Dossier d’œuvre architecture IA13000772 | Réalisé par
  • opération ponctuelle
temple protestant de Marseille
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Marseille - Provence Alpes-Côte d'Azur
  • Commune Marseille 6e arrondissement
  • Lieu-dit
  • Adresse 15 rue Grignan
  • Cadastre 2012 A01 28
  • Précisions
  • Dénominations
    temple
  • Précision dénomination
    temple protestant
  • Parties constituantes non étudiées
    presbytère

En 1803 le Premier consul reconnait l’établissement à Marseille d'une église consistoriale sous le vocable de Sainte-Marguerite-lès-Marseille. Le consistoire de l’Église réformée, qui est locataire depuis 1801 d'une ancienne salle de concert de la rue Venture, prend la décision en 1819 de faire construire son temple. Il adresse une première demande de subvention au préfet le 17 avril 1819. Trois parcelles d’un lotissement en bordure de la rue Grignan, sur les terrains de l’ancien hôtel Payan, sont acquises par le consistoire pour 57 600 F en octobre 1822. Le consistoire s’adresse alors directement à un entrepreneur-maçon, Blanchet, pour un programme comprenant un temple et une maison presbytérale, celle-ci rassemble une salle de réunion du consistoire, le logements du pasteur et du concierge, ainsi que des salles d’école gratuite. Les premières dispositions sont celles d’un bâtiment simple, sans péristyle, ni colonnade, la façade restant dans l’alignement des maisons (voir annexes 2 et 3). Ce projet repose sur les financements conjoints de la ville et de l’État, qui abondent les souscriptions et dons des fidèles. Un compte de 1826 précise les contributions respectives de la ville (30 000 F) de l’État (15 000 F) et de l’Église réformée de Marseille (64.872 F dont un legs de 2 872 F).

Consulté en mars 1823, le Conseil des bâtiments civils refuse le plan proposé comme n’ayant aucun caractère religieux, et appuie l’intervention de l'architecte Penchaud. Critique sur le projet de voûte à caissons, le Conseil recommande le plan basilical couvert d’un plafond porté par un double rang de galeries en hauteur, dont le prototype est le temple de Charenton-le-Pont édifié par Salomon de Brosse en 1623 et détruit en 1685. Pour la suite du chantier, le Conseil se substitue au consistoire dans les démarches avec l’administration municipale. Les travaux sont adjugés à l’entrepreneur Falques en novembre 1824. Le coût total du projet s’élève à 130 000 F (terrain : 57 600 F, construction : 69 300 F, architecte : 3 300 F), il en résulte un surcout, financé par un emprunt du consistoire jusqu’en 1840. Le temple de la rue Grignan est le premier édifice religieux non catholique édifié intramuros sous le régime concordataire des Articles organiques, ou loi du 18 Germinal an X (avril 1802). Il est inauguré par un culte le 9 octobre 1825.

En1868 d'importantes réparations sont entreprises, l'architecte Henri-Jacques Espérandieu construit un étage de tribunes supplémentaire. Ce projet porte le nombre de places de 850 à 1500. Un projet de nouvelle façade n’est pas réalisé. Vers 1880, la tribune de l'orgue est agrandie au-devant de l'instrument afin d'y placer la chorale. En 2011 un sondage des fondations est entrepris avant la réalisation d’un programme de restauration globale du bâtiment.

Description

Le temple protestant de la rue Grignan s'insère dans un contexte urbain dense sans renoncer à la monumentalité qui caractérise l'architecture publique. Bâtie en pierre calcaire d’Arles, la façade sur rue se compose d'un mur aveugle animé de bossages en table de grand appareil, couronné d’une corniche à modillons. Elle est centrée sur un portique a peine saillant, quatre colonnes cannelées d'ordre dorique sans base portent l’entablement et un fronton triangulaire au tympan nu. Ces références à l’antiquité grecque sont enrichies par une frise qui associe triglyphes, métopes et denticules, le décor des rampants alterne des motifs de gouttes et de losanges. Depuis la rue, la couverture en tuile est masquée par la corniche, démarquant fortement le temple des bâtiments mitoyens. A droite du portique, une croix Huguenote en fer forgé, suspendue à un porte-enseigne, signale la destination de l'édifice. Le porche, surélevé d'un soubassement en pierre froide de Cassis, délimite un parvis clos par des grilles reliant les fûts de colonnes. La porte principale est surmontée de l’inscription gravée : AU CHRIST RÉDEMPTEUR. Deux portes latérales symétriques donnent accès aux escaliers des tribunes. De conception néo-classique, cette façade se caractérise par la nudité de son décor. Ne bénéficiant ni du recul, ni d’une situation isolée, l'échelle monumentale de la façade et sa sévérité ornementale signalent cet édifice comme un élément majeur dans son environnement.

Dispositions de l'édifice

L'intérieur est organisé en une nef unique de plan basilical fermée par une abside et comprenant sept travées . Les murs latéraux sont aveugles, des jours étant percés à l’extrémité sud des tribunes. La principale source d’éclairage est la verrière ménagée dans l’axe de la nef au centre du plafond à caissons. Le vaisseau est bordé sur trois côtés d’un étage de tribunes porté par une colonnade dorique sur deux niveaux. L’ordre dorique intérieur repose sur des bases carrées, les fûts de colonnes et les pilastres étant dépourvus de cannelures. L'étage de tribunes a été doublé ultérieurement par l’adjonction d’une galerie inférieure qu’on a ancrée à mi-hauteur des colonnes. Les cages d’escalier qui conduisent aux tribunes s’inscrivent dans une ellipse. L’escalier en vis autour d’un jour est complété d’une rampe en fer forgé au décor de spirales.

Le plan du bâtiment répond à certaines contraintes de mitoyenneté qui concernent le tracé des parcelles et les hauteurs du bâtiment, mais s'adapte aussi aux exigences du culte protestant. L'abside imposée par la configuration du terrain ne correspond à aucune nécessité du culte, elle accueille cependant, dans un premier aménagement des lieux, la chaire pastorale. Disposition pratique, l’éclairage zénithal qui permet la lecture et le chant se charge aussi d’une dimension symbolique et théologique lorsqu’il est orienté sur l’assemblée des fidèles.

Premier édifice religieux non catholique édifié intramuros, le temple protestant est construit à l'initiative du Consistoire de Marseille. Le chantier est confié à Michel-Robert Penchaud, architecte de la ville et du département, il fait l'objet d'une supervision du Conseil des bâtiments civils. Il est inauguré le 9 octobre 1825. En 1868, d'importants travaux sont entrepris par l'architecte Henri-Jacques Espérandieu pour doubler la capacité d’accueil par l'édification d'une tribune supplémentaire. Trois plaques monumentales sont installées sur les murs de la nef. La première, apposée en 1859, commémore le jubilé de l'église réformée de Marseille fondée en 1559 (IM13000492). La seconde commémore le deuxième synode de 1881 (IM13000493). La troisième plaque est dédiée à la mémoire des soldats de la communauté protestante de Marseille tombés durant la Première guerre mondiale (IM13000473). Un nouvel orgue a été installé en 1982. L'édifice a bénéficié d'importants travaux de reprise en sous-œuvre et d'une restauration en 2012.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle , daté par source
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1825, daté par source
    • 1868, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Penchaud Michel-Robert
      Penchaud Michel-Robert

      Architecte formé, à partir de 1795, dans l’atelier de Charles Percier, il a occupé un poste de dessinateur au bureau des plans du Conseil des Bâtiments civils. Il participe à plusieurs concours nationaux du ministère de l'Intérieur avant d’être appelé en 1803 par le préfet du département à la direction des Travaux publics de la ville de Marseille. Il est l’auteur de travaux de relevé sur l’architecture antique du Midi de la France dont il est nommé conservateur en 1819. Promu architecte du département des Bouches-du Rhône en 1812. Il cumulera cette fonction et celle d’architecte de la ville de Marseille entre 1812 à 1830. Il intervient sur de nombreux programmes d’architecture publique.

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      architecte attribution par source
    • Auteur : architecte attribution par source

Temple protestant de style néo-classique qui se démarque du caractère monumental en usage pour les édifices religieux. Dans un contexte urbain, le temple est aligné sur la rue et mitoyen des immeubles proches, la façade ordonnancée sans travées est sobrement ornée, centrée sur un portique à colonnade surmonté d'un fronton nu se compose de quatre colonnes cannelées d’ordre dorique. Le caractère archéologique des modénatures illustre le penchant de l’architecte, Michel-Robert Penchaud pour un certain archaïsme. Au-dessus de l’entrée principale, l’inscription en français : « AU CHRIST REDEMPTEUR » est une référence discrète à la fonction de l’édifice. L’intérieur s’organise sur un plan basilicale à abside de 7 travées. Dans sa disposition ancienne, l’aménagement du temple comprenait, dans l’abside, une chaire pastorale en position axiale, un pupitre de lecteur, un siège de chantre et une table de communion.

  • Murs
    • calcaire grand appareil bossage
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile, verre en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    3 vaisseaux, rez-de-chaussée surélevé
  • Couvrements
    • lambris de couvrement
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • verrière toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis avec jour en maçonnerie, suspendu
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • sculpture
    • ferronnerie
  • Représentations
  • Statut de la propriété
    propriété d'une association cultuelle
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • Rapport des services de la ville de Marseille sur l'historique du chantier du temple de la rue Grignan. 1822-1824. Exposé des faits relatifs à la construction du temple de la rue Grignan à Marseille. Archives municipales de Marseille : 56 M

  • Rapports du Conseil des bâtiments civils sur le projet de temple à Marseille. 19 mars 1823 - 25 juin 1825. Archives nationales, Paris : F21.

    Registre F21 2513, dossier n° 89 du 19 mars 1823 (p 109 à 110) ; registre F21 2514, dossier n° 350 du 4 novembre 1823 (p 115 à 116), registre F21 2515, dossier n° 86 du 23 mars 1824 (p 90 à 91), registre F21 2516, dossier n° 332 du 10 aout 1824 (p 16) et dossier n° 467 du 20 novembre 1824 (p 129 à 130), registre F21 2517, dossier n° 284 du 25 juin 1825 (p 21)
  • Délibérations du Consistoire de Marseille. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 33 J 23

Bibliographie

  • BELS, Marie. L'architecte M.-R. Penchaud. Dans : Marseille, n°164, août 1992.

  • BERNARD, Raymond. Les temples protestants réformés aux 19e et 20e siècles. Dans : Chrétiens et sociétés [revue en ligne], numéro spécial 1, 2011. <URL : https://journals.openedition.org/chretienssocietes/2737>

  • COULLAUT, Pierre. Si Dieu ne bâtit la maison... [Histoire de l’Église réformée de Marseille]. Préface de Philippe Bertrand. Valence : Société d’évangélisation de Provence, 1961, 224 p. : plans, fac-similé.

  • GOURLIER, Charles. Choix d'édifices publics projetés et construits en France depuis le commencement du 19e siècle. Paris : Louis Colas libraire-éditeur, 1850.

    pl. 25 temple protestant
  • RIPOLL, Véronique. Les temples de Marseille et de Lourmarin. Dans : Provence historique, t. 49, fascicule 197197, juillet-sept 1999.

    p.683 à 691
  • ROBERT, Daniel. Notes sur les origines et la construction du temple de la rue Grignan. Dans : Cinq siècles de protestantisme à Marseille et en Provence, actes du Colloque tenu à Marseille, mai 1976.

  • SOUCHON, Cécile. Les avis des membres du Conseil des Bâtiments civils relatifs aux constructions de temples protestants et à leur esthétique, dans Chrétiens et sociétés [en ligne], Numéro spécial 1, 2011. <URL : https://journals.openedition.org/chretienssocietes/2740>

Annexes

  • Annexe 1 : Le culte protestant à Marseille avant 1824.
  • Annexe 2 : Description du [projet de] temple demandée par le Consistoire à l’architecte Blanchet. (1822)
  • Annexe 3 : Transcription d'un rapport des services de la ville de Marseille daté de 1824 sur la construction du temple protestant de la rue Grignan.
Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général