• inventaire topographique, Inventaire du parc naturel régional des Baronnies provençales
maison, puis entrepôt agricole, puis maison
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional des Baronnies Provençales - Serres
  • Commune Rosans
  • Lieu-dit
  • Adresse place Raoul-Montlahuc , rue du Corps de Garde
  • Cadastre 1839 F1 222  ; 1984 F1 788  ; 2020 000F 788
  • Dénominations
    maison, entrepôt agricole
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, fenil, boutique, séchoir

Commentaire historique

L'origine de cette maison remonte possiblement à l'époque médiévale. Au départ il s'agit vraisemblablement de deux bâtiments indépendants, celui correspondant à l'actuelle partie occidentale étant le plus ancien. Dans le cadastre de 1570, ce quartier est appelé « milieu de Ville ».

L'ancienne baie boutiquière visible sous le passage couvert paraît remonter à la fin du 16e siècle ou au début du 17e siècle. Elle était originellement pourvue de deux comptoirs latéraux. En revanche, les encadrements en pierre de taille conservés en partie supérieure des façades ne sont pas antérieurs à la fin du 17e siècle ou au début du 18e siècle. Le balcon, avec ses corbeaux et sa corniche en pierre de taille bouchardée à arêtes ciselées, date sans doute de la seconde moitié du 18e siècle.

La fusion des deux bâtiments originels est antérieure au second quart du 19e siècle. En effet, sur le plan cadastral de 1839, la parcelle possède un plan identique à l'actuel, hormis le passage couvert qui n'est pas dessiné (comme c'est le cas pour les tous les passages du bourg) mais qui existait à cette époque. A l'origine désignée comme une « maison » de 40 m² d'emprise au sol, cette mention a été biffée lors de la validation de l'état des sections et remplacée par celle d'« écurie ». Une modification qui témoigne d'une ambivalence fonctionnelle du bâtiment : sans doute se présentait-il depuis l'extérieur comme étant destiné à l'habitat (portes, fenêtres), mais cette fonction était déjà abandonnée par son propriétaire au profit d'un seul usage agricole (étable et grange). Il ne s'agit pas d'un cas unique et les matrices cadastrales illustrent bien qu'au cours du 19e siècle d'autres maisons sont converties en bâtiments agricoles, dont deux dans ce même îlot (voir dossier IA05001558). Ce phénomène traduit aussi un état de vétusté du bâti en centre-bourg, dont l'abandon progressif s'accompagne d'un glissement de l'habitat dans la partie basse de la Grande Rue et autour de la route nationale. Une évolution urbaine transformant peu à peu la physionomie du bourg.

En 1839, cette « écurie » appartient à Pierre-Gaspard Clavel, menuisier, qui possède également deux autres écuries installées dans le même îlot (une étant en copropriété), ainsi que la maison située de l'autre côté du passage couvert. Il est aussi propriétaire de plusieurs terres agricoles, notamment aux quartiers de la Rebière, l'Ecluse, Merdaric et Champaure. En 1863, l'ensemble de ces biens reviennent à Jullien Aumage fils, gendre Clavel. En 1874, tous les bâtiments, y compris cette maison, passent à Pierre Blanchard puis, en 1906, à son fils Frédéric Blanchard.

Plan de masse d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.Plan de masse d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.

La partie du logis a été remise en état au cours de la première moitié du 20e siècle, comme le montrent les aménagements intérieurs : cheminées, placard d’allège, etc. Il est probable que l'actuelle grande baie fenière percée dans l'élévation nord date de cette même période, mais elle a pu remplacer une ancienne fenêtre déjà modifiée pour un usage agricole. Par ailleurs, et comme le montre une carte postale ancienne, la destruction dans les années 1920 de l'îlot de bâtiments qui constituait l'actuelle place Raoul-Montlahuc a entraîné la disparition d'une partie du passage couvert qui se prolongeait originellement vers le nord-est, où il était soutenu par un fort pilier maçonné.

Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.

Description architecturale

Cette maison est située au cœur du bourg intra muros, entre la place Raoul-Montlahuc au nord et la rue du Corps de Garde. Traversante, occupant un angle d'îlot, elle est mitoyenne à l'ouest et au sud. Elle est composée de deux bâtiments accolés, chacun adossé parallèlement au sens de la pente, disposition se traduisant à l'intérieur par une différence d'un tiers de niveau entre les deux parties.

Elévation sud.Elévation sud. Elévation sud, passage couvert et balcon.Elévation sud, passage couvert et balcon. Vue d'ensemble prise du nord-est.Vue d'ensemble prise du nord-est. Elévation nord.Elévation nord.

Fonctions et aménagements intérieurs

Le bâtiment occidental comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble. Le bâtiment oriental est en partie bâti sur un passage qui est couvert par deux sections de voûte en berceau segmentaire, lesquelles forment un angle obtus marqué par une arête. Il comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble.

Plans schématiques du bâtiment. A gauche: rez-de-chaussée surélevé. A droite : étage de soubassement.Plans schématiques du bâtiment. A gauche: rez-de-chaussée surélevé. A droite : étage de soubassement. Coupe schématique du bâtiment, est-ouest.Coupe schématique du bâtiment, est-ouest. Passage couvert, vue de volume prise du sud-ouest.Passage couvert, vue de volume prise du sud-ouest. Passage couvert. Vue de volume prise de l'ouest.Passage couvert. Vue de volume prise de l'ouest.

Etage de soubassement

La partie occidentale de l'étage de soubassement est occupée par une étable, couverte par une voûte en berceau segmentaire coffrée qui apparaît collée sur la maçonnerie des murs. Cette disposition indique qu'il s'agit d'une réfection, laquelle a pu remplacer un ancien plancher originel. Cette pièce est accessible par une porte piétonne ouverte dans le mur sud. Dans l'angle sud-est, une ancienne porte de communication, murée, ouvrait sur la partie orientale.

La partie orientale de l'étage de soubassement était anciennement occupée par une boutique, comme en témoigne la grande baie boutiquière qui s'ouvre côté sud, sous le passage couvert. Cette pièce est couverte par une voûte d'arêtes qui a pu, là aussi, remplacer un plancher devenu vétuste.

Rez-de-chaussée surélevé

On accède à la partie occidentale du rez-de-chaussée par une porte piétonne ouverte côté nord, qui donne dans une pièce unique à usage de logis. Elle est éclairée par une fenêtre ouverte côté sud, intégrant un placard installé dans l'allège. Le sol est carrelé, les murs et le plafond sont enduits. Dans l'angle nord-ouest, à côté de la porte d'entrée, un escalier tournant fermé par une cloison dessert l'étage carré ; si ses deux marches d'appel sont en pierre de taille de grès, les autres sont en bois. Un réduit est aménagé sous cet escalier. Dans l'angle sud-est, une niche en arc segmentaire éclairée par un petit jour accueille une pile d'évier émaillée. Une cheminée est adossée au mur nord, avec un manteau en bois orné de deux cannelures horizontales et une hotte maçonnée. Dans l'angle nord-est, une porte pratiquée dans le mur de séparation donne accès à la partie orientale ; quelques marches sont aménagées dans l'épaisseur de l'embrasure pour rattraper la différence de niveau.

La partie orientale du rez-de-chaussée accueille une chambre qui dispose d'une porte-fenêtre côté sud, donnant accès au balcon. Le sol est carrelé, les murs et le plafond sont enduits. Une cheminée basse est engagée dans le mur est, avec un habillage en bois. Elle est flanquée d'un placard-niche.

Rez-de-chaussée surélevé, chambre. Mur ouest, petit escalier de communication avec la cuisine.Rez-de-chaussée surélevé, chambre. Mur ouest, petit escalier de communication avec la cuisine. Rez-de-chaussée surélevé, cuisine. Mur sud, pile d'évier dans une niche.Rez-de-chaussée surélevé, cuisine. Mur sud, pile d'évier dans une niche.

Premier étage et étage de comble

Dans la partie occidentale, l'étage carré anciennement dévolu à une pièce de logis a été transformé en fenil. Toujours desservi par l'escalier intérieur depuis le rez-de-chaussée, il dispose également d'une grande baie fenière ouverte dans le mur nord. Les étages de combles étaient réservés au séchoir, celui de la partie ouest étant aéré par un jour côté nord.

Matériaux et mise en œuvre

Les bâtiments sont construits en maçonnerie de moellons calcaires et de grès, avec des chaînes d'angles en moellons équarris. Si l'élévation nord de la partie ouest est laissée brute de maçonnerie, le reste porte un enduit rustique récent. Au premier niveau de l'élévation sud, l'arc en plein-cintre couvrant l'ouverture du passage couvert est bâti en pierre de taille de grès, avec de larges claveaux extradossés et une clef passante.

Elévation sud, passage couvert.Elévation sud, passage couvert. Passage couvert, vue de volume prise du sud-ouest.Passage couvert, vue de volume prise du sud-ouest. Passage couvert, vue prise de l'est.Passage couvert, vue prise de l'est.

Sous ce passage couvert, l'encadrement de la baie boutiquière, en arc segmentaire, est réalisé en pierre de taille de grès layée et chanfreinée. Les congés en biais de ses piédroits, situés à un tiers de hauteur, témoignent que cette ouverture disposait à l'origine de deux comptoirs latéraux aujourd'hui disparus ; la reprise de maçonnerie en sous-œuvre des piédroits est d'ailleurs bien visible. Par la suite, un pilier maçonné a dû être ajouté pour palier l'affaissement des claveaux de l'arc de couvrement.

Elévation sud, sous le passage couvert. Baie boutiquière.Elévation sud, sous le passage couvert. Baie boutiquière. Elévation sud, sous le passage couvert. Baie boutiquière, détail du piédroit chanfreiné avec congé en biais.Elévation sud, sous le passage couvert. Baie boutiquière, détail du piédroit chanfreiné avec congé en biais.

Au second et au troisième niveaux de cette même élévation sud, les encadrements de la porte-fenêtre et des jours sont également en pierre de taille de grès, avec linteau droit monolithe et arêtes vives. C'est également le cas du jour situé au troisième niveau de l'élévation nord. Les encadrements des autres ouvertures ont été repercés et ils sont façonnés au mortier ou au béton.

Toujours sur l'élévation sud, le balcon est construit en pierre de taille de grès, avec boucharde et ciselure d'arêtes sur les corbeaux et la corniche. Il est constitué de quatre grandes dalles dont la tranche visible est taillée en corniche, avec moulure en quart-de-rond sur filet. Ces dalles sont supportées par deux corbeaux, sculptés en quart-de-rond et doucine. Le garde-corps, en ferronnerie avec un barreaudage droit, accueille une treille de vigne.

Elévation sud, troisième niveau. Balcon.Elévation sud, troisième niveau. Balcon. Elévation sud, deuxième niveau. Balcon en pierre de taille sur corbeaux.Elévation sud, deuxième niveau. Balcon en pierre de taille sur corbeaux. Elévation sud, deuxième niveau. Balcon, détail d'un corbeau.Elévation sud, deuxième niveau. Balcon, détail d'un corbeau.

La charpente à pannes doubles est renforcée par un chevron disposé en diagonale dans la partie occidentale. Le toit à un pan montre un décrochement entre les deux parties est et ouest. Sur cette dernière, il est couvert par des tuiles creuses posées sur des chevrons taillés en quartons, alors qu'à l'est il est en plaques ondulées de fibro-ciment. Sur la partie ouest de l'élévation sud, l'avant-toit est constitué de trois rangs de génoise, mais n'en possède qu'un seul du côté est. Côté nord, l'avant-toit est simplement constitué du débord de la couverture.

Charpente à pannes et couverture en tuiles creuses posées sur chevrons taillés en quartons.Charpente à pannes et couverture en tuiles creuses posées sur chevrons taillés en quartons. Charpente à pannes et couverture en tuiles creuses posées sur chevrons taillés en quartons.Charpente à pannes et couverture en tuiles creuses posées sur chevrons taillés en quartons.

À l'origine, cette maison correspond à deux bâtiments indépendants remontant peut-être à l'époque médiévale. Toutefois, les encadrements les plus anciens conservés ne paraissent pas antérieurs à la fin du 16e siècle ou au début du 17e siècle. On observe également des reprises et ajouts de la seconde moitié du 18e siècle. La fusion des deux bâtiments originels est antérieure à la levée du plan cadastral de 1839. Les aménagements intérieurs actuels remontent à la première moitié du 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age , (incertitude)
    • Principale : limite 16e siècle 17e siècle
    • Principale : limite 17e siècle 18e siècle
    • Principale : 2e moitié 18e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 20e siècle

Cette maison, traversante et occupant un angle d'îlot, est composée de deux bâtiments accolés et adossés parallèlement au sens de la pente. Cette disposition se traduit à l'intérieur par une différence d'un tiers de niveau entre les deux parties.

Le bâtiment occidental comporte un étage de soubassement, occupé par une étable couverte par une voûte en berceau segmentaire, un rez-de-chaussée surélevé réservé au logis, un étage carré, auparavant occupé par une chambre mais transformé en fenil, et un étage de comble servant de séchoir.

Le bâtiment oriental, partiellement bâti sur un passage couvert par deux sections de voûte en berceau segmentaire, comporte un étage de soubassement, anciennement occupé par une boutique couverte par une voûte d'arêtes, un rez-de-chaussée surélevé réservé au logis et un étage de comble servant également de séchoir.

Les bâtiment sont construits en maçonnerie de moellons calcaires et de grès, avec des chaînes d'angles en moellons équarris. Les encadrements des ouvertures sont réalisés en pierre de taille de grès ou sont façonnés au mortier.

Le toit à un pan est supporté par une charpente à pannes doubles, renforcées par un chevron disposé en diagonale (partie occidentale). Il est couvert par des tuiles creuses posées sur des chevrons taillés en quartons ou par des plaques ondulées de fibro-ciment.

  • Murs
    • grès moellon sans chaîne en pierre de taille enduit
    • calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Toits
    ciment amiante en couverture, tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • voûte en berceau segmentaire
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à un pan
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie, en charpente
  • Typologies
    A3b : maison avec parties agricoles ou commerciales en partie basse et parties agricoles en partie haute
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • [Cadastre par confronts de la communauté de Rosans.] / 1570 [registre relié, incomplet : f° 138 à 319, nom du notaire inconnu]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 E 6468.

    1570
  • Matrices cadastrales de la commune de Rosans. / 1839-1911 [registre papier]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1241 à 3 P 1243.

    F° 85, 1839. F° 709, 1874, 1906.
  • Etat des sections cadastrales de la commune de Rosans. / Par Truchy, géomètre, 1840 [registre papier]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1240.

    Section F1, 1840.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Rosans. / Dessin, encre et lavis par Truchy, géomètre, 1839. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1239.

    Section F1, 1839.
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général