L'édifice, implanté sur terrain plat à proximité de l'Issole, est constitué de plusieurs bâtiments dont le principal (A), auquel furent adjointes des dépendances accolées (B, C et D) ainsi qu'une dépendance disjointe (E). Un entrepôt agricole relativement éloigné (300 mètres environ au nord-ouest) venait compléter l'ensemble bâti. Il est aujourd'hui totalement dénaturé (cette ancienne parcelle 1827 A2 606 a été transformé en résidence secondaire). La mise en oeuvre est traditionnelle : moellons de grès avec du calcaire en complément ainsi que des galets de l'Issole qui coule à une centaine de mètres à l'est, liés au mortier de chaux et de sable. L'enduit de couvrement a presque entièrement disparu, lessivé par le temps. La couverture mixte est en bac acier et en tôle.

Le bâtiment A correspond à une maison-bloc en hauteur de trois étages de type logis entre parties agricoles, avec toit à longs pans et couverture en bac acier. La façade principale se situe à l'est, en gouttereau. Il n'a pas été possible d'entrer dans cette partie de la ferme. L'entrée du logis, protégée par un auvent moderne couvert en tuile creuse, s'effectue de plain-pied par une porte qui conduit à un escalier de distribution intérieur en maçonnerie qui mène à l'étage carré, dévolu au logis. Le rez-de-chaussé est consacré aux fonctions agricoles (une porte d'accès a été murée et remplacée par une fenêtre) et au fournil. L'étage de comble est agricole (fenil). Contre le mur-pignon sud on identifie au rez-de-chaussée l'excroissance en cul-de-four couverte en tuile creuse de la chambre de cuisson du four à pain.

L'adjonction B dans le prolongement vers le nord comprend elle aussi trois niveaux : rez-de-chaussée agricole avec remise, bergerie et étable. Elle reçoit un toit à longs pans couvert en tôle plate qui s'appuie sur une charpente à fermes. Là encore, il n'a pas été possible de pénétrer à l'intérieur, mais au rez-de-chaussée l'une des parties agricoles au moins est voûtée d'arêtes. Un escalier massif droit parallèle à la façade est sur gouttereau, avec terrasse couverte d'un appentis en tôle reposant sur deux piliers d'angle maçonnés permet d'accéder à l'étage carré où se situe le logis. Cependant, la terrasse en appentis ne conduit pas elle-même à ce logis, mais au fenil, par une baie. L'ancienne porte d'accès a été transformée en fenêtre, à gauche de la terrasse, et c'est désormais par l'intérieur et le bâtiment A que l'on pénètre dans le logis du bâtiment B. On notera que le massif de l'escalier avec terrasse couverte abrite au rez-de-chaussée une ancienne porcherie. C'est sur une contremarche de cet escalier qu'on peut voir une date portée lacunaire inscrite à la peinture couleur sang-de-boeuf : 193? Par la façade postérieure, à l'ouest, en passant par l'appentis (B') lui-même couvert en tôle ondulée sur pilier central maçonné et poteaux monoxyle, on pénètre dans le fenil du bâtiment B. Il se déploie sur deux niveaux. Il occupe presque la totalité de la longueur de cette adjonction, à l'exception d'une partie accolée au bâtiment A que l'on identifie par sa cloison montée au mortier de plâtre avec des raidisseurs en bois. Cette "excroissance" du logis dans le fenil n'a qu'un niveau. Au-dessus, le fenil reprend ses droits. L'appentis B', ouvert sur l'ouest, est fermé par un mur maçonné au nord, dans lequel une porte charretière a été percée, ménageant un passage par l'arrière.

L'adjonction C accolée au mur gouttereau ouest du bâtiment A dispose de deux niveaux (puisqu'elle prolonge la pente du versant ouest du toit à longs pans du bâtiment A). Elle contient une remise (accessible sous l'appentis ouest de l'adjonction B') surmontée d'un fenil. Un appentis accolé au mur-pignon sud et couvert en tôle ondulée sert de bûcher.

L'adjonction D, dans le prolongement de l'adjonction B au nord se déploie sur deux niveaux avec un décrochement de toiture (il est légèrement plus bas) : une remise au rez-de-chaussée et au-dessus une pièce à la destination incertaine qui communiquait autrefois avec le bâtiment B mais dont l'accès a été condamné par une cloison de bois avec fenêtre) lorsqu'elle a été aménagée en pièce d'habitation. Cette adjonction reçoit un toit à longs pans couvert en tôle ondulée. Accolée au bâtiment D, sur la façade est, prend place un autre appentis couvert en tôle ondulée qui abrite un lavoir.

A quelques mètres à l'ouest de cet ensemble composite formant toutefois un plan de masse régulier de configuration rectangulaire est implanté, parallèlement, une longue dépendance au toit dissymétrique couvert en tôle ondulée (bâtiment E). Ses deux extrémités reposent sur des piliers en bois manufacturés qui identifient un hangar agricole, mais la partie centrale est fermée par des cloisons et ménagent un espace clos qu'il n'a pas été possible de visiter. La partie hangar tient lieu de fenil où sont entreposées des bottes de foin. Si l'ensemble n'est plus habité par l'agriculteur, cette dépendance continue donc à servir d'espace de stockage.

Les dispositions anciennes - aire de battage et jardin potager - ne sont plus identifiables.

  • Murs
    • grès moellon enduit partiel
    • calcaire moellon enduit partiel
    • galet enduit partiel
  • Toits
    acier en couverture, fer en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : en maçonnerie
  • Typologies
    F3a2a : ferme à maison-bloc composite en hauteur, à bâtiments accolés et/ou disjoints
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Il s'agit d'une propriété agricole spécifique, de type concentré, ce qui permettait au propriétaire de vivre de façon autonome (culture et élevage).

Bibliographie

  • BRUNET, Marceline, DEL ROSSO, Laurent, LAURENT, Alexeï et MOSSERON, Maxence. La ferme et le territoire en haute Provence, dir. Marceline Brunet. Collection Cahiers du Patrimoine, n° 119. Lyon : Lieux Dits, 2019, 408 p.

    p. 200 et 202

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

    Carte de Cassini, feuille n°153, 1782 : Thorame-Basse.
  • Plan cadastral de la commune de Thorame-Basse / Dessin à l'encre sur papier par Beaudun, Corriol et Ricard, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 218 / 001 à 022.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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