Dossier collectif IA84000529 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique
maisons
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Cavaillon
  • Adresse
    • Commune : Cavaillon

Intra-Muros

Introduction

L'étude porte sur la totalité des maisons de la ville qui ont été repérées et dont les façades ont toutes été décrites ; 31 maisons font l'objet d'un dossier individuel ainsi que 17 hôtels.

En prenant en compte le parcellaire du cadastre le plus récent (1982) et l'étude des façades sur rue permettant des regroupements sur deux parcelles (ou plus) en fonction de similitudes architectu­rales, on parvient au chiffre de 551 maisons. Ce total qui comporte une certaine marge d'erreur exclut les maisons détruites depuis la constitution du dernier cadastre mais inclut les maisons abandonnées (indiquées par un H entre parenthèses dans les tableaux de repérage), les remises et constructions dont une partie peut être habitée (ex. le garage Peugeot sur le cours Carnot).

A ces 551 maisons correspondent dans le centre 935 façades sur rue, sachant que chaque maison présente en général au moins une façade sur rue.

Ce nombre de façades ne correspond pas non plus au nombre de par­celles, puisque la même parcelle peut être divisée en plusieurs unités de façades (ex. parcelle 93 îlot 35 côté rue J.-J. Rousseau).

Composition d'ensemble

Ces maisons occupent des parcelles de forme variée où le bâti et les espaces libres se répartissent de différentes façons.

- La relation surface bâtie - surface libre est très variable. En effet des sondages faits en divers îlots donnent des pourcentages très différents que l'on peut résumer ainsi : plus grande densité du bâti au centre ; plus d'espace libre sur la périphérie :

îlot

% bâti

% cour

33

89

11

36

96

4

55

84

16

60

84

16

61

89

11

îlots centraux

îlot

% bâti

% cour

2

86

14

3

72

28

4

76

24

5

92, 5

7, 5

28

66

34

îlots périphériques

Les variations de pourcentages d'espace libre varient, sur la périphérie, en fonction du développement moderne des quartiers. On notera une plus forte densité du bâti dans les îlots bordant les cours Gambetta et Bournissac devenus des voies commerçantes où le centre des activités s'est peu à peu déplacé (on n'a pas tenu compte ici des îlots reconstruits).

- La plupart des maisons ont une cour ou un jardin au sud notamment dans les îlots 33, 39 et de façon répétitive de part et d 1 autre des trois impasses de l 1 îlot 2.

- Les cours placées au nord sont moins fréquentes et réparties sur l'ensemble de la ville.

- Un certain nombre de maisons disposent de cours centrales, dans les îlots 28 (p. 746 et 747), 3 (p. 635 et 939), 51 (p. 571 et 573),40, 55 etc. Quelques-unes sont organisées autour de deux cours (1ère maison de la Grand'rue) et certaines cours doubles appartiennent à une maison redivisée (îlot 5 p. 25-26 et p. 1211-1212 îlot 4). L'accès à ces cours intérieures se fait souvent grâce à un passage couvert.

- Assez souvent des groupes de maisons partagent une cour ou une impasse communes : impasse du Chapeau Rouge au cœur de l'îlot 60, p. 195 îlot 55 composée en fait de plusieurs unités d'habitation (de même que la parcelle 752 îlot 28), partie est de l'îlot 47 ou p. 752 îlot 28.

Cours Sadi Carnot. Maison parcelle 752. Vue sur la cour au sud.Cours Sadi Carnot. Maison parcelle 752. Vue sur la cour au sud.

- le long de la lisière nord-sud-est, le bâti est implanté sur la rue tandis que la cour est rejetée vers le centre de l'îlot avec une exception pour l'îlot 47 (p. 521).

Par contre le cours Sadi Carnot à l'ouest reçoit un grand nombre de cours et jardins parmi lesquels le plus grand espace vert privé que représente le jardin du 4e hôtel de la Grand-rue. Au cœur des îlots 54 et 55, d'autres grandes maisons ont également un espace vert orienté à l'ouest (p. 1068) ou à l'est (p. 215 et 1151).

Cours et jardins sont fermés par des grilles à simples barreaux ou par des murs percés de portails. Ceux-ci généralement sans couvre­ment ont des piliers de pierre et une grille en fer forgé.

- Certains dégagements importants essentiellement au sud-est de la ville correspondent à des reconstructions récentes de grands immeubles collectifs (îlots 40, 38, 10).

Matériaux

La majorité des maisons est construite en blocage de moellons enduits, la nature et la couleur de ces enduits étant variables. Ainsi on note sur l'ensemble des 935 façades les fréquences suivantes

- 681 murs couverts d'un enduit lisse

- 75 murs couverts d'un enduit rustique, le plus souvent de fabri­cation récente

- 71 murs couverts d'un enduit à la tyrolienne.

Dans certains cas, deux enduits différents peuvent être appliqués sur la même façade. Apparaissent plus rarement des enduits frottés ou appliqués au rouleau, de facture récente.

- 23 murs seulement ont leur maçonnerie de blocage nue sans enduit

- 1 seule façade porte un décor peint en trompe-l’œil.

La pierre de taille de nature calcaire coquillier de couleur jaune est assez fréquente. Elle est employée pour toutes les caves, tous les escaliers à vis avec noyau de pierre, toutes les tours d'escaliers et une grande partie des arcs intérieurs. De nombreux portails et enca­drements de baies utilisent ce matériau et dans l'ensemble, on peut dire qu'il caractérise les maisons les plus anciennes (ou parties en remploi) jusqu'au XVIIe siècle. Quelques maisons plus tardives cons­tituent des exceptions dont le 4e hôtel de la Grand-rue. Au-delà et jusqu'à nos jours cette pierre est remplacée par du calcaire blanc fin que l'on retrouve également dans les encadrements et appuis de baies. Les maisons les plus importantes emploient le calcaire blanc pour de plus larges surfaces, voire tout le parement de leurs façades (seul exemple : l'hôtel Perussis).

Si la pierre de taille (des deux variétés mentionnées) n'apparaît en gros-œuvre que sur 18 façades en revanche, les éléments indiqués sur les tableaux de description dans la colonne "reliefs" (encadre­ments, parties sculptées etc.) sont en pierre sur 371 façades.

- La brigue est très peu usitée dans Cavaillon et ne concerne que des constructions du XIXe ou XXe siècle. Il s'agit de la brique rouge pleine que l'on rencontre le long du cours Bournissac avec les pavil­lons de la parcelle 521 et de façon isolée sur quelques autres maisons (rue Bel Air p.97-103, impasse de la rue de la Gendarmerie, p. 694, maison p. 1068 rue Chabran en façade, pour certaines parties en inté­rieur).

De nombreux commerces ont fait récemment aménager des devantures constituées d'un placage de pierre calcaire jaune, molasse portant le nom de pierre de Rognes.

Le principal matériau de couverture est la tuile creuse en terre cuite.

Structure

Pratiquement toutes les maisons visitées ou connues par témoignages oraux sont bâties sur des caves voûtées d'arêtes ou en berceau. Il n'est pas rare d'y trouver un puits circulaire encore empli d'eau.

Le couvrement de ces caves a quelquefois été refait avec une voûte catalane en briques rouges (ex. magasin p. 514 cours Bournissac, îlot 37 p. 142).

La plus grande partie des maisons ont deux ou trois étages sur le rez-de-chaussée. On ne rencontre qu'un rez-de-chaussée seul pour les garages et les pavillons d'entrée de jardins ou de cours. Les maisons de cinq étages ou plus sont de construction récente. Le dernier étage est souvent couvert d'un plafond incliné fait d'un solivage et de "quartons" avec hourdis de mortier de plâtre à coffrage apparent dans les cas où cela a pu être observé (ex. maison place J. d'Arbaud, mai­son rue du Four Neuf). On a également repéré la présence, dans les plus belles demeures, de plafonds "à la française" à solives apparen­tes.

Dans les maisons construites autour d'une cour, le passage vers cette cour se fait souvent entre deux arcs surbaissés ou en plein­ cintre, sous le plancher du premier étage constitué de poutres et de solives apparentes. Cette disposition est commune aux 1ère, 2e maisons et 1er et 2e hôtels de la Grand'rue datant du XVIIe siècle ou XVIIIe siècle et dans lesquelles l'escalier est placé à gauche de la sortie du passage vers la cour.

Les constructions à galeries existent encore partiellement le long de la place Castil-Blaze et de la place aux Herbes. Ces maisons, dont le rez-de-chaussée réservé à un commerce ouvre sous la galerie, possè­dent deux étages en surplomb d'environ 2 m de profondeur. Place aux Herbes, un des piliers est hexagonal, les autres de section ronde ; leurs chapiteaux ont un épais tailloir.

Un cas unique d'étage sur un passage porté par quatre arcs a été cons­taté à l'entrée de l'impasse de l'Oubli

Sur l'impasse du Chapeau Rouge (îlot 60) une maison présente excep­tionnellement deux niveaux d'encorbellement s'étageant au-dessus du passage reliant cette impasse à la rue.

Impasse du Chapeau rouge. Maison parcelle 949, îlot 60. Elévation sur la cour.Impasse du Chapeau rouge. Maison parcelle 949, îlot 60. Elévation sur la cour.

Au sommet des maisons, on trouve quelquefois un comble ouvert sur cour (dossier maison rue du Four Neuf), sur impasse (îlot 60 p. 948), dans ces deux cas avec trois piliers carrés de calcaire coquillier, ou sur rue (dossier maison rue de la République, à supports de calcai­re blanc à section ronde).

Dans quelques maisons visitées, et parmi les plus modestes, on a remarqué la présence d'arcs en pierre, ou plâtrés et incorporés aux murs, placés soit en façade (îlot 29 p. 728 un arc en plein cintre à hauteur du premier étage) soit dans un mur mitoyen. C'est le cas entre les maisons p. 141 et 140 îlot 37 où depuis la p. 141 apparaît au rez-de-chaussée une portion d'arc surbaissé et entre les maisons p. 549 et 550 îlot 60 où l'arc en plein-cintre est situé entre le premier et le deuxième étage et visible dans les deux maisons. Ces arcs témoignent de communication qui n'existent plus et en conséquence, des modifications des limites du parcellaire.

Élévations

a) Niveaux

Sur l'ensemble de la ville se répartissent assez uniformément les façades à deux niveaux et plus fréquemment trois et quatre niveaux.

Le long de certaines rues, on trouve des alignements réguliers de trois niveaux (ex. rue Waldeck Rousseau ou rue Raspail) moins élevés que ceux qui bordent les boulevards.

Les façades les plus élevées (en jaune sur la carte) appartien­nent exclusivement (sauf une tour d'escalier p. 786) aux grands immeu­bles récents des années 1960-1980.

Dans certains alignements apparaissent des irrégularités dues à la transformation de certaines constructions à usage commercial (ate­liers de la rue J.-J. Rousseau et de l'impasse de la Glacière). Ces irrégularités indiquent aussi que la densification du bâti est, soit arrêtée, soit inachevée. Ce phénomène est plus rare sur les boule­vards à vocation commerciale actuelle, où l'0n observe un maximum de grands gabarits.

b) Typologie

On constate qu'une grande majorité de maisons sont de petite taille et ne comprennent qu1 une ou deux travées. Elles sont également dispersées avec peut-être une plus grande fréquence de maisons à une travée dans la partie nord de la ville. Ce module de base du parcellai­re est bien conservé le long de la rue de la République.

Sur l'ensemble des 935 façades, on obtient la répartition suivante

- une travée : au total 362 ce qui représente 38, 7 %

- deux travées : au total 240 ce qui représente 25, 6 %.

Par comparaison, les élévations de trois travées ne comptent que pour 10 % de l'ensemble et la fréquence des façades plus larges (4 travées et plus) n'est pas très importante ; ces dernières appar­tiennent en grande partie à un bâti récent des XIXe et XXe siècle.

En ce qui concerne les façades étroites, on note une prépondérance des sous-types 10 (96 soit 26, 5 %) et 20 (100 soit 41 %)qui tradui­sent un remaniement, souvent à but commercial, du premier niveau, et plus faiblement des sous-types 11 (83 soit 23 %), c'est-à-dire une travée complète et 22 (56 soit 23 %) avec porte désaxée. Deux grandes maisons du XIXe siècle s'imposent à l'angle de deux rues ou boulevards par leur composition symétrique ample et leur pan coupé qui épouse le carrefour.

c) Couronnement

La façade principale est, sauf quelques exceptions, sur un mur gouttereau.

C'est la génoise et en particulier la génoise à deux rangs qui domine largement (on en trouve au total 399) mais la corniche est également assez employée (232). Elle est faite soit en pierre, soit façonnée et plus rarement en béton. Dans Cavaillon, un grand nombre de ces corniches n'est fait que d'un rang de pierres de quelques 10 à 15 cm d'épaisseur, souvent biseautée et peu moulurées.

Les chevrons de bois représentent environ 8 % du total avec une forte proportion dans le nord de la ville (8 pour le seul îlot 2) et les appentis seulement 6 %.

d) Baies

En majorité il s'agit de baies rectangulaires simples mais 174 façades sont percées de baies, de diverses fonctions, en arc segmen­taire. Elles révèlent généralement une architecture du XVIIIe siècle

- Portes : les plus simples sont rectangulaires et sans encadrement de pierre mais la plupart du temps ces encadrements sont en pierre et de forme variée :

- L'arc en plein-cintre est très peu fréquent pour les portes piétonnes. On en a dénombré seulement 4 appartenant à l'architecture traditionnelle dont 3 regroupées dans la même impasse de la Glacière, îlot 2 et la dernière îlot 39, p. 1162 côté rue de la Brèche.

Le grand immeuble de la rue Raspail présente la même forme de portes mais il s'agit d'un premier niveau commercial et d'une archi­tecture du début du siècle (dossier Banque, rue Raspail).

Les portes rectangulaires des maisons plus importantes sont généralement accompagnées d'un décor sculpté limité à la clé ou d'un encadrement comportant pilastres et corniche (dossier 1 maison rue Raspail ; îlot 52 p. 591 etc.) ou corniche et frise sculptée (dossier 4e maison de la Grand-rue) ou corniche à modillons.

Les portes en arc segmentaire sont assez nombreuses. Le long de la rue Joseph Guis se trouve une séquence de trois portes de ce type en continu puis remaniées.

Par ailleurs elles caractérisent souvent les demeures du XVIIIe siècle et de même que les grandes portes rectangulaires font l'objet quelquefois d'un décor sculpté.

Certaines grandes portes actuellement disparues nous sont connues par des documents photographiques qui les situent l'une rue du Commer­ce, contre l'Hôtel de Crillon, l'autre dans la zone détruite du "Fangas" (îlot 58, p. 221).

L'hôtel de l'impasse Romarin dispose d'une porte d'un type unique surmontée d'un dais triangulaire en pierre.

Le XXe siècle a introduit des formes et des matériaux nouveaux. Sur le cours E. Renan, on peut remarquer une porte unique en son genre, vitrée, qui se poursuit en fenêtre avec appui étagé en deux gradins, le tout sous une rangée de tuiles bordant l'ouverture en plein-cintre. Il s'agit là d'une tentative régionaliste des années 1930.

Cours Ernest Renan. Maison parcelle 650, porte-fenêtre années 1930.Cours Ernest Renan. Maison parcelle 650, porte-fenêtre années 1930.

Il existe par ailleurs quelques portes rectangulaires en verre et fer forgé au dessin délié sur la maison du cours Gambetta, plus géométrique sur la porte de la maison p. 611 îlot 53 qui évoque d'au­tres portes du cours Sadi-Carnot et un portail de même style rue Chabran.

- Portes cochères et portails

Les portes cochères sont soit en plein-cintre (une des plus anciennes, peut-être du XIIIe ou XIVe siècle, à larges claveaux, au­jourd'hui murée se trouve impasse de l'Oubli, p. 667, îlot 2), soit en arc segmentaire. Elles sont plus rarement rectangulaires et l'une d'elles présente un cas unique de claveau à crossette (en "T") dans un linteau sur un coussinet. Les montants sont quelquefois chanfrei­nés.

Les portails de cours et jardins ont une huisserie essentiellement en fer forgé soit de style XVIIIe siècle-XIXe siècle, soit de style "art-déco" ou des années 1950

- Devantures de magasins : l'encadrement des vitrines est en général rectangulaire mais l'arc surbaissé est assez prisé. Un magasin des années 1930 présente de larges baies à pans coupés sur la place Castil Blaze.

- Fenêtres

Il subsiste encore dans Cavaillon quelques fenêtres remontant au Moyen-Age et à la Renaissance.

Les plus anciennes (XIIIe-XIVe s.) sont des baies jumelées qui apparaissent sous les enduits dans trois maisons proches de la Grand' Rue (p. 587, p. 586 et 585 en façade sur cour) ; un exemplaire unique par sa taille, son état de conservation (bien que remanié) et sa déco­ration sculptée est visible dans la rue Lamartine ; elle devait avoir un remplage aujourd'hui disparu ou muré.

On trouve ensuite une série plus tardive (XVe- XVIe s.) de fenêtres à meneau et croisillon, visibles (dossiers hôtel de la place aux Her­bes ; hôtel de Crillon et p. 949, impasse du Chapeau Rouge) ou cachées, soit sous un enduit (dossier maison rue du Four Neuf). Ce dernier cas est celui d'une belle demi-croisée dont les extrémités du larmier sont traitées sous forme d'oiseaux aux attitudes différentes, appartenant à la maison située sur la place Abbé Béranger.

D'autres demi-croisées apparaissent çà et là, impasse du Chapeau Rouge ou rue de la Gendarmerie ; l'une d'elles (p. 1061, îlot 28) n'est plus connue que par une photo.

Plus répandues sont les fenêtres à encadrement chanfreiné ; elles sont généralement localisées dans les demeures possédant une tour d'escalier, sur la tour-même ou sur le corps de bâtiment adjacent (dossier hôtel rue Poissonnerie).

Deux fenêtres également isolées enfin illustrent un type dont elles sont l'unique représentant. Il s'agit d'une part d'une petite fenêtre à double cavet dans l'îlot 27, d'autre part d'une croisée inscrite dans une travée toscane datant vraisemblablement du XVIe siècle, dans la rue de la République.

Les fenêtres en arc segmentaire du XVIIIe siècle sont assez fré­quentes surtout le long de la Grand'Rue. Parfois elles constituent des vestiges dans des façades remaniées ultérieurement ; elles sont alors signalées sur la carte 11 par des points.

Au XIXe siècle, les ouvertures adoptent plutôt la forme rectangulai­re mais les fantaisies ne sont pas exclues et les deux cas de fenêtres en arc brisé remontent à cette période. On les trouve sur le cours Bournissac, perçant les pavillons de brique de la maison p. 521 et au fond de l'impasse perpendiculaire à la rue de la Gendarmerie (p. 694).

Le XXe siècle apporte à son tour de nouveaux types de fenêtres, grande baie sous auvent des années 1930 ou larges cintres que l'on trouve sur le cours Bournissac ou le long de la place aux Herbes, sur des façades de petites dimensions.

Il faut certainement expliquer par la présence d'un entrepôt la forme des baies rectangulaires, assez grandes pour le chargement de marchandises, qui caractérisent la façade de la deuxième maison, rue Lamartine.

- Jours

De nombreuses façades sont de plus percées de petites ouvertures, fenestrons, lucarnes, oculi ou impostes qui prennent des contours variés : impostes et lucarnes rondes ou ovales, fenestrons éclairant les escaliers sous forme de losange.

- Baies fenières

Seules ou associées à des potences de bois ou de fer on en compte 51. Il est difficile de savoir si leur présence reflète une activité agricole, ce qui est probable quand elles sont placées au-dessus d'une remise, mais elles apparaissent un peu partout dans la ville et sont plus nombreuses au nord et à l'est.

e) Éléments hors-œuvre

On a repéré trois éléments revenant plus fréquemment dans la description des façades :

- les potences en bois ou en fer (124 façades en sont pourvues et quelquefois en ont deux ou trois)

- les balcons (sur 112 façades) qui scandent en priorité les alignements des boulevards mais également les élargissements de rues (Grand'rue) et quelques places {place aux Herbes, Ph. de Cabas­sole, Castil-Blaze). Quelques balcons de fer forgé du XVIIIe siècle sont de belle qualité.

- les marquises (56) en fer, verre ou tôle.

f) Décor

- Décor peint : la couleur des enduits est dans l'ensemble con­centrée autour d'une gamme de gris-beige-sable mais on rencontre éga­lement des teintes vives et du blanc dans les proportions suivantes :

- sable : 235 façades soit 25 %

- ciment et gris : 206 soit 22 %

- beige : 61 soit 6, 5 %

- ocres jaune, rouge, couleurs abricot, rose, lie de vin,violet : 146 soit 15, 5 %

- bleu ou vert : une dizaine en tout.

Les encadrements de baies sont parfois signalés par une couleur contrastant avec celle de la façade, le plus souvent en blanc sur un fond gris-beige (296 cadres blancs). Cette bordure plus claire est dans quelques cas soulignée par un filet coloré : on note 22 fois des cadres blancs à filet noir, 13 fois à filet rouge et 3 associations de couleurs représentées seulement une fois, bleu à filet rouge, ocre jaune à filet noir et beige à filet rouge. Le décor peint est très rare en dehors donc de ces cadres de baies ou de façades et des génoises rehaussées parfois de rouge ou de blanc.

Trois façades seulement portent un décor illusionniste de faus­ses fenêtres, le plus complet étant celui d'une maison de la rue Raphaël Michel ; il n'existe par ailleurs qu'une chaîne de façade en trompe-l'0eil.

Les enseignes peintes, en mauvais état, ne figurent que sur 3 ou 4 murs (cf. dossier Maison rue de la République).

- Décor mouluré et sculpté : le décor mouluré s'applique aux encadrements de façades (angles, chaînages, corniches) ou de baies (cadres, appuis) et aux cordons et bandeaux intermédiaires ; il concerne 176 façades (19 %).

La sculpture hormis le traitement au fer des cadres et refends (2, 5 %) est moins abondante (8, 7 %) mais a produit des décors variés, souvent de qualité, entre le XIIIe et le XXe siècle.

Le plus ancien est celui de la 1ère maison rue Lamartine sous forme de têtes humaines placées à la base de la baie à colonnettes.

Quelques blasons du XVIe siècle parent façades ou tours d'esca­liers (hôtel rue Poissonnerie, place Ph. de Cabassole, hôtel de Cril­lon) ; un autre blason nu et un corbeau à feuille d'acanthe, contem­porains ou légèrement postérieurs, ont été signalés dans une maison adjacente (p. 564 îlot 61) sans que nous ayons pu la visiter et véri­fier si ces éléments existent toujours.

Aux périodes suivantes, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles appartien­nent des décors sculptés sous forme de mascarons au-dessus des portes, têtes de femmes ou de "putti".

On a en outre répertorié exactement 6 niches placées en façade ou à l'angle des maisons ; 4 d'entre elles contiennent une statue de la Vierge à l'Enfant, une cinquième une statue de la Vierge seule. Celle qui présente certainement le plus d'intérêt date du XVIIe siècle et orne la maison de la rue de la République. La seule niche d'angle se trouve à proximité, p. 88 îlot 34. Proche de la première par son style, la niche de la maison étudiée rue J.-J. Rousseau est placée en hauteur sur la façade.

Rue de la République. Maison parcelle 88. Niche d'angle avec Vierge à l'Enfant.Rue de la République. Maison parcelle 88. Niche d'angle avec Vierge à l'Enfant.

Une niche vide du XVIIe siècle, située sur la parcelle 272, îlot 10, paraît être un remploi. Les autres datent visiblement du XIXe siècle (p.939, îlot 3 ; p. 309, îlot 39).

Quand il est limité aux éléments d'architecture de la façade, le décor sculpté s'exprime par des corniches à modillons, des pilastres à chapiteaux, des clés en pointe de diamant sur portes et fenêtres. L'exemple de la façade p. 623 îlot 23 datant de la première moitié du XIXe siècle est particulièrement remarquable.

Un décor plus volumineux et plus abondant de guirlandes de fleur et têtes de lions signale les maisons situées le long des boulevards et en particulier celles qui étaient ou sont restées des cafés (ex. p. 275 îlot 10 ; café Fin de Siècle).

A l'angle des cours Bournissac et Victor Hugo s'élève une grande maison au riche décor sculpté et à l'unique décor de céramique de cou­leur blanche, jaune, bleue et rouge visible dans Cavaillon. Ces constructions datent de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Il faut enfin faire mention des décors façonnés dans un mortier dur, traité à la façon de la pierre ; ils sont assez rares, apparte­nant au XIXe siècle. Le plus marquant est celui du 2e hôtel de la Grand1 rue.

g) Menuiseries

Il s'agit des portes piétonnes, des baies boutiquières en bois et des contrevents. Il ne subsiste pas de menuiseries antérieures au XVIIIe siècle et cette période n'est représentée que par 4 ou 5 portes assez bien conservées. En revanche les portes du XIXe siècle sont très nombreuses ; elles peuvent être entièrement en bois, simples, mais il en existe une grande série à menuiserie sculptée et imposte vitrée en fer forgé contenant quelquefois des initiales entrelacées.

Réalisées au milieu du XIXe siècle, plusieurs portes identiques dans Cavaillon semblent relever de la même fabrication. Ce sont des portes vitrées en bois au dessin rayonnant qui ser­vent quelquefois de porte d'entrée mais que l'0n rencontre également à l'intérieur.

Le XXe siècle est représenté par une dizaine de portes de style "art déco" ou des années 1950 aux motifs plus géométriques (ex. p. 623 îlot 3).

Les baies boutiquières en bois du XIXe siècle et du XXe siècle sont localisées bien sûr le long des axes traditionnellement commer­çants mais également dans certains îlots où cette activité est désaf­fectée (ex. îlot 2)

Ces baies sont soit simples avec vitrine, porte vitrée et partie inférieure en bois soit complètes avec ais de portes et de vitrines. Quelquefois seuls les montants et la partie supérieure de la devanture sont sculptés. Les couleurs sont variées, bleu pour les devantures des photos 26 et 27, rose pour celle de la photo 28, jaune clair avec rehauts de couleurs pour la dernière. Pour les contrevents en bois ou les persiennes les couleurs sont également variées mais restent dans des tonalités "classiques" avec une nette majorité de gris (323).

Couverture

Le matériau traditionnel en Provence que constitue la tuile creuse en terre cuite couvre la presque totalité des maisons de Cavaillon dont les toitures sont généralement à deux versants. Les toitures à croupes plus rares sur l'ensemble de la ville ont été choisies comme élément marquant du lotissement du passage Vidau.

Très peu de maisons ont pu être visitées jusqu'aux combles et l'exa­men des charpentes se limite à une dizaine de cas. Ces charpentes sont simples et comportent une structure de poutres à section ronde ou équarries (ces dernières étant de fabrication plus récente) sur lesquelles reposent des solives et des "quartons", pièces transversales servant à retenir le matériau de remplissage.

Distribution intérieure

a) Maisons du Moyen-Age et de la Renaissance

Toutes les maisons possédant des baies du XIIIe siècle au XVIe siècle ont vu leur distribution intérieure modifiée ultérieurement. Lorsque ces maisons conservent leur escalier, c'est une vis, en pierre ou en plâtre, dont l'étude a surtout été faite dans les hôtels.

b) XVIIe siècle

Il reste très peu de maisons de cette époque. On y trouve l'escalier rampe-sur-rampe en pierre qui se substitue à l'escalier en vis et acquiert une position centrale dans la maison. Néanmoins son accès continue à être éloigné de la rue pour se placer côté cour, bien qu'une partie de ces maisons aient leur façade principale sur la rue.

C'est le cas d'un des plus anciens escaliers appartenant aux années 1640 et le seul qui soit daté spécifiquement, dont l'entrée depuis la cour est signalée par un arc en plein-cintre dont la clé porte cette date. Un passage à caractère monumental sous un arc de même forme a également dû accompagner l'escalier de la 2e maison dans la Grand'rue, situé au même endroit, contre la cour, que dans la maison voisine p. 939.

La 1ère maison du cours Bournissac et l'hôtel de l'impasse Romarin ont tous deux leur façade principale sur une cour ; la porte d'entrée débouche directement sur l'escalier. Il s'agit comme dans les demeures précédemment citées d'un escalier de pierre à deux volées droites ; la distribution des pièces se fait de façon latérale. Les pièces situées de chaque côté du palier ont parfois conservé leur porte d'origine dont la menuiserie est ornée de panneaux moulurés.

Ce qui caractérise la plupart de ces escaliers du XVIIe siècle est la présence d'un décor sculpté sur le mur-noyau. Dans le 2e hôtel et la 5e maison de la Grand'rue, c'est une colonnette engagée mais la 1ère maison du cours Bournissac et l'hôtel de l'impasse Romarin et la 2e maison de la Grand'rue ont en commun une large volute ornant le bas du mur-noyau. Un vestige d'une volute de même style apparaît dans l'escalier, transformé, de la maison p. 949 îlot 60.

Quant au décor intérieur que l'on peut éventuellement dater du XVIIe siècle, il faut citer l'exceptionnel décor de l'alcôve et de la cheminée du 1er hôtel de la Grand'rue, celui des plafonds à solives peintes du 2e hôtel place Ph. de Cabassole et de l'hôtel place aux Herbes.

c) XVIIIe siècle

La densification de la population a imposé par­ fois le recoupement des maisons en unités plus petites et indépendan­tes. Deux maisons de la rue de la République ne permettent d'illus­trer ce processus de détérioration de la qualité de l'habitat. Les parcelles 146 et 147 de l'îlot 37 comptent quatre unités d'habitation actuellement. Mais il s'agissait au départ de deux maisons qui avaient chacune une façade de deux travées. Elles ont été partagées en deux parties A et B ; la partie A a gardé son escalier tandis qu'on en a ajouté un dans la partie B séparée.Tous les rez-de-chaussée sont à usage de commerce, mais on trouve au premier étage deux pièces en profondeur avec une seule fenêtre côté rue.

La place de l'escalier varie en fonction de la taille de la maison et de sa position par rapport à la rue. Ainsi il est presque central et placé au fond d'un couloir dans la maison p. 89 îlot 35 disposée à l'angle de deux rues, tandis qu'on le trouve directement derrière la porte de la maison p. 767 îlot 27 située le long de la Grand'rue. Dans ces deux cas, il s'agit d'un escalier en vis hélicoïdale à structure de plâtre.

Dans les demeures plus importantes, l'escalier devient monumental, de plan carré ou rectangulaire et dispose ses trois ou quatre volées droites autour d'un jour. Il est souvent précédé d'un vestibule relié par un arc de pierre en plein-cintre ou en anse de panier couronnant les premières marches ou les limites de la cage. C'est le cas dans la parcelle 964, îlot 55 ; ses marches sont en général en pierre et sa rampe en fer forgé (celle de l'escalier p. 591 a été remplacée par une médiocre ferronnerie récente).

Rue de la République. Maison parcelle 964. Escalier 18e siècle.Rue de la République. Maison parcelle 964. Escalier 18e siècle.

Il est possible de dater plus précisément des années 1750 deux de ces escaliers, celui du corps de logis F du couvent et celui de la p. 591 dont la répartition des matériaux et du décor (mur d'échif­fre en calcaire blanc, angle mouluré en calcaire gris) se retrouve à l'Hôtel de Ville.

Enfin on trouve dans les cages d'escalier de la 2e maison rue Danton et de la maison rue Raspail une niche sculptée destinée à abriter une statuette.

De même que les escaliers du XVIIe siècle, ceux du XVIIIe siècle distribuent souvent des pièces disposées latéralement qui ont conservé un carrelage d'origine fait de tomettes de céramique rouge hexagonales et un décor plafonnant ou mural de gypseries. Il existe encore de nombreuses cheminées de marbre de couleur variée (blanc, noir, gris, brèche rouge) dont le centre du manteau est orné d'un motif d'agrafe, d'un cœur ou dans trois maisons étudiées (1ère maison et 1er hôtel de la Grand'rue ; maison rue Hébraïque) d'un vase à godrons avec incrustations de marbres de couleurs différentes.

d) XIXe siècle

Une dizaine de maisons du XIXe siècle ont pu être visitées, dont la distribution obéit à des schémas différents.

- L'escalier est placé au fond d'un couloir, dans un angle de la parcelle et distribue une maison double en profondeur (p. 321 îlot 39, p. 91 îlot 35, 2e maison de la rue Lamartine) simple dans le cas de la petite maison p. 972 (maison place A. Boussot).

- L'escalier est accessible depuis un vestibule et occupe une place à peu près centrale dans la maison (maison place J. d'Arbaud et cours E. Renan).

- L'escalier, à l'extrémité d'un couloir, au fond de la parcelle est légèrement décentré (p. 300, îlot 39).

- L'escalier est placé contre le revers de la façade, et rejeté sur un côté de la maison, près de la porte d'entrée (p. 28, îlot 33).

Enfin une des plus grandes demeures du XIXe siècle, l'hôtel de la place Voltaire présente une distribution intérieure, ainsi qu'une façade, copiées sur celles d'un hôtel particulier du XVIIIe siècle. On trouve dans l'axe de la porte, décentrée, un vestibule au fond duquel est placé l'escalier tandis que de part et d'autre de ce vesti­bule plusieurs pièces sont disposées en enfilade.

Le sol du vestibule est constitué d'une mosaïque dans les tons blanc-brun et noir de même type que celles, datant de la fin du XIXe siècle, que l'on peut voir dans le vestibule de l'Hôtel de Ville, le café "Fin de Siècle" et dans quelques autres vestibules (maison rue Raspail; 1er hôtel de la Grand'rue).

Par ailleurs, cette grande maison possède un décor, réalisé en gypseries et en peintures murales, remarquable par sa cohérence et son abondance, ses motifs végétaux stylisés et ses couleurs d'une gamme assez sombre.

En dehors des édifices destinés au public que sont les cafés et dont le café "Fin de Siècle" illustre la profusion d'ornements qu'on pouvait y trouver, le XIXe siècle a créé dans Cavaillon le seul décor peint figuratif qui orne un plafond de la maison du cours E. Renan. Ces putti appartiennent à une représentation de caractère symbolique ou mythologique. On ne sait s'il faut attribuer au XIXe siècle la série de trois cheminées sculptées signalées dans les différentes parties du 2e hôtel place Ph. de Cabassole ?

e) XXe siècle

On a pu pénétrer dans trois maisons appartenant au XXe siècle (construites entre 1900 et 1930 environ) ; il s'agit de la maison du cours Gambetta, de celle qui s'élève à l'angle des cours V. Hugo et Bournissac (p. 292) et de la maison p. 611 îlot 53. La première possède au fond d'un grand vestibule, un escalier central accompagné d'une belle rampe en fer forgé. Ce qui surprend dans la deuxième est le caractère exigu de la cage d'escalier placée directement derrière la porte, dans la partie centrale de la maison. Le reste n'a pu être visité.

La troisième est également un immeuble d'angle dont l'entrée est rejetée à une extrémité. L'escalier est placé de façon à être accessible aussi bien par cette porte que par les grandes pièces du rez-de-chaussée, donnant sur la rue, conçues dès l'origine comme bureaux. Les marches de cet escalier, comme celui de la 1ère maison citée sont en travertin beige.

Florence Destombes Chargée d'étude.

Localisation

Emplacement

Inscription

Ilot 33, p. 41

Clé de porte de l'escalier

côté cour

164...

Ilot 2, p. 657

impasse de l'Oubli

Claveau de porte en

plein-cintre du jardin

1707

Ilot 39, p. 309

(impasse)

Clé de porte

1743

Ilot 33, p. 33

(impasse)

Clé de porte

175...

Ilot 26, p. 777

(place Voltaire)

Plaque de marbre fixée

à mi-hauteur de la

façade

LA CROIX DE LA MISSION DE 1820

FUT ENTREPOSEE ICI PENDANT

TROIS JOURS

Ilot 27, p. 765

(rue Paul Bert)

Linteau de porte

A 1863 B

Ilot 39, p. 310

Clé de porte

1872

Ilot 35, p. 91

(rue Emile Zola)

Clé de fenêtre, deuxième

niveau, deuxième travée

M 1895

Ilot 2, p. 650

(cours E. Renan)

Troisième niveau, au centre

d'une étoile façonnée

1932

Ilot 39, p. 300

(cours Bournissac)

Plaque de marbre au-dessus

de la porte

PROPRIETE / DES / HOSPICES REUNIS

/ LEGS Vve GILLET

Ilot 23, p. 1008

(passage Vidau)

Dans le fronton de la porte

du passage

L. BILLA SCR

CH. VIDAU ENTR

Ilot 11, p. 292

Partie cours Bournissac

Partie cours V. Hugo

ETIENNE GRAVA / ENTREPRENEUR/

MARSEILLE

M. PERAULT / ARCHITECTE /

MARSEILLE

Ilot 47, p. 527

Plaque de marbre fixée sur

la porte de la cour

RAPHAEL MICHEL / 1894-1944 /

DU FRONT NATIONAL / TORTURE

ET FUSILLE / PAR LA GESTAPO

Ilot 37, p. 1187

Devanture en marbre rose

inscription gravée

MARBRERIE SOLFRINI AVIGNON

Dates et inscriptions relevées sur les façades de maisons (ordre chronologique)

Faubourgs

Malgré leur apparente diversité, la grande majorité des maisons cons­ truites à Cavaillon dans la période 1890-1940 appartiennent à un même type. Type qui s'est formé autour de 1900, semble-t-il, à l'occasion de la construction d'un certain nombre de maisons bourgeoises auxquel­les on peut souvent associer le nom de l'entrepreneur Charles Vidau. Ces maisons, de volume généralement cubique et comportant un ou deux étages au-dessus d'un rez-de-chaussée et d'un étage de cave, ont une structure triple en largeur et double en profondeur. La porte d'entrée située au centre de la façade y introduit à un couloir autour duquel se répartissent régulièrement quatre pièces principales. L'aménagement de l'escalier s'est fait de deux manières : soit la cage d'escalier se situe dans l'axe du vestibule et se trouve alors éclairée par une baie percée dans le mur de l'élévation postérieure ; soit transversalement axée, elle occupe le centre de la maison et possède un éclairage zéni­thal. L'escalier appartient toujours au même type : escalier suspendu à une ou plusieurs volées tournant autour d'un jour ; fréquemment percée dans le mur d'échiffre, une porte donne accès à la cave.

Les élévations de ces maisons à l'ordonnance régulière présentent deux ou trois niveaux et trois ou plus rarement cinq travées. La faça­de antérieure, qui fait l'objet d'une ornementation plus soignée bien que toujours sobre, peut être en pierre de taille ; sinon elle est enduite et possède seulement un décor en pierre, auquel peuvent venir s'ajouter quelques éléments d'applique en ferronnerie ou fonte, en céramique, enfin rarement un décor peint. Les menuiseries sont simples : on possède dans les faubourgs un seul exemple de porte très ornementée. Au-dessus d'une corniche, la couverture est à longs-pans ou à croupes et peut alors comprendre une lucarne de comble se détachant au centre de la partie antérieure de la toiture.

A l'intérieur, le décor est généralement constitué de sols en mosaïque pour le vestibule et parfois pour les pièces de réception du rez-de­ chaussée. Les tomettes de terre cuite qui revêtent le plus souvent les escaliers en plâtre (on trouve parfois une pierre jaune imitant le marbre) se retrouvent aux étages. Enfin des carrelages industriels polychromes se rencontrent également, notamment dans les cuisines et salles-de-bain. Le reste du décor consiste en cheminées de marbre blanc, noir ou rouge, au manteau soit rectangulaire, soit avec pié­droits angulaires sculptés et linteau galbé dans le style néo-Louis XV. Les plafonds sont ornés de quelques gypseries ou sculptures en carton bouilli, rosace centrale et motifs d'entrelacs aux angles ; quelque­ fois une voussure avec rinceaux court sous le plafond. Les lambris sont quasiment absents : on trouve seulement des lambris bas à décor de panneautages rectangulaires. Une seule des maisons étudiées possède un décor peint : plafonds à fresques de la villa Popoli sur le cours Sadi Carnot.

Enfin un petit nombre de ces maisons bourgeoises conservent un jardin ordonnancé d'origine : dans l'avenue de Stalingrad (CE 246) maison avec jardin de la fin du XIXe siècle, constitué de parterres que délimitent des buis taillés et entre lesquels se dessinent d'étroites allées. Mais un tel aménagement avec l'habitation située au fond du jardin n'est pas courant. Les maisons bourgeoises, généralement cons­truites le long des cours et avenues qui ceinturent la vieille ville, s'ouvrent plutôt sur un jardin arrière ; leur façade antérieure se situe d'habitude en retrait d'une minuscule cour qui, close par un portail, n'a d'autre but que d'isoler la maison de la voie publique.

Avenue de Stalingrad. Section CE, parcelle 246. Façade antérieure ouest sur jardin 19e siècle.Avenue de Stalingrad. Section CE, parcelle 246. Façade antérieure ouest sur jardin 19e siècle.

Ces maisons, même si elles paraissent très caractérisées et constituer une famille, correspondent cependant à la mise en perfection d'un parti qui existait antérieurement : dans les fermes du XIXe siècle, la partie affectée à l'habitation présente souvent une façade à porte centrale et fenêtres de part et d'autre, qui fait suggérer le même type de distribution intérieure à couloir central. Par ailleurs une petite maison étudiée au quartier du Cagnard (141 allée Guende) et datant probablement de la première moitié du XIXe siècle, présente déjà une structure triple en largeur avec vestibule-cage d'escalier au centre.

A la fin du XIXe siècle, un grand nombre de maisons de ce type à caractère mi-rural, mi-urbain, furent construites à la périphérie plus ou moins immédiate de la vieille ville. Le modèle en est toujours le même : présence de deux étages au-dessus de la cave ; façade à deux ou trois travées mais toujours avec porte centrale s'ouvrant sur un couloir de distribution. Généralement orientées au sud, ces maisons s'ouvrent sur une terrasse de plain-pied avec le jardin, laquelle en est séparée par un mur bas servant d'appui à une pergola métallique. Dans l'axe de cette terrasse se trouve en principe le portail d'entrée de la maison : portail à deux piliers éventuellement couronnés de cha­piteaux et enserrant une fermeture métallique. Couvertes de toits à longs-pans, ces maisons n'hésitent pas à présenter du côté de la voie publique une façade aveugle couronnée d'un pignon. La façade anté­rieure est la seule à posséder un décor architectural : sur l'enduit lisse se détachent en pierre des chaînages d'angle, un bandeau délimi­tant les deux niveaux, des cadres lisses autour des baies ; d'une menuiserie simple, la porte d'entrée est surmontée d'une imposte en ferronnerie ; enfin couronnement par une génoise à plusieurs rangs ou par une corniche de pierres plates.

A l'extrémité nord du faubourg du Cagnard, bordant les nombreuses impasses qui s'ouvrent sur les avenues Berthelot et de Provence, se rencontrent de petites maisons de même type mais beaucoup plus modes­tes : tout décor d'architecture est absent de leurs façades sur lesquelles une treille accentue souvent le côté rural.

Reprenant le schéma des maisons bourgeoises du début du XXe siècle, de très nombreux pavillons élevés pendant la période de l'entre-deux­ guerres et même plus tard, se contentent pour toute innovation d'une façade au goût du jour. Le plan toujours identique - une circulation médiane desservant quatre pièces régulièrement distribuées et la cage d'escalier s'il y a lieu - s'adapte cependant à des structures variées. On trouve toujours le type de la maison individuelle à deux étages d'habitation, avec ou sans cave : il s'agit en fait de villas qui sou­ vent sont mitoyennes et s'inscrivent dans un alignement de type urbain. Cependant un nouveau parti s'impose dans les années 1920-1930 qui consiste à aménager le rez-de-chaussée (parfois l'étage de soubasse­ment) en garage ou cave, l'habitation ne disposant plus que de l'éta­ge ; un escalier extérieur aboutissant à un perron ou balcon conduit à cet étage. (Par la suite les pavillons des années 1950-1960 retien­dront cette disposition, jusqu'à l'émergence du style néo-provençal et de ses villas ne comportant qu'un rez-de-chaussée). Une nouvelle formule à destination d'habitants plus modestes consiste enfin à superposer deux logements indépendants dans un même pavillon : là encore le logement de l'étage est accessible par un escalier extérieur, volée droite ou tournante située soit au centre de la façade soit sur le côté de la maison.

Ces élévations observent toujours la même ordonnance à trois travées et porte centrale, seul le décor change. Elles sont souvent revêtues d'un enduit à la tyrolienne au-dessus d'un soubassement ou même d'un premier niveau traité en appareil polygonal rustique. Les baies peuvent être rectangulaires ou en arc segmentaire, entourées d'un chaînage harpé ou d'un cadre soit en pierre, soit en brique, soit façonné. On trouve également de nombreuses fenêtres en anse de panier généralement entourées d'un cadre mouluré sommé d'une clé, et avec une imposte en fer forgé. Les portes d'entrée, elles aussi pourvues d'impostes, sont volontiers couvertes d'une marquise. Par ailleurs, il arrive qu'une véranda maçonnée ou métallique consti­tue une sorte de tambour au devant de la porte d'entrée. Côté jardin, des vérandas faisant toute la largeur de la façade sont courantes. Le plus souvent un pignon couronne la façade : percée d'un oculus, il peut aussi faire l'objet d'un décor peint. Les toitures qui peu­vent aussi être des longs-pans avec lucarnes de comble reposent sou­vent sur des aisseliers et comprennent fréquemment un décor de céra­mique : lambrequins, crêtes et épis de faîtage.

D'une manière générale, l'ornementation intérieure de ces pavillons est médiocre et consiste presque uniquement en décors de série. Si 1'on rencontre encore quelques mosaïques (maison 273, avenue de Verdun), les sols sont le plus souvent revêtus de carrelages industriels. Les quelques cheminées de marbre et rosaces de gypserie qui demeurent sont uniformes. Quelques maisons plus soignées ont reçu des menuiseries à motifs géométriques dans le goût des années 1925-30, notamment celles construites par l'entrepreneur de Philippe. On peut enfin souligner une particularité de distribution qui, dans de nombreux cas, consistait à prévoir les latrines hors de la maison : édicules placés parfois sous la volée donnant accès au logement, parfois sur la véranda ou la terrasse donnant accès au jardin. De même pour les souillardes, appe­lées à Cavaillon "gatouilles".

Pour ce qui est des jardins, généralement de dimensions réduites, ils ne font pas l'objet d'aménagements caractéristiques. Les clôtures, qui souvent s'harmonisent avec les rampes d'escaliers et de balcons, en constituent le principal élément décoratif : elles peuvent être enfer forgé ou en béton ; on note dans les années 1950, l'apparition de tubulures creuses associées au béton. Pour en finir avec ce type de distribution à couloir central, on peut encore dire qu'il fut adopté pour la plupart des maisons d'expédition lorsque celles-ci comportent un logement au-dessus de l'entrepôt. On le trouve également dans quelques-unes des maisons de rapport construites au début du XXe siècle (cf. la maison étudiée au 158 avenue Maréchal Joffre).

Avenue du général Leclerc. Section CL, parcelle 35. Vue de volume depuis le sud.Avenue du général Leclerc. Section CL, parcelle 35. Vue de volume depuis le sud.

Une autre catégorie de maisons très présente à Cavaillon est celle de maisons doubles, construites dès la fin du XIXe siècle et qui se retrouvent jusque dans le pavillonnaire des années 1970. Ces maisons qui constituent généralement de modestes habitations appartiennent à différents types :

- maisons à caractère urbain faisant partie d'un alignement

- maisons qui à l'instar des maisons bourgeoises se situent légèrement en retrait de la voie publique, dont une petite cour avec portail les sépare ; elles peuvent éventuellement s'ouvrir sur un jardin arriè­re

- maisons à caractère demi-rural avec façade antérieure sud s'ouvrant sur une terrasse qui, de plain-pied avec le jardin, est souvent couver­te d'une pergola

- maisons ouvrières pouvant comporter un garage ou un atelier au rez-de-chaussée.

Enfin on trouve un cas unique, semble-t-il, de deux maisons jumelles, comportant un entrepôt relativement vaste au rez-de-chaussée et un logement à l'étage : alignées sur deux parcelles au passage du Grand Terrot (CK 827 et 1258) et probablement construites dans les années 1950, elles constituent clairement deux unités.

La structure de ces maisons connaît au contraire peu de variantes. Elles comportent dans presque tous les cas un étage carré au-dessus d'un rez-de-chaussée et parfois d'un étage de cave. Les deux logements peuvent être exactement identiques au point d'être desservis parfois par un même escalier à volées convergentes. Deux logements d'impor­tance différente peuvent aussi être juxtaposés comme c'est le cas pour la maison étudiée au 224 allée Romain Rolland : on y trouve une structure triple en largeur du type précédemment décrit, accolée d'un très modeste logement qui, simple en largeur, ne présente qu'une travée de façade.

Le principe des maisons doubles a souvent été retenu pour les lotisse­ments. Tel fut le cas pour celui construit par la Caisse d'Epargne au quartier du Cagnard, vers 1935 : sur la rue du Docteur Chabert, s'ali­gnent trois maisons semblables, comportant chacune deux logements qui s'ouvrent sur un petit jardin au sud. Une vingtaine d'années plus tard, un même ensemble vint s'ajouter à quelques mètres, en bordure de la rue Honoré de Balzac, avec pour seul changement un renouvellement du décor de façades. Plus récemment, dans les nouveaux quartiers situés à l'est de la ville, ont été bâtis plusieurs ensembles de villas dou­bles : par exemple le lotissement des années 1970 situé rue des Lierres (section CM).

Pour ce qui est des élévations, les maisons doubles présentent pour certaines d'entre elles seulement la particularité de compositions parfaitement symétriques. Le vocabulaire ornemental est le même que celui décrit pour les maisons individuelles. Les toitures à croupes ou à longs-pans sont uniformes, ne comportant que très rarement lucarnes et ornements de céramique.

Les éléments de distribution intérieure, limités à quelques cheminées et carrelages, sont également plus pauvres que dans les maisons tra­ditionnelles.

Hormis ces deux catégories bien caractérisées, mais à couloir central et maisons doubles, on trouve à Cavaillon un échantillon traditionnel de maisons, dont les modèles sont régionaux ou extra-régionaux.

Les faubourgs comptent encore quelques grosses maisons bourgeoises de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle, notamment sur les section CM-CN au nord de la ville. Elles s'ouvrent en général sur les cours ou avenues par un portail architecturé relativement important, du type de celui situé au 192, cours Gambetta.

En bordure de la vieille ville également se rencontrent quelques mai­sons plus ou moins modestes du type à couloir latéral, ce qui permet à une boutique ou à un garage d'occuper la plus grande partie du rez­ de-chaussée.

Dans le quartier de la gare, certaines maisons abritant magasin de commerce au rez-de-chaussée et appartements aux étages empruntent leur structure à des modèles parisiens : au 72 avenue Maréchal Joffre, maison dont la façade d'une composition parfaitement symétrique comprend deux portes latérales, l'une vitrée donnant accès à la bouti­que, l'autre à un passage dans lequel se trouve l'accès aux loge­ments. Cette maison a en outre la particularité d'être longée par une andronne à laquelle conduit le passage.

Dans les quartiers sud et est de la ville construits dans les premières années du XXe siècle, se rencontrent quelques gros pavillons pittores­ques hérités de la tradition des premières villas suburbaines du XIXe siècle : maisons dont les décrochements et les bow-windows per­mettent un jeu sur les toitures.

Le faubourg des Grands Jardins, au sud, compte encore de nombreux cabanons qui s'intercalent entre les pavillons récents. Forme d'habitat temporaire typiquement provençale, le cabanon varie de la cabane à outils vaguement améliorée, à la pièce d'habitation soigneusement amé­nagée, dont un exemple subsiste à l'allée Guende. On trouve également dans ce secteur un petit nombre de modestes maisons individuelles datant du début du XXe siècle, dont celle à façade néo-gothique cons­truite sur la parcelle CI 451 : son type à deux travées d'élévation s'inscrit en marge du gabarit habituel des maisons cavaillonnaises ; un autre exemple se trouve au 174 route des Courses.

Dans les années 1925-1930, l'entrepreneur Monier fut à l'origine de la création à Cavaillon d'un "style provençal" qui, à vrai dire, ne s'est pas réellement concrétisé. Quelques rares exemples en sont les dépen­dances de la maison située au 164 cours Bournissac, précisément construites par Monier ; rue Paul Langevin, une petite maison qui, revêtue d'un enduit ocre, comporte un porche dans-œuvre avec pilier grossièrement appareillé, baies en plein-cintre et génoises. Enfin en bordure du centre, cours Ernest Renan, une façade composée d'éléments semblables.

La période des années 1945-1965 a vu se développer quelques programmes originaux pour des maisons individuelles situées dans des faubourgs à l'urbanisation récente.

126, rue de la Durance. Section CE, parcelle 496. Vue de volume.126, rue de la Durance. Section CE, parcelle 496. Vue de volume.

Ainsi, au 126 rue de la Durance (CE, 496) une villa construite en1948 par un architecte du nom de Mathieu, présente un compromis entre solutions anciennes et nouvelles. Le volume cubique orienté au sud sur le jardin, les deux étages dont le premier abrite le garage et le second le logement sont des éléments traditionnels. Au contraire la présence d'un escalier intérieur s'écarte des schémas habituels : la cage d'escalier s'ouvrant sur l'avenue par une porte située au centre de la façade orientale s'achève par un édicule donnant accès au toit­ terrasse. Le traitement classique des façades (enduit lisse au-dessus d'un appareil rustique, baies rectangulaires à cadres façonnés) fut renouvelé dans les années 1960 par l'ajout d'une véranda au sud : véranda qui, située à l'étage d'habitation, repose sur de minces piles en béton et a une forme originale en exèdre. Des caractéristiques à peu près semblables se retrouvent dans la maison située au 432 route des Courses (CL, 15) : volume cubique à deux étages couronnés par un toit-terrasse ; entrée par la façade latérale ouest au centre de laquelle une porte s'ouvre vraisemblablement sur la cage d'escalier. Cependant, le traitement uniforme des façades, les corniches en béton couronnant les fenêtres du second niveau, et surtout le couronnement de l'escalier aboutissant sur le toit (couronnement dans lequel on peut voir un lointain héritier des pare-soleils imaginés par le Corbusier) donnent à cette maison une allure moderniste.

Souvent un seul élément vient renouveler des formes traditionnelles : à l'angle de la route des Courses et du boulevard Edouard Herriot (CE, 25) une maison construite en 1934, et qui présentait une façade classique à deux niveaux et trois travées, fut agrandie en 1958 par la construction d'un second corps de bâtiment n'abritant qu'une pièce par étage et revêtant la forme d'une abside polygonale ; sur le boule­vard Beauséjour (CD, 49) maison dont 1'escalier latéral affecte une forme en fer à cheval puis volée droite, avec rampes de béton en esca­lier. Enfin sur l'avenue de Verdun (CE, 4) une maison construite vers 1960, abritant un bureau au rez-de-chaussée et vraisemblablement un logement à l'étage, présente une curieuse façade dont les éléments, notamment la claire-voie en béton de la première travée, paraissent empruntés à l'architecture publique contemporaine.

Boulevard Edouard Herriot, route des Courses. Section CE, parcelle 25. Vue de volume prise depuis le sud-est.Boulevard Edouard Herriot, route des Courses. Section CE, parcelle 25. Vue de volume prise depuis le sud-est.

Le pavillonnaire des 25 dernières années (seulement repéré) peut se diviser en deux périodes. Jusque vers 1970-1975 les maisons se présen­tent le plus souvent sous la forme de villas mitoyennes composant des alignements homogènes. Elles comportent un étage au-dessus d'un rez­ de-chaussée fréquemment occupé par un garage. S'ouvrant sur un jardin ou sur une petite cour intérieure, les élévations sont simples : un balcon fait généralement saillie au second niveau ; le vocabulaire en est souvent hérité du style provençal mis en place dans les années 1930, avec baies en plein-cintre ou en arc segmentaire, piédroits ou piliers à l'appareillage rustique, génoises. Une tour ronde se situe parfois à l'angle de la maison, élément qu'on retrouve volontiers dans les pavillons isolés ne comportant qu'un seul étage.

Depuis une quinzaine d'années, la tendance à l'individualisation des maisons s'est accentuée : les pavillons sont isolés les uns des autres, souvent construits sur le même modèle dans les premiers lotissements de cette période, tous différents pour les plus récents. Ils ne se composent plus que d'un unique rez-de-chaussée, le garage constitu­ant souvent un volume juxtaposé au logement. Les formes régionales tendent à s'effacer pour laisser la place à un style pseudo-rustique comprenant notamment clôtures et portails en bois, menuiseries vernies, chevrons, auvents avec poutres. La plupart de ces maisons sont des constructions industrielles.

Marie-Odile GIRAUD, Chargée d'étude.

  • Période(s)
    • Principale : Fin du Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine

Les maisons occupent des parcelles de forme variée où le bâti et les espaces libres se répartissent de différentes façons, avec une plus grande densité du bâti au centre et plus d'espace libre sur la périphérie. La majorité des maisons est construite en blocage de moellons enduits. La pierre de taille de nature calcaire coquillier de couleur jaune est assez fréquente. Elle est employée pour toutes les caves, tous les escaliers à vis avec noyau de pierre, toutes les tours d'escalier et une grande partie des arcs intérieurs, jusqu'au 17e siècle ; au-delà, elle est remplacée par du calcaire blanc. La brique est très peu usitée et ne concerne que des constructions du 19e ou 20e siècle. Le principal matériau de couverture, traditionnel en Provence, est la tuile creuse et couvre la presque totalité des maisons, dont les toitures ont généralement deux versants. Pratiquement toutes les maisons sont bâties sur des caves voûtées d'arêtes ou en berceau ; il n'est pas rare d'y trouver un puits circulaire encore empli d'eau. La plus grande partie des maison a un ou deux étages sur le rez-de-chaussée, les plus importantes se trouvant sur les boulevards ; les façades les plus élevées appartiennent exclusivement aux grands immeubles récents des années 1960-1980. On constate d'une grande majorité de maisons est de petite taille et ne comprend qu'une ou deux travées, avec une plus grande fréquence de maisons à une travée dans la partie nord de la ville et le long de la rue de la République. La façade principale est sur le mur gouttereau sauf quelques exceptions. Les baies sont en majorité rectangulaires, souvent avec encadrement de pierre, mais présence également de baies en arc segmentaire, qui révèlent généralement une architecture du 18e siècle. Le 20e siècle a introduit des formes et des matériaux nouveaux. Le décor : mouluré pour les encadrements de façades ou de baies ; sculpture peu abondante, quoique variée et souvent de qualité. Il existe au 19e siècle quelques rares décors moulés dans un mortier dur traité à la façon de la pierre. Les maisons du Moyen-Age et de la Renaissance ont vu leur distribution intérieure modifiée ultérieurement. Les maisons du XVIIe siècle sont rares et se signalent par leur escalier rampe-sur-rampe qui acquiert une position centrale dans la maison, mais dont l'accès continue à être éloigné de la rue pour se placer côté cour (présence d'un décor sculpté sur le mur-noyau). Au 18e siècle, la place de l'escalier varie en fonction de la taille de la maison et de sa position par rapport à la rue ; dans les demeures plus importantes l'escalier devient monumental, de plan carré ou rectangulaire et dispose de ses trois ou quatre volées droites autour d'un jour (rampe en fer forgé) ; il est souvent précédé d'un vestibule relié par un arc de pierre en plein-cintre. Au 19e siècle et au 20e siècle, le schéma de la place de l'escalier et de la distribution sont beaucoup plus variés.

  • Toits
    tuile creuse
  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • pierre de taille
    • moellon
  • Décompte des œuvres
    • repérées 551
    • étudiées 48
Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 2002
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