I. Contexte de l'enquête
Le repérage
Ce dossier concerne les fermes de la commune de La Garde (canton de Castellane, Pays Asses-Verdon-Vaïre-Var, département des Alpes-de-Haute-Provence).
Le terme de "ferme" correspond aux bâtiments ou ensembles de bâtiments associant des fonctions domestiques et agricoles, ces dernières occupant un espace proportionnellement plus important.
Les conditions de l'enquête
Le repérage des fermes sur la commune de La Garde a été effectué au cours du mois de septembre 2008. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1954 (sections A1 et C) 1984 (autres sections). Le plan cadastral dit "napoléonien", levé en 1834, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états de section de ce cadastre a été consulté.
Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur. Certains bâtiments ont pu être visités de l'intérieur.
Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux fermes et décrivant :
- l'implantation par rapport à la pente,
- la composition des bâtiments,
- les fonctions visibles des bâtiments,
- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,
- la mitoyenneté,
- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,
- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,
- le nombre d'étages visibles,
- la description des élévations et des baies,
- les décors extérieurs,
- les aménagements intérieurs (voûtes, escalier, cheminée, cloisons…)
- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…
Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.
Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde.
II. Caractères morphologiques
5 fermes ont été repérées, 2 d'entre elles ont été sélectionnées.
Une seule porte une date, du 18e siècle.
Implantation et composition d'ensemble
Trois fermes sont isolées et dispersées dans les zones agricoles, deux fermes sont construites à l'entrée du village. Une seule possède un mur mitoyen, les autres n'en ont pas. Du fait du relief, aucune ferme n'est implantée en terrain plat. L'implantation est très majoritairement perpendiculaire au sens de la pente (80 % du corpus). L'implantation des bâtiments parallèlement à la pente ne concerne qu'une ferme, située au village.
Ces dispositions se traduisent par la présence systématique d'un ou deux étages de soubassement.
clarnes, parcelle B1 94. Elévation sud.Toutes les fermes sont composées de bâtiments accolés, une possède également des dépendances disjointes. Elles possèdent toutes une cour, certaines possèdent une aire à battre mitoyenne.
Matériaux et mise en œuvre
Les bâtiments sont construits en moellons calcaires et en blocs de tuf. Les moellons calcaires sont non ou peu équarris, les blocs de tuf sont plus faciles à tailler. Les murs sont montés en assises relativement régulières. Les moellons sont liés entre eux par un mortier de gypse, de chaux et de sable. Les angles sont renforcés par des moellons plus gros, mieux équarris.
Sébet, parcelle C 247. Chaînage en blocs de tuf, avec collage de maçonnerie.Les enduits anciens conservés sont à pierres vues, à inclusions de petits cailloux ou rustiques. Une ferme possède un enduit récent.
Les encadrements des fenêtres sont en maçonnerie façonnée au mortier, avec un linteau en bois. Aucune ferme ne possède des encadrements de porte en pierre de taille. Aucune voûte n'a été repérée sur la commune.
Les pièces possèdent généralement un plancher sur solives. Les sols des pièces à usage d'habitation sont souvent couverts en carreaux de terre cuite carrés ou rectangulaires, en tomettes hexagonales ou en carreaux de ciment teintés. Les sols des étables et des remises sont souvent en terre battue. Les sols des fenils sont en plancher rustique, ils reçoivent parfois une chape au mortier de chaux ou de gypse, rarement des carreaux de terre cuite.
Les murs des pièces d'habitation reçoivent un enduit lisse réalisé au mortier de gypse et sont souvent peints en blanc avec des plinthes de couleur foncée (brun, noir, rouge, etc.). Les cloisons intérieures sont réalisées principalement en maçonnerie légère et pans de bois. Les matériaux de cette maçonnerie légère peuvent être divers : petites pierres, lauzes sur chant, briques pleines ou creuses, blocs de béton de chaux moulés, etc.
Les plafonds des pièces d'habitation reçoivent parfois un enduit lisse au plâtre.
Sébet, parcelle C 247. Cheminée dans une cuisine.La pièce servant de cuisine dispose d'une cheminée adossée ou a demi-engagée dans un mur. La forme des manteaux de cheminée est généralement rectangulaire, avec une corniche moulurée à la base de l'avaloir, parfois des petits corbeaux en maçonnerie ; le manteau des cheminées est construit en ossature bois avec un remplissage de carreaux de terre cuite, de lauzes ou de gravas et un enduit de finition lissé. Cette cheminée est souvent flanquée d'une niche regroupant un potager de cuisson et un cendrier. Une pile d'évier est aménagée dans un angle de la cuisine ou sous une fenêtre. Des placards muraux ou en maçonnerie légère sont installés dans la cuisine et les chambres. Des coffres à grains en maçonnerie légère occupent souvent l'angle d'une chambre.
Les éventuels escaliers intérieurs sont construit en maçonnerie légère de chaux et de plâtre sur une structure en bois. Les contre-marches sont façonnées au mortier ou sont en bois, les nez de marche sont en bois et les marches reçoivent généralement des carreaux de terre cuite.
Structure, élévation, distribution
Les fermes possèdent toutes trois niveaux d'élévation selon ce principe :
étage de soubassement ou rez-de-chaussée ; rez-de-chaussée surélevé ou étage carré ; comble
Dans tous les cas, l'accès aux étages se fait par un escalier intérieur.
Couverture
Les toitures sont à longs pans (60 % des cas) ou à un pan (40 %).
Dans les cas où cela était observable, les charpentes sont à pannes (panne faîtière et pannes intermédiaires, pas de panne sablière), et ceci quelle que soit la forme du toit.
Les fermes possèdent un avant-toit constitué par un, deux ou trois rangs de génoises maçonnées. La saillie de rive des pignons est réalisée par un rang de génoise.
Les toits sont couverts en tuiles creuses, remplacées sur une ferme par des tuiles plates mécaniques.
Décor
Seule une ferme possède un décor de façade qui se limite à de faux encadrements peints.
Typologie
F1 Ferme en maison-bloc à terre (0 repérée ; 0 sélectionnée)
Logis associé aux parties agricoles
F2 Ferme en maison-bloc en hauteur (0 repérée ; 0 sélectionnée)
Logis associé aux parties agricoles
F3 Ferme à bâtiments accolés et/ou disjoints (100 % du corpus) (5 repérées ; 2 sélectionnées (40 %))
Ferme à maison-bloc à bâtiments accolés
Ferme à maison-bloc à bâtiments disjoints
Ferme à bâtiments disjoints
Interprétation de la classification
Sur la commune de La Garde, toutes les fermes sont constituées de bâtiments d'habitation ou agricoles, accolés successivement sans parti pris d'origine. Quelques dépendances agricoles sont disjointes.