Dossier d’œuvre architecture IA06003705 | Réalisé par ;
Prédal Christophe (Rédacteur)
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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  • recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
maison de villégiature (villa balnéaire) dite Villa Masséna, actuel musée sous le nom de Villa ou Palais Masséna
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ville de Nice

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Rue de France
  • Adresse 65 rue de France , 35 promenade des Anglais
  • Cadastre 2016 KV 236 Inscription façades et toitures 29/10/ 1975
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature, villa balnéaire
  • Appellations
    Villa Masséna, Palais Masséna
  • Destinations
    musée
  • Parties constituantes étudiées

En 1861, le site accueille une première villa édifiée perpendiculairement à la promenade des Anglais, pour le comte de Diesbach.

Cette propriété, ainsi que la villa Gauthier qui lui est contiguë, est acquise en 1898 par Victor Masséna, petit-fils d'André Masséna, maréchal d'empire. Victor Masséna confie à l'architecte Aaron Messiah le soin d'édifier une nouvelle demeure sur des plans de l'architecte danois Georges-Hans Tersling. La répartition des tâches et l'attribution des parti-pris esthétiques entre les deux architectes est sujette à caution. Cette réalisation vaut aux deux architectes de recevoir la médaille d'or de la ville de Nice, récompense décernée aux architectes ayant réalisé à Nice une œuvre marquante par la conception ou l'esthétique. L'entrepreneur en est Pierre Blancon. L'ornementation en staff ainsi que les bas-reliefs monumentaux et sculptures des plafonds sont l'oeuvre d'un certain Cruchet. Les deux grandes toiles marouflées de l'escalier comportant les portraits de la famille Masséna sont réalisées par le peintre François Flameng. De plus, la villa réutilise des décors antérieurs provenant de diverses demeures. Ainsi, des portes et trumeaux proviennent du château de Govone (province de Cuneo, Italie), réalisés par le peintre Carlo Pagani et les sculpteurs Francesco Tanadei et Francesco Novaro (à confirmer). La frise en grisaille du vestibule-corridor aurait été réalisée par le peintre Alexandre-Evariste Fragonard.

Achevée en avril 1901 après un an et sept mois de travaux, la demeure de style néoclassique est entourée d'un parc de 8 000 mètres carrés. Un pavillon de gardien est édifié le long de la rue de France. Après la mort de Victor Masséna, le palais est vendu en 1919 par son fils André Masséna à la ville de Nice, à un prix modique, à la condition que la ville affecte le palais à un musée d'histoire de la ville qui porte le nom du donateur, que les décors du rez-de-chaussée soient conservés et que le parc ouvre au public.

A l'occasion de la transformation en musée par l'architecte communal Nicolas Anselmi, le sous-sol (espaces de service) et les étages de chambre perdent leur décor. Le musée est inauguré le 28 janvier 1921. Il fait, depuis cette date, l'objet de réorganisations des espaces dont les dernières, d'envergure, remontent en 1999 pour la restauration des façades et 2005-2008 pour la mise en place d'une nouvelle muséologie et la transformation de la conciergerie en espace d'accueil (architecte Philippe Mialon).

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1900, daté par source
    • 1921, daté par source
  • Auteur(s)

Grande villa néoclassique composée d'un corps de logis unique entouré d'un jardin dans un contexte urbain. Un usage récent tend à désigner cette villa comme palais, pour rendre plus manifeste l'ostentation du programme.

Le corps principal du bâtiment, précédé d'une cour d'honneur, est parallèle à la rue France. Elle est élevée de deux étages sur rez-de-chaussée surélevé, lui-même édifié sur un sous-sol, dont la partie septentrionale ouvre sur une cour anglaise. Comme le prouvent des photographies du chantier à l'intérieur, la structure est en moellons, les grands arcs étant solidifiés par des poutrelles en fer. La façade nord donnant sur la rue de France adopte une composition centrée sur le pavillon central, ouvert sur un porche surmonté au second étage d'une loggia à travée unique. La façade sud, donnant sur la promenade des Anglais, est devancée dans sa partie centrale d'un vaste portique semi-circulaire formant terrasse au premier étage, aménagée au second étage d'une loggia de trois travées. Les colonnes du portique d'ordre dorique sont en marbre rouge. Les façades latérales adoptent deux loggias identiques au niveau du deuxième étage, ainsi qu'un portique rapproché de l'angle sud avec les mêmes colonnes que le portique semi-circulaire. La façade latérale orientale comprend un volume en avancée avec véranda semi-circulaire (partie de la salle-à-manger) et partie en maçonnerie correspondant aux pièces liées au service de table. La partie supérieure des façades est couronnée d'une balustrade masquant la toiture en tuiles plates mécaniques. L'entrée à couvert sous le porche (avec colonnes en granit d'Ecosse) est accessible par une double rampe, le portique du rez-de-chaussée de la façade méridionale donne accès au jardin par un escalier en fer-à-cheval. Le vestibule est séparé de la galerie de distribution (avec colonnes en marbre d'Algérie) par un escalier droit. Le grand escalier et l'escalier de service sont tournants, à retours avec jour. Ascenseur dès l'origine.

La distribution du bâtiment correspond au programme du palais distinguant les nombreux espaces de réception au rez-de-chaussée et les appartements, chambres des enfants et des invités au niveau des deux étages supérieurs. La dimension des chambres est plus réduite au deuxième étage. Il existait une salle destinée au développement des tirages photographiques. Les plans décrivant la distribution font état des pièces de service (dont cuisine) ainsi que des chambres de domestiques au sous-sol. D'autres chambres de domestiques prenaient place en toiture. La décoration intérieure décline une symbolique impériale : portraits et des statues de Napoléon I et Napoléon III sont un rappel de la lignée du maréchal d'empire. Le répertoire stylistique est celui du Premier empire : corne d'abondance, figure du lion, couronne de laurier, obélisques de victoire.

Le décor fait aussi l'objet de très nombreux réemplois, notamment provenant du château de Govone (province de Cuneo, Italie). Le château était une ancienne propriété du roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Félix, et le décor acquis pour la villa Masséna avait été vraisemblablement réalisé vers 1819-1820. Il ne s'agit pas d'un remontage archéologique dans le respect des dispositions d'origine. Les linteaux et dessus-de-porte ont notamment été retaillés ou allongés afin de correspondre aux dimensions de la villa. Les portes, piédroits, linteaux et dessus-de-porte de certaines pièces du château de Govone se retrouvent ainsi dans le grand salon (trois trumeaux avec génies de la sculpture, de la musique et de la peinture provenant de la salle d'audience de la reine Marie-Christine de Bourbon-Siciles), dans le petit salon (provenant de la chambre de la reine), dans la salle-à-manger (quatre portes provenant de la chambre de roi) ainsi que dans le bureau-bibliothèque (trophées, venant des appartements du roi). Des cadres de miroir proviendraient aussi de Govone. Afin d'accompagner ces réemplois, deux plafonds ont fait l'objet de décor peint (toiles marouflées), réplique du plafond de la chambre de la reine (petit salon) et du plafond de la salle d'audience de la reine (grand salon).

D'autres éléments de réemplois concernent aussi la galerie de distribution du rez-de-chaussée, avec la frise (panneaux, huile sur toile) à l'antique par Alexandre-Evariste Fragonard pour le château de la Faulotte (Nogent-sur-Marne, détruit en 1896). Il en est de même pour des boiseries peintes à sujets mythologiques, qui proviendraient de l'hôtel de Roquelaure à Paris (246 bd Saint-Germain), habité un temps par Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, boiseries remontées dans le fumoir. Les cheminées des quatre salles principales du rez-de-chaussée viendraient de l'hôtel de Bragelongue (21 rue de l'université, Paris), également habité par Cambacérès.

Le pavillon faisant office de conciergerie relève du petit pavillon urbain, édifié en front de rue, avec étage de comble en ardoise.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à plusieurs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier en fer-à-cheval en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie, suspendu
  • Autres organes de circulation
    rampe d'accès, ascenseur
  • Techniques
    • maçonnerie
    • décor stuqué
    • menuiserie
    • peinture

Z Nice repérage

  • 01-DENO maison
  • 02-CHRONO 1860-1919
  • 03-CARACTERE éclectique
  • 04-TENDANCES italianisme
  • 05-INTEGRITE complète
  • 06-VISIBILITE bonne
  • 07-SITUATION isolé
  • 08-IMPLANTATION sur jardin ou parc
  • 09-MATERIAUX oui
  • 10-MACONNERIE enduit avec parements
  • 11-SUR FACADE loggia
  • 12-ENTREE porche
  • 13-TOIT non applicable
  • 14-COMBLES non applicable
  • 15-DOME non applicable
  • 16-BELVEDERE non applicable
  • 17-FRISE non applicable
  • 18-CERAMIQUE non applicable
  • 19-MATERIEUX GROS OEUVRE moellon
  • 20-SITE dimension paysagère
  • 21-LOTISSEMENT non applicable
  • 22-PERGOLA non applicable
  • 23-JOINTS non applicable
  • 24-CLOTURES oui
  • 25-AGREMENTS oui
  • 26-COUR ANGLAISE oui
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    inscrit MH, 1975/10/29
  • Précisions sur la protection

    Inscription façades et toitures

  • Référence MH

Bibliographie

  • De la villa au musée Masséna, histoires d'un centenaire, 1919-2019. Nice Historique, juillet-décembre 2019, n°3-4, 202 p.

  • MEZIN, Louis. La villa Masséna, du Premier Empire à la belle époque. Paris : Somogy, 2010. 180 p.

  • GAYRAUD, Didier. Belles demeures en Riviera, 1835-1930. Nice : Éditions Gilletta-Nice-matin, 2005, 303 p.

    p. 116
  • STEVE, Michel. La villa Masséna, l'architecture et le décor intérieur. Dans : Nice Historique, 2008, n°2, page 170.

  • STEVE, Michel. Hans-Georg Tersling, architecte de la Côte d’Azur. Nice : édition Serre / Société d'Art et d'histoire du mentonnais, 1990.

    p. 80
  • STEVE Michel. Italianismes en architecture, la Riviera de 1840 à 1940. Nice : Grandi, 2000. 143 p.

    p. 64, 87
  • STEVE, Michel. Histoire de l'architecture à Nice de 1830 à nos jours. Nice : Institut d'études niçoises, 2018. 280 p.

    p. 180

Documents figurés

  • Plan indicateur de la ville de Nice. / Plan imprimé. Nice : Ch. Jougla, 1865. Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans : GE C-6879

  • Plan de Nice et ses environs. / Plan imprimé dressé par Thiébaut, ingénieur-géographe. Paris : Librairie Garnier frères, [Vers 1912]. Bibliothèque de Cessole, Nice.

  • Villa Massena Nice, propriété de M. Le Prince d'Essling, plan des sous-sols. / Tirage de plan, [Nicolas Anselmi], [1919]. Archives communales, Nice : 01 Fi.

  • Projet de villa pour Monsieur le Duc de Rivoli, à Nice [villa Massena], plan du rez-de-chaussée. / Tirage de plan par Aaron Messiah, [1899]. Archives communales, Nice : 1 W 236(1).

  • Villa Massena Nice, propriété de M. Le Prince d'Essling, plan du 1er étage. / Tirage de plan, [Nicolas Anselmi], [1919]. Archives communales, Nice : 01 Fi.

  • Villa Massena Nice, propriété de M. Le Prince d'Essling, plan du 2ème étage. / Tirage de plan, [Nicolas Anselmi], [1919]. Archives communales, Nice : 01 Fi.

  • [Villa Massena, Nice, petit salon en travaux]. / Aristotype à la gélatine, anonyme, [circa 1899]. Bibliothèque de Cessole, Nice : C.412.

  • [Villa Massena, Nice, grand salon en travaux]. / Aristotype à la gélatine, anonyme, [circa 1899]. Bibliothèque de Cessole, Nice.

  • [Vue d'un des salons du château de Govone, salle d'audience de la reine ?]. / Photographie imprimée, 1898. Dans "Catalogue des objets d'art et d'ameublement du château royal de Govone"/ Giuseppe Sangiorgi, Rome : galleria Sangiorgi, 1898, planche V. Bibliothèque royale, Turin

  • [Vue d'un des salons du château de Govone]. / Photographie imprimée, 1898. Dans "Catalogue des objets d'art et d'ameublement du château royal de Govone"/ Giuseppe Sangiorgi, Rome : galleria Sangiorgi, 1898, planche VI. Bibliothèque royale, Turin

  • [Vue d'une des chambres du château de Govone]. / Photographie imprimée, 1898. Dans "Catalogue des objets d'art et d'ameublement du château royal de Govone"/ Giuseppe Sangiorgi, Rome : galleria Sangiorgi, 1898, planche IV. Bibliothèque royale, Turin

  • [villa Massena, Nice, petit salon]. / Aristotype à la gélatine par Jean Giletta, 1901. Bibliothèque de Cessole, Nice : album Massena PH.49.

  • [villa Massena, Nice, salle-à-manger]. / Aristotype à la gélatine par Jean Giletta, 1901. Bibliothèque de Cessole, Nice : album Massena PH.49.

  • [villa Massena, Nice, fumoir]. / Aristotype à la gélatine par Jean Giletta, 1901. Bibliothèque de Cessole, Nice : album Massena PH.49.

  • [villa Massena, Nice, bureau]. / Aristotype à la gélatine par Jean Giletta, 1901. Bibliothèque de Cessole, Nice : album Massena PH.49

  • Villa Massena, Nice [la salle à manger]. / Carte postale. Nice : éd. Giletta, [circa 1905]. Archives communales, Nice : 10 Fi 549.

  • Villa Massena, Nice [chambre du prince]. / Carte postale. Nice : éd. Giletta, [circa 1905]. Archives communales, Nice : 10 Fi 562.

  • Villa Massena, Nice [une chambre]. / Carte postale. Nice : éd. Giletta, [circa 1905]. Archives communales, Nice : 10 Fi 548.

  • Villa Massena, Nice [une chambre]. / Carte postale. Nice : éd. Giletta, [circa 1905]. Archives communales, Nice : 10 Fi 555.

  • Villa Massena, Nice [une chambre]. / Carte postale. Nice : éd. Giletta, [circa 1905]. Archives communales, Nice : 10 Fi 556.

  • Villa Massena, Nice [une chambre]. / Carte postale. Nice : éd. Giletta, [circa 1905]. Archives communales, Nice : 10 Fi 558.

  • Villa Massena, Nice [petite salle de musique au premier étage]. / Carte postale. Nice : éd. Giletta, [circa 1905]. Archives communales, Nice : 10 Fi 553.

Date d'enquête 2016 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Prédal Christophe
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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