Dossier d’œuvre architecture IA06002512 | Réalisé par ;
Aliotti Jean-Marc (Enquêteur)
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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  • recensement du patrimoine balnéaire
Hôtel de voyageurs dit L'Impérial, actuellement immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Menton
  • Commune Menton
  • Lieu-dit Pigautier
  • Adresse 9 avenue de la Madone
  • Cadastre 2013 BL 162
  • Dénominations
    hôtel de voyageurs
  • Appellations
    L'Impérial
  • Destinations
    immeuble
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    portail, garage, logement

DESCRIPTION

1.2. Situation et composition d'ensemble

L'hôtel Impérial se trouve dans le quartier du Pigautier situé au sud-ouest de la commune, entre les torrents de Gorbio et du Borrigo. Il a été construit sur un terrain à l'origine planté d'oliviers et de citronniers, à proximité de la promenade et du bord de mer. Les bâtiments de l'hôtel sont situés à l'arrière d'un grand jardin d'agrément d'environ 15400 m2 limité au nord-ouest par la voie de chemin de fer. Les parcelles 163 et 164 situées de part et d'autre de l'entrée ont été détachées. Le jardin était à l'origine clos par un mur, un pavillon d'un étage se trouvait à proximité de l'entrée, remplacé par des garages et un logement en 1928. Il est accessible par un grand portail en fer forgé.

L'hôtel est un grand bâtiment allongé orienté au sud-est, d'environ 98m X 21m. A l'arrière se trouvent des bâtiments annexes d'inégales hauteurs.

3. Matériaux

Les murs porteurs sont en pierre de taille calcaire de La Turbie (calcaire gris assez dur). La toiture est en tuiles plates mécaniques.

4. Structure

Le bâtiment est constitué de trois unités en léger décalé qui ne sont pas solidaires entre elles ce qui permet une meilleure résistance aux séismes. Menton avait été frappée par un séisme qui avait fait de nombreux dégâts en 1887 et en conservait le souvenir. De même le système d'appareillage des murs en moellons auto bloquant intègre le risque sismique.

Il s'élève sur 9 niveaux : 2 étages de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, 6 étages carrés et un étage de comble. Il est structuré à partir d'un escalier d'honneur et d'un escalier secondaire tous deux en marbre, complétés par un ascenseur. L'étage de comble, utilisé comme débarras, est accessible par un escalier qui prend le relai de l'escalier d'honneur à partir du palier du sixième étage. Quatorze puits de jour permettent d'apporter un peu de lumière au cœur de l'édifice.

5. Élévations extérieures

Élévation sud-est. Partie centrale.Élévation sud-est. Partie centrale. Élévation sud-est. Travées centrales. Les loggias du dernier niveau sont couronnées du nom de l'hôtel "L'Impérial" inscrit à la mosaïque d'or.Élévation sud-est. Travées centrales. Les loggias du dernier niveau sont couronnées du nom de l'hôtel "L'Impérial" inscrit à la mosaïque d'or.

Portique abritant une salle fraîche ornée de rocailles.Portique abritant une salle fraîche ornée de rocailles.La façade antérieure est ordonnancée à partir de l'axe donné par l'avant-corps central et se développe sur 26 travées. L'avant-corps a une composition très classique. Il est constitué de 5 travées centrales cantonnées par deux avancées de 2 travées délimitées par des pilastres à bossages et couronnées d'un fronton cintré brisé à volutes supérieures rentrantes. Le fronton est orné en son centre d'un décor sculpté : un médaillon portant le monogramme IM de l'Impérial, encadré de guirlandes de laurier. Sous la corniche, entre les deux frontons peut se lire l'inscription L'Impérial, cantonnée du I et du M, formée de tesselles dorées. Les deux ailes de part et d'autre sont légèrement différente à leurs extrémités. L'aile occidentale se termine par une tour hors-œuvre.

Les trois niveaux supérieurs sont en galerie. Au sixième niveau les baies sont en plein cintre, certaines sont jumelées. C'est au septième niveau que le décor sculpté est le plus abondant. Y figurent le caducée (une torche surmontée de deux ailes et entourée de deux serpents entrelacés), attribut du dieu Hermès gardien des voyageurs, et des médaillons soulignés de ruban portant une lettre formant le nom Impérial.

L'entrée de l'hôtel est précédée d'une terrasse en terre-plein dont le mur de soutènement est en moellons calcaires à têtes dressées. La terrasse est délimitée par une balustrade. L'entrée, fermée par une porte vitrée, est protégée par une marquise.

Une partie du soubassement supérieur est occupée par un portique dont les colonnes imitant des concrétions soutiennent une terrasse débordante à la structure en béton armé reposant en partie sur des poteaux métalliques. Le portique délimite une salle fraîche au décor de rocaille où suintaient des sources.

6. Distributions intérieures

Les étages de soubassement abritaient les pièces de service, cuisines, locaux de stockage des provisions, caves à vin, glacières, chaudière...

L'entrée de l'hôtel se fait au rez-de-chaussée surélevé dans un hall orné d'une pièce murale en tapisserie. C'est une pièce dans le style des verdures d'Aubusson du début du 18e siècle, composée d'un panneau central et d'une bordure élimée rapportée (dimensions : environ 206 cm X 350 cm). Elle est présentée dans un cadre-support mouluré en gypserie couronné d'un rameau de chêne. Elle remplace le miroir d'origine et a peut-être été installée là lors des restaurations postérieures à la guerre de 1914-1918. Le hall est prolongé par la cage d'escalier d'où partent aujourd'hui deux couloirs au nord et au sud. La partie sud, surélevée par une volée d'escalier, était occupée par l'administration. Au nord, c'était une succession de salons. Ils ont été fermés et transformés en appartement. Seul subsiste le salon de musique éclairé au nord-ouest par une verrière comportant du verre transparent coloré en jaune, du verre incolore peint, des cives (dimensions : environ 164 cm X 320 cm). On retrouve le monogramme IM surmonté d'une couronne impériale. Le sol du salon est revêtu d'un parquet en marqueterie de chêne et acajou. Le hall, la cage d'escalier et le salon présentent un décor de gypserie néo-18e siècle. Les soubassements des murs sont revêtus de plaques de marbre blanc veiné de gris. Le motif a été repris à la peinture sur les cloisons qui ont fermé les anciens salons. Les plinthes sont en marbre noir ou rouge foncé. Au début du couloir, après le salon, subsiste la tribune des musiciens qui animaient la salle de bal (à présent fermée et transformée en appartement). Elle est protégée par un garde-corps en ferronnerie au motif de lyre.

Dans les étages, les suites se trouvaient sur l'avant, côté sud-est, avec vue sur le jardin et la mer. A l'arrière se trouvaient les chambres pour le personnel des hivernants (chauffeurs, femmes de chambre...).

Hall d'entrée. Tapisserie présentée dans un cadre-support en gypserie. Hall d'entrée. Tapisserie présentée dans un cadre-support en gypserie. Salon ouest. Angle sud-ouest. Détail du décor de gypserie.Salon ouest. Angle sud-ouest. Détail du décor de gypserie. Salon ouest. Détail de la verrière : couronne impériale et monogramme IM.Salon ouest. Détail de la verrière : couronne impériale et monogramme IM.

NOTE DE SYNTHÈSE

L'hôtel Impérial est le dernier des palaces construits à Menton (1911-1913). Il est le seul à être répertorié dans la catégorie Luxe dans les années 1930. Il a connu le sort de la majorité d'entre eux, transformé en hôpital militaire pendant la guerre 1914-1918 puis en immeuble après la deuxième guerre mondiale alors que la clientèle des palaces se tourne vers d'autres lieux plus à la mode et des équipements plus modernes. Il conserve cependant de beaux vestiges de sa splendeur passée dont un jardin remarquable.

L'hôtel Impérial a été construit à partir de 1911, suivant les plans de l'architecte Hans-Georg Tersling, sur un terrain à l'origine planté de vignes et de citronniers. Il connait des modifications au mois de mars 1913 avant son ouverture définitive en décembre 1913. L'intermédiaire de la société immobilière figurant sur le permis de construire est Paul Sarazin, frère de l'architecte Charles Sarazin et lui-même ingénieur des Mines. Il intervient à la même époque dans la construction d'autres hôtels à Biarritz et au Tréport.

Comme presque tous les grands hôtels, l'Impérial est transformé en hôpital militaire en 1915. C'est l'hôpital auxiliaire franco-anglais, "Hôpital de l'Entente Cordiale N°222" dirigé par Percy Cochrane. A la fin de la guerre il est repris par le groupe Ritz-Carlton. En 1928, un pavillon en bord de route est construit sur des plans de l'architecte Antoine Gioan. Il est aménagé en garage au rez-de-chaussée et en logement pour le jardinier en chef et sa famille à l'étage. L'hôtel compte alors 300 suites dont la moitié avec salle de bains. Il est transformé en immeuble à appartements en 1947 (architecte : Louis Milon de Peillon). Le pavillon des garages est actuellement l'hôtel Pavillon Impérial.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1911, daté par travaux historiques
    • 1928, daté par source
    • 1947, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Tersling Hans-Georg
      Tersling Hans-Georg

      Architecte né au Danemark, Hans-Georg Tersling est diplômé de l'Académie royale des Beaux-arts du Danemark en 1879. Il s'installe à Menton (06) en 1887 et réalise la plus large partie de ses œuvres sur la Côte d'Azur. Il crée de nombreux palaces et plusieurs villas de prestige. Il est considéré comme l'un des principaux architectes de la Belle Époque sur la Riviera. Il est entre autre l'auteur de la villa Cyrnos (1892) et du Grand Hôtel (1890) de Roquebrune-Cap-Martin, du Château Malet à Cap d'Ail (1894, de l'hôtel Bristol (1898) à Beaulieu-sur-mer, du Palais Masséna (1900) à Nice et à Menton de l'église russe (1892), du casino Kursaal (1909) de l'agrandissement du Palais de Carnolès (vers 1900) et de l'hôtel Impérial (1911).

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      architecte attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Milon de Peillon Louis
      Milon de Peillon Louis

      Architecte né à la Turbie (06), architecte à Nice dans les années 1930-1950.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Gioan Antoine
      Gioan Antoine

      Architecte à Menton dans les années 1920-1950. Superviseur de la maintenance du bâti des grands hôtels de Menton dans l'entre-deux-guerres. Auteur du monument à la mémoire d'Albert 1er roi des Belges dans les jardins Biovès (1935).

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      architecte attribution par source

L'hôtel est construit en pierre de taille calcaire revêtue d'un badigeon. Le toit à longs pans à croupes est en tuile plate mécanique. Il compte six étages carrés et un étage de comble au-dessus d'un rez-de-chaussée surélevé sur deux étages de soubassement. L'élévation antérieure est ordonnancée. L'escalier dans-d’œuvre, en maçonnerie, est tournant à retours avec jour.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille badigeon
  • Toits
    tuile plate mécanique
  • Étages
    2 étages de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 6 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Typologies
    plan-masse composite ; volumétrie régulière ; élévation avec axe ; caractère éclectique
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
    • ferronnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    jardin d'agrément

Un dossier de demande d'inscription aux MH a été déposé à la DRAC en 2013.

Documents d'archives

  • Modification de l'hôtel Impérial. Menton. 1913. Archives communales, Menton : 4 O 5.

    PC N° 1913-nc 26 03 1913. Intermédiare : Paul Sarazin. Modification de l'hôtel Impérial.
  • Transformation de l'hôtel Impérial. Menton. 1947. Archives communales, Menton : 271 W 4.

    PC N° 1947-85, au nom de Céleste Pons. Transformation de l'hôtel Impérial en immeuble. Architecte : Louis Milon de Peillon. 6 plans.

Bibliographie

  • BOTTARO, Alain, HOGU, Nicolas, KERTENIAN, Rémy. Menton une ville de palaces. Arles : Éditions Honoré Clair, photographies Michel Eisenlohr, 2019.

    Hôtel Impérial. pages 216-227.
  • STEVE, Michel. Hans-Georg Tersling, architecte de la Côte d’Azur. Nice : édition Serre / Société d'Art et d'histoire du mentonnais, 1990.

Date d'enquête 2013 ; Date(s) de rédaction 2013, 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Aliotti Jean-Marc
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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Dossiers de synthèse
Articulation des dossiers