Historique et hypothèses de datation
L’édifice présente plusieurs périodes de construction hypothétiques : le chevet, le faux transept, la nef et au moins une partie du bas-côté sud ont été bâtis au Moyen Age. Le bas-côté nord a été construit au 17e siècle, et le clocher au 18e siècle. Enfin, les murs de l'église ont été exhaussés au 19e siècle, à l'occasion de l'entière réfection de la couverture.
Chronologie présumée de la construction de l'église.
Un édifice antérieur ?
L'orientation non pas est-ouest, mais nord-est / sud-ouest de l'édifice (calquée sur le plan d'un édifice antérieur ?), la découverte de tombes en bâtière de tegulae au sud de celui-ci et la présence de deux plaques de chancel en remploi au-dessus de la porte latérale de la façade principale et dans la baie axiale de l'abside, dont la datation peut être comprise entre les 5e et 7e siècles, font considérer l'hypothèse de l'existence d'un lieu de culte antérieur à l'actuelle église.
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 2017 (section AS, parcelle 132).
Détail de l'abside : baie axiale avec plaque de chancel en remploi.
Détail de la façade principale : porte latérale avec plaque de chancel en remploi.
L'édifice médiéval
Le chevet tripartite, le faux-transept, la nef et une partie du bas-côté sud ont été bâtis au Moyen-Age. Le cartulaire de Saint-Victor mentionne l'église de Saint-Julien-le-Montagnier ("ecclesia Sancti Juliani Montanerii") dès 1182 à l'occasion de l’allégeance de plusieurs seigneurs envers le monastère victorin, ainsi que d'une transaction concernant Saint-Martin-de-Brômes. Puis, une église de Saint-Julien-le-Montagnier et une église Sainte-Trinité (« ecclesiam Sancti Juliani Montanarii et ecclesiam Sancte Trinitatis ») sont citées conjointement en 1227 à l’occasion d’une confirmation à l’évêque de Riez par Grégoire IX. Il pourrait s'agir de l'église paroissiale et de la chapelle Sainte-Trinité, présentant le même type d'appareil [référence du dossier : IA83003254.] Du point de vue de l'archéologie du bâti, la période principale de construction de l'édifice pourrait se situer, selon les auteurs, entre la fin du 11e siècle et la fin du 12e siècle.
Plusieurs périodes de construction peuvent être identifiées au sein du bâti médiéval. La première concerne le chevet, le faux transept et les deux premières travées nord de la nef. En effet, sur l'élévation extérieure de la nef, la corniche avec cordon et modillons visible depuis le comble du bas-côté sud, présente une rupture et un décalage de niveau entre les deux travées est et les deux travées ouest : la corniche est plus basse à l'est qu'à l'ouest.
Vue du comble du bas-côté sud : rupture de la corniche de l'élévation extérieure de la nef.
La nef pourrait ainsi avoir été prolongée vers l'ouest, a posteriori, par deux travées plus larges. Quant au bas-côté sud, il a probablement flanqué la nef à l'occasion d'un troisième moment de construction.
Vue du bas-côté sud depuis l'ouest.
Cette adjonction tardive peut être confirmée par la présence de plusieurs baies ébrasées sur l'élévation intérieure sud de la nef, condamnées par le bas-côté sud.
Baie primitive de la nef obturée par l'adjonction du bas-côté sud.
De plus, l'adjonction des murs de la nef et du bas-côté est bien visible dans l'épaisseur des piliers qui présentent des modules différemment appareillés. Ces piliers massifs et irréguliers possèdent un rythme différent de la structure principale de l'édifice. Le pilier situé entre les deux travées les plus à l'ouest pourrait englober un ancien contrefort de la nef.
Premier pilier (ouest) du bas-côté sud intégrant peut-être un ancien contrefort de la nef.
Vue rapprochée du premier pilier est du bas-côté sud présentant deux appareils différents.
Plan de l'église. [Plan de l'église paroissiale de Saint-Julien, Var.] 1971.
Toujours au sein de ce bas-côté, on peut distinguer deux périodes de construction, celle des deux travées est (là encore, forme différente du cordon, disposition en retrait par rapport à celui des travées les prolongeant à l'ouest) et celle des deux dernières travées ouest, dont l'appareil est différent. La transition est marquée par un arrachement de la chaîne d'angle de l'un des arcs doubleaux. En outre, l'arc doubleau le plus à l'ouest est bâti avec un autre type de pierre que celles employées pour la partie orientale du bas-côté. La partie ouest a donc pu être adjointe, ou reconstruite plus tardivement.
Vue du bas-côté sud : arrachement.
Dans la première travée ouest visible dans le comble du bas-côté sud, se trouve un arc doubleau brisé dont le caractère unique pose question. Témoigne-t-il là aussi d'une adjonction plus tardive ?
Vue du comble du bas-côté sud : première travée à l'ouest.
Ainsi, la construction du chevet, du faux transept, de la nef et du bas-côté sud pourrait s'échelonner de la fin du 11e siècle jusqu'au 13e siècle, voire plus tardivement pour les deux chapelles prolongeant à l'ouest le bas-côté sud.
L'épaisseur du mur entre la nef et ce bas-côté serait selon R. Jardin le signe de la présence d'un mur de fortification médiéval (épaisseur, mise en œuvre hétérogène des matériaux, baies ébrasées aveugles visibles sur l’élévation côté nef et qualifiées d'archères). Cependant, le tracé du rempart lisible dans le parcellaire du cadastre de 1823, dont les vestiges actuellement visibles sont datables du 13e siècle, ne correspond pas à celui de cette élévation. Selon le même auteur, le contrefort visible au niveau du chevet aurait été réalisé suite à l'arrachement d'un portail d'entrée situé dans le prolongement de cet hypothétique rempart, au 19e siècle. Ce portail n’est pas non plus figuré par le cadastre de 1823.
Au niveau du chevet et du faux transept, R. Jardin propose, au vu de l'étroitesse du bras et de l'absidiole nord, de voir une construction en deux temps intégrant cette partie a posteriori. Enfin, il signale que la pierre dont est bâtie l’église aurait été prélevée dans le banc rocheux à l’est du piton où s’élève l’église.
En somme, l'édifice présente hypothétiquement au moins quatre moments de construction médiévaux. Une première période, probablement survenue entre la fin du 11e siècle et la fin du 12e siècle, pourrait voir l'érection du chevet, du faux transept et des deux premières travées est de la nef. Cette nef a pu être prolongée à l'ouest par deux travées au cours d'une seconde période. La construction des deux travées est du bas-côté sud pourrait correspondre à un troisième moment, puis celle des deux travées ouest à un quatrième. À ces quatre périodes, il faut ajouter l'hypothèse d'une construction en deux temps du faux transept et du chevet, avec l'absidiole ouest, plus étroite que celle à l'est (simple changement d'équipe sur le chantier ?).
En 1486, le tailleur de pierre Jean Aulagnier du Puy, en Dauphiné, est mandaté par deux syndics de Saint-Julien pour recouvrir l’église et son clocher de « dalles », contre onze florins.
La sacristie est difficilement datable. Elle pourrait avoir été bâtie durant les Temps modernes. Elle remploie peut-être des moellons issus d'un édifice médiéval et son mur ouest intègre selon H. Lézaud un ancien contrefort. La porte à arc segmentaire chanfreiné permettant d'y accéder depuis l'intérieur de l'église pourrait dater des 15e ou 16e siècles. Cette porte est ménagée au sein de l'extrémité est du bras de transept, qui présente un arc en plein cintre prenant toute la largeur de la travée. Un piédroit de cet arc disparaît derrière le premier pilastre du bas-côté sud, laissant présumer la construction postérieure du bas-côté.
Vue de l'élévation est de la sacristie : arrêts dans les assises.
Un agrandissement de l'édifice aux 17e et 18e siècles
Aux Temps modernes, la paroisse dépend du diocèse de Riez et les bénéfices ecclésiastiques qui lui sont associés sont partagés entre deux chanoines de la collégiale de Barjols (prieurs des chapelles disparues de Saint-Pierre et de Notre-Dame-du-Plan), deux chanoines du chapitre de Riez, et le curé de la localité.
À cette période, l'église subit des agrandissements avec la construction du bas-côté nord, le remaniement de la façade principale (porte principale, porte latérale et oculus) et l'érection d'un nouveau clocher.
Le bas-côté nord, constitué de quatre chapelles, est voûté d'ogives.
Vue du bas-côté nord depuis l'ouest.
Cette voûte est contrebutée par des arcs-boutants visibles dans les combles.
Vue du comble du bas-côté nord.
Depuis la nef, l'accès à ce bas-côté se fait par des ouvertures en plein cintre encadrées de pierres de taille, dont celle de la première chapelle nord porte la date gravée de 1675. En 1673, les consuls projetaient de faire blanchir l'église paroissiale conformément à une sentence de visite rendue par l'archevêque de Riez : s'agit-il de la même campagne de travaux ?
Détail d'une travée du bas-côté nord : date portée.
Ainsi, bien que les archives soient muettes et que certains auteurs situent sa réalisation au 16e siècle, le bas-côté nord doit plutôt être daté du 17e siècle. En effet, d'autres édifices géographiquement proches, bâtis à cette période, utilisent un voûtement d'ogives [référence du dossier : IA83003176]. En outre, la porte latérale de la façade principale située dans le prolongement du bas-côté possède un style caractéristique de cette période (arc en plein cintre, clé en pointe de diamant, surmonté d'un fronton en quart de cintre brisé). D’après R. Jardin, on a employé pour la construction du bas-côté une pierre jurassique calcaire à dolomie prélevée au plateau de Gourdane, prolongeant l'éperon sur lequel s'est implanté le village. H. Lézaud émet en outre l'hypothèse d'une construction ou d'une reconstruction de ce bas-côté en deux temps, sur la foi des différences existant entre la première travée près du chœur et les autres travées du bas-côté (clé de voûte, passages avec la nef).
Détail de la façade principale : porte latérale avec plaque de chancel en remploi.
En 1686, les consuls exposent qu'il est nécessaire de "faire accommoder les couverts de l'église et de l'horloge pour éviter qu'il n'arrive une ruine". En 1699 sont rénovés la couverture et le pavement : le 3 octobre 1699, est enregistré un paiement à François et Julien Philibert, maçons, pour travail et "fournitures" faites à l'église paroissiale, ainsi qu'à Joseph Thuilier pour le prix de mille cinquante tuiles employées au couvert. Le 9 décembre 1699, la communauté paie à Joseph Jauffret le prix de six cents "malons, tuiles et autres fournitures" pour l'église. Une partie du pavement est constituée, au niveau de la travée sud-est, de carreaux de terre cuite vernissés verts datables des 17e ou 18e siècles (?).
Sur la façade sud, la porte principale en plein cintre, constituée de pierre ocre et friable (safre ?) peut-être datée du 17e siècle. Selon H. Lézaud, les pierres calcaires situées à la base des piédroits appartiendraient à la porte primitive. Leur mise en œuvre semble pourtant trop grossière pour une porte monumentale telle que celles conservées en Provence pour l'époque médiévale. Cette porte était surmontée d'un oculus bâti avec la même pierre ocre, dont la façade conserve les traces. Cet oculus fut remplacé par une grande baie en plein cintre à encadrement de pierre calcaire après 1751, ainsi que l'indique une convention entre le vicaire et les maçons Buerle, Hugou et Negré datée du 26 juin 1751. Elle stipule que les artisans devront "ouvrir une grande fenetre au dessus de la grande porte de l'église paroissiale", en pierre de taille "crosse et lancis bouchardée", d'une hauteur de douze pans, d'une largeur de six pans et d'un ébrasement de trois-quarts de pans. Le travail devra être achevé au mois de septembre 1751.
Détail de la façade principale : porte principale surmontée d'une baie.
À cette même date, l'inventaire sommaire des archives antérieures à 1790 rapporte les réparations votées par les consuls, "étant même tombé des grosses pierres de l'arc qui soutient la voute". Les registres étant en lacune dans les archives communales, il n'a pas été possible de vérifier le contenu exact de la délibération.
Le 9 avril 1761, il est question des dommages causés par la foudre, qui a frappé l'église dans la nuit, causant "diverses fentes dans l'église, et [qui] dans la nef de la petite porte a jetté une partie du clocher du levant et du midy a terre, a brulé l'autel de ste thècle, le devant d'autel de st joseph, a brulé une partie des colonnes du maitre autel, endommagé le retable a brisé et casé toutes les vitres de l'église rompu le fil d'archal des fenetres (...) le couvert se trouvant aussi tout endommagé et comme il y a à craindre que le clocher ne vienne totalement en ruine (...)". L'architecte Brun "du lieu de Lile" (il peut s'agit d'Esprit-Joseph Brun dit le cadet comme de son frère aîné, Jean-Ange), qui travaille alors à Esparron (commune limitrophe), au château de son seigneur M. de Lordonné, se rend à l'église le 10 avril 1761 pour dresser le devis des réparations à effectuer à l'église et au clocher. Les travaux sont mis aux enchères le 26 avril 1761 et sont déclarés achevés le 13 octobre 1761 par Honoré Jullien, maçon de Sainte-Tulle.
Le 17 mars 1771, les consuls délibèrent de faire réparer un des piliers de l'église paroissiale qui menace ruine, en prévision de l'installation d'une nouvelle chaire à prêcher. Il s'agit probablement du pilier contre lequel est adossé l'actuelle chaire.
Le clocher
Un clocher est mentionné en 1486. Certains travaux historiques mentionnent la construction d'un nouveau clocher en 1647, mais il s'agit en réalité de l'aménagement d'une horloge dans une maison d'habitation (paiement du travail de la tour à Pierre Guis en 1647, série BB de l'inventaire sommaire des archives antérieures à 1790, f°148). La travée de l'élévation nord accolée au clocher conserve les vestiges d'un mur comportant une porte en plein cintre aveugle. Celle-ci prend appui sur la chaîne d'angle du bras de transept. S'agirait-il des vestiges d'un ancien clocher, voire d'une chapelle latérale ?
Détail de l'élévation nord : ancien clocher ?
Le conseil de communauté vote la reconstruction du clocher menaçant ruine en 1708. Le 2 août 1711, les travaux sont attribués à Jean-Pierre Michel d'Aix et Jean-Antoine Hugou de Saint-Julien. Le 21 octobre 1714, les consuls délibèrent de mettre aux enchères les travaux d'un nouveau clocher, l'ancien devant être démoli. Un devis avec plan est dressé le 31 octobre de la même année par l'architecte aixois H. Rouman[s?]. Sa description correspond à l'actuel clocher, constitué dans sa partie inférieure de trois murs adossés à l'élévation de la chapelle Sainte-Thècle (bras nord du faux transept) percée d'une porte, et dans sa partie supérieure de quatre murs surmontés de quatre baies accueillant les cloches et d'une voûte en cul-de-four de pierres de taille en tuf, prélevé dans la communauté voisine de La Verdière. L'escalier en plâtre avec "une ranpe servant de parapet" est éclairé par trois baies ("luquernes"). La couverture d'origine a disparu : en tuiles, elle a pu prendre la forme d'une "esguille ou piramide" et comporter une génoise à trois rangs de tuiles et à un rang de malons.
Dessin d'un nouveau clocher pour l'église paroissiale du lieu de Saint-Julien-le-Montagnier, 1714.
Le devis indique que l'entrepreneur devra travailler au cours du mois de mars 1715 et un mandat est délivré aux ouvriers "ayant travaillé au clocher" cette même année. Le 6 septembre 1716, le conseil vote de procéder à la réception des travaux. Les maçons Remond et Michel sont cette fois cités comme attributaires du prix-fait du clocher. En 1717, un paiement aux "entrepreneurs des travaux du clocher" est approuvé. Sa voûte sera rénovée en 1861.
Vue générale de l'élévation nord et du clocher.
Travaux réalisés à l'époque contemporaine
Le 28 novembre 1802 des travaux de réparations à faire à l'église paroissiale sont mis en adjudication. Ils concernent principalement le recrépissage de l'intérieur de l'édifice, la réparation du sol, la pose de châssis et de vitres à certaines baies, la pose d'une porte conduisant à la tribune et la réfection d'éléments de la charpente. Ils sont attribués à Jacques Daumas et Philippe Degleises, maçons de La Verdière. Ils sont reçus le 19 août 1803 par les maçons Joseph Chaspouls et Laurens Bonnaventure de Montmeyan.
Un nouveau devis pour des travaux à l'église paroissiale est dressé le 16 mai 1839 par Gianani, architecte à Brignoles. Outre les classiques réfections d'enduits, blanchiments et réparations au carrelage et à la toiture, il prévoit le rejointoiement général et l'exhaussement de 1,5 mètre de l'élévation sud de l'église. Une chapelle doit être adossée à la sacristie pour servir au dépôt des morts (avec porte à l'est, non repérée.) Le clocher doit subir des interventions avec la reconstruction d'une partie de la rampe de son escalier et la "fermeture en maçonnerie d'une des fenêtres". Il est enfin question du placement une fenêtre en plein cintre au-dessus de la porte d'entrée principale en remplacement de l'existante "tombant en ruine" : s'agit-il de l'actuelle baie en plein cintre surmontant la porte principale, qui aurait donc remplacé celle percée vers 1751 ? Le procès-verbal d'adjudication, daté du 8 août 1839, est attribué au maçon Laurent Philibert de la commune de Ginasservis.
Vue générale de la façade principale.
L'architecte Gianani dresse un autre devis le 1er avril 1843, où il indique que des réparations insuffisantes ont été opérées en 1840. Il signale que l'église est en très mauvais état, laissant pénétrer les eaux pluviales. Son sol "représente plutôt le sol d'une grange en ruine que celui d'un temple destiné aux offices divins", écrit-il. Le devis prévoit la réfection à neuf, avec remplacement du bois de charpente "pourri ou gâté", de la toiture des deux bras de transept, mais aussi le recrépissage des murs extérieurs, la réparation des enduits intérieurs, la réfection du carrelage de l'église. Ce devis n'est approuvé par le préfet que le 13 septembre 1844 et aucun document n'indique sa réalisation. Seul un procès-verbal d'adjudication daté du 27 mai 1855 signale l'attribution de travaux de réparation à effectuer à l'église à Patrice Pontier, maçon de Saint-Julien.
En revanche, de grands travaux structurels sont entrepris à la couverture de l'édifice entre 1859 et 1861. Celle-ci, probablement de type complexe en conséquence de l'agrandissement de l'édifice par adjonctions successives au fil des siècles, doit être homogénéisée. Le 11 juin 1859, l'ingénieur L. Just dresse un devis signalant à nouveau l'état de complet délabrement de la toiture de l'église paroissiale, et la pénétration des eaux pluviales. Il projette l'entière démolition de la toiture ainsi que sa reconstruction à neuf, en conservant les bois et les tuiles valables (deux poutres du bas-côté ouest doivent par exemple être remployées à la nouvelle toiture). Cette couverture devra présenter une génoise à deux rangs de tuile sur les façades nord et sud, qui seront réhaussées de 50 cm "afin de rendre uniforme la pente de la toiture (...) et afin d'établir une seule pente pour chaque plan incliné de la toiture et pour éviter les inconvénients que présente toujours la chute d'une toiture sur l'autre." Les murs des bras de transept devront être exhaussés de 2 mètres sur trois côtés, de 50 cm pour l'élévation est du bras sud, en reconstruisant son mur est "qui menace ruine", et de 1 mètre 25 cm pour ceux des deux contreforts au sud (probablement les deux contreforts les plus proches de la sacristie qui n'ont visiblement pas été surélevés).
Sur la façade principale, la partie sud (bas-côté), est lézardée et devra être reconstruite, ainsi qu'une partie de la voûte de la travée attenante, sur une longueur de 2 mètres. Un pilier du bas-côté sud où on a pratiqué une ouverture pour loger le confessionnal, doit être bouché en maçonnerie et un de ses angles, "qui menace de s'écrouler", démoli et reconstruit (ce que l'on observe dans le pilier de la seconde travée ouest comportant une pièce de bois).
Vue rapprochée du second pilier ouest.
La couverture de l'abside et des absidioles devra être refaite à neuf "en cône", reposant sur un massif de maçonnerie établi sur la voûte. La voûte du clocher sera recouverte d'un dallage en saillie sur la corniche existante, la voûte devant être reconstruite (?). Quatre tirants en bois existant à la naissance de la voûte seront remplacés par des tirants de fer. Les travaux, exécutés par Zacharie Jaubert, maître maçon de Montmeyan, sont reçus le 31 juillet 1861 par L. Just, et validés par le conseil municipal le 16 février 1862.
Des arrêts dans les assises supérieures de la façade principale témoignent du remaniement de la couverture. Cette partie supérieure, avec son avant-toit de briques, est probablement le résultat de l'exhaussement réalisé entre 1859 et 1861. On distingue sur cette façade un petit appareil de moellons assisés qui pourrait correspondre à l'ancienne façade médiévale.
Détail de la façade principale : coups d'arrêts dans les assises signalant un exhaussement.
Une dépendance (disparue) fut accolée à l'élévation nord en 1880 par l'abbé Perrymond. Le plan cadastral de 1823 confirme qu'elle a été bâtie après cette date. Deux photographies datables de la seconde moitié du 19e siècle montrent ce bâtiment annexe couvert d'un appentis, situé entre deux contreforts de l'élévation. On y pénétrait depuis l'intérieur de l'église, comme l'indique la présence d'une porte obturée. Un inventaire daté de 1881 mentionne un legs de 200 francs fait à l'église, à l'aide duquel l'évêque a autorisé à faire construire une petite sacristie située "entre les deux encoules [contreforts] de sainte Anne". Ceci pour "enlever l'humidité à l'église et avoir un débarras pour les objets des autels et de l'église afin d'utiliser le clocher pour une chapelle : fait la porte et le grand bahut." Une chapelle pourrait donc avoir occupé le rez-de-chaussée du clocher durant le 4e quart du 19e siècle (?).
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 1823 (section Au, parcelle 196).
La tribune fut agrandie en 1882 par l'abbé Perrymond. La sacristie fut restaurée en 1890 par M. Rouvier.
Des travaux structurels furent encore menés par la municipalité durant la seconde moitié du 20e siècle. Entre 1971 et 1973, des travaux de décroûtage et de ravalement par sablage des élévations intérieures furent effectués par le biais de chantiers de jeunes volontaires organisés par l'association Les Alpes de lumière et l’entreprise Omnium façades (ravalement) de Marseille. L'appareil ainsi fragilisé fut ensuite consolidé par un rejointoiement mais le reste de l'édifice ne fut jamais réenduit (hormis le bas-côté ouest). La sacristie fut restaurée à la même période. En 1988, la toiture fut entièrement refaite (arases, pannes, chevrons, tuiles) par l'entreprise Barlatier (Jean-Marc Barlatier, artisan maçon, Tavernes) sous la maîtrise d'œuvre d'Alain Amédéo, de l'atelier SUD architectes. Des travaux furent entrepris au clocher de l'église en 1989.
Maçon. Il réalise des travaux à Saint-Julien (Var) en 1699.