Dossier d’œuvre architecture IA83002144 | Réalisé par
batterie de 340 de Cépet
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Saint-Mandrier-sur-Mer
  • Lieu-dit Cépet, Cavalas, le Cannier
  • Dénominations
    batterie
  • Précision dénomination
    batterie casematée
  • Appellations
    batterie de 340
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

L'histoire de la batterie de 340 de Cépet propre ne commence qu'en 1928, les phases antérieures appartiennent à l'histoire du "fort" de Cépet, ouvrage construit en 1879-1881 et en 1891, et sont développées dans le dossier consacré à cet ouvrage. Il n'y a donc pas lieu de revenir ici sur cette histoire antérieure. Il est toutefois intéressant de préciser que la batterie de 340 est le troisième ouvrage en date occupant au sens large le site du cap Cépet, en portant le toponyme, et battant le large au sud, et que ces trois ouvrages, à commencer par une première batterie de côte établie en 1795 sur la pointe même du cap (aujourd'hui disparue mais évoquée dans l'historique du "fort"), se sont chaque fois déplacés plus en hauteur et en arrière du précédent, sur une étendue de plus en plus vaste. Quoiqu'il en soit, la mise en service du "fort" de Cépet, en 1881, n'a pas entraîné l'abandon complet ou la destruction de la petite batterie de 1795 qui avait été restructurée en 1850, comme la batterie de 340 n'a pas, en 1934, rendu complètement inutile le "fort". Les trois ouvrages ont donc coexisté après 1934, jouant chacun un rôle différent pendant la seconde guerre mondiale, le plus récent reprenant la mission de batterie de côte proprement dite, pour tirs à longue portée de calibre 340mm (d'où son appellation), le "fort" étant adapté à une batterie de D.C.A. (antiaérienne), et la première batterie de côte désaffectée accueillant un projecteur ou feu chercheur pour éclairer les directions de tir nocturnes de la batterie de 340.

Au lendemain de la première guerre mondiale, la marine envisage la refonte de la défense des côtes, dont elle a hérité en totalité à la fin de la guerre. Le premier programme, établi en 1920, prévoit d’associer des batteries fixes avec artillerie provenant de navires de guerre désarmés et des batteries mobiles sur voies ferrées. Le caractère instantané de l’engagement du combat incite cependant à privilégier les batteries fixes. Le programme est supposé s’étaler sur vingt ans. Des difficultés de financement amènent à revoir le programme en 1922 et en 1926. Dès 1923, une batterie de quatre grosses pièces de 340mm est prévue dans le secteur de Toulon-Hyères. Les emplacements pressentis étaient, d'ouest en est : La Cride, Cépet, Porquerolles (mont des Salins) et Cap Bénat, le second est choisi pour la batterie, tandis que La Cride et Porquerolles sont retenus pour des postes de direction de tir auxiliaires (P.D.A.) et distants de cette batterie. L’artillerie arrêtée pour la batterie est constituée par quatre tubes de calibre 340mm, modèle 1912, rayés à 6°, longs de 16m, pesant 66 tonnes, issus des fonderies de Ruelle et de Saint-Chamond, provenant de cuirassés du programme 1912 (Normandie et Béarn), dont la construction a été suspendue puis arrêtée. La portée de ces canons d'environ 40.000 mètres. Ils sont montés dans deux tourelles doubles, sur affût CT modèle 1924, fournies par l'entreprise Schneider et Cie. D’une masse de 163 tonnes, ces tourelles sont protégées par une épaisseur de cuirasse de 270mm sur le dessus et l’avant et de 140mm sur les côtés et l’arrière.

Batterie de Cépet. Plan de situation vers 1927.Batterie de Cépet. Plan de situation vers 1927. Après des reconnaissances de terrain sur les hauteurs de Cépet, à mi-distance et à mi-hauteur entre le "fort" de Cépet et celui de la Croix des Signaux, l’appel d’offres est lancé en octobre 1927. Les travaux, confiés à l’entreprise Ballot pour 27.500.000 francs, commencent en novembre 1928 1. Ils comprennent la construction de deux gros ouvrages bétonnés souterrains (le blindage et les canons de la tourelle seule étant émergents) séparés par une distance de 380m, destinés chacun à recevoir les tourelles, les magasin de stockage ou soutes, les casemates et locaux de service pour le personnel, sobrement nommés ouvrage C (ouest) et ouvrage F (est); à ces deux ouvrages actifs s'ajoute un poste central (PC, aussi nommé ouvrage D ) et poste de direction de tir (PDT, aussi nommé ouvrage E ) jointifs, à proximité est du "fort" de Cépet. Sont également construits un tunnel de 372m de long et 6,5m de large pour la desserte de la batterie, une galerie de liaison de 380m assurant les communications entre C et F, et les réseaux d’évacuation. La distance séparant les deux tourelles est trop importante pour qu'une force ennemie, navale ou aérienne, puisse cibler ses frappes sur l'ensemble de la batterie : cet espacement impose une attaque séparée de chaque ouvrage.

La mise en oeuvre des ouvrages de béton armé commence en février 1929, la réception des travaux a lieu en décembre de la même année pour l'ouvrage C et en mai 1930 pour l'ouvrage F. Le montage des tourelles a lieu entre avril 1930 et juin 1931. Le 15 décembre 1931 a lieu le premier essai de tir (projectile de 580kg, charge de combat de 150kg). Les tirs de recette ont lieu en avril 1933 2. L’intervalle moyen entre deux coups est de 40 à 50 secondes.

Parallèlement, vers 1930, le site de la Croix des Signaux, point culminant de la presqu'île surplombant directement la batterie neuve de Cépet, reçoit le PC du front de mer de Toulon et le PC de l’artillerie de côte. La batterie principale de la Croix des Signaux, face au sud, est remaniée : ses pièces de 240mm sont remplacées par quatre pièces de 164mm modèle 1893-96.

L'état de l'armement des batteries supervisées par le commandant de l'Artillerie de Côte de Toulon à la mobilisation générale de 1939 mentionne, pour la "batterie de Cépet", quatre canons de 340 mm modèle 1912, qui correspondent à l'armement de la batterie neuve, mais aussi deux pièces de 100 mm modèle 1897-17, qui peuvent correspondre à l'armement de la batterie de 1881, et un projecteur de 230 cm installé à la pointe de Rascas (site de l'ancienne batterie de côte de 1795 réorganisée vers 1850).

Le 24 décembre 1939, l'Amirauté française, jugeant une attaque ennemie des côtes de la Méditerranée improbable, en l'absence de sous-marins allemands et de menaces italiennes à court terme, décide de mettre en réserve ou en service réduit une partie des batteries de côte, alors classées en trois catégories : 1) Armées au complet guerre, ce qui suppose un service assuré de toutes les pièces, des soutes et de la conduite de tir, par des effectifs complets. 2) Armées, soit permettant le service d'une fraction importante du matériel avec conduite de tir simplifiée, par la moitié des effectifs de guerre. 3) En réserve, soit simplement gardiennées, avec effectifs inférieurs à 10% de ceux de guerre. De ce fait, en février 1940, la batterie de 340 de Cépet est la seule du secteur de Toulon / Hyères entrant dans la première catégorie, deux autres batteries de la presqu'île de Saint-Mandrier étant dans la seconde catégorie, à savoir celles de La Croix des Signaux et des Sablettes (batterie neuve du site de Saint-Elme) 3 .

Le 25 juin 1940, une convention d'armistice franco-italienne concernant la Méditerranée, précise que "Tant que dureront les hostilités entre l'Italie et l'Empire britannique, les places fortes militaires maritimes et les bases navales de Toulon, Bizerte, Ajaccio et Oran (Mers-el-Kébir) seront démilitarisées jusqu'à la cessation des hostilités contre ledit Empire. Cette démilitarisation devra être effectuée dans un délai de 15 jours et devra être telle que ces places fortes et bases soient rendues inutilisables au point de vue de leur capacité offensive-défensive". La Commission italienne d’Armistice fait savoir que les munitions des batteries côtières des zones démilitarisées des places fortes doivent être mises en dépôt dans les poudrières et que les culasses des pièces doivent être enlevées. Seul, le personnel indispensable à l'entretien des ouvrages peut être maintenu. Dès le 30 juin au soir, l'Amirauté française prescrit aux Préfets maritimes de Toulon et de Bizerte de préparer le désarmement des batteries de côte. Le 3 juillet 1940, à la suite de l'opération Catapult, menée contre la Marine française par les Britanniques, à Mers el-Kébir, l'Amirauté française ordonne d'arrêter les mesures de démilitarisation des places fortes et de reprendre toutes les dispositions d'avant l'Armistice. A cette date, aucun démontage de pièces n'a encore été effectué, et les batteries des Sablettes, de la Croix des Signaux, et de Cépet 340, ont leur effectif de combat. Le 1er septembre, faute d'une nouvelle attaque britannique, la commission italienne d'Armistice décide d'annuler les dérogations et exige la reprise immédiate du désarmement des batteries de côte. L'Amirauté française obtient toutefois de maintenir armées deux batteries de côte de moyen calibre dans chacun des ports de Toulon et d'Oran, en consentant à ce que toutes les autres batteries soient désarmées avant le 15 octobre. Sur le front de mer de Toulon, les batteries désignées pour rester armées sont La Croix des Signaux et Giens, mais l'Amirauté française met en avant la vulnérabilité de la flotte désarmée dans la rade de Toulon en cas de désarmement de la batterie la plus puissante, soit celle de Cépet 340 : elle est donc autorisée à maintenir cette batterie de gros calibre, en échange du désarmement de celle de La Croix des Signaux, de moyen calibre 4. Au début de 1941, la batterie de Cépet 340, qui était simplement "armée", l'est à nouveau "au complet guerre", et, en juillet 1942, sa défense rapprochée antiaérienne est assurée par quatre pièces de 25mm installées dans le "fort" de 1881. Toutes les autres batteries de Saint-Mandrier sont désarmées (culasses déposées), mais deux d'entre elles, La Croix des Signaux et Les Sablettes, sont réarmées en novembre 1942 par l'Amirauté française, dans le cadre de l'occupation allemande de la zone libre, aux termes d'accords avec Vichy, pour contrer un possible débarquement allié. En novembre 1942, la D.C.A. (Défense contre aéronefs) de Toulon est placée sous le commandement du Capitaine de Vaisseau Orlandini qui, pour défendre la ville, dispose alors de six batteries de chacune quatre pièces de 90 mm modèle 26-30 C.C.A. (côte contre avions) : l'une d'elles, la batterie n°11 du Lieutenant de Vaisseau Lasvigne, est établie au "fort de Cépet Haut".5

Le 27 novembre 1942, dans le cadre de l'opération Lila organisée par l'état-major allemand pour empêcher la flotte française de sortir de la rade de Toulon pour rejoindre les ports d'Afrique du nord, le Kampfgruppe A, (armée de 3000 hommes), chargé de se rendre maître du secteur ouest : La Seyne, fort Napoléon, Six-Fours et surtout Saint-Mandrier, prend pied dans la presqu'île à partir de 5 heures 10 du matin, en vue de récupérer les batteries et leur armement intacts. En réaction, le capitaine Orlandini, commandant de la D.C.A française, donne à 5heures 50 l'ordre d'exécuter immédiatement l'article 183 du registre de préparation au combat des batteries, c'est-à-dire la destruction des matériels, ce qui n'est pas exécuté pour la D.C.A du fort de Cépet. A "Cépet 340", le capitaine de corvette Staup, commandant la batterie, donne l'ordre de disposer les pétards dans les chambres à poudre, et de faire sauter avant l'arrivée des Panzergrenadiere en véhicules blindés. La tourelle C n'est que légèrement endommagée, a priori assez pour ne plus pouvoir tirer efficacement. Les deux pièces de la tourelle F sont fendues et donc inutilisables. Les matériels du P.D.T, et du P.C (ouvrages D et E) sont entièrement sabotés.6

Le 15 décembre, la prise en charge des batteries de côte du camp retranché de Toulon est confiée par l'état-major allemand au Commandement militaire maritime italien en France, occupation qui dure jusqu'au 8 septembre 1943. La remise en état des batteries n'est pas menée rapidement, du fait de la lenteur de transmission du programme aux Industries navales, en avril 1943. Ce programme comporte le remplacement des deux canons de 340 de la tourelle F de Cépet par deux canons du cuirassé Provence, ce qui nécessite l'intervention de la fonderie de Ruelle, pour adapter à ces tubes les bagues d'attache de Cépet, objet d'une commande passée seulement en août. Le 8 septembre 1943, suite au déclenchement de l'opération Achse, la batterie de Cépet est occupée par la 4./M.A.A.682 du Kapitanleutnant Ludwig Rubenbauer. La tourelle F est rebaptisée Turm Friedrich, la C Turm Cäsar ; les tubes endommagés de la première sont déposés en décembre 1943. Le premier canon de la Provence revient de Ruelle en janvier 1944, le second en février, les deux sont en place dans la Turm Friedrich à la fin de ce même mois, et les tirs d'essais commencent en avril.

Le 25 juillet 1944, le point d'appui codé Stp Tor 114 (ouvrage C) compte 2 officiers, 14 sous-officiers et 126 marins. Ses approches terrestres sont défendues par sept pièces légères dont deux canons antichars de 2,5 cm, la défense antiaérienne rapprochée de la Turm Cäsar étant assurée par deux pièces de 2,5 cm Flak Hotchkiss 38 (f) et une pièce de 3,7 cm Flak (f) ; à celà s'ajoutent deux projecteurs de 60 cm. Le Stp Tor 116 (ouvrage F) est occupé par 3 officiers, 28 officiers-mariniers et 113 soldats. Dix pièces légères défendent les approches terrestres de la Turm Friedrich, complétées par quatre pièces antiaériennes, dont une de 2,5 cm Flak Hotchkiss 38 (f) et trois de 3,7 cm Flak (f).

A l'approche de l'invasion du sud de la France, le personnel de la D.I.N. de Toulon projette le sabotage de la Turm Friedrich, ses tentatives du 12 août 1944 sont sans effet, mais le canon gauche de cette tourelle est mis hors de service pour d'autres raisons.

L'opération Dragoon, ou débarquement allié en Provence, déclenchée le 15 août 1944, est précédée d'une vague d'attaques aériennes des Küstenbatterien. Celles des 12, 13 et 14 août bombardent les batteries de la Cride, de Cépet et de La Croix des Signaux. Le 16 août, la batterie effectue des tirs côté terre sur les troupes alliées progressant vers Toulon, quatre coups sur Collobrières et quatre coups sur Puget-Ville. A 17h, la Turm Cäsar est mise hors de combat par une bombe d'avion de 2 000 livres l'immobilisant dans la direction de ses tirs contre la terre ; la pièce de gauche est atteinte, et le lendemain, les allemands sabotent celle de droite. La batterie de Cépet n'est plus active que par le canon droit de la Turm Friedrich. qui, entre l'après-midi du 16 août et le 26 au soir, effectue au moins 218 tirs, la plupart contre des bâtiments alliés qui s'éloignent en se protégeant d'un rideau de fumée. Durant cette même période de dix jours, la batterie subit le bombardement nourri de l'aviation et de la flotte alliées. A elles seules, les deux tourelles sont la cible de 809 bombes, soit 550 tonnes, et de 1 400 obus, soit 350 tonnes. Sur le nombre, trois bombes seulement vont au but, dont celle qui immobilise la Turm Cäsar le premier jour. La batterie se rend le 28 août, en même temps que l'ensemble de la garnison allemande de Saint-Mandrier.

En mars 1945, le premier rapport sur l'état de la batterie envisage une remise en état possible après la fin des hostilités. Un gardiennage est mis en place au début de 1946, accompagné de premiers travaux de conservation. Le principe d'une remise en service est proposé en juillet 1948, mais, neuf mois plus tard, le Vice Amiral Lambert, Préfet maritime de Toulon estime que le coût des travaux de remise en état serait hors de proportion avec l'intérêt militaire de l'ouvrage, dont seule l'infrastructure souterraine peut faire l'objet de travaux conservatoires. Ce programme n'est pas suffisamment cadré, et n'empêche pas dégradation et pillages nocturne des ouvrages. Cependant, en mars 1951, le Préfet maritime souhaite remettre la tourelle F en état de tir, installer un Centre de Renseignement et de Direction de Tir (C.R.D.T) dans le poste à calcul du P.C., et le poste de commandement du Secteur de Défense de Toulon dans l'ouvrage C. Pour ce faire, la tourelle C sabotée est enlevée de l'ouvrage qui la porte en décembre 1951. En août 1954, le projet de remise en état de la tourelle F est abandonné, et les autorités ordonnent son enlèvement ; l'ouvrage C n'est pas réaffecté à un poste de commandement, mais utilisé par la pyrotechnie de 1957 à 1965 pour l'entreposement de munitions. L'ancien poste à calcul du P.C. plus près du "fort" de Cépet, est en revanche effectivement affecté à un Centre de Renseignement et de Direction de Tir (C.R.D.T.), à partir de 1957. En avril 1966, la remise en état des deux ouvrages C et F est de nouveau envisagée, mais trois ans plus tard, alors que les locaux et équipements du C.I.N. de Saint-Mandrier sont en cours de construction et d'aménagement sur le site, l'enfouissement de l'ouvrage C est décidé : ses issues principale et secondaire, la galerie de liaison avec l'ouvrage F sont condamnées, une esplanade est construite au-dessus. Les issues de l'ouvrage F sont obstruées plus sommairement par des remblais.

L’accès à l’issue principale de cet ouvrage F est déblayé en mars 1991, les lieux étant par la suite mis à disposition du "commando Hubert"7.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

La localisation et la conception spatiale "éclatée" de l'ouvrage a été précisée dans le développement historique qui précède, ainsi que la distance de 380m séparant les deux ouvrages actifs C et F, porteurs des deux tourelles doubles. Ces deux ouvrages sont implantés dans un axe sensiblement est-ouest, dans le vallon de Cavalas, au pied du fort et de la batterie de la Croix des Signaux, en retrait de la hauteur du Cannier, environ 600m en arrière et au-dessus du "fort" de Cépet, et environ 500m à l'ouest des anciennes batteries du Puits et de Mord'huy, siège de postes photo-électrique dans les années 1930-1940. Le poste de batterie, ou ouvrages D-E, dans lequel se faisaient les calculs de pointage des tirs de la batterie de 340, est encore plus éloigné des tourelles C et F, implanté près du bord de la côte découpée en falaise, au sud / sud-est, sur la gauche du "fort" et de la première batterie de Côte de Cépet (pointe Rascas), soit sur l'avancée aujourd'hui nommée "cap Cépet" sur les cartes IGN. Les ouvrages C et F sont inclus dans le parc foncier du Centre d'Instruction Naval (CIN) de Saint-Mandrier, en limite des bâtiments édifiés depuis la fin des années 60. Les anciennes voies d'accès, en partie ferrées, ont été remplacées par les routes militaires actuelles desservant les différents bâtiments et équipements.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

La batterie de 340 de Cépet, on l'a vu, comprend principalement, si l'on met de côté les voies ou galeries de liaisons, aujourd'hui à peu près effacées du paysage, trois ouvrages bétonnés souterrains dont deux gros ouvrages actifs monoblocs C et F, justifiés par la tourelle double qu'ils portaient et qui n'existe plus, et le Poste de batterie, ouvrage double plus petit, étagé en profondeur, composé du poste central (PC, ou ouvrage D) et, au-dessus, du poste de direction de tir (PDT, ou ouvrage E). Ces trois ouvrages bétonnés sont tous conservés, dans un état sanitaire assez médiocre. L'un d'eux, l'ouvrage C, demeure condamné, à peu près invisible de l'extérieur, et n'a pu être visité. Du fait de la suppression de sa tourelle, l'ouvrage F n'a plus d'autre partie émergente que ses issues. En revanche, le poste de direction de tir est en partie émergeant, ce qu'appelait sa fonction, et le poste central, en-dessous, entièrement souterrain conserve cependant son issue extérieure bien dégagée.

La description de l'état actuel des lieux concernera de façon bien dissociée, d'une part l'ensemble du poste de batterie (D-E), d'autre part l'ouvrage F. L'ouvrage C, qui présente des dispositions pratiquement semblables à celles de l'ouvrage F, ne sera pas décrit.

Poste de batterie

L'accès et issue unique des deux ouvrages complémentaires du Poste de batterie dessert le poste central (P.C.) par l'intermédiaire d'un grand escalier voûté plongeant en souterrain à 13,50m de profondeur sous le niveau de la chaussée d'accès. La façade émergente de cette issue prend l'aspect d'un portail à ouverture carrée large de 2m nichée dans un repli du terrain et encadrée de deux murs de profil parallèles et asymétriques, le tout enduit au ciment avec tablettes de couvrement. La porte blindée est composée de deux vantaux en fer ouvrant dans un sas élargi, profond de 4m qui précède l'escalier, à l'entrée duquel était une porte étanche. L'escalier, dans un tunnel large de 2m et haut de 2,50m sous voûte en berceau rampant comporte trois volées de 25 marches séparées par deux repos. Il est bordé de deux rampes en fer, ces parois évidées de deux saignées pour le passage des tuyaux de fluides, des gaines d'électricité postérieures passant sur la voûte. Dans la moitié supérieure du tunnel, l'épaisseur de béton armé, de 1,50m est doublée d'une autre épaisseur équivalente de béton armé spécial ménageant un vide intermédiaire aussi de 1,50m rempli de sable humide damé.

Poste de batterie, façade d'entrée de l'issue du PC (poste central).Poste de batterie, façade d'entrée de l'issue du PC (poste central). Poste de batterie, escalier descendant au PC.Poste de batterie, escalier descendant au PC.

En bas de l'escalier, un vestibule en chicane, coudé à gauche, puis à droite dessert le corridor de distribution du niveau souterrain unique du poste central, équipé de quatre cheminées d'évacuation de l'air vicié. Les locaux, tous doublés de parois isolantes (aujourd'hui en partie supprimées), s'organisent principalement en quatre travées de casemates parallèles, perpendiculaires au corridor, voûtées en berceau surbaissé, de longueurs, largeurs et hauteurs différentes, la troisième étant nettement plus large (4,75m au lieu 2, 10 à 2,50m ) et plus haute que les autres (4m au lieu de 2,50m), la seconde et la troisième plus longues (20m au lieu de 12 à 13m) 8.

La première travée, affectée à la production d'énergie, était cloisonnée en deux salles, chacune munie de sa cheminée d'évacuation : la première pièce abritait les groupes électrogènes et la citerne à carburant, la seconde, le système de ventilation dont les vannes et le départ des gaines de distribution d'air en tôle boulonnée restent en place. La deuxième travée, qui servait au couchage du personnel équipage, conserve ses couchages suspendus en résille de fer. La troisième travée, soit la grande salle du poste, abritait le poste central proprement dit, avec ses différents équipements de calcul du tir. Elle est aujourd'hui dévastée, remplie des décombres des équipements détériorés, datant pour la plupart de l'époque de la réaffectation des locaux au C.R.D.T., à partir de 1957. La dernière travée abritait deux locaux de transmissions (TSF et TPSF) et le couchage d'une partie du personnel.

Du côté droit du corridor sont disposées des chambres peu profondes, la première étant le local incendie desservant le réservoir d'eau, avec volant et vanne de commande, la seconde et la troisième une chambre d'officier et de sous-officier, la quatrième occupée par trois latrines à la turque. Les conduites d'eau, fixées sur des IPN qui courent au plafond de ces locaux et du corridor, desservent aussi des lavabos collectifs du personnel équipage ou individuels, pour officiers, nichés dans le mur de droite du corridor.

A l'extrémité de la quatrième travée de casemate un passage perpendiculaire aux casemates, partant de la salle du PC, se branche dans l'axe à un escalier deux fois moins large, plus raide et moins long que celui de l'accès, à deux volées et un repos. Sans rampe, mais voûté en berceau rampant et évidé latéralement d'une saignée pour le passage de tuyaux, ce tunnel-escalier qui remonte de 10,50m assure la communication du poste central au poste de direction de tir. L'accès n'est pas direct : le palier supérieur de l'escalier s'ouvre dans un petit sas carré, à un angle duquel il faut passer par une trémie cylindrique de 0,90m de diamètre évidant le plafond, muni d'une échelle de fer verticale haute de 6,50m. Cette trémie, refermée par une trappe de fer, débouche dans un étroit corridor qui dessert à gauche la chambre d'observation du P.D.T., de plan carré prolongé d'un hémicycle avec trois créneaux de visée dans l'hémicycle, et, à droite, d'une part, la coupole ou tourelle blindée du télémètre, d'autre part une issue en chicane.

Poste de batterie, PDT (poste direction tir), sas et trémie d'accès.Poste de batterie, PDT (poste direction tir), sas et trémie d'accès.Poste de batterie, PDT (poste direction tir), chambre d'observation.Poste de batterie, PDT (poste direction tir), chambre d'observation.

Les créneaux de la chambre d'observation, munis d'une plaque de fonte dans laquelle est ménagé leur jour en lunette, sont ébrasés extérieurement et règnent au raz du sol naturel, ce qui permet une émergence minimum du bloc qui contient cette chambre, lequel comporte trois épaisseur de parois, comme l'escalier d'accès au P.C. : 1m de béton spécial, 1m de sable et 1,5 m de béton armé spécial. La chambre était équipée d'une lunette azimutale, de la lunette de l'officier de tir et d'une lunette servant d'inclinomètre, matériel aujourd'hui disparu, les seuls témoins étant, dans la chambre même, les socles et sellettes de rotation en béton, et, au-dessus du blindage du toit et de sa dalle de ciment, des petits capots de protection en fer.

La tourelle tournante du télémètre est conservée, avec son tambour tôle de fer boulonné émergeant au-dessus de la dalle de béton qui recouvre le bloc. Commandée aux Forges et chantiers de la Méditerranée à La Seyne en décembre 1929, cette tourelle a été mise en place entre décembre 1931 et février 1932. Elle comporte un capot circulaire de 30 mm d'épaisseur et deux longs bras de protection du télémètre, épais également de 30 mm, ces bras de section carrés étant supprimés dans l'état actuel. L'ensemble de la tourelle et de ses deux bras étaient à l'origine revêtus de façon aléatoire de petites plaques de tôles ovales en saillie, et d'une peinture de camouflage, le tout imitant des cactus pour empêcher l'identification du télémètre à distance depuis un navire ennemi. L'envergure des bras était conçue pour l'installation d'un télémètre à coïncidence de 10 m environ. La tourelle est mobile en rotation sur un chemin de roulement, au moyen d'un volant de pointage. Un effort de 5 kgf à 5,4 kgf est suffisant pour pointer la tourelle, avec une précision de 1/2 décigrade. Poste de batterie, PDT (poste direction tir), tourelle du télémètre.Poste de batterie, PDT (poste direction tir), tourelle du télémètre.

Ouvrage F

Ce gros ouvrage monobloc intégralement souterrain, à deux niveaux casematés en béton armé, dispose de deux longs accès en tunnel : d'une part, l'issue principale, large rampe coudée en angle obtus adouci, à pente douce et de gabarit adapté à l'accès de véhicules, en l'occurrence sur rails, et, d'autre part, venant d'une direction opposée, l'issue secondaire, plus étroite, formant une double chicane, avec escalier dans sa première branche, la plus proche de la porte, et une rampe douce dans la branche suivante, en retour d'angle droit. Ces deux souterrains d'entrée et de sortie descendent jusqu'au niveau inférieur, soit environ 13m sous le niveau du sol qui règne sur l'ouvrage, et duquel n'émergeait que la tête de la tourelle double de 340mm. Les rails de la double voie ferrée étroite pour wagonnets Decauville ont été entièrement supprimés de l'issue principale, dont le sol actuel est recouvert de sable et de gravats. La porte extérieure comporte un mur de façade cimenté avec tablette d'arase plongeant sur les côtés, dans lequel s'ouvre un large porche à chambranle rectangulaire. Ce porche ouvert, sans vantaux ni grilles, est d'une profondeur suffisante pour permettre les stations des chargements sur wagonnets à l'extérieur pendant l'ouverture et la fermeture de la porte proprement dite. En fond de porche, le gabarit du passage est un peu rétréci par deux piédroits en ressaut ; plus en arrière, une seconde retraite donne au passage sa largeur définitive, 2,60m, et affecte aussi le plafond, qui forme un linteau bas sur la face duquel est peinte une insigne (ancre de marine). Dans ce cadre était la porte blindée en fer dont les vantaux aujourd'hui arrachés et remplacés par une grille de fortune "bricolée", ouvraient vers l'extérieur. Ce linteau, profond, fait transition avec la voûte en berceau de la rampe ferroviaire, à l'entrée de laquelle était une seconde porte en fer, descellée mais encore sur place. L'ensemble du tunnel, en comptant le porche, est long d'environ 48m, le virage en quart de cercle qu'il décrit à gauche, très ample pour s'adapter aux voies ferrées, n'intervenant que dans le dernier quart du parcours. Dans les parois latérales sont réservées les saignées pour le passage des fluides. Le premier tiers du tunnel est bâti en triple épaisseur, béton armé, sable damé et béton armé spécial, ce qui est aussi le cas de la première moitié du segment en rampe de l'issue secondaire en chicane, tandis que son premier segment en escalier, intercepté par deux portes, dont une sur le repos intermédiaire entre deux volées, est en simple épaisseur.

Le tunnel et les voies de l'issue principale entrent dans l'étage inférieur casematé sur le flanc gauche de l'ouvrage, en desservant à droite, perpendiculairement, un couloir ou corridor piéton qui mène à l'issue secondaire, puis deux casemates, avant de faire un virage à droite dans une galerie en cul-de-sac parallèle aux casemates, servant de voie de déchargement. Chacune des deux voies ferrées Decauville aboutissait à un monte-charge ou ascenseur, l'un dans le coude du virage, au départ de la galerie, dit "ascenseur gauche", l'autre au bout de la même galerie, dit "ascenseur droit". Ces ascenseurs à cage et portes de fer, permettaient de monter les munitions, obus et gargousses (sacs de poudre dosés), jusqu'à deux tonnes par charge, directement des wagonnets à la galerie de distribution de l'étage supérieur, et, de là, à la tourelle.

Le corridor menant à l'issue secondaire dessert au passage, d'abord, à droite, un escalier à rampes droites en retour l'une de l'autre, assurant l'accès piéton de l'étage supérieur, le local de la caisse à eau douce, puis, au fond, le local des citernes à combustibles. En retour d'angle à droite, le départ de l'issue secondaire en chicane dessert sur sa gauche l'étroite et longue galerie de liaison entre cet ouvrage et l'ouvrage C, commençant par un escalier descendant.

Les deux casemates de ce niveau inférieur, voûtées en berceau segmentaire avec arceaux en fer supportant un rail médian de suspension, servaient, respectivement, la première, de local du groupe électrogène de force motrice, dans lequel reste le socle du moteur et celui de la génératrice du groupe, et la seconde, de local des machines auxiliaires, contenant le groupe convertisseur de la tourelle, une électro-pompe, un compresseur d'air (fourniture de l'air comprimé nécessaire à la tourelle et au démarrage de certains groupes), une batterie d'accumulateurs pour l'éclairage de secours, et enfin le groupe électrogène auxiliaire de 45 CV (alimentant l'éclairage de l'ouvrage, les pompes à eau, les ventilateurs, les deux ascenseurs et le compresseur d'air). Le fond de la première casemate (groupe principal) communique aussi avec le local des citernes à combustibles, et celui de la casemate des machines auxiliaires avec local des bouteilles d'air comprimé, bien distinct. Ouvrage F, niveau 1 casemate du groupe électrogene.Ouvrage F, niveau 1 casemate du groupe électrogene.

Les locaux et espaces distributifs de l'étage supérieur, à 9,50m au-dessous du sol extérieur, sont plus étendus, dans la mesure où, aux locaux casematés des espaces de vie servants et servis, de l'équipage, strictement superposés à l'étage inférieur, s'ajoutent les infrastructures de la tourelle, au service de laquelle tous ces volumes sont voués. Le bloc béton d'enveloppe de tout cet étage est entièrement renforcé, parois et dessus, par le système de doublage déjà évoqué pour les issues, épaisseur de béton vers l'intérieur, matelas intermédiaire de sable (épais de 2,70m) et béton armé spécial vers l'extérieur (épais de 2,70m), sauf autour de la tourelle, où règne sans partage et massif le béton armé spécial.

On retrouve dans la partie de service de cet étage les deux casemates centrales, enveloppées au carré par un couloir casematé continu (voûte en berceau en béton banché) dont les deux branches les plus longues, parallèles aux casemates, sont superposées, l'une -celle dans laquelle aboutit l'escalier- au corridor inférieur entre issue principale et issue secondaire, l'autre à la voie de déchargement. Aux deux extrémités de cette branche, qui est contiguë aux infrastructures de la tourelle, dont les soutes (d'où son appellation de "couloir arrière des soutes"), sont logiquement nichées les arrivées des deux ascenseurs, qui ont conservées leur cage et leur porte en fer, avec inscription peinte les désignant. Cette branche, et les deux branches courtes, perpendiculaires aux casemates, qui s'y greffent en retour d'équerre, sont équipées d'une voie ferrée étroite pour wagonnets. La branche courte de droite (desservie par l'ascenseur de droite) distribue, engagé en réserve dans la paroi extérieure, le lavabo collectif à six robinets et, en face, côté casemates, la porte du poste de secours logé au fond d'une des deux casemates, puis, au fond, près du retour d'angle avec la branche longue dans laquelle aboutit l'escalier, deux doubles cabinets de latrines engagés dans l'épaisseur du blindage. Cette branche longue dessert au passage, au-dessus du local d'eau douce de l'étage inférieur, le local des caisses à filtration et des ventilateurs, entresolé (plancher en grille de fer, avec échelle d'accès) et encombré par l'imposante tuyauterie du circuit de ventilation de l'ouvrage qui assurait le renouvellement de l'air à raison de 9500m3/heure à l’aspiration non filtrée, avec filtration des gaz de combat (filtres à charbon et coke). La casemate voisine de cette branche longue est cloisonnée en quatre petites pièces qui, outre le poste de secours déjà évoqué, servaient de local des caisses à eau (porte vers la branche longue), et de chambres, une chambre-bureau pour l'officier, l'autre pour six officiers mariniers (porte vers la branche courte gauche). La seconde casemate, entièrement décloisonnée, communiquant par deux portes à la branche longue ou "couloir arrière des soutes" était le poste d'équipage, soit le logement de la troupe, à 24 couchettes. Ouvrage F, niveau 2 local des ventilateurs et caisses à filtration.Ouvrage F, niveau 2 local des ventilateurs et caisses à filtration.

Les infrastructures bétonnées de la tourelle double de 340mm sont organisées autour du vide circulaire vertical qui accueillait cette tourelle tournante, soit, en partie supérieure, au-dessus du second niveau de casemates, la cuve tronconique dans laquelle tournait l'habitacle et la chambre des treuils pour les manœuvres de pointage, et, en partie inférieure (soit au niveau des casemates inférieures) le puits du pivot amortisseur de la tourelle. Au second niveau de casemates, la galerie circulaire centrale de service et d'approvisionnement de la tourelle, autour du puits, communique à droite et à gauche, symétriquement, par une large ouverture à une galerie voûtée allongée identique de chaque côté, servant à la fois d'accès, depuis le "couloir arrière des soutes" et sa voie ferrée, et de soute à obus (capacité de 90 obus).

Ces soutes sont équipées d'un treuil qui permettait de transporter les obus sur un convoyeur à chaine installé dans le large passage vers la tourelle centrale. Entre ces deux soutes à obus en forme de galerie et également disposées symétriquement de part et d'autre de la tourelle, communiquant à la galerie circulaire par une petite porte, deux pièces rectangulaires tendant au carré servaient de soutes à gargousses, d'une capacité de stockage de 400 quarts de gargousses conditionnés dans des caisses métalliques. Elles se caractérisent par leur couvrement, non par une voûte, mais par un plafond formé de dalles polygonales articulées avec joints très larges, cinq plus petites étant évidées d'un orifice conique. Ce dispositif semble lié à la sécurité par un dispositif d'ennoyage (tuyaux d'amenée d'eau et d'arrosage dans les joints ?). Ces deux soutes à gargousses ont une capacité de stockage de 400 quarts de gargousses9 conditionnés dans des boites de conserves métalliques disposées sur des rayonnages en fer dont restent les scellements des pièces horizontales sur les parois. Chaque soute à gargousses disposait de deux systèmes de gouttières à rouleaux destiné à acheminer les gargousses jusqu'aux berceaux d'attente fixes. Deux ravitailleurs mobiles (un par canon) permettaient le transfert des gargousses et des obus des berceaux d'attente vers les bennes des monte-charges, de la tourelle, ces derniers assurant leur montée jusqu'aux berceaux d'attente de la chambre de tir.

Ouvrage F, niveau 2 accès et base de la cuve de la tourelle de 340mm.Ouvrage F, niveau 2 accès et base de la cuve de la tourelle de 340mm. Ouvrage F, niveau 2 soute à gargousses.Ouvrage F, niveau 2 soute à gargousses.

1Informations communiquées par Bernard Cros2Informations communiquées par Bernard Cros3Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 136-137.4Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 138.5Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 140-143.6Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 140-143.7Le commando Hubert est l'un des sept commandos marine de la Marine nationale française. Il porte le nom du Lieutenant de vaisseau Augustin Hubert, tué au combat le 6 juin 1944 à Ouistreham. Il est spécialisé dans l'action sous-marine et dans les actions de contre-terrorisme maritime et est constitué de nageurs de combat.8L'état actuel, d'après les relevés par J. Laurent, publiés dans Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 190, diffère quelque peu des dispositions indiqués par les plans d'archives (plans imprimés d'après guerre, communiqués par B. Cros) : le corridor est en retour d'angle obtus de l'escalier, et non droit. D'autre part, les plans d'archives les plus anciens (projet 1923-1927 ; Toulon SHD 94.001.251, poste central, plan n° 27, ouvrage F plan n° 23) indiquent les deux travées de casemates médianes inégales en profondeur, et moins longues que dans l'état actuel, et que sur les plans d'archives d'après-guerre. On doit en conclure à un changement entre le projet et la réalisation.9Enveloppe contenant la charge de poudre destinée à un canon.

La batterie dite de 340 de Cépet, au sud-est de la presqu'île de Saint-Mandrier, est une extension indépendante et déconnectée, réalisée de 1928 à 1934, de la batterie de côte dite "fort" de Cépet.

Au lendemain de la première guerre mondiale, la marine envisage la refonte de la défense des côtes, dont elle a hérité en totalité à la fin de la guerre. Le programme, élaboré de 1920 à 1926, prévoit des batteries fixes avec artillerie provenant de navires de guerre désarmés. Une batterie de quatre grosses pièces de 340mm, dont le projet est élaboré à partir de 1923, est prévue dans le secteur de Toulon-Hyères, et le choix se porte sur le site de Cépet. L’artillerie arrêtée pour la batterie est constituée par quatre tubes de calibre 340mm, modèle 1912, rayés à 6°, longs de 16m, pesant 66 tonnes, issus des fonderies de Ruelle et de Saint-Chamond, provenant de cuirassés du programme 1912 (Normandie et Béarn), dont la construction a été suspendue puis arrêtée. La portée de ces canons est d'environ 40.000 mètres. Ils sont montés dans deux tourelles doubles, sur affût CT modèle 1924, fournies par l'entreprise Schneider et Cie.

Après des reconnaissances de terrain sur les hauteurs de Cépet, à mi-distance et à mi-hauteur entre le "fort" de Cépet et celui de la Croix des Signaux, l’appel d’offres est lancé en octobre 1927. Les travaux, confiés à l’entreprise Ballot commencent en novembre 1928. Ils comprennent la construction de deux gros ouvrages bétonnés souterrains (le blindage et les canons de la tourelle seule étant émergents) séparés par une distance de 380m, destinés chacun à recevoir les tourelles, les magasins de stockage ou soutes, les casemates et locaux de service pour le personnel, nommés ouvrage C (ouest) et ouvrage F (est) ; à ces deux ouvrages actifs s'ajoute un poste central (PC, aussi nommé ouvrage D ) et poste de direction de tir (PDT, aussi nommé ouvrage E ) jointifs, à proximité est du "fort" de Cépet. Sont également construits un tunnel de 372m de long et 6,5m de large pour la desserte de la batterie, une galerie de liaison de 380m assurant les communications entre C et F, et les réseaux d’évacuation. La distance séparant les deux tourelles est trop importante pour qu'une force ennemie, navale ou aérienne, puisse cibler ses frappes sur l'ensemble de la batterie : cet espacement impose une attaque séparée de chaque ouvrage.

La mise en œuvre des ouvrages de béton armé commence en février 1929, la réception des travaux a lieu en décembre de la même année pour l'ouvrage C et en mai 1930 pour l'ouvrage F. Le montage des tourelles a lieu entre avril 1930 et juin 1931.

En 1940, la démilitarisation de la place navale de Toulon stipulée par la convention d'armistice franco-italienne, impose le désarmement des batteries de côte, mais l'amirauté obtient une exception pour la batterie de 340 de Cépet, la plus forte du secteur. Le 27 novembre 1942, les deux tourelles et le matériel du PS et du PDT sont sabotés par le chef de poste sur ordre du commandant de la DCA française, pour empêcher sa réutilisation par l'occupant allemand. Celui-ci remplace les deux canons de la tourelle F dite Turm Friedrich en janvier 1944 par des pièces provenant du cuirassé Provence. La batterie est bombardée intensivement par les alliés du 12 au 26 août 1944, trois bombes seulement allant au but ; elle se rend le 28.

Après guerre, un rétablissement de la batterie est envisagé jusqu'en 1954, puis abandonné. L'ancien poste à calcul du P.C. , plus près du "fort" de Cépet, est en revanche effectivement affecté à un Centre de Renseignement et de Direction de Tir (C.R.D.T.), à partir de 1957. Les ouvrages C et F, un temps utilisés, en partie pillés, sont abandonnés et leurs issues condamnées en 1969, ils sont intégrés au parc du C.I.N. (Centre d'instruction naval) de Saint-Mandrier. En 1991, l'ouvrage F est rouvert et mis à disposition du "commando Hubert".

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1929, daté par source

Distincts de 380m, les deux gros ouvrages souterrains actifs C et F, pratiquement identiques, jadis porteurs des deux tourelles doubles, sont implantés dans un axe sensiblement est-ouest, au pied du fort et de la batterie de la Croix des Signaux, en retrait de la hauteur du Cannier, environ 600m en arrière et au-dessus du "fort" de Cépet, et environ 500m à l'ouest des anciennes batteries du Puits et de Mord'huy, siège de postes photo-électrique dans les années 1930-1940. Le poste de batterie, ou ouvrages D-E (PC, PDT), dans lequel se faisaient les calculs de pointage des tirs de la batterie de 340, est encore plus éloigné des tourelles C et F, implanté près du bord de la côte découpée en falaise, au sud / sud-est, sur la gauche du "fort".

Les ouvrages C-D-E-F sont conservés ; l'ouvrage C demeure condamné, à peu près invisible de l'extérieur. Du fait de la suppression de sa tourelle, l'ouvrage F n'a plus d'autre partie émergente que ses issues. Le poste de direction de tir est en partie émergeant, ce qu'appelait sa fonction, et le poste central, en-dessous, entièrement souterrain conserve cependant son issue bien dégagée.

L'accès unique des deux ouvrages complémentaires (D-E) du Poste de batterie dessert le poste central par l'intermédiaire d'un grand escalier voûté plongeant en souterrain à 13,50m de profondeur sous le niveau de la chaussée d'accès. La façade émergente de cette issue a une ouverture carrée avec porte blindée à vantaux de fer, large de 2m nichée dans un repli du terrain et encadrée de deux murs de profil enduit au ciment. L'escalier en tunnel large de 2m et haut de 2,50m sous voûte en berceau rampant comporte trois volées de 25 marches séparées par deux repos. Dans la moitié supérieure du tunnel, l'épaisseur de béton armé, de 1,50m est doublée d'une autre épaisseur équivalente de béton armé spécial ménageant un vide intermédiaire aussi de 1,50m rempli de sable humide damé. Le P.C. souterrain n'a qu'un équipé de quatre cheminées d'évacuation de l'air vicié. Les locaux (PC, production d'énergie, ventilation, couchage), doublés de parois isolantes, s'organisent en quatre travées de casemates parallèles voûtées en berceau surbaissé, inégales en longueur et largeur, perpendiculaires au corridor d'entrée. Subsistent les gaînes de distribution, les lavabos, les latrines. A l'opposé de l'entrée, le PC dessert un escalier-tunnel moins large, plus raide et moins long que celui de l'accès, qui remonte de 10,50m vers le poste de direction de tir, dont l'accès passe par un petit sas carré et par une trémie cylindrique munie d'une échelle de fer verticale haute de 6,50m. Cette trémie dessert à gauche la chambre d'observation du P.D.T., de plan carré prolongé d'un hémicycle avec trois créneaux de visée dans l'hémicycle et, à droite, d'une part, la coupole ou tourelle blindée du télémètre, d'autre part une issue en chicane. Le toit de la chambre d'observation est blindé, sur 20 cm d'épaisseur, par des plaques d'acier provenant des cuirassés République et Patrie. La tourelle tournante du télémètre est conservée, avec son tambour tôle de fer boulonné émergeant au-dessus de la dalle de béton qui recouvre le bloc.

L'ouvrage F a deux niveaux casematés en béton armé. On arrive à l'étage inférieur, 13m sous le niveau du sol, par deux longs accès en tunnel : d'une part, l'issue principale, large rampe coudée en angle obtus adouci, à pente douce et de gabarit adapté à l'accès de véhicules, en l'occurrence sur rails (pour wagonnets Decauville), et, d'autre part, venant d'une direction opposée, l'issue secondaire, plus étroite, formant une double chicane, avec escalier rampe douce. L'entrée extérieure du tunnel ferré comporte un porche-sas ouvert dans un mur de façade cimenté, avec double porte blindée (arrachée).

L'étage inférieur comporte au centre deux casemates principales, à usage de salles des générateurs et machines encadrées au carré de trois galeries de communication dont deux ferrées, l'une d'elles desservant à chaque extrémité un ascenseur distribuant l'étage supérieur et la tourelle (pour monter les munitions et obus apportés par wagons). L'étage supérieur reprend le même plan, les galeries (l'une avec lavabos et latrines) y entourant sur les quatre côtés les deux casemates, à usage de poste d'équipage (troupe) et de chambres et bureaux d'officiers. Un local annexe , près d'un escalier reliant les deux niveaux, abrite les ventilateurs et les caisses à filtration. Cette partie principale de l'étage est complétée, au-delà de la galerie aux deux ascenseurs, par les infrastructures bétonnées de la tourelle double de 340mm, organisées autour du vide circulaire vertical, cuve en haut, puits du pivot en bas, qui accueillait cette tourelle tournante. La galerie circulaire centrale de service et d'approvisionnement de la tourelle, autour du puits, communique, symétriquement, sur quatre côtés, à deux soutes à obus, en forme de couloirs latéraux, et deux soutes à gargousses, chambres presque carrées couvertes d'un plafond en dalles articulées.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture, métal en couverture, terre en couverture
  • Couvrements
    • voûte en berceau
    • voûte en berceau segmentaire
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit
    • échelle
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • État de conservation
    mauvais état
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat

Intérêt patrimonial moyen, compte-tenu de l'état sanitaire des ouvrages.

Bibliographie

  • CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009.

    p. 136-138, 140-143.

Documents figurés

  • [Batterie de Cépet. Plan de situation vers 1927.] / Dessin encre et lavis, vers 1927. Service Historique de la Défense, Toulon : 94.001.251.

  • [Batterie de Cépet. Ouvrage F. Coupe AB.] / Dessin, encre et lavis, vers 1927. Service Historique de la Défense, Toulon : 94.001.251.

  • Tourelle F Turm Friedrich. / Dessin. Par J. Laurent. Tiré de CHAZETTE, Alain, GIMENEZ, Pierre. Südwall, batteries côtières de marine Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou, 2009.

  • Coupe de la tourelle à 2 canons de Cépet. / Dessin. Par J. Laurent. Tiré de CHAZETTE, Alain, GIMENEZ, Pierre. Südwall, batteries côtières de marine Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou, 2009.

  • Poste central et Poste de Direction de Tir (PDT). / Dessin. Par J. Laurent. Tiré de CHAZETTE, Alain, GIMENEZ, Pierre. Südwall, batteries côtières de marine Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou, 2009.

    P. 190.
Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2016
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Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble