Dossier d’œuvre architecture IA04001545 | Réalisé par
  • inventaire topographique
château dit Vieux Château, actuellement maisons
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Saint-André-les-Alpes
  • Commune Moriez
  • Lieu-dit le Bourg
  • Adresse place de l' Ecole
  • Cadastre 1838 B4 47 à 50  ; 1983 B5 842 à 845
  • Dénominations
    château
  • Appellations
    Vieux Château
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    pigeonnier, rucher

Historique

A la Révolution, au moment de la saisie des biens dits « des émigrés », le château appartient à Pierre de Chailan, chef d’escadre, décédé à Pise en 1795, dernier membre de cette famille de Chailan, seigneur de Moriez depuis la fin du 16e siècle d’après Isnard. Le Vieux Château de Moriez pourrait être l’œuvre de cette famille lorsqu’elle prend possession du fief de Moriez, il pourrait donc dater de la 1ère moitié 17e siècle, voire être antérieur pour la partie est, datation confirmée par certains éléments du décor ou d’éléments architecturaux encore en place.

Sur la carte militaire Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. [Détail de la feuille 195-22 : village de Moriez].Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. [Détail de la feuille 195-22 : village de Moriez]. établie par Jean Bourcet de La Saigne entre 1764 et 1769, un plan de masse du château est dessiné : il est alors constitué d'un corps de bâtiment carré avec, à chaque angle, une tour ronde. Il est de surcroît ceint sur deux côtés d'une muraille à trois tours également rondes.

A la Révolution, le château est saisi, nationalisé en 1794 et divisé pour être revendu en deux lots. Dans le procès-verbal d’estimation établi à cette occasion, il est décrit comme étant en très mauvais état. Il est nommé Vieux Château ou "ancienne maison" afin de le distinguer du Château Neuf (Référence IA04001544), de l'autre côté de la rue, daté de 1790, possession de la même famille et où celle-ci logeait juste avant la Révolution.

Sur le cadastre napoléonien de 1838, le premier élément observable est la répartition en quatre parcelles (les deux lots révolutionnaires ont donc été à nouveau divisés). Les états de section mentionnent cinq propriétaires, dont trois de la même famille se partageant les parcelles 47 et 48.

De plus, en comparant le cadastre de 1838 Plan de masse et de situation d'après le cadastre napoléonien de 1838, section B4, parcelles 47, 48, 49, 50.Plan de masse et de situation d'après le cadastre napoléonien de 1838, section B4, parcelles 47, 48, 49, 50. à la carte militaire du 18e siècle, le plan de masse a nettement changé. Il s'agit désormais d'un bâtiment de plan rectangulaire avec deux tours : une tour quadrangulaire à l'angle sud-ouest et une tour ronde à l'angle sud-est. Faut-il en déduire un grand remaniement du bâtiment au cours duquel les deux autres tours (figurées sur la carte du 18e siècle) auraient été détruites ? Peut-être pour un alignement sur la voie au nord ? La forme du château à deux tours en façade principale (le plus souvent sud) n’est cependant pas un cas isolé dans le Pays A3V, d’autres exemples ont pu être étudiés, par exemple à Val-de-Chalvagne (référence IA), à La Palud (référence ou à Eoulx (Castellane). En revanche ce qui peut poser question est la différence de plan des deux tours : un tour rectangulaire et une tour ronde, différence qui pourrait être le signe de périodes de construction différentes, d’autant qu’elles abritent toutes deux un escalier, en vis pour la tour ronde, tournant à retour pour la tour rectangulaire.

La tour quadrangulaire et la partie ouest du Vieux Château, soit la parcelle 845 du cadastre moderne (parcelle 47 sur le cadastre de 1838) conserve certains éléments préservés qui pourraient permettent de proposer une datation à la 1ère moitié du 17e siècle. Il demeure en effet tout d’abord une porte dans la partie basse, au nord de cette tour, dont l’encadrement pourrait être de la fin du 16e siècle ou du début du 17e siècle : l'encadrement en plein cintre est en pierres de taille, la porte en bois comporte un châssis fixe et un seul battant rectangulaire assez bas. Sont également en place des décors de gypseries, sans doute de la 1ère moitié du 17e siècle : au plafond de la montée d'escalier et sur une cheminée.

La parcelle 842 (parcelle 50 sur le cadastre de 1838) constitue la partie est du château qui pourrait être antérieure, peut-être de la 2e moitié du 16e siècle eu égard à la montée d'escalier en vis dans la tour ronde. Dans le procès-verbal d'estimation de 1794, elle est ainsi décrite : "à la quelle maison il n'y a ni porte ni fenêtre et susceptible à des réparations, ni ayant seulement qu'une montée [d'escalier] construite dans la tour qui se trouve du cotte du midy".

La comparaison du plan de masse entre le cadastre napoléonien de 1838 et le cadastre moderne montre une emprise au sol similaire à part un appentis qui a été démoli et qui était accolé à la façade sud de la tour d'escalier.

Description

Le château est situé au centre du village, en alignement sur la route de Moriez aux Chaillans.

Le plan de masse du château présente une forme trapézoïdale avec à l'angle sud-ouest une tour carrée, à l'angle sud-est une tour ronde. L'ensemble est construit en calcaire avec un enduit lisse moderne sur la parcelle 845, plus ancien sur la 842 et un enduit à pierres vues de gypse rouge sur les parcelles centrales. Construit perpendiculairement à la pente, le bâtiment présente 4 niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et 2 étages carrés. Si des tuiles creuses couvrent l'ensemble, le type de toit varie. La maison est couverte d'un toit à longs pans asymétriques et de tuiles creuses, avec une génoise à 2 rangs courant sur l'ensemble des pignons, la tour ronde d’un toit conique, l'appentis de la façade ouest d’un toit à un seul pan.

Sur la parcelle 845, le bâtiment est de plan irrégulier composé d'une partie quadrangulaire (angle nord arrondi), à l'angle sud-ouest de laquelle est placée une tour d'escalier de même forme avec chaîne d'angle en pierre de taille. L'escalier en pierre est un escalier tournant à retours avec jour, il comporte aux plafonds et écoinçons un décor de gypseries. L'ensemble est composé d'un étage de soubassement (cave dans la tour d'escalier), d'un rez-de-chaussée surélevé et de deux étages carrés ; au premier étage se trouve une cheminée avec également un décor de gypseries. La répartition des baies est irrégulière.

Sur la parcelle 843, le bâtiment possède un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et 2 étages carrés. Une tour d'escalier recevant un escalier en vis en pierre a été construite à l'angle sud-ouest du corps de bâtiment. En étage de soubassement, une cave voutée en berceau ouvre sur le côté sud ; au dernier étage, un pigeonnier avec boulins carrés ainsi qu'un rucher ont été aménagés, la grille d'envol est ouverte sur la façade sud encadrée d'un décor de céramiques vernissées.

Les nombreux remaniements, la dissymétrie des tours, l’irrégularité des enduits gênent la lecture de l’édifice dans son ensemble et confèrent une impression d’hétérogénéité au bâtiment rendant son analyse architecturale complexe.

Le château appartenait à la famille de Chailan venue de Provence vers 1536, le dernier descendant de cette branche de la famille Chailan, Pierre, chef d'escadre, est décédé à Pise en 1795. Le château est resté dans la famille jusqu'à la nationalisation des biens dits des émigrés en 1794 où il a été divisé pour être revendu en 4 lots ; il est alors décrit comme étant en très mauvais état. Il est nommé Vieux Château ou "ancienne maison" afin de le distinguer du Château Neuf, de l'autre côté de la rue, daté de 1790, possession de la même famille où celle-ci logeait. Le château pourrait dater de la 2e moitié du 16e siècle ou de la première moitié du 17e siècle. Sur la carte militaire établie par Jean Bourcet de La Saigne entre 1764 et 1769, le plan du château est dessiné : il est alors constitué d'un corps de bâtiment carré avec, à chaque angle, une tour ronde, il est de surcroît ceint sur 2 côtés d'une muraille à 3 tours également rondes.

Sur le cadastre napoléonien de 1838, le plan de masse a nettement changé. Il s'agit désormais d'un bâtiment de plan rectangulaire avec 2 tours : une tour quadrangulaire à l'angle sud-ouest et une tour ronde à l'angle sud-est. Le Vieux château a ainsi été amplement remanié depuis la date de sa construction ; notamment au niveaux des baies dont on peut encore observer les encadrements du 18e siècle dans la partie centrale. En revanche, depuis 1838, date du cadastre napoléonien aucune modification notable du plan de masse n'est à remarquer. En 1790, au moment de la saisie puis de la vente des "biens des émigrés", le château est divisé en deux lots. En 1838, sur le cadastre napoléonien, les lots ont à nouveau été divisés pour former 4 parcelles ; les états de section mentionnent alors 5 propriétaires, dont 3 de la même famille se partageant les parcelles 47 et 48. La parcelle 845 (parcelle 47 sur le cadastre de 1838) constitue la partie ouest du Vieux Château ; elle a été fortement remaniée. Certains éléments préservés (porte, baies, décor) permettent cependant de proposer une datation : cette partie du château pourrait avoir été construite dans la 1ère moitié du 17e siècle.

Des baies ont été percées notamment sur la façade sud de la tour d'escalier ou, le plus souvent, très élargies ; un balcon maçonné a remplacé et agrandi un petit balcon de bois visible sur une photo de 1976 sur la façade est de la tour. Demeure une porte 17e siècle dans la partie basse de cette tour : l'encadrement en plein cintre est en pierres de taille, la porte en bois comporte un châssis fixe et un seul battant rectangulaire assez bas.

La comparaison du plan de masse entre le cadastre napoléonien de 1838 et le cadastre moderne montre une emprise au sol similaire à part un appentis qui a été démoli et qui était accolé à la façade sud de la tour d'escalier. La disposition intérieure a également été modifiée sans que les niveaux semblent avoir varié. Demeurent en place des décors de gypseries, sans doute de la 1ère moitié du 17e siècle : au plafond de la montée d'escalier et sur une cheminée. La parcelle 842 (parcelle 50 sur le cadastre de 1838) constitue la partie est du château qui pourrait être antérieure, peut-être de la 2e moitié du 16e siècle eu égard à la montée d'escalier en vis dans la tour ronde. Dans le procès-verbal d'estimation de 1794, elle est ainsi décrite : "à la quelle maison il n'y a ni porte ni fenêtre et susceptible à des réparations, ni ayant seulement qu'une montée [d'escalier] construite dans la tour qui se trouve du cotte du midy". Le cadastre napoléonien de 1838 montre une emprise au sol similaire à celle observée sur le cadastre moderne pour cette parcelle.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 16e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1ère moitié 17e siècle , (incertitude)

Le château est situé au centre du village, bordant la route de Moriez aux Chaillans. Le plan de masse du château présente une forme trapézoïdale avec à l'angle sud-ouest une tour carrée, à l'angle sud-est une tour ronde. L'ensemble est construit en calcaire avec un enduit lisse moderne sur la parcelle 845, plus ancien sur la 842 et un enduit à pierres vues de gypse rouge sur les parcelles centrales. Construit perpendiculairement à la pente, le bâtiment présente 4 niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et 2 étages carrés. Si des tuiles creuses couvrent l'ensemble, le type de toit varie. Sur la parcelle 845, le bâtiment est de plan irrégulier composé d'une partie quadrangulaire (angle nord arrondi) à l'angle sud-ouest de laquelle est placée une tour d'escalier de même forme avec chaîne d'angle en pierre de taille. L'escalier en pierre est un escalier tournant à retours avec jour, il comporte aux plafonds et écoinçons un décor de gypseries. L'ensemble est composé d'un étage de soubassement (cave dans la tour d'escalier), d'un rez-de-chaussée surélevé et de deux étages carrés ; au premier étage se trouve une cheminée avec également un décor de gypseries. La répartition des baies est irrégulière. La maison est couverte d'un toit à longs pans asymétriques et de tuiles creuses, avec une génoise à 2 rangs courant sur l'ensemble des pignons. Sur la parcelle 843, le bâtiment possède un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et 2 étages carrés. Une tour d'escalier recevant un escalier en vis en pierre a été construite à l'angle sud-ouest du corps de bâtiment. En étage de soubassement, une cave voutée en berceau ouvre sur le côté sud ; au dernier étage, un pigeonnier avec boulins carrés ainsi qu'un rucher ont été aménagés, la grille d'envol est ouverte sur la façade sud encadrée d'un décor de céramiques vernissées. L'ensemble du bâtiment est couvert de tuiles creuses, la partie quadrangulaire avec un toit en pavillon, la tour avec un toit conique, l'appentis de la façade ouest avec un toit à un seul pan.

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés
  • Couvertures
    • toit en pavillon
    • toit conique
    • toit à longs pans
    • toit à un pan
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier en vis
    • escalier hors-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • Typologies
    B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    escalier, cheminée

Documents d'archives

  • Adjudication à titre de ferme des biens et droits nationaux [biens des émigrés]. 1793/02/01. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne : 1 Q 060.

    "Adjudication à titre de ferme, des biens et droits [...] appartenans à Pierre Chailan français émigré et mis en séquestre par la loy du 8 avril 1792 ". cf. Annexe.
  • AUDIBERT, ANTOINE et COLLOMP. Procès verbal des consistances et d'estimation des biens susceptibles de division d'après les beaux de ferme [Procès verbal d'estimation des biens nationaux]. 1794. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains, 1 Q 76.

    Inventaire des biens nationaux issus des possessions de l'émigré Pierre Chailan. cf. Annexe.

Bibliographie

  • GRAS-BOURGUET. Antiquités de l'arrondissement de Castellane (Basses-Alpes). Digne : Repos, 1842, 314 p. : ill. ; 21 cm.

    p. 282-284 : Brève généalogie des seigneurs Chaillan de Moriez.
  • ISNARD, Marie Zéphirin. Etat documentaire et féodal de la Haute-Provence. Digne : imprimerie Vial, 1913, 496 p.

    p. 252-253.

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 195-22.

Annexes

  • Dépouillement de la Série Q (saisies révolutionnaires) des archives départementales concernant les biens de l'émigré Pierre Chailan de Moriez
Date d'enquête 2007 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général