Dossier d’œuvre architecture IA06002939 | Réalisé par
Hérault Marie (Rédacteur)
Hérault Marie

Architecte diplômée d’État. Historienne des jardins et du paysage. Doctorante en histoire de l'art.

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  • recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
jardin public, ancien jardin d'agrément de la Villa Vigier
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Métropole Nice Côte d'Azur

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Mont-Boron
  • Adresse Boulevard Franck Pilatte
  • Cadastre 2016 KL 0161  ;
  • Dénominations
    jardin public
  • Appellations
    Jardin de la Villa Vigier, Parc Vigier
  • Destinations
    jardin public
  • Parties constituantes étudiées

HISTORIQUE

Le jardin de la Villa Vigier est une œuvre du jardinier en chef du Service des promenades et plantations de la Ville de Paris : Jean-Pierre Barillet-Deschamps (1824-1873). Ce jardin est un véritable laboratoire de plantes rares pour un propriétaire épris d'horticulture. En effet, le baron Georges Vigier a acclimaté dans son jardin de plus de trois hectares des plantes et arbres tropicaux comme des fougères arborescentes, une forêt de bambous ou encore un dattier des Canaries. On doit également au baron Vigier une nouvelle espèce de palmier à laquelle il a donné son nom, le palmier Vigieris, qu'il a obtenu grâce à des greffes successives. La réputation de ce jardin était telle que certains riches hivernants venaient s'y approvisionner pour replanter chez eux des spécimens rares. En 1926, le comte russe Léon de Miléant, nouveau propriétaire du domaine, fait construire avec son épouse un théâtre de verdure de deux mille places avec scène et fosse d'orchestre dans le parc. La première représentation en ces lieux fut celle de l'opéra Borodine, Le Prince Igor, et attira un millier de spectateurs. Deux sociétés immobilières acquièrent successivement le domaine à partir de 1929, la première (Société Immobilière du Boulevard de l’Impératrice de Russie) propose un premier projet de lotissement du domaine de la Villa Vigier, dressé par les architectes J.B. Lusso et F. Rapello en 1936. Le projet est d’abord approuvé le 12 octobre de la même année mais annulé ensuite par arrêté du 4 janvier 1963 (Archives municipales contemporaines, Nice : 3 TP 218/220). Ce projet proposait la division du terrain en 40 lots, dont le dernier conservait la villa et ses dépendances sur un terrain de 9000 m2 à l’ouest, et divisait le reste en 39 autres lots d’une surface d’environ 500 m2 chacun, destinés à la vente. En 1961, la « S.C.I. Villa Vigier » propose un nouveau projet de lotissement avec cession gratuite à la Ville de Nice « de la partie centrale du jardin (...), en vue de la création d’un parc public », qui correspond en effet au parc Vigier, que nous connaissons actuellement et autour duquel sont construits les quatre immeubles d’habitations que l’on peut encore voir aujourd’hui. La Villa Vigier est détruite en 1967.

DESCRIPTION

Plan d'ensemble

La surface actuelle de la Direction Générale des Impôts du parc Vigier est de 10 042 m2 (environ 30 000 m2 à l’origine). Il est situé sur un terrain en pente descendant vers la mer. Il se déploie le long d’une bande parallèle au rivage et à la route et est encadré par quatre immeubles d’habitation de six étages. Son tracé irrégulier et ses chemins courbes en pente douce délimitent des pièces de gazon de dimensions variables complantées de massifs d’arbres, de buissons, d’arbres isolés mais aussi d’arbres en alignement comme les Washingtonia sp. qui marquent l’allée principale du jardin, face à l’entrée.

L'alignement des Washingtonia sp. le long de l'allée d'entrée du parc.L'alignement des Washingtonia sp. le long de l'allée d'entrée du parc.

Le couvert du parc Vigier est important excepté un espace laissé libre au nord-ouest destiné aux jeux de jardin (bascules et toboggan). Le jardin originel entretenait un rapport différent au rivage, plus proche de celui-ci, avec des pièces de gazon plus découpées aux abords de la villa et, quoique de nature irrégulière, renforçant un axe nord-sud depuis la villa jusqu’à la mer. Le jardin s'ouvre au sud sur l'actuel boulevard Franck Pilatte (ancienne Avenue de l'Impératrice de Russie) et la mer. Le parc Vigier tel que nous le connaissons aujourd'hui a évolué dans sa relation au rivage en s'en éloignant - notamment avec le développement du secteur portuaire au sud - tandis que l'ancien jardin de la Villa Vigier par Barillet-Deschamps le bordait pratiquement.

L'hebdomadaire La mode de style consacre en 1890 un passage à la situation de la propriété Vigier, ainsi qu'à l'atmosphère envoûtante de son jardin : « La villa domine un panorama magnifique sur la mer, qu'entourent, en demi-cercle, les riantes villas de Nice et le beau paysage de Villefranche. Le parc semble celui de Paul et Virginie. Ce n'est qu'un fouillis de bambous formant une ombre épaisse sur un tapis de gazon d'une verdure fraîche et veloutée. Ce ne sont que des allées de palmiers aux troncs énormes, aux superbes rameaux tombant jusqu'à terre, pavillons impénétrables contre le soleil. Quand, sous l'abri de ces arbres du désert, on contemple l'immensité bleue sous le radieux éclat du ciel, enveloppée d'une atmosphère de parfums et de la douceur de l'air, on goûte une de ces minutes inoubliables qui vous arrache à la terre et vous font vivre dans un songe » (Marquise de Langeau, 1890, p.2).

De même, un article datant cette fois de 1909 du périodique La Vie à la campagne souligne la densité des plantations que l'on pouvait trouver dans le jardin de la Villa Vigier à l'époque : « A part le petit Jardin paysager proche de la Villa, les allées du Parc s'enfoncent dans de petits bois de Palmiers, de Phoenix ou de Dracaenas et de Conifères, se perdent au travers des Vergers d'Orangers, de Mandariniers, d'Abricotiers et d'Amandiers, ménageant un peu partout, de la façon la plus naturelle et la plus imprévue, des coins de repos emplis d'ombres et de parfums ». Il insiste sur « le très grand intérêt » botanique, horticole et décoratif qu'offre la propriété Vigier. C'est d'ailleurs en ces lieux qu'est conservé précieusement d'après l'auteur « le premier exemplaire d'un des plus beaux Palmiers plantés en Europe - en 1867 (...) ». Il s'agit du dattier des Canaries, connu sous le nom de Phoenix canariensis, et dont le sujet s'élève à l'époque de la parution de l'article à une quinzaine de mètres de hauteur. Le célèbre paysagiste Edouard André le nomma tout d'abord Phoenix Vigierii mais c'est l'appellation Phoenix canariensis qui l'emporta, respectant la nomenclature botanique du nom sous lequel il avait été décrit lors d'une première publication le concernant (Maumené, 1909).

Le même article salue également la composition du jardin, la réussite du regroupement en son sein d'une si grande variété de végétaux « de port et de caractère » différents, habilement reliées entre eux par de subtiles transitions. L'auteur souligne enfin le goût, l'harmonie et la simplicité de dessin et de mouvement du sol avec lesquels sont traités ce projet, par M. Barillet-Deschamps, dans une région où pourtant, « les jardins, souvent organisés par des personnes qui manquent de métier et de goût, sont torturés à l'excès dans le dessin des allées et comme boursouflés, tant le relief du sol est exagérément artificiel (...) » (Maumené, 1909).

Le jardin de la Villa Vigier est une réalisation de Jean-Pierre Barillet-Deschamps. Son propriétaire, Georges Vigier, passionné d'horticulture, y a acclimaté de nombreuses espèces tropicales, en faisant un véritable laboratoire de plantes rares, dont la réputation était telle que certains riches hivernants venaient s'y approvisionner pour replanter chez eux certains spécimens.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par source
  • Dates
    • daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Barillet-Deschamps Jean-Pierre
      Barillet-Deschamps Jean-Pierre

      Jean-Pierre Barillet-Deschamps est le premier titulaire du titre de Jardinier en chef du Service des Promenades et Plantations de la Ville de Paris. Il est l'auteur de l'aménagement paysager de la capitale au moment de sa transformation menée par le préfet Haussmann. Il a notamment transformé les bois de Boulogne et de Vincennes et réalisé le parc des Buttes-Chaumont à Paris.

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      jardinier attribution par source
    • Personnalité :
      Vigier Georges
      Vigier Georges

      Achille Georges Hippolyte, vicomte Vigier, grand amateur de plantes exotiques, créateur d'un jardin botanique à Nice, il a acclimaté de nombreuses espèces de palmiers.

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La surface DGI actuelle du parc Vigier est de 10 042 m2 (environ 30 000 m2 à l’origine). Il est situé sur un terrain en pente descendant vers la mer. Il se déploie le long d’une bande parallèle au rivage et à la route et est encadré par quatre immeubles d’habitation de six étages. Son tracé irrégulier et ses chemins courbes en pente douce délimitent des pièces de gazon de dimensions variables complantées de massifs d’arbres, de buissons, d’arbres isolés mais aussi d’arbres en alignement comme les Washingtonia sp. qui marquent l’allée principale du jardin, face à l’entrée. Le jardin originel entretenait un rapport différent au rivage, plus proche de celui-ci, avec des pièces de gazon plus découpées aux abords de la villa et, quoique de nature irrégulière, renforçant un axe nord-sud depuis la villa jusqu’à la mer. Le jardin s'ouvre au sud sur l'actuel boulevard Franck Pilatte (ancienne Avenue de l'Impératrice) et la mer. Le parc Vigier tel que nous le connaissons aujourd'hui a évolué dans sa relation au rivage en s'en éloignant - notamment avec le développement du secteur portuaire au sud - tandis que l'ancien jardin de la Villa Vigier par Barillet-Deschamps le bordait pratiquement.

  • Plans
    jardin irrégulier
  • Élévations extérieures
    jardin en pente
  • Jardins
    arbre isolé, groupe d'arbres, massif d'arbres, pièce de gazon, massif de fleurs
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Bibliographie

  • Les beaux domaines. Castellamare et Vigier. Dans : Mediterranea, 1928, n°20, p.57-64.

  • Marquise DE DANGEAU. Chronique mondaine. Dans : La Mode de style, 01 janvier 1890.

    Bibliothèque nationale de France, Paris
    Paragraphe conçernant le domaine Vigier, p.2.
  • MAUMENE, Albert. Le jardin de la villa Vigier. Dans : La Vie à la campagne, 15 février 1909, p.101-106.

  • BOURSIER-MOUGENOT, Ernest. Inventaire des parcs et jardins remarquables des Alpes-Maritimes. Nice : Conseil général des Alpes-Maritimes, 1994. 161 p.

    p. 110
  • LE CLEZIO, J.M.G. Nice, port de mer. Préface pour : Nice cent ans (1860-1960), 1997.

  • GAYRAUD, Didier. Belles demeures en Riviera, 1835-1930. Nice : Éditions Gilletta-Nice-matin, 2005, 303 p.

    Paragraphe conçernant le domaine Vigier, p.176-177.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Nice [1871-1873]. / Dessin à l'encre sur papier par les géomètres du cadastre, [1871-1873]. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 25FI 088/1/III/A1/COM à 25FI 088/1/I/G5.

  • Plan de la commune de Nice [circa 1920-1930]. / Dessin à l'encre sur papier. 1e quart 20e siècle. Archives communales, Nice : 1Fi 93 001 à 1Fi 93 044.

  • Villa Vigier. Projet de Lotissement / Impression papier. Société immobilière du Bd Imp. de Russie, dressé par J.B. Lusso et F. Rapello Architectes, 1936. Archives Municipales, Nice : 3 TP 14.

  • Construction d'un ensemble immobilier sur le domaine de la Villa Vigier. Plan de bornage des terrains nécessaires à la création d'un jardin central / Tirage de plan. Circa 1964. Archives Municipales, Nice : 606 W 47.

  • Société civile immobilière « Villa Vigier » / Tirage de plan. Dressé par la Société civile immobilière « Villa Vigier ». Circa 1964. Archives Municipales, Nice : 606 W 47.

  • [Exposition de plantes sur la propriété St-Aignan]. / Photographie argentique noir et blanc, anonyme. Non datée [1860]. Collection particulière.

  • Propriété Vigier / Photographie noir et blanc. Anonyme. Non datée [circa 1870]. Bibliothèque de Cessole, Nice.

  • [Vue de la villa Vigier depuis le bois des yuccas, Nice]. / Dessin, 1880. Dans : Voyage au pays enchanté / MONTAUD, Henri (de). Paris : Dentu, 1880.

  • NICE - VILLA VIGIER. Assistance aux Convalescents Militaires / Carte postale, édition Giletta, [date]. collection particulière.

  • [Villa Vigier, Nice, porte d'entrée ?]. / Photographie, [1915-1916]. dans : Livre d'or de l'Assistance aux convalescents militaires, rattachée au Ministère de la Guerre.1916. BMVR de Nice - bibliothèque Romain Gary : B.63.

  • [Villa Vigier, Nice, pavillon dans le jardin]. / Photographie, [1915-1916]. dans : Livre d'or de l'Assistance aux convalescents militaires, rattachée au Ministère de la Guerre.1916. BMVR de Nice - bibliothèque Romain Gary : B.63.

Date d'enquête 2016 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Ville de Nice
Hérault Marie
Hérault Marie

Architecte diplômée d’État. Historienne des jardins et du paysage. Doctorante en histoire de l'art.

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