I. Contexte de l'enquête

Le repérage

Ce dossier concerne les fermes de la commune de Thorame-Basse.

Le terme de "ferme" correspond aux bâtiments ou ensembles de bâtiments associant des fonctions domestiques et agricoles, ces dernières occupant un espace proportionnellement plus important.

Les conditions de l'enquête

Le repérage des fermes sur la commune de Thorame-Basse a été effectué au cours des mois de septembre et octobre 2012. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1983. Le plan cadastral dit "napoléonien", levé en 1827, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états de section de ce cadastre ont été consulté.

Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux fermes en décrivant :

- l'implantation par rapport à la pente,

- la composition des bâtiments,

- les fonctions visibles des bâtiments,

- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,

- la mitoyenneté,

- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,

- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,

- le nombre d'étages visibles,

- la description des élévations et des baies,

- les décors extérieurs,

- les aménagements intérieurs (voûtes, escaliers, cheminées, cloisons ...)

- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions ...

Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.

Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeurs rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloigné de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde.

II. Caractères morphologiques

17 fermes ont été repérées et 4 d'entre elles ont été sélectionnées. Cinq portent une date.

Liste des fermes avec date portée par lieu-dit et références cadastrales.

date	lieu-dit	références cadastrales
1880	Le Village	2012 F 131
1930	La Moutière	1983 A2 484, 485
1932	La Bâtie	1983 D1 1242
1956	Le Village	2012 F 131

Implantation et composition d'ensemble

On dénombre sur l'ensemble de la commune : 2 fermes dans le village, 5 à Château-Garnier, 6 à la Bâtie, 1 à la Moutière, 3 au Moustiers.

2 fermes sont mitoyennes sur deux côté parallèles, 1, sur 2 côtés perpendiculaires, 7 sur 1 côté, et 7 n'ont pas de mitoyenneté.

La plupart sont construites sur un terrain en pente ce qui explique la présence d'un ou deux étages de soubassements. Trois situées à Château-Garnier présentent deux étages de soubassement et sept, un étage de soubassement. Une seule ferme située à la Bâtie est construite sur un terrain plat. On observe pour les fermes construites sur un terrain pentu, que 15 ont une implantation perpendiculaire à la pente et qu'une seule, parallèle.

La majorité des fermes sont constituées de bâtiments accolés. Les autres ont une composition en L (3 cas) ou sont constituées de bâtiments disjoints (3 cas). 47% possèdent une cour, 26%, une aire à battre à proximité, et 17,5%, un jardin à proximité. Dans tous les cas ce dernier est toujours associé à une cour.

Aucune ferme de type maison-bloc en hauteur ou à terre n'a été repérée.

Matériaux et mise en œuvre

Les fermes sont construites avec un mélange de moellons de calcaire et de grès. Deux situées à la Bâtie présentent également des galets collectés dans le lit du Riou de la Séoune ou de l'Issole. Les murs sont construits avec un mortier de chaux et de sable. La maçonnerie présente une certaine régularité avec des lits de pierre horizontaux. Dans certains cas on observe un mélange aléatoire de moyen et de petit appareil (2012 F1 84). Treize fermes présentent des linteaux horizontaux et trois, en arc segmentaire. Dans la plupart des cas les linteaux horizontaux sont en bois surtout lorsqu'il s'agit de bâtiments ou de parties agricoles (ferme 2012 F 86 ; 2012 F 1125). L'emploi de la pierre de taille est rare, réservée aux encadrements des baies du logis. Trois fermes présentent des encadrements de fenêtres (fermes 1983 A4 668 ; 1983 D1 429 ; 1983 A4 610) et quatre, des encadrements de portes. Une seule située à Château-Garnier présente une porte d'entrée et des fenêtre avec encadrements en pierres de taille (1983 A4 610). Les chaînes d'angles sont toutes réalisées en moellon.

Les enduits lorsqu'ils sont anciens sont à pierre vue (8 cas). On dénombre également 5 fermes avec un enduit rustique difficilement datable. Les enduits récents sont lisses (1 cas) ou réalisés à la tyrolienne (2 cas).

Parmi les voûtes qui ont été observées dans les parties agricoles, on dénombre 8 fermes avec voûtes d’arêtes, une avec une voûte en berceau segmentaire et 5 avec une mélange de voûte en berceau et d’arêtes qui nous avons qualifié lors du repérage de voûte mixte (ex: ferme à Château-Garnier 2012 F1 84).

Les pièces d'habitation ont un plancher sur solives. La seule ferme dont l'intérieur du logis est connu a des sols couverts de mallons en terre cuite (ferme dans le village : 2014 Fu 26, 39). Ceux-ci peuvent être de forme rectangulaire avec une pose horizontale et verticale alternée, ou carrée. Les murs intérieurs des pièces et les plafonds sont enduits au plâtre et peints en blanc avec une plinthe épaisse peinte de couleur brune. Aucune cheminée n'a été observée. Les pièces sont agrémentées de placards aménagés dans l'épaisseur du mur. La liaison entre les étages s'effectue par un escalier droit très pentu, en maçonnerie, avec des nez de marches en bois. L'escalier est séparé de la porte d'entrée par un petit dégagement qui dessert une pièce de part et d'autre.

Structure, élévation, distribution

Les fermes ont 3 à 4 niveaux d'élévation. 47% ont 3 niveaux, 41%, 4 niveaux.

Trois possèdent deux étages de soubassement et 13, un seul étage. Quatre ont un étage carré et une seule en a deux. Treize ont un étage de comble et 3, deux étages de comble. La combinaison la plus fréquente est : étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble (7 cas). Une seule ferme est en rez-de-chaussée avec 2 étages carrés.

47% des fermes on un logis desservi par un escalier extérieur, le plus souvent en maçonnerie (6 cas) et parfois en bois (2 cas). Cet escalier peut être droit et parallèle à la façade (4 cas) et aboutir à une terrasse (3 cas). Dans d'autre cas il peut être en L (4 cas).

Couverture

Les toitures sont à longs pans (59%) ou mixtes (35%) en associant un toit à longs pans et un toit à un pan. Une seule ferme possède un toit à un pan. Dans la plupart des cas les toitures sont soulignées par une génoise à un ou deux rangs. Six fermes ont une toiture avec saillie de rive. Les pentes sont majoritairement douces (82%). Seulement trois cas ont des pentes fortes. Les toitures anciennes sont couvertes de plaques en tôle (10 cas) ou en ciment amiante (3 cas) ; les toitures les plus récentes, en plaques de bac acier (4 cas).

Décor

Une ferme située à Château-Garnier possède un cadran solaire peint sur la façade du logis ainsi qu'un faux appareil et de faux encadrements de fenêtres ; un autre située à la Bâtie, un faux appareil en pierre de taille.