OBSERVATIONS GÉNÉRALES
Chaque hameau du Bas-Champsaur possédait un "four banal" qui, comme la chapelle, était propriété de la communauté des habitants du hameau. Chaque famille y cuisait son pain tous les dix à quinze jours à tour de rôle (cf. annexe : la cuisson du pain).
Situation
Les fours banaux sont souvent situés au centre du hameau à proximité de la chapelle et de la fontaine.
Matériaux
a . Le fournil
Murs : moellons de pierre. Pignon parfois bardé de planches ou ouvert.
Sol : terre battue.
Voûte : blocage de moellons.
b. Les fours à pain
Les fours à pain anciens étaient construits par les habitants. La bouche demi-circulaire était encadrée de blocs de molasse, la sole dallée de molasse, la voûte en coupole faite d'un blocage de moellons.
Pour les fours restaurés depuis le milieu du XIXe siècle on a la plupart du temps utilisé des matériaux de fabrication industrielle : briques réfractaires, voûte appareillée en pierre de taille. Sur la bouche de certains de ces fours on peut lire l'inscription : TERRASSIER -TAIN. DROME.
Le four banal des Asiers à Bénévent-et-Charbillac.
Structure
Les fours banaux du Bas-Champsaur sont de petits bâtiments constitués d'une pièce d'enfournage et du four proprement dit. Dans la plupart des cas (14 sur 20 repérés) la pièce qui commande le four est voûtée en berceau, dans un seul cas d'arêtes. Dans les fours reconstruits récemment cette pièce peut également être couverte d'un plafond à entrevous en berceau segmentaire (un cas sur 20) ou ne pas avoir de couvrement, ouvrant alors directement sur le comble.
Les fours à pain sont toujours couverts d'une coupole et peuvent être partiellement enterrés dans la pente (La Motte, Molines). Les fournils sont généralement de plan rectangulaire, mais peuvent s'arrondir à l'arrière autour du four à pain (Saint-Eusèbe, Le Villard).
La ventilation
Dans les fours anciens la ventilation n'était assurée que par des jours rectangulaires ou carrés percés dans le pignon opposé au four (Poligny, Villeneuve), par une fenêtre sans châssis, ou une porte d'entrée sans vantail. Certains fours comportent une cheminée placée dans le pignon opposé au four à pain. La plupart d'entre elles construites en tôle ou en brique paraissent postérieures au bâtiment. Dans deux cas on a introduit dans la voûte du four un tuyau en amiante-ciment.
Distribution intérieure
Au-dessous de la bouche du four se trouve le cendrier. L'appui débordant est parfois percé pour laisser tomber les braises et les cendres retirées du four.
Sur chacun des murs-gouttereaux sont fixées des étagères sur lesquelles on pose le pain avant de l'enfourner, puis, après la cuisson pour le faire refroidir.
La porte de la plupart des fours est couverte de graffiti anciens noms, initiales, comptes...
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle et surtout au début du XXe siècle, un certain nombre de fours banaux ont été abandonnés. Dans les petits hameaux les fours banaux étaient devenus trop grands et trop difficiles à chauffer, leur entretien trop coûteux, pour le petit nombre de familles qui restait. Les pratiques collectives tombant en désuétude, certaines familles se sont fait construire un four privé dans la cour de leur ferme. Ces petits bâtiments construits sur le modèle des fours banaux ne s'en distinguent que par des dimensions inférieures et l'absence de voûtement de la pièce d'enfournage. Ils étaient souvent utilisés par la famille propriétaire et les familles voisines. Plus rarement les habitants ont préféré acheter un four en fonte dit "four alsacien ". Qu'ils soient en fonte ou en maçonnerie les fours privés continuent à être des annexes indépendantes de la ferme. Nous n'avons recensé qu'un seul cas de four à pain construit à l 'intérieur d'une maison.
Certains fours banaux ont continué à être utilisés jusqu'à nos jours. L'enquête de 1979 sur les bâtiments communaux du Champsaur et du Valgaudemar a montré que sur les 99 fours repérés par les enquêteurs dans les communes du Champsaur et du Valgaudemar situées dans la zone périphérique du Parc National des Ecrins, 23 étaient encore utilisés régulièrement. Une soixantaine de familles continuaient à cuire leur pain. 16 autres fours ne servaient qu'occasionnellement (pour la fête patronale par exemple). Cette situation est un peu exceptionnelle. Dans le HautChampsaur les fours banaux sont tous à l'abandon.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.