Dossier d’œuvre architecture IA83003176 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, patrimoine religieux de Provence Verte Verdon
Eglise paroissiale Saint-Laurent
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Provence Verte Verdon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de la Provence Verte - Saint-Maximin-la-Sainte-Baume
  • Commune Ginasservis
  • Lieu-dit
  • Cadastre 1824 Au 37  ; 2018 AK 551
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Laurent

Un édifice antérieur dédié à saint Laurent

La visite pastorale de 1421 indique que l’église de Ginasservis est désaffectée au profit d’une église dédiée à saint Laurent, située à l’intérieur de l’enceinte fortifiée. En 1582, cette église « est fort mal couverte et les verrières toutes rompues », tout comme son clocher et son maître-autel qui sont « ruinés ». L'édifice était situé près du château : l'évêque ordonne de faire « poser une porte de boys à la porte allant de l’esglize au chasteau du dict lieu » (1582), et une délibération de la communauté datée de 1651 indique que l'église "estoit ensiennement proche du chateau". Toujours en 1582, l'évêque ordonne à la communauté de faire agrandir l’église afin qu’elle puisse accueillir tous les fidèles du lieu. D’après Ferréol de Ferry, elle est dévastée par les protestants en 1586. La visite pastorale de 1620 nous apprend sa démolition. C’est alors Notre-Dame de Picquassier, actuelle chapelle de pénitents, qui sert d’église paroissiale [référence du dossier : IA83003177].

Édification de la nouvelle église Saint-Laurent

En 1620, l’évêque ordonne de faire rebâtir l’église paroissiale Saint-Laurent à un endroit choisi par le prieur et la communauté. Cette nouvelle église doit être financée par le commandeur de l'ordre des hospitaliers à Aix (seigneur du lieu) pour un tiers et par la communauté pour les deux tiers restants (elle vote un emprunt à cette date). En 1621, les consuls s'entretiennent avec le commandeur pour définir le lieu de la construction dans le but de faire établir un plan.

L'emplacement de la future église fait débat entre la communauté et le commandeur, ainsi qu'au sein même du conseil. La délibération de 1620 indique que le commandeur souhaite que la nouvelle église soit bâtie « hors les murailhes du lieu ». Au contraire, le conseil décide en 1623 de la faire réédifier à l’emplacement de l’ancienne église (à l’intérieur des remparts). Deux consuls s’y opposent, arguant d’un lieu incommode et trop étroit. Le conseil mande alors des experts "étrangers" qui ont pour mission de définir le meilleur endroit pour reconstruire. Finalement, l'acte de prix-fait passé le 27 juillet 1626 pour la construction de l'église évoque le quartier du "fourt de l'hourme". La même année, le conseil se divise à nouveau sur la question de l'emplacement : étant donné le coût important des maisons à acquérir et à démolir au "fourt de l'hourme", c'est le quartier de Terrollier, où les coûts de la démolition seraient moindres (étables et casals), qui est privilégié. Les maîtres maçons demandent alors un dédommagement de 300 écus à la communauté en cas de construction au Terrollier, pour les travaux supplémentaires à réaliser aux fondations de l'église. Le seigneur ne voulant pas augmenter sa part du financement en conséquence, les consuls passent une nouvelle convention avec les maîtres maçons pour construire l'église au Terrollier aux mêmes conditions que le précédent prix-fait, tout en prenant en charge le surplus des fondations. Le compte final de la quittance du 30 mars 1629 atteste d'une somme supplémentaire perçue par les maçons pour les fondations, étant donné le changement de place. La bénédiction de 1651 confirme cette érection au Terrollier ("fere benir l'esglise neufve, nouvellement bastie au cartier du Tellolier").

L'acte de prix-fait passé le 27 juillet 1626 montre que l'église projetée est conforme à l'édifice existant. Les maîtres maçons Baptiste Pellegrin et Artur Dromet, résidant respectivement à Claviers et Manosque, mais originaires de Marcoux dans le Comté de Nice (localité non identifiée), sont chargés de la construction pour un prix de 2 200 livres. L'église aura une longueur de douze cannes, y compris l'abside, une largeur de quatre cannes et une hauteur de même (mesure hors de terre). Elle devra être conforme au plan dressé par Simon Carre, maître maçon. Le prix-fait prévoit la construction de deux chapelles de dix-sept pans carrés chacune, bâties sur un plan en croix ("en croix dudit perpeture"). Ces chapelles porteront une "demie voulte" et le choeur sera "à pan". L'église sera rythmée de trois arcs doubleaux, renforcés de quatre contreforts au niveau des murs extérieurs. Les ouvertures de la nef seront en pierre de taille à l'extérieur, en maçonnerie à l'intérieur. Deux portes, dont l'emplacement sera décidé par le seigneur, permettront d'accéder à l'intérieur : une porte principale en pierre de taille "à l'ordre tuscan", et une petite porte "avec ung chapiteau et ronde". Le clocher sera érigé entre le chœur et une des chapelles, du côté voulu par le seigneur. Un voûtement est prévu à l'intérieur pour accueillir la sacristie, qui communiquera avec l'église. Un escalier doit être édifié pour permettre de "sonner les cloches à vent". Le clocher comportera quatre baies en pierre de taille. Le sommet du clocher devra être édifié plus haut que le toit de l'église. La communauté se chargera d'évacuer les gravats issus du creusement des fondations. Les maçons sont autorisés à prélever du bois dans les terres incultes ("terres gastes") et à édifier des fours à chaux. De même ils pourront remployer les pierres de l'ancienne église ("esglize vieilhe"), ainsi que celles de plusieurs maisons, dont celles où les maçons sont hébergés ("oultre celle des mesons que lesdicts mestres massons habitent pour la place de ladicte esglize"). L'église devra être livrée blanchie de plâtre blanc en dedans (église, sacristie, chapelles et autres) de manière à pouvoir y célébrer le culte, et crépie à l'extérieur, avant le mois de mai 1627.

En 1628, un nouveau prix-fait est passé avec Arthur Dromet pour la confection de la voûte (dite à croisillons). Après le paiement des maîtres maçons en 1629 s’en suivent, entre 1629 et 1634, des conflits liés au chantier ainsi qu’au paiement de la part du commandeur. La construction demeure inachevée puisque la visite pastorale de 1633 mentionne la nouvelle église paroissiale, qui est sans couvert ni clocher. En 1650, un nouvel emprunt est effectué pour terminer les travaux. L’église Saint-Laurent est finalement consacrée le 14 septembre 1651. Cependant, en 1656, il y manquait encore le clocher (Ferreol de Ferry).

Travaux postérieurs à la consécration

La sacristie est mentionnée dès 1662. En 1676, la voûte, le toit, le pavé, les murs et les portes sont en bon état. Des réparations sont mentionnées dans les délibérations communales dès 1728 et en 1743, elles indiquent que la voûte menace de s’effondrer. La tribune est construite en 1858 par le maître maçon Augustin Palanque. Le carrelage du sanctuaire et des chapelles latérales a été refait en 1859. Des réparations à la toiture du sanctuaire et des chapelles latérales sont réalisées en 1860. En 1984, des travaux de remise en état sont effectués. La toiture est reprise, le carrelage des fonts baptismaux refait, la nef enduite au mortier de chaux.

L'église fut bâtie entre 1626 et 1650, en remplacement de l'ancienne église paroissiale Saint-Laurent démolie vers 1620. Un acte de prix-fait est passé en 1626, entre la communauté, le seigneur et les maîtres maçons Baptiste Pellegrin et Arthur Dromet. L'église doit être édifiée sur les plans du maître maçon Simon Carre. Les travaux sont achevés en 1650, année précédant la consécration de l'église. La tribune est réalisée en 1858 par le maître maçon Augustin Palanque.

L’église paroissiale Saint-Laurent est localisée au nord-ouest de l’enceinte médiévale de Ginasservis. Elle est mitoyenne, à l’ouest, de l’ancien presbytère (actuel bureau de poste).

L’édifice est construit en moellons de calcaire rose et en pierre de taille pour les chaînes d’angle. Il présente un plan en croix latine, flanqué au nord-ouest d’une sacristie surmontée d’un clocher. Son chevet semi-circulaire est tourné vers l’ouest. Il est couvert d’un toit à long pans à tuiles creuses prolongé par un appentis revêtant l’abside, d'un toit en pavillon pour le clocher. L'avant-toit comporte deux génoises. Les élévations nord et sud sont chacune renforcées par deux contreforts. La tour-clocher en moellons percée de 4 baies en plein cintre (certaines partiellement murées), soulignées par un cordon, est coiffée d’un toit pyramidal (avant-toit à deux génoises) surmonté d’un petit campanile en fer forgé.

Les élévations nord et sud comportent chacune 3 baies en plein cintre, complétées au sud d’une porte avec arc plein-cintre à claveaux, et au nord d’une porte étroite permettant d’accéder au clocher, près de laquelle se discerne une étroite meurtrière. À l’est, la porte principale surmontée d’un oculus est en pierre de taille bouchardée. Elle possède un arc en anse-de-panier avec clé en pointe de diamant et est encadrée de deux pilastres surmontés d’un entablement. À l’ouest, l’abside comporte deux baies en plein cintre dont une masquée par un bâtiment (ancien presbytère). Le rez-de-chaussée de la tour-clocher (sacristie) est percé d’une ouverture rectangulaire partiellement masquée par un appentis et surmontée d’une étroite petite baie en plein cintre.

La nef principale est rythmée par 4 travées voûtées d’ogives combinées avec des arcs doubleaux en anse-de-panier. Ces derniers sont dotés de chapiteaux à la naissance de la voûte, chacun flanqué de consoles sur lesquelles retombent les ogives. La nef s’ouvre sur les deux chapelles latérales, voûtées de même, par des arcs brisés. La sacristie est voûtée d’arêtes. Un arc diaphragme en plein cintre percé d’une baie plein-cintre sépare le chœur de la nef. Le chœur est couvert d'une voûte d'ogives à 1 quartier longitudinal et 5 quartiers rayonnants. Il est percé à l'ouest d’une porte aujourd’hui condamnée communiquant avec l’ancien presbytère, et d’une porte permettant d’accéder à la sacristie au nord. Les lambris de demi-revêtement des chapelles latérales abritent 3 niches (dont une avec point d’eau) au sud, 1 au nord. On accède à la tribune par un escalier à l’angle nord-est de la nef. Les fonts baptismaux situés à l’angle sud-est sont posés sur un emmarchement à deux degrés de plan galbé. La nef est pavée de carreaux de terre cuite, le chœur et les chapelles latérales de carreaux de ciment blanc et noir.

  • Murs
    • pierre moellon
    • pierre pierre de taille
    • calcaire
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • voûte d'arêtes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • toit en pavillon
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790. Ginasservis. 1588-1792. Archives départementales du Var, Draguignan : 2 MI 181 R1. Disponible en ligne : <http://www.archives.var.fr/arkotheque/consult_fonds/fonds_seriel_resu_rech.php?ref_fonds=19>. Date de consultation : 2020.

  • Visites pastorales de l'archevêque d'Aix pour l'année 1421, avec annotations pour 1422 et 1423. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 201 bis.

  • Fonds de la Cour des Comptes, Aides et Finances de Provence. 1416 - 1552. Archives départementales des Bouches-du-Rhône : B 1487.

    1518 : église dédiée à saint Laurent.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1582-1583. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1332.

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Ginasservis, 1612-1623. Archives communales, Ginasservis : BB 2.

    1620, f° 451 ; 1621, f°s 460, 476, 478 ; 1623, f° 548.
  • Visites, sentences de visites de l'archevêché d'Aix-en-Provence, 1620-1621. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 1 G 1333

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Ginasservis, 1624-1634. Archives communales, Ginasservis : BB 3.

  • Conventions entre frere Gaspard de Villenefve Vauclauze, comandeur d'Aix, segneur de Ginaservis et Vinon et les conseuls et communauté dudict Ginaservis d'une part et Baptiste Pellegrin, Artur Dromet mestres massons du borg Marcoux en le comté de Nisse, habitant de Claviez et ledict Dormet habitant à Mannousque. Dans minutes de Me Hodoul Joseph, notaire à Ginasservis, 1625-1628. 27 juillet 1626. Archives départementales du Var : 3 E 14 / 331.

    f° 202
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1627-1638. 1632. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1334.

  • Compte final et quitanse pour la communauté de Ginasservis du 30 mars 1629. Dans minutes de Me Ailhaud, notaire à Ginasservis, 1626 - 1629. 30 mars 1629. Archives départementales du Var : 3 E 14/340.

    1629, f°359v°
  • Délibérations du Conseil de la communauté de Ginasservis, 1639-1651. Archives communales, Ginasservis : BB 4.

    1650, f°430 ; 1651, f°460 (bénédiction).
  • Procès-verbaux et sentences de visites pastorales du diocèse d'Aix, 1656-1672. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1339.

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché d'Aix-en-Provence, 1674-1676. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence : 1 G 1341.

  • Délibérations du Conseil de la communauté de Ginasservis, 1723-1738. Archives communales, Ginasservis : BB 8.

    1723, f° 24 ; 1728, f° 72.
  • Délibérations du Conseil de la communauté de Ginasservis, 1742-1744. Archives communales, Ginasservis : BB 9.

    1743, f° 59.
  • Ginasservis : église. 1840-1876. Archives départementales du Var : 2 OP 66 / 4.

  • Paroisse de Ginasservis. Coutumier. S.d., dernier quart 19e siècle ? Archives diocésaines de Fréjus-Toulon, Solliès-Ville : 2 F.

  • Inventaire des biens dépendants de la fabrique paroissiale de Ginasservis dressé en exécution de l’article 3 de la loi du 9 décembre 1905, 23 février 1906. Archives départementales du Var : 5 V 5.

  • FERREOL DE FERRY. La commanderie et le prieuré de Saint-Jean-de-Jérusalem à Aix-en-Provence de la fin du 12e siècle à 1792. Thèse de doctorat, 1939.

    1586 - L'église a été dévastée par les protestants. 1656 - L'église est achevée, il n'y manque que le clocher.
  • DIEUDONNE Jean-Marie. Travaux de grosses réparations à l'église paroissiale, note explicative - estimative. Août 1984. Archives communales, Ginasservis : non coté.

  • ARNAUD Claude, BORREANI Marc, JERPHANION Guillaume de. [Evolution historique de l'habitat en Provence Verte Verdon.] Tapuscrit, [vers 2020]. Collection particulière : non coté.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    p. 649

Documents figurés

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Plan cadastral de la commune de Ginasservis. / Dessin à l'encre sur papier par le géomètre Vidal, 1824. Archives départementales du Var, Draguignan : 3 PP 066 02.

  • 9 - Ginasservis (Var) - Vue générale (Ouest) [Vue générale de la façade ouest de l'église.] / Carte postale, L. Imbert photographe, Vidal éditeur, 19e/20e siècle. Collection particulière : non coté.

  • Ginasservis (Var) Place de la Poste. [Vue de l'élévation sud au début du 20e siècle.] / Carte postale, Combier éditeur à Mâcon, début 20e siècle. Collection particulière : non coté.

  • 5. Ginasservis. - Place de la Bascule. [Vue de l'élévation ouest au début du 20e siècle.] / Carte postale, Lombard épic., début 20e siècle. Collection particulière : non coté.

    5. Ginasservis. - Place de la Bascule. [Vue de l'élévation ouest au début du 20e siècle.]
  • 3. GINASSERVIS (Var) - Intérieur de l'Eglise. [Vue intérieure vers le chœur.] / Carte postale, Menut éditeur, première moitié du 20e siècle. Collection particulière : non coté.

  • [Vue de l'élévation est dans la première moitié du 20e siècle.] / Carte postale, Editions Tardy, début 20e siècle. Collection particulière : non coté.

Annexes

  • Pratiques cultuelles associées à l'église paroissiale Saint-Laurent, Ginasservis.
  • Transcription du prix-fait de l'église paroissiale de Ginasservis passé le 27 juillet 1626.
Date d'enquête 2020 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Provence Verte Verdon
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général