Historique
Un castrum est attesté à Moriez au 13e siècle : dès 1232 on trouve dans les chartes la mention du castrum de Moriers, nommé Moreriis en 1237 et Moriars en 1278 ; une implantation plus ancienne pourrait avoir existé mais pas sur le site actuel du village. Dans les pouillés, une ecclesia Moreriis est mentionnée vers 1300, puis en 1376 et également au 16e siècle ; l'église paroissiale Saint-Barthélémy pourrait, dans sa forme actuelle, dater du 15e siècle. La seigneurie de Moriez est successivement fief des Roquevaire et des Castellane au 14e siècle, puis des Vintimille au 15e siècle et enfin des Chaillan du 16e au 18e siècle. Cette famille a édifié notamment deux châteaux successifs dans le village.
Sur la carte de Cassini, Mories est une paroisse avec château. Sur la carte militaire réalisée dans le 3e quart du 18e siècle, où le hameau est dessiné Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. [Détail de la feuille 195-22 : village de Moriez], les habitations apparaissent groupées autour d'une place avec fontaine (fontaine datée du 1644 et toujours en place, référence : IA04001547) d'où partent quatre chemins en étoile. L'église est située à la limite nord du village, un peu en contrebas le château (dénommé plus tard Château Vieux) est encore flanqué de quatre tours rondes et ceint sur deux côtés d'un mur d'enceinte scandé de trois tours.
Les chronogrammes repérés dans le village datent pour l'essentiel du 18e siècle pour ceux portés sur les habitations. La datation stylistique confirme cette période comme étant celle de la plus forte croissance du village.
En 1838, Sur le cadastre napoléonien, Plan d'ensemble d'après le cadastre napoléonien de 1838, section B4. la forme du village a été redessinée autour du tracé des routes : les bâtiments sont désormais organisés de part et d'autre d'une fourche, le chemin de Courchons se divise en deux au niveau de la place de la Fontaine pour mener vers le nord à Hyèges et plus au sud à Digne. La nouvelle grande route de Digne à Nice a été tracée à l'emplacement du canal du moulin et passe ainsi au milieu des "prés du château", terres qui dépendaient du Château Vieux ; elle a bénéficié d'un nouvel élargissement en 2009. Les constructions nouvelles sont majoritaires le long du chemin de Hyèges dénommé alors Grande Rue. Le Château Vieux a perdu sa forme originelle tandis que le Château Neuf a été érigé le long de la Grande Rue dans le dernier quart du 18e siècle. En 1892, la gare de Moriez est achevée, la voie de chemin de fer de Digne à Nice dessert désormais Moriez.
L'évolution contemporaine du village de Moriez essaime les villas récentes au sud de la route nationale de Digne à Nice, et également à l'entrée ouest du village, du côté d'Hyèges.
Le village possède un four à pain se trouvant, selon le cadastre napoléonien, section B, parcelle 53. L'état de section de 1886 le décrit comme ruiné depuis 1870. Aussi en 1849, la commune achète auprès de particuliers un four à pain situé également dans le village avec un terrain arable attenant, pas très loin du précédent. Ce four à pain est aujourd'hui un gîte.
Autre lieu public, la fontaine : simple fontaine circulaire en 1644, elle été augmentée successivement d'un abreuvoir (avant 1828) et d'un lavoir couvert en 1904.
Concernant les écoles, une école de filles a existé dans le Château Neuf entre 1872 et 1898, l'école de garçons semble avoir toujours été à son emplacement actuel, elle est agrandie en 1864 et ferme ses portes en juin 2009.
Description
Le village est construit sur une pente douce qui forme une étroite vallée : c'est l'entrée de la vallée de l'Asse de Moriez qui se prolonge en remontant vers Hyèges et les Chaillans. En fond de vallée, l'Asse coule en contrebas sud du hameau ; le long de ce cours d'eau les terres cultivées se découpent en parcellaire laniéré. Elles sont aujourd'hui coupées du centre historique du village successivement par la voie de chemin de fer et la gare, puis par la route de Digne à Nice.
Les rues du village Vue aérienne. rayonnent en éventail à partir de la place de la fontaine sur laquelle donnent à la fois le Château Vieux et le Château Neuf. L'essentiel des bâtiments du village est constitué de maisons, très peu d'entrepôts agricoles et de fermes. Les maisons sont construites en moellons de calcaire, traditionnellement couvert d'un enduit à pierres vues de gypse rouge, caractéristique du village ; elles sont couvertes d'un toit à longs pans avec tuiles creuses ; ces deux éléments ont souvent laissés place à des enduits récents et une couverte moderne en ciment amiante.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.