BERTRAND, Etienne, SCHNEY, Hélène, Étude documentaire sur l’ancienne Minoterie des Alpes à La Mure-Argens (Alpes-de-Haute-Provence). Étude commandée par la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille et réalisée par Patrimoine, recherches, avenir. Février 2013.
Sommaire:
Méthodologie
État sommaire des sources consultées
1. Le moulin de La Mure
2. La draperie de La Mure
2.1. La draperie Pascal
2.1.1. La famille Pascal
2.1.2. La fabrique de draps
2.2. La draperie Dol
3. La minoterie Dol
3.1. La famille Dol
3.2. Les grandes dates de la minoterie
4. La minoterie Dol comme acteur économique
4.1. La minoterie Dol dans son contexte
4.2. La minoterie Dol : ses clients et fournisseurs, son activité
5. L’eau : une problématique importante
Annexe 1 : RELEVÉ DES WAGONS REÇUS ET EXPÉDIES PAR LA GARE DE ST.ANDRÉ POUR LA MINOTERIE DOL – PÉRIODE D'OCTOBRE 1943 A MAI 1946, par José Banaudo
Annexe 2 : NOTE SUR LE TRANSPORT DES BLÉS ET FARINES SUR LA LIGNE NICE – DIGNE par José Banaudo
Annexe 3 : Chronologie sommaire de la minoterie Dol
- Le Moulin de La Mure
- La Draperie Pascal puis minoterie Dol ou minoterie des Alpes
MÉTHODOLOGIE
L’étude s’est tout d’abord attachée à repérer les archives existantes dans deux fonds d’archives essentiels : les archives familiales et les archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence.
Les archives familiales ont été mises à notre disposition par Madame Ebbo, fille de Monsieur Ernest Dol, dernier exploitant de la minoterie. Monsieur le Maire de La Mure-Argens, par la mise à disposition d’une salle de la Mairie, a contribué à nous faciliter le dépouillement de ce fonds d’archives. Celles-ci se sont révélées très parcellaires, portant essentiellement sur les années 1958 à 1972. Quelques pièces de la fin des années 1930 et début des années 1940 ont échappé à un incendie qui aurait détruit l’essentiel des pièces comptables vers 1958. Quelques plans et photos de famille complètent les documents administratifs.
Les fonds des archives départementales ont été utilisés pour établir une généalogie partielle des familles Pascal et Dol (Etat civil numérisé), pour préciser l’histoire du terrain sur lequel a été construite la minoterie (notaires, cadastre, enregistrements…) et pour tenter de cerner au mieux son activité dans le contexte départemental. Dans ce cadre, il est apparu assez rapidement que la question de l’eau était primordiale.
Les sources susceptibles d’apporter des renseignements sur l’activité de la minoterie ont été dépouillés, notamment les séries S, W, Z et R (Ravitaillement en cas de guerre).
Les fonds concernant les Chemins de Fer de Provence conservés aux Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence (Série S) ont été systématiquement dépouillés, mais avec des résultats décevants.
Dans un deuxième temps, il a été procédé à l’étude de quelques fonds ciblés aux Archives nationales, concernant essentiellement la rivière d’Issole (F10). Ces documents complètent utilement les dossiers concernant le même cours d’eau aux Archives départementales et aux Archives municipales de La Mure-Argens. La série F/12/9422 à 9549 Office central de Répartition des Produits Industriels) n’ont rien donné. En revanche, les archives contemporaines (centre de Fontainebleau) n’ont pas été consultées : des sondages peu probants ont été réalisés dans les inventaires...
Les Archives municipales de la Mure-Argens ont pu être consultées, notamment les délibérations du Conseil municipal.
Enfin, les fonds d’archives de la Compagnie des Chemins de Fer de Provence ont été consultés aux Archives départementales des Alpes-Maritimes : 86J et 211J. Les données intéressant la Minoterie sont très parcellaires. Des éléments plus intéressants ont été repérés par Monsieur José Banaudo dans les fonds d’archives du Groupement d’Études des Chemins de fer de Provence : les résultats de ses recherches constituent les annexes 1 et 2.
Au-delà des sources d’archives, des publications de statistiques nationales permettent de resituer l’activité de la minoterie au niveau départemental, régional et national de manière malheureusement limitée compte tenu des lacunes importantes des archives familiales.
Après une énumération des sources consultées, une première partie traitera du moulin de la Mure qui existait sous l’Ancien Régime et qui est souvent considéré comme étant à l’origine de la draperie, et donc de la minoterie Dol : les recherches menées ont permis d’établir que le moulin d’Ancien Régime et la Minoterie Dol sont deux édifices distincts, établis sur des parcelles différentes. Une deuxième partie retracera l’historique des parcelles de l’ancienne draperie Pascal et de la Minoterie Dol. Une troisième partie présentera les familles Pascal et Dol, toutes deux intimement liées au bâtiment de la minoterie. Enfin une quatrième partie fera le point sur ce qu’il est possible de tirer des archives quant au fonctionnement de la minoterie.
ÉTAT SOMMAIRE DES SOURCES CONSULTÉES
Archives nationales
- Série F10 : Agriculture
o F10/2771 : Génie rural et hydraulique agricole ; règlements d’eau, l’Issole.
o F10/4161 : Génie rural et hydraulique agricole ; régime des eaux, l’Issole.
- Série F12 : Commerce et Industrie
o F12/1299 : Moulins à eau et à vent (non consulté car incommunicable)
o F12/4476/A : Statistiques industrielles, 1830-1868, série chronologique
o F12/4477/ A : Statistiques industrielles, 1830-1868, série chronologique F12/4478/ A : Statistiques industrielles, 1830-1868, série chronologique
- Série F20 : Statistiques
o F20/290 : Moulins, An II-1811
Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence
- Série 2E : Notariat
o 2E/19039 : Étude Seisson, minutes 1645
o 2E/19054 : Étude Simon, minutes, 1767
o 2E/19082 : Étude Roux, minutes, 1838
o 2E/19085 : Étude Henry et Roux, répertoire chronologique, An VII-1850
o 2E/21266 : Étude Arnaud, minutes 1825-1826
o 2E/20402 : Étude Guérin, minutes, 1826
o 2E/20403 : Étude Guérin, minutes, 1827
o 2E/20404 : Étude Guérin, minutes, 1828
o 2E/20422 : Étude Sauvaire, minutes, 1863
o 2E/20426 : Étude Fabre, minutes, 1862
- 2E/20432 : Étude Lovicquy, minutes, 1832
- 2E/21492 : Étude Guérin, répertoire chronologique, 1811-1834
- 2E/21493 : Étude Roux, minutes, 1835
- 2E/21496 : Étude Roux, minutes, 1850
- 2E/21497 : Étude Roux, répertoire chronologique, 1831-1855
- 2E/21499 : Étude Roux, Fabre et Gibert, répertoire alphabétique, 1851-1888
- 2E/21500 : Étude Sauvaire, Pascal et Honnorat, répertoire chronologique, 1850-1899
- Série K : Lois, ordonnances et arrêtés
- 3K/45 : année 1826
- 3K/80 : année 1861
- De nombreuses autres années ont été consultées, mais sans donner de résultats.
- Série L : Administration et juridiction de l’époque révolutionnaire
- L/153 : arrêtés de l’année 1793
- Série M : Personnel et administration générale
- 10M/4 : Situation industrielle dans les Basses-Alpes
- Série P : Finances, cadastre, postes, eaux et forêts
- 3P/256 : cadastre de La Mure
- 3P/257 : cadastre de La Mure
- 3P/948 : cadastre de La Mure
- Série Q : Domaine
- 2Q/6 : Caisse d’amortissement, pièces à l’appui des ventes, 1813-1815
- 2Q/20 : Etat des biens cédés par les communes à la Caisse d’amortissement (1806-1823)
- 2Q/21 : Caisse d’amortissement ; sommier et états des procès-verbaux de prise de possession des biens des communes, 1813-1818
- 2Q/23 : Caisse d’amortissement, procès-verbaux des ventes de biens, 1813-1816
- 3Q/2681 : Enregistrements et domaine, bureau de Saint-André, table alphabétique des acquéreurs et nouveaux possesseurs, 1812 - 1824
- 3Q/2682 : Enregistrements et domaine, bureau de Saint-André, table des acquéreurs à partir de 1824
- 3Q/2686 : Enregistrements et domaine, bureau de Saint-André, table des acquéreurs, 1813-1822
- 3Q/2687 : Enregistrements et domaine, bureau de Saint-André, table des acquéreurs, 1823 - 1824
- 3Q/5274 : Enregistrements et domaine, bureau de Saint-André, table des acquéreurs
- Série R : Guerre et affaires militaires
- 5R/63 : meunerie et boulangerie, 1916-1920
- 5R/64 : Moulins à façon
- 5R/65 : Moulins de commerce
- Série S : Travaux publics
- S/453 : Ponts et chaussée, irrigation
- S/820 : Préfecture, canaux d’arrosage
- S/840 : Préfecture, canaux d’arrosage
- S/918 : Préfecture, cours d’eau
- S/951 : Préfecture, usines
- S/1076 : Préfecture, Chemin de fer
- S/1089 : Préfecture, Chemin de fer
- S/1090 : Préfecture, Chemin de fer
- D’autres cotes ont été consultées, mais sans donner de résultats.
- Série U : Justice
- 3U5/96 : Castellane, tribunal de première instance
- 3U5/147 : Castellane, statuts des sociétés, 1838-1926
- 3U5/148 : Castellane, registre du commerce, 1920-1926
- Série W : Archives contemporaines
- 6W/48 : Farine et pains, règlementation, 1940-1941
- 38W/86 : Prix des farines, 1842-1848
- 42W/43 : Ravitaillement, moulins, 1942-1945
- 42W/44 : liste des minoteries
- 43W/57 : Enquête relative à l’activité économique, 1945-1950
- 43W/71 : Rapport économique, 1944-1956
- 47W/86 : Recensements
- 1008W/16 : Minoteries, 1966-1985
- 1020W/3 : Entreprises industrielles, 1947-1970
- 1145W/3 : canal Issole, 1952-1983
- Série Z : Sous-préfectures
- 2Z/11 : sous-préfecture de Castellane
- 2Z/27 : Ravitaillement (1914-1921)
- 2Z/36 : Chemin de fer Digne-Nice, 1867-1900
- 2Z/39 : Richesse industrielle
Archives départementales des Alpes-Maritimes
Fonds privés : Archives des Chemins de Fer de Provence
- Série 86J
- 86J/80 : Réclamations pour avaries, vols, non livraisons (1912-1919)
- 86J/81 : Réclamations pour avaries, vols, non livraisons (1920-1930)
- 86J/157 : Plan départemental de ravitaillement : statistique des ressources (septembre 1914-avril 1915)
Statistiques annuelles pour la statistique générale de la France : produits, recettes, dépenses, mouvement des trains, des voyageurs et des marchandises (1933-1937)
- 86J/161 : Mouvement des marchandises par wagons et lignes (1947) ; expédition des marchandises : détail par gare (1947-1948)
- Série 211J
- 211J/137 : Bâtiments.- Stations et haltes d'Entrevaux, Pont-de-Geydan, Annot, le Fugeret, Meailles, Thorame-Haute, Allons-Argens, Saint-André, Moriez, Barrême, Chaudon-Norante, Chabrières, Mezel, Saint-Jurson, Gaubert-le-Chaffaut ; maisonnettes de garde entre Pont-de-Geydan et Saint-André : état, correspondance (1912-1915)
- 211J/164 : Locations et occupations temporaires de parcelles de terrain.- Dossiers individuels concernant La Mure, Saint-André, Moriez, Barrême
- 211J/198 : Fonctionnement de la ligne de chemin de fer de Nice à Digne.- Renseignements généraux sur les ouvrages, les équipements, les mouvements des trains, les effectifs, les caractéristiques de la ligne (1948, 1956-1977) ; plans de redressement et de mise en valeur de la ligne (1977-1980) ; matériel roulant : inventaire (1899) ; classification des locomotives et grues roulantes (1914) ; dessins de wagons types : wagon à ballast, plat à traverse mobile, couvert, plat, tombereau, chariot roulant, boîte à huile, profil de bandage, roues montées sur essieux ; coût de fonctionnement de l'autorail CFD (1976-1977) ; essai de locomotive Henschel (1992) ; véhicules anciens (1971-1979) ; projet d'utilisation de la plate-forme des chemins de fer de la Provence pour la réalisation d'un transport urbain en site propre : correspondance et plans (1975)
- 211J/204 : Registre des recettes de gares de 1949 à 1954
- 211J/212 : Registres des statistiques de transport de marchandises de juin 1950 à août 1953
Archives municipales de La Mure-Argens
Archives privées de Madame Ebbo
Archives notariales de Saint-André-les-Alpes
Bibliothèque nationale de France
- Enquête générale sur l'outillage industriel et la situation économique de la France, Ministère du commerce et de l'industrie, Évaluation de la production, Paris 1917,2 vol.
- Enquête industrielle de 1931. Statistique générale de la France, Paris 1935.
- Statistique industrielle obligatoire en France, Paris : Imprimerie nationale, 1941.
- Les établissements industriels et commerciaux en France en 1954.
- Recensement de l'industrie, résultat pour 1962. Série structure, Paris, INSEE, 1965-1968, 5 vol.
I. Le Moulin de La Mure
Un moulin est attesté à La Mure dès l’Ancien Régime : il appartient au seigneur de La Mure. Il apparait dans différents documents d’archives dès 1645 comme en atteste une transaction passée le 25 avril 1645 entre Joseph de Borguignon de Buissière, sieur de la Mure, et les « consuls, comm. & habitans dud lieu » devant maître Gaspard Seisson, notaire royal à Saint-André. Le seigneur rappelle qu’il possède les droits d’arrérages sur tous les habitants de la Mure. Il précise qu’il possède tous les titres alors que les habitants n’en possèdent pas (ou les ont perdus). Contre 600 livres tournois, le seigneur « a quitté & quitte tous a vingt chascuns les arrairrages desdits eaulx & arrosages auxdits habittans […] de mesme suitte et donne a donner par tiltres irrevocable tan pour lui que les seigneurs en succession ayan son droict la faculte jouissance playne et entiere desdits eauls tan du costé de verdon que du biel du moullin et toutte autre eaux qui se tiendra dans lansainte dudict seigneur et de lui dependant pour en jouir user disposer par lesd habittans ». Ce texte est fondamental, car il donne aux habitants de la Mure, le droit d’utiliser les eaux des rivières. Cet accord est entériné par le Conseil de la Mure
Le seigneur donne un nouveau bail en 1745 devant maître Simon, notaire royal à Saint-André. La municipalité décide alors de faire 50 portions de l’Issole (non comprise celle du seigneur) . Chaque possesseur de portion doit payer annuellement 15 sols qui servent à payer « la cense » due au seigneur.
Lors de la Révolution, la commune devient certainement propriétaire du moulin, même si aucun document ne permet d’en préciser la date. Un « état des moulins du district de Castellane » dressé en 1793 indique que le moulin de La Mure produit 15 quintaux de farine, de médiocre qualité et que la production peut être gênée par la glace et les basses eaux .
En 1811, le moulin est affermé par la commune à Étienne Gibert, comme le précise l’état des lieux du moulin dressé lors de sa prise de possession par la Caisse d’Amortissement le 17 avril 1813 : « Procès-verbal de prise de possession d’un moulin à farine situé dans le territoire de la commune de La Mure au quartier des Iscles, contenant trente et un centiares, confrontant du levant les hoirs de François Simon, du midi Marthe Paul, du couchant Jean Bte Colomp, et du nord les hoirs de François Attenoux, affermé à Étienne Gibert cultivateur de la dite commune par acte du 28 avril 1811, passé devant le maire du dit La Mure pour le terme de deux années, dont le fermier est entré en jouissance le jour de l’acte, moyennant une rente annuelle de quatre vingt dix neuf francs, payable la moitié pour tout le mois de septembre de chaque année, et l’autre moitié pour tout le mois d’avril aussi de chaque année lequel moulin n’est point compris sur le Rôle de la contribution foncière, et la commune le possédait sans aucun titre consécutif depuis un temps immémorial » .
Le moulin est en effet vendu par la Caisse d’Amortissement le 20 août 1813 à Jean Étienne Simon, pour la somme de 1 100 francs .
En 1835, ce moulin est acquis par Pascal Pascal, « propriétaire et filateur, domicilié et demeurant au dit La Mure » aux héritiers de Jean Étienne Simon .
En 1838, le moulin figure sur le cadastre établi pour la commune de La Mure, feuille D2, parcelle 143.
Suite au décès d’Adrien Pascal, fils de Pascal Pascal, dans des conditions qui seront précisées par la suite, le moulin est adjugé le 16 août 1862 à Maître Collomp, agissant pour le compte du sieur Bondil, pour la somme de 3 500 francs .
Le moulin est décrit de la manière suivante dans le cahier des charges des biens de feu Adrien Pascal : « le troisième lot se composera d’un moulin comprenant un bâtiment et tous les engins nécessaires pour moudre le blé, dénommé le moulin à farine de la commune de La Mure, confrontant au levant Joseph Simon, au midi le même, au couchant le chemin, au nord Eugénie Simon épouse Graillon, porté sous les numéros 142, 143, 148, section D du Plan de la commune de La Mure.. » .
En raison de difficultés entre le meunier et le Syndicat du Canal du Moulin concernant l’entretien du canal, le syndicat achète le moulin en 1878 . Il est important de préciser que le Canal du Moulin prend l’eau dans l’Issole un peu en amont du canal qui alimente la minoterie Dol.
II. LA DRAPERIE DE LA MURE
A. LA DRAPERIE PASCAL
1. LA FAMILLE PASCAL
La famille Pascal est attestée à La Mure dès le 18e siècle : Honoré Pascal, maréchal de Forge à La Mure et son épouse Catherine Rancurel [ ?] sont les parents de Grégoire Pascal, décédé à La Mure le 13 septembre 1791 à l’âge de 33 ans. Il avait épousé en 1781 Françoise Juglard, fille d’un négociant de Saint-André-les-Alpes. De cette union est né Pascal Pascal le 29 mars 1782 à La Mure. Ce dernier épouse Marianne Saurin dont il aura plusieurs enfants dont Adrien (La Mure, 03/07/1811 - La Mure, 08/04/1859). Adrien épouse Marie Victorine Juglard dont il aura onze enfants entre 1841 et 1853 . Pascal Pascal achète de nombreux terrains à La Mure à partir des années 1820, comme en atteste la « Table alphabétique des acquéreurs et nouveau possesseurs . Dans ce registre, Pascal Pascal est mentionné comme exerçant la profession de « Sonnetier » jusqu’au 23 octobre 1828 ; à partir de cette date ; il devient « fabricant de drap » ;
Sans doute issu d’une famille relativement aisée de La Mure, Pascal Pascal et son fils constituent un important patrimoine comprenant des terres et le moulin de La Mure comme cela a été mentionné précédemment. Ce patrimoine est bien connu en raison de la description précise qui en est faite pour la vente aux enchères qui en sera réalisée en 1862, suite à l’incendie de la draperie dont il sera question par la suite « en exécution d’un jugement rendu par le Tribunal civil de l’arrondissement de Castellane le 4 juin 1862 enregistré homologuant deux délibérations du Conseil de Famille des dits enfants mineurs, l’une du vingt-neuf avril mil huit cent soixante-deux , l’autre du premier juin mil huit cent soixante-deux enregistrées, et par suite ordonnant la vente des immeubles des enfants mineurs sus-énoncés en 8 lots et sur les mises à prix ci-dessous indiquées »
Cette vente comporte huit lots, situés essentiellement sur la commune de La Mure, comme le montre de manière approximative le plan ci-contre :
- lot 1 : un « domaine rural », « très important » appelé le Pigeonnier ou la Pièce d’environ 22 hectares, dont 19 en prairies, terres labourables, et arbres fruitiers, notamment les noyers la « pluspart presque séculaires ». Comme le précise le cahier des charges, ce terrain a pris une grande valeur depuis son acquisition par Pascal Pascal en raison de son irrigation par le canal du Verdon ; ce canal « qui sert à l’irrigation de tous les terrains de la commune de La Mure, riverains du Verdon, traverse sur toute son étendue , du nord au midi, le Domaine de la Pièce ou Pigeonnier, prend son embouchure au nord du Domaine et fertilise en les transformant en prairies aujourd’hui riantes les terrains autrefois en nature de bruyère ou gravier». Environ 23 hectares, réparties sur l’ensemble de la commune complètent ce lot. Ce domaine avait été acquis par Adrien Pascal en 1845 et en 1846.
- lot 2 : terre dite La Croix, de l’autre côté de la route départementale d’une contenance d’environ de hectares, en partie plantées, en partie labourables. ces terres ont été données pour la plupart à Adrien Pascal par son père.
- lot 3 : un moulin [moulin à farine de La Mure présenté ci-dessus dans le premier chapitre].
- lot 4 : plusieurs terres également situées à La Mure (feuille D du cadastre)
- lot 5 : la fabrique de draps dont il sera question plus loin
- lot 6 : une terre labourable, partie en jardin, située à Saint-André-de-Méouilles d’environ 2 hectares
- lot 7 : un bois taillis situé sur la commune d’Allons d’environ 8 hectares
- lot 8 : un domaine dénommé Vauclause, situé sur les communes d’Allons et de Thorame-Haute, constitué d’un bâtiment d’exploitation, de prairies, de terres labourables et bois d’environ 260 hectares, plusieurs hectares supplémentaires de bois et terrains divers complètent ce domaine qui dispose en outre d’une source. Ce domaine a été acquis par Adrien Pascal à une date non précisée dans le cahier des charges.
2. LA FABRIQUE DE DRAPS
En 1824 et 1825, Pascal Pascal fait l’acquisition de plusieurs terrains sur les bords de l’Issole au quartier des Gounelles et un peu en amont de la rivière au quartier des Tuilières. Le 25 janvier 1826, Pascal Pascal écrit au préfet des Basses-Alpes : « Pascal Pascal, négociant et propriétaire domicilié à La Mure, dans l’arrondissement de Castellane ; étant dans l’intention d’établir une filature en laine, sur le sol d’une métairie qu’il possède sur un terrain de la dite commune, quartier des Gounelles, vient très humblement supplier votre autorité d’avoir agréable de l’autoriser à cette construction […] » .
Cette autorisation est accordée après enquête auprès des habitants de La Mure et avis du Conseil municipal qui autorise Pascal Pascal à utiliser l’eau du Canal du Moulin. Cependant celui-ci préfère faire fonctionner la filature avec son propre canal et obtient, le 21 mai 1826, le terrain qui lui manquait par échange de terrains avec Joseph André Béraud, par acte passé devant Maître Arnaud . L’acte d’échange précise : « De plus et finalement le sieur Béraud cède au sieur Pascal tout le terrain nécessaire à l’établissement d’un canal d’eau qui sera alimenté par les eaux de la dite rivière d’Issole, et que le sieur Pascal prendra dans son propre fond assez au-dessus de la propriété du sieur Béraud ; à prendre le dit terrain au bas ou au couchant de la même propriété du sieur Béraud lequel canal traversera ainsi la dite terre du nord au midi et que le sieur Pascal conduira jusqu’à la terre qui vient de lui être cédée en contre-échange par le sieur Béraud et à laquelle il se propose de construire un bâtiment ou fabrique de filature ou manufacture de laine, il veut établir le susdit canal sur lequel on est convenu des conditions suivantes :
Le canal aura trois mètres de largeur, y compris le terrain nécessaire pour servir de passage qui sera pris par le sieur Pascal et les siens, au dépens dudit canal vers Issole, y compris aussi vingt-cinq centimètres de terrain qui restera en dessus du même canal non pas dans toute sa longueur tout à fait, ainsi qu’il sera expliqué plus bas.
Le canal sera creusé à la place où il a été tracé et où les parties ont mis et placé des limites en pierre croisées au nombre de quatre et à la distance ci-après savoir…. Le canal sera suivi assez en droite ligne…Le dit canal sera dirigé par ligne obliquant à gauche à la hauteur que le sieur Pascal jugera nécessaire pour amener les eaux à l’édifice à construire et au point qu’il faudra pour l’utilité et le service des usines que le sieur Pascal veut y établir puisque tel est le but du même canal. Le canal ne pourra être changé de sa place, ainsi qu’il est actuellement tracé… ».
Une nouvelle pétition de Pascal Pascal tenant compte de cette nouvelle possibilité est approuvée par le Conseil municipal le 25 juin 1826 : [pour] répondre à une pétition du sieur Pascal Pascal , négociant et propriétaire de cette commune, tendant à construire une filature de laine dans sa propriété qui possède au quartier des Gounelles, à la date du 19 mars 1826 […] Considérant que le sieur Pascal prend l’eau pour alimenter sa filature de laine ainsi que les engins qui pourront lui être propre pour son établissement, par un canal –dans son terrain propre, dans le rivière d’Issole et que la même eau est rejetée après avoir alimenté ses usines dans la dite rivière- ne portant aucun préjudice à aucune propriété communale ni particulière, cet établissement ne tendant qu’à l’industrie nationale qui est une des plus fortes ressources de habitants de toute la nation française […] approuve dans tout son contenu les demandes du pétitionnaire […] » . Le 26 juin, le sous-préfet de Castellane donne également un avis positif.
Le canal creusé par Pascal Pascal est celui qui apparaît sur le cadastre de 1838 au nord de la fabrique et dénommé « Canal de la Fabrique ». Ce nom sera biffé par la suite et le canal prendra le nom de « Canal du Moulin ».
Le 17 juillet 1838, le contrat de mariage d’Adrien Pascal et de Marie Victorine Juglart est l’occasion d’une évaluation du mobilier, comprenant notamment la description des machines servant à la confection des draps :
1°. quatre machines à ouvrer la laine, dites cardes, évaluées quatre mille cinq cents francs
2°. Sept tours pour filer enfin estimés douze cents francs à cinquante broches
3°. Deux tours pour filer en gros estimés six cents francs, à trente broches
4°. Deux grandes fileuses appelées [ ? ] à cent vingt broches, estimées dix
huit cents francs
5°. trois foulons avec leurs roues et accessoires, estimé mille francs
6°. dix grands métiers à tisser, estimés mille francs
7°. trois petits métiers à tisser, estimés cent francs
8°. une grand roue à mouvoir la fabrique et engrenages, évalués mille francs
9° un garnissage avec soixante lames, estimé mille francs
10°. une tondeuse estimée quinze cents francs
11°. une brosserie estimée quatre cents francs
12°. un battage de laine estimé quatre cents francs
13°. deux rames à tendre les draps, estimés cinq cents francs
14°. petits accessoires tels que poiles, tours à bobines ourdissoirs, évalués en tout
cent francs .
Le 28 août 1838, Pascal Pascal et son fils Adrien Pascal se mettent en société .
Dans la nuit du 17 au 18 août 1861, un incendie ravage la draperie Pascal comme le relate le Journal des Basses-Alpes en date du 26 août : « Un violent incendie a éclaté, pendant la nuit du 17 au 18 août de ce mois, dans une fabrique de draps appartenant à la dame Pascal, à Saint-André. Le feu s'est manifesté dans une salle du premier étage où se trouvaient, à côté de plusieurs métiers, des résidus de laine entassés. Des ouvriers qui dormaient en ce moment dans cette fabrique ont été réveillés par la chaleur de l’incendie. Ils ont de suite donné l’alarme. Toute la population de Saint-André et celle de La Mure sont accourues ; mais, malgré les secours, la fabrique a été presque entièrement dévorée par les flammes […].
La perte occasionnée est, dit-on, de plus de cent mille francs. Rien n’était assuré » .
Cet incendie oblige manifestement la veuve Pascal et ses enfants mineurs à vendre par adjudication l’ensemble des biens immobiliers en onze lots déjà détaillés. Cette vente se déroulera en août 1862. Le cinquième lot concerne la fabrique. Il est décrit de la manière suivante dans le cahier des charges établi le 14 juillet 1862 : « Ce cinquième lot se composera 1°d’un bâtiment formant autrefois une importante fabrique de draps n’offrant plus que les quatre grands murs, une grande partie sans toiture depuis un incendie qui éclata dans la nuit du 17 au 18 août mil huit cent soixante et un. Dans ce bâtiment se trouvent encore quelques rares engins en partie détériorés par le sinistre. 2°d’un autre bâtiment contigu au précédent en bon état encore servant de maison de maître à deux étages, composés au rez-de-chaussée de magasins, au premier étage d’une cuisine salon avec alcôve, une jolie chambre à coucher, et de petites chambres, au second étage de chambres et galetas. 3° de terres, prairies qui sont à l’entour, le tout au quartier des Gounelles, confrontant du nord Pascal Pascal, du midi la route départementale et le pont sur Issole, du couchant la rivière d’Issole, du levant Charlan et Pascal, portés sous les numéros 37 37, 37p-37p pour les bâtiments, section D du plan ; les terres labours prairies bien situées et faciles à arroser sous les numéros 36, 38, 39, 40, 44, 45, 46 du plan section D ; une de ces parcelles était autrefois un bois taillis sur la rive de la rivière d’Issole – aujourd’hui cette parcelle n’a plus que quelques saules et offre un pré aussi riant que les prairies voisines. Ce cinquième lot avec les prairies et terres labourables sises tout à l’entour du bâtiment de la fabrique, et en grande partie en vue de la façade principale de ces bâtiments, ne forment qu’un seul et même tènement ; il est d’une contenance environ de un hectare trente ares soixante centiares, d’un revenu cadastral de cinq cent treize francs ; il sera mis aux enchères sur la mise à prix de quinze mille francs » .
Le lot 5 est acquis pour la somme 17 000 francs par Maître Coste, avoué, agissant pour le compte de :
« 1° Édouard Dol propriétaire et maire domicilié à Angles,
2° Marius Galfard, marchand de chevaux domicilié à Saint André de Méouilles,
3° Jules Laugier, ancien fabricant de draps domicilié au dit Saint-André et
4° Jean-Baptiste Fortoul propriétaire domicilié à Méailles, agissant pour ce dernier en vertu d’une procuration en date du seize courant, enregistrée à Castellane… » .
Le 31 décembre 1862, Édouard Dol (Angles, 03/02/1821 ; La Mure, 09/02/1886) rachète l’ensemble des parts par acte sous seing privé .
B. LA DRAPERIE DOL
La problématique de l’eau permet de savoir qu’Édouard Dol rétablit les bâtiments dans leur usage premier en remettant une draperie en état de fonctionner.
Dès le 30 octobre 1872, Édouard Dol demande au préfet des Basses-Alpes de procéder au règlement des eaux du canal du Verdon afin que, en saison sèche, lui soient attribués les 80 litres d’eau par seconde nécessaires à la bonne marche de son usine. Cette première pétition est rejetée, « les trois actes invoqués par Édouard Dol pour appuyer sa demande n’engageant en rien le Syndicat du canal du Verdon [sic] » .
Une autre pétition en 1876 déclenche une série d’enquêtes qui permettent de préciser les outils mis en œuvre par Édouard Dol pour faire fonctionner les métiers de sa draperie. Un rapport du 28 décembre 1877 précise : « Canal de l’usine Dol Édouard. Le canal de cette usine n’a jamais fait l’objet d’aucun règlement administratif. Son existence ne remonte qu’à 1823 [sic] et il sert exclusivement à la mise en jeu de la fabrique de draps du pétitionnaire introducteur de la présente affaire. Près de l’usine il se dérive en deux branches et fait mouvoir deux roues à auges, ayant l’une 3m50 de diamètre et l’autre 3m80. La première met en jeu 5 machines et la seconde 11 machines dépensant ensemble une force de 12 chevaux vapeur environ… » .
Cette problématique de répartition des eaux de l’Issole entre l’agriculture et l’industrie se prolonge jusqu’en 1886.
Le décès d’Édouard Dol en 1886 ne signe pas l’arrêt de la draperie, celle-ci existe toujours en 1888 comme l’indique le récapitulatif de la situation industrielle pour l’année 1888 .
III. LA MINOTERIE DOL
A. LA FAMILLE DOL
Les origines de la famille Dol sont sans doute plus modestes que celles des Pascal. Habitant à Angles, Joseph Noé Dol, décédé avant le 24 août 1803 est mentionné dans les actes d’état civil comme « ménager », « cultivateur » ou « laboureur ». Son épouse, Marie Philip, donnera naissance à au moins 7 enfants entre 1787 et 1803, dont, le 7 Fructidor An XI [24 août 1803], à Joseph Domnin Dol (décédé à Angles le 08/08/1839). L’épouse de ce dernier, Adélaïde Muraire, donne naissance le 3 février 1821 à Édouard Olivier Dol qui fera l’acquisition de la Draperie Pascal en 1862. Si Joseph Domnin est cultivateur, son fils Édouard Olivier Dol (Angles, 03/02/1821 ; La Mure, 09/02/1886) apparaît comme propriétaire ; à partir de 1862, il est maire d’Angles. Après l’acquisition de la draperie Pascal, la famille Dol se fixe à La Mure. Des trois fils qu’il aura de son épouse Marie-Baptistine Hermelin, c’est le troisième, Achille Justin Dol (Angles, 10/04/1854 ; La Mure, avant 1922) qui reprend la draperie. Sans doute confronté aux difficultés rencontrées par l’ensemble du secteur à la fin du 19e siècle, il transforme la draperie en minoterie. Il sera également conseiller municipal de La Mure.
Désormais, l’histoire de la famille Dol est inséparable de celle de la Minoterie, notamment grâce à Firmin Édouard Dol (La Mure, 22/02/1882 ; 29/06/1968) puis Ernest Dol, fils de Firmin. Selon les sources orales, Firmin Dol aurait passé deux ans à Aix-en-Provence pour étudier la minoterie, puis aurait fait un stage à Lausanne. Son frère Joseph se serait plutôt occupé de la comptabilité.
Les archives familiales conservent différents cahiers et cours d’Ernest, qui permettent de retracer son parcours scolaire, du cours Masséna à Nice à l’École Vaucanson de Grenoble (1936-1938) et à l’École de Commerce et hôtelière de la Côte d’Azur à Nice (1938-1939).
B. LES GRANDES DATES DE LA MINOTERIE
La déclaration d’inscription au Registre du Commerce du Tribunal de Commerce de Castellane de la Minoterie des Alpes par Joseph Dol et son frère Firmin, en date du 17 décembre 1920, apprend que l’activité de minoterie existe depuis 1902, créée par leur père Achille. Cette création de la minoterie en 1902 est confirmée par le Dictionnaire des Basses-Alpes :
« DOL (Achille), né à Angles en mai 1854.
Minotier à La Mure.
Conseiller municipal.
Fondateur à La Mure, en 1902, d’une importante minoterie.
Malgré sa création récente cet établissement est aujourd’hui un des plus prospères de la région.
M. Dol a fondé là une maison d’avenir. Il est évident que la ligne de chemin de fer de Puget-Théniers à Nice qui est sur le point d’être achevée, lui fournira de grands débouchés. »
Les archives familiales apprennent que la Minoterie est répertoriée sous la raison sociale « J. Dol et fils – Minotiers – Saint-André-les-Alpes (Basses-Alpes) à la fin des années 1930 et jusqu’en 1943.
Le 31 janvier 1943 Joseph Émile Dol, Firmin Édouard Dol, Raymond Jean Achille Dol et Ernest Raymond Dol établissent les statuts de la Société « Minoterie Dol » devant Maître Honnorat, notaire à Saint-André. Cette Société à Responsabilité Limité au capital de 400 000 francs loue les bâtiments à messieurs Joseph et Firmin Dol. Ce bail, en date du 1er février 1943, donne une description des locaux et des machines : « Les installations, le matériel et le mobilier commercial dépendant du dit fond servant à son exploitation et comprenant : une turbine, quatre appareils à cylindre double marque Daverio dont trois appareils de 40 x 190 et un appareil de 60 x 190, une mélangeuse double à farine marque Daverio, un plansichter auto-balancier à 6 passages marque Daverio, une bluterie centrifuge avec déversoir (Daverio), une bluterie centrifuge avec déversoir (Lafont), une bluterie ronde dite de sûreté (Daverio), un aspirateur avec ses tuyaux d’aspiration, un collecteur à farine (aspiration), une brosse à son (Lafont), une broyeuse à blé (Martin), un nettoyage combiné, vis sans fin à farine, vis sans fin à blé, vis sans fin à son, 4 silos à blé avec deux distributeurs, chambres à farine, conduits en bois, ensacheurs, transmissions et poulies, courroies cuir et autres élévateurs, un dynamo pour l’électricité, 4 bascules et trois chariots. Il demeure convenu que le camion Berliet qui appartient à MM. Dol Joseph et Raymond ne fait pas partie du présent bail.
Tout ce matériel a d’ailleurs fait l’objet d’un inventaire avec estimation dressé par les parties.
Les locaux dans lesquels est exploité le dit fonds, les dits locaux formant l’aile droite d’un vaste bâtiment sis à La Mure quartier des Gounelles comprenant : au sous-sol salle de transmission, au rez-de-chaussée salle des machines à cylindre, magasin à blé et magasin à farine, au premier étage salle des machines et un magasin, au deuxième étage, salle des machines à bluter (blutage) » .
Le 1er septembre 1958, Ernest Dol reprend la minoterie, alors que son cousin Raymond crée une fabrique de pâtes.
1972 marque la fin de l’exploitation de la Minoterie et en 1979, les droits de mouture (contingent de 15 390 quintaux) sont transférés à la minoterie Bourrassin et Cie à Cézy (Yonne).
IV. LA MINOTERIE DOL COMME ACTEUR ÉCONOMIQUE
A. LA MINOTERIE DOL DANS SON CONTEXTE
Placer la minoterie Dol dans son contexte régional, voire national, nécessite le recours à différentes sources.
L’Enquête générale sur l'outillage industriel et la situation économique de la France , publiée en 1917 permet de situer la Minoterie Dol dans un contexte général départemental, mais aussi en comparaison avec des départements limitrophes, par exemple les Alpes-Maritimes, avec lequel la Minoterie aura un commerce important :
A la veille de la première guerre mondiale, les minoteries à cylindres sont très minoritaires dans les Basses-Alpes comme le montre le schéma ci-dessus : 15 minoteries à cylindres, dont la Minoterie Dol, contre 82 minoteries à meules et 83 petits moulins. Dans les Alpes-Maritimes, le nombre de minoterie à cylindre est négligeable.
La minoterie n’est pas une industrie à forte main-d’œuvre et les 280 personnes employées pour la minoterie et la beurrerie représentent peu de choses par rapport aux quelques 38 000 personnes travaillant la production agricole, sur une population globale de 107 231 personnes.
Les archives militaires renseignent également sur la capacité de production des moulins et minoteries à la fin de la première guerre. Un recensement des moulins, avec leur capacité de production quotidienne permet de situer la minoterie de la Mure en 13e position sur 52, en capacité de production avec une capacité quotidienne de 25 hectolitres (cf. schéma page suivante). Elle se situe alors très loin derrière d’importantes minoteries situées dans la vallée de la Durance (Manosque (2), Sisteron notamment).
En 1941, le nombre de moulins a beaucoup diminué ils sont au nombre de 19 selon un « état récapitulatif des entrées et sorties pour chaque moulin en ce qui concerne les blés-farines et issues durant le mois de janvier 1941 » . Ces données ne prennent sans doute pas en compte les plus petits moulins dont la production est peu significative et intéresse peu les autorités en cas de mise en place de plan de ravitaillement.
La Minoterie Dol (mentionnée sous Saint-André) se situe alors en cinquième position, Manosque, Sisteron et Digne tenant toujours une place essentielle en termes d’entrée de blé et de sortie de farine. Nous ne trouvons plus par la suite de tableaux récapitulatifs des productions de farine par minoterie.
Des plans de transport de ravitaillement en cas d’évènements graves , établis en 1943-1944, montrent également les minoteries en activité à cette période mais apportent peu d’éléments sur leur fonctionnement. Il a essentiellement pour but d’évaluer les réserves en grain et les possibilités de mouture en économisant au maximum les carburants.
Les statistiques de l’INSEE de 1958 indiquent la présence de 40 moulins à farine ou minoteries dans les Basses-Alpes (8 538 au niveau national), dont 21 n’ont aucun salariés (4 481 au niveau national), 14 entre 1 et 2 salariés (2 289 au niveau national) et seulement 5 entre trois et quatre salariés (626 au niveau national).
Dans les Basses-Alpes, aucune n’emploie 5 salariés ou plus (1122 au niveau national) : les minoteries du département ne jouent pas un rôle important au niveau national en terme de production.
En resserrant l’étude sur l’arrondissement de Castellane, pour lequel nous disposons de statistiques pour l’année 1924, la Minoterie Dol apparaît nettement en deuxième position après la minoterie de Marie Cozzi à Annot. Sur les 14 mentionnées, seules 6 ont une production supérieure à 10 quintaux/jour.
La diminution du nombre de moulins dans les Alpes-de-Haute-Provence correspond à leur diminution au niveau national. Le site de la Meunerie française indique que le nombre des moulins est passé de près de 40 000 en 1900 à 6 000 en 1950 et à 650 au début du 21e siècle . De très nombreux moulins à cylindres ont arrêté leur production au début des années 1970, période de fort regroupement de la production dans de grosses minoteries.
B. LA MINOTERIE DOL : SES CLIENTS ET FOURNISSEURS, SON ACTIVITÉ
En raison du caractère lacunaire des archives de la minoterie, ces aspects ne peuvent être étudiés que sur deux périodes : une, très lacunaire, correspondant aux années 1939 et 1940 et l’autre, plus complète, pour les années 1958 à 1972.
Les archives conservées remontant au début de la Seconde Guerre mondiale concernent les ventes de farine et permettent de connaître les différents clients de la minoterie. Seule l’année 1940 est complète.
Les archives de la période 1958, date de la reprise de la minoterie par Ernest Dol, à 1972, datent de l’arrêt de la production, sont très complètes tant au niveau des achats de grain que de vente de farine, en tous les cas pour la période 1963 – 1972, comme l’indique le graphique présenté page 3.
1. LA PRODUCTION DE LA MINOTERIE DOL DANS LES ANNÉES 1963-1972
Les registres de l’Union Meunière et les factures présentes dans les archives permettent de tracer globalement l’évolution des achats de grain (blé et seigle) et la production de farine durant cette période. D’une manière générale, les achats de blé et seigle passent de plus de 20 000 quintaux en 1963 à légèrement moins de 10 000 quintaux en 1971. L’activité du moulin n’est pas significative pour l’année 1972, la production ayant été arrêtée progressivement.
Outre la baisse générale de l’activité durant cette décennie, il est important de noter la chute de la production de farine de seigle (et donc d’achat de seigle) entre 1966 et 1967 correspondant à une modification des habitudes alimentaires.
2. LES PRINCIPAUX FOURNISSEURS DE LA MINOTERIE DOL EN 1963
Seule l’année 1963 a été étudiée de manière approfondie pour connaître les principaux fournisseurs en grains de la minoterie. Il a été procédé au choix de cette date car il s’agit de celle où l’activité est la plus importante pour la période documentée. Des sondages réalisés dans les années ultérieures montrent une permanence des différents fournisseurs même si quelques-uns apparaissent dans les années suivantes, mais de manière ponctuelle, comme les Établissements Gensac (Venerque, 31), les Établissement Soulès (Paris), Grainex (Marseille)….
Les factures des négociants indiquent rarement la provenance des blés, quelques-unes seulement mentionnent une provenance du Canada, confirmant ainsi les sources orales.
3. LES PRINCIPAUX CLIENTS DE LA MINOTERIE, 1940 ET 1963
Les archives de la minoterie permettent une intéressante comparaison entre les clients en 1940 (en tenant compte de la situation particulière de cette période) et les clients de 1963. Comme le montrent les graphiques présentés ci-dessous, en 1940, la production est essentiellement vendue dans les Alpes-de-Haute-Provence, les ventes dans les Alpes-Maritimes et le Var étant relativement négligeables. L’intendance militaire de Digne est alors un client très important.
En 1963, les ventes dans les Alpes-Maritimes sont plus importantes que dans les Alpes-de-Haute-Provence. Cette évolution résulte des achats importants de la SABOPA à Nice et les ventes directes aux boulangers de proximité ont fortement baissé, sans doute en raison de l’exode rural. Les comparaisons précises sont cependant difficiles, les données de 1940 étant en francs et non en quintaux.
Il est très net qu’en 1963, la minoterie est particulièrement dépendante de la SABOPA, négociant de farines basé à Nice. Si le moulin approvisionne toujours les boulangers des environs et la fabrique de pâtes de Raymond Dol, ces derniers n’absorbent que la moitié de la production de la minoterie Dol.
4. LE TRANSPORT DE LA FARINE
En 1902, lors de l’installation de la minoterie par Achille Dol, le Dictionnaire des Basses-Alpes présageait que la ligne de chemin de fer de Puget-Théniers à Nice sur le point d’être achevée allait fournir à la minoterie de grands débouchés.
Les archives de la minoterie (bordereaux d’expédition) confirment en effet l’importance du chemin de fer aussi bien pour l’approvisionnement en grains que pour l’expédition de farine pour la dernière période d’activité de la minoterie. Les grains en provenance du Loir-et-Cher sont acheminés par le train avec transit en gare de Digne. Sauf exception , les grains d’autres provenances sont livrés par camion. Les expéditions de farines se font également essentiellement par camion sauf celles à destination de Nice qui sont transportées par chemin de fer.
Les archives conservées par GECP montre que le chemin de fer était un moyen de transport très courant dans les années 1943 – 1946 : Digne, Barrême, Annot, Méailles, Puget-Théniers, Nice, Saint-Martin-du-Var sont des gares de provenance ou d’expédition de grain ou de farine, surtout pour la fourniture de grain. Les marchandises arrivent ou sont expédiées par la gare de Saint-André. Les photos présentées ci-dessous montrent des wagons transportant ou pouvant transporter de la farine. Ces photos font l’objet d’un légendage plus complet dans l’annexe 2, rédigée par José Banaudo qui a communiqué ces documents du GECP.
Il convient sans doute de nuancer ces informations en tenant compte de la période particulière de ces données où les restrictions d’essence modifiaient les conditions de circulation. Les archives conservées ne permettent effectivement d’analyser précisément la date à laquelle le transport par camion prend le relais du chemin de fer pour les livraisons « de proximité », sans doute dans le courant des années 1950.
Les archives des Chemins de Fer de Provence versées aux Archives départementales des Alpes-Maritimes ne permettent malheureusement pas d’apporter des éléments complémentaires, les données existantes étant très générales, notamment les relevés de chargement et de déchargements de marchandises dans les gares.
L’EAU : UNE PROBLÉMATIQUE IMPORTANTE
Dès 1645, les archives témoignent de l’importance de l’eau pour les habitants de La Mure . En 1826, la première demande de Pascal Pascal d’alimenter sa fabrique par une prise d’eau dans le Canal du Moulin est acceptée car son projet sera utile à l’industrie et mérite d’être encouragé mais sous certaines réserves, notamment celle de ne pas nuire aux autres riverains du canal. Quelques semaines plus tard après un échange de terrain qui lui permet d’établir son propre canal, dit Canal de la Fabrique, dont la prise d’eau se fait directement dans l’Issole, légèrement en aval du Canal du Moulin, sa deuxième demande est accueillie très favorablement : cette prise d’eau ne gênera en rien les bénéficiaires du Canal du Moulin. Il est bien précisé que l’eau prélevée par le dit canal sera rejetée dans la même rivière et ne portera préjudice à aucune propriété communale ni particulière .
Après l’acquisition de la fabrique Pascal par Édouard Dol, le débit du Canal de la Fabrique s’avère trop irrégulier et insuffisant, notamment l’été. Édouard Dol adresse une pétition au préfet le 31 octobre 1872 pour utiliser plus d’eau provenant du canal du Verdon. Sa demande est rejetée, Édouard Dol n’étant pas membre du syndicat gérant ce canal .
En 1876, Édouard Dol formule une nouvelle pétition tendant à faire réviser les règlements des dérivations situées sur l’Issole, en amont de son usine. Cette pétition va déclencher dix ans d’enquêtes publiques, de rapports et contre-rapports . Ces enquêtes s’appuient aussi bien sur la demande d’Édouard Dol que sur les requêtes des propriétaires des usines de Saint-André et des terres agricoles environnantes, aussi bien sur le territoire de Saint-André que la Mure. C’est sans doute à cette époque que le plan cadastral de la Mure, établi en 1838, est modifié : le « Canal de la Fabrique » devient le « Canal du Moulin ».
En 1927, le Syndicat du Canal de Saint-André souhaite installer une nouvelle prise d’eau sur l’Issole pour l’arrosage . Les frères Dol s’y opposent fortement estimant qu’en période de sècheresse, il ne peuvent utiliser qu’en partie la puissance de leur usine. Les rapports des services hydrauliques insistent sur le fait, que l’usine Dol n’a pas de concession légale d’eau. Les multiples rapports sont mal lus par les différents intervenants et la mention qui indique que la minoterie Dol ne serait gênée par cette prise d’eau qu’en période de sècheresse, soit trois ou quatre mois par an se transforme en l’affirmation que la minoterie Dol « ne fonctionne que trois ou quatre mois par ans et son fonctionnement est moine utile que le maintien des arrosages » (Lettre de la Direction générale des Eaux et Forêts du 29 mai 1928).
LE MOULIN DE LA MURE : CHRONOLOGIE
Délibérations du conseil municipal de la Mure sur les droits d’arrosage [AD04-E/DEP 136/001]
Transaction et accord entre noble Joseph de Borguignon seigneur de La Mure d’une part et les consuls […] & habitants dudit lieu de La Mure d’autre… partage des eaux du « costé du Verdon » [AD04-2E/19039]
Partage entre les particuliers et habitants de La Mure en 50 portions près de l’Issole [AD04-2E/19054]
- 1793, 22 décembre (11 nivôse An II)
État des moulins du district de Castellane : Moulin de La Mure, production de 15 quintaux de farine de qualité médiocre ; la production peut être gênée par la glace et les basses eaux. [Archives nationales-F20/290]
Affermage du moulin par la commune de La Mure à Étienne Gibert [AD04-2Q/21]
Affiche vente prochaine du moulin de La Mure, quartier des Isoles (n° XXXI, vente du 20 août 1813) par la Caisse d’Amortissement [AD04-2Q/6]
Procès-verbal de prise de possession par le receveur [AD04-2Q/21]
Procès-verbal de prise de possession d’un moulin appartenant à la commune de La Mure par la Caisse d’Amortissement [AD04-2Q/6 et 2Q/21]
Adjudication du moulin par la Caisse d’Amortissement à Jean Étienne Simon [AD04-2Q/23]
Registre indiquant que le moulin est vendu pour 1 100 francs [AD04-2Q/21]
Délibérations du conseil municipal : rappel des droits sur l’Issole et notamment le partage entre les habitants par actes de 1645 et 1767. Droit d’utilisation de la rivière : habitants : 3 jours par semaine, moulin : le reste de la semaine [AD04-E/DEP136/004]
Vente des 4/5e d’un moulin par les sieurs Simon frères, hoirs de Jean Étienne Simon à sieur Pascal Pascal (le dernier cinquième a déjà été vendu par l’une des sœurs à Pascal Pascal) - 2E2149 [AD04-2E/21493]
Cahier des charges de la vente des biens de feu Adrien Pascal : « le troisième lot se composera d’un moulin comprenant un bâtiment et tous les engins nécessaires pour moudre le blé, dénommé le moulin à farine de la commune de La Mure… » [AD04-3U5/96]
Adjudication du lot 3 au sieur Bondil pour la somme 3 500 francs. [AD04-3U5/96]
Acquisition du moulin par le Syndicat du canal, par suite de difficultés entre le syndicat et le meunier au sujet de l’entretien du canal. [AD04-S/840]
LA DRAPERIE PASCAL PUIS MINOTERIE DOL OU MINOTERIE DES ALPES : CHRONOLOGIE
Quatre parcelles sont acquises par le Sieur Pascal Pascal au quartier de la Tuilière à La Mure [AD04-3Q/2682]
Pétition du sieur Pascal Pascal au préfet « Pascal Pascal, négociant et propriétaire domicilié à La Mure, dans l’arrondissement de Castellane ; étant dans l’intention d’établir une filature en laine, sur le sol d’une métairie qu’il possède sur un terrain de la dite commune, quartier des Gounelles, vient très humblement supplier votre autorité d’avoir agréable de l’autoriser à cette construction […] ». [AD04-S/951]
Extrait de délibération du Conseil municipal de La Mure suite à une pétition du sieur Pascal Pascal, et utiliser l’eau du canal du moulin ce qui pourra occasionner des inconvénients pour le dit moulin et pour l’irrigation des terres.
Sur un papier accroché par une épingle : « La propriété du sieur Pascal contient environ 9 000 canne ancienne mesure au dit quartier des Gounelles où il établit sa filature de laine ou beaucoup d’ouvriers sont employés en ce moment pour faire les fondations de son emplacement, en tête de la dite propriété, dont les matériaux sont presque tous rendus sur place». [AD04-S/951]
Pétition de Pascal Pascal au préfet : Le soussigné Pascal Pascal négociant et propriétaire domicilié et demeurant en la commune de La Mure, canton de Saint-André, a l’honneur de vous exposer qu’étant décidé à construire une habitation pour servir à l’établissement d’une filature en laine dans sa propriété du quartier des Gounelles, terrain dudit a Mure, il avait eu recours à votre autorité non seulement pour avoir l’autorisation nécessaire à cet établissement mais encore pour pouvoir se procurer les eaux suffisantes par le moyen du canal qui alimente maintenant le moulin à farine dudit La Mure, autorisation qu’après les délais et préalables remplis, vous aviez daigné lui accorder.
Le soussigné avait demandé à se servir dudit canal par le motif qu’un propriétaire habitant de La Mure s’était refusé à lui céder le terrain pour établir un canal qui lui fut propre.
ce particulier s’étant enfin décidé à vendre au soussigné la quantité de terrain à l’établissement d’n canal qui lui appartiendra en propre et qui lui sera beaucoup plus avantageux que le canal du Moulin, sans d’ailleurs porter le moindre préjudice à personne, le pétitionnaire a l’honneur de recourir à nouveau à votre justice et à votre bonté, Monsieur le Préfet pour qu’il vous plaise l’autoriser à prendre à la Rivière d’Issole à une propriété qui lui appartient au quartier de la Tuilière le volume d’eau qui pourra lui être nécessaire à l’établissement de la dite filature, des fouleries et de toutes les usines qui pourront y être [ ?] et de conduire cette eau par un canal toujours établi dans ses propriétés ou dont le terrain lui a été cédé jusque à l’endroit où les dites usines seront construites pour de là être la même eau rejetée dans la dite rivière d’Issole, sans porter la moindre atteinte à aucune propriété ni communale ni particulière […] ». [AD04-S/951]
Échange entre le Pascal Pascal et Joseph André Béraud d’un terrain sis à la Mure quartier de Prélong contre un terrain pour l’établissement d’un canal. Acte passé devant Me Arnaud. [AD04-3Q/2682]
Extrait de délibération du Conseil municipal de La Mure pour « répondre à une pétition du sieur Pascal Pascal , négociant et propriétaire de cette commune, tendant à construire une filature de laine dans sa propriété qui possède au quartier des Gounelles, à la date du 19 mars 1826 […] Considérant que le sieur Pascal prend l’eau pour alimenter sa filature de laine ainsi que les engins qui pourront lui être propre pour son établissement, par un canal –dans son terrain propre, dans le rivière d’Issole et que la même eau est rejetée après avoir alimenté ses usines dans la dite rivière- ne portant aucun préjudice à aucune propriété communale ni particulière, cet établissement ne tendant qu’à l’industrie nationale qui est une des plus fortes ressources de habitants de toute la nation française […] approuve dans tout son contenu les demandes du pétitionnaire […] ». [AD04-S/951]
Avis positif du sous-préfet de Castellane pour l’établissement d’un canal sur les terres du sieur Pascal pour alimenter son usine. [AD04-S/951]
Vente par les hoirs de Jean-Baptiste Simon de La Mure à Pascal Pascal de La Mure d’un terrain d’alluvions qui se trouve le long de la rivière d’Issole au quartier de la Tuilière 2E20403 [AD04-2E/20403]
Vente d’un droit de passage par le sieur Audemar au sieur Pascal pour passage de l’eau pour la construction d’un foulon. (Il s’agit de foulons établis sur la commune de Saint-André) [AD04-2E/21432]
Mariage entre sieur Jean Étienne Adrien Pascal et Demoiselle Marie Victorine Jug[lart] : évaluation du mobilier, notamment description des machines pour confection des draps [AD04-2E/19082]
Société entre Pascal Pascal et Adrien Pascal, son fils [AD04-3U5/147 et 2E/19082]
Article du Journal des Basses-Alpes relatant l’incendie de la draperie Pascal dans la nuit du 17 au 18 août. [AD04-2Mi4/6]
Cahier des charges de la vente des biens de feu Adrien Pascal [AD04-3U5/96]
Adjudication du lot 5 Me Coste, avoué, pour la somme 17 000 francs. [AD04-3U5/96]
Procès-verbal d’adjudication du lot 5 Me Coste, avoué, pour la somme 17 000 francs, Me Coste agissant pour le compte de « 1° Édouard Dol propriétaire et maire domicilié à Angles, 2°Marius Galfard, marchand de chevaux domicilié à Saint André de Méouilles, 3° Jules Laugier, ancien fabricant de draps domicilié au dit Saint-André et 4° Jean-Baptiste Fortoul propriétaire domicilié à Méailles, agissant pour ce dernier en vertu d’une procuration en date du seize courant, enregistrée à Castellane… »
[AD04-3U5/96]
Par acte sous seing privé, Édouard Dol rachète les parts des autres acquéreurs. [AD04-3Q/5274]
Pétition du Sieur Dol au préfet des Basses-Alpes pour utiliser plus d’eau provenant du canal du Verdon pendant l’été : demande rejetée au titre que le Sieur Dol n’est pas membre du Syndicat du canal du Verdon. [AD04-S951]
Rapports concernant les projets de jaugeage pour la répartition des eaux entre l’agriculture et l’industrie des canaux dérivés de l’Issole sur les communes de Saint-André et de La Mure, dont le canal du Moulin et le canal de l’usine Dol (plans, dessins des prises d’eau et des profils des canaux…).
[Archives nationales-F10/2771 et AD04-S/840]
Pétition de M. Dol au préfet tendant à faire réviser les règlements des dérivations situées sur l’Issole en amont de son usine. [AD04-S/840]
Enquête publique à La Mure suite à la pétition de M. Dol ». [Archives nationales-F10/2771]
Enquête publique à Saint-André suite à la pétition de M. Dol ». [Archives nationales-F10/2771]
Rapport de l’ingénieur ordinaire : « Canal de l’usine Dol Édouard. Le canal de cette usine n’a jamais fait l’objet d’aucun règlement administratif. Son existence ne remonte qu’à 1823 et il sert exclusivement à la mise en jeu de la fabrique de draps du pétitionnaire introducteur de la présente affaire. Près de l’usine il se dérive en deux branches et fait mouvoir deux roues à auges, ayant l’une 3m50 de diamètre et l’autre 3m80. La première met en jeu 5 machines et la seconde 11 machines dépensant ensemble une force de 12 chevaux vapeur environ… » [Archives nationales-F10/2771]
Conseil général des Ponts et Chaussées, séance consacrée à la Rivière d’Issole et du partage de ses eaux entre l’agriculture et l’industrie à la suite des réclamations formulées par M. Dol usinier : « Le canal de M. Dol ne sert qu’à la mise en jeu de l’usine appartenant à ce propriétaire, usine de construction récente (elle remonte à 1823) ». [Archives nationales-F10/2771]
Pétition des habitants de La Mure contre le projet de partage des eaux : « Une enquête vient d’avoir lieu dans les communes de La Mure et de Saint-André à l’effet de faire un nouveau règlement des eaux de l’Issole qui alimente le Canal du Moulin de La Mure, canal qui sert en même temps à l’arrosage d’une partie du terroir de cette commune, e les canaux qui font fonctionner les usines de Saint-André.
La demande de ce règlement a été faite par le sieur Dol Édouard fabricant de draps à La Mure. M. Pascal Adrien qui a possédé la même usine avait assez d’eau pour faire fonctionner régulièrement ses machines mais M. Dol a ajouté une nouvelle roue de 3m80 de diamètre servant à mettre en jeu de lourdes machines à broyer les chiffons de drap…M. Dol ne pourrait-il pas ou n’aurait-il pas pu améliorer son matériel en appropriant ses bâtiments de manière à n’employer qu’une roue qui aurait mis en mouvement ses 17 machines. Du reste son usine est la dernière fondée parmi les usines de Saint-André et de La Mure... ». [Archives nationales-F10/2771]
Conseil général des Ponts et Chaussées, séance consacrée à la Rivière d’Issole et du partage de ses eaux entre l’agriculture et l’industrie à la suite des réclamations formulées par M. Dol usinier : l’ingénieur avait considéré que le canal « étant le plus récent devait être sacrifié et il ne lui a attribué que le volume d’eau de 280 l. qui reste disponible après que le service des canaux supérieurs est complètement assuré. ». [Archives nationales-F10/2771]
Lettre de M. Dol demandant un sursis pour son fils Joseph « qui travaille à la minoterie ». [AD04-2Z11]
Lettre de M. Dol à Monsieur Reynaud, chef du bureau permanent [ ?] à Digne demandant « l’autorisation de livrer pour le compte du canton de Puget-Théniers 100 balles de farine d’ici au 20 octobre.
Mr Boyer, maire de Puget-Théniers, me fait savoir qu’il a obtenu de Mr Adrian, chef du Ravitent à Marseille l’autorisation de recevoir pour le canton de Puget-Théniers 200qx de farine des Basses-Alpes.
N’ayant pas de stock je ne puis ce mois-ci ne lui livrer que 100 qx. Je vous prierais de bien vouloir m’autoriser la livraison de cette quantité. […] ». [AD04-3R63]
Déclaration d’inscription au Registre du Commerce de Castellane de la Minoterie des Alpes par Joseph et Firmin Dol, précisant que l’activité de la minoterie a commencée en 1902 [AD04-3U5/148]
Demande d’autorisation pour inhumer Marie-Victorine Fabre, épouse d’Achille Dol, au cimetière de Saint-André. [AD04-2Z11]
Rivière d’Issole, Commune de Saint-André, Syndicat du Canal de Saint-André, Résultat des enquêtes hydraulique et d’utilité publique, Rapport du subdivisionnaire : « [….] MM. Dol frères, minotiers, s’opposent à l’autorisation sollicitée, parce qu’en temps de sècheresse, la puissance de leur usine ne peut être utilisée qu’en partie.
L’usine Dol alimentée par les eaux de l’Issole ne doit pas avoir de concession légale d’eau ; c’est donc un cas particulier. Sans toutefois vouloir léser leurs droits acquis, il faut remarquer que la prise demandée pour l’arrosage n’aura à fonctionner que pendant 3 ou 4 mois de l’année. Il nous semble que, dans ces conditions, la question d’arrosage prime celle de la marche de l’usine qui peut utiliser les eaux pendant les deux-tiers de l’année ». [AD04-S/840]
Lettre du ministère de l’Agriculture (Direction des Eaux et Forêts) au préfet des Basses-Alpes à propos d’ un rapport du Service Hydraulique concernant l’association du Canal de Saint-André pour établir une nouvelle prise d’eau sur l’Issole : prise d’eau à laquelle s’opposent notamment MM. Dol frères, « parce que, en temps de sècheresse, ils ne disposent déjà pas actuellement du débit nécessaire au fonctionnement de leur usine ». Dans un rapport de septembre 1927, il est précisé : « Le Moulin Dol qui n’a pas de titre légal, ne fonctionne que trois ou quatre mois par an et son fonctionnement est moins utile que le maintien des arrosages ». [AD04-S/840]
Statuts de la société R.L. Dol dite « Minoterie Dol » et nomination des gérant. [Archives notariales, Saint-André-les-Alpes]
Bail de fonds de commerce et immeubles par M.M. Joseph et Firmin Dol à la Sté « Minoterie Dol ». [Archives notariales, Saint-André-les-Alpes]
Inscription d’Édouard Dol « Minoterie Dol » au registre du commerce, RC 57 B 60. [AD04-1008W/16]
Lettre d’Ernest Dol à l’Office national interprofessionnel des Céréales demandant l’autorisation de stockage de blé à titre utilisateur. [AD04-1008W/16]
Lettre de l’Office national interprofessionnel des Céréales donnant agrément en tant que Collecteur Agréé au titre : Utilisateur, sous le n° 04 105. M. Dol est autorisé à partir de ce jour à collecter en culture les céréales nécessaires à son industrie. [AD04-1008W/16]
Lettre sans date d’Ernest Dol à l’Office national interprofessionnel des Céréales indiquant qu’il a cessé toute activité commerciale dans la cadre de la minoterie depuis le 1er novembre 1972. Lettre reçue le 3 [ou 13] juin 1974. [AD04-1008W/16]
Lettre de l’Office national interprofessionnel des Céréales confirmant que le transfert des droits de mouture de la Minoterie de La Mure à la Minoterie Bourasson et Cie à Cézy (Yonne) est confirmée et prendra effet à dater du 1er mai 1979. [AD04-1008W/16]
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.