Dossier collectif IA04002089 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
maisons
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Villars-Colmars

I. Contexte de l'enquête

Le repérage

Ce dossier concerne les maisons de la commune de Villars-Colmars (canton de Castellane, ancien canton d'Allos-Colmars jusqu'en 2015, Communauté de communes Alpes Provence Verdon - Sources de Lumière, ancien Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var, département des Alpes-de-Haute-Provence). Le terme "maison" comprend les édifices totalement dévolus à la fonction de logement, ainsi que ceux comprenant une partie logis et une partie agricole (étable, remise, fenil…) réunies sous un même toit.

Les conditions de l'enquête

Le repérage des maisons sur la commune de Villars-Colmars a été effectué au cours des mois d'été 2010. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 2007. Le plan cadastral dit "napoléonien", levé en 1827, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états de section de ce cadastre a été consulté. Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur. Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux maisons et décrivant :

- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment,

- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,

- la mitoyenneté,

- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,

- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,

- le nombre d'étages visibles,

- la description des élévations et des baies,

- les décors extérieurs,

- les aménagements intérieurs (escalier, cheminée, cloisons…),

- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…

Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique. Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non repérés sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde… Ils sont très nombreux dans le chef-lieu, notamment par l'ajout de balcons en bois qui traduisent une modification des ouvertures de la façade pour mieux profiter de la lumière extérieure pour les façades orientées au sud. Par ailleurs, certaines maisons ont été réaménagées au moins sur le plan de la distribution intérieure pour servir d'hôtel de voyageurs à l'extrême fin du 19e siècle et durant la première moitié du 20e siècle. On notera que les maisons de l'écart de Chasse, bien qu'isolé, ne sont pas non plus exemptes de modifications et d'ajustements liées au confort moderne.

II. Caractères morphologiques

Sur les 86 maisons repérées, 76 prennent place dans le village ou dans ses "faubourgs", comme le quartier résidentiel de Vieraron (2 maisons repérées), soit 88% environ. Cette proportion est logique et s'inscrit dans la logique d'une commune rurale (voir ainsi l'exemple de Thorame-Haute, REF=IA04003123, dont le pourcentage atteignait pour cette même statistique 80% environ), où l'immense majorité des maisons se situe en milieu aggloméré (chef-lieu et écart). Or, Villars-Colmars, devenu village après avoir été écart de Colmars (REF=IA04003115), ne dispose lui-même que d'un écart, celui de Chasse.

10 maisons ont fait l'objet d'un dossier d'inventaire, soit environ 11,5%.

Implantation et composition d'ensemble

Bien que toutes les maisons repérées ou presque relèvent d'un milieu aggloméré, et donc que les mitoyennetés soient majoritaires, elles ne traduisent pas un bâti très dense, et c'est encore moins le cas dans l'écart de Chasse. En effet, les maisons isolées représentent 16% du corpus retenu dans le chef-lieu, et la mitoyenneté par un côté seulement en représente près du tiers. Au total, la mitoyenneté nulle ou faible atteint donc presque la moitié du repéré. Bien sûr, ces chiffres doivent être pris avec circonspection, car les données ne concernent que les maisons repérables. Certaines, largement modifiées et ne respectant pas les critères d'analyse, ont donc été laissées de côté. En réalité, la mitoyenneté est plus importante que cela. Toutefois, le tableau ci-dessous éclaire la situation d'un village peu dense, anciennement écart agricole de Colmars, qui plus est constitué de trois noyaux principaux qui s'échelonnent le long de la pente le long d'un axe de circulation principal, du nord-est au sud-ouest, entre le ravin de la Chassette et la Barre du Puy (REF=IA04003115).

Plusieurs maisons du village ont fait l'objet de restaurations importantes qui empêchent de considérer convenablement leur parti initial (Grande Rue, parcelles AC 234-237).Plusieurs maisons du village ont fait l'objet de restaurations importantes qui empêchent de considérer convenablement leur parti initial (Grande Rue, parcelles AC 234-237).

mitoyenneté

occurrences

0

1

2

3

Village (total=75)

12

24

34

5

Chasse (total=11)

2

7

2

0

TOTAL (75+11=86)

14

31

36

5

Nombre de maisons repérées concernées par la mitoyenneté.

La plupart des maisons ont conservé leur destination d'habitation individuelle. Aux franges extrêmes du village, l'une à Pied de Roche (sud-ouest), l'autre à Vieraron (nord-est), deux quartiers ont vu le jour dans le courant du 20e siècle. Dans le premier, il s'agit d'habitations de type chalet, dans le second, de maisons de villégiature. Ces édifices n'entrent pas dans la catégorie des maisons vernaculaires et n'ont donc pas été prises en compte par le repérage puisqu'ils ont leur typologie propre.

66 maisons ont leur façade principale sur gouttereau (près de 77% du corpus). Cette proportion est encore plus large dans l'écart de Chasse, où elle atteint 82%. La densité réduite du tissu urbain laisse la place aux espaces libres. On compte 18 cours dont 6 dans le village, et 24 maisons disposant d'un jardin dont 20 à Villars-Colmars même. 78 maisons soit plus de neuf sur dix possèdent une façade antérieure constituée d'un ou de plusieurs niveau(x) d'habitation situé(s) entre des parties agricoles, ce qui confirme la fonction essentiellement agricole de la commune d'une manière générale et de son chef-lieu en particulier. A l'inverse, les maisons dépourvues de fonctions agricoles sont très minoritaires (5 cas, moins de 6% du corpus). La topographie communale heurtée entraîne une présence prépondérante des maisons construites avec un étage de soubassement au moins : 67 cas, soit 78% du corpus. L'écart de Chasse est cependant placé sur un replat qui limite cette configuration des habitations (6 cas sur les 11 repérées). D'où une proportion légèrement plus importante encore dans le chef-lieu lui-même inscrit dans la pente (environ 81,5%).

Le village. Extrémité sud-ouest du quartier Aco de Gravier. Façades sur gouttereau des maisons occupant les parcelles AC 589 et 590. Un même escalier de distribution extérieur relie en façade les entrées des deux habitations.Le village. Extrémité sud-ouest du quartier Aco de Gravier. Façades sur gouttereau des maisons occupant les parcelles AC 589 et 590. Un même escalier de distribution extérieur relie en façade les entrées des deux habitations.

Matériaux et mise en oeuvre

Le gros-oeuvre est réalisé en maçonnerie mixte de moellons de grès peu équarris avec, de façon ponctuelle, de la pierre calcaire en complément ainsi que du galet du Verdon montés au mortier de chaux et de sable. Il s'agit d'une mise en oeuvre traditionnelle sur cette portion du territoire. La planche intervient dans quelques cas (par exemple en 2007 AC 149, mais il s'agit d'un ajout moderne, ou encore à Chasse, en 2007 B 638, sur le pignon). Les chaînes d'angle sont traitées par des moellons grossièrement équarris de dimension légèrement supérieure à celle utilisée pour la maçonnerie de gros-oeuvre. La pierre de taille est absente, à l'exception d'un cas particulier, dans le bas du village (au quartier de la Foulerie), qui concerne l'ancien hôtel du Parc, aujourd'hui mairie, REF=IA04003099). Le bois, de production locale, est utilisé pour les charpentes et les planchers, dont certaines maisons conservent des exemples patinés qui pourraient être d'origine, à la fin du 17e siècle (ainsi dans une maison du quartier de Tête). Il est également fréquemment employé pour servir de noyau aux escaliers en vis, dont il ne reste plus qu'un exemplaire avéré dans le village (REF=IA04002775). Enfin, la couverture des toits en mélèze était systématique jusqu'au début du 20e siècle mais elle fut progressivement remplacée par la tôle à partir du premier quart du 20e siècle et a entièrement disparu du village désormais. Les cartes postales anciennes témoignent encore de couvertures en bardeau de mélèze quasi omniprésentes. Il faut aller dans l'écart de Chasse pour en trouver encore quelques rares exemplaires, le plus souvent lacunaires (ainsi en 2007 B 625. Voir aussi REF=IA04002776 et IA04002380). Le mélèze a cédé la place à la tôle d'abord, la plupart du temps plate ou aplatie (65 cas soit les trois-quarts du corpus), puis au bac acier plus récent, qui reste cependant très minoritaire, avec 17 occurrences (soit environ 20% du corpus).

VILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m. - Un Coin du VillageVILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m. - Un Coin du Village

Le village. Détail de la maçonnerie de grès de la maison occupant la parcelle AC 595.Le village. Détail de la maçonnerie de grès de la maison occupant la parcelle AC 595.

Quelques façades ont conservé un dispositif de renforcement structurel : les ancres en bois, présentes également à Beauvezer notamment. Il s'agit de laisser dépasser à l'extérieur certaines poutres sur lesquelles prennent appui les planchers et de ménager un trou dans lequel on fait passer un coin en bois qui vient se caler et assurer la solidité de la maçonnerie. Ce dispositif s'avère particulièrement utile sur une zone qui peut être soumise à des mouvements sismiques de faible intensité, toujours dangereux compte tenu en outre de la médiocrité de la mise en oeuvre du bâti (voir par exemple en 2007 AC 26, 70 ou encore 142).

Le village. Ancre en bois située sur la façade sud de la maison occupant la parcelle AC 142.Le village. Ancre en bois située sur la façade sud de la maison occupant la parcelle AC 142.

Structure, élévation, distribution

Niveaux

On a procédé à une différenciation entre la situation à l'échelle communale (où prime le chef-lieu) d'un côté, et la situation dans l'écart de Chasse de l'autre, afin de mettre en évidence l'écart certes subtil à l'oeuvre entre village et hameau.

Niveaux

2

3

4

5

6

Occurrences

1

3

61

20

1

%age

1,2%

2,3%

70,9%

24,4%

1,2%

Représentativité du nombre de niveaux à l'échelle communale.

Niveaux

2

3

4

5

6

Occurrences

0

1

9

1

0

%age

0%

9,1%

81,8%

9,1%

0%

Représentativité du nombre de niveaux dans l'écart de Chasse.

On observe qu'une forte majorité se détache pour les maisons à quatre niveaux : plus de sept maisons sur dix à l'échelle communale, suivi par un peu moins d'une maison sur quatre à cinq niveaux. Si l'on ajoute les maisons disposant de six niveaux (un seul représentant), on constate que plus de neuf maisons sur dix sont construites sur au moins quatre niveaux et plus. Ces chiffres s'inscrivent dans la logique des communes proches : à Colmars cette proportion atteint 90% ; à Thorame-Haute, 85% environ. Bien sûr, à Colmars, village enceint, la logique de l'espace contraint a obligé à se développer en hauteur, d'où une proportion de maisons avec au moins cinq niveaux supérieure à celle de Villars-Colmars (42,5% contre environ 25%), mais les données sont proches avec Thorame-Haute où la même proportion est de 20%. Si l'on se limite au village lui-même, la concordance apparaît presque parfaite sur le même registre de calcul 27% pour Thorame-Haute contre 28% pour Villars-Colmars. En somme, la commune s'inscrit dans une continuité géographique et morphologique sur ce point, une fois gommée les particularismes de situation (du type rempart pour Colmars). A Chasse, écart resté purement rural (bien qu'aujourd'hui constitué exclusivement ou presque de résidences secondaires), la donne varie un petit peu, puisque la maison type dispose de quatre niveaux (plus de 80% du corpus). En somme, la variété y apparaît moindre, ce qui là encore s'inscrit dans la norme.

Qu'en est-il de l'organisation type ? Si l'on considère la maison à quatre niveaux, elle répond à un schéma claire : étage de soubassement/rez-de-chaussée surélevé/étage carré/étage de comble. Pour les maisons de cinq niveaux, il faut ajouter un deuxième étage carré, dans la configuration la plus répandue.

Plus qu'ailleurs, il n'a pas été possible de pénétrer dans les intérieurs, y compris dans les parties agricoles en partie basse. L'absence de lecture directe n'a pas permis de trancher quant à l'existence ou non d'une voûte dans près de 60% des cas, soit 51 maisons. Pour les 35 autres maisons, la répartition s'effectue de manière équilibrée : 18 voûtes identifiées, en tout ou partie de l'espace inférieur, et 17 cas de plancher. En ce qui concerne les voûtes, les arêtes sont présentes à 10 reprises, le berceau segmentaire à 7 reprises, et dans un cas l'identification par un jour depuis la chaussée n'a pas permis, à cause de l'obscurité, de préciser la nature de la voûte. On notera que la voûte peut côtoyer le plancher en fonction des différents espaces en partie basse. Tel cellier voûté pourra ainsi jouxter une étable planchéiée.

Le village. Quartier de Pied. Vaste étable voûtée d'arêtes à l'étage de soubassement de la maison occupant la parcelle AC 276.Le village. Quartier de Pied. Vaste étable voûtée d'arêtes à l'étage de soubassement de la maison occupant la parcelle AC 276.

Escaliers

On remarque un nombre non négligeable d'escaliers extérieurs sur la commune : 37 ont été identifiés (soit 43% du corpus), 30 dans le chef-lieu et 7 à Chasse. A l'exception d'une forme tournante, ils sont tous droits, parallèles à 22 reprises (dont quelques-uns se prolongeant en terrasse, ainsi pour les maisons occupant à Chasse les parcelles 2007 B 609 et 613), perpendiculaires à 14 reprises. Il existe d'autres escaliers, notamment prolongés par une terrasse, mais il s'agit d'adjonctions récentes, le plus souvent en bois, et qui n'ont donc pas été pris en compte par le repérage (ainsi en 2007 AC 239). Les cartes postales anciennes montrent un état des lieux qui a évolué depuis : les escaliers droits perpendiculaires semblent davantage présents qu'aujourd'hui, et surtout avec une emprise au sol bien plus importante qu'actuellement (voir l'illustration ci-dessous) : les nécessité de circulation, consécutives d'ailleurs à l'aménagement d'une chaussée permettant des déplacements automobiles, ont évidemment modifié la donne en profondeur.

VILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m./Le Vieux FourVILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m./Le Vieux Four

Le village. Escalier de distribution extérieur droit parallèle à la façade (maison parcelle AC 173).Le village. Escalier de distribution extérieur droit parallèle à la façade (maison parcelle AC 173).

Les chiffres relatifs aux escaliers intérieurs, notamment en ce qui concerne les formes, sont partiels, du fait de l'impossibilité de pénétrer toujours dans les maisons. Toutefois, on a dénombré 76 escaliers (soit plus de 88% du corpus), contre 3 cas d'absence d'escalier, et 7 cas d'incertitude. Les emplacements certains sont la plupart du temps en front de parcelle (à l'exception de quelques occurrences en fond de parcelle comme en REF=IA04002783). La forme droite intervient à 8 reprises, tournante à 11, dont une en vis (REF=IA04002775). Bien que minoritaires dans les formes recensées, l'escalier droit apparaît comme une particularité que l'on retrouve d'ailleurs à Colmars, dans l'intra-urbain. Il a la particularité de présenter une pente forte et de traverser la parcelle en profondeur jusqu'à conduire à l'étage de comble, parfois sans même un "palier" pour distribuer sur le côté les pièces de logis. L'escalier étant très majoritairement décalé sur un côté de la parcelle, il ne coupe pas l'espace d'habitation en deux, constituant ainsi une sorte d'axe de symétrie. On trouve donc la distribution type suivante : une cage d'escalier séparée du reste de la maison par un mur porteur et par une cloison qui s'élève de bas en haut, percée à chaque étage d'habitation par une porte d'accès.

Elévations - Typologie des façades

Les façades irrégulières dominent et atteignent près des trois-quarts du corpus (63 maisons soit 73,3% du corpus). Les maisons à façade régulière représentent un peu plus du cinquième du total repéré (19 façades, soit 22,1%) et sont toutes situées dans le chef-lieu. Deux maisons disposent d'une entrée ailleurs qu'en façade principale et par le jeu des modifications, deux cas restent incertains. Sur les 77 cas où le nombre de travées par façade est comptabilisable, on dénombre 67 cas de façades à travée unique ou double (87% du corpus). Un cas de façade à 6 travées, par ailleurs régulière, a été identifié : il s'agit du bâtiment principal (sans son annexe) de l'ancien hôtel du Parc (REF=IA04003099).

nombre de travées

1

2

3

4

5

6

occurrences pour les façades irrégulières (type A)

40

15

3

0

0

0

occurrences pour les façades régulières (type B)

7

5

6

0

0

1

Nombre de travées pour les différents types de façades.

Le village. Place Aco de Gravier. Maisons à travée unique de type A3a (parcelles AC 159 et 160).Le village. Place Aco de Gravier. Maisons à travée unique de type A3a (parcelles AC 159 et 160).

Les linteaux sont largement représentés, avec 77 occurrences (89,5% du corpus). Les 10 cas d'arcs répertoriés (11,6%, car on compte une maison avec deux entrées différentes pour le logis, à deux niveaux différents sur deux façades opposées)) se répartissent comme suit : 7 arcs segmentaires et trois en plein-cintre. Un seul encadrement fait apparaître une mise en oeuvre en pierre de taille.

La saillie de rive en avant-toit s'avère systématique. Un seul exemple de génoise à triple rang a été repéré (là encore, ce traitement particulier désigne un édifice qui sort de l'ordinaire, l'ancien hôtel du Parc (REF=IA04003099).

Distribution intérieure

Dans l'ensemble, les maisons de Colmars disposent pour l'essentiel de fonctions agricoles en parties haute et basse (voir le paragraphe "Implantation et composition d'ensemble"). Les deux principales fonctions, qui apparaissent dans plus de 4 maisons sur 5, sont l'étable et le fenil, aux deux extrémités verticales de la maison. Le fenil peut se déployer, y compris pour certaines maisons, sur deux niveaux. Le tableau ci-dessous consigne les différentes fonctions identifiées, en sachant que l'identification, eu égard aux modifications des intérieurs notamment dues au confort, ne saurait être exhaustive :

Fonctions repérées dans les maisons

occurrences

%age

étable

71

82,5%

fenil

76

88,4%

remise

29

33,7%

séchoir

5

5,8%

bûcher

1

1,2%

rucher-placard

5

5,8%

boutique

6

7%

atelier

1

1,2%

bergerie

2

2,3%

Fonctions repérées dans les maisons. Les %ages dépassent 100% car les fonctions sont cumulatives.

De façon classique, on observe une distinction des fonctions par niveaux, selon une répartition agricole (voire commerciale)/logis/agricole, le logis de même que le fenil pouvant occuper plusieurs niveaux. On notera qu'au fil du temps certaines fonctions ont évolué, un commerce pouvant occuper une ancienne pièce de logis et inversement. De même, les hôtels de voyageurs dans le village, qui n'ont pas été construits ex nihilo, ont été l'objet de modifications dans l'aménagement intérieur de façon à accueillir du public, puis de redevenir des maisons à part entière. Ainsi :

- Le premier étage, qu'il consiste en un étage de soubassement ou en un rez-de-chaussée, abrite une étable ou une remise, plus rarement un commerce. En fonction de la longueur de la parcelle, cet espace peut être double en profondeur. On ne trouve jamais de combinaison des fonctions agricoles et commerciales dans un même bâtiment, exception faite des maisons constituées par la réunion de plusieurs parcelles plus petites. Ces espaces agricoles ou de rangement (type celliers ou resserres) n'ont pas été modifiés en pièces d'habitation pour des raisons sanitaires.

- le second (voire le troisième) niveau - la plupart du temps un rez-de-chaussée surélevé puisque près de 80% des maisons sont inscrites dans la pente et présentent un étage de soubassement au moins (2 avec 2 étages de soubassement) - consiste en un étage d'habitation composé de deux voire trois pièces : une pièce, la plus importante, orientée au sud ou sur la rue, doublée par une seconde, moins profonde. Un troisième espace, davantage réduit que pièce, sert de rangement et a pu être transformé en alcôve pour prolonger la pièce double en profondeur. Cette disposition peut se développer également à l'étage supérieur (c'est-à-dire le plus souvent le premier étage carré). Les cheminées sont constituées d'une hotte en plâtre sur structure en bois, la plupart n'ont pas de jambage. Les potagers ont disparu. On trouve encore des rangements sous forme de placards muraux, incorporés ou saillants, avec des portes en essence de bois local. On trouve aussi parfois au second niveau un réduit exigu servant autrefois à préparer la nourriture (on la faisait chauffer au potager ou à la cheminée dans la pièce principale) et à nettoyer les ustensiles après usage (d'où la présence d'un point d'eau avec une pile), ainsi qu'à ranger la vaisselle. Le sol a parfois conservé son plancher, mais il est rarement très ancien.

Le village. Quartier de Tête (maison parcelle AC 68). Souvent la "cuisine" est cantonnée à un réduit étroit, attenant à la pièce principale, éclairé par un jour ou une petite fenêtre.Le village. Quartier de Tête (maison parcelle AC 68). Souvent la "cuisine" est cantonnée à un réduit étroit, attenant à la pièce principale, éclairé par un jour ou une petite fenêtre.

- au-dessus du ou des étage(s) d'habitation, on trouve un nouvel étage carré et plus souvent un étage de comble, qui peut lui aussi se développer sur deux niveaux, dévolu à la fonction de fenil. Des témoignages oraux ont précisé que lors des mois chauds le fenil servait aussi de couchage de fortune, plus au frais, afin de fuir les chaleurs estivales.

La disposition type tend à être plus ou moins lourdement modifiée, pour des raisons de confort, notamment d'agrandissement des espaces intérieurs. On peut ainsi rencontrer des étages entièrement décloisonnés afin d'obtenir des espaces à vivre uniques. Néanmoins, la plupart du temps la distribution intérieure reste lisible ou identifiable. Les fenils, devenus inutiles, ont parfois fait l'objet d'aménagements. La large ouverture en bande a pu être fermée par une baie vitrée (ainsi en 2007 AC 89) ou des portes-fenêtres avec un balcon (voir en 2007 AC 160 et 162 place Aco de Gravier, ou encore REF=IA04002775). Le balcon ne constitue pas un ajout contemporain, du moins peut-on en observer certains sur des documents figurés datant du début du 20e siècle (les cartes postales). Cependant leur "prolifération", parfois sur deux étages d'habitation, est une tendance apparue dans la deuxième partie du siècle précédent, surtout dans le dernier quart, de même que, on l'a vu, les balcons-terrasses.

Le Village. Maison de type A3a sur la Place Aco de Gravier (parcelle AC 162). On remarque la prolifération des balcons. Par ailleurs, le fenil ouvert a été fermé, aménagé en pièce d'habitation. Le Village. Maison de type A3a sur la Place Aco de Gravier (parcelle AC 162). On remarque la prolifération des balcons. Par ailleurs, le fenil ouvert a été fermé, aménagé en pièce d'habitation.

Malgré leur faible proportion eu égard à l'ensemble du corpus, il n'est pas fortuit de relever la présence de quelques ruchers-placards sur les façades orientées au sud, identifiables par les planchettes d'envol en bois ou en dalle de grès. Les témoignages oraux ont indiqué la présence de ces dispositifs dans le village, que les statistiques agricoles confirment pour 19e siècle (AD 04, 6 M 305). Plus qu'ailleurs dans le haut Verdon, Villars-Colmars a conservé quelques traces de cette activité complémentaire.

Toits

Le matériau de couverture était traditionnellement le bardeau de mélèze (comme en témoignent encore les cartes postales anciennes) : il a été progressivement remplacé par la tôle (majoritairement plate), et de façon ponctuelle par du bac acier, plus récent. La pente des toits est accusée, fort logiquement dans une zone où les chutes de neige autrefois abondantes ne devaient pas inutilement surcharger les charpentes en bois. Quelques-uns présentent un égout retroussé mais il peut s'agir d'une restauration modifiant la disposition initiale (par exemple en 2007 AC 195). On notera aussi un certain nombre de toits dissymétriques : non seulement la longueur de la pente n'est pas identique, mais l'inclinaison peut différer d'un versant à l'autre, notamment pour les maisons situées autour de la place Aco de Gravier. Dans ce cas, c'est le versant donnant sur la rue qui est le plus court. Cette configuration peut résulter de modifications (par fusion ou adjonction notamment).

Ecart de Chasse. Maison de type A3a (B 638).Ecart de Chasse. Maison de type A3a (B 638).

Le village. Place de l'Horloge (parcelle AC 290). Cette vaste maison est une ancienne ferme réunissant d'anciennes parcelles et ayant été agrandie et aménagée à la fin du 19e siècle pour servir d'hôtel de voyageurs. C'est aujourd'hui un immeuble.Le village. Place de l'Horloge (parcelle AC 290). Cette vaste maison est une ancienne ferme réunissant d'anciennes parcelles et ayant été agrandie et aménagée à la fin du 19e siècle pour servir d'hôtel de voyageurs. C'est aujourd'hui un immeuble.

Décors

Ils sont quasi absents, à quelques exceptions près : encadrements peints, bandeaux, fausses chaînes d'angle harpées... En revanche, le chef-lieu conservent de très nombreuses dates portées qui ont d'ailleurs fait l'objet d'un recensement à la mairie de Villars-Colmars. On en dénombre une petite trentaine, parfois accompagnées de lettres, certainement des initiales, qui rendent l'entièreté du message difficile à décrypter. Ainsi sur la chaîne d'angle, en hauteur, de la maison occupant la parcelle 2007 AC 245 : on lit, de façon lacunaire, l'inscription suivante : "1725JPHL [?]A[le reste est illisible]". Elles désignent pour 17 d'entre elles le 18e siècle, avec une large prépondérance pour la première partie de ce dernier. Soit : 1711, 1712, 1716, 1717, 1721, 1726 (2 occurrences), 1727, 1728, 1729 (2 occurrences), 1738, 1746, 1750, 1779 (2 occurrences), 1782. Mais on trouve aussi des dates postérieures : 1801 (cette dernière date portée inscrite il est vrai sur une porte d'étable à vaches dans l'ancienne dépendance d'une ferme, en 2007 AC 416), 1843 ou encore 1904 (ces deux dernières étant inscrites sur deux moellons de la façade principale de la maison occupant la parcelle 2007 AC 110 sans que l'on sache s'il s'agit de remploi ni à quoi précisément se rapportent ces dates spécifiques).

Le village. Inscription avec date portée (1726) sur un moellon de grès (maison occupant la parcelle AC 88).Le village. Inscription avec date portée (1726) sur un moellon de grès (maison occupant la parcelle AC 88).

III. Typologie

Typologie pour l'ensemble de la commune :

A1 : Maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse (0% du corpus total)

(0 repérée ; 0 sélectionnée (0%))

Logis au-dessus ou à côté d'une partie agricole ou commerciale

A2 : Maison avec partie agricole en partie haute (3,5% du corpus total)

(3 repérées ; 0 sélectionnée (0%))

Logis en dessous ou à côté d'un fenil

A3 : Maison avec parties agricoles en parties basses et hautes (90,7% du corpus total)

(78 repérées ; 9 sélectionnées (11,5 %))

Logis entre les parties agricoles

B : Maison sans partie agricole, commerciale ou artisanale (5,8% du corpus)

(5 repérées ; 3 sélectionnées (60%))

Absence de partie agricole

Interprétation de la classification

Dans un ancien écart agricole de la commune de Colmars, il est logique de voir dominer très largement les maisons disposant de parties agricoles en parties basses (ainsi que quelques commerces) et hautes. Dans un tel contexte économique, les maisons dépourvues de ces fonctions sont évidemment rares. Les maisons de type villas correspondent à une évolution de la zone à partir de la première moitié du 20e siècle : elles relèvent d'une autre catégorie d'édifices, les maisons de villégiature, et n'entrent donc pas ici en ligne de compte dans le repérage de l'architecture vernaculaire, de même que les résidences de type chalet, qui peuvent d'ailleurs constituer l'habitation principale du propriétaire, comme dans le quartier récent de Pied de Roche, au-dessus du quartier historique de Tête. Pour autant, leur nombre relativement élevé en font même de façon marginale des éléments représentatifs de l'habitat villars-colmarsien. Elles nécessitent donc un bref éclairage.

Maisons de villégiature et résidences contemporaines de type chalet

Certaines commencent à apparaître durant l'entre-deux-guerres, mais pour l'essentiel, elles furent construites durant le dernier tiers du 20e siècle. Leurs principales caractéristiques tant sur le plan de la mise en oeuvre que de leur distribution et de leur contextualisation sont les suivants :

- La recherche de la vue et de l’exposition sud dans l’implantation de la maison ;

- Une architecture moderne avec une recherche d’intégration dans le milieu montagnard par l’emprunt d’éléments correspondant à l’image d’Epinal du chalet suisse : habillage de la maçonnerie en parpaing par du bois, insertion de lambrequins …etc . La pierre employée le plus souvent sous la forme d’un parement renforce la rusticité du bâti ;

- Des aménagements d’espaces extérieurs protégés par l’usage de loggias, d'auvents… Les espaces extérieurs aménagés deviennent le prolongement de l’aménagement intérieur. La terrasse se développe dans le prolongement du séjour et son accès depuis l’intérieur s’effectue par de grandes baies vitrées à plusieurs vantaux. On note l'apparition de balcons en liaison avec les chambres ;

- La recherche de la lumière dans les pièces d’habitation devient une priorité d’où l’apparition de fenêtres amples, parfois en série ;

- Le jardin devient par son traitement l’écrin de la maison.

Quartier de Miégessoles. Villa avec jardin occupant la parcelle 2020 AB 75. Vue cavalière depuis le sud-est.Quartier de Miégessoles. Villa avec jardin occupant la parcelle 2020 AB 75. Vue cavalière depuis le sud-est.

Quartier de Vieraron. Maison contemporaine de type villa occupant la parcelle 2020 AB 88, en contrebas de la route départementale 2. Observer l'ouverture en bande flanquant l'entrée en façade sud-ouest. Quartier de Vieraron. Maison contemporaine de type villa occupant la parcelle 2020 AB 88, en contrebas de la route départementale 2. Observer l'ouverture en bande flanquant l'entrée en façade sud-ouest.

Maison de type chalet "revisité" en contrebas du quartier de Pied, occupant la parcelle 2020 AC 309.  Façade est sur la route départementale 2.Maison de type chalet "revisité" en contrebas du quartier de Pied, occupant la parcelle 2020 AC 309. Façade est sur la route départementale 2.

Le village ayant été incendié en 1690, le bâti date pour l'essentiel du 18e siècle avec des interventions parfois majeures aux 19e et 20e siècles (restaurations, modifications, aménagements intérieurs).

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Typologies
    A2 : maison avec partie agricole en partie haute ; A3a : maison avec parties agricoles en parties basses et hautes ; A3b : maison avec parties agricoles ou commerciales en partie basse et parties agricoles en partie haute ; B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale
  • Toits
    fer en couverture
  • Murs
    • calcaire enduit
    • grès enduit
    • galet
  • Décompte des œuvres
    • nombre des immeubles au dernier recensement de l'INSEE 497
    • repérées 86
    • étudiées 12
  • VILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m. - Cos des Graviers / Carte postale, 1er quart 20e siècle. Collection particulière, non coté.

  • 37. Haute Vallée du Verdon VILLARS-COLMARS (B.-A.)/Altitude 1200 m. - La Grande Rue et l'Eglise / Carte postale, 1er quart 20e siècle. Collection particulière, non coté.

Documents d'archives

  • Arrondissement de Castellane. Enquête sur le nombre de maisons de l'arrondissement couvertes en chaume ou en bois, 6 avril 1922. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 Z 39.

Documents figurés

  • VILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m./Un Coin du Village et la Gardette / Carte postale, 1er quart 20e siècle. Collection particulière, non coté.

  • VILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m. - Un Coin du Village / Carte postale, 1er quart 20e siècle. Collection particulière, non coté.

  • VILLARS-COLMARS (B.-A.) - 1200 m./Le Vieux Four / Carte postale, 1er quart 20e siècle. Collection particulière, non coté.

Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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