Dossier collectif IA04003148 | Réalisé par ; ; ;
Sauze Elisabeth (Enquêteur)
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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Mosseron Maxence (Rédacteur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
Lavoirs et fontaines-lavoirs du Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    lavoir, fontaine
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var

I. Identification du corpus

1. Terminologie

Ce dossier regroupe les lavoirs et les fontaines-lavoirs repérés dans le Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var (A3V). Le Thésaurus de l’architecture distingue le lavoir de la fontaine, et n'aborde pas la combinaison fontaine-lavoir que l'on observe pourtant fréquemment sur le territoire d'étude. Le lavoir, qui selon la nomenclature propre à l'Inventaire général appartient à la catégorie de l'architecture de l'administration ou de la vie publique, correspond à un "Bassin couvert ou en plein air où l'on lave le linge", alors que la fontaine relève de la catégorie du génie civil. Elle est notamment ainsi définie : "Cadre ou traitement monumental d'une arrivée d'eau". Mais le complément de définition montre de façon sous-jacente une association possible avec d'autres fonctionnalités : "La fontaine comprend habituellement un bassin ou fait partie d'un bassin", ce qui offre un champ d'applications multiples combinant la fontaine avec le lavoir, le réservoir ou encore l'abreuvoir.

Dans la pratique, il est parfois délicat d'identifier - et donc de dissocier - la fontaine du lavoir, ce qui entraîne la double appellation. Ce choix traduit autant l'indécision qu'une réalité propre au terrain, qui excède d'ailleurs largement le simple cas de ce type d'édicule, puisqu'il concerne l'ensemble du bâti vernaculaire en milieu rural agricole : nous entendons par là la modularité et la polyfonctionnalité. L'exemple d'un lavoir-abreuvoir à Méailles (REF=IA04002202) en témoigne de manière éloquente : sur le plan cadastral de 1830, il est en effet figuré dans ses dimensions actuelles accompagné de la mention « fontaine »1. La même remarque s'applique à la fontaine-lavoir du Pont à Méailles (REF=IA04002282). Concrètement, un bassin alimenté par une arrivée d'eau, que cette dernière provienne d'un canon dans un fût, buffet ou colonne, ou bien par un canal, peut à la fois ou successivement désigner une fontaine, un lavoir ou encore un abreuvoir. Ce sont les normes d'usage édictées au sein de la population qui affecteront le ou les bassins à tel ou tel usage spécifique potentiellement momentané ou pérenne. D'où, souvent, la mise en place d'un encadrement juridique strict qui traduit bien les "débordements" liés à des usages multiples incompatibles. C'est tout le sens de la réglementation adoptée par exemple à Senez, relative à la "police des fontaines publiques", lorsque le conseil municipal, s'appuyant sur la législation en vigueur, arrête le 28 octobre 1878 et pour des raisons de salubrité publique l'interdiction d'utiliser le bassin de la fontaine " à d'autre fin que la consommation de l'eau pour les hommes et les bêtes. La fontaine servira donc uniquement d'abreuvoir public. Et l'article 2 dudit arrêté de préciser qu'"Il est défendu de laver du linge, du fil, des herbages, des légumes et autres objets dans le bassin de ladite fontaine, d’y rincer des tonneaux [...] et autres vases comme aussi d’y déposer des immondices et des ordures".

Ce type de règles s’observe partout sur le territoire d’enquête, parfois anciennement. Un arrêt du Parlement de Provence à Aix daté du 4 novembre 1688 autorise et homologue la délibération du 28 octobre précédent votée par le conseil municipal d’Entrevaux au sujet de la défense de laver à la fontaine ni linge ni autres choses sales. Les infractions sont même décrites avec les peines afférentes : amende de 5 sols pour le dénonciateur et de 5 sols pour la commune (soit 10 sols) pour toute personne surprise en train de laver son linge sale dans la fontaine. Il est rappelé que la fontaine est réservée à l’alimentation en eau des habitants ainsi qu’à abreuver les bestiaux. Comme toujours, la réglementation vient encadrer les pratiques, conséquence d'abus. Ceci montre qu'un bassin alimenté en eau peut servir à bien des usages. Quoiqu'il en soit, le lavoir indépendant, dévolu à la seule fonction des opérations de lavage, idéalement divisées en trois phases - trempage, lavage, rinçage -, chacune, idéalement, disposant d'un bac dédié, n'est pas la forme la plus répandue dans le Pays.

Le Fugeret. Fontaine-lavoir du Pont à bassins alignés. Vue d'ensemble.Le Fugeret. Fontaine-lavoir du Pont à bassins alignés. Vue d'ensemble.

Senez. Enclave du Poil. Pour la fontaine-lavoir de l'ancien village, chaque usage dispose de son bassin dédié, facilitant l'identification des fonctions : bassin circulaire de la fontaine, bassin rectangulaire du lavoir.Senez. Enclave du Poil. Pour la fontaine-lavoir de l'ancien village, chaque usage dispose de son bassin dédié, facilitant l'identification des fonctions : bassin circulaire de la fontaine, bassin rectangulaire du lavoir.

2. Le corpus

Le travail de repérage a permis d'identifier 124 lavoirs et fontaines-lavoirs. Parmi ces différents édicules, 33 seulement soit un petit peu plus du quart du corpus (26,6%) correspondent à des lavoirs simples monofonctionnels. Il s'agit donc d'une minorité. Les près de trois quarts restants (91 occurrences soit 73,4%) désignent des lavoirs-fontaines et, plus rarement, des combinaisons plus complexes associant le lavoir, la fontaine et l'abreuvoir (16 cas parmi ces 90 occurrences). Cette dernière configuration est résiduelle dans la mesure où le ou les bassin(s) de la fontaine peuvent aussi servir à abreuver les bêtes, de sorte que la présence d’un abreuvoir spécifique reste l’exception. La combinaison fontaine-lavoir représente environ 60% du corpus. On notera que ces chiffres indiquent des tendances : bien que précis, ils reflètent une appréhension directe parfois complexe à démêler complètement. Participent de la difficulté à arrêter une désignation spécifique l'organisation et la disposition des composantes de l'édicule considéré, qui peut se distribuer en bassins et/ou en bacs. Ainsi, une succession de bassins facilite l'identification, mais un même bassin subdivisé en bacs ou compartiments aura tendance à compliquer la donne, car dans ce cas la présence de plusieurs espaces semble a priori indiquer une évolution de la fontaine, par exemple, vers la fontaine-lavoir, mais pas forcément : l'un des bacs peut signaler aussi un abreuvoir. La disposition des bassins, le cas échéant, s'effectue toujours dans cet ordre prioritaire : 1/alimentation en eau pour la population (fontaine) ; 2/alimentation en eau pour le bétail (abreuvoir) 3/ alimentation en eau pour les taches secondaires (lavoir pour le linge exemple, mais aussi lavage des légumes). Le lavoir a vocation si possible à se subdiviser en trois bacs (trempage du linge sale, lavage, rinçage du linge propre) : cette configuration idéale est toutefois sinon marginale, du moins secondaire.

Moriez. Fontaine, lavoir et abreuvoir dont l'organisation des bassins détermine les usages. Autour du bassin circulaire de la fontaine se greffent, dissociés, celui de l'abreuvoir et le long bassin rectangulaire du lavoir. Moriez. Fontaine, lavoir et abreuvoir dont l'organisation des bassins détermine les usages. Autour du bassin circulaire de la fontaine se greffent, dissociés, celui de l'abreuvoir et le long bassin rectangulaire du lavoir.

On ajoutera qu'il ne faut pas confondre la grande lessive du linge de maison, appelée bugade en Provence, pratiquée deux fois l'an, au printemps et à l'automne, avec la lessive "courante". La première était destinée à laver le linge de maison (comme les draps) ainsi qu'à la blanchir à la cendre produite et conservée à domicile (la cendre contient de la potasse qui est un agent blanchissant). L'opération se faisait dans des cuves chauffées où le linge sale recevait l'eau préalablement filtrée par la cendre. Le lavoir servait ensuite à rincer le linge. Cela pourrait contribuer à expliquer la relative rareté de l'organisation à trois bassins (ou bacs) réservés idéalement aux trois opérations "classiques" (voir ci-dessous). L'apparition puis la diffusion du savon au cours des 18e et 19e siècles a progressivement remplacé la bugade sans l'effacer totalement. Un chaudron de la marque Rosière, d'une contenance de 70 l., a été repéré dans un lavoir à La Mure (La Mure-Argens) : il témoigne sans doute de cette pratique désormais révolue, dans un lavoir par ailleurs doté de six bassins, preuve que la tripartition théorique doit aussi tenir compte du nombre des lavandières (REF=IA04000420). Il était assurément élevé dans ce village lorsque fut construit ce lavoir.

La Mure-Argens. La Mure. Le chaudron Rosière sur son foyer, à l'angle nord-ouest du lavoir couvert.La Mure-Argens. La Mure. Le chaudron Rosière sur son foyer, à l'angle nord-ouest du lavoir couvert.

3. Omniprésence d'un équipement essentiel et variantes territoriales

Sur les 41 communes que comporte le Pays, quatre n’ont pas fait ressortir de lavoir ou de fontaine-lavoir. Trois possibilités permettent d’expliquer cette lacune : l’état de dégradation avancé de l’édicule d’abord ; la non prise en compte systématique de lavoirs modernes standardisés en béton moulé ensuite, qui, pour traduire la continuité d’un mode de vie rural avant l’arrivée de la machine à laver, ne relèvent pas du vernaculaire proprement dit ; l’absence de lavoir conservé en troisième lieu. Il est arrivé aussi que certains édicules, qui présentent des traits propres au lavoir, n'aient pas été intégrés à la famille, car leur identification restait malgré tout sujette à caution. Ainsi tel lavoir (ou abreuvoir, selon les dires du propriétaire), de dimensions modestes, dans une ferme de Chaudon-Norante, en maçonnerie de moellons liés au mortier de chaux réagréés au béton notamment pour le dessin de la margelle à bords inclinés. L'emplacement en terrain pentu empêche une utilisation pratique que ce soit pour permettre aux bêtes de boire, ou pour quiconque de laver son linge. Finalement, on penche pour un réservoir. Certaines communes, parmi les 37 qui en dénombre au moins un, sont mieux dotées que d’autres. Bien sûr, il convient de relativiser le poids d’une commune telle que Castellane avec ses 17 occurrences relevées soit 14,5 % du total repéré, car ce chiffre, ramené au pro rata des anciennes communes, apparaît conforme à la moyenne. D’autres communes, de toute évidence, en conservent encore beaucoup : 10 pour Le Fugeret ; 8 pour Thorame-Haute ; 5 pour La Palud-sur-Verdon, Senez, Thorame-Basse ou Vergons. D’autres en revanche, en sont presque dépourvues : 1 à La Garde, Méailles ou La Rochette. Il n’y a pas semble-t-il de logique territoriale à cette répartition.

Ferme à Chaudon-Norante. Abreuvoir, lavoir ou réservoir ? Il est parfois délicat de trancher. L'usage complémentaire, successif et ponctuel pour telle ou telle tâche reste possible.Ferme à Chaudon-Norante. Abreuvoir, lavoir ou réservoir ? Il est parfois délicat de trancher. L'usage complémentaire, successif et ponctuel pour telle ou telle tâche reste possible.

Le nombre plus ou moins important des écarts n’explique pas tout, loin s’en faut. Il convient de considérer le lavoir et la fontaine-lavoir comme des équipements essentiels de la vie publique et privée pour les lavoirs appartenant à des particuliers, présents partout ou presque. A Villars-Colmars, village constitué de trois grappes, chacune d'entre elles, qui désigne un quartier, en dispose. Ainsi que le souligne une délibération du conseil de municipal de la commune de Senez au début du 20e siècle : « Le conseil considérant que le lavoir est d’une nécessité absolue si l’on ne veut pas qu’on lave dans le bassin de la fontaine vote à cet effet la somme de 600 f et demande que les travaux de réparations soient faits en régie et le plus tôt possible. » [E DEP 204-9, pas de date précise] Pour preuve, la répartition atteste une localisation en milieu aggloméré, puisque 106 lavoirs et fontaines-lavoirs sur les 124 repérés sont situés en zone d'habitat concentré, soit 85% des cas. De même, la quasi égalité entre chefs-lieux et écarts (54 contre 52) témoigne d'une implantation équilibrée qui confirme le caractère indispensable de cet équipement. En ce sens, il constitue un marqueur de la vie rurale jusqu'au milieu du 20e siècle, avant l'apparition puis la diffusion progressive de la machine à laver. En plus d'un espace de labeur, il définissait aussi un lieu de sociabilité féminine où les lavandières se retrouvaient en communauté.

 

II. Analyse générale : datation et caractères morphologiques

1. Eléments de datation

Les premiers lavoirs semblent apparaître dans l'aménagement collectif durant le 18e siècle, sans qu'il soit toujours possible d'avancer une datation ferme. Sur les 124 occurrences relevées, seules 35 peuvent être situées précisément dans le temps, grâce à des inscriptions (qui correspondent à des dates portées) ou par source historique. Toutefois, on prendra la peine de préciser que dans la configuration d'une fontaine-lavoir, la datation, lorsqu'elle est avérée, correspond à la fontaine et non au lavoir, ce qui conduit à penser que les deux éléments constitutifs de l'ensemble n'ont pas été conçus de façon concomitante. L'observation permet de conforter ce sentiment, à travers une mise en œuvre parfois dissemblable, sentiment confirmé à l'occasion par des documents fiables. A Moriez, on sait ainsi que la fontaine fut érigée en 1644. Il fallut patienter jusqu'en 1904 avant que le conseil municipal décide de lui adjoindre un lavoir couvert : il est construit juxtaposé au bassin central et comporte un bassin de lavage et un bassin de rinçage (voir REF=IA04001547). Même approche à Peyroules, où les plans de la fontaine du hameau de la Bâtie ont été dressés en 1864 par l'ingénieur Tourniaire ; les travaux, cependant, ne sont décidés par le conseil municipal que le 12 février 1865. Le lavoir n'a été adjoint qu'au 20e siècle, ce qui explique la différence de matériaux : pierre de taille pour la fontaine, béton pour le lavoir (voir REF=IA04001100). A Senez, place de la Fontaine, un lavoir en ciment moulé fut également accolé au début du 20e siècle à la fontaine historique du deuxième quart du 17e siècle et protégée au titre des monuments historiques (inscription, voir REF=IA04001266). Ce dernier a depuis été détruit. À l'inverse, des programmes peuvent concevoir de conserve la fontaine et le lavoir. C'est le cas par exemple à Entrevaux, où la fontaine-lavoir des Oliviers (actuelle place Saint-Jean-Baptiste) découle d'un projet plus général de canalisation des eaux de la Chalvagne pour l'édification de fontaines publiques dans le village, validé en 1879 [AD 04, 1 O 170]. À Moriez encore, s'agissant de la fontaine-lavoir située aux Chaillans, déplacée depuis et partiellement démembrée, un mémoire est présenté le 17 avril 1889 pour la construction d'une fontaine et d'un lavoir publics au hameau des Chaillans. Les plans et devis de l'architecte Pons, de Saint-André, approuvés au conseil municipal de ce même mois, mentionnent : "deux bassins en maçonnerie de pierre de taille dont l'un sera réservé aux besoins des ménages, tandis que l'autre servira de lavoir" (voir REF=IA04001554).

[409. - SENEZ (B.-A.). - La Vieille Fontaine]. Le lavoir a été retiré lors de la réfection de la place.[409. - SENEZ (B.-A.). - La Vieille Fontaine]. Le lavoir a été retiré lors de la réfection de la place.

Aussi convient-il, en présence d'une fontaine-lavoir, de pouvoir le cas échéant dissocier l'une par rapport à l'autre, quand bien même ils forment un ensemble fonctionnel cohérent. En outre, lorsqu’il y a date portée, celle-ci s’inscrit principalement au niveau du canon, du buffet d’eau ou du fût, quasiment jamais sur le bassin, a fortiori sur le bassin du lavoir lui-même, ce qui n’aide pas, dans le cas des fontaines-lavoirs, à proposer un temps de réalisation précis pour la partie lavoir lorsqu’il apparaît que les deux parties ne sont pas exactement contemporaines. Il arrive aussi qu'un édicule plus ancien ait été déplacé puis reconstruit pour des raisons d'urbanisme, de facilité de circulation, d'hygiène, de praticité d'une manière générale : les cas ne sont finalement pas rares. L'exemple de la fontaine-lavoir du Pont à Méailles a son intérêt, car elle témoigne d'une modification liée au bon usage du lavoir en tant qu'équipement collectif. En effet, par une délibération du 15 février 1911, le Conseil municipal obtint des services des Ponts et Chaussées de reculer « le mur de soutènement auquel était adossée la fontaine-lavoir du Pont, pour que la commune puisse à son tour reculer celle-ci et mettre les personnes qui lavent à l'abri de tout danger » (REF=IA04002282). Il en va de même pour une fontaine-lavoir et abreuvoir à Vergons, construite en 1784 d'après la date portée mais qui un siècle plus tard, en 1889, a dû être déplacée au motif impérieux d'assainir les eaux de la fontaine, polluées par le fumier des animaux qui s'y abreuvent. La municipalité demande ainsi l'autorisation de transporter la fontaine publique entre le four communal et l'église paroissiale, sur la voûte du ravin de Pra Bellon, et de construire à proximité un lavoir plus commode que l'ancien (REF=IA04001287).

Les dates relevées se répartissent comme suit : 17 antérieures au 19e siècle soit 14,5% du corpus, 75 durant le 19e siècle – et surtout dans son dernier quart – soit 60% du corpus, 32 durant le 20e siècle soit 26% du corpus. Les édicules postérieurs à l’Ancien Régime représentent donc plus de 85% du repéré. Cela n’est guère surprenant dans la mesure où les lavoirs s’inscrivent dans une politique générale et volontariste d’hygiène et de salubrité publique néanmoins tardive. De fait, la prise en compte des ravages épidémiques (choléra, rougeole ou variole) liés notamment au manque de propreté du linge n'est apparue qu'au 19e siècle ; elle s'est surtout développée, puis a été dûment appliquée, à partir de la seconde moitié de ce siècle. En témoigne, par exemple, la loi du 3 février 1851 qui dispose que l'Etat prendra à sa charge jusqu'à 30% des frais de construction des lavoirs communaux (beaucoup relevaient jusqu'alors de la propriété privée). Il s'agit d'un élément déclencheur d'une vague de constructions généralisées, que l'Etat subventionne à hauteur de 600 000 francs.

En ce qui concerne les 34 occurrences de lavoirs simples, on a dénombré huit dates portées, toutes postérieures à 1850 et qui pour l’essentiel s’inscrivent dans le premier quart du 20e siècle. La répartition s’effectue comme suit : une en 1855 (La Mure-Argens), une en 1881 (Allos), une en 1895 (Castellane), deux en 1911 (Castellane et Entrevaux), une en 1923 (Rougon), deux en 1927 (La Garde, Lambruisse). Peut-être convient-il d'y relever un effet d'une autre loi essentielle, celle du 15 février 1902 relative à la protection de la santé publique, qui a marqué l’apogée de l’hygiénisme en France. Elle est à l’origine du code de la santé publique.

Chaudon-Norante. La Clappe. Blason avec date portée (1854) sur le bassin central de la fontaine-lavoir.Chaudon-Norante. La Clappe. Blason avec date portée (1854) sur le bassin central de la fontaine-lavoir.

Certains édicules ont fait l'objet de modifications parfois importantes, notamment lorsqu'il y a eu déplacement, mais pour l'essentiel il s'agit de reprises qui concernent entre autres choses l'ajout ou le remplacement d'une couverture dans la seconde moitié du 20e siècle ou au seuil du 21e siècle. Cela entraîne l'utilisation, essentiellement, de matériaux contemporains toujours ou presque, en tout cas d'une mise en oeuvre non vernaculaire. C'est le cas pour la couverture (tôle, ciment-amiante, tuile creuse mécanique, planche de mélèze calibrée) voire pour la charpente et les étais/poteaux (métal, parpaing, béton, sapin).

2. Maîtres d'oeuvre

17% des édicules repérés (21 occurrences) ont donné lieu à des travaux répertoriés qui ont fourni des noms de maîtres d'oeuvre, qu'ils soient ingénieurs, architectes, fabricants, entrepreneurs ou artisans. La plupart de ces intervenants sont des locaux, mais certains viennent de plus loin (Var), tels ce Sabac, fabricant à Fréjus, ou cet Alexandre Pelloquin, entrepreneur à Trigance, voire de très loin, comme ce Maurice Prud'Homme, entrepreneur à Toulouse. Quelques noms reviennent, dont celui justement de Prud'Homme, à Tartonne en 1922, associé à un certain Rigaud, puis seul, l'année suivante, pour une autre fontaine-lavoir à Castellane. Il disparaît ensuite. Tourniaire, en sa qualité d'ingénieur des Ponts-et-Chaussées de l'arrondissement de Castellane, actif dans le dernier tiers du 19e siècle, est logiquement cité à quatre reprises, soit le quart des édicules documentés. Il n'est guère surprenant de voir que les interventions ayant induit des archives concernent les lavoirs ou fontaines-lavoirs plus récents. La mention la plus ancienne, pour un lavoir-abreuvoir situé à Méailles datant probablement du 18e siècle, désigne un maçon, Marc Antoine Féraud, pour des travaux réalisés en 1832, importants quoique annexes puisqu'ils correspondent non à l'édicule directement mais à la réfection de l'aqueduc d'amenée d'eau (REF=IA04002202).

3. Composition : des classifications possibles qui n’interdisent pas une grande variété dans le détail et réfutent une spécificité d'implantation sectorielle

a. Nature et typologie du lavoir

Il est permis de proposer des filtres de lecture différents et complémentaires :

Classement 1 : On observe d’une part deux natures de lavoirs : les lavoirs principaux et les lavoirs secondaires.

Les lavoirs principaux, dévolus à la seule tâche de la lessive, sont suffisamment importants pour autoriser une pratique collective. Aussi les trouve-t-on surtout sur les grandes places ou à l’entrée ou à la sortie des villages ou des écarts. Ce sont ceux qui se développent le plus à partir du dernier tiers du 19e siècle. Les éléments caractéristiques font apparaître des espaces dédiés aux trois phases – trempage, lavage, rinçage – dans des bassins spécifiques dans le sens de l’écoulement de l’eau d’un bassin à l’autre alimenté par une surverse. Les lavandières s’agenouillaient le plus souvent dans des caisses en bois avec de la paille pour amortir la friction des articulations. Les bords du lavoir sont le plus souvent inclinés pour favoriser la position accoudée, notamment pour le frottage des vêtements, jusqu’à l’eau. Le lavoir principal est la plupart du temps couvert d’un toit reposant sur des poteaux ou des murs en maçonnerie.

Le lavoir secondaire, parfois privé, présente des dimensions plus réduites. Il est davantage répandu et occupe différents emplacements dans l’espace public, voire dans l’espace privé lorsqu’il est lié à un particulier : on le trouve ainsi dans certaines cours de ferme2. Il correspond aussi souvent au lavoir moderne du 20e siècle qui répond à un modèle standardisé tant dans la mise en œuvre que dans la taille et qui n’a plus rien de vernaculaire.

Dans les deux cas de figure prend parfois place un bassin de surverse, de dimensions plus réduites que les bassins principaux.

Classement 2 : Il existe par ailleurs deux types de lavoirs : les lavoirs alimentés par une fontaine (buffet d’eau, réservoir, fût avec canon) et les lavoirs au fil de l’eau. Les premiers sont aussi les plus représentés, dans une proportion écrasante (119 cas, soit 96% du corpus). Les seconds prennent avantage de l’existence d’un canal d’arrosage ou d’un bief d’alimentation, délimitant un bassin grâce à des martellières. Cette disposition minimale, très simple, n’est pas forcément plus rudimentaire dans sa mise en oeuvre, lorsqu’elle prend place dans les villages (ainsi à Entrevaux, au quartier des Moulins, ou à Annot). Elle s’avère très pratique car elle jouit d’un courant qui facilite l’opération de rinçage. Tant à Entrevaux qu’à Annot d’ailleurs, la mise en œuvre recourt à la pierre de taille, et en ce qui concerne l’exemple entrevalais, appelé localement lavoir du Moulin, les services d’un architecte, pour la transformation de l’ancien lavoir public en nouvel espace plus moderne et adapté à cette activité. Les archives départementales des Alpes de Haute-Provence conservent le devis et cahier des charges avec le descriptif des travaux à accomplir, pour un ouvrage finalement livré en 1912 (REF=IA04002040).

Castellane. Brans. Lavoir au fil de l'eau placé sur un canal d'arrosage.Castellane. Brans. Lavoir au fil de l'eau placé sur un canal d'arrosage.

Annot. Rue du Peyrard. Le lavoir au fil de l'eau de la porte neuve Notre-Dame, placé sur le canal qui traverse le village..Annot. Rue du Peyrard. Le lavoir au fil de l'eau de la porte neuve Notre-Dame, placé sur le canal qui traverse le village..

b. Mise en œuvre et configuration

Le lavoir relevant de l’architecture de la vie publique, il n’apparaît guère surprenant d’y voir une mise en œuvre généralement plus soignée qu’à l’ordinaire comparativement au reste de la construction vernaculaire. À plus forte raison pour une type d’édicule à haute valeur symbolique au-delà de son aspect pratique, puisque l’accès à la ressource en eau a toujours revêtu un caractère crucial en Provence d’une manière générale. C’est la raison pour laquelle le recours à une mise en œuvre « noble » avec la pierre de taille domine statistiquement (78 cas soit 63% environ, près des deux tiers du corpus par conséquent). On emploie principalement le calcaire, y compris parfois dans les zones où le substrat rocheux diffère3. L’emploi du grès reste donc marginal. Les pierres sont alors montées sur chant et ajointées au mortier de chaux, parfois maintenues solidaires par des crampons métalliques. La maçonnerie de moellon calcaire arrive loin derrière (21 cas soit 17%) : ici encore le grès reste accessoire, plus encore que le galet observé à une seule reprise et en complément. Les matériaux modernes que sont le ciment et le béton moulés (25 occurrences soit 20%), que l’on peut voir utilisés ponctuellement comme enduit d’une mise en œuvre plus traditionnelle, désignent pour leur part une façon propre au tournant du 20e siècle qui devint majoritaire dans la première moitié de ce même siècle. On trouve aussi (un cas) du parpaing enduit au ciment. L'étanchéité des bassins est régulièrement assurée par un enduit au mortier, puis, le plus souvent dès le début du 20e siècle, au ciment. Il n'est pas indispensable lorsque le contenant est monolithe, ce qui peut arriver, sinon pour un bassin dans sa totalité, du moins pour l'un des bacs qui le composent (voir ci-dessous). Dans le cas du lavoir de la place principale de Thorame-Haute (REF=IA04003071), l'intégralité ou presque des parois extérieures du lavoir est coffrée par des planches posées sur chant et maintenues solidaires entre elles et avec la structure en pierre de taille par des agraphes métalliques. Cette solution qui pourrait sembler temporaire a pris un tour pérenne, puisqu'elle est en place, de manière efficace, depuis une quinzaine d'années au moins. Autour du lavoir, un pavage en pierre ou un dallage en matériaux récents (ciment) peut avoir été mis en oeuvre afin de stabiliser le sol, éviter la présence d'eau stagnante et de boue, et assurer un nettoyage rapide le cas échéant. Une rigole entoure parfois l'édicule pour faciliter le drainage de l'eau projetée hors du lavoir, notamment lors de la sortie du linge ou de son essorage. L'évacuation des eaux s'effectue par une surverse à l'aplomb du dernier bassin qui rejoint le réseau de canalisation, ou par une bonde directement dans ce dernier. Dans le cas des lavoirs au fil de l'eau, dont la mise en eau dépend d'un système de martellières, l'évacuation s'effectue par simple levée de celle située en aval du bassin. A l'occasion, on recourt à des solutions de fortune, moins durables mais efficaces lorsque le terrain est inégal, comme ces palettes de bois à claire-voie (caillebottis) servant à égaliser le sol tout en évitant l'écueil de la stagnation de l'eau au pied d'une fontaine-lavoir à Allos (REF=IA04000322).

Souvent, les bords du lavoir sont biseautés, formant une margelle inclinée favorable à la position des avant-bras lorsque le linge est manipulé dans l'eau. Il arrive que l'arête périmétrique résultant de cette mise en oeuvre soit adoucie par un chanfrein destiné à améliorer le confort des lavandières (fontaine-lavoir à Chaudon et à La Mure-Argens, REF=IA04000420). La présence de bords biseautés ne suffit pas à identifier le lavoir proprement dit (et le bac de lavage), puisque ces derniers servent lors de la phase de nettoyage (frottage avec savon) : ils ne sont pas nécessaires pour le trempage ou pour le rinçage, lesquels peuvent s'effectuer dans des bassins plus "traditionnels", aux bords rectangulaires. En outre, des planchettes en bois peuvent également se fixer sur les bords rectangulaires (voir illustration ci-dessous du lavoir situé à Allos, au Villars Bas) : la margelle inclinée, largement répandue, n'est pas indispensable.

Chaudon-Norante. Fontaine-Lavoir de Chaudon. Les bords chanfreinés de la margelle inclinée dans le bassin de lavage.Chaudon-Norante. Fontaine-Lavoir de Chaudon. Les bords chanfreinés de la margelle inclinée dans le bassin de lavage.

L’organisation du ou des bassins ne présente pas d’uniformité. En premier lieu, il convient de distinguer le bassin du bac ou du compartiment. Le bassin correspond à une unité qui peut dès l’origine ou ultérieurement faire ou avoir fait l’objet d’une ou de plusieurs partitions désignant autant de bacs dédiés aux différentes opérations lors de la lessive. En ce qui concerne les lavoirs en propre (33 cas), on n’en dénombre que cinq à ne disposer que d’un bassin, sans aucune division interne : ni la localisation (isolé ou en contexte aggloméré) ni la datation, ni la mise en œuvre ne constituent des critères explicatifs car aucune homogénéité ne se dégage. D’ailleurs, neuf édicules supplémentaires cumulant la fonction de lavoir à une autre (essentiellement celle de fontaine) présentent un seul bassin, malgré la pluralité des usages. On aurait pu penser que les édicules édifiés à partir de la fin du 19e siècle, les plus récents, les plus à même de répondre aux nouvelles exigences hygiénistes, auraient respecté un cahier des charges drastique : il n’en est rien. D’où, sans doute, l’importance des arrêtés et rappels à la loi émis régulièrement afin d’inciter la population à respecter les normes sanitaires.

Inversement, seuls trois lavoirs disposent de trois bassins dévolus chacun à l’une des trois opérations (trempage, lavage, rinçage) : il est vrai que le trempage et le lavage peuvent parfaitement être réalisées dans un même espace, le rinçage seul nécessitant le cas échéant un espace dédié, soit parce qu’il est dissocié physiquement, soit parce qu’il est dissocié dans le temps, après que le lavage a été fait : en effet, l’efficacité du rinçage s’avère d’autant plus grande qu’elle s’effectue dans une eau « propre ». C’est la raison pour laquelle la présence de deux bassins pour le lavoir (ou plus fréquemment de deux bacs) constitue la configuration la plus observée, qui s’ajoute parfois aussi à celle d’un bassin pour la fontaine. Mais nous avons vu qu’il existe aussi des fontaines-lavoirs à bassin unique. Enfin, la partition des opérations n’interdit pas que l’une d’entre elles – et l’on pense au lavage – prenne place dans plusieurs bassins ou bacs successifs. Cela permet d’expliquer, certes très à la marge, et pour les édicules les plus imposants, le cumul des pièces d’eau, comme à La Mure-Argens et à Thorame-Haute qui atteignent ou dépassent cinq compartiments (respectivement REF=IA04002202 et IA04003071).

S’ajoute, de manière plus générale, la configuration de l’ensemble : en ligne, orthogonale ou dissociée. La disposition en ligne est la plus répandue, et dans le cas de la fontaine-lavoir, la succession des bassins (ou des bacs), de façon écrasante, s’opère depuis le bassin de la fontaine et suit la déclivité naturelle du terrain, les contenants successifs étant alimentés par la surverse du ou des contenants précédent(s). La répartition symétrique de part et d’autre du bassin de la fontaine reste statistiquement accessoire (par exemple à la Clappe, écart de Chaudon-Norante) à l’instar de l’organisation orthogonale : en T, à Thorame-Basse (REF=IA04003082) ou en L, à Peyroules ou à Thorame-Haute (REF=IA04003064]). La dissociation, lorsqu’elle intervient, désigne la fontaine-lavoir, dans laquelle le bassin de la première adopte une forme différente, circulaire ou semi-circulaire, de celle du second, rectangulaire (ainsi à Thorame-Gare ou à Moriez [REF=IA04001547]).

Chaudon-Norante. Fontaine-lavoir de la Clappe. Disposition symétrique des bassins du lavoir de part et d'autre du bassin central de la fontaine.Chaudon-Norante. Fontaine-lavoir de la Clappe. Disposition symétrique des bassins du lavoir de part et d'autre du bassin central de la fontaine.

Peyroules. La Foux. Premier lavoir, à structure semi fermée, organisé en L, avec toit à longs pans dissymétriques couvert en tuile creuse.Peyroules. La Foux. Premier lavoir, à structure semi fermée, organisé en L, avec toit à longs pans dissymétriques couvert en tuile creuse.

Thorame-Haute. La Colle-Saint-Michel. Fontaine-lavoir dite la Fontaine. Les bassins sont organisés en L, adossés à la maçonnerie des murs. Thorame-Haute. La Colle-Saint-Michel. Fontaine-lavoir dite la Fontaine. Les bassins sont organisés en L, adossés à la maçonnerie des murs.

Le lavoir enfin peut être libre ou cantonner un mur, et dès lors la position privilégiée est celle adossée perpendiculairement à la pente. Cette configuration s'avère majoritaire sans qu'il faille en tirer de conclusion d'aucune sorte sur une quelconque spécificité territoriale.

La Palud-sur-Verdon. Lavoir-abreuvoir dit Fontaine des Prés : isolé, libre et accessible de plain-pied. La Palud-sur-Verdon. Lavoir-abreuvoir dit Fontaine des Prés : isolé, libre et accessible de plain-pied.

Lambruisse. Fontaine-lavoir. L'édifice, adossé perpendiculairement à la pente contre un mur de soutènement, est fermé sur trois côtés par des murs en moellons calcaires maçonnés.Lambruisse. Fontaine-lavoir. L'édifice, adossé perpendiculairement à la pente contre un mur de soutènement, est fermé sur trois côtés par des murs en moellons calcaires maçonnés.

c. Dimensions

Elles dépendent évidemment de la configuration de l'édicule, selon qu'il y a un ou plusieurs bassin(s), et selon les dimensions propres à chaque bassin. En somme, il n'y a pas de règle, surtout pour les lavoirs vernaculaires en pierre de taille ou maçonnerie. Le lavoir peut mesurer de l'ordre de 1,50 m. de longueur jusqu'à 10 m. voire davantage. La fontaine-lavoir des Granges à Saint-Julien-du-Verdon (REF=IA04001377) dispose par exemple d'un bassin (séparé en deux par un monolithe en pierre de taille calcaire) de dimensions relativement modestes (longueur = 2,42 m ; largeur = 1,59 m ; hauteur = 0,64 m). Les mesures extérieures prises pour le lavoir de Rougon (REF=IA04001939) sont plus vastes : longueur = 4,50 m., largeur = 3,3 m. et hauteur = 0,65 m. Celles du lavoir de la place principale de Thorame-Haute (REF=IA04003071) dépassent 10 m. en longueur avec deux bassins successifs dont le premier de 4 m. est divisé en deux bacs, auquel s'ajoute un second bassin divisé en trois bacs totalisant 6,20 m. La hauteur des parois est la même (0,70 m.), quand la largeur des deux bassins varie : 1,40 m. pour le premier, 2,05 m. pour le second. Si la largeur des murs des bassins diffère, il en va de même de celle de la margelle à bords inclinés (entre 0,20 et 0,30 m.). Sur l'ensemble du corpus, elle oscille entre 0,20 et 0,40 m. Le lavoir du Moulin à Entrevaux est plus vaste encore, avec une longueur de plus de 15,50 m. : cela est aussi dû sans doute à sa disposition au fil de l'eau et à l'existence d'un canal qu'il aura néanmoins fallu élargir (REF=IA04002040). On le voit, la diversité prédomine.

On remarque une tendance plus grande à la standardisation pour les lavoirs en ciment ou béton moulé, mais là encore, les variations peuvent être importantes. Quoi qu'il en soit, on ne ne saurait plus dès lors parler d'édicule vernaculaire, même si la mise en oeuvre, d'abord, et avant l'introduction de pièces sur catalogues, s'est adaptée aux besoins spécifiques locaux pour réaliser du "sur mesure". Typique en l'espèce est le bord incliné débordant qui reprend un élément parfois amovible du lavoir traditionnel : la planchette en bois.

d. Couverture

L’image d’Épinal du lavoir s’accompagne d’une couverture afin de protéger les lavandières à la tâche, en cas d’intempérie, ou de soleil trop ardent. Pourtant, sur l’ensemble du corpus repéré, moins de la moitié des édicules est concerné (56 cas soit 45%). Si l’on se concentre sur les seuls lavoirs, l’écart n’est pas significatif (17 cas soit 50%). Toutefois, il convient de prendre en compte les projections et les réalisations, la réalité de finances publiques souvent exsangues se chargeant d'infléchir l'ampleur de constructions plus ambitieuses, comme à Castellane, où un projet important de lavoir couvert ne put voir le jour, remplacé par un édicule bien plus modeste (REF=IA04001190). Les plans dressés par l'ingénieur Tourniaire en 1887 ne furent pas exécutés, et le même fut à l'origine d'un lavoir édifié en 1895, qui en rabattait beaucoup.

Castellane. Le Bourg. Construction d'un lavoir. Dessins. [Plan, coupe, élévation. Projet non réalisé].Castellane. Le Bourg. Construction d'un lavoir. Dessins. [Plan, coupe, élévation. Projet non réalisé]. Castellane. Le Bourg. Le lavoir finalement réalisé.Castellane. Le Bourg. Le lavoir finalement réalisé.

Lorsque l’édicule est protégé, le toit présente un pan unique (ou en appentis) à 34 reprises (61%), des longs pans et autres (éventuellement à croupe ou dissymétrique) à 17 reprises (30%), est couvert d’une dalle ou inséré sous une arcade ou couverture à berceau ou anse de panier à 5 reprises (9%). Il est soutenu soit par des poteaux maçonnés, en bois ou métalliques, soit par des murs. L'appentis, le cas échéant, est étayé par des consoles en bois ou métalliques (REF=IA04000441, IA04000791, IA04000792). On notera que certaines mises en œuvre traduisent une intervention ultérieure à la date d’édification du lavoir ou de la fontaine-lavoir, sans préjuger de l’existence initiale ou non d’un toit, mais qui, de fait, reprend parfois une disposition avérée (ainsi à Méailles, REF=IA04002202). La tuile creuse en couverture intervient dans la moitié des cas (28 occurrences), le bardeau dans 14% (8 occurrences), le reste relevant de matériaux modernes (tôle, bac acier voire ciment-amiante) ou plus traditionnels par exemple dans le cas des couvrements sous arcade. Sans surprise, la présence du bardeau signale une appartenance à la zone du haut Verdon marquée par un climat plus rude, y compris lorsqu’il est avéré que la mise en œuvre du bardeau est moderne.

Peyroules. Les Ricards. Fontaine-lavoir libre à bassins alignés et sans couverture.Peyroules. Les Ricards. Fontaine-lavoir libre à bassins alignés et sans couverture.

Entrevaux. Lavoir du Moulin. Le toit en appentis est soutenu par trois poteaux maçonnés.Entrevaux. Lavoir du Moulin. Le toit en appentis est soutenu par trois poteaux maçonnés.

Sausses. Fontaine, lavoir et réservoir Deloncle ou Basse Fontaine. Vue d'ensemble avec appentis soutenu par trois consoles métalliques.Sausses. Fontaine, lavoir et réservoir Deloncle ou Basse Fontaine. Vue d'ensemble avec appentis soutenu par trois consoles métalliques.

D’une manière générale il n’existe pas de spécificité locale dans la mise en œuvre : maçonnerie, disposition d’ensemble, toiture ou absence de toiture : seul le matériau de couverture, nous venons de le voir, s’inscrit dans une appartenance territoriale. En ce sens, le lavoir et la fontaine-lavoir ne proposent pas de particularité vernaculaire propre au territoire d’enquête. On ajoutera qu'aucun matériel d'usage mobile n'a été observé à l'image de la caisse tapissée de paille permettant aux femmes de s'agenouiller sans trop souffrir d'un contact prolongé dans une position inconfortable. En revanche, on a pu repérer, encore en place, de façon très ponctuelle, des tringles ou barres de suspension en bois accrochées à la charpente de couverture afin d'étendre pour l'essorer le linge déjà lavé (ainsi au lavoir de Thorame-Haute, sur la place principale REF=IA04003071). Les planchettes en bois amovibles, maintenues solidaires du bord du lavoir par un système d'attaches en bois ou métalliques, ont presque toutes disparu (REF=IA04000322). Elles servaient à y poser le linge pour mieux le savonner.

Thorame-Haute. Lavoir public sur la place principale du village. Au premier plan, la tringle suspendue à la charpente, au-dessus d'un bassin.Thorame-Haute. Lavoir public sur la place principale du village. Au premier plan, la tringle suspendue à la charpente, au-dessus d'un bassin.

Thorame-Haute. Lavoir public couvert avec bassins alignés sur la place principale du village. La tringle sert toujours à suspendre le linge lavé pour séchage.Thorame-Haute. Lavoir public couvert avec bassins alignés sur la place principale du village. La tringle sert toujours à suspendre le linge lavé pour séchage.

Allos. Fontaine-lavoir au Villars Bas. On remarque la présence de la planchette de lavage en bois, le caillebottis servant à égaliser le sol irrégulier ainsi que l'abri couvert de tôle et initialement clos sur trois côtés avec des planches de mélèze.  Allos. Fontaine-lavoir au Villars Bas. On remarque la présence de la planchette de lavage en bois, le caillebottis servant à égaliser le sol irrégulier ainsi que l'abri couvert de tôle et initialement clos sur trois côtés avec des planches de mélèze.

III. Les édicules repérés avec leurs caractéristiques principales

COMMUNES

REFERENCE

IMPLANTATION

DATATION

DATE PORTEE (ou par source)

LAVOIR SIMPLE

LAVOIR/ COMBINAISON

CONFIGURATION

MATERIAUX/ MISE EN OEUVRE

TOIT/ COUVERTURE

NOMS/ QUALITES

Allons

IA04000407

En écart

2e moitié 20e

-

N

fontaine

2 bassins

ciment moulé

-

-

Allons

IA04000409

En village

2e quart 20e

1927

N

fontaine

3 bassins

béton armé

-

-

Allons

IA04000408

En village

2e quart 20e

1936

N

fontaine

2 bassins

béton armé

-

-

Allons

IA04000410

En village

2e quart 20e

1936

N

fontaine

3 bassins

béton armé

-

-

Allos

IA04000322

En village

1e moitié 20e

-

N

fontaine

2 bassins

ciment

appentis/ bardeau + tôle

-

Allos

IA04000206

En village

4e quart 19e

1881

O

-

3 bassins

pierre de taille

appentis/ bardeau + tôle

Tourniaire (ingénieur)/ Guillaume Jean (entrepreneur)

Angles

IA04000416

En écart

4e quart 19e

1898

N

fontaine

1 bassin

pierre de taille calcaire

-

Ventre Adolphe (entrepreneur)

Angles

IA04000414

En village

19e

-

O

-

2 bassins

pierre de taille calcaire

dalle de béton

-

Annot

IA04001816

En écart

2e moitié 19e

-

N

abreuvoir

1 bassin séparé en 2 bacs

pierre de taille grès

-

-

Annot

pas de dossier

En village

19e

-

O

-

lavoir au fil de l'eau

pierre de taille grès

pan unique/ tuile creuse

-

Barrême

IA04000363

En village

2e quart 19e

1832 ; 1841

N

fontaine

1 bassin pour le lavoir séparé en 2 bacs

pierre de taille calcaire

-

-

Beauvezer

IA04002530

En écart

4e quart 19e

1878

N

fontaine

2 bassins

pierre de taille calcaire

-

-

Beauvezer

IA04003028

En village

18e

-

N

fontaine

2 bassins (3 bacs)

pierre de taille calcaire

appentis/ métal

-

Blieux

IA04001482

En village

1e moitié 19e ; 4e quart 20e

-

N

fontaine

2 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Braux

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Castellane

IA04001009

En écart

1er quart 20e

-

N

fontaine

1 bassin (2 bacs)

ciment armé moulé

-

-

Castellane

IA04000963

En écart

19e

-

O

-

lavoir au fil de l'eau

pierre de taille calcaire

-

-

Castellane

IA04000982

isolé

1er quart 20e

1911

O

-

2 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Castellane

IA04001024

En écart

19e

-

N

fontaine

1 bassin

moellon calcaire

-

-

Castellane

IA04001063

isolé

4e quart 19e

1899

N

fontaine

3 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Castellane

IA04000927

isolé

19e

-

N

fontaine

1 bassin

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Castellane

IA04000926

isolé

1er quart 20e

-

N

fontaine

2 bassins

moellon calcaire

-

-

Castellane

IA04000954

En village

19e

-

O

-

2 bassins

moellon calcaire

-

-

Castellane

IA04000932

En village

19e

-

N

fontaine

3 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Castellane

IA04000964

En écart

2e moitié 19e

-

O

-

1 bassin au fil de l'eau + 1 bassin récent

moellon calcaire + ciment

-

-

Castellane

IA04001007

En écart

limite 19e - 20e

-

N

fontaine

1 bassin séparé en 2 bacs

pierre de taille calcaire + moellon calcaire + agraphes

-

-

Castellane

IA04001025

En écart

19e

-

O

-

2 bassins

1 bassin en ciment armé + 1 bassin en moellon calcaire

-

-

Castellane

IA04000955

isolé

19e

-

N

abreuvoir

1 bassin (dont 1 bassin + récent pour abreuvoir)

pierre de taille calcaire bouchardée + ciment pour abreuvoir

-

-

Castellane

IA04001034

En écart

3e quart 20e

1955

N

fontaine

1 bassin séparé en 3 bacs

ciment armé

-

Sabac (fabricant, à Fréjus [Var])

Castellane

IA04000913

isolé

18e

-

O

-

2 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Castellane

IA04001037

En écart

1er quart 20e

1923

N

fontaine

1 bassin

dalles de pierre de taille calcaire + agraphes

-

Maurice Prud'Homme (entrepreneur à Toulouse)

Castellane

IA04001190

En village

4e quart 19e

1895

O

-

2 bassins

pierre de taille calcaire + moellon calcaire

-

Tourniaire (ingénieur)

Castellet-lès-Sausses

IA04000442

isolé

temps modernes

-

N

citerne

1 bassin

moellon calcaire sans chaîne en pierre de taille

-

-

Castellet-lès-Sausses

IA04000441

En village

1er quart 20e

1906

N

fontaine ; abreuvoir

1 bassin divisé en 2 bacs

pierre de taille grès

appentis/ tuile creuse

-

Chaudon-Norante

pas de dossier

En écart

19e

1854

N

fontaine

2 bassins latéraux rectangulaires en plus du bassin central fontaine

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Chaudon-Norante

pas de dossier

En village

2e moitié 19e

-

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 bacs

maçonnerie de moellon enduite au ciment

-

-

Chaudon-Norante

pas de dossier

En village

4e quart 19e

1888

N

fontaine

2 bassins, dont 1 pour le lavoir avec bords inclinés

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Chaudon-Norante

pas de dossier

En écart

2e moitié 20e

-

N

fontaine

2 bassins, les 2 pour le lavoir avec bords inclinés

maçonnerie de parpaing enduit au ciment

-

-

Chaudon-Norante

pas de dossier

En écart

19e

-

N

fontaine

2 bassins, dont 1 pour le lavoir avec bords inclinés

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Clumanc

IA04000669

En écart

limite 19e - 20e

1896

N

fontaine ; abreuvoir

3 bassins

maçonnerie de moellon enduite

-

-

Clumanc

IA04000668

En écart

1er quart 20e

-

N

fontaine

2 bassins, dont 1 divisé en 2 bacs

maçonnerie de moellon calcaire enduite + margelles en pierre de taille

-

Ravel Philippe (entrepreneur à Barrême)

Colmars

IA04001883

En village

1er quart 19e

1803

N

fontaine

1 bassin circulaire (fontaine), 1 bassin rectangulaire (lavoir)

pierre de taille calcaire

-

-

Colmars

pas de dossier

En écart

4e quart 19e

1897

N

fontaine

2 bassins

pierre de taille calcaire gradinée + agraphes

appentis/ tôle ondulée

-

Colmars

pas de dossier

En écart

4e quart 19e

-

N

fontaine

2 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

terrasse/ bois

-

Demandolx

pas de dossier

En village

4e quart 19e

-

N

fontaine ; abreuvoir

2 bassins + bassin abreuvoir

pierre de taille calcaire, enduite pour le bassin de la fontaine-abreuvoir

longs pans/ tuile creuse

-

Demandolx

pas de dossier

En écart

1er quart 20e

-

N

fontaine

2 bassins, dont 1 divisé en 2 bacs

maçonnerie de moellon calcaire enduite au ciment et ciment

-

-

Entrevaux

IA04002040

En village

1er quart 20e

1911

O

-

lavoir au fil de l'eau

pierre de taille calcaire

appentis/ tuile creuse

Léon (architecte)/ Joseph Etienne Henry (entrepreneur adjudicataire, à Entrevaux)

Entrevaux

IA04002038

En écart

19e

-

N

fontaine

1 grand bassin, à l'origine séparé en 2 bacs

moellon calcaire sans chaîne en pierre de taille

-

-

Entrevaux

IA04002037

En écart

19e

-

O

-

2 bassins

brique pleine, maçonnerie de moellon calcaire + galets avec enduit

-

-

Entrevaux

pas de dossier

En village

4e quart 19e

-

N

fontaine

2 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Le Fugeret

IA04002289

En écart

2e moitié 19e

-

O

-

2 bassins

pierre de taille grès + agraphes

appentis/ tôle plane

-

Le Fugeret

IA04002285

En village

4e quart 18e ; 2e moitié 19e

-

N

fontaine

1 bassin circulaire (fontaine), 2 bassins rectangulaires (lavoir)

pierre de taille grès smillée

-

-

Le Fugeret

IA04002293

En écart

2e moitié 19e

-

N

fontaine

3 bassins

pierre de taille grès + agraphes

appentis/ bac acier

-

Le Fugeret

IA04002290

En écart

2e moitié 19e

-

O

-

2 bassins (1 à bords inclinés)

pierre de taille grès

bâtière/ bac acier

-

Le Fugeret

IA04002292

En écart

2e moitié 19e

-

N

fontaine

3 bassins

pierre de taille grès + agraphes

appentis/ tôle plane

-

Le Fugeret

IA04002294

En écart

2e moitié 19e

-

N

fontaine

2 bassins + 1 petit pour la surverse

pierre de taille grès + agraphes

-

-

Le Fugeret

IA04002282

En village

limite 18e - 19e ; 1er quart 20e

1911

N

fontaine

3 bassins

pierre de taille grès smillée

longs pans/ tuile creuse

-

Le Fugeret

IA04002286

En village

2e moitié 19e

1911

N

fontaine

3 bassins

maçonnerie de moellon + enduit ciment

appentis/ tuile creuse

-

Le Fugeret

IA04002283

En village

4e quart 19e

-

N

fontaine

2 bassins, dont 1 avec rebords inclinés

pierre de taille grès smillée + enduit ciment

-

-

Le Fugeret

IA04002291

En écart

2e moitié 19e

-

O

-

3 bassins

pierre de taille grès

appentis/ tôle plane

-

La Garde

IA04001417

En village

2e quart 20e

1927

O

-

lavoir au fil de l'eau

béton de gravier armé, + enduit ciment

-

Hughes Benjamin (maçon)

Lambruisse

IA04000402

En village

4e quart 19e

-

N

fontaine

2 bassins, dont 1 divisé en 2 bacs

pierre de taille calcaire + agraphes

longs pans/ tôle ondulée

-

Lambruisse

IA04000403

En village

2e quart 20e

1927

O

-

1 bassin divisé en 2 bacs

béton moulé

pan unique/ tôle ondulée

Brunetti Alber (entrepreneur de travaux publics)

Lambruisse

IA04000400

En écart

1e moitié 20e

-

O

-

1 bassin

ciment

pan unique/ tôle ondulée

-

Méailles

IA04002202

En village

18e

1832

N

abreuvoir

4 bassins

pierre de taille grès smillée + agraphes

appentis/ zinc

Féraud Marc Antoine (maçon)

Moriez

IA04001568

En village

4e quart 18e ; 1er quart 19e

-

N

fontaine

2 bassins, dont 1 avec rebords inclinés

maçonnerie de moellon grès

-

-

Moriez

IA04001554

isolé

4e quart 19e

1889

N

fontaine

indéterminé car démonté

pierre de taille de grès + maçonnerie de moellon ?

-

Pons (architecte à Saint-André)

Moriez

IA04001547

En village

2e quart 17e ; 1er quart 20e

1644 ; 1904

N

fontaine ; abreuvoir

1 bassin circulaire (fontaine), 1 bassin rectangulaire (lavoir), 1 bassin rectangulaire (abreuvoir)

pierre de taille grès

longs pans/ métal

-

La Mure-Argens

IA04000421

En écart

1e moitié 19e

-

N

fontaine

2 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

La Mure-Argens

IA04000420

isolé

3e quart 19e

1855

O

-

6 bassins

maçonnerie de moellon calcaire + galet + dalles calcaire au sol

pan unique/ tuile creuse

-

La Mure-Argens

IA04000424

En village

3e quart 19e

1868

N

fontaine

3 bassins

pierre de taille calcaire + agraphes

appentis/ bac acier

-

La Palud-sur-Verdon

IA04002688

isolé

2e moitié 19e

-

N

abreuvoir

1 bassin

maçonnerie de moellon calcaire

longs pans/ tuile creuse

-

La Palud-sur-Verdon

IA04002697

isolé

1er quart 20e

-

O

-

1 bassin

maçonnerie de moellon calcaire + enduit crépi récent

pan unique/ tuile creuse

-

La Palud-sur-Verdon

IA04002700

En village

2e moitié 16e ; 2e moitié 19e ; 1er quart 21e

-

N

fontaine ; abreuvoir

2 bassins, dont 1 divisé en 2 bacs

pierre de taille calcaire + agraphes

longs pans/ tuile creuse

-

La Palud-sur-Verdon

IA04002701

En village

2e quart 20e

-

O

-

1 bassin divisé en 2 bacs + 1 petit bassin pour la surverse

béton armé + enduit ciment

-

-

La Palud-sur-Verdon

IA04002703

isolé

2e moitié 18e ; milieu 19e

1760 ; 1877

N

fontaine ; abreuvoir

1 bassin

maçonnerie de moellon calcaire

pan unique/ tuile creuse

-

Peyroules

pas de dossier

En écart

2e quart 20e

-

O

-

1 bassin divisé en 2 bacs

béton moulé

pan unique/ tuile creuse moderne

-

Peyroules

pas de dossier

En écart

dernier quart 19e

-

O

-

1 bassin

pierre de taille calcaire

longs pans dissymétriques/ tuile creuse

-

Peyroules

pas de dossier

En écart

dernier quart 19e

-

N

fontaine

2 bassins, dont 1 pour le lavoir divisé en 2 bacs à bords inclinés

pierre de taille calcaire

-

-

Peyroules

IA04001100

En village

3e quart 19e

1865

N

fontaine

2 bassins

béton

-

Tourniaire (ingénieur)

La Rochette

IA04001710

En village

3e quart 19e ; 2e quart 20e

1856 ; 1930

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 bacs + 1 petit bassin de surverse

pierre de taille calcaire bouchardée

pan unique/ tuile creuse

-

Rougon

IA04001939

En village

4e quart 19e

1882 ; 1886

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 bacs, relié au bassin de la fontaine par un bassin perpendiculaire en articulation

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant

appentis/ tuile creuse

Pelloquin Alexandre (entrepreneur à Trigance [Var])

Rougon

IA04001937

isolé

1er quart 20e

1923

O

-

2 bassins

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant

-

Audibert Maxime (maçon à Rougon)

Saint-André-les-Alpes

IA04002590

En écart

1er quart 17e ; 1er quart 20e

1612 ; 1904 ; 1911 ; 1931

N

fontaine ; abreuvoir

2 bassins dissociés (lavoir)

pierre de taille de grès

2 arcades, 1 par bassin

-

Saint-Benoît

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Saint-Jacques

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Saint-Julien-du-Verdon

IA04001377

En village

3e quart 19e

-

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 bacs ; bassin de fontaine circulaire dissocié

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant

-

Martel André (entrepreneur en travaux publics à Saint-Julien)

Saint-Julien-du-Verdon

IA04001378

En village

3e quart 19e

1865

N

fontaine ; abreuvoir

1 bassin divisé en 2 bacs (fontaine + abreuvoir) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant + agraphes

-

Tourniaire (ingénieur)/ Martel André (entrepreneur en travaux publics à Saint-Julien)

Saint-Lions

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Saint-Pierre

IA04001677

isolé

2e quart 19e

1937

N

abreuvoir

1 bassin (lavoir) + un bassin dissocié (abreuvoir)

ciment

pan unique/ ciment-amiante

Lalauze André (ingénieur à Entrevaux)

Sausses

IA04000792

En village

4e quart 19e

1893

N

fontaine ; réservoir

1 bassin divisé en 3 bacs

maçonnerie de moellon calcaire + margelle en pierre de taille calcaire

appentis/ tuile creuse

-

Sausses

IA04000791

En village

19e

-

N

fontaine ; réservoir

3 bassins dont un divisé en 2 bacs

pierre de taille calcaire + agraphes

appentis/ tuile creuse

-

Senez

IA04001266

En village

1er quart 20e

-

N

fontaine

1 bassin circulaire (fontaine) + 1 bassin rectangulaire divisé en 2 bacs (lavoir : disparu)

ciment moulé

-

-

Senez

pas de dossier

En écart

19e

-

N

fontaine

1 bassin circulaire (fontaine) + 1 bassin rectangulaire (lavoir)

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Senez

pas de dossier

isolé

20e

-

O

-

2 bassins

ciment moulé

-

-

Senez

pas de dossier

En écart

20e

-

O

-

1 bassin divisé en 3 bacs

ciment moulé

-

-

Senez

pas de dossier

isolé

20e

-

O

-

1 bassin divisé en 2 bacs

béton armé moulé

-

-

Soleilhas

IA04000192

En village

avant 1900

-

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 bacs + 1 petit bassin de surverse

pierre de taille calcaire + agraphes

longs pans/ tuile creuse

-

Soleilhas

pas de dossier

En écart

4e quart 19e

1884

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire + agraphes

-

-

Tartonne

IA04000749

En village

1er quart 20e

1922

N

fontaine

2 bassins placés orthogonalement + 1 petit bassin de surverse

maçonnerie de moellon, calcaire + pierre de taille calcaire pour la margelle

-

Baroux (conducteur des Ponts et Chaussées à Barrême)/ Prud'homme et Rigaud (entrepreneurs à Toulouse)

Tartonne

IA04000734

isolé

1er quart 20e

1925

N

fontaine

1 bassin divisé en 3 bacs + 1 petit bassin de surverse

béton

-

-

Thorame-Basse

IA04003081

En écart

4e quart 19e ; 1er quart 21e

-

O

-

1 bassin

pierre de taille calcaire

longs pans + croupe/ bac acier

-

Thorame-Basse

IA04003078

En écart

1e moitié 20e ; 4e quart 20e

-

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 2 bassins (lavoir)

pierre de taille calcaire

longs pans/ bardeau

-

Thorame-Basse

IA04003082

En village

18e ; 2e moitié 20e ; 1er quart 21e

-

N

fontaine

12 bassins (fontaine) + 1 bassin (lavoir) disposés orthogonalement

pierre de taille calcaire

longs pans/ tuile creuse

-

Thorame-Basse

IA04003079

En écart

2e moitié 18e ; 4e quart 20e

-

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 2 bassins (lavoir)

pierre de taille calcaire + agraphes

appentis/ tuile creuse

-

Thorame-Basse

IA04003080

En écart

4e quart 19e ; 1er quart 21e

2004

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 2 bassins (lavoir)

pierre de taille calcaire

appentis/ tuile creuse

-

Thorame-Haute

IA04003070

En village

18e

-

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire

-

-

Thorame-Haute

IA04003071

En village

2e moitié 19e ; 2e moitié 20e

-

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 + 1 bassin divisé en 3

pierre de taille calcaire

longs pans dissymétriques + croupe/ bardeau

-

Thorame-Haute

IA04003057

En écart

4e quart 19e

1881

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 bacs

pierre de taille calcaire + margelle oblique ciment

arcade/ anse de panier

-

Thorame-Haute

IA04003064

En écart

2e quart 18e ; 4e quart 19e ; 3e quart 20e ; 1er quart 21e

1888 ; 1947 ; 1962 ; 2010

N

fontaine ; abreuvoir

1 bassin (fontaine + abreuvoir) + 2 bassins (lavoir) disposés orthogonalement

pierre de taille calcaire + maçonnerie de moellon calcaire + grès

longs pans/ bardeau

-

Thorame-Haute

pas de dossier

En écart

1e moitié du 19e

1814

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire + agraphes

pan unique/ bardeau

-

Thorame-Haute

pas de dossier

En écart

2e moitié du 19e

-

N

fontaine

1 bassin (demi-circulaire, fontaine) + 1 bassin divisé en 2 bacs (lavoir), dissociés

Béton armé

-

-

Thorame-Haute

pas de dossier

En écart

2e moitié du 20e

-

O

-

1 bassin divisé en 2 bacs

pierre de taille calcaire + maçonnerie de moellon calcaire

-

-

Thorame-Haute

pas de dossier

En village

limite 19e - 20e siècle

-

O

-

1 bassin divisé en 2 bacs + 1 lavoir ciment moulé indépendant à 1 bassin

maçonnerie de moellon calcaire + enduit ciment

-

-

Ubraye

IA04001329

isolé

18e

-

O

-

1 bassin

maçonnerie de moellon calcaire + enduit

pan unique/ tuile creuse

-

Ubraye

IA04001328

En écart

19e

-

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire montée sur chant + agraphes

-

-

Ubraye

IA04001326

En écart

19e

-

O

-

3 bassins

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant + agraphes

longs pans/ tuile creuse

-

Ubraye

IA04001327

En village

4e quart 19e

-

N

fontaine

2 bassins

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant + agraphes

longs pans/ tuile creuse

-

Val-de-Chalvagne

IA04001753

En village

3e quart 19e

-

N

abreuvoir ; bassin d'arrosage

1 bassin

ciment préfabriqué

-

-

Val-de-Chalvagne

IA04001752

En écart

1er quart 20e

1922

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

ciment

appentis/ tuile creuse

-

Vergons

IA04001287

En village

limite 18e - 19e

1784

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire montée sur chant + agraphes

-

-

Vergons

IA04001285

En village

4e quart 19e

1891

N

fontaine

1 bassin divisé en 3 bacs

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant

appentis/ tuile creuse

Gibert Joseph (entrepreneur)

Vergons

IA04001284

En village

4e quart 19e

1894

N

fontaine

1 bassin divisé en 2 bacs

pierre de taille calcaire bouchardée montée sur chant + agraphes

longs pans + croupe/ tuile creuse

Martel Joseph (entrepreneur)

Vergons

IA04001282

En écart

2e quart 19e ; 1er quart 19e

1837

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin divisé en 2 bacs (lavoir)

pierre de taille calcaire

-

-

Vergons

IA04001281

En écart

2e quart 20e

-

O

-

1 bassin divisé en 2 bacs + 1 petit bassin de surverse

ciment armé

appentis/ tuile creuse

Delauze (ingénieur)

Villars-Colmars

IA04003086

En village

1er quart 19e ; 1er quart 21e

1816

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire

baie libre/ anse de panier

-

Villars-Colmars

IA04003087

En village

2e moitié 19e ; 4e quart 20e

-

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

pierre de taille calcaire

appentis/ bardeau

-

Villars-Colmars

IA04003085

En village

2e moitié 18e

-

N

fontaine

1 bassin (fontaine) + 1 bassin (lavoir)

maçonnerie enduite au ciment (fontaine) + béton armé (lavoir)

appentis/ bardeau

-

Lavoirs et fontaines-lavoirs repérés dans le Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var, avec leurs principales caractéristiques.

1Cela ne présage pas non plus il est vrai que l'affectation de l'édicule ait entretemps pu évoluer.2On rappelle que 85% des lavoirs et fontaines-lavoirs repérés cependant se situent en contexte aggloméré.3Ainsi à la fontaine-lavoir des Bourrillons à Clumanc, commune où le matériau de construction usuel est le grès, et pour laquelle on a eu recours à la pierre de taille calcaire (REF=IA04000668).

La famille repérée s'inscrit dans la période moderne et contemporaine, et principalement à partir du 19e siècle, en lien (dans la deuxième moitié de celui-ci) avec les normes d'hygiène qui se généralisent à l'ensemble du territoire français. Il est parfois délicat voire impossible de déterminer précisément la date d'édification d'un lavoir, à plus forte raison lorsque les fonctions sont multiples, dans le cas des fontaines-lavoirs. En ce qui concerne ces dernières, lorsque l'édicule porte une date, il concerne prioritairement la fontaine elle-même, sans présager de l'ajout parfois éloigné dans le temps du lavoir. Certains aménagements de voierie et de travaux publics ont toutefois laissé des documents d'archives qui permettent de préciser les dates d'intervention : elles confirment de façon caractéristique pour les lavoirs des périodes postérieures à la première moitié du 19e siècle.

Certains édicules ont fait l'objet de travaux de réparation ou de rénovation, notamment en ce qui concerne les couvertures, pour la plupart dans la limite du 20e siècle et du 21e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
    • Secondaire : 20e siècle
    • Secondaire : limite 20e siècle 21e siècle

Les édicules retenus sont de deux types : lavoirs et fontaines-lavoirs, sans qu'il soit toujours évident de les identifier en tant que tel. Les lavoirs se déclinent eux-mêmes en types et sous-types en fonction de leur mise en oeuvre et la variété de leur organisation (voir les caractères généraux des lavoirs). Les matériaux de mise en oeuvre sont d'abord la pierre de taille calcaire montée sur chant, liés au mortier de chaux et parfois solidarisée lorsque le bassins sont constitués de dalles par des crampons métalliques. Le grès (notamment en pierre de taille) intervient plus rarement. Le galet n'est utilisé qu'en complément, il est très peu fréquent. Le ciment et le béton deviennent récurrents pour les édicules plus récents, à partir de la fin du 19e siècle et plus encore à partir du début du 20e siècle, surtout pour les lavoirs standardisés, mais la mise en oeuvre en pierre de taille calcaire persiste. Une couverture n'a été observée que dans environ la moitié des objets repérés. La tuile prédomine, le bardeau de mélèze restant occasionnel, même s'il détermine une appartenance à la partie nord plus alpine du territoire d'enquête. Les matériaux modernes non vernaculaires comme la tôle et le ciment-amiante tendent à se généraliser.

  • Toits
    tuile creuse, ciment amiante en couverture, fer en couverture, acier en couverture, bardeau
  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • calcaire moellon
    • grès pierre de taille
    • grès moellon
    • béton armé
    • parpaing de béton
    • béton
    • galet
    • enduit
  • Décompte des œuvres
    • repéré 106
    • étudié 101

Documents d'archives

  • Extrait d'arrêt du Parlement de Provence. 1688/11/4. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 203-52.

    Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 203-52
    Arrêt du Parlement de Provence à Aix daté du 4 novembre 1688 autorise et homologue la délibération du 28 octobre précédent votée par le conseil municipal d’Entrevaux au sujet de la défense de laver à la fontaine ni linge ni autres choses sales.
  • Registre des délibérations du conseil municipal de Senez. 1878/10/28. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 204 53/6.

    Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E dépôt 204 53/6
    Règlement d'usage du bassin de la fontaine publique.
  • Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de la commune de Moriez. 1875-1936. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 301.

  • Registre des délibérations du conseil municipal de Senez. Limite 19e siècle 20e siècle. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 204-9.

    Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 204-9
  • Extrait du registre des délibérations du conseil municipal du Fugeret, fontaine lavoir du Pont, 11 février 1912. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 198

Documents figurés

  • Construction d'un lavoir. Dessins. [Plan, coupe, élévation. Projet non réalisé]. Auteur inconnu, dessin à l'encre sur papier, 1887. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : S1715.

  • 409. - SENEZ (B.-A.). - La Vieille Fontaine / Carte postale noir et blanc, édition Astoin et édition Mario, vers 1930. Collection particulière : non coté.

Date d'enquête 2004 ; Date(s) de rédaction 2021
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Sauze Elisabeth
Sauze Elisabeth

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1969 à 2007.

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Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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