Ecoles repérées
La Palud (1983 E4 901) ; la Baume (1983 A2 453) ; Brayal-Rouvier (1983 D4 1169) ; Chasteuil
Ecoles étudiées
Robion (1983 168A2 330 ; notice IA04000961) ; Taulanne (1983 215B1 08 ; notice IA04000948) ; Le Bourg de Castellane (1983 AB 45 ; notice IA04000887) ; Villars-Brandis (1983 I2 179 ; notice IA04000967)
I Historique
Dans la seconde moitié du 20e siècle, des regroupements de communes successifs ont abouti, à partir de huit anciennes communes, à la formation de l’actuelle commune de Castellane. Les hameaux de Castillon, Villars-Brandis, Eoulx, Chasteuil, Robion, Taloire, Taulanne étaient en effet des chefs-lieux de communes. C’est ce qui explique qu’ils se soient dotés d’une école au moment des lois scolaires de Jules Ferry. Par ailleurs, les hameaux de La Baume, du Brayal et de La Palud, qui ont toujours été des écarts de Castellane, ont eu une école parce qu’ils étaient trop éloignés du bourg de Castellane. L’ensemble des écoles a été dessiné par les ingénieurs du département. Tourniaire, le plus important, y a fait toute sa carrière, entre les années 1850 et les années 1890. Caire a lui aussi longtemps travaillé pour le département, au départ comme agent voyer (dans les années 1850 et 1860) puis comme architecte, à la fin des années 1870 et au début des années 1880. Bourdellon a, lui, été actif au tournant des 19e et 20e siècles.
Date projet | Date réception | Ingénieur concepteur | Ecole de filles/de garçons/mixte | Entrepreneur | |
La Baume | 1883 | 1887 | Tourniaire | mixte | Louis Isnard |
Le Bourg | 1881 | 1886 | Tourniaire | de filles | Honnorat Baptistin |
Brayal-Rouvier | 1883 | 1885 | Tourniaire | mixte | Louis Isnard |
La Palud | 1883 | 1886 | Tourniaire | mixte | Louis Isnard |
Robion | 1889 | 1893 | Blanc | mixte? | Simon Pierre |
Taulanne | 1900 | 1904 | Bourdelon | mixte | Zéphirin Philip |
Chasteuil | 1885 1903 | 1906 | Caire Bourdelon | mixte | François Chauvin |
Villars-Brandis | 1882 | 1885 | Caire | mixte | Auguste Giraud |
Remarques :
1. Les communes d’Eoulx et de Taloire n’ont pas construit de bâtiment spécifique pour abriter leur école communale. Elles ont préféré transformer une maison existante, en 1882-1884 à Taloire et en 1891 à Eoulx. Dès 1904, l’école d’Eoulx a été déménagée dans une partie du deuxième étage du château de ce village. C’est ce qui explique que ces écoles ne soient pas prises en compte pour ces tableaux.
2. La commune de Chasteuil avait envisagé la construction d’une école entre l’église et le presbytère. Le projet avait été dressé par Caire en 1858. Mais il ne vit jamais le jour. Un second projet, toujours conçu par Caire, fut mis au point en avril 1885. Il se montait à 6100 francs. Il ne fut pas immédiatement réalisé et fut modifié par l'architecte Bourdellon à Castellane le 19 juin 1903. La maison d'école fut projetée sur une parcelle vague à 20 m des maisons. Le rez-de-chaussée se composait d'une cour, d'un préau couvert, de deux cabinets d'aisance, d'une salle de classe et d'une salle de mairie. Un perron de deux marches en pierres de taille fut prévu sur la façade principale. Le premier étage comprenait une cuisine, une chambre à coucher, un salon et une dépense. L'encadrement de la porte principale était prévu en pierre de taille smillée. Les cheminées du salon et de la salle à manger furent construites à la rhumfort. Le sable provint du lit du Verdon ; la chaux des usines des Bons Enfants ; les pierres de taille et moellons des carrières des coteaux voisins ; le plâtre des fours de Rougon ou Castellane.
3. En 1861, la commune de Castillon disposait d’une école faisant également office de presbytère. Cette année-là, il fut envisagé de déménager l’école et le presbytère dans un autre bâtiment, la maison Rebuffel. Le projet fut dressé par Caire le 16 décembre. Il comportait un rez-de-chaussée et deux étages carrés. Il n’a cependant pas vu jour puisqu’un nouveau projet fut dessiné en juin 1865. La maison d'école devait se composer d'un rez-de-chaussée avec une salle d'école, d’un vestibule, d’un préau couvert et d’une cave, d’un premier étage comprenant une cuisine avec dépense, d’un cabinet de dépôt et deux chambres à coucher dont une avec alcôve. Les pierres, moellon comme pierre de taille, devaient provenir du ravin de Blaron. Il n’a pas été possible de déterminer si cette école a bien été construite. Elle aurait de toute façon été détruite lors de la disparition du village de Castillon en 1947-1949.
4. Au 19e siècle, l’école de garçons de Castellane se trouvait dans l’ancien couvent des Augustins. La commune de Castellane a envisagé en 1913 de construire un bâtiment neuf pour servir d’école de garçons. Ce projet n’a jamais abouti et c’est finalement l’école de filles qui a été agrandie, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Elévation sud de l'école de Castellane.
II Morphologie
Nombre de Bâtiments | Nombre de salles de classe | Etages | existence d'un logement | |
La Baume | 2 | 1 | 1 RDC et 1 étage de comble | oui |
Le Bourg | 1 | 2 | 1 RDC et 1 étage carré | oui |
Brayal-Rouvier | 2 | 1 | 1 RDC et 1 étage de comble | oui |
La Palud | 2 | 1 | 1 RDC et 1 étage de comble | oui |
Robion | 1 | 1 | 1 RDC et 1 étage carré | oui |
Taulanne | 1 | 1 | 1 RDC et 1 étage carré et 1 étage de comble | oui |
Chasteuil | 1 | 1 | 1 RDC et 1 étage carré | oui |
Villars-Brandis | 1 | 1 | 1 RDC et 1 étage carré | oui |
III Les trois écoles sœurs de la Palud, de la Baume et du Brayal-Rouvier
Historique
Le 30 novembre 1883, l'ingénieur Tourniaire réalise un devis de construction pour une maison d'école à La Palud. Il est décidé d'appliquer également ce projet aux hameaux de Brayal et de La Baume. Le modèle prévoit un logement pour l'instituteur et une salle de classe, séparés. Les salles de classes sont élevées au-dessus d'une cave voûtée en plein-cintre ; les planchers sont formés en chevrons de bois de pin ou de mélèze ; l'encadrement est prévu en pierre de taille. La provenance est également précisée : sable du lit du Verdon ; chaux des fours de Saint-Julien ; moellons des carrières du Rouret, du ravin de La Colle et des coteaux de La Baume ; plâtre des fours de Castellane. Cependant, ce projet semble être déjà une modification d'un projet antérieur plus ambitieux.
Effectivement, un plan à l'encre de Chine et lavis, non daté, montre un bâtiment unique en T, avec un jardin devant la façade et deux cours latérales avec chacune un préau et des latrines. Ce plan est surchargé au crayon par le dessin du projet décrit par Tourniaire. Le 20 novembre 1883, un rapport rédigé par l'inspecteur d'Académie à Digne donne des renseignements sur la population des hameaux où il est projeté de construire une école : La Baume, 24 élèves ; Brayal, 27 élèves ; La Palud, 36 élèves. Ce rapport précise également que l'emplacement projeté pour l'école de La Palud se trouve à 63 mètres du cimetière, celui prévu pour l'école de La Baume se trouvant à 4 mètres du cimetière.
Le 26 mai 1884, Louis Isnard, entrepreneur à Demandolx, s'engage à exécuter les travaux de construction des trois maisons d'école mixtes. Le 16 juillet 1886, l'ingénieur Tourniaire dresse un plan du hameau de La Baume qui modifie l'emplacement projeté de l'école, suite à une réclamation de la part de huit habitants de La Baume jugeant l'emplacement initial trop proche du cimetière.
La construction de ces bâtiments s'est étalée sur plusieurs années, ainsi l'école de Brayal-Rouvier porte le chronogramme de 1885, celle de La Palud porte le chronogramme de 1886, celle de La Baume porte le chronogramme de 1887. Il est intéressant de noter que la comparaison des bâtiments actuels avec le plan du projet, un croquis de la façade projetée et la description faite par Tourniaire montre de sensibles différences. En réalité, les maisons d'école construites sont un mélange du projet initial et du second projet redessiné. Le logement de l'instituteur séparé de la classe à été réalisé conformément au plan redessiné, mais il ne comporte que deux niveaux au lieu des trois prévus sur le dessin. Le bâtiment de la salle de classe, dont le projet redessiné prévoyait un bâtiment rectangulaire, a été construit en T, mélangeant ainsi les deux projets. Enfin, la cave voûtée prévue sous la salle de classe n'a manifestement pas été creusée.
En outre, si la physionomie des trois écoles est très proche, les mesures réalisées montrent que chacune possède une hauteur et une pente de toit différentes. Par ailleurs, les élévations du bâtiment de la salle de classe de l'école de Brayal-Rouvier montrent qu'il s'agit d'une extension d'un bâtiment pré-existant. L'école de La Palud a brûlé en 1952, elle a été fermée définitivement à la fin des années 1960 et elle est aujourd'hui transformée en appartements. L'école de La Baume est aujourd'hui transformée en gîte d'accueil. L'école de Brayal-Rouvier a brûlé dans les années 1990 et elle est aujourd'hui abandonnée.
Description
Ces maisons d'école se composent de deux bâtiments disjoints : celui du logement de l'instituteur et celui de la salle de classe.Axonometries et élévation (1) de la façade anterieure de l'école du Brayal-Rouvier et comparaisons avec l'école primaire de la Baume (2) et celle de la Palud (3).
Le bâtiment du logement est de plan rectangulaire, plus large que long, et il comporte un rez-de-chaussée et un étage de comble. Le rez-de-chaussée est occupé par un couloir central distribuant quatre pièces séparées par des cloisons en pans de bois et maçonnerie de carreaux de terre cuite montés sur chant, enduite au mortier de gypse.Plan d'ensemble et élévation anterieure de l'école du Brayal-Rouvier.
Ces cloisons reçoivent un badigeon de couleur rosée ou beige et des plinthes noires ou brunes. Le sol est un plancher. L'étage de comble devait être desservi par un escalier intérieur. L'ensemble est construit en moellons de calcaire maçonnés au mortier de chaux et de gypse, les chaînes d'angles sont en pierre de taille calcaire. Les élévations reçoivent un enduit lisse réalisé au mortier de chaux et de gypse.
L'élévation principale est percée au premier niveau d'une porte encadrée de deux fenêtres, au second niveau d'un oculus. L'encadrement de la porte est en pierre de taille calcaire chanfreinée, avec une plate-bande lisse (à La Palud, le linteau est monolithe) sur laquelle un cartouche sculpté en réserve est gravé d'un chronogramme ; la menuiserie de la porte est moulurée (au Brayal-Rouvier, elle est surmontée d’un châssis de tympan). Les fenêtres possèdent un encadrement en pierre de taille calcaire feuilluré, avec plate-bande lisse. Au Brayal-Rouvier, les menuiseries des fenêtres sont à deux vantaux de quatre grands carreaux chacun et l'ouverture des fenêtres est occultée par des contrevents à cadres fins et moulurés, en bois plein. Les élévations latérales sont percées chacune d'une fenêtre dont l'encadrement est en maçonnerie avec enduit de finition au mortier de gypse lissé et feuilluré, les linteaux sont en bois.
Le toit à longs pans est couvert en tuile plate mécanique (au Brayal-Rouvier, le fabricant est Pierre Sacoman - Saint-Henry - Marseille). L'avant-toit et la saillie de rive des pignons sont réalisés par deux rangs de génoises maçonnées.Elévation sud de l'école de la Baume.
Le bâtiment de la salle de classe possède un plan en T.
Il comporte un rez-de-chaussée et un étage de comble. Le rez-de-chaussée est occupé par un vestiaire qui distribue la salle de classe par deux portes. L'ensemble est construit en moellons de calcaire maçonnés au mortier de chaux et de gypse, les chaînes d'angles sont en pierre de taille calcaire.
Les élévations reçoivent un enduit lisse réalisé au mortier de chaux et de gypse. L'élévation principale est percée de deux portes ; les élévations latérales sont percées de trois fenêtres chacune ; le second niveau de l'élévation arrière est percée d'un oculus. Les encadrements sont en maçonnerie avec enduit de finition au mortier de gypse lissé et feuilluré, les linteaux sont en bois. Au Brayal-Rouvier, les menuiseries des fenêtres sont à deux vantaux de trois carreaux chacun, surmontés de deux vantaux à carreau unique et les ouvertures des fenêtres sont occultées par des contrevents à cadres fins et moulurés, en bois plein.
Le toit à longs pans est couvert en tuile plate mécanique. L'avant-toit est réalisé par deux rangs de génoises maçonnées ; la saillie de rive des pignons est traitée par un léger débord des tuiles de rive. Un abri couvert protégeait l'espace entre les deux bâtiments. Au Brayal-Rouvier, deux grands tilleuls sont plantés devant l'élévation principale.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.