Dossier d’œuvre architecture IA04002341 | Réalisé par
  • inventaire topographique
village du Fugeret
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Annot
  • Commune Le Fugeret
  • Dénominations
    village

Les origines et l'implantation médiévale

Le village actuel est installé au débouché aval de la clue de la Vaïre, mais son histoire témoigne de nombreux déplacements sur des sites cependant tous situés à proximité de la confluence du Gros Vallon et de la Vaïre, autour de la plaine de la Condamine, du coin et des Laouves. Outre cet espace plat facilement cultivable, la présence de la clue de la Vaïre permet un contrôle facile sur un axe de communication régional important, permettant la liaison entre la vallée du Var et la côte niçoise, et la haute vallée de Verdon et par delà, l'Ubaye.

Le premier site d'habitat, sans doute dès l'Age du Bronze, pourrait être l'oppidum de Saint-Sauveur. Ce petit plateau calcaire dominant la clue est facilement aménageable et défendable, de plus il possède de belles sources peu éloignées, situées au contact avec le grès. Cependant, en l'état actuel, seuls la physionomie favorable du site et d'éventuels vestiges d'aménagements (mur d'enceinte en pierre sèche, grand talus empierré côté est...) permettent d'avancer cette hypothèse.

Le site antique de Segumagna (ou Sigumana, ou Sago Magna), connu pour être à l'origine de la colonisation romaine de la vallée de Vaïre, se trouve en rive gauche du Ravin du Coin, aux alentours de la gare. La proposition de cet emplacement s'appuie sur la toponymie relevée dans les états de section du cadastre de 1830, où une trentaine de parcelles sont situées au lieu-dit Les Ségumagnes Il est également possible que ce site se trouve à proximité de l'église.

Au cours des périodes de l'Antiquité tardive ou du Premier Moyen Age, l'habitat retourne se mettre à l'abri sur le plateau de Saint-Sauveur et du Chastel. Le toponyme Le Chastel, encore largement employé aujourd'hui, correspond à un secteur situé légèrement plus à l'est que le plateau de l'oppidum, plus proche des sources (Fouen de Lambert, Fouen de Colombet, Aïgue du Raï...). Plusieurs vestiges de construction pouvant remonter à cette période ont été repérés.

Ainsi sur l'échine rocheuse, à 10 mètres à l'est du point côté 1007 mètres de la carte IGN au 1/25 000e, les bases d'un ou deux bâtiments de plan carrés sont encore visibles. La maçonnerie, lisible sur quelques assises, est de petit appareil de moellons équarris et assisés. On note également un mur en pierre sèche, parfois très épais, qui court le long de la ligne de crête.

Plus bas sur le plateau, à l'arrivée du chemin du Fugeret, se trouve les restes de la chapelle Saint-Sauveur. Cette chapelle pourrait correspondre à une ancienne église paroissiale du Premier Moyen-Age. De cet édifice, subsiste la base des élévations, sur plusieurs assises d'un petit appareil semblable à celui des bâtiments situés sur la crête, sans doute accompagnées d'un enclos au sud. Le plan simple est orienté (longeur = 10,1 m, largeur = 4,5 m). Les restes de la nef sont accompagnés d'une abside rectangulaire, mieux conservée, qui est manifestement plus récente. L'abside originelle était peut-être en cul de four ; elle a été reconstruite, sans doute à l'époque moderne, probablement en prenant le vocable de Saint-Sauveur.

Cette église pourrait avoir été dédiée à saint Pons, et correspondre à l'église Saint-Pons située sur le territoire de Segumagna (qui correspond alors aux territoires du Fugeret, Méailles, La Colle-Saint-Michel et Petresc), mentionnée dans une donation de 1042 en faveur de l'Abbaye de Saint-Victor de Marseille. Cette hypothèse tient notamment au fait que l'ensemble de la section B du cadastre de 1830 porte le nom de Saint-Pons et Coblanche1 .

Le village quitte ensuite le plateau et s'installe à son emplacement actuel, peut-être dès le milieu du Moyen Age. Là encore, l'installation du village s'est faite en plusieurs étapes. A la première phase de son déperchement (12e siècle ?), le village est probablement resté installé au-dessus de la Rue du Barri (barri = rempart ou barre rocheuse). La mémoire orale nous rappelle l'existence d'une « tour » en contre-haut du village actuel, détruite lors du percement du tunnel ferroviaire. Un toponyme Le Fort, désignant la crête rocheuse qui domine le village a été collecté. Sur le cadastre de 1830, toute la partie haute du village est appelée La Tour. Par ailleurs, l'existence de la Rue d'Aut-de-Vilo (= Haut de Ville), recoupant la Rue du Barri et rejoignant initialement le haut du village nous rappelle qu'en haute Provence, le toponyme de Ville se retrouve très souvent donné à l'emplacement médiéval du village.

La construction de l'église actuelle remonte peut-être à cette époque, elle aurait alors pris le vocable de Saint-Pons. Elle était peut-être accompagnée d'un bâtiment monastique (le prieuré mentionné dans certains textes ?) dont le souvenir pourrait se trouver dans le toponyme L'Hôpital, localisé en contre-bas du chemin d'Annot en rive gauche du Gros Vallon, sur le cadastre de 1830.

A la suite de ce premier bourg déperché, mais pas encore installé sur la rupture de pente, une phase d'extension, semble faire descendre l'enceinte jusqu'à la Rue Basse (13e-14e siècle ?). Cela est peut-être lié à la volonté d'intégrer un faubourg constitué le long du chemin, qui passe à l'extérieur de l'enceinte. Il est aussi possible qu'un péage ait été installé au passage du pont. La construction de la Tour du Murat (au 14e siècle, après le passage des Comtes de Provence ?), contrôlant l'autre rive de la clue, a pu d'ailleurs faciliter le glissement du village vers le bas de la pente, en améliorant la protection à proximité du chemin.

La Rue du barri et la Rue Basse possédaient toutes les deux des « portes » pouvant être fermées. Un « rempart », ou plus exactement une enceinte de maisons-remparts présentant des façades aveugles en parties basses, faisait office de fortifications extérieures (aux extrémités de la rue du Barri, mais également en contrebas du four à pain où le cadastre nomme la Maison du Barry et la Grange du Barry).

Si les maisons d'habitations du village semblent rester cantonnées dans les remparts jusqu'au 15e siècle, il est probable que dès avant cette période des bâtiments aient été construits à l'extérieur de l'enceinte, s'alignant probablement au pied de l'enceinte et constituant un nouvel espace de circulation. Cependant dès la fin du 15e siècle, des maisons d'habitation sont construites en excroissance des remparts (Androne du Pont), avec des baies chanfreinées à demi-croisées ou à meneaux. Au début du 16e siècle, des maisons sont bâties en face de l'ancien rempart et commencent à constituer l'actuelle Grande Rue. Avec la construction de ces nouvelles maisons, les anciens bâtiments d'habitations intra-muros sont peu à peu délaissés et réaménagés en bâtiments agricoles.

Le village du 19e siècle

Au début du 19e siècle, le village possède une physionomie proche de l'actuelle, à l'exception du vide de construction qui existe encore entre l'ancien presbytère et l'église. On y trouve de nombreux artisans et métiers et plusieurs bâtiments artisanaux sont mentionnés au cadastre de 1830. Ainsi, on remarque deux fours à pain privés, dont un en mitoyenneté ; deux moulins à huiles, dont un ruiné ; un moulin à eau. Un dépouillement systématique des types de bâtiments mentionnés dans l'état des sections du cadastre montre que les quartiers les plus anciens du village ne servent plus qu'à des fonctions agricoles ou artisanales. C'est le cas des îlots dominant la Rue du Barri, et de ceux dominant la Rue Basse. Un cas manifeste de maison recyclée en bâtiment agricole a été étudié, où une étable a été installée en lieu et place d'un logis en rez-de-chaussée surélevé sur voûte, avec destruction des cheminées et cloisons et construction d'une banquette de mangeoire maçonnée. Outre ces bâtiments agricoles installés au cœur même du village, on remarque des îlots de bâtiments agricoles à l'entrée sud, le long de la Grande Rue. Les trois fontaines de la Grande Rue existent déjà mais avec des aménagements plus modestes.

Au 19e siècle, si le plateau de Saint-Sauveur et du Chastel n'est plus occupé de façon permanente, il n'en demeure pas moins très présent dans le territoire quotidien, notamment cultuel. Ainsi, sur le cadastre de 1830, on remarque un « bâtiment-chapelle Saint-Sauveur » de 9 m2, qui occupe l'emplacement de l'abside de l'ancienne église médiévale ; cette chapelle appartient alors à la commune, ainsi qu'une grande parcelle de plus d'un hectare correspondant au glacis naturel situé au pied du plateau, côtés sud et ouest. En 1820, un pieux habitant du village, dit « Sauvan le Dévot », fit installer à ses frais un chemin d'oratoires dont le départ est l'oratoire du pont de la Vaïre. En 1873, la chapelle Notre-Dame de la Salette est construite au débouché de ce mont-calvaire et la chapelle Saint-Sauveur est définitivement abandonnée.

La construction du quartier de la mairie, du second presbytère (actuel café-bar) et de l'école datent du quatrième quart du 19e siècle. En 1894, alors que la route d'Entrevaux à Colmars est installée sur son tracé actuel, la Grande Rue subit une rectification qui impose l'alignement de plusieurs façades. et la couverture du canal. Une génératrice électrique, installée sur ce canal, en amont de la Clue, a été construite en 1902, puis remplacée par une scierie-menuiserie.

Outre un impact sur les terres alentours, les travaux ferroviaires (de 1909 à 1912) ont également modifié la physionomie du village. La construction du tunnel au-dessus du village a impliqué la destruction du chemin menant à Saint-Sauveur et à Notre-Dame de la Salette, ainsi que de plusieurs stations du chemin de croix.

L'organisation des travaux, et notamment le logement et l'approvisionnement de plusieurs centaines d'ouvriers et de personnel, ainsi que des bêtes de somme, a modifié le village. De nombreuses maisons du villages, qui présentent un traitement des décors de façades standardisé, attestent de cette période. Mais également bon nombre de bâtiments ruraux peu éloignés, qui ont été aménagés pour accueillir des équipes de bouviers ou de muletiers avec leurs bêtes de travail.

En outre deux hôtels ont été installés, ainsi que trois café et des cantines, dont la célèbre cantine de Vallino, à côté du pont. Et plusieurs commerces ont ouvert : deux maréchaux-ferrants, trois cordonniers, deux coiffeurs...

Le four à pain de La Place a été détruit au début des années 1960 pour faire un parking automobile. Un nouveau four à pain, beaucoup plus petit, a été rebâti sur cet emplacement au début du 21e siècle.

Analyse de la cartographie

Carte de Provence des Ingénieurs Géographes militaires (1748-1778, au 1/14 000e environ2)

Le village apparaît avec la Grande Rue bien marquée, dans le prolongement de route venant d'Annot ; le centre du bourg est moins bien détaillé. Les ruines de la Tour du Murat sont dessinées mais non nommées. On note la présence de deux bâtiments situés au pied de la falaise, en amont du pont sur le chemin de Méailles. L'église est nettement disjointe du bourg, puisque les îlots de l'ancien presbytère et de la mairie ne sont pas encore bâtis.

Le pont est dessiné, il dessert le chemin menant à La Colle Saint-Michel et un autre menant à Allons. A l'est du village, le chemin se sépare en deux branches : l'une par la Chapelle et Collet de Saint-Sauvaire menant soit à Méailles soit à Coulouguerant et Argenton, l'autre menant à Pelloussis par la Chapelle Saint-Pierre. Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille, le village du Fugeret.Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille, le village du Fugeret.

Carte de Cassini (années 1770-1780 pour cette région)

Le village du Fugeret est accompagné du dessin et de la mention de la Tour Ruinée du Murat.

Plan cadastral et état des sections (1835-1836)

Sur la feuille de la section D du cadastre de 1830, le village apparaît avec une physionomie proche de l'actuelle, à quelques nuances près : des bâtiments empiétant sur le tracé de la Grande Rue ; un enchevêtrement de bâtiments dans le quartier haut, avec le tracé bien visible et complet de la Rue d'Aut-de-Villo (modifié suite à la suppression de bâtiments ou de petits îlots) ; l'emprise de l'ancien four à pain ; l'absence de constructions entre le village et l'église.

Sur l'état des sections de 1836, 69 parcelles sont mentionnées comme « maison », 72 comme « bâtiment rural », 2 comme « bâtiment », 2 comme « bâtiment écurie » et 2 comme « bâtiments ruines ». Plusieurs bâtiments appartiennent à deux propriétaires, notamment des bâtiments agricoles. Cette multipropriété correspond à une « chambre » dans 70,5 % des cas, plus rarement une « cave », une « écurie » ou un « grenier à foin ».

En outre, quelques bâtiments artisanaux sont mentionnés : un « bâtiment moulin à eau » appartenant au notaire Sauvan Honoré Antoine (1830 D 224) ; un « bâtiment moulin à huile » appartenant à Masse Joseph (1830 D 268) ; un « bâtiment moulin à huile en ruine » appartenant à David Jean (1830 D 287).

Deux fours à pain privés sont également indiqués. Le plus grand, situé sur l'actuelle Place du Four (1830 D 372), appartient aux habitants du village, dont la liste des 50 chefs de famille est dressée par ordre alphabétique. Chacun en possèdent 1/50e. L'autre situé Rue du Four (1830 D 343), appartient à Blanc Joseph ; il est surmonté d'une « chambre », qui appartient à Pellegrin Marguerite.

Concernant les bâtiments situés au village, les seuls biens appartenant à la Commune sont l'église et le cimetière, le presbytère ainsi qu'un « bâtiment » mitoyen (1830 D 105, 106) et un « rotoir » (1830 D 177).

Les aires à battre sont situées à l'entrée sud du village, à proximité du presbytère. Elles sont accompagnées de bâtiments agricoles nommés L'Ecurie Neuf.

On trouve peu de noms de quartiers différents au Village, hormis la partie haute qui est nommée La Tour, et le quartier situé au départ du chemin d'Argenton, qui est appelé La Suye. En revanche, il existe une micro-toponymie très précise pour désigner les bâtiments agricoles en totalité ou en partie (grange, étable, cave, logis), les jardins et les aires à battre. Ces appellations, le plus souvent localisatrices ou parfois liées à un patronyme, trouvent certainement leurs origines dans des usages familiaux ou domestiques.

Ainsi, pour les granges, on relève Grange de la Tour, Grange de la Roche, La Grange du Pont, Grange du Four, Grange du Barry, La Grange de la Suye, La Plus Haute Grange, La Plus Basse Grange, La Grange d'Esprit...

Pour les étables : L'Ecurie de la Tour, Ecurie du Pont, L'Ecurie Neuf, La Plus Haute Ecurie, Le Plus Bas Ecurie, L'Ecurie de Paul, L'Establoun...

Pour un logis : Oustaou de l'Endroune, L'Oustaou Vieil.

Enfin, on remarque L'Aire, Le Jardin, L'Ouert, L'Ouert du Pont, L'Ouert du Moulin, L'Ouert de la Tour, L'Ouert de Contre Maison.

Structure de l'agglomération

Le village actuel est installé au débouché aval de la clue de la Vaïre, à une altitude moyenne de 840 mètres. Son histoire témoigne de nombreux déplacements.

Le plateau de Saint-Sauveur et du Chastel ont été occupés aux époques protohistoriques et pendant les périodes troubles de l'Antiquité tardive et du Premier Moyen Age. Entre ces deux périodes, un site romain antique, Segumagna, était installé le long du Gros Vallon, entre l'église et le lieu-dit « Les Ségumagnes ».

Sans doute dès le milieu du Moyen Age, le village a quitté le plateau de Saint-Sauveur et du Chastel, pour venir prendre sa place actuelle, sous la protection de la Tour du Murat qui contrôlait le chemin d'Entrevaux à Colmars au passage de la clue de la Vaïre.

Le village a continué à « glisser » et est sorti de son enceinte pour prendre sa physionomie actuelle au cours des 17e et 18e siècles. Cependant, d'importants travaux ont été effectués au cours des 19e et 20e siècles : construction du quartier entre le village et l'église, installation de la scierie-menuiserie, alignement des façades de la Grande Rue, construction de la voie ferrée...

Aujourd'hui, le village est organisé en îlots de bâtiments mitoyens, distribués par trois rues étroites superposées, plus ou moins parallèles aux courbes de niveaux, et reliées entre elles par des passages étroits éventuellement en escalier.Ruelle du quartier haut.Ruelle du quartier haut.

Deux axes de communication principaux structurent l'implantation de ces îlots : la Grande Rue et la rue du Barri.

Grande Rue.Grande Rue. Rue du Bàrri, au croisement avec l'Androune d'Aut de Villo.Rue du Bàrri, au croisement avec l'Androune d'Aut de Villo. Rue Basse, passage couvert.Rue Basse, passage couvert.

Les bâtiments sont généralement traversants et possèdent souvent un étage de soubassement, parfois plus. On note également quelques passages couverts, appelés androunes, aménagés sous une ou plusieurs maisons. Les parcelles bâties se partagent à peu près à moitié entre maisons d'habitation et bâtiments agricoles. Les maisons possèdent souvent une étable et/ou une resserre et un fenil-séchoir. Les bâtiments agricoles sont situés aux entrées et en périphérie du village, mais également en contre-haut de la Rue du Barri, ainsi que Rue Basse.

Des jardins sont situés en contrebas de la Grande Rue et le long du côté est du village ; on en trouve aussi en amont de la clue, en rive gauche de la Vaïre.

Le four à pain a été détruit dans les années 1950, et reconstruit à la fin des années 2000. Dans le centre ancien, un grand nombre de maisons ou de bâtiments agricoles sont transformés en résidences secondaires. Plusieurs bâtiments sont fermés, voire abandonnés. Les maisons habitées à l'année se concentrent notamment dans la partie basse de la Grande Rue et le long de la montée de la Sueio.

De nombreuses maisons pavillonnaires ont été construites aux abords proches du village, tant à l'entrée sud, le long de la route d'Annot, que sur les Condamines hautes et basses. Elles servent de résidences principales ou secondaires.

1Un toponyme Saint-Pons a également été relevé à l'état des sections du cadastre de 1830 de la commune de Méailles, situé entre la chapelle Notre-Dame et l'éminence marneuse du Chastelard. On relève également Les Plaines de Saint-Pons entre La Colle-Saint-Michel et Peyresc.2Bourcet de la Saigne et Michaud d’Arçon. Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille

Le plateau de Saint-Sauveur a sans doute servi d'oppidum à l'époque protohistorique. Le site antique de Segumagna semble localisé par le toponyme Les Segumagnes, en rive gauche du Ravin du Coin. Au cours de l'Antiquité tardive ou du début du Moyen-Age, l'habitat se reperche sur le site de Saint-Sauveur et du Chastel. Au début du 11e siècle, l'église Saint-Pons et ses possessions sur le territoire de Segumagna sont données à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Les ruines d'une possible église castrale et d'un autre bâtiment médiéval ont été repérés à Saint-Sauveur. Sans doute vers le milieu du Moyen-Age, le site du village se déperche progressivement et s'installe sur l'échine qui domine la clue. Cette installation est sans doute aidée par la construction de la Tour du Murat qui défend le site, et le village se protège derrière une probable enceinte de maisons-rempart (Rue du Barri). Les traces de ce village médiéval se retrouvent aujourd'hui dans quelques pans d'élévations et surtout dans la toponymie : Rue du Barri, Aut-de-Vilo, La Tour, etc. Une seconde enceinte (Rue Basse) a probablement été édifiée afin d'englober un premier faubourg progressivement construit le long du chemin qui passait au pied du village. Les 16e et 17e siècles sont marqués par un nouveau dynamisme urbain dont on retrouve les traces architecturales sur de nombreux bâtiments : demi-croisées, encadrements chanfreinés, accolades, etc. A cette époque, un nouveau faubourg s'installe au pied de la Rue Basse, constitué de maisons d'habitation, et va progressivement dessiner le tracé de la Grande Rue. Le vieux village médiéval est peu à peu délaissé et les maisons sont reconverties en bâtiments agricoles. Ce glissement des fonctions se retrouve bien dans la lecture du cadastre napoléonien, où l'on retrouve de très nombreux bâtiments ruraux dans le coeur ancien du village. Le 19e siècle est marqué par la construction du quartier de la mairie et du presbytère ; de nombreuses façades de la Grande Rue sont frappées d'alignement au milieu des années 1890, lors des travaux de la route d'Entrevaux à Colmars. Au tout début du 20e siècle, la construction de la voie ferrée Nice-Digne apporte une activité considérable, qui se traduit entre autres par la construction de nouveaux bâtiments (hôtels, commerces, etc.) et par la transformation de plusieurs entrepôts agricoles pour accueillir une partie des muletiers du chantier avec leurs bêtes ; des baraquements en bois sont construits pour les ouvriers. Un certain nombre de maisons du village sont entièrement restaurées, voire transformées à cette occasion.

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Le village du Fugeret est situé au débouché aval de la clue de la Vaïre, en rive gauche. Il est dominé par le plateau de Saint-Sauveur et s'ouvre à l'est sur une petite plaine cultivable. Les constructions sont regroupées en îlots de bâtiments séparés par des ruelles qui suivent les courbes de niveaux. Des passages, souvent couverts, permettent de rejoindre ces ruelles. Les îlots de la partie haute du village sont presque exclusivement composés d'entrepôts agricoles, mais on en retrouve également mélangés aux îlots de maisons d'habitation.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Extrait du registre des délibération du conseil municipal du Fugeret concernant le pavage de la Rue du Four, 1er décembre 1912. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 198.

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 194-11
  • Environs d'Annot. Le Fugeret. Station de moyenne altitude. 700 m. [Village du Fugeret, vue d'ensemble prise de l'ouest.] / Carte postale noir et blanc, Féraud éditeur, années 1900. Mairie du Fugeret

  • Annot (B.A.) Stat. Est., alt 705 m. L'antique Pont de Fugeret. The old Bridge of Fugeret. [Pont de la Vaïre, vue prise du nord-ouest.] /Carte postale noir et blanc, Féraud éditeur, années 1910.

  • Annot (B.A.) C.E. Le Fugeret. La Grand Rue. [Grande Rue et fontaine, vue d'ensemble prise du sud.] / Carte postale noir et blanc, Veuve Richaud édition, années 1890-1900. Mairie du Fugeret

  • [Grande Rue, vue d'ensemble prise du sud.] / Carte postale noir et blanc, Féraud éditeur, années 1900. Mairie du Fugeret

  • Excursion près d'Annot. Le Fugeret. [Vue de situation du village du Fugeret, prise du sud-est.]. / Carte postale, Autran Editeur. Collection particulière.

  • [Environs d'Annot - (B.A.) Le quartier du Fugeret. La Place.] / Carte postale. Collection particulière.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers