Commentaire historique
L'état des enduits sur les bâtiments mitoyens limite les possibilités de lecture du bâti, mais il semble que cet entrepôt agricole s'appuie contre le bâtiment ouest, qui lui serait donc antérieur. En revanche, l'absence manifeste de collage avec le bâtiment oriental laisse penser que leur construction est contemporaine, remontant peut-être au 17e siècle.
Très vraisemblablement remanié au 18e siècle (?) et/ou au 19e siècle, il était peut-être doté à l'origine d'un toit à longs pans. Son toit à un pan actuel pourrait être le résultat d'une surélévation, au moins partielle, comme le montrent d'autres exemples à Rosans.
Sur le plan cadastral de 1839, la parcelle possède un plan identique à l'actuel et elle est mentionnée comme une « écurie » de 18 m² d'emprise au sol appartenant à François Razaud, tisserand. Celui-ci possède également une maison proche (parcelle 1839 F1 344, 44 m²).
Plan de masse et de situation d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
Plan de masse d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
Propriétés du tisserand François Razaud en 1839, d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
En 1849, ce bâtiment agricole passe à Jean-François Givaudan (ou Givodan). A cette époque, ce propriétaire est en train d'augmenter ses biens en acquérant divers bâtiments : en 1839, il possédait déjà une maison (1839 F1 217, 36 m²) et une dépendance agricole (1839 F1 243, 55 m²) situées au centre du bourg, accompagnées d'un jardin extra muros (1839 F1 309, 74 m²). Depuis 1843, il détenait une deuxième maison (1839 F1 332, 37 m²) et une chambre (1839 F1 333), mitoyennes du bâtiment ici étudié, ainsi qu'un autre jardin (1839 F1 339, 170 m²). A cela, il avait ajouté en 1847 une seconde dépendance agricole (1839 F1 346, 52 m²) et un troisième jardin (1839 F1 340, 52 m²).
En 1867, le bâtiment passe à Jean-Baptiste Piot ; deux ans plus tard, en 1869, les autres biens de Jean-François Givaudan sont divisés et dispersés à d'autres propriétaires. Jean-Baptiste Piot est propriétaire depuis 1857 d'une maison accompagnée d'un terrain vacant (1839 F1 325, 144 m²) et d'un jardin mitoyen (1839 F1 326, 90 m²). En 1868, il déclare une augmentation de construction sur sa maison – sur laquelle l'encadrement de porte en pierre de taille, surmonté d'une corniche moulurée en entablement, porte la date gravée « 1864 ». A partir de 1870, ses biens passent à sa veuve Rosalie Bernard, qui, en 1880, rachète à la commune une « masure » proche (1839 F1 328). Cette dernière n'est autre que le bâtiment délabré de l'ancien hôpital de la communauté de Rosans, installé là au moins depuis la fin du 16e siècle.
Quant à cet entrepôt agricole, il a été remanié au moins une fois, manifestement au cours de la première moitié du 20e siècle comme en témoigne la porte de sa façade nord.
Propriétés de Rosalie Bernard, veuve Piot, en 1880, d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.
Description architecturale
Ce petit entrepôt agricole est situé dans la partie sud du bourg extra muros. Intégré dans un îlot de bâtiments agricoles, il est mitoyen sur ses pignons est et ouest. Adossé parallèlement au sens de la pente, il comporte une étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble.
Elévation est.
Elévation ouest.
Plans schématiques du bâtiment. De gauche à droite : étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble, toit.
L'étage de soubassement est accessible de plain-pied côté sud par une porte et est éclairé par un jour percé du même côté. Il accueille une étable couverte par une voûte coffrée en berceau segmentaire.
Le rez-de-chaussée est occupé par un fenil pouvant servir de remise, accessible de plain-pied par une large et haute porte. L'étage de comble est réservé au séchoir, éclairé par une petite baie côté nord.
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires et de grès et, si l'élévation sud reste brute de maçonnerie, la façade nord conserve un enduit rustique. Les encadrements des ouvertures possèdent des piédroits en moellons équarris, éventuellement complétés par quelques pierres de taille en remploi, avec un couvrement droit en pierre pour les jours, en bois pour la porte sud et en poutrelle métallique pour la grande porte nord.
Le toit à un pan est couvert en plaques ondulées de fibro-ciment recevant des tuiles creuses.
Elévation est, détail de la maçonnerie.
Elévation est, premier niveau. Porte de l'étable, détail de la poignée.
Elévation est, premier niveau. Jour de l'étable.
Elévation ouest, second niveau. Jour.