Un édifice antérieur dédié à saint Laurent
La visite pastorale de 1421 indique que l’église de Ginasservis est désaffectée au profit d’une église dédiée à saint Laurent, située à l’intérieur de l’enceinte fortifiée. En 1582, cette église « est fort mal couverte et les verrières toutes rompues », tout comme son clocher et son maître-autel qui sont « ruinés ». L'édifice était situé près du château : l'évêque ordonne de faire « poser une porte de boys à la porte allant de l’esglize au chasteau du dict lieu » (1582), et une délibération de la communauté datée de 1651 indique que l'église "estoit ensiennement proche du chateau". Toujours en 1582, l'évêque ordonne à la communauté de faire agrandir l’église afin qu’elle puisse accueillir tous les fidèles du lieu. D’après Ferréol de Ferry, elle est dévastée par les protestants en 1586. La visite pastorale de 1620 nous apprend sa démolition. C’est alors Notre-Dame de Picquassier, actuelle chapelle de pénitents, qui sert d’église paroissiale [référence du dossier : IA83003177].
Édification de la nouvelle église Saint-Laurent
En 1620, l’évêque ordonne de faire rebâtir l’église paroissiale Saint-Laurent à un endroit choisi par le prieur et la communauté. Cette nouvelle église doit être financée par le commandeur de l'ordre des hospitaliers à Aix (seigneur du lieu) pour un tiers et par la communauté pour les deux tiers restants (elle vote un emprunt à cette date). En 1621, les consuls s'entretiennent avec le commandeur pour définir le lieu de la construction dans le but de faire établir un plan.
L'emplacement de la future église fait débat entre la communauté et le commandeur, ainsi qu'au sein même du conseil. La délibération de 1620 indique que le commandeur souhaite que la nouvelle église soit bâtie « hors les murailhes du lieu ». Au contraire, le conseil décide en 1623 de la faire réédifier à l’emplacement de l’ancienne église (à l’intérieur des remparts). Deux consuls s’y opposent, arguant d’un lieu incommode et trop étroit. Le conseil mande alors des experts "étrangers" qui ont pour mission de définir le meilleur endroit pour reconstruire. Finalement, l'acte de prix-fait passé le 27 juillet 1626 pour la construction de l'église évoque le quartier du "fourt de l'hourme". La même année, le conseil se divise à nouveau sur la question de l'emplacement : étant donné le coût important des maisons à acquérir et à démolir au "fourt de l'hourme", c'est le quartier de Terrollier, où les coûts de la démolition seraient moindres (étables et casals), qui est privilégié. Les maîtres maçons demandent alors un dédommagement de 300 écus à la communauté en cas de construction au Terrollier, pour les travaux supplémentaires à réaliser aux fondations de l'église. Le seigneur ne voulant pas augmenter sa part du financement en conséquence, les consuls passent une nouvelle convention avec les maîtres maçons pour construire l'église au Terrollier aux mêmes conditions que le précédent prix-fait, tout en prenant en charge le surplus des fondations. Le compte final de la quittance du 30 mars 1629 atteste d'une somme supplémentaire perçue par les maçons pour les fondations, étant donné le changement de place. La bénédiction de 1651 confirme cette érection au Terrollier ("fere benir l'esglise neufve, nouvellement bastie au cartier du Tellolier").
L'acte de prix-fait passé le 27 juillet 1626 montre que l'église projetée est conforme à l'édifice existant. Les maîtres maçons Baptiste Pellegrin et Artur Dromet, résidant respectivement à Claviers et Manosque, mais originaires de Marcoux dans le Comté de Nice (localité non identifiée), sont chargés de la construction pour un prix de 2 200 livres. L'église aura une longueur de douze cannes, y compris l'abside, une largeur de quatre cannes et une hauteur de même (mesure hors de terre). Elle devra être conforme au plan dressé par Simon Carre, maître maçon. Le prix-fait prévoit la construction de deux chapelles de dix-sept pans carrés chacune, bâties sur un plan en croix ("en croix dudit perpeture"). Ces chapelles porteront une "demie voulte" et le choeur sera "à pan". L'église sera rythmée de trois arcs doubleaux, renforcés de quatre contreforts au niveau des murs extérieurs. Les ouvertures de la nef seront en pierre de taille à l'extérieur, en maçonnerie à l'intérieur. Deux portes, dont l'emplacement sera décidé par le seigneur, permettront d'accéder à l'intérieur : une porte principale en pierre de taille "à l'ordre tuscan", et une petite porte "avec ung chapiteau et ronde". Le clocher sera érigé entre le chœur et une des chapelles, du côté voulu par le seigneur. Un voûtement est prévu à l'intérieur pour accueillir la sacristie, qui communiquera avec l'église. Un escalier doit être édifié pour permettre de "sonner les cloches à vent". Le clocher comportera quatre baies en pierre de taille. Le sommet du clocher devra être édifié plus haut que le toit de l'église. La communauté se chargera d'évacuer les gravats issus du creusement des fondations. Les maçons sont autorisés à prélever du bois dans les terres incultes ("terres gastes") et à édifier des fours à chaux. De même ils pourront remployer les pierres de l'ancienne église ("esglize vieilhe"), ainsi que celles de plusieurs maisons, dont celles où les maçons sont hébergés ("oultre celle des mesons que lesdicts mestres massons habitent pour la place de ladicte esglize"). L'église devra être livrée blanchie de plâtre blanc en dedans (église, sacristie, chapelles et autres) de manière à pouvoir y célébrer le culte, et crépie à l'extérieur, avant le mois de mai 1627.
En 1628, un nouveau prix-fait est passé avec Arthur Dromet pour la confection de la voûte (dite à croisillons). Après le paiement des maîtres maçons en 1629 s’en suivent, entre 1629 et 1634, des conflits liés au chantier ainsi qu’au paiement de la part du commandeur. La construction demeure inachevée puisque la visite pastorale de 1633 mentionne la nouvelle église paroissiale, qui est sans couvert ni clocher. En 1650, un nouvel emprunt est effectué pour terminer les travaux. L’église Saint-Laurent est finalement consacrée le 14 septembre 1651. Cependant, en 1656, il y manquait encore le clocher (Ferreol de Ferry).
Travaux postérieurs à la consécration
La sacristie est mentionnée dès 1662. En 1676, la voûte, le toit, le pavé, les murs et les portes sont en bon état. Des réparations sont mentionnées dans les délibérations communales dès 1728 et en 1743, elles indiquent que la voûte menace de s’effondrer. La tribune est construite en 1858 par le maître maçon Augustin Palanque. Le carrelage du sanctuaire et des chapelles latérales a été refait en 1859. Des réparations à la toiture du sanctuaire et des chapelles latérales sont réalisées en 1860. En 1984, des travaux de remise en état sont effectués. La toiture est reprise, le carrelage des fonts baptismaux refait, la nef enduite au mortier de chaux.
Maçon, réalise l'église paroissiale de Ginasservis (Var) entre 1626 et 1629.