Cet entrepôt agricole isolé fait partie de la quarantaine de « cabanons » identifiés sur la commune de Rosans.
Commentaire historique
L'origine de cet entrepôt agricole remonte à la fin des années 1870.
Sur le cadastre de 1839, cet emplacement fait partie d'une très grande parcelle de terre labourable de près de 3,5 hectares (1839 F9 47). Elle appartient à Louis Deydier, gendre Tatin, qui possède tout le domaine agricole avoisinant, centré sur une ferme appelée « Peyre Grosse ». Il est également propriétaire d'une maison, d'un four et d'un jardin au bourg de Rosans (voir dossier IA05001525), ainsi que divers terrains sur le territoire communal, notamment aux quartiers de Blache Bouvaire, Pavie, Coularive, le Villard, Baudon, Rafoundet, etc.
En 1847, cette parcelle perd 3000 m² suite à la « cession à la voie publique » réalisée pour les travaux de construction de la Route Nationale 94 (actuelle R.D. 994).
En 1871, la parcelle est partagée en trois parts égales qui reviennent aux deux fils – Hippolyte Deydier et Jean-Louis Deydier – et au gendre, Aristide Tirail, ce dernier demeurant à Montjay.
En 1879, Jean-Louis Deydier, « marchand d'épicerie en détail » de sa profession, déclare sur sa partie la « construction nouvelle » d'un « pavillon », comportant 2 ouvertures, qui est imposé dans la 8e et dernière classe fiscale. En 1890, le « pavillon » est déclassé, étant désormais considéré comme un « bâtiment rural ». En 1901, le bâtiment devient la propriété de Alban-Fernand Montlahuc, époux Arnaud.
Un léger remaniement a été réalisé après la construction du bâtiment, se traduisant notamment par la condamnation de la porte orientale de l'étage de soubassement. C'est à l'occasion de ces travaux qu'est appliqué l'enduit lisse décoré de bandeaux colorés qui subsiste aujourd'hui à l'état de vestiges, ainsi que la date peinte sur la façade sud. Cette dernière, malheureusement incomplète : « 18(..) », indique cependant que ce réaménagement est antérieur au 20e siècle.
Vue d'ensemble prise du sud.
Elévation sud, second niveau. Vestiges de l'enduit avec un décor peint de bandeau d'avant-toit et date portée 18(??).
Pignon est.
Pignon est, premier niveau. Porte murée et repercée en jour.
Description architecturale
Cet entrepôt agricole est isolé approximativement à un kilomètre au sud-ouest du bourg de Rosans, à une altitude d'environ 630 mètres. De plan presque carré, adossé à la pente, il comporte un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé.
Une petite plate-forme est aménagée au pied de la façade nord, face à la pente, dégageant un espace plat devant la porte du logis. Elle est soutenue par deux murs en pierre sèche installés dans le prolongement des pignons du bâtiment. Une treille de vigne est installée contre la façade sud et un tilleul est planté au sud-est.
Localisation d'après la carte IGN de 2021. Echelle d'origine 1/25 000e.
Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
Elévation sud.
Plate-forme aménagée devant l'élévation nord. Mur de soutènement en pierre sèche.
Fonctions et aménagements intérieurs
L'étage de soubassement est accessible par une porte piétonne ouverte côté sud. Il accueille une pièce multifonctionnelle pouvant servir d'étable, de remise à outils, de resserre au moment des récoltes (et peut-être aussi de cellier vinaire ?). Le sol est en terre, les murs restent bruts de maçonnerie et le couvrement est un plancher sur solives. La pièce est aérée par un petit jour vertical aménagé côté est, installé à l'emplacement d'une seconde porte – murée.
Etage de soubassement, remise-étable. Mur sud.
Etage de soubassement, remise-étable. Mur nord.
Le rez-de-chaussée surélevé, réservé au logis, est desservi par une porte piétonne côté nord et est éclairé par une fenêtre côté sud. Une cheminée est adossée au mur ouest, avec un manteau en bois et une hotte droite maçonnée. Le sol est un plancher, les murs sont enduits avec un décor peint de fausse plinthe. Le plafond est un plancher sur solives, également peint. Au-dessus, un petit séchoir est aménagé sous le rampant du toit, accessible par une trappe et une échelle.
Rez-de-chaussée surélevé, logis. Vue de volume prise du nord-est.
Rez-de-chaussée surélevé, logis. Mur ouest, cheminée.
Rez-de-chaussée surélevé, logis. Couvrement en plancher sur solives et trappe d'accès au séchoir sous le rampant du toit.
Structure et matériaux
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons de grès et de calcaire, avec des chaînes d'angles en gros moellons équarris. Les élévations conservent les vestiges d'un enduit lisse, avec un décor peint de bandeau de sous-toiture rosé. Sur la façade sud, ce bandeau est accompagné d'une date peinte, partiellement effacée : « 18(...) ».
Les piédroits des ouvertures sont montés en moellons avec une finition au mortier ; les linteaux sont des monolithes droits en pierre de taille de grès, avec une finition bouchardée à arrêtes ciselées. L'appui de la fenêtre du logis est en briques pleines.
Elévation sud, premier niveau. Porte de la resserre-remise.
Elévation sud, premier niveau. Porte de la resserre-remise, détail de la menuiserie.
Elévation nord, porte du logis. Linteau monolithe.
Elévation sud, second niveau. Fenêtre du logis.
Le toit à longs pans est supporté par une charpente à pannes. La couverture est en plaques ondulées de fibro-ciment recevant des tuiles creuses. L'avant-toit est constitué du simple débord des tuiles.
Elévation sud, avant-toit constitué du débord des tuiles de couverture.