Dossier d’aire d’étude IA04001443 | Réalisé par
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présentation de la commune de La Garde
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : La Garde

Eléments historiques

La Garde était également appelé La Garde-de-Dieu. Ce toponyme traduit très probablement une place militaire avancée de Castellane.

Le toponyme cadastral "Téouliès" (section B2) est localisé sur un éperon marneux qui surplombe la rive droite du ravin de Destourbes, mais il ne peut être rattaché avec certitude à un quelconque site archéologique.

Oppidum de Saint-Martin et rocher du Teillon. Vue de situation prise du sud-ouest.Oppidum de Saint-Martin et rocher du Teillon. Vue de situation prise du sud-ouest.Un oppidum tardif (fin de l'Antiquité – début du Moyen-Age) est situé au-dessus de la chapelle Saint-Martin, au pied de la Roche. Il se trouve dans un environnement de chaos rocheux aujourd'hui forestier ; on y remarque d'importantes structures en pierre sèche (murets, enclos, nombreuses petites terrasses), des cuvettes d'éboulis de bâtiments, ainsi que des abris troglodytes aménagés. Ces derniers semblent cependant plutôt dater d'une utilisation à l'époque moderne. Le cadastre de 1834 ne donne pas de toponyme notable sur ce site qui est alors occupé par des "buissières", des terres "vagues" ou "arides".

Le castrum de La Gareda est mentionné dès le début du 13e siècle. Le site castral du village est situé sur la colline qui domine l'église Notre-Dame-des-Ormes ; aucun vestige n'y subsiste. Le cadastre de 1834 mentionne le toponyme "Sous la Tour" pour un groupe de parcelles situées entre le ravin de Destourbes et cette colline.

L'emplacement actuel du village ne semble pas antérieur au 16e ou au 17e siècle. En 1777, les archives mentionnent un important incendie au village, qui a concerné plusieurs maisons dont le couvent.

L'abbé Féraud, en 1861, précise que "le climat y est sain mais froid en hiver. Le sol est fertile et produit beaucoup de fourrage. On y trouve des carrières de gypse, et plusieurs sources abondantes qui se jettent dan le Verdon. L'église paroissiale de La Garde, sous le titre de Notre-Dame-des-Ormes, a pour patronne sainte Anne. […] Il y a un bureau de bienfaisance et une école primaire".

Population

Le plus vieux recensement date de 1278, il indique 0 maison noble et 23 maisons roturières pour un total de 30 hommes aptes à porter les armes. En 1315, le recensement indique 38 feux de queste et 35 en 1319, soit une population totale que l'on peut estimer à environ 205 habitants. En 1471, il y a 8 foyers imposables. En 1698, on compte 45 maisons pour 51 familles. En 1728, se sont 50 maisons qui sont habitées par 76 familles. En 1765, 38 maisons abritent une population totale de 241 habitants (d'après E. Baratier, la démographie provençale du 13e au 16e siècle, avec chiffre de comparaison pour le 18e siècle, Paris, SEVPEN, 1961).

Au 19e siècle, le maximum démographique est atteint en 1841 avec une population de 285 habitants. Dès lors, la commune n'a cessé de perdre des habitants (122 habitants en 1911, 116 en 1921, 54 en 1968). A la fin du 20e siècle, la population augmente de façon irrégulière : le recensement de 1990 fait état de 88 habitants, celui de 1999 de 56 habitants et celui de 2006 indique 91 habitants (Archives Départementales 04, 6 M 192 ; recensement 1820-1936 ; données INSEE).

Caractères morphologiques

Localisation et géographie

La commune de La Garde appartient au canton de Castellane. Elle est limitrophe au nord avec la commune de Demandolx ; à l'est, avec la commune de Peyroules ; au sud-est avec la commune de Châteauvieux (département du Var) ; au sud avec l'ancienne commune d'Eoulx (aujourd'hui rattachée à Castellane) ; à l'ouest avec la commune de Castellane.

L'altitude minimale est de 770 mètres au plus bas du ravin de Destourbes ; l'altitude maximale est de 1893 mètres au sommet des Quatre Termes (sommet du massif du Teillon). Le village est à une altitude moyenne de 925 mètres.

Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne, avec des étés chauds et secs, des hivers froids et secs et des intersaisons plus humides. Le régime hydrique est de type orageux et torrentiel. La neige est fréquente sur les sommets en hiver.

Bauche, carrière de gypse dite la plâtrière. Front de taille. Veine affleurante.Bauche, carrière de gypse dite la plâtrière. Front de taille. Veine affleurante.Le sous-sol est de nature calcaire. Il est parfois très bouleversé par les phénomènes tectoniques. Certains versants marneux sont stériles et profondément creusés par les ravins. On trouve un important affleurement de gypse blanc, rosé ou noir à quelques centaines de mètres au nord-est du village, en rive droite du ravin des Gravières. Ce gisement a été exploité en carrière ouverte et un moulin à plâtre était installé au village. Le gypse a été largement utilisé pour la confection d'un mortier à bâtir, parfois mélangé à de la chaux, donnant aux élévations des bâtiments une teinte rosée.

Le territoire communal est marqué par un relief important, avec de forts dénivelés, et est dominé au nord par le massif du Teillon. Des torrents, souvent à hydrologie saisonnière, drainent les versants et alimentent le Ravin de Destourbes, tributaire du Verdon. De nombreuses sources et résurgence se situent au niveau des ruptures de pentes.

La végétation naturelle est composée de forêts de pins sylvestres et de buis sur les ubacs et d'une végétation de maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets. Les pentes raides à l'adret offrent une végétation de landes à lavande et thym. Les fonds de ravin et les bords des cours d'eau sont occupés par une végétation de type ripisylve avec saules, peupliers, noisetiers, aulnes, etc. Les sommets, au-dessus de 1300 mètres d'altitude, sont couverts de pelouses qui offrent des pâturages d'estive renommés.

Clarnes. Mur de terrasse en pierre sèche et frênes à ramées.Clarnes. Mur de terrasse en pierre sèche et frênes à ramées.Les pentes bien exposées ont été aménagées en terrasses de culture grâce à de nombreux murs de soutènement. Les sources ont souvent été captées et détournées par des canaux d'irrigation. Afin de contenir les violentes crues d'intersaisons, les rives des torrents sont bordées de digues en pierre sèche.

Jusqu'au début du 20e siècle, le paysage agricole était très ouvert, avec peu de végétation arborée en dehors des vergers et des bords des torrents. Les versants étaient également très dénudés et seules quelques zones boisées étaient protégées en tant que "défend", le plus souvent afin de conserver une réserve de bois ou pour protéger des constructions d'un éboulement. Les phénomènes naturels d'érosion, accentués par un défrichement presque total du couvert forestier, ont d'ailleurs posé de nombreux problèmes à l'économie locale depuis le 17e siècle (J. Cru, Histoire des Gorges du Verdon, Edisud, 2001). En 2008, les zones agricoles en terrasses sont presque partout abandonnées et embroussaillées ou boisées.

Carte de Cassini et cadastres

La Carte de Cassini date de 1780-1782 pour la Viguerie de Castellane. Elle indique le village, les chapelles de Saint-Sébastien et de Saint-Martin, ainsi qu'une "ancienne église" qui est figurée à l'entrée est du village (il pourrait s'agir d'une ancienne chapelle dédiée à Saint-André?). Les quartiers de Clarnes et de Pralong sont également mentionnés, ainsi que la bergerie du Clot d'Agnon et la "Montagne du Taillon". Le tracé de l'ancienne route royale est bien lisible sur ce document.

L'étude du plan cadastral de 1834 indique que l'organisation du territoire était la même que celle observable aujourd'hui, même si quelques opérations de remembrement parcellaire agricole ont été réalisées. En revanche, sa comparaison avec le plan cadastral de 1984 montre de façon frappante que presque tous les entrepôts agricoles et bergeries isolés ont été abandonnés et sont ruinés.

Réseau viaire

La Garde est situé au bord de la Route Départementale 4085 (ancienne R. N. 85 jusqu'en septembre 2007). Cette route est l'ancienne route royale de Lyon à Antibes, dite "route Napoléon". Son tracé a été en partie modifié : il passait à l'origine en rive gauche du Ravin de Destourbes (en aval de la chapelle Saint-Sébastien) et évitait le quartier de La Lagne ; en revanche, le passage par le col de Luens n'a pas changé, si ce n'est quelques rectifications de virages créant des délaissés de voirie et des ponts abandonnés.

La Route Départementale 132 mène au village d'Eoulx (commune de Castellane).

Une voie communale dessert le quartier du Saut du Laugier depuis le village de La Bâtie (commune de Peyroules).

Un ancien chemin mène à Demandolx par le Clot d'Agnon.

En outre de nombreux chemins communaux et vicinaux desservaient les quartiers agricoles. Se sont des chemins muletiers construits à flanc de pente, avec des murs de soutènement en pierre sèche. La largeur est généralement de un à deux mètres. Ces chemins sont pour la plupart abandonnés et ruinés en 2008.

Organisation du bâti

La Garde. L'Eglise et le Rocher de Teilhon (1127 m). [Vue prise du sud-ouest.]La Garde. L'Eglise et le Rocher de Teilhon (1127 m). [Vue prise du sud-ouest.]Le village de La Garde est le seul ensemble aggloméré important de la commune. Ce village est organisé le long de deux rues principales, parallèles aux courbes de niveaux. Ces rues sont bordées d'une suite d'îlots très denses de maisons, dont certaines possèdent un passage couvert permettant rejoignant les deux rues. La R.D. 4085 passe en contre-haut du village et ses abords sont occupés par des constructions de la fin du 19e siècle ou du 20e siècle. Sur le cadastre de 1834, on note que les bâtiments agricoles sont très majoritairement relégués aux marges du village : sur les bords ou aux entrées. Le canal d'arrosage (ancien canal d'alimentation du moulin à farine) traverse le village et irrigue les jardins situés à l'entrée est et ceux situés en contrebas du village. Le village possédait deux quartiers d'aires à battre : un sous le village, à "la Devendue" (six aires à battre en 1834) ; l'autre en contre-haut du village, "les Aires" (11 aires à battre en 1834).

Chaque rue possède son nom : "rue du milieu" (rue principale) ; "rue haute" ; "avenue de Grasse" (R.D. 4085) ; "rue basse" ou "sous ville" ; "rue de l'église" ; les passages couverts ne sont pas nommés.

A l'entrée ouest du village se trouve la chapelle Sainte-Anne ; à l'entrée est du village, se trouve l'oratoire Saint-André (cet oratoire remplace peut-être une l'ancienne chapelle mentionnée sur la carte de Cassini). L'église Notre-Dame-des-Ormes est située en contrebas du village La chapelle Saint-Sébastien est située à l'ouest du village, au bord de la R.D. 4085. La chapelle Saint-Martin est située au nord-est du village, sous la Roche du Teillon.

Outre le village, le territoire La Garde est organisé en plusieurs quartiers agricoles, occupés par une ferme ou un écart de bâtiments agglomérés : Coulet de Guiou, Clavet, Pré Long, Sébet, Clarnes, Saut du Laugier… En 1834, l'écart du Coulet de Guiou est composé de deux maisons, de deux ruines, d'un bâtiment rural et d'un four à pain ; ce dernier est la propriété de trois familles, chacune en possédant un tiers. Enfin, toute la campagne était ponctuée de petites constructions isolées à usage agricole : écuries et bergeries, granges, cabanes, etc.

- Evolution de l'organisation du bâti en 2008 :

Un quartier de maisons pavillonnaires est implanté en face du village, en rive gauche du ravin des Gravières, et quelques constructions neuves bordent la R.D 4085.

L'écart du Coulet de Guiou est totalement ruiné, ceux de Pré Long et de Clavet sont en partie ruinés. Les fermes isolées du Saut du Laugier, du Sébet et de Clarnes sont conservées. Les bâtiments agricoles isolés sont presque tous ruinés et abandonnés.

Economie rurale

Clavet. Pré de fauche et verger : noyer, pommier, frêne.Clavet. Pré de fauche et verger : noyer, pommier, frêne.De part la nature montagneuse du territoire, les parcelles bien orientées sont aménagées en terrasses de culture, construites avec des murs de soutènement en pierre sèche. Ces parcelles étaient destinées aux cultures sèches (blé, avoine, luzerne, haricot, pois-chiche, etc.). Le cadastre de 1834 mentionne un toponyme "La Vigne", sur la colline située au nord-ouest du village (quartier de la Colle). Certains secteurs étaient "à l'arrosage" grâce à des canaux d'irrigation: les Gravières, Font Roumiouve, les Fonts, la Combe (sous le village), Clarnes…, ainsi que tous les jardins situés autour du village. On y trouvait les cultures humides (pommes de terre, carottes et raves, etc.), les vergers et les prés de fauche. Les saules des bords de ruisseau étaient exploités en oseraies. On trouvait de nombreux arbres fruitiers autour du village : cognassiers et cerisiers en abondance, pommiers, poiriers, pruniers ("prune blanche" et "prune pardigone"), noyer (dont on faisait des confiture de noix verte et du vin), etc.

Les pierres issues de l'épierrage des parcelles étaient entassées en pierriers, mesurant parfois plusieurs mètres de longs ou de haut. La zone de galets et d'éboulis, le long du ravin des Gravières, est aménagée en grandes parcelles fermées par des murets en pierre sèche qui soutiennent de très grands pierriers. Font des Couestes. Mur de soutènement d'une terrasse agricole.Font des Couestes. Mur de soutènement d'une terrasse agricole.

Des ruchers ouverts étaient répartis dans la campagne, souvent à la limite entre les terres cultivées et les zones sauvage, de manière à multiplier les sources de nourriture pour les abeilles. Par ailleurs, certains bâtiments agricoles abritaient des ruchers sous forme de ruches-placards (un exemple à la Font des Couest).

Les versants arides et les landes à buis étaient utilisés comme parcours pour les troupeaux, surtout caprins avant la seconde moitié du 19e siècle. La seconde moitié du 19e siècle a vu l'explosion de l'élevage ovin transhumant, qui existait depuis l'antiquité mais qui, du fait de la déprise agricole et de l'exode rural, a trouvé ici de grands territoires abandonnés par les cultures.

A la fin du 19e siècle, mais surtout après la 1918, la culture et le ramassage de la lavande ont pris une place notable dans l'économie locale. Si la majorité de la récolte était faite dans le "sauvage", les versants au-dessus de Clavet étaient néanmoins plantés en lavande. Une distillerie pour l'essence de lavande était située en contrebas de la R.D. 4085, au niveau du pont sur le ravin des Gravières ; elle était abritée par un hangar.

Sur le cadastre de 1834, on note le toponyme "le Foulon" pour un groupe de parcelles situées en rive droite du ravin des Gravières, au niveau de la confluence avec le ravin de Destourbes ; aucun vestige ne subsiste. Sur ce même cadastre, on note un toponyme "le Moulin", en contre-haut du village, sans qu'il soit possible de préciser davantage (moulin à vent ?).

Un moulin à farine existait au village (section A2, parcelle n° 850 sur le cadastre de 1834), il était alimenté par un canal de dérivation du ravin des Gravières. Il a cessé son activité dans les années 1920.

L'extraction du gypse s'est fait de tout temps pour permettre la fabrication de plâtre à bâtir, dont il était fait grand usage en maçonnerie aussi bien qu'en enduits intérieurs et extérieurs. Le gisement se trouve au-dessus du village, en rive droite du ravin des Gravières. Sur le cadastre de 1834, on ne trouve pas de trace d'exploitation précise mais le toponyme "la Gypière" est bien localisé. Cette richesse locale a permit la création au milieu du 19e siècle d'un moulin à plâtre qui a cessé son activité en 1943 (démolition). Il était alimenté en matière première grâce à une carrière à ciel ouvert dont le front de taille est encore bien visible ; un petit train de wagonnets à bras amenait le gypse du lieu d'extraction jusqu'au moulin ; la roue du moulin était une grande roue verticale d'environ quatre mètres de diamètre.

La Pène, tuilerie en ruines. Galeries de chauffe. Vue de volume prise de l'est.La Pène, tuilerie en ruines. Galeries de chauffe. Vue de volume prise de l'est.Une tuilerie (fabrication de tuiles creuses, de carreaux de terre cuite et de briques) était en activité en rive droite du ravin de Maupas. Enfin, la présence de la "route Napoleon" a permis l'installation d'un relais de poste puis d'un garage automobile, d'hôtels et d'auberges…

En 2008

L'économie agricole est devenue très marginale : seule la ferme de Clarnes continue une activité agricole et les pentes du Teillon sont encore mangées par des troupeaux estivants ; un élevage de chevaux se trouve au Pré Long. Un restaurant et un commerce de produits du terroir sont installés au bord de la R.D. 4085. Un grand camping avec jeux d'eau se trouve au-dessus du quartier du Clavet.

La Garde était également appelé La Garde-de-Dieu. Ce toponyme traduit une place militaire avancée de Castellane. Un oppidum tardif (fin de l'Antiquité - début du Moyen-Age) est situé au-dessus de la chapelle Saint-Martin. Le plus vieux recensement date de 1278, il indique 0 maison noble et 23 maisons roturières pour un total de 30 hommes aptes à porter les armes. Au 14e siècle, on peut estimer la population à environ 205 habitants. En 1698, on compte 45 maisons pour 51 familles. En 1765, 38 maisons abritent une population totale de 241 habitants. Au 19e siècle, le maximum démographique est atteint en 1841 avec une population de 285 habitants. Dès lors, la commune n'a cessé de perdre des habitants (122 habitants en 1911, 116 en 1921, 54 en 1968). A la fin du 20e siècle, la population augmente de façon irrégulière : le recensement de 1990 fait état de 88 habitants, celui de 1999 de 56 habitants et celui de 2006 indique 91 habitants. L'économie de la commune est restée du type de la polyculture vivrière jusque tard dans le 20e siècle siècle. A la fin du 19e siècle, mais surtout après 1918, la culture et le ramassage de la lavande ont pris une place notable dans l'économie locale. Si la majorité de la récolte était faite dans le sauvage, les versants au-dessus de Clavet étaient néanmoins plantés en lavande. Une distillerie pour l'essence de lavande était située en contrebas de la R.D. 4085, au niveau du pont sur le ravin des Gravières ; elle était abritée par un hangar. Un moulin à farine existait au village, il était alimenté par un canal de dérivation du ravin des Gravières. Il a cessé son activité dans les années 1920. L'extraction du gypse s'est faite de tout temps pour permettre la fabrication de plâtre à bâtir, dont il était fait grand usage en maçonnerie aussi bien qu'en enduits intérieurs et extérieurs. Sur le cadastre de 1834, on ne trouve pas de trace d'exploitation précise mais le toponyme la Gypière est bien localisé. Cette richesse locale a permis la création au milieu du 19e siècle d'un moulin à plâtre qui a cessé son activité en 1943. Il était alimenté en matière première grâce à une carrière à ciel ouvert dont le front de taille est encore bien visible ; un petit train de wagonnets à bras amenait le gypse du lieu d'extraction jusqu'au moulin ; la roue du moulin était une grande roue verticale d'environ quatre mètres de diamètre. Une tuilerie (fabrication de tuiles creuses, de carreaux de terre cuite et de briques) était en activité en rive droite du ravin de Maupas. Enfin, la présence de la route Napoléon a permis l'installation d'un relais de poste puis d'un garage automobile, d'hôtels et d'auberges.

La commune de La Garde appartient au canton de Castellane. L'altitude minimale est de 770 mètres, l'altitude maximale est de 1893 mètres. Le village est à une altitude moyenne de 925 mètres. Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne, le régime hydrique est de type orageux et torrentiel. La neige est fréquente sur les sommets en hiver. Le sous-sol est de nature calcaire. Il est parfois très bouleversé par les phénomènes tectoniques. On trouve un important affleurement de gypse blanc, rosé ou noir à quelques centaines de mètres au nord-est du village. Le territoire communal est marqué par un relief important, avec de forts dénivelés. Des torrents, souvent à hydrologie saisonnière, drainent les versants et alimentent le Ravin de Destourbes, tributaire du Verdon. La végétation naturelle est composée de forêts de pins sylvestres et de buis sur les ubacs et d'une végétation de maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets. Les pentes raides à l'adret offrent une végétation de landes à lavande et thym. Les sommets, au-dessus de 1300 mètres d'altitude, sont couverts de pelouses qui offrent des pâturages d'estive renommés. Les pentes bien exposées ont été aménagées en terrasses de culture grâce à de nombreux murs de soutènement. Jusqu'au début du 20e siècle, le paysage agricole était très ouvert, avec peu de végétation arborée en dehors des vergers et des bords des torrents. La Garde est situé au bord de la Route Départementale 4085 (ancienne R. N. 85) qui est l'ancienne route royale de Lyon à Antibes, dite route Napoléon. En outre de nombreux chemins communaux et vicinaux desservaient les quartiers agricoles. Ce sont des chemins muletiers construits à flanc de pente, avec des murs de soutènement en pierre sèche. La largeur est généralement de un à deux mètres. Le village de La Garde est le seul ensemble aggloméré important de la commune. Outre le village, le territoire La Garde est organisé en plusieurs quartiers agricoles, occupés par une ferme ou un écart de bâtiments agglomérés : Coulet de Guiou, Clavet, Pré Long, Sébet, Clarnes, Saut du Laugier... De par la nature montagneuse du territoire, les parcelles bien orientées sont aménagées en terrasses de culture, construites avec des murs de soutènement en pierre sèche. Ces parcelles étaient destinées aux cultures sèches (blé, avoine, luzerne, haricot, pois-chiche, etc.). Certains secteurs étaient à l'arrosage grâce à des canaux d'irrigation: les Gravières, Font Roumiouve, les Fonts, la Combe (sous le village), Clarnes..., ainsi que tous les jardins situés autour du village. On y trouvait les cultures humides (pommes de terre, carottes et raves, etc.), les vergers et les prés de fauche. Les saules des bords de ruisseau étaient exploités en oseraies. On trouvait de nombreux arbres fruitiers autour du village : cognassiers et cerisiers en abondance, pommiers, poiriers, pruniers (prune blanche et prune pardigone), noyer (dont on faisait des confiture de noix verte et du vin), etc. Les pierres issues de l'épierrage des parcelles étaient entassées en pierriers, mesurant parfois plusieurs mètres de longs ou de haut. Des ruchers ouverts étaient répartis dans la campagne. Par ailleurs, certains bâtiments agricoles abritaient des ruchers sous forme de ruches-placards (un exemple à la Font des Couest). Les versants arides et les landes à buis étaient utilisés comme parcours pour les troupeaux. En 2008, l'économie agricole est devenue très marginale, les pentes du Teillon sont encore mangées par des troupeaux estivants.

  • /Carte postale, vers 1930.

    Collection particulière.
  • /Carte postale, vers 1910.

    Collection particulière.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    T. I, p. 561-562. : notice sur la commune.
  • BARATIER, Edouard. La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris : S.E.V.P.E.N. , 1961, 255 p.

    p. 156-157 : voir chiffres dans Pays3V, sources
  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

    p. 467
Date d'enquête 2008 ; Date(s) de rédaction 2008
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