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Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

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  • inventaire topographique
présentation de la commune de Castellane
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Castellane

L'actuelle commune de Castellane correspond aux territoires de huit communes anciennes, rattachées à Castellane au cours du 20e siècle : Castellane, Castillon, Chasteuil, Eoulx, Robion, Taloire, Taulanne, Villars-Brandis.

I – Peuplement

L'installation humaine la plus ancienne est celle de l'oppidum ligure de Ducelia, localisé au-dessus du hameau de La Colle (lieu-dit cadastral "Baume Fine"). Un autre oppidum semble avoir également existé au lieu-dit cadastral "les Gorges", entre la plaine de Courchon et la dépression du Plan de la Palud. Un dolmen sépulture à été fouillé au-dessus du hameau de La Baume.

Des sépultures à coffres ont été fouillées sur l’Adrech de Balancier (terroir d’Eoulx), elles semblent dater de l'époque romaine.

De nombreux tessons de tegulae ont été ramassés dans les terrasses en contrebas de la chapelle Saint-Pons (Eoulx).

Le plus vieux recensement date de 1278. D’autres documents permettent de suivre l’évolution du peuplement du 14e au 20e siècle (voir annexes).

terroirs

1278

(hommes aptes à porter les armes)

1319 (habitants)

1765 (habitants)

1788 (habitants)

Maximum démographique du 19e siècle (habitants)

1921 (habitants)

Castellane

270

1600

1752

2000

2252

1254

Castillon

20

90

200

/

213

35

Chasteuil

25

110

122

200

170

36

Eoulx

25

215

355

300

292

93

Robion

3

40

131

130

132

59

Taloire

22

150

101

100

122

25

Taulanne

10

80

97

/

171

46

Villars-Brandis

12

50

99

/

140

33

Evolution démographique de l'actuelle commune.

A noter, les maxima démographiques du 19e siècle sont atteints à des dates différentes de la première moitié du siècle en fonction des anciennes communes.

Le village de Chasteuil a subi un violent tremblement de terre en 1951. Il a ensuite été déserté avant d'être à nouveau habité au milieu des années 1970.

Depuis la fin du 20e siècle, la population croît de nouveau régulièrement : 1349 habitants en 1990 ; 1508 en 1999.

II - Organisation administrative

1) Ancien Régime

La commune de Castellane appartient sous l’Ancien Régime au diocèse de Senez et à la viguerie de Castellane. La baronnie de Castellane comprenait les paroisses de La Garde (actuelle commune de La Garde), Roubion (ancienne commune de Robion), Villard-Brandis, Taulanne, Taloire, Corchon (Courchon, commune de Saint-André–les-Alpes ?), Saint-Julien (actuelle commune de Saint-Julien-du-Verdon).

Autres seigneuries de l’actuelle territoire communal :

- Castillon : famille de Villeneuve-Bargemon,

- Chasteuil (le seigneur de Chasteuil réside sur place à la fin du 18e siècle),

- Eoulx : ce fief démembré de la baronnie de Castellane a été vendu à la famille de Raimondis par la Reine Jeanne.

La plupart des églises et chapelles dépendaient de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille.

2) Les rattachements des anciennes communes

- Une grande partie du territoire de Castillon a été ennoyé entre 1947 et 1949, lors de la mise en eau du lac de retenue du barrage de Castillon-Demandolx et le reste du territoire rattaché à la commune de Castellane en 1948. Le village de "Castillon bas" a été dynamité en hiver 1947. Les vestiges reposent à environ 25-30 mètres sous le niveau normal du lac.

- La commune de Villars-Brandis a été rattachée à Castellane en 1964.

- Les communes de Chasteuil, Eoulx, Robion, Taloire et Taulanne ont fusionné avec Castellane en 1973.

Limites des anciennes communes formant aujourd'hui celle de Castellane avec la date du rattachement.Limites des anciennes communes formant aujourd'hui celle de Castellane avec la date du rattachement.

III - Géographie

Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne, avec des étés chauds et secs, des hivers froids et secs et des intersaisons plus humides. Le régime hydrique est de type orageux. La neige n'est pas rare sur les sommets en hiver.

L’altitude minimale est de 652 mètres, au pont de Soleils. L’altitude maximale est de 1741 mètres au sommet de Pré Chauvin

Le sous-sol est de nature calcaire, avec une forme de calcaire à liant gréseux localement nommé "grès de Taulanne" se débitant en petites plaquettes homogènes. Il est parfois très bouleversé par les phénomènes tectoniques. Un important gisement de mammifères aquatiques (Sirénien) fossiles, datant de l'ère Tertiaire, a été découvert dans le ravin de Tabori.

Certains versants marneux sont stériles et profondément creusés par les ravins. On trouve localement des affleurements de gypse blanc ou rosé, parfois importants (La Colle, ravin de Sionne, Blaron…). Le gypse a été largement exploité pour la confection d'un mortier à bâtir, parfois mélangé à de la chaux, donnant aux élévations des bâtiments une teinte rosée. Au quartier de La Lagne, on trouve un affleurement de marnes vertes (en face du hameau de Haute-Lagne, en rive gauche du ravin du Clot d'Agnon) qui a été très utilisé pour réaliser les enduits de façades dits "Vert de Castellane".

Le territoire communal est bordé et traversé par le Verdon. Il est marqué par un relief important, avec de fortes dénivelées. Des torrents, souvent à hydrologie saisonnière, drainent les versants et alimentent le Verdon. De nombreuses sources et résurgence se situent au niveau des ruptures de pentes. Quatre plaines importantes sont remarquables : Plan des Listes et Plan de Notre-Dame, Plan de la Palud, la Lagne, plaine du Cheiron.

Castellane et la plaine du Verdon. Vue prise du nord-est.Castellane et la plaine du Verdon. Vue prise du nord-est. Castellane. Prés et vergers de la Lagne, ravins bordés de leur ripisylve.Castellane. Prés et vergers de la Lagne, ravins bordés de leur ripisylve.Le Plan de la Palud enneigé, vu de la RN 85. A l'arrière plan à droite, Notre-Dame du Roc. La neige souligne le quadrillage des canaux de drainage.Le Plan de la Palud enneigé, vu de la RN 85. A l'arrière plan à droite, Notre-Dame du Roc. La neige souligne le quadrillage des canaux de drainage.

La végétation naturelle est composée de forêts de pins sylvestres et de buis sur les ubacs et d'une végétation de maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets. Les quartiers du Roulé Béou et du Colombier (Eoulx) présentent de nombreux chênes pubescents pluriséculaires de très belles dimensions. Ce sont les témoins de la mise en défend de ces forêts au profit de la Marine royale.

Les pentes raides à l'adret offrent une végétation de lande à lavande et thym. De petites forêts de mélèzes sont parfois visibles. Les fonds de ravin et les bords des cours d'eau sont occupés par une végétation de type ripisylve avec saules, peupliers, noisetiers, aulnes, etc.

Le lit du Verdon est stérile et recouvert de galets, les sommets sont dénudés et arides

Au début du 20e siècle, la politique de Restauration des Terrains de Montagne des Eaux et Forêts a installé des forêts de pin noir ou de mélèze.

Les pentes bien exposées ont été aménagées en terrasses de culture grâce à de très nombreux murs de soutènement. Les plaines et les dépressions ont été drainées pour permettre une mise en culture. Les sources ont souvent été captées et détournées dans de grands systèmes de canaux d'irrigation. Afin de contenir les violentes crues d'intersaisons, les rives des torrents sont bordées de hautes digues en pierre sèche, parfois plantées d'arbres de réserve, localement appelées "barricades".

Jusqu'au début du 20e siècle, le paysage agricole était très ouvert, avec peu de végétation arborée en dehors des vergers et des bords des torrents. Les versants sont également très dénudés et seules quelques zones boisées sont protégées en tant que "défend", le plus souvent afin de conserver une réserve de bois ou pour protéger des constructions d'un éboulement. Les phénomènes naturels d'érosion, accentués par un défrichement presque total du couvert forestier, ont d'ailleurs posé de nombreux problèmes à l'économie locale depuis le 17e siècle. En 2007, les zones agricoles en terrasses sont presque partout abandonnées et embroussaillées ou boisées.

Vue d'ensemble des terrasses de cultures près de Gorges à Castellane.Vue d'ensemble des terrasses de cultures près de Gorges à Castellane. Castellane. Vergers à la Malouan. Verger de pommier, oseraie et pré de fauche.Castellane. Vergers à la Malouan. Verger de pommier, oseraie et pré de fauche.

IV - Réseau viaire

Castellane est depuis longtemps un carrefour commercial desservi par de nombreuses routes anciennes.

- L'actuelle R.D. 4085 (ancienne R.N. 85 jusqu'en septembre 2007) reprend en bonne partie le tracé de l'ancienne Route Royale N°85 de Lyon à Antibes. Ainsi, la portion menant à Digne passait déjà par le Col des Lèques, mais elle restait dans le talweg du ravin de Sionne. Celle menant à Grasse passait déjà par La Lagne, mais elle restait au fond du ravin de Destourbes. Sur la carte de Cassini (1780-1782), cette route franchit la clue de Saint-Pierre par une série de lacets et de rampes s'élevant en rive gauche du torrent de Saint-Pierre.

Sur le plan cadastral de 1834, la route passe déjà à son emplacement actuel, c'est-à-dire dans la clue.

Au 19e siècle, d'importants travaux ont été réalisés afin de protéger cette voie des dégâts liés à l'érosion. Ainsi, en 1832, il est prévu d'ériger des levées en pierre sèche au niveau du passage du torrent de La Palud. A la fin des années 1840, le ravin de Fontenelle et le ravin des Monges sont canalisés et des aqueducs sont construits pour éviter que les crues ne se répandent sur la route royale en l'endommageant ; le tracé de la route est rectifié. Les aqueducs mentionnés consistent en des galeries souterraines construites en maçonnerie ordinaire, avec couvrement sous voûte en berceau segmentaire. Ces ouvrages sont toujours visibles.

- L'ancien passage vers Draguignan se faisait par la Colle Meillane et Robion. Le passage de l'actuelle R.D. 102 par l'étroite clue de Robion à été percé entre 1780 et 1834.

- L'ancienne voie vers Moustier passait par La Colle est desservait ensuite les territoires du Villars-Brandis et de Chasteuil (actuel G.R. 4). Au 18e siècle, une nouvelle route de Castellane à Draguignan est ouverte, elle passait un peu en contre-haut de l'actuelle R.D. 952.

- L'ancienne route menant à Saint-André-les-Alpes a été agrandie lors de la construction du barrage de Castillon-Demandolx, elle passe en contre-haut de l'actuelle R.D. 955.

- La route desservant le hameau de La Baume (actuelle R.D. 402) a été construite dans les années 1920.

En outre de très nombreux chemins communaux et vicinaux desservaient les quartiers habités et les zones agricoles. Ce sont des chemins muletiers construits à flanc de pente, avec des murs de soutènement en pierre sèche. La largeur est généralement de un à deux mètres. Ces chemins sont pour la plupart abandonnés et ruinés en 2007.

V - Organisation du bâti

1) les sites castraux

- Outre le site castral du Roc de Castellane, bien connu, de nombreux sites castraux sont localisés.

- Au-dessus du barrage de Chaudanne, sur la rive droite du Verdon, au lieu-dit cadastral Angles et Sainte-Victoire, un éperon rocheux est aménagé avec notamment un escalier taillé dans le rocher et l'on y trouve de nombreux fragments de tuiles creuses et de tegulae. L'oppidum situé au lieu-dit les Gorges a put être également un castrum : les vestiges de la chapelle Saint-Pierre y sont encore visibles.

- Un autre site castral a été identifié au lieu-dit Peire Espessa, au-dessus des Brayal, il pourrait dater du 12e siècle.

- Le bourg fortifié de Petra Castellana, situé sur le col sous le Roc, semble dater du 12e siècle et du 13e siècle.

- Le site castral de Castillon bas était situé sur un promontoire rocheux au sud du village.

- A Castillon supérieur, une fortification du 12e siècle était construite sur l'épaulement situé à l'est de Blaron, où est aujourd'hui aménagé un point de vue sur le lac.

- Le site castral de Chasteuil est situé sur un promontoire rocheux situé au nord du village, au lieu-dit Vieux Chasteuil. Les vestiges d'une tour rectangulaire se trouvent en contre-bas du village actuel, (au sud du parking, au lieu-dit cadastral Serre du Pigeonnier). La tour possède des pierres de chaînage à bossages et pourrait dater du 13e siècle ou du 14e siècle.

- Le site castral de Eoulx est situé sur un l'arête rocheuse dominant le village au nord : des vestiges d'élévations sont encore bien visibles. La chapelle Saint-Pons était l'église paroissiale. Au tout début du 16e siècle, un contrat de mariage est encore passé dans "l'ancien château". L’implantation de l’actuel château d’Eoulx date de la fin du 17e siècle.

- Le site castral de Robion est situé sous la barre rocheuse dominant le village, au pied de la chapelle troglodyte Saint-Trophime. Un site défensif du 12e siècle, possédant des aménagements en pierre sèche, a été localisé à proximité de la ferme ruinée dite la Bastie, il permettait de surveiller l'ancien chemin de Castellane à Trigance.

- Le site castral de Taloire est situé sur le sommet de la montagne au nord du village : les vestiges d'un bâtiment de plan carré, construit en pierre sèche, y sont bien visibles. La chapelle Saint-Etienne implantée juste en contrebas était l'église castrale. L'emplacement actuel du village sur l'éperon rocheux, avec ses fortifications, date probablement du début du 15e siècle. Il est en tout cas mentionné au 16e siècle, avec son château.

- Le château de Soleils est un arrière-fief constitué en 1670 par démembrement de la seigneurie de Taloire.

- Au sud-est du château de Soleils se trouve le site castral du Rocher de la Forteresse, aménagé en 1189.

- Deux sites castraux sont localisés sur le terroir de Villars-Brandis. Au lieu-dit "Peire Espessa" sur la carte IGN, des aménagements fortifiés en pierre sèche ont été repérés.

- Le site castral de Brandis se situe sur l'éperon rocheux situé sous le village, où se trouve encore l'ancienne église castrale Saint-Jean. Des restes de constructions en pierre sèche sont encore visibles au pied de l'éperon, côté nord. La chapelle Saint-Jean n'existe pas encore en 1278.

Ecart d'Eoulx, ancien chef-lieu de commune : vue d'ensemble prise de l'ouest.Ecart d'Eoulx, ancien chef-lieu de commune : vue d'ensemble prise de l'ouest. Les ruines de Petra Castellana à Castellane.Les ruines de Petra Castellana à Castellane.

2) les agglomérations, l’habitat

a) ancienne commune de Castellane

L’ancienne commune de Castellane se distingue par une organisation particulière de son terroir en plusieurs quartiers possédant chacun un hameau ou des écarts. Ces quartiers forment souvent des entités topographiques et possèdent parfois une économie agricole spécifique qui lui est propre.

La carte de Cassini indique que les quartiers de Brayal, Brans, Chamateuil, Rayaup, La Lagnère (La Lagne), Angles, Les Coulous (L'Escoulaou), la Mélaou, La Palud, Roure (Rouret), Cheiron, La Baume, Sionne sont déjà exploités par des installations agricoles.

D’après le plan cadastral de 1834, l'organisation du territoire était la même que celle observable aujourd'hui, même si quelques opérations de remembrement parcellaire agricole ont été réalisées. En revanche, sa comparaison avec le plan cadastral de 1983 montre de façon frappante qu'un grand nombre d'entrepôts agricoles et de fermes isolées ont été abandonnés et sont ruinés.

Analyse des « quartiers » :

Le village de Castellane : voir le dossier « village de Castellane »

Le hameau de La Baume est construit au pied d'une barre rocheuse. Il est organisé en deux écarts très peu éloignés : "le Puy" et "la Place". Les rues, qui sont parallèles aux courbes de niveaux, sont bordées d'îlots de bâtiments mitoyens adossés à la pente. Un quartier d'entrepôts agricoles se trouve à l'entrée ouest du hameau. L'aire de battage est aménagée à l'angle nord-ouest du hameau, elle est plantée d'un grand noyer. Le hameau possède une église, un cimetière, un four à pain et une ancienne école. L'ancienne église, ainsi qu'un îlot de bâtiments se sont effondrés dans le ravin situé à l'est, dans les années 1780. Des micro-jardins étaient installés en terrasses entre le hameau et la barre rocheuse ; une place ("place du Soulié") était aménagée au pied même de la falaise, où se déroulait la vie collective des habitants. Des cabanes et des abris en pierre sèche ont été construit sur le versant dominant le village, dans des zones de pâturage extensif.

La plaine du Cheiron est traversée par le torrent sec éponyme. Quelques fermes dispersées y pratiquaient une agriculture extensive et de l'élevage ovin. Deux villages provisoires y furent installés dans les années 1945-1950, lors de la construction du barrage de Castillon-Demandolx. Un centre de loisir (aujourd'hui ruiné) y fut installé dans les années 1960-1970.

Castellane. Lotissements de la plaine de Cheiron. Vue prise du nord.Castellane. Lotissements de la plaine de Cheiron. Vue prise du nord. Castellane. Le Plan de la Palud et la montagne de l'Aup. Vue prise du sud.Castellane. Le Plan de la Palud et la montagne de l'Aup. Vue prise du sud.

Le quartier de Saint-Pierre et des Gorges se situe sur l'échine rocheuse qui sépare la plaine du Cheiron du Plan de la Palud. De nombreuses cabanes et abris en pierre sèche, ainsi que de grands pierriers y ont été aménagés.

Le Plan de la Palud est occupé par une vingtaine de fermes isolées qui sont pour la plupart construites sur la rupture de pente entre le versant et la dépression. Elles sont composées de bâtiments accolés et/ou disjoints, souvent adossé à la pente, avoir parfois une maison de maître. Au centre de la dépression, des petits entrepôts agricoles isolés sont construit au bord des parcelles, lesquelles sont organisées par un système de canaux d'irrigation et d'arrosage.

Le Hameau de La Palud est construit du côté nord-ouest du Plan de la Palud. Il est organisé en deux écarts peu éloignés : La Palud "basse" et "haute". La Palud "basse" est constituée d'un îlot compact de bâtiments mitoyens. La Palud "haute" est organisé en rues, parallèles aux courbes de niveau et bordées d'îlots de bâtiments mitoyens, adossés à la pente. Ce hameau possède une église et un cimetière, ainsi qu'une ancienne école. Chaque écart possède son propre four à pain.

Le quartier de Rouret est situé sur le versant au-dessus du hameau de La Palud. De nombreux entrepôts agricoles et quelques fermes isolées y sont construits. Ce quartier était le quartier d'été des habitants du hameau de La Palud, qui ne possédaient pas les terres du Plan de la Palud.

Le quartier de l'Escoulaou est occupé par de nombreuses fermes isolées, à bâtiments accolés et/ou disjoints souvent adossés à la pente.

Le quartier de Sionne est situé en contrebas du Col des Lèques. Il est organisé en deux écarts peu éloignés : Sionne et Sionne-des-Cadets. Ces deux écarts sont constitués d'îlots compacts de bâtiments mitoyens et de quelques bâtiments isolés. Chacun de ces écarts possédait un four à pain. Quelques fermes isolées sont situées entre ce quartier et le Plan de la Palud, notamment la ferme dite "la Bastide du Couvent".

Le quartier du Vit était composé d'un petit écart de bâtiments mitoyens, adossés à la pente. Ce quartier est totalement abandonné en 2007.

Le quartier de la Mélaou est une zone de cultures sèches en terrasses, bâtie de nombreux petits entrepôts agricoles à logis saisonnier, isolés et adossés à la pente, et de quelques fermes à bâtiments accolés.

Le quartier de La Colle est constitué d'un écart organisé en îlots compacts de bâtiments mitoyens, et de quelques entrepôts agricoles isolés. Une chapelle est située à proximité de cet écart.

Le quartier de Brayal est composé de quatre écarts : Brayal-Rouvier, Brayal-Gélat (ruiné), Brayal-Périer et le Haut-Brayal. Chacun de ces écarts est organisé en îlots compacts de bâtiments mitoyens, adossés à la pente. Une école était construite à Brayal-Rouvier. Quelques fermes isolées à bâtiments accolés et/ou disjoints sont construites aux alentours.

Le quartier de la Colle Blanche et de Brans, qui se situe en rive droite du Verdon en aval de La Colle, est occupé par des fermes isolées (toutes ruinées), dispersées le long de l'ancienne route de Castellane à Draguignan.

Les quartiers de Chamateuil et de Saint-Lazare, situés en rive gauche du Verdon en face du bourg de Castellane et du Plan de la Palud, étaient occupés par quelques fermes et entrepôts agricoles isolés.

Le quartier de la Campagne de Rayaup, est occupé par deux fermes isolées et des entrepôts agricoles.

Le Plan des Listes et le Plan de Notre-Dame sont occupés par de nombreux petits entrepôts agricoles à un niveau, dont les façades portent souvent des décors peints. Quelques fermes, possédant souvent une maison de maître, sont bâties sur la rupture de pente entre les versants et le Plan. Canaux d'irrigation et de drainage du Plan des Listes à Castellane. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.Canaux d'irrigation et de drainage du Plan des Listes à Castellane. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.

Le quartier du Serre est une zone de cultures sèches en terrasses, et notamment de vignoble et de vergers d'amandiers. Il est occupé par de nombreux entrepôts agricoles, adossés à la pente, bâtis en maçonnerie ou en pierre sèche.

Le quartier d'Angles est une zone de cultures sèches en terrasses. Il est occupé par de nombreuses fermes et entrepôts agricoles isolés, adossés à la pente. Quelques abris en pierre sèche s'y trouvent également. Une petite chapelle Sainte-Victoire y est construite.

Le quartier de La Lagne comporte un écart, le hameau de La Lagne, qui est constitué de deux îlots de bâtiments mitoyens, adossés à la pente. De nombreuses fermes et entrepôts agricoles isolés sont construits dans la dépression et sur le bas des pentes. Une grosse ferme, appelée "Château de La Lagne", se trouve en contre-haut de l'écart. Elle a été construite à la fin du 19e siècle. Une chapelle Saint-Roch est construite au bord de l'ancien chemin de La Lagne à Castellane.

Le quartier de Chaudanne est un lotissement des années 1940-1950, destiné à loger le personnel travaillant sur le chantier du barrage.

Castellane. Vue de situation de l'écart de la Lagne prise du nord-ouest.Castellane. Vue de situation de l'écart de la Lagne prise du nord-ouest.

Evolution de l'organisation du bâti en 2007

Les quartiers agricoles de Rouret, Saint-Pierre et les Gorges, Le Vit, La Mélaou, Le Serre, Angles, Chamateuil et la Campagne de Rayaup sont abandonnés.

Le Plan des Listes est devenu un quartier résidentiel avec des constructions pavillonnaires et des lotissements concertés.

Le quartier de la Cébière est occupé en partie par un lotissement. Un supermarché et un négoce de matériaux y sont installés.

Quelques maisons pavillonnaires ont été construites aux abords des hameaux de La Palud, de La Baume, La Colle et de Sionne.

Deux lotissements résidentiels à vocation estivale sont en cours de construction dans la Plaine de Cheiron.

Des grands campings sont aménagés au Plan des Listes, au Plan de Notre-Dame, au Plan de La Palud, à La Baume et à La Colle.

La rive gauche du Verdon en aval du barrage de Chaudanne est une zone d'activités économiques et artisanales.

Le complexe fermé du Mandarom, situé à côté du hameau de La Baume, abrite de nombreux bâtiments et monuments religieux peints de couleurs vives.

b) le territoire des anciennes communes absorbées

La carte de Cassini (1780-1782) met en évidence un bâti organisé en :

- villages de taille modeste, le plus souvent pourvus d’églises ou de succursales : Castillon, Chasteuil, Eoulx, Robion,Taloire, Taulanne (succursale), Villars ;

- écarts : Coste Vieille, la Rivière, Codebrune (Eoulx), Petit-Robion (Robion), Soleils (Taloire), Taulanne-Haut, Taulanne-Bas, Brandis, Brandis-Bas (Villars-Brandis) ;

- plusieurs fermes isolées : la Tinade, Codegagne, le Plan, le Colombier, Rayaup (Eoulx), Abeille, Colombier, Padoux, Logis, Pré du Loup (Robion), Lèque, Lardoire (Taulanne) ;

- quelques moulins : moulin de Castillon sur le ravin des Clares, moulin d’Eoulx, moulin de Robion, moulin près de la clue de Saint-Pierre ;

- des chapelles isolées : Saint-Martin (Chasteuil), Saint-Pons (Eoulx), Saint-Trophime et Saint-Thyrs (Robion).

En outre un relais de poste est signalé près de la clue de Saint-Pierre, sous la mention Cabaret de Taulanne. En 1834, sur le plan cadastral, ce relais de poste est dénommé le Laugis.

Cette organisation ne semble pas avoir notamment évolué aux 19e et 20e siècles.

Le bâti est regroupé en hameaux de faible importance. Seule la présence d’églises, d’écoles désaffectées et d’anciennes mairies distinguent les anciens villages chef-lieu de commune.

Ces agglomérations s’organisent systématiquement en deux ou trois îlots de maisons mitoyennes, adossés à la pente et bordant des rues parallèles aux courbes de niveaux.

La présence de fours à pain collectifs dans les hameaux n’est pas exceptionnelle.

Plusieurs hameaux sont désertés et en ruines.

Le territoire possède encore plusieurs fermes isolées, le plus souvent à nombreux bâtiments accolés ou disjoints.

Dans certaines zones, la nature de l’économie agricole pratiquée au 19e siècle a favorisé la construction de nombreux entrepôts agricoles isolés maillant le terroir. C’est notamment le cas sur le terroir de Chasteuil au bord du Verdon, au quartier de l’Aoulé sur le terroir Taloire, sur celui de Taulanne, ou encore entre le Villars et les rives du Verdon.

Ecart de Brandis. Vue de situation prise du sud-ouest.Ecart de Brandis. Vue de situation prise du sud-ouest. Ecart de Blaron. Vue de situation prise du sud-ouest.Ecart de Blaron. Vue de situation prise du sud-ouest.

VI - Economie

1) Agriculture

De part la nature montagneuse du territoire, les parcelles cultivées sont très souvent organisées en terrasses construites avec des murs de soutènement en pierre sèche. Des rampes sont parfois aménagées entre deux niveaux de terrasse, plus rarement des escaliers volants à marches en encorbellement. Ces parcelles étant rarement desservies par un canal d'irrigation, on y cultivait des cultures sèches : blé, avoine, luzerne, haricot, pois-chiche, etc. La vigne était également cultivée aux endroits les mieux exposés. L'ancienne commune de Villars-Brandis était réputée pour ses vins. Effectivement, l'exposition du versant plein sud, ainsi que la position d'abri, donnée par les barres rocheuses au nord, créent un microclimat favorable au vignoble. Ainsi, les maisons du Villars et de Brans possédaient souvent une cuve à vin, voire un pressoir.

Les pierres issues de l'épierrage des parcelles étaient entassées en pierriers, mesurant parfois plusieurs mètres de longs ou de haut.

Les parties proches du Verdon,de même que les fonds de vallée des torrents, étaient cultivées en prés et cultures maraîchères, avec quelques vergers.

Les versants arides et les landes à buis étaient utilisés comme parcours pour les troupeaux, surtout caprins avant la seconde moitié du 19e siècle. La seconde moitié du 19e siècle a vu l'explosion de l'élevage ovin transhumant, qui existait depuis l'antiquité mais qui, du fait de la déprise agricole et de l'exode rural, a trouvé ici de grands territoires abandonnés par les cultures.

A la fin du 19e siècle, mais surtout après la 1918, la culture et le ramassage de la lavande ont pris une place notable dans l'économie locale, la proximité des parfumeurs de Grasse aidant… Ainsi, quelques grosses fermes se sont spécialisées dans cette culture. C'est le cas notamment de la Campagne de Rayaup. D'autres fermes, comme la Cébière, se sont essayé à d'autre cultures aromatiques (menthe…).

Certaines fermes possédaient des ruchers, installés sur des terrasses, aux limites entre zones agricoles et zones naturelles, ou aménagés à l'intérieur des bâtiments sous forme de ruches-placards.

Mais la principale richesse agricole de Castellane se trouve dans ses plaines cultivables. Castellane. Vergers à la Malouan. Verger de pommier et pré de fauche, pâturé à l'automne.Castellane. Vergers à la Malouan. Verger de pommier et pré de fauche, pâturé à l'automne. Castellane. Prés et vergers au Plan de la Palud.Castellane. Prés et vergers au Plan de la Palud.

Le Plan de la Palud est une ancienne dépression marécageuse, drainée sans doute dès le 15e siècle par un carroyage de canaux. Ces canaux de drainage se vident dans le ruisseau du Pesquier, dont le nom indique probablement une ancienne fonction de vivier à poissons. Les terrains situés sur de légères éminences sont est arrosés par des canaux d'irrigation qui suivent les courbes de niveaux. Ces canaux sont encore aujourd'hui gérés collectivement par un Syndicat d'Arrosage. Les cultures étaient principalement des prés de fauche, des vergers et de la culture maraîchère (pomme de terre, de rave, etc.). Les torrents qui descendent des versants bordant cette dépression ont été canalisés dans des lits artificiels surélevés, de manière à contenir les épanchements de galets et de gravier lors des crues. Les canaux d'irrigation franchissent parfois ces ravins surélevés par des conduites souterraines en pierre sèche.

Le Plan des Listes correspond à l'ancien lit d'épandage du Verdon, qui allait jusqu'au Plan de Notre-Dame. Au 16e siècle, une souscription est ouverte auprès des habitants de Castellane afin d'endiguer cet espace pour le fermer, de manière à ce que les crues du Verdon y déposent leurs sédiments mais pas les galets. Un système d'irrigation est organisé autour de canaux qui assurent l'arrosage en été et se chargent de drainer le surplus lors des pluies d'intersaison. L'espace agricole ainsi gagné a été partagé par des chemins parallèles puis redistribué aux souscripteurs sous forme de parcelles découpées en lanières. Les terrains étaient cultivés en pomme de terre, en betterave ou en carotte, des près de fauche étaient plantés de vergers de pommiers et de poiriers d'été (récoltés vers le 15 août), de pruniers et de cognassier.

Le quartier de la Lagne est une dépression irriguée par des canaux et mise en culture par des fermes dispersées. On y trouvait les mêmes cultures que précédemment, ainsi que des vergers. Certains mur de soutènement de terrasse, en pierre sèche, sont percés de niches en arc segmentaires servant de silos à légumes hivernaux.

Les vergers des plaines de Castellane ont longtemps contribués à la prospérité de la communauté : les variétés de pommes ("Rouge de Castellane"), de poires ("poire Curé" ou "poire longue") étaient vendues en contre-saison sur les marchés de Nice et de Grasse. Les prunes (notamment la variété rouge dite "pardigone"), après avoir été ébouillantées et pellées étaient mises à sécher dans les séchoirs sous les toits, accrochées à des "buissons" en vannerie tressée ou étalées sur des claies. Une fois séchées et tapées, elles étaient vendues sous le nom de "pistoles". Dans les années 1930, la production de coing était parfois vendue aux distilleries de Grasse.

En 2007, l'économie agricole est devenue très marginale : seules quelques fermes à Angles, à La Lagne , au Plan de la Palud, à l'Escoulaou, au Plan de Notre-Dame, sur la Plaine de Cheiron, à Blaron, à Chasteuil, Eoulx, au Serrayer, au Colombier, à Brans, continuent leurs activités agricoles. Quelques petites entreprises et artisans se sont installés à Chaudanne et au Plan de la Palud, mais l'essentiel de l'activité économique de Castellane est lié au tourisme : accueil en camping, hôtel, gîtes, restaurants, magasins, prestations de découvertes sportives dans les Gorges du Verdon, etc. L'activité des barrages hydroélectriques influe également sur la vie économique locale : des conventions sont passées entre E.D.F. et les prestataires touristiques afin de réguler le niveau d'eau du Verdon nécessaire aux activités sportives. En outre, le statut de Sous-Préfecture de Castellane conserve également à la cité une activité non négligeable de services publics et administratifs: école, collège, hôpital, gendarmerie, perception, etc.

2) Artisanat, fabrications pré industrielles

Le nom même de Castellane viendrait des deux anciennes salines qui se trouvaient, l'une au pied de la colline du Bouquet, l'autre au pied de la colline de Baume Fine (dite La Salaou). Ces sources salées ont été exploitées sans doute dès le Néolithique. D'importantes installations romaines sont également attestées. En 1314, la production annuelle est de 250 setiers de sel blanc. Du sel noir pour tanner les peaux est également produit. Dans la seconde moitié du 14e siècle, un procès précise que les habitants de Castellane et de l'ancienne baronnie sont obligés d'acheter le sel à cette saline, auprès du fermier de la gabelle, à un prix réglementé. En 1775, le prieur Laurensi indique qu'une seule source est encore visible, il précise qu'elle sort "d'une montagne de pierre molle" qui correspond en réalité à un important gisement de gypse.

Un document de 1639 indique qu’il existait alors cinq moulins appartenant à la communauté des habitants de Castellane. Deux à la Salaou (le texte dit la « salade »), un troisième qu’elle vient alors d’acquérir de « la Dame de Taloire », un quatrième acheté lui à un dénommé Jean Roux Cacheton et un quatrième, acheté à Jean Bourelli et Jeanne Féraud, situé à la Baume.

Pour la fin du 18e siècle, Achard mentionne l’existence de fabriques de cire et de chapeaux, de tanneries, de poteries, d’une « mine de plâtre » au hameau de Cossevieille à l’est d’Eoulx.

Une tuilerie existait près de Brans au 19e siècle. Située dans la commune de Castellane de l’époque (1834 D 2821), elle était la propriété de la famille Gastinet et disparut après 1885, peut-être remplacée par une autre tuilerie artisanale, située un peu plus à l’ouest, à Brans même, de la fin du 19e siècle jusqu’aux années 1920.

En 1834, il existait un moulin et un foulon ("foulerie") à Castillon, alimentés par une dérivation d'un affluent du Verdon.

Deux distilleries de lavande ont fonctionné près d’Eoulx des années 1920 aux années 1960, une autre près de Petit-Robion dans la première moitié du 20e siècle.

Il existait également deux draperies, à Notre-dame-du-Plan et près de la Salaou, ainsi que des foulons. Le bâtiment d’un de ces foulons existe encore à La Lagne. Dans le centre de Castellane, il existait des fabriques de bougies au 19e siècle.

A l'exception de Villars-Brandis, chaque ancienne commune possédait son moulin à farine au début du 19e siècle.

L'actuelle commune de Castellane correspond aux territoires de huit communes anciennes, rattachées à Castellane entre 1948 et 1973 : Castellane, Castillon, Chasteuil, Eoulx, Robion, Taloire, Taulanne et Villars-Brandis. L'installation humaine la plus ancienne est celle de l'oppidum ligure de Ducelia, localisé au-dessus du hameau de La Colle. Un autre oppidum semble avoir également existé au lieu-dit cadastral les Gorges, entre la plaine de Courchon et la dépression du Plan de la Palud. Un dolmen sépulture a été fouillé au-dessus du hameau de La Baume. Des sources salées, l'une au pied de la colline du Bouquet, l'autre au pied de la colline de Baume Fine (dite La Salaou), ont été exploitées sans doute dès le Néolithique. D'importantes installations romaines sont également attestées. Ces salines étaient encore exploitées au 18e siècle. Outre le site castral du Roc de Castellane, d'autres sites castraux ont été localisés. Au-dessus du barrage de Chaudanne, un éperon rocheux est aménagé avec notamment un escalier taillé dans le rocher et l'on y trouve de nombreux fragments de tuiles creuses et de tegulae. L'oppidum situé au lieu-dit les Gorges a pu être également un castrum : les vestiges de la chapelle Saint-Pierre y sont encore visibles. Un autre site castral a été identifié au lieu-dit Peire Espessa, au-dessus des Brayal. Le bourg fortifié de Petra Castellana, situé sur le col sous le Roc, semble dater du 12e siècle et du 13e siècle. En 1262, la baronnie de Castellane fut rattachée au comté de Provence. Castellane fut sous l'Ancien Régime un centre administratif secondaire. Siège d'un baillage puis d'une viguerie, la ville a accueilli à partir de 1639 une sénéchaussée. Depuis le 19e siècle, la ville est une sous-préfecture. Si la commune connaît un développement significatif jusqu'au 18e siècle, elle est tenue à l'écart des bouleversements de la révolution industrielle, et notamment du chemin de fer. Le maximum démographique est atteint en 1841 avec une population de 2252 habitants. Profondément marquée par le déclin consécutif à l'exode rural, la commune a amorcé un redressement avec le développement du tourisme à la fin du 20e siècle. Le dernier recensement indique néanmoins que la commune actuelle, beaucoup plus vaste qu'elle ne l'était au 19e siècle, compte moins de 1650 habitants.

L'ancienne commune de Castellane était limitrophe avec les anciennes communes de Courchon, de Taulanne, de Castillon, d'Eoulx, de Robion, de Taloire et de Villars-Brandis et les communes de Demandolx et de La Garde. L'altitude minimale est à 700 mètres au bord du Verdon ; l'altitude maximale est à 1670 mètres au sommet de l'Aup. Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne. Le régime hydrique est de type orageux. La neige est fréquente en hiver. Le sous-sol est de nature calcaire. On trouve localement des affleurements de gypse blanc ou rosé, parfois importants. Certains versants marneux sont stériles et profondément creusés par les ravins. L'ancien territoire communal est bordé et traversé par le Verdon. Il est marqué par un relief important, avec de forts dénivelés. Des torrents, souvent à hydrologie saisonnière, drainent les versants et alimentent le Verdon. De nombreuses sources et résurgence se situent au niveau des ruptures de pentes. Quatre plaines importantes sont remarquables : Plan des Listes et Plan de Notre-Dame, Plan de la Palud, la Lagne, plaine du Cheiron. La végétation naturelle est composée de forêts de pins sylvestres et de buis sur les ubacs et d'une végétation de maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets. Les pentes raides à l'adret offrent une végétation de lande à lavande et thym. Les fonds de ravin et les bords des cours d'eau sont occupés par une végétation de type ripisylve avec saules, peupliers, noisetiers, aulnes, etc. Au début du 20e siècle, la politique de Restauration des Terrains de Montagne des Eaux et Forêts a installé des forêts de pin noir ou de mélèze. Les pentes bien exposées ont été aménagées en terrasses de culture grâce à de très nombreux murs de soutènement. Les plaines et les dépressions ont été drainées pour permettre une mise en culture. Les sources ont souvent été captées et détournées dans des canaux d'irrigation. Afin de contenir les violentes crues d'intersaisons, les rives des torrents sont bordées de hautes digues en pierre sèche, localement appelées barricades. Castellane est depuis longtemps un carrefour commercial desservi par de nombreuses routes anciennes : route de Castellane à Draguignan, route de Castellane à Moustier, route royale de Lyon à Antibes (ex-R.N. 85, actuelle R.D. 4085)... Au 19e siècle, d'importants travaux (canalisations, digues, etc.) ont été réalisés afin de protéger cette voie des dégâts liés à l'érosion. En outre de très nombreux chemins communaux et vicinaux desservaient les quartiers habités et les zones agricoles. Le territoire rural de Castellane est organisé en plusieurs quartiers possédant chacun un hameau ou des écarts. Ces quartiers forment souvent des entités topographiques et possèdent parfois une économie agricole spécifique.

Documents d'archives

  • Copie de grosse concernant la vente d’une maison de Castellane. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 476.

    Le 8 avril 1829, par devant maître Jean Antoine Henri Feraud notaire de Castellane, Antoine et François Collomp, fils et père, vendent à la commune pour la somme de 600 francs, une maison du village qui confronte au nord la rue du Four, "... avec toutes ses dépendances, qui consistent en ce que l'on appelle dans l'idiome provençal un patec ...". La maison est destinée à abriter le presbytère.
  • Extrait du registre des délibérations du conseil municipal. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 385.

    Le 28 janvier 1911, le conseil décide de louer à l'Union robionnaise, pour deux ans et le prix de 15 francs, "... la pièce située au rez-de-chaussée y compris une écurie par derrière, côté nord, le tout compris dans l'édifice communal de Robion, confrontant du levant le corridor de l'ancien presbytère, couchant l'église ...".
  • Contrat entre le maire et Joseph Giraud, maçon d'Eoulx, pour la réparation du four. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 174.

    Le 12 novembre 1874, le maire d'Eoulx confie à Joseph Giraud, maçon de la commune, les travaux de réparation du four. Les travaux comprennent : la charpente puisque la commune entend fournir le bois pour "... poutres, chevrons et lambourdes ..." à charge à l'entrepreneur d'aller le chercher au Coulet ; la réfection des murs avec un mortier de chaux et sable pris dans les carrières de St Antoine ; la voûte faite en assises parallèles. Le plâtre proviendra des carrières d'Eoulx.
  • Extrait du registre des délibérations du conseil municipal d'Eoulx, école, 3 juillet 1887. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 174

    Le 13 mai 1860, "... Le conseil municipal considérant que quelques habitants vont prendre du plâtre dans les biens communaux au quartier de la Gypière délibère d'établir une taxe de vingt centimes par charge de plâtre du poids d'un quintal métrique sur les habitants qui feront usage en 1860 et les assujettit en outre à une déclaration qu'ils feront à la mairie avant l'extraction du dit produit communal...".
  • Expédition concernant une usine d’électricité à Castellane. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 86.

    Le 22 avril 1901, devant le notaire de Castellane Emile Broussard, Auguste Giraud, maître maçon, et Jean Baptiste Martel, négociant en bois, tous deux de Castellane, se constituent en société "... ayant pour objet l'établissement d'une usine d'électricité, son exploitation et la vente de tous produits en dérivant tels qu'éclairage, chauffage, force motrice et autres produits." La raison sociale prend le nom de "Giraud et Martel".
  • Estimation des biens et domaines appartenant au corps de la communauté de Castellane conformément au jugement rendu par le seigneur de Champigny, député par sa Majesté pour la vérification du paiement et des dettes dues par les communautés du dit pays. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 86.

    Le document est une transcription du 19e siècle d'un acte daté du 28 novembre 1639 décrivant les biens de la communauté des habitants de Castellane.
  • Documents concernant l'abattoir de Castellane. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 87.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    Tome 1 : Castellane 424-428 ; Castillon 430-431 ; Chasteuil 447-448 ; Eoulx 520. Tome 2 : Robion 286-287 ; Taloire 476-477
  • BARATIER, Edouard. La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris : S.E.V.P.E.N. , 1961, 255 p.

    p. 156-157
  • BENOIT, Fernand. Recueil des actes des comtes de Provence appartenant à la maison de Barcelone, Alphonse II et Raimond Bérenger V (1196-1245). Collection de textes pour servir à l'histoire de Provence. Monaco : Imprimerie de Monace ; Paris : A. Picard, 1925, 2 tomes, CCLXIX, 496 p.

    p. 102, 215, 221-222, 281, 317-318, 341, 351, 401, 404
  • BUCCIO, Vincent. DANTEC, Erwan. DEDONDER, Yann. Petra Castellana - une ville médiévale désertée. Cahiers archéologiques de Haute Provence n°1. 2020. Publication en ligne : <https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02538994v1>, lundi 27 avril 2020.

  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

    Castellane 443-463, ; Castillon 463 ; Chasteuil 470-471 ; Eoulx 468 ; Robion 468-469 ; Taloire 469 ; Taulanne 472 ; Villars-Brandis 471
  • GUERARD, Benjamin, DELISLE Léopold, De WAILLY Natalis. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. Collection des cartulaires de France, t. VIII, éditeur B. Guérard, Paris : Typographie de Ch. Lahure, 1857, 2 volumes, CLVI-651-945 p.

    Chartes n° 763, 768 à 777, 843, 844, 848
  • GRAS-BOURGUET. Antiquités de l'arrondissement de Castellane (Basses-Alpes). Digne : Repos, 1842, 314 p. : ill. ; 21 cm.

    p. 125 et sq.
  • LAURENSI, Joseph. Histoire de Castellane ou Connaissance exacte des changements survenus à cette ville des différentes parties qui la composent des lieux qui en dépendent des évènements qui la concernent par rapport au gouvernement ecclésiastique et séculier avec une suite chronologique et historique des évêques de Senez, 1775. - Castellane : Gauthier Imprimeur, 1898 (première édition : 1775), 555 p. : notes.

    Histoire de Castellane des origines à la fin du 18e siècle.

Documents figurés

  • Mairie de Castellane. Location de terrains communaux à Mme Ceccaldi née Goudet. Plan des lieux. / dessin sur papier ; échelle de 0,003 pm, 31 x 21 cm. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 85.

  • Département des Basses-Alpes. Commune de Castellane. Construction d'un abattoir public. Plan de la ville et de l'emplacement de l'abattoir. / Dessin sur papier par Caire ; échelle de 0m0004 pour 1m00, 42 x 46 cm. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 87.

    Le plan est dressé par l'agent-voyer de l'arrondissement de Castellane Caire le 20 mars 1862.
  • Vallée du Verdon - CASTELLANE - La place de l'église (altitude 720 m). / Carte postale, vers 1900.

  • [L'écart de Blaron vu du sud-ouest.] / Tirage photographique noir et blanc, vers 1920. Collection particulière.

Annexes

  • Mentions de Castellane dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille
  • Mentions de Castellane dans le Recueil des actes des comtes de Provence
  • Documents concernant la construction de l'abattoir de Castellane
  • Documents concernant les écoles primaires de Castellane
  • SYNTHESES SUR CHACUNE DES ANCIENNES COMMUNES REUNIES DANS LA COMMUNE ACTUELLE DE CASTELLANE
Date d'enquête 2007 ; Date(s) de rédaction 2007
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

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