Dossier d’œuvre architecture IA06003488 | Réalisé par
Aliotti Jean-Marc (Rédacteur)
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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Prédal Christophe (Rédacteur)
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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  • recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
places ordonnancées dites Place Charles-Albert et Place du Quadrilatère, réunies ensuite en Place Masséna
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ville de Nice

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Médecin
  • Adresse place Masséna
  • Cadastre 2017 KT  ; 2017 LD  ; 2017 KS

La place Masséna est le résultat d’une conception en deux temps. Calée contre les quartiers de la Vila nova, la place Charles-Albert est constituée dans un premier temps, vers la fin des années 1820, par un demi-cercle ouvert en direction du fleuve Paillon et de la campagne à l’instar des entrées de ville turinoises. Le plan-régulateur de 1832 envisage un second hémicycle de l’autre côté du fleuve mais l’extension sera finalement rectangulaire (appelée quelquefois place du Quadrilatère). Attribué à l’architecte turinois Joseph Vernier, à la suite d’un concours d’architecture jugé depuis Turin en 1835, le projet prévoit une église en position centrale, au nord, entourée d’immeubles à arcades, copié sur les places turinoises ordonnées autour de lieux de culte. Le projet sera finalement abandonné au profit d’une avenue qui permettra le développement de la ville vers le nord (actuelle avenue Jean-Médecin). Le plan définitif de la place est établi par Vernier en 1843. Deux palais latéraux, à deux étages, aux travées centrales scandées par des pilastres et développant bandeaux et allèges ornés sont terminés par une balustrade. De part et d’autre de la future voie, deux immeubles de trois étages présentent une élévation plus sobre.  L’ensemble est peint en rouge avec bandeaux ocre. Les portiques à la mode turinoise - mais peut-être aussi influencés par la rue de Rivoli à Paris - sont conçus comme élément unificateur des constructions, aidant à l’unité de l’espace public. Protégeant de la chaleur estivale et des intempéries hivernales, ils étaient prévus initialement sur la totalité de la voie partant vers le nord.

Jusqu'en 1882, les deux parties de la place sont séparées par un pont, le Pont Neuf. En 1882, la couverture du Paillon réunit les deux parties de la place. En 1884 est achevée la construction du Casino municipal, dont la destruction en 1979 libère la perspective en direction de l'esplanade du Paillon. La place devient en majorité piétonne en 2007, suite aux travaux réalisés en lien avec l'inauguration de la ligne 1 du tramway. Le réaménagement, avec notamment le quadrillage noir et blanc du dallage est l'oeuvre de Bruno Fortier. En 2021, le bitume présent sous les portiques de la place est remplacé par un dallage en opus de marbre blanc et noir.

Pensée pour un plan général d’embellissement de la ville de Nice, la place Masséna, promulguée par le Consiglio d'Ornato, est issue des plans régulateurs urbains. Elle est un point névralgique de l'espace urbain niçois, confluence de la vieille ville et de la ville nouvelle par l'intermédiaire de l'avenue Jean-Médecin et la frontière établie par la promenade du Paillon. Trois espaces contiguës la caractérisent : un espace bordé de fronts urbains au nord, une disposition plus ouverte donnant sur l'esplanade du paillon, un hémicycle au sud qui assure la transition entre les différences de niveaux et avec le front littoral.

La place Masséna est un espace urbain majeur, qui inscrit dans son tracé les premières limites et le développement foncier en direction du nord, de l'autre côté du fleuve Paillon. L'espace articule à partir de plusieurs propositions la transition entre la ville ancienne et la ville moderne en franchissant le lit du fleuve. Le plan qui en résulte, composé de trois espaces continus mais différenciés, soutient des propriétés urbaines remarquables : Un premier espace rectangulaire est bordé par trois fronts urbains remarquables, dont l'un engendre une perspective monumentale sur l'avenue Jean Médecin, et les deux fronts vécus comme un effet de porte. L'ouverture de cet espace au sud assure le passage vers le second espace médian, plus ouvert, au-dessus du Paillon, dans le prolongement physique et visuel de la promenade végétale du Paillon. La troisième partie, dont la forme en hémicycle est spécifique, tout en organisant les axes et les dénivelés, forme un front urbain homogène d'un plan curviligne. La fontaine dite du Soleil trône au milieu.

Chaque espace engendre des vues urbaines ou paysagères spécifiques à la mesure de l'espace libre, permettant d'étendre ou de restreindre les cônes de vue et les profondeurs de champs. Le sol de la place est dallé de modules en pierre sombre et claire, réunissant une composition visuelle singulière. Des plots délimitent les espaces réservés à la voiture ou des espaces dédiés au piéton. Le mobilier urbain reste spécifique, notamment les bancs très bas et très longs, les caisses amovibles pour les arbustes, des candélabres en fonte.

La recherche d'unité de l'ensemble constitue l'élément clé des campagnes d'aménagement et de restauration depuis les années 2000. La place a en effet très vite connu des modifications de l'esthétique des façades avec la mise en place d'ornementations éclectiques, cherchant notamment l'individualisation des immeubles dans un but commercial, le lieu devenant très vite l'endroit à la mode où s'installaient les enseignes les plus réputées. Certains éléments demeurent comme l'oriel surmonté d'un dôme à l'angle du boulevard Jean-Jaurès ou les grandes baies en arcade du 6 place Charles-Albert. De même, dès la fin du 19e siècle, les portiques reçurent des décors peints ou stuqués liés aux commerces de luxe qui s'y trouvaient, sans recherche d'unité aucune. La récente recherche d'unification concerne ainsi le choix colorimétrique des façades et se révèle aussi par la mise en place d'un dallage unifié sous les portiques et à la re-création de pilastres recevant les retombées des voussures de ces mêmes portiques. A noter que la création d'un parking souterrain dans les années 1970, dans sa partie nord, a provoqué un léger rehaussement du sol de la place avec pente descendante en direction des immeubles qui l'encadrent.

  • Mesures
    • : 240 m (longueur)
    • : 1,6 ha
  • Précision dimensions

    Largeur minimale : 54 mètres. Largeur maximale : 97 mètres.

  • Statut de la propriété
    propriété publique

Bibliographie

  • STEVE, Michel. Histoire de l'architecture à Nice de 1830 à nos jours. Nice : Institut d'études niçoises, 2018. 280 p.

    p. 75-87

Documents figurés

  • Pianta perimetrale della chiesa del Voto della città di Nizza. / Plan géométral à l'encre, rehaussé d'aquarelle. Joseph Vernier et Jean-Antoine Scoffier. Septembre 1835. 55,5 x 77 cm. Archives communales, Nice : D34-566.

  • Règlement des bâtiments à exécuter au sud de la place du Quadrilatère [Masséna] devant le Pont-Neuf, approuvé par le Conseil d'embellissement dans sa séance du 7 janvier 1852. Ortografia fabbricati esegiursi a mezzoto della piazza quadrilatera avanti al Ponte Nuovo approvato con deliberazione del Consiglio d'ornato degli 7 gennaio 1852. / Dessin à la plume rehaussé d'aquarelle. Anonyme. 1851. 52 x 69,6 cm. Archives communales, Nice : O4 3-25.

  • Nice, la place Masséna. / Carte postale anonyme. Non datée [état entre 1890 et 1914]. Archives communales, Nice : 10 Fi 607.

  • Nice - les galeries de la place Masséna. / Carte postale anonyme. Non datée [circa 1900]. Collection particulière.

  • [Nice, la place Masséna]. / Carte postale anonyme. Cosmos éditeur. Non datée [circa 1960]. Archives communales, Nice : 10 Fi 1006.

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Ville de Nice
Aliotti Jean-Marc
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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Prédal Christophe
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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