Commentaire historique
La chapelle des pénitents blancs, placée sous le vocable de la Sainte-Croix, a été construite au cours du 17e siècle. La confrérie possédait auparavant une chapelle au sein de l’hôpital de Saint-Paul qu’elle administrait en 1614 (référence du dossier : IA06004282). Cette chapelle n’est plus accessible en 1668 en raison de son délabrement. Cette fourchette permet d’estimer la construction de la nouvelle chapelle des pénitent blancs entre ces deux dates, c’est-à-dire vers le milieu du 17e siècle. Elle est mentionnée pour la première fois dans les visites pastorales de 1695. L’année suivante, la confrérie cède une partie de sa sacristie à la collégiale, accolée au nord-ouest de la chapelle. Dans le procès-verbal de la visite pastorale de 1699, la chapelle est mentionnée sous le titre de l’invocation de la Sainte-Croix.
Au 18e siècle, la chapelle apparaît sur la carte du village de Saint-Paul levée par l’ingénieur Antoine Niquet en 1705 : la sacristie était moins grande qu’elle ne l’est actuellement ; l’entrée de l’église se situait sur l’élévation ouest de l’édifice.
Plan / de St / Paul en l’état qu’il est / fait à Narbonne le 11 Janvier 1705 / Niquet.
En 1760, la chapelle est réparée. C’est probablement à cette occasion que l’entrée est déplacée sur l’élévation méridionale et que l’ensemble de la façade est refait, avec notamment un encadrement en arc segmentaire caractéristique de cette période, ainsi que le clocher.
[Saint-Paul. Chapelle des Pénitents Blancs, seconde moitié du 20e siècle].
À la Révolution, elle est vendue comme bien national le 20 juin 1797 à Hyacinthe Mougins, ancien chanoine de la Collégiale de Saint-Paul, procureur du District, pour la somme de 2 160 livres. Le 15 mars 1806, l’édifice est racheté par huit personnes, puis le 6 février 1808, 66 pénitents deviennent à leur tour propriétaires moyennant le versement d’un franc chacun, afin d’assurer la conservation de leur chapelle, sous la clause expresse qu’elle reste perpétuellement consacrée au culte catholique1. Elle apparaît sur le cadastre napoléonien levé en 1833 et relevait alors de la propriété du culte.
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 1833 (section B, parcelle 110).
Les pénitents blancs occupèrent la chapelle jusqu’en 1922. Une messe continua ensuite d’être célébrée les jours de l’Invention de la Sainte-Croix et le 14 septembre lors de la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix.
4. SAINT-PAUL (A. M.) – La Tour et l’Eglise [première moitié du 20e siècle]. [Saint-Paul. Intérieur de la chapelle des Pénitents Blancs, seconde moitié du 20e siècle]
En 2004, l’édifice connut une importante campagne de restauration incluant la création d’un décor sur l’ensemble des surfaces intérieures conçu par l’artiste Jean-Michel Folon. Le mobilier liturgique fut retiré et les peintures murales du chœur recouvertes d’une mosaïque représentant le village de Saint-Paul-de-Vence. L'artiste a signé et daté son œuvre dans le chœur (2005). L’édifice est ouvert quotidiennement au public et est depuis appelé « chapelle Folon ».
Analyse architecturale
Cette chapelle a été construite au cœur du bourg de Saint-Paul, accolée au sud-est de l’église collégiale de la Conversion-de-Saint-Paul.
Implantée perpendiculairement au sens de la pente, elle présente un plan rectangulaire à chevet plat tourné vers le nord et s’élève sur un niveau. Sa superficie est de 165 mètres carrés. Elle est construite en maçonnerie de moellons calcaires, y compris pour les chaînes d’angle harpées, même si les pierres sont ici équarries. L’enduit est à pierres vues.
La façade principale présente un portail central accessible par un degré de cinq marches rattrapant la déclivité de la rue. Il est doté d’un encadrement en pierres de taille calcaires couvert d’un arc segmentaire avec les finitions bouchardées et les arêtes ciselées. Les bases des piédroits sont moulurées. Le deuxième niveau est percé d’une baie façonnée au mortier avec en arc un plein cintre. La façade, à pignon découvert, est couronnée d’une corniche en briques avec au centre un entablement en plein cintre sur lequel a été érigée une petite croix en fer forgé.
Elévation sud. Elévation sud, premier niveau. Porte d'entrée dotée d'un encadrement en pierre de taille en arc segmentaire.Elévation sud, deuxième niveau.
Un clocher a été installé sur l’angle sud-ouest de l’élévation. De plan triangulaire, ses faces nord et est ont été tronquées pour ne former qu’un seul pan. Celui-ci a été couvert d’un enduit lisse et l'avant-toit est muni d’un rang de génoises. Les deux autres faces sont décorées de filets de carreaux de terre cuite, de même qu’à l’avant-toit. Le clocher est coiffé d’un couvrement pyramidal à trois pans couvert de tuile plates en écailles vernissées de couleur jaune et surmonté d’une croix en fer forgé. Il était auparavant couvert de tuiles plates mécaniques.
L’élévation est, bordée par la rue de la Cassette, est ajourée par deux baies en partie haute couvertes d’un arc segmentaire en briques. Il est probable qu’une ancienne ouverture existait au centre de la façade, ce qui correspond à la deuxième travée de la nef, comme le suggèrent les ruptures dans la maçonnerie.
Elévation est. Vue prise du sud-est.
L'élévation orientale est ajourée d’une baie, de même facture que les précédentes, là où était signalée l’entrée primitive de l’église sur la carte de Niquet. La partie nord de cette façade est obstruée par la sacristie accolée à la collégiale, visible par le collage sur la chaîne d'angle de celle-ci. Le chevet plat et aveugle n’est pas visible depuis l’espace public, seulement depuis les anciens jardins de la collégiale.
Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
La chapelle possède une toiture à longs pans couverte de tuiles creuses. Les avant-toits sont constitués d’un rang de génoises à l’est, de deux à l’ouest. La saillie de rive du chevet ne présente qu'un simple débord de tuiles.
À l’intérieur, la chapelle se compose d’une nef à vaisseau unique de deux travées couvertes d’une voûte en berceau brisé séparées par un arc doubleau épousant sa forme, puis du chœur à fond plat surélevé par un emmarchement à deux niveaux, comprenant une travée unique également couverte d’une voûte en berceau brisé. L’arc triomphal brisé est une réplique de l’arc doubleau de la nef. La première travée est éclairée par les deux baies précédemment mentionnées à l’est et à l’ouest, tandis que le chœur n’est éclairé que par une baie à l’est.
Vue de volume du chœur prise depuis la nef au sud.Vue de volume de la nef prise depuis le chœur au nord.
Le mur ouest est presque entièrement accolé à l’église collégiale, à l’exception de l’accès à la sacristie. Cette petite pièce est plus haute de trois marches par rapport au chœur. Les traces d’une ancienne ouverture avec arc en anse de panier sont visibles sur la paroi nord de la pièce et correspondent à l’accès pratiqué depuis la collégiale lorsqu’une partie de la sacristie avait été cédée à l’église. Elle a ensuite été agrandie vers le sud comme l’attestent les marques de collages à l’extérieur.
Sacristie. Vue de volume prise de l'ouest depuis le chœur.
Les parois de la nef ont été doublées d'un décor de quatre arcades incluant des peintures. Le chœur a été orné d'une mosaïque tant sur les murs que sur la voûte, représentant le village de Saint-Paul-de-Vence, signé et daté par son concepteur, Jean-Michel Folon. Des sculptures du même artiste ont été placées dans la nef et dans le chœur.
Première et deuxième travées (nef), mur est.Première et deuxième travées (nef), mur ouest.Troisième travée (chœur), mur est. Détail de la mosaïque signée "FOLON 2005".
Historienne de Saint-Paul-de-Vence. A ce titre, elle a participé, dans les années 1970, au pré-inventaire de la commune de Saint-Paule-de-Vence.