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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme
  • Aires d'études
    Port-Saint-Louis-du-Rhône
  • Adresse
    • Commune : Port-Saint-Louis-du-Rhône

FERMES

Lieux-dits

Appellation

Repéré

Sélectionné

Type

La Campane

Mas Campane

X

A1

Bois François

Domaine de Bois-François

X

A1

L'Hôpital

L'Hôpital

X

A2d

L'Eysselle

Domaine de l'Eyssselle

X

A3

Barcarin

Grand Pelous

X

B1b

Rebatun

Le Village

X

B1b

La Campagne

Antonelle

X

B1b

Mazet

Mazet

X

B1b

Le Radeau

La Favouillane

X

B1b

Rebatun

Rebatun

X

B3b

Le Radeau

Le Radeau

X

B3b

Laget

Laget

X

C1b

Grand Passon

Grand Passon

X

C1b

Légende du tableau de repérage des mas.

Les différents types :

La typologie choisie est empruntée à celle de « FERME-PROVENCE », qui nous permet de classer l'ensemble des édifices étudiés sur des critères communs.

La typologie des « fermes» comprend trois grandes classes disjonctives :

A. Les domaines, qui se définissent par la présence d'une maison de maîtres, laquelle se distingue nettement de l'habitation des fermiers et des ouvriers agricoles.

B. Les exploitations agricoles qui comportent plusieurs logis de statut social équivalent.

C. Les petites exploitations agricoles avec un seul logis.

Ensuite, chaque classe est subdivisée suivant les caractéristiques des plans-masses. Les critères retenus ne sont pas identiques pour la classe A et les classes B et C ; ceux de la catégorie A sont liés à des statuts sociaux et sont disjonctifs ; ceux des classes B et C sont seulement morphologiques et peuvent se combiner.

La typologie utilisée est la suivante :

TYPE A : DOMAINE (présence d'une maison de maîtres)

1. Maison de maîtres séparée des bâtiments d'exploitation et/ou du logis des fermiers

2. Maison de maîtres mitoyenne avec les bâtiments d'exploitation et/ou des logis des fermiers.

- a. La maison de maîtres constitue un corps de bâtiment dans :

1- un plan en « L »

2- un plan en « U »

3- un plan autour d'une cour fermée

- b. La maison de maîtres constitue la face d'un bloc

- c. La maison de maîtres est située en bout d'alignement

- d. La maison de maîtres est située en milieu d'alignement

3. Maison de maîtres et logis des fermiers sous le même toit

TYPE B : PLUSIEURS LOGIS DE STATUT SOCIAL EQUIVALENT

1. Développement latéral

2. Développement en profondeur

3. Développement en « U »

4. Dispersion

Chacune de ces sous-catégories peut être affectée de l'un des deux descripteurs suivants:

- a. Un seul toit pour le logis et les bâtiments d'exploitation

- b. Plusieurs toits.

TYPE C : UN SEUL LOGIS

Ce type comporte les mêmes subdivisions que le type B.

Introduction

1. Définition

La dénomination « FERME » regroupe tous les bâtiments et ensembles de bâtiments qui pourraient porter l'appellation générique d'exploitation agricole. Cette définition implique la présence d'au moins un logis qui a pu être permanent et des parties agricoles mitoyennes ou non de l'habitation. La ferme se distingue des maisons rurales par l'importance des dépendances consacrées à l'outillage agricole, au bétail et aux récoltes.

Construction généralement simple, c'est la forme la plus traditionnelle de l'habitat dispersé. Cette forme est avant tout évolutive ; le volume initial s'agrandit lors d'implantation de nouvelles cultures, d'acquisition de nouvelles terres.

Dans le langage courant, c'est le terme de mas qui est utilisé, dans l'arrondissement d'Arles, pour décrire ces exploitations agricoles, tandis que celui de bastide est employé dans ceux d'Aix et Marseille.

2. Modalités du repérage

Toutes les exploitations agricoles de Port-Saint-Louis-du-Rhône, portées sur le cadastre, ont été repérées. Toutes les habitations n'ont pas fait l'objet d'un dossier individuel ; ont été choisies celles dont le plan-masse est et le plus riche.

La grande majorité des fermes ne sont plus, actuellement, en activité. Alors que certaines tombent en ruines, d'autres sont transformées en résidences principales ou en dépendances agricoles.

Sur les treize exploitations repérées, cinq ont été sélectionnées. Cependant, nombreuses sont les exploitations qui ont été modernisées afin de s'adapter aux modifications de la production locale ou transformées pour des raisons de confort.

I. Caractères historiques

Hormis leurs Commanderies à Arles et Saint-Gilles, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, succédant aux Templiers, acquièrent, tout au long du XIIIe siècle des possessions dans le territoire qui nous intéresse, appelé Plan-de-Bourg, alors sur la commune d'Arles.

Toute cette zone semble divisée entre différents propriétaires mais il est difficile de limiter ces domaines en raison de la nature du terroir quI forme une zone semi-marécageuse.

A la fin du 13e siècle, l'Ordre de Malte s'assure au sud-est d'Arles, entre Mas Thibert et Fos, un vaste ensemble de domaines réservés essentiellement à l'élevage et la production de céréales, bases de l'économie arlésienne.

Dans la 2e moitié du 16e siècle, certains domaines sont mis en culture annonçant ainsi le passage à une véritable agriculture. C'est de cette époque que datent les premières cabanes qui deviennent habitats permanents et bâtiments d'exploitation. La construction de ces habitats permanents élaborés, avec bâtiments d'exploitation, apparaît indispensables à cette époque où de nombreux domaines sont mis en culture.

Ces cabanes ont des murs d'adobe et des toits de saignes (roseaux), seuls matériaux locaux abondants, comme elles semblent apparaître sur le plan de 1623. Chaque domaine possède sa ou ses cabane(s) ; Ainsi peut-on voir les cabanes de M. Rebattu, celles situées sur les terroirs de la Favouillane, de Passon, de l'Eysselle ou les cabanes d'Antonelle, qui sont implantées là où existent actuellement les mas étudiés. Les cabanes, toutes en rez-de-chaussée couvertes de toit à longs-pans sont parfois représentées avec abside, comme celles situées sur le terroir d'Antonelle. Les édifices de plan allongé pourraient correspondre à des bergeries ; les bâtiments les plus petits couverts de toit en appentis représenteraient peut-être des fours ou pigeonniers. Le potager et les vergers sont aussi figurés. Certains mas apparaissent déjà sur le plan ; alors que certains ont disparu depuis, d'autres sont déjà édifiés, à savoir le mas Mandrin, qui porte le nom de son propriétaire.

C'est surtout au 17e siècle qu'apparaissent les premières fermes sur ce territoire. On peut penser que les troubles de la Guerre de Cent Ans suivis des guerres de religion ont certainement entraîné un ralentissement de la construction. Ces premiers bâtiments « en dur» comportent logis et dépendances agricoles. Les fermes les plus anciennes datent du 17e siècle (sur le territoire de Port-Saint-Louis-du-Rhône, une seule ferme est attestée) avec logis de maître, bergerie, étables et pigeonnier (cf. dossier individuel Port-Saint-Louis-du-Rhône, ferme, l'Hôpital, REF IA13000751). C'est à cette époque également qu'est édifié le premier mas de la Favouillane, aujourd'hui détruit (cf. dossier individuel Port-Saint-Louis-du-Rhône, ferme, la Favouillane, REF IA13000753) avec cabane, poulailler, enclos et four.

La plupart des fermes, encore existantes, sont construites au XVIIIe siècle, période de prospérité camarguaise (8/13 sur le territoire de Plan-de-Bourg). A cette époque, alors que certains domaines appartiennent à l'archevêché d'Arles (5/13), d'autres sont des propriétés de bourgeois et nobles locaux. C'est aussi à cette période que certaines propriétés sont données aux Hospices d'Arles, comme le mas d'Antonelle, le mas Village.

A la fin du 18e siècle, la carte de Cassini nous montre les mas édifiés précédemment (excepté le mas Campane daté du 18e siècle et qui a sans doute été omis).

Après la Révolution, certaines propriétés sont décrétées biens nationaux et sont vendues.

Les mas les plus récents sont construits au 19e siècle et au début du 20e siècle; il s'agit du mas Laget, du Radeau, de mas actuel de la Favouillane, de Bois François et du Mazet. Cette période conserve les mises en valeur traditionnelles, à savoir la culture des céréales et l'élevage. A la fin du 19e siècle apparaît la culture de la vigne qui apporte un nouvel atout, visible sur le bâti, tel que le mas du Radeau.

Parmi eux, nombreux sont ceux qui font l'objet d'agrandissements afin de s'adapter aux transformations agricoles (la culture du riz apparaît au 20e siècle) et au confort moderne. Certains domaines appartiennent à des sociétés agricoles, au Port Autonome de Marseille ou à des particuliers qui y résident à l'année.

II. Caractères architecturaux

1. Situation

Les fermes étudiées, isolées dans leurs terres, sont situées entre le Grand Rhône et le Canal de Navigation d'Arles au Port de Fos-sur-Mer, sur le territoire appelé Plan-du-Bourg. Elles sont toutes reliées au réseau routier par des chemins. La plupart des mas se raccordent sur le C.D. 35 reliant Port-Saint-Louis-du-Rhône à Arles. Seule la ferme du Mazet se trouve au sud est de Port-Saint-Louis-du-Rhône, sur la route de la Plage Napoléon.

Les rizières, les champs cultivés parsèment le territoire. Mais ce périmètre est surtout occupé par des étangs et marécages, dont la végétation est caractéristique (l'engane, sorte de steppe composée de saladelles et salicornes, de tamaris et de roseaux). Cette zone marécageuse et sablonneuse a de tout temps était une contrainte forte. L'instabilité naturelle de ce terroir au péril de l'eau, mouvant et en perpétuelle modification a entraîné, pendant des siècles, de nombreuses inondations dues aux rues dévastatrices du Rhône et aux pluies diluviennes. Certains témoignages montrent ces difficultés; nous savons, par exemple que le Domaine du Radeau a été, en 1801-1802 « ravagé par les orages, les débordements du Rhône et de la mer et ont emporté les terres et les semences, ont fait crouler les bâtiments, fait périr une grande quantité de bestiaux... 1».

Cette zone marécageuse, où les remontées de sel étaient fréquentes ont entraîné la construction de roubines, canaux de dessèchement, qui permettent l'irrigation des terres dès le XVIIe siècle2.

L'absence de matériaux locaux sur ce territoire entraîne le transport de pierres en provenance notamment des carrières de Fontvieille. Cette pierre poreuse, largement utilisée dès le XVIIe siècle est très friable et supporte mal l'humidité et le mistral qui érodent la pierre progressivement. La nuisance climatique principale étant le mistral, la protection contre ce vent du nord entraîne une disposition du bâti particulière.

2. Composition d'ensemble

Les fermes de Port-Saint-Louis-du-Rhône regroupent les fonctions d'habitation et les fonctions agricoles dans des bâtiments, parfois mitoyens, mais toujours distincts.

Nous ne trouvons pas de spécialisation de bâtiments, telle que l'on peut en rencontrer dans d'autres régions de France. Ce sont les cultures céréalières et les élevages traditionnels qui influencent les formes architecturales. Ainsi, lors de la plantation de vignes, on construit le nécessaire à la vinification sur certaines fermes (ex. Le Radeau). L'écurie et la bergerie sont des constantes sur de nombreux mas ; la sellerie, le pigeonnier, la porcherie apparaissent sur certaines fermes.

L'importance de ces bâtiments varie en fonction de l'importance de la propriété. Ainsi, sur les lieux de production et de stockage considérable, on peut noter la présence de vastes hangars, silos à grains, grandes caves, nombreuses bergeries (ex : domaine de l'Eysselle, Rebatun, Radeau).

Tout comme les bâtiments agricoles, les logis subissent des agrandissements et des modifications par adjonctions successives, au fur et à mesure des besoins.

Nous distinguons, dans cette étude, les fermes avec logement de maître, généralement ornementé et nettement distinct des autres bâtiments, que nous appelons « domaines » et les « mas de base » avec logis de métayers (sans maison de maître) et dépendances agricoles. En ce qui concerne les mas de base, dans le plupart des cas, le logis est mitoyen aux dépendances agricoles.

3. Matériaux et mise en oeuvre

a. Les murs

Le sol de la Camargue ne possède aucune pierre propre à la construction. Il est donc nécessaire de transporter la pierre de taille des carrières de Fontvieille, par le Rhône.

En ce qui concerne les Domaines, la maçonnerie est presque toujours entièrement montée en pierre de taille, à savoir murs de façade, murs de refends et même cheminées.

Les « mas de base » ont soit des murs entièrement en pierres de taille ou murs en moellons recouverts d'enduit avec chaînage d'angle en pierres de taille (Antonelle). Le rez-de-chaussée est généralement couvert d'un enduit extérieur, alors que l'étage laisse les pierres apparentes.

b. Les sols

Les bergeries, étables et écuries sont généralement en terre battue. Les sols des logis sont soit en dalle de pierres, soit recouverts de carreaux en terre cuite.

Les planchers sont en bois avec de grosses poutres équarries.

4. Elévations

La porte d'entrée ainsi que la majorité des ouvertures se trouvent en façade sud, autant pour les espaces d'habitations que les dépendances agricoles. Cette orientation visible sur toutes les fermes étudiées s'explique par la volonté de tourner le dos au vent du nord, le mistral, comme l'explique Lanéry d'Arc : « Il n'y a point de fenêtre du tout, ni au nord, ni au couchant, ni même au levant, car le froid entrerait par-là avec le vent du Nord, la bise, la montagnière et le mistral ; et il serait très difficile de s'en garantir d'autant, qu'en Provence, les fenêtres ferment toujours très mal... Voilà pourquoi, le plus souvent, il n'y a d'ouverture qu'au midi 3». En effet, les ouvertures sur les autres façades sont rares voire inexistantes. Ainsi, dans la plupart des fermes étudiées, c'est l'allongement d'est en ouest qui prévaut, qu'elle que soit l'organisation des bâtiments.

Cette façade sud est souvent plus ornementée ; un bandeau horizontal, des rangs de génoises, l'encadrement des baies, des cadrans solaires se trouvent toujours, quand ils existent, sur cette façade qui est la façade principale.

5. Couvrement et couverture

La couverture est le plus souvent à deux pentes ; il s'agit généralement du toit à longs-pans.

Quelques fermes ont un toit à une seule pente (toit en appentis du mas Antonelle), ou quatre pentes (croupe en couverture du mas Campane, toit en pavillon du mas de Bois François).

La couverture est généralement en tuiles creuses et en tuiles mécaniques pour les bâtiments les plus récents.

Les pièces peuvent être plafonnées ou voûtées. Les plafonds des étables et écuries sont en planches sur poutres et solives apparentes.

6. Distribution

La partie affectée à la vie de l'homme est plus réduite que les surfaces destinées aux animaux et aux bâtiments agricoles.

Les dépendances sont fréquemment occupées par la bergerie, l'écurie et la remise. La répartition des fonctions s'effectue de manière horizontale.

En ce qui concerne le logement de l'homme, le rez-de-chaussée est généralement occupé par les pièces à vivre, composées essentiellement de la cuisine avec cheminée en pierre et pile. L'étage est occupé par les chambres.

Quant aux Domaines, il semble que l'habitation serve à la fois de logement pour le maître et le bayle fermier, ce qui implique généralement la division du rez-de-chaussée en deux pièces à vivre, l'une pour le maître, l'autre pour le fermier, séparées par le couloir d'entrée. Au fond du couloir, un escalier de distribution intérieure souvent en équerre généralement en dalles de pierres) permet d'accéder aux chambres.

Aujourd'hui, il n'est plus possible de rencontrer des mas qui aient conservé leurs dispositions d'origine. Souvent, la pièce commune du rez-de-chaussée servant de cuisine a été maintenue mais la cheminée a été supprimée.

L'écurie, qui peut être mitoyenne à l'habitation ou séparée, comprend un niveau pour le logement des mulets et des chèvres. Dans le même bâtiment ou quelquefois séparé, se trouve la loge à cochons. A l'étage se trouve le fenil où l'on stocke le foin.

L'étable, quand elle existe, est généralement de dimensions plus importantes.

Le poulailler, peu fréquent (2 fermes/13), est soit mitoyen à l'habitation soit séparé.

La bergerie qui est un bâtiment en rez-de-chaussée se développe sur la longueur ; elle est toujours séparée et souvent éloignée de l'habitation et des autres dépendances agricoles.

III. Note de synthèse

Sur la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône on note 3 types d'habitat (cf. tableau de repérage des mas).

1. Les domaines (présence d'une maison de maître) : type A

Sur ce territoire, les domaines sont peu nombreux ; on note 4 exemples sur la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône.

Sur les domaines étudiés, deux logements de maître sont séparés de la fonction rurale. Deux domaines témoignent de l'intégration du logement de maître au volume général. Il s'agit du mas de l'Hôpital dont le logis est mitoyen à l'écurie et du domaine de l'Eysselle avec logement de maître et logis des fermiers sous le même toit. Il y a donc bloc entre les deux activités et non séparation. Alors que pour les mas Campane et le domaine de Bois François le logement de maître est séparé de l'exploitation agricole, les maisons de maître du mas de l'Hôpital et du domaine de I'Eysselle sont mitoyennes aux dépendances agricoles.

Le logement de maître qui s'élève sur un étage carré, nettement distinct de l'espace agricole, est particulièrement décoré et remis au goût du jour au cours des siècles avec traitement soigné de la pierre dans les moulures, des corniches ou génoises sur la façade sud, bandeaux horizontaux, inclusion de briques formant des motifs décoratifs, comme la maison de maître de Bois François, échauguettes sur culs-de-lampe et pigeonnier au mas de l'Hôpital, cadran solaire au domaine de l'Eysselle. Toutes en pierres, elles possèdent des toits à quatre pentes (croupe ou pavillon en couverture) ou à 2 pentes (toit à longs pans pour le mas de l'Hôpital et le domaine de l'Eysselle).

A part le mas Campane qui ne possède qu'une écurie et des hangars agricoles très récents, les autres mas possèdent de nombreux bâtiments agricoles mitoyens ; les volumes s'ajoutent les uns à côté des autres au fur et à mesure des besoins, déterminant ainsi un plan linéaire.

Les plans à cour fermée sont inexistants.

Cependant, les datations de ces domaines étant différentes, les formes et les fonctions architecturales sont variées.

Ainsi, les domaines de Bois François et de l'Eysselle, datés des 20e siècle et 18e siècle possèdent tous deux des logis de fermiers, mitoyens ou séparés, tandis que les mas Campane et l'Hôpital n'en possèdent pas.

2. Les mas composés de plusieurs logis de statut social différent : type B

Sur l'ensemble des fermes étudiées, les mas qui relèvent de ce type sont les plus nombreux (7/13). La plupart d'entre eux se développent de manière latérale avec toits différents pour les logis et les bâtiments d'exploitation. Deux seulement forment un plan en « U » ; il s'agit des mas Rebatun et du Radeau qui ont été très transformés au cours des siècles par l'ajout de nombreux hangars, remises et bergeries formant ainsi des ailes orthogonales.

Ce dispositif témoigne d'agencements très récents sur de grandes exploitations agricoles. Au mas Rebatun, les nouveaux bâtiments agricoles de l'exploitation font face aux logis et reprennent leur parti de plan en « L ».

Tous ces bâtiments sont en pierre.

La plupart datent du 18e siècle. Seuls les mas du Radeau et le mas du Mazet sont plus tardifs. Les édifices les plus récents sont en maçonnerie recouverts d'enduit, comme les cuvages4 du domaine du Radeau. Les logements forment des plans rectangulaires généralement très allongés qui s'élèvent sur un étage carré.

La forme longitudinale des bâtiments explique le type du toit, généralement le toit à longs-pans, excepté le mas Antonelle dont le toit en appentis a été refait au 19e siècle. La plupart des toits sont couverts de tuiles creuses mécaniques.

Ces habitations ne possèdent qu'une décoration très sommaire qui se limite à des bandeaux horizontaux, des appuis de fenêtres, des génoises.

La plupart des bâtiments agricoles sont mitoyens, ce qui témoigne du caractère exclusivement rural de la propriété. Seules les bergeries sont toujours séparées de l'exploitation ; l'écurie peut l'être parfois, comme au mas Antonelle.

3. Les mas avec un seul logis : type C

Ces mas sont au nombre de deux ; il s'agit du mas du Grand Passon et du mas Laget dont la couverture du logis est écroulée.

Pour ces deux mas, les bâtiments sont tous mitoyens, excepté, là aussi, la bergerie qui est séparée pour le mas du Grand Passon et aujourd'hui détruite au mas Laget.

Tous ces édifices accolés les uns aux autres se développent de manière latérale, d'est en ouest. Pour ces exploitations, le logis avec étage carré est mitoyen à l'écurie.

Au mas Laget, le four à pain aujourd'hui détruit est en bout d'alignement, accolé à la face nord-ouest du logis que jouxte la sellerie.

Etant donné l'état très dégradé du logis originel, une maison est construite au 20e siècle permettant à l'exploitant d'y séjourner.

Le mas du Grand Passon possède le seul exemple de cadran solaire visible sur la façade sud de l'écurie. Ce bâtiment est en blocage de pierres et pierres de taille apparentes au 1er étage avec génoises en façade sud qui courent également sur le logis.

Ces édifices en pierres de taille ont tous un toit à longs-pans, couvert de tuiles creuses.

4. Les espaces agricoles consacrés au bétail

a. La bergerie

La plupart des mas comportent une bergerie. Celle-ci se trouve toujours isolée des autres bâtiments. Toutes possèdent une porte charretière sur le mur-pignon assez large et haute pour permettre aux charrettes d'entrer et de charger le fumier. La ventilation étant nécessaire afin d'éliminer le gaz carbonique et assurer l'aération du bâtiment, des petites ouvertures sont placées sur les façades ouest ou nord.

La majorité des bergeries sont semi-permanentes et devaient être, à l'origine, de simples abris. La bergerie du mas de la Favouillane nous en donne un bon exemple avec le long toit en roseaux (sagne), terminé côté nord par une abside afin d'éviter la prise au vent.

Dans la plupart des bergeries, devant la fragilité du sagne emporté par le vent et très facilement inflammable, la couverture est remplacée par un toit en tuiles plates mécaniques. L'abside est donc supprimée, à cause de l'impossibilité de couvrir cette forme arrondie avec ce type de matériau.

a. L'écurie

L'écurie abritait souvent les mulets, les ânes, les chèvres, quelquefois les boeufs et les moutons. L'entrée principale, formée d'une porte surmontée généralement d'arc en plein-cintre se trouve toujours sur la façade sud en mur-pignon.

Toutes en pierres, elles présentent souvent un chaînage d'angle en pierres de taille. Leur charpente en bois est supportée par des poteaux centraux. Les petites ouvertures sont visibles à l'ouest et au nord des bâtiments.

Fréquentes sur les exploitations étudiées, elles sont souvent mitoyennes aux bâtiments agricoles et aux logements. Toutes en pierre de taille, elles comportent des baies fenières au-dessus de la porte charretière, permettant ainsi de stocker le foin. Un escalier rudimentaire permet d'accéder intérieurement à l'étage. Cet étage sert aussi fréquemment de logement pour les ouvriers agricoles.

C'est pour cette raison que l'on trouve de nombreux graffitis à l'étage et parfois sur les piédroits de la baie fenière (cf. dossier individuel Port-Saint-Louis-du-Rhône, ferme, la Campane, REF IA13000752).

Les mangeoires et les râteliers sont presque tous conservés.

L'espace réservé à la sellerie se trouve soit à l'intérieur du bâtiment, dans la plupart des fermes étudiées, soit accolé à l'écurie.

La loge du cochon est souvent formée d'un petit enclos avec mangeoire séparée qui se trouve à l'intérieur de l'écurie.

5. L'alimentation en eau

De nombreuses fermes possèdent un puits, qui est le mode de captage de l'eau le plus utilisé dans l'habitat rural. Le puits ouvert est généralement placé devant la façade sud. Associée au puits, l'auge abreuvoir pour les animaux, taillée dans un bloc de pierre monolithe est encore visible sur de nombreuses exploitations. Une noria est encore conservée au mas du Grand Pelous, permettant d'élever l'eau du puits ; un engrenage, tiré par un âne ou un mulet faisait tourner une chaîne dont les godets montaient l'eau et la déversaient dans une auge.

Au mas Campane, une citerne permet de récupérer les eaux de ruissellement de la toiture. Construit dans un bloc de pierres de 10m/2m, elle est recouverte intérieurement d'un ciment imperméable (cf. dossier individuel Port-Saint-Louis-du-Rhône, ferme, la Campane, REF IA13000752).

1A.D.-Bouches-du-Rhône, 1 Q 165. Lettre des fermiers André et Roccas à Jean-Mathieu Ribière au sujet des dévastes causés par les débordements du Rhône et de la mer, 1803.2A.C. Arles : DD 95. Procuration passée entre les particuliers du Peloux en faveur de Pierre Dantonnelle, écuyer, et d'Antoine Mandrin au sujet de la construction d'une roubine, 8 septembre 1610. A.C. Arles : II B7 21. Règlement des travaux de récurage de la roubine entre les propriétaires des Mas du Radeau, du Village, de Rebatun, 1750.3LANERY D'ARC P., Maisons-types de Provence, Comité des travaux historiques Sciences économiques, Angers, 1984.4Cuvage : local où est effectué le fermentation du moût du raisin dans les cuves (définition du Thésaurus de l'architecture).

Les 1ères fermes apparaissent au 17e siècle ; la plupart des habitations datent du 18e siècle ; les fermes les plus récentes sont construites au début du 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 17e siècle
    • Principale : 1er quart 20e siècle

Les fermes, qui abritent les fonctions agricoles et d'habitation sont divisées en 2 groupes : le domaine avec logement de maître nettement distinct des autres bâtiments agricoles et le mas de base avec logis de métayers et dépendances agricoles.

  • Typologies
    domaine avec maison de maître séparée des bâtiments d'exploitation et/ou du logis des fermiers (type A1) ; domaine avec maison de maître mitoyenne avec les bâtiments d'exploitation et/ou des logis des fermiers, maison de maître située en milieu d'alignement (type A2d) ; maison de maître et logis des fermiers sous le même toit (type A3) ; mas composé de plusieurs logis de statut social différent, développement latéral, plusieurs toits pour le logis et les bâtiments d'exploitation (type B1b) ; mas composé de plusieurs logis de statut social différent, développement en U, plusieurs toits pour le logis et les bâtiments d'exploitation (type B3b) ; mas formé d'un seul logis, développement latéral, plusieurs toits pour le logis et les bâtiments d'exploitation (type C1b) .
  • Toits
    tuile plate mécanique, tuile creuse mécanique
  • Murs
    • pierre
    • béton
    • enduit
    • pierre de taille
    • maçonnerie
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 2 593
    • repérées 13
    • étudiées 5
  • Ecart. Vue détaillée de Plan-de-Bourg, avec champs cultivés, potagers, mas et cabanes, dont celle appartenant à M. Rebatu. Dessin aquarellé, 102 x 120 cm, 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 78.

Documents d'archives

  • Prélèvement en dimes de blé par l'archevêché d'Arles pour l'année 1712. 1712. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : III G 177.

  • Lettre des fermiers André et Roccas à Jean-Mathieu Ribière au sujet des dévastes causés par les débordements du Rhône et de la mer. 1803. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 Q 165.

  • Prélèvement en dimes de blé par l'archevêché d'Arles pour l'année 1722. 1722. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : III G 177.

  • Procès-verbal d'évaluation des biens nationaux soumissionnés par la municipalité d'Arles. 1er novembre 1790. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 Q 461.

  • Lettre du directeur de l'Enregistrement et du Domaine National au sujet du mas du Village, 18 nivôse, an 8. 7 janvier 1800. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 Q 161.

  • Etat des biens de 1ère origine de la ville et du terroir d'Arles. 1790. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 Q 473.

  • Lettre du préfet aux fermiers du mas du Village, 26 ventôse an 12. 15 janvier 1804. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 Q 165.

  • Procuration passée entre les particuliers du Peloux en faveur de Pierre Dantonelle, écuyer, et d'Antoine Mandrin au sujet de la construction d'une roubine. 8 septembre 1610. Archives communales, Arles : DD 95.

  • Etat de l'arrentement des mas de Plan-de-Bourg. 17 novembre 1707. Archives communales, Arles : II B7 21.

  • Règlement des travaux de récurage de la roubine entre les propriétaires des mas du Radeau, du Village et de Rebatun. 1750. Archives communales, Arles : II B7 21.

  • Lettre du receveur de l'Enregistrement et des Domaines au préfet des Bouches-du-Rhône. 27 avril 1819. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 Q 167.

  • Fonds Veran. 1803. Bibliothèque communale, Arles : ms 857.

    Bibliothèque municipale, Arles : ms 857
  • Fonds Veran. 1750. Bibliothèque communale, Arles : ms 2220.

    Bibliothèque municipale, Arles : ms 2220

Bibliographie

  • MASSOT, Jean-Luc (dir.). Maisons rurales et vie paysanne en Provence : l'habitat en ordre dispersé. Ivry : Société d'Etudes et de Réalisations Graphiques (SERG), 1975, 401 p.

  • AMOURIC, Henri. La Favouillane. Histoire d'un grand domaine camarguais du XIIe siècle à nos jours. Port-Saint-Louis-du-Rhône : Office municipal de la culture, 1981.

  • STOUFF, Louis. Arles à la fin du Moyen Age. Aix-en-Provence : Université de Provence / Lille : Atelier national de reproduction des thèses, 1986, 2 vol., 1053 p.

  • CHARLES-ROUX, J., De FLANDREYSY, Jeanne, MELLIER, Etienne. Livre d'or de la Camargue. Paris : Lemerre, 1916.

  • SIMAR, Pierre. Mas de Camargue, lecture du bâti rural, permanence, évolution. Mémoire de maîtrise d'histoire, Aix-en-Provence, 1982.

  • LANERY d'ARC, P. Comité des travaux historiques, sciences économiques. Maisons-types de Provence. Angers : A. Burdin, 1894, 42 p.

Documents figurés

  • Ecart. Vue détaillée de Plan-de-Bourg, avec les cabanes situées sur le terroir de Passon. Dessin aquarellé, 102 x 120 cm, 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 78.

  • Ecart. Vue détaillée de Plan-de-Bourg, avec cabanes, vergers et potagers situés sur le terroir de la Porcelette. Dessin aquarellé, 102 x 120cm, 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 78.

  • Ecart. Vue du territoire de Plan-de-Bourg en janvier 1623. Dessin aquarellé, 102 x 120 cm, 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 78.

  • Ecart. Vue détaillée de Plan-de-Bourg, avec les cabanes à abside situées sur le terroir du Sieur D'Antonnelle. Dessin aquarellé, 102 x 120 cm, 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 78.

  • Ecart. Vue détaillée de Plan-de-Bourg, avec roubines, champs cultivés, vergers et cabanes du terroir de l'Eysselle. Dessin aquarellé, 102 x 120 cm, 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 78.

  • Ecart. Vue détaillée de Plan-de-Bourg, avec petit mas de Mandrin, situé au bord du Rhône. Dessin aquarellé, 102 x 120cm, 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 78.

  • Plan des propriétés de l'archevêque d'Arles et du sieur d'Antonelle. Dessin aquarellé. 25 janvier 1623. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : Fi 78.

  • Plan de la chaussée gauche du Rhône. 30 mars 1843. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 1378.

  • Carte périmétrale du syndicat des Chaussées du Plan-de-Bourg à Arles. 25 mars 1856. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 2891.

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Plan topographique et géométrique des communes d'Arles et des Saintes Maries. Réalisé par Guillaume Véran, architecte voyer, 1851. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : FI 2891.

Date d'enquête 2001 ; Date(s) de rédaction 2001
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