Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme
  • Aires d'études
    Orcières
  • Adresse
    • Commune : Orcières

HISTORIQUE

1. Les sobriquets

A Orcières, dans la conversation courante, chaque maison est désignée par son sobriquet. Il s'agit en général d'un nom de personne précédé de "chez" : "chez Jean Bouchard", "chez Blachu", "chez Jean-Lays", etc. Différent du nom du propriétaire actuel, le sobriquet désigne sans doute un ancien propriétaire de la maison, peut-être la personne qui l'a faite construire. Certains semblent remonter au XVIIIe siècle comme celui de la maison dite chez Jean Bouchard à Montcheny (cf. IA00049750). A Orcières même, une maison est désignée par les sobriquets "le notari" ou "chez Marchand". Or on connaît une famille Marchand, notaires à Orcières au XVIIIe siècle.

Plus rares sont les sobriquets qui désignent la profession du propriétaire : "le notari", "le clouère" (celui qui fait les toits de chaume), ou une particularité de la maison : "le balcon", "les deux têtes", "le couvent". (Cf. IA00049781). La pratique des sobriquets est tout à fait vivante. Chaque habitant d'Orcières connaît les sobriquets de chaque maison de la commune (les habitants des Ratiers connaissent aussi bien ceux des maisons des hameaux de l'Adret que de l'Ubac), et les emploie toujours quand il veut désigner la maison. On retrouve la même coutume à Champoléon, Bénévent-et-Charbillac et d'autres communes du Champsaur.

2. Dates et inscriptions

On trouve de nombreuses dates sur les maisons d'Orcières, mais elles ne sont pas systématiquement gravées sur le linteau de la porte d'entrée, comme c'est le cas dans le Bas-Champsaur. Moins de la moitié de la cinquantaine de dates recensées sont inscrites (gravées ou peintes) sur le linteau de la porte du logis. On en trouve par contre sur les murs eux-mêmes (15 %), sur la poutre faîtière (12 %, mais beaucoup ont dû nous échapper), sur le linteau d'autres ouvertures (fenêtres, porte de grange ou d'écurie). Il faut d'autre part noter qu'un tiers de ces dates ne sont pas accompagnées des initiales du propriétaire.

Prapic, date 1738 remployée dans la maçonnerie du mur.Prapic, date 1738 remployée dans la maçonnerie du mur.

On trouve peu de dates anciennes : une seule du XVIIe siècle (1669 ) et 7 du XVIIIe siècle. La plupart sont gravées sur des pierres remployées : une exception, 1722, gravé sur un plafond à solives apparentes. La plupart des dates recensées sont du milieu du XIXe siècle entre 1830 et 1880. Ensuite elles s'espacent. Nous n'en avons relevé que 4 ou 5 pour le début du XXe siècle. La date la plus récente est 1923.

Une maison peut comporter plusieurs dates différentes.

3. Les agrandissements du XIXe siècle

Cf. IA00049804. Les transformations économiques du XIXe siècle (croissance démographique et importance de plus en plus grande prise par l'élevage aux dépens de la céréaliculture) se sont traduites davantage par la transformation et l'agrandissement de l'habitat existant que par la construction de nouveaux bâtiments. Il suffit de comparer le cadastre actuel et le cadastre napoléonien pour s'en convaincre.

Il était moins facile d'agrandir les maisons d'Orcières profondément enterrées dans la pente, dont beaucoup ont une façade étroite en mur pignon que les fermes en longueur du Bas-Champsaur. Les cas de figure les plus fréquents sont la surélévation de la grange et l'adjonction d'un appentis ou d'un corps de bâtiment perpendiculaire au bâtiment initial. (cf. IA00049770 à Serre-Eyraud). Les agrandissements sont généralement construits en maçonnerie, plus rarement en planches. Il est exceptionnel de rencontrer comme aux Chabauds (cf. IA00049736) la transformation d'une maison-bloc en logis et la construction de dépendances à proximité du bâtiment initial.

Les Veyers. Maison agrandie par un bâtiment d'exploitation en planches construit dans le prolongement du mur-pignon arrière.Les Veyers. Maison agrandie par un bâtiment d'exploitation en planches construit dans le prolongement du mur-pignon arrière.

L'évolution des constructions de style traditionnel depuis 1809 (agrandissements en plan au sol).

1

2

3

4

5

Archinard

10

2

4

4

3

Les Audiberts

31

5

11

15

4

Bousensayes

11

4

3

4

1

Les Chabauds

5

4

1

Les Estaris

33

3

18

12

4

Les Fourès

15

6

6

3

2

Les Marches

21

11

6

4

3

Montcheny

18

4

7

7

1

Prapic 1

36

6

20

10

6

Les Ratiers 2

9

2

3

4

1

Les Roussins

10

2

8

1

Serre-Eyraud

13

1

12

1

3

Les Tourengs

13

5

8

7

Les Usclas

9

5

3

1

1

Les Veyers

9 ?

5 ?

4 ?

16 ?

Légende : 1 : nombre de maisons existant sur le cadastre de 1809.

2 : Nombre de maisons existant sur le cadastre de 1809 et existant encore aujourd'hui mais en ayant subi des agrandissements.

3 : Nombre de maisons existant sur le cadastre de 1809 et existant encore aujourd'hui sans avoir subi d'agrandissement.

4 : Nombre de maisons inscrites sur le cadastre de 1809 disparues ou en ruines.

5 : Nombre de constructions de style traditionnel postérieures à 1809.

Si le XIXe siècle est une période d'essor démographique, ce n'est donc pas une période de construction intense. De 1842 à 1860 on a seulement construit 16 maisons, un moulin et une scierie. Mais un grand nombre de maisons ont été transformées. Dans la première moitié du XXe siècle, de nombreuses maisons ont perdu leurs occupants, surtout dans les hameaux excentriques. Mais les voisins dont les troupeaux étaient plus importants, utilisaient la plupart du temps les granges et les étables de ces maisons inhabitées.

Aujourd'hui un certain nombre de ces maisons "traditionnelles" inhabitées sont en ruines. Quelques-unes sont devenues des résidences secondaires (qui appartiennent la plupart du temps à des familles originaires de la région, émigrées à Grenoble ou en Provence), que l'on retape en style rustique.

Les maisons encore habitées par des exploitants agricoles ont subi peu de transformations, si ce n'est au niveau des ouvertures. Si toutes ont l'électricité et l'eau courante, rares sont celles qui disposent de cabinets d'aisance intérieurs (23 % en 1968), d'une baignoire ou d'une douche (20 %), du chauffage central (aucune ?) 3. Les écuries et les granges n'ont pas davantage été transformées.

A Orcières se juxtaposent deux mondes : le monde très moderne de la station de ski et le monde encore archaïque des agriculteurs qui fauchent à la faux, transportent le foin sur des traîneaux et vivent dans des maisons conçues pour un autre mode de vie.

DESCRIPTION

A. Les matériaux

Du point de vue des matériaux, les maisons d'Orcières se distinguent de celles du reste du canton par la variété des clôtures de grange. Pour assurer une bonne ventilation du foin souvent rentré humide et éviter les risques d'incendie dus à la fermentation, les pignons et parfois une partie des murs-gouttereaux correspondant au niveau de grange ne sont pas construits en maçonnerie mais fermés par des cloisons légères laissant passer l'air.

Comme dans l'ensemble du canton la solution la plus fréquente est le bardage de planches de mélèze - 65, 5 % des maisons repérées en comportent un en clôture de l'ensemble ou d'une partie de la grange - mais on trouve également d'autres solutions. 23 % des maisons repérées ont une clôture de grange en branchages : branchages disposés verticalement, empilés en fagots, ou entrelacés à la manière d'un panier entre des montants verticaux. Enfin un certain nombre de pignons sont construits en pan-de-bois.

Lorsque les pignons sont construits en maçonnerie ils sont percés d'oculi ou de fenêtres qui permettent la ventilation de la grange.

Archinard. Parcelle 409. Pignon arrière en planches et pan-de-bois.Archinard. Parcelle 409. Pignon arrière en planches et pan-de-bois.

La plupart des pignons allient plusieurs solutions. Enfin il faut noter que les pignons bardés présentent souvent plusieurs niveaux, le bardage pouvant être soit au nu du mur, soit à l'aplomb du toit. Ils sont la plupart du temps percés d'un pigeonnier. D'autre part les oculus circulaires des pignons maçonnés, sont souvent masqués par un panier hors d'usage, afin que la neige ne puisse pénétrer dans la grange.

Les Fourès, parcelle 707. Pignon sud-est. La grange est ventilée par trois oculi.Les Fourès, parcelle 707. Pignon sud-est. La grange est ventilée par trois oculi.

1. Les cloisons intérieures

Les cloisons intérieures, et dans de rares occasions les murs extérieurs, sont construits en pan-de-bois, selon une technique que l'on appelle dans la région le "galandrage" (pour la description de cette technique, cf. IA00049757 à Pont-Peyron).

2. Les couvrements

La cuisine, qu'elle soit au rez-de-chaussée ou au premier étage, n'est jamais voûtée. Les caves à légumes ou à fromage le sont rarement. (Cf. IA00049770 à Serre-Eyraud et IA00049740 aux Estaris). Nous n'avons repéré que deux écuries voûtées d'arêtes, toutes deux à Prapic. Les écuries sont couvertes d'un plafond en planches de mélèze sur poutres et solives apparentes. Les poutres du couvrement sont supportées par des poteaux en bois, les couronnes surmontées d'un chapiteau également en bois, le sommier.

Prapic. Etable plafonnée avec sommiers et couronnes.Prapic. Etable plafonnée avec sommiers et couronnes.

3. Les matériaux de couverture

A la fin du XVIIIe siècle, les maisons d'Orcières étaient toutes couvertes de "paille" (chaume de seigle) 4. Elles ont gardé la charpente légère des chaumières, mais d'autres matériaux ont remplacé le chaume.

En 1789, l'église est "bien couverte de bonnes ardoises" (3) mais il semble que ce matériau se soit répandu pour les maisons dans le courant du XIXe siècle, avec l'intensification de l'exploitation de la carrière de Pont-du-Fossé. Il existait cependant des ardoisières à Orcières, près du lac des Estaris (Saut du Leïre) : "On trouve aussi (des ardoises), mais à une grande élévation, dans la montagne, qui malheureusement ne peuvent être exploitées que vers la fin de l'été ( ... ) Néanmoins les habitants sont en possession d'en extraire tous les ans une certaine quantité qu'ils vendent aux marchés de Saint-Bonnet ou dans les communes voisines" 5.

Les ardoises que l'on peut voir sur les maisons d'Orcières ne diffèrent pas des "ardoises de Corbières", extraites près de Pont-du-Fossé, si ce n'est peut-être par la taille (elles seraient plus petites ). Enfin, il est exceptionnel de rencontrer à Orcières des "ardoises de Savoie". On n'en voit que sur les maisons construites au début du siècle au chef-lieu.

Malgré cette relative diffusion, l'ardoise reste un matériau cher. Des cartes postales anciennes montrent que dans les années trente, la plupart des maisons étaient encore couvertes en chaume, que la tôle a peu à peu remplacé sur l'incitation des compagnies d'assurance.

En 1958 6, il restait six toits de chaume. En 1979, il n'en existe plus que deux en très mauvais état aux Plautus et aux Fourès.

Quelques maisons d'Orcières sont couvertes de planches, mais bien que ce matériau paraisse "traditionnel", à tel point que Raulin 7 a choisi comme exemple de la maison de la vallée d'Orcières une des rares habitations couvertes ainsi, il se pourrait qu'il soit assez récent.

On sait en effet qu'au XVIIIe siècle le déboisement était presque total, et que les forêts actuelles datent du reboisement par l'O.N.F. à la fin du XIXe siècle. Les toits de planches pourraient dater de cette époque. En effet si l'on trouve en particulier à l'Ubac quelques toitures entièrement recouvertes de planches de mélèze, on les rencontre surtout sur les appentis ou dépendances construites dans la deuxième moitié du XIXe siècle. (Cf. IA00049770 à Serre-Eyraud et IA00049729 aux Audiberts ).

Prapic. Toit d'ardoises de Corbières. Les pitons qui dépassent du faîtage permettent au couvreur de s'attacher solidement pour réparer le toit.Prapic. Toit d'ardoises de Corbières. Les pitons qui dépassent du faîtage permettent au couvreur de s'attacher solidement pour réparer le toit.

Enfin il faut noter que ces toitures ne font pas l'objet d'une technique ou d'un vocabulaire particulier. Les habitants parlent de "toit en planches" ; celles-ci ne présentent pas de forme spéciale, ni de rainure pour l'écoulement de l'eau comme les bardeaux du Briançonnais ou du Queyras.

En 1979, les deux tiers des toits sont couverts de tôle et les derniers matériaux traditionnels sont appelés à disparaitre. Rares sont les toits qui ne sont pas déjà en partie réparés avec de la tôle ou d'autres matériaux modernes.

Tableau : Évolution des matériaux de toitures dans les 25 dernières années.

1955 (a)

1979 (b)

1979 (c)

Chaume

2%

0, 5%

2%

Ardoises

47%

18%

30%

Planches de mélèze

24%

12%

25%

Tôle

26%

67%

25%

Fibro-ciment

1%

3%

77%

Légende : (a) : Selon Paul Castela. Au Pays du Drac Noir, 1958.

(b) : Évaluation globale.

(c) : Chiffre concernant les maisons repérées choisies parmi les maisons les moins transformées. Ces chiffres attestent la présence d'un matériau, même sur une petite partie du toit.

En ce qui concerne les toitures, il faut enfin préciser que les toits d'Orcières présentent souvent une forme convexe au-dessus du pignon de plain-pied, soit pour former auvent au-dessus de la porte de la grange, soit en raison de l'enterrement de la maison dans la pente.

Les gouttières traditionnelles étaient en bois.

B. Élévation

Compte-tenu de la forte pente du terroir de la commune, les maisons sont profondément enterrées dans la pente et comportent un ou deux niveaux de soubassement. 66 % des maisons repérées ont une façade principale en mur-pignon. Un tiers des maisons repérées ont une façade totalement ou partiellement ordonnancée. Il s'agit généralement de bâtiments construits ou transformés dans la deuxième moitié du XIXe siècle (cf. fermes étudiées à Prapic).

La presque totalité des baies comporte simplement un linteau en bois. L'emploi de la pierre de taille pour les chambranles si répandu dans le reste du Champsaur est exceptionnel à Orcières.

Le décor

Les maisons d'Orcières ne comportent pas à proprement parler de décor (si ce n'est sur la menuiserie de la porte d'entrée). Les génoises peintes et soulignées d'une frise sont le fait de maisons récentes, inspirées de celles du Bas-Champsaur.

Par contre il faut noter une particularité que l'on retrouve dans le Bas-Champsaur : sur 4 maisons (2 à Montcheny, une aux Usclas, une à Orcières), on trouve des masques de pierre appelés pétètes représentant un visage qui serait celui du premier propriétaire.

C. Distribution et circulation intérieure

78 % des maisons repérées ont une cuisine au rez-de-chaussée ; 21 % ont leur cuisine à l'étage, l'étable occupant alors l'ensemble du rez-de-chaussée. Les maisons permanentes construites sur ce modèle se rencontrent dans les hameaux de l'adret (les Estaris, les Plantus, les Tourengs et les Veyers). L'ensemble des chalets d'estive repérés (le Forest des Marches) ont également leur cuisine à l'étage.

Lorsque la cuisine est au rez-de-chaussée, elle comporte toujours une entrée distincte de celle de l'étable, même s'il existe une communication intérieure. A l'arrière de la cuisine se trouve généralement une resserre à provisions plafonnée dite cellier.

L'étage est occupé par une chambre, située au-dessus de la cuisine, puis par un vaste espace non plafonné ouvert sur la grange, le rasaou, enfin par la miane. Cette dernière pièce est très particulière aux maisons d'Orcières. Elle a une double fonction : de l'été à la fin de l'hiver, au moment où la réserve de foin est à son maximum et le troupeau réduit après les foires d'automne, la miane sert de grange. Au printemps quand une partie de la provision de fourrage est épuisée, la grange sert de bergerie, car le troupeau craint moins le froid et s'accroît rapidement avec la naissance des agneaux. On accède à la miane par l'extérieur, soit de plain-pied, soit par un escalier de quelques marches.

1) La circulation cuisine-chambre

Presque toutes les maisons d'Orcières ont un escalier intérieur qui permet de se rendre de la cuisine au rez-de-chaussée, à la chambre, à l'étage.

L'escalier extérieur est exceptionnel (trois cas rencontrés aux Estaris, un à Prapic, un à Pont-Peyron, un aux Audiberts). Dans la seule maison de ce type visitée, aux Audiberts, on avait d'ailleurs prévu dans le plafond de la cuisine une trappe, qui permettait éventuellement de passer dans la chambre sans sortir dehors.

Les Audiberts. Ferme 552. Plans du rez-de-chaussée et du premier étage.Les Audiberts. Ferme 552. Plans du rez-de-chaussée et du premier étage.

Dans certains cas l'escalier intérieur sépare la cuisine et l'étable comme dans les maisons du Bas-Champsaur. Il s'agit le plus souvent de maisons reconstruites ou transformées au XIXe siècle (par exemple à Prapic, aux Ratiers, aux Audiberts).

Les Ratiers. Ferme 40. Plan du rez-de-chaussée.Les Ratiers. Ferme 40. Plan du rez-de-chaussée. Les Ratiers. Ferme 128. Plan du rez-de-chaussée.Les Ratiers. Ferme 128. Plan du rez-de-chaussée.

Montcheny. Ferme 818. Plan du rez-de-chaussée.Montcheny. Ferme 818. Plan du rez-de-chaussée. Serre-Eyraud. Ferme 338. Plan du rez-de-chaussée.Serre-Eyraud. Ferme 338. Plan du rez-de-chaussée.

2) La circulation cuisine~écurie

Dans de très nombreux cas, il existait une porte de communication entre la cuisine et l'"écurie". Bien qu'on ne coexistât pas réellement avec les animaux, c'est à l'"écurie" qu'on faisait la veillée, l'hiver, pour profiter de la chaleur du troupeau. Mais ces portes ont presque toutes été bouchées à une date ancienne, et il semble que dans les maisons plus récentes, avec escalier intérieur isolant la cuisine de l'"écurie", la porte de communication n'ait souvent pas été prévue (cf. par exemple aux Ratiers).

Lorsque la communication cuisine-écurie subsiste, on cherche à isoler la cuisine des vapeurs de l'écurie par une double porte, ou par un système de sas, fermé par une cloison en planches.

Prapic. Sas entre cuisine et écurie.Prapic. Sas entre cuisine et écurie.

Il est exceptionnel de rencontrer, comme aux Ratiers, une communication directe cuisine-étable.

3) La circulation grange-écurie

L'un des principaux déplacements, l'hiver, consiste à transporter deux fois par jour le foin de la "miane" ou de la grange à l'écurie pour nourrir le bétail. Rares sont les cas où l'on a prévu une trappe ou un escalier intérieur. On transporte le foin à dos d'homme, dans une hotte en osier, le "carnou", ou dans une grande corbeille que l'on porte à deux mains. Il n'est cependant pas toujours nécessaire, pendant la mauvaise saison, de contourner entièrement la maison pour se rendre dans la grange dont l'entrée est située dans le pignon opposé à la façade. On utilise le foin engrangé dans la "miane", qui communique d'ailleurs souvent avec le "rasaou". L'escalier extérieur qui mène à la "mjane" est habituellement situé sur le même mur que l'entrée de l'"écurie", et aboutit à la porte de celle-ci. Cet escalier est abrité par un auvent, par le "dsavelier"où l'on fait sécher des fagots, ou par l'avancée du toit. Il n'est donc pas nécessaire de déblayer la neige.

Si la circulation intérieure entre la cuisine et la chambre du premier étage est assurée dans la plupart des cas, il n'en est donc pas de même entre le logis et l'"écurie", et surtout entre ces deux dernières pièces. Nous n'avons rencontré que dans quelques cas une communication intérieure entre toutes les pièces de la maison : aux Ratiers (maison 40) et à Prapic (maison 262).

Prapic. Ferme 262. Plan du rez-de-chaussée.Prapic. Ferme 262. Plan du rez-de-chaussée.

Les deux systèmes de sas vus à Prapic font penser à la "toune" du Bas-Champsaur. Mais nous avons rencontré deux autres cas où la ressemblance est encore plus frappante :

Les Marches. Ferme 1785. (a) Escalier intérieur vers la grange?.Les Marches. Ferme 1785. (a) Escalier intérieur vers la grange?.

Tous ces exemples de circulation intérieure totale sont des cas exceptionnels souvent "bricolés" après la construction de la maison (sauf peut-être pour la maison 262 à Prapic, qui est aussi le seul cas d'écurie voûtée que nous ayons rencontré). L'ensemble des maisons se caractérise par une circulation extérieure grange-écurie. Cependant le passage par l'escalier de la "miane" est un progrès par rapport aux maisons de l'Embrunais puisqu'il évite de contourner la maison et d'avoir à ouvrir un couloir dans la neige.

1Les maisons qui ont brûlé au XIXe siècle ont été reconstruites sur les fondations des maisons précédentes. Il est donc difficile de savoir si un édifice n'a pas été complètement ou en partie reconstruit, car les incendies étaient fréquents.2Les maisons qui ont brûlé au XIXe siècle ont été reconstruites sur les fondations des maisons précédentes. Il est donc difficile de savoir si un édifice n'a pas été complètement ou en partie reconstruit, car les incendies étaient fréquents.3Castela, Paul. Au Pays du Drac Noir, 1958.4Selon la réponse de la communauté d'Orcières aux Etats du Dauphiné, avril 1789, publiée par l'abbé Guillaume dans le Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 1888 et 1912.5Ibid.6Castela, Paul. Au Pays du Drac Noir, 1958.7Raulin, H. L'architecture rurale française : le Dauphiné. Paris : Berger-Levrault, 1976. P. 216-217..

Chronogrammes remployés : 1669, 1722, 1728, 1733 ; chronogrammes en place : 1738, 1747, 1762, 1788, 1806, 1821, 1826, 1829, 1830, 1835, 1837, 1842, 1843, 1844 (2 fois) , 1846, 1852, 1853, 1855, 1860, (2 fois) , 1861 (3 fois) , 1866, 1868, 1869, 1872, 1887, 1903 (2 fois) , 1905 (4 fois) , 1906

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
  • Typologies
    maison bloc type IA1, IA2, IBIC : entrée distincte pour les hommes et les animaux ; place de la cuisine variable
  • Toits
    chaume, ardoise, bois en couverture, métal en couverture
  • Murs
    • granite
    • calcaire
    • schiste
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • étudié 41
    • repéré 100
Date d'enquête 1979 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général