Dossier d’œuvre architecture IA84000491 | Réalisé par
Fray François (Contributeur)
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
4e maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cavaillon
  • Commune Cavaillon
  • Adresse 32 Grand'Rue
  • Cadastre 1832 G1 520  ; 1982 CK 586
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    4e maison

Description

1. Situation

La maison ouvre à la fois sur la Grand'Rue et au revers sur l'impasse du Vieux-Sextier. Au nord, elle borde la rue transversale Paul-Bert dont une maison, détruite, la séparait.

2. Composition

L'édifice a un plan en T bordé au nord-est paru une cour (D). La branche verticale du T est en ressaut au nord sur la parcelle disparue.

3. Matériaux

- Pierre de taille en calaire jaune assez fin : parement de la façade antérieure ; arcs des refends et de la façade postérieure ; escalier.

- Blocage enduit, avec remplois du parement précédent : autres murs.

- Assises de moellons équarris en arêtes de poissons : mur mitoyen sud dans l'aile (C).

- Voûtes catalanes à voûtains en mître : plafond de la troisième partie en profondeur, rez-de-chaussée.

- Hourdis de mortier de plâtres coulé sur solivage. Epaisseur de quatre centimètres visible au deuxième étage : sols et couverture.

4. Structure

Corps de bâtiment principal (A) triple en profondeur et simple en largeur, de deux étages carrés et un étage sous comble, sur le rez-de-chaussée ; sous-sol voûté inaccessible. Au rez-de-chaussée, les deux refends et la façade postérieure sont percés sur toute leur largeur d'un arc segmentaire muré et repercé par la distribution actuelle.

Au sud-est, a été ajoutée une aile en retour (C) bloquant la moitié sud de l'arc de la façade postérieur ; cette aile a deux étages sur le rez-de-chaussée.

Au nord, ouvrant sur la troisième partie (Ac) de (A), s'élève la cage d'escalier (B), à deux volées droites de onze, dix, dix onze et dix marches rampe-sur-rampe à retour à droite de part et d'autre d'un mur-noyau qui se prolonge au-dessus des deux repos par un arc en plein cintre (détruit au-dessus du deuxième repos), à clef saillante et passante, retombant sur deux demi-colonnes toscanes. L'extrémité des volées au départ (rez-de-chaussée) et au premier étage, est surmontée d'un arc plein cintre dont l'intrados est incliné dans le sens de la volée correspondante. Ces arcs retombent sur des impostes doriques (rez-de-chaussée), ioniques (premier étage). Eclairement au nord par deux fenêtres par repos. Volées en pierre de taille à demi délardées au revers, consolidées par des solives rajoutées. Les marches sont rechappées au ciment. Murs blanchis, plinthe (un mètre) ocre jaune.

5. Elévations extérieures

5.1. Façade antérieure ouest : élévation de trois niveaux d'aménagement moderne : baies du premier niveau en arc segmentaire ; fenêtre du troisième rectangulaire. Enduit ocre orange et cadres peints (troisième niveau) et chambranles saillants peints en blanc (deuxième et troisième niveaux) ou en vert d'eau (premier niveau). Les fenêtres du premier niveau sont barrées d'une grille à huit barreaux couronnés d'une pointe de flèche. Génoise à deux rangs.

Des dégagements de l'enduit montrent des vestiges de deux états antérieurs aménagés dans un parement régulier en pierre de taille.

- Premier niveau : porte piétonne et porte charretière (ou boutiquière) à claveaux extradossés en arc segmentaire vraisemblablement.

- Deuxième niveau : restes d'une croisée chanfreinée sans doute encadrée de deux demi-croisées : piédroits latéraux des deux dernières avec encoche de la traverse ; meneau et amorce de la traverse pour la croisée. A droite, piédroit situé un peu plus bas que le niveau des croisées.

- Troisième niveau : vestiges de deux fenêtres géminées (les deux piédroits de chacune, et une moitié d'arc taillé dans les linteaux).

L'aménagement du dernier état de la façade correspond à la surélévation de ce troisième niveau en blocage. Les fenêtres géminées avaient déjà été rétrécies et surélevées.

5.2. Façade est sur la cour (D) : partiellement cachés par l'aile (C). Moitié droite de l'arc segmentaire chanfreiné du premier niveau. Au-dessus de sa retombée nord, trompe d'angle appareillée ayant soutenu un cabinet ou un passage dont on voit les piédroits biais au revers au premier étage sur le palier de l'escalier.

Dans les niveaux supérieurs, baies rectangulaires modernes. Balcon à rampe à barreaux de fer.

5.3. Aile (C). Façade sur la cour (D) : élévation presque aveugle (porte et fenestrons). Traces de deux piliers carrés à chapiteau toscan portant une poutre (visible à l'intérieur). Ces piliers délimitent deux travées entre la rue du Vieux-Sextier et l'arc de la façade postérieure de (A).

5.4. Elévation sur l'impasse du Vieux-Sextier : élévation appareillée au premier niveau de l'aile (C) ; une fenêtre rectangulaire au deuxième et troisième niveaux. A droite, portail de la cour, appareillée en plate-bande avec clef saillante. Cette partie est couronnée par un cordon en quart de rond.

5.5. Elévation nord : arrachements de la maison détruite.

6. Comble et couverture

Toitures à deux versants couverts de tuiles creuses posées sur voligeage plâtré.

7. Distribution intérieure

Aucun décor. Plafonds à la française. Carreaux de 16,5 cm, tomettes de 12 cm, carrelages industriels colorés.

Synthèse

L'intérêt principal de cette maison est double.

1. La structure

D'origine médiévale, la maison semble en conserver au moins les murs maîtres, c'est-à-dire les façades et les deux refends. Ceux-ci et la façade postérieure sont percés d'un grand arc segmentaire, comme si le volume du rez-de-chaussée avait, à l'origine, été ouvert sur la cour (D), derrière la maison, ou bien comme si cette cour occupait actuellement l'emplacement d'une quatrième partie disparue, le rez-de-chaussée dans son entier étant couvert de plafonds portés par plusieurs arcs diaphragmes parallèles. Il se serait agi dans ce cas d'un vaste volume d'entrepôt, atelier ou commerce.

Dans la période moderne (courant 17e siècle), on construisit la cage d'escalier (B) hors-oeuvre contre la troisième travée de cette structure ; l'arc de la façade postérieure étant resté ouvert, cet espace sert donc à la fois de porche et de vestibule.

2. La façade

L'état présent de la façade résulte quant à lui de plusieurs modifications successives ; on peut reconstituer avec quelques incertitudes l'état d'origine et la première réfection.

2.1. L'état d'origine : le relevé pierre à pierre des parties visibles du parement donne la plupart des indications qui permettent une restitution. Le troisième niveau peut être restitué sans problème : les piédroits des deux fenêtres géminées sont en place avec une partie de linteau ; le cordon continu, martelé par la suite, est apparent. Seul manque le couronnement. Ce niveau sert donc de référence pour la restitution du deuxième niveau.

De celui-ci restent peu de choses : l'ensemble du parement de l'allège et le piédroit droit de la fenêtre du côté droit. Le cordon (éventuel) qui paraît conservé ne semble pas martelé et d'une hauteur supérieure à celui du troisième niveau (20 cm au lieu de 15). La restitution proposée, avec deux fenêtres géminées est calquée sur la disposition du troisième niveau : la fenêtre droite est à peu près sûre, bien que d'une hauteur supérieure si l'encoche qu'occupent les huitième et neuvième assises correspond à l'appui du linteau. A gauche, la fenêtre restituée en pointillés reste supposée car il n'y aucune trace convaincante.

Au premier niveau, la forme des arcs des deux baies est assurée par les traces conservées : deux claveaux pour la porte (celle-ci fut ensuite retaillée en rectangle, l'arc devant une plate-bande), trois claveaux et le tracé des suivants dans le parement en place pour la baie centrale. La largeur indiquée de ces deux baies sur la restitution est supposée. Rien n'apparaît dans la partie droite.

La position des baies sur les deux niveaux fournit des indications sur la hauteur sous plafond du rez-de-chaussée et du premier étage : trois mètres.

Seules les fenêtres permettent de proposer une datation pour la construction de cette maison : celle-ci peut être placée dans le courant du 14e siècle.

2.2. L'état après la première réfection : le remodelage de la façade, bien visible au deuxième niveau, est consécutif à celui de la structure. En effet, on a repercé ce deuxième niveau d'une croisée encadrée de deux demi-croisées en relevant le niveau d'appui de soixante-quinze centimètres, et par conséquent, les niveaux de planchers. Le parement de la nouvelle allège a été complété par des remplois de l'ancien trumeau sans doute démonté avec soin. Le cordon d'appui du premier état devenu sans utilité, a été soigneusement bûché.

L'exhaussement du premier étage a impliqué la condamnation des deux fenêtres géminées du deuxième étage. Deux solutions sont alors possibles : obturation totale de ces baies et suppression de leur cordon, les vestiges étant masqués par un enduit ; ou bien repercement sous forme de fenestrons au droit des demi-croisées et d'une fenêtre à meneau au droit de la croisée centrale. Or les traces peu soignées (reprises en blocage, linteau de bois) des deux fenestrons existent, en remplacement d'une partie des fenêtres géminées, mais ces baies ne s'ouvrent pas exactement au-dessus des nouvelles fenêtres du deuxième niveau : en outre, la fenêtre centrale actuelle empêche de vérifier la présence de la fenêtre à meneau.

Par ailleurs, la nature des fenêtres réouvertes au deuxième niveau pose problème : le meneau conservé de la croisée monte jusqu'à l'assise martelée de l'ancien cordon du troisième niveau. Cela suppose que celle-ci a servi de linteau aux trois nouvelles fenêtres. Par ailleurs, ce meneau, avec le reste du croisillon et certaines pierres apparemment en place, qui pourraient avoir fait partie des piédroits de ces fenêtres, sont chanfreinés. Or les deux piédroits complets conservés (aux deux extrémités de la façade), conservant l'encoche d'ancrage des traverses ni l'assise supposée des linteaux ne sont chanfreinés. La restitution suppose trois fenêtres à arêtes vives qui donnent une idée de la disposition générale.

Cette réfection a pu être faite dans le courant du 15e siècle, au ou début du 16e siècle.

D'origine médiévale, la maison semble au moins en conserver les murs maîtres, c'est-à-dire les façades et les deux refends. Ceux-ci et la façade postérieure sont percés d'un grand arc segmentaire, comme si le volume du rez-de-chaussée avait, à l'origine, été ouvert sur la cour ou bien comme si cette cour occupait l'emplacement d'une quatrième partie actuellement disparue. En effet, le rez-de-chaussée dans son entier est couvert de plafonds portés par plusieurs arcs diaphragmes parallèles ; il se serait agi dans ce cas d'un vaste volume d'entrepôts, atelier ou commerce.

Dans la période moderne (courant 17e siècle), la cage d'escalier a été construite hors-oeuvre contre la troisième travée de cette structure.

La lecture de la façade antérieure nord (baies rectifiées et aveuglées), possible sous le badigeon, permet de restituer une façade de trois niveaux sans doute du courant du 14e siècle : au rez-de-chaussée une large porte centrale en arc segmentaire, une porte secondaire du même type à gauche (pas d'indications pour la travée droite) et au premier et deuxième étages, deux fenêtres géminées en arc brisé sur un bandeau d'assise.

Par la suite s'opère un changement de structure interne (relèvement des planchers de 75 cm) qui a nécessité la fermeture des baies anciennes et l'ouverture de nouvelles et notamment une fenêtre à meneau au deuxième niveau (ou premier étage). Cela probablement réalisé dans le courant du 15e siècle ou début du 16e siècle.

La maison a été démolie après l'enquête, en 1987. Cette démolition a permis la découverte de plusieus éléments en place et en remploi.

Des peintures murales ont tout d'abord été mises à jour : la démolition a laissé provisoirement en place le piédroit sud (tableau et ébrasement) de la 2e fenêtre jumelée du 2e niveau de la façade antérieure. Le côté de l'ébrasement portait un décor peint sur enduit figurant de faux joints bruns tracés de façon rapide sur un fond blanc. Il n'a pas été possible de vérifier si ce décor se poursuivait au revers de la façade et sur le mur mitoyen avec la 5e maison (écroulée peu de temps après). Des photos auraient été prises par le Musée.

Une colonnette en remploi dans la façade a également été découverte ; elle provenait sans doute du premier état de cette façade.

Enfin, des morceaux de frises en plâtre (étudiés en Référence : IM84000049) portant un décor moulé en bas-relief ont été récupérés par les Musées de Cavaillon. Ils étaient utilisés en remploi dans les maçonneries de l'escalier.

  • Période(s)
    • Principale : 14e siècle, limite 15e siècle 16e siècle, 17e siècle

L'édifice a un plan en T bordé au nord-est par une cour ; la branche verticale du T est en ressaut au nord sur la parcelle d'à côté, disparue. Blocage enduit, sauf pour les parements de la façade. Le corps de bâtiment principal (A) est triple en profondeur et simple en largeur, de deux étages carrés et un étage sous comble ; sous-sol voûté inaccessible.

Au sud-est a été ajoutée une aile en retour (C) bloquant la moitié sud de l'arc de la façade postérieure ; elle a deux étages sur le rez-de-chaussée. Au nord, s'élève la cage d'escalier rampe-sur-rampe, entre la façade antérieur et la cour ; mur-noyau qui se prolonge au-dessus des repos par un arc en plein-cintre à clef saillante et passante, retombant sur deux demi-colonnes engagées.

Aucun décor intérieur, plafonds à la française. Elévation antérieur ouest : élévation de trois niveaux d'aménagement moderne : baies rectangulaires appareillées en plate-bande ; fenêtre du deuxième niveau segmentaires. Génoise à deux rangs. Façade est sur la cour : au-dessus de la retombée nord de l'arc, trompe d'angle appareillée ayant soutenu un cabinet ou un passage dont on voit les piédroits biais au revers du premier étage sur le palier de l'escalier. La cour arrière a une entrée rue du Vieux-Sextier ; traces de deux piliers carrés à chapiteau toscan portant une poutre entre la rue et l'arc de la façade postérieur.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • maçonnerie enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à deux pans
    • appentis
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • État de conservation
    détruit après inventaire
  • Techniques
    • sculpture
Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 1986, 2002, 2013
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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