Dossier d’œuvre architecture IA06004155 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine balnéaire
Serre chaude
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Menton - Menton
  • Commune Menton
  • Lieu-dit Val de Gorbio
  • Adresse 74 route de Gorbio
  • Cadastre 2016 BP 113
  • Dénominations
    serre
  • Précision dénomination
    serre chaude
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    bassin, portail, escalier indépendant

La serre chaude est une serre exposée au Sud-Est. A l'origine, elle était probablement destinée à acclimater et à présenter des plantes exotiques fragiles, nouvellement introduites. Sa forme et son décor l'apparentent aux orangeries des 17e et 18e siècles. Elle constitue, avec le parterre d'eau qui la prolonge au Sud-Est, l'un des aménagements emblématiques de Serre de la Madone. Elle est aujourd'hui utilisée pour présenter des plantes d'ornement d'origine tropicale et elle accueille de temps à autre différentes expositions temporaires.

I. DESCRIPTION

I.1 Localisation

Cette serre a été construite à mi-pente, en contrebas de la maison principale, sur la plus grande terrasse de la propriété. Elle est située au coeur du jardin d'acclimatation, à l'extrémité Nord-Ouest du jardin d'eau. Elle est longée au Nord-Ouest par l'ancien chemin muletier, qui la sépare des aménagements de la cour d'honneur, située sensiblement au même niveau.

I.2 Gros-oeuvre et ordonnancement

La serre chaude est un édifice en maçonnerie. Elle a été construite en rez-de-chaussée (c'est-à-dire sur un seul niveau). Les murs, probablement été érigés en moellons de calcaire, sont totalement recouverts d'un enduit jaune qui masque entièrement le gros-oeuvre. La serre a été réalisée selon un plan qui adopte la forme d'un rectangle allongé. Elle a été accolé à un ancien cabanon de plan trapézoïdal, qui constitue désormais une annexe en retour, du côté du chemin muletier. Cette annexe a été prolongée par un portail d'apparat construit directement sur le chemin. La serre chaude est couverte d'un toit à longs pans en verre. L'annexe qui la complète est couverte d'un toit à deux pans en tuiles creuses.

La façade principale est ordonnancée. Elle ouvre de plain pied sur le parterre d'eau au Sud-Est. Elle est harmonieusement proportionnée mais n'est cependant pas parfaitement symétrique. En effet, il a fallu adapter au mieux l'édifice à la topographie préexistante, marquée par des terrasses agricoles de superficies variées, traversées par le chemin muletier bordé du cabanon. Le trumeau droit de la façade principale est ainsi en partie intégré à la structure de deux petites terrasses de culture. Il est légèrement plus large que celui de gauche, qui est entièrement dégagé et a été érigé dans la prolongement du cabanon ancien. Dans le but de rétablir l'équilibre, les cinq grandes baies de la façade principale ont été régulièrement distribuées. Ces baies rectangulaires verticales sont apparemment identiques. Le système de fermeture de la baie médiane, équipée de deux vantaux vitrés en bois peint en vert, permet cependant de déceler qu'il s'agit en fait d'une porte-fenêtre. Les autres baies sont fermées par un système composé de trois châssis vitrés en bois, également peint en vert. Ces châssis de forme rectangulaire horizontale sont superposés. Cette étonnante disposition est probablement destinée à faciliter la modulation de l'aération en fonction des conditions climatiques, chaque châssis pouvant être déposé indépendamment (ils sont simplement maintenus par de longues baguettes amovibles, glissées dans des crochets fixés à la maçonnerie). Les baies sont surmontées d'une corniche formée de trois rangs de tuiles creuses. Au-dessus de la corniche, un petit attique à la modénature raffinée, réalisée directement dans l'enduit, masque la toiture en verre.

La corniche et l'attique se poursuivent sur tout le pourtour du corps de bâtiment principal. Sur les murs pignons, l'attique se profile derrière un fronton triangulaire souligné de trois rangs de tuiles creuses, disposées de la même manière que celles de la corniche. Ce fronton occupe toute la largeur des élévations latérales et son sommet cache la pointe des pignons. Une porte-fenêtre est percée au centre de chacun des murs pignons. Ces portes-fenêtres rectangulaires, bien qu'un peu plus étroites que celle de la façade principale, sont équipées du même système de fermeture à deux vantaux vitrés. Depuis l'extérieur, on accède à chacune de ces deux portes par un petit escalier droit en maçonnerie. Ces différents éléments composent des élévations latérales ordonnancées et parfaitement symétriques.

Contrairement aux autres élévations, l'élévation arrière, longée par le vieux chemin muletier, n'est pas ordonnancée. Elle est percée d'une porte à partie supérieure en plein cintre, munie d'un lourd vantail en bois. Cette porte, accessible depuis la serre par un petit escalier intérieur en pierre (la serre est très légèrement en contrebas du chemin muletier), a été percée dans l'axe de la cour d'honneur. Elle ouvre sur le portail secondaire de cette cour (elle est ainsi désaxée par rapport à la porte-fenêtre qui donne sur le parterre d'eau). Au-dessus de la porte, l'attique est couronné par un petit fronton en plein-cintre, dont le tracé reprend celui de la porte. Une petite niche à partie supérieure en cul-de-four a été aménagée sous ce fronton. Des fenêtres carrées, probablement destinées à faciliter l'aération de la serre, ont été aménagées de chaque côté de la porte : deux fenêtres superposées d'un côté et une seule fenêtre de l'autre. Chacune de ces fenêtres est fermée par un grand contrevent en bois. Cette élévation est complétée par la petite annexe en retour (ancien cabanon).

Cette annexe comporte peu d'ouvertures. Du côté du chemin muletier, elle présente une porte au vantail en bois. Au Sud-Ouest, le mur gouttereau, sur lequel le mur pignon de la serre chaude a été aligné, est percé d'une petite fenêtre carrée fermée par un contrevent en bois.

Un portail d'apparat a été érigé directement sur le chemin muletier entre cette annexe et l'un des obélisques du portail secondaire de la cour d'honneur. Ce portail d'apparat est percé d'une porte à partie supérieure en plein cintre, fermée par un lourd vantail en bois peint en vert. Il comporte une modénature sobre, réalisée directement dans l'enduit, tout comme le fronton curviligne à volutes qui le couronne.

I.3 Décor

Un décor de treillages en bois peint en vert, destiné en partie à recevoir des plantes volubiles, était initialement plaqué sur l'ensemble des murs extérieurs et de l'attique. Il a en partie été rétabli, entre autres sur le trumeau gauche de la façade principale et sur l'élévation latérale Sud-Ouest contigüe, où les treillages sont accompagnés de rosiers de Banks (il s'agit ici de l'un des cultivars à fleurs jaunes de ce rosier liane originaire de Chine : rosa banksiae lutescens).

Sur la façade principale, l'attique est couronné par six vases décoratifs en pierre sculptée, réalisés dans le style du 18e siècle. Trois pots à feu, aux panses godronnées à décor de draperies, alternent avec trois vases fleuris, aux panses à godrons décorées de guirlandes fleuries. Ces vases marquent les angles de l'attique et ponctuent les trumeaux séparant les grandes baies de la façade. L'attique est par ailleurs orné d'un bas-relief en marbre blanc. Ce bas-relief rectangulaire, apparemment ancien (18e siècle ?), a été scellé au-dessus de la porte-fenêtre. Il est orné de motifs à volutes végétales et de cornes d'abondance.

Le couronnement du portail d'apparat présente un abondant décor. Une coquille Saint-Jacques a été sculptée directement dans l'enduit, au centre du fronton curviligne à volutes. Ce fronton est surmonté d'un pot à plantes en terre cuite (fabrication italienne, 20e siècle ?), qui adopte la forme d'une corbeille en vannerie. Deux statues anciennes en pierre (18e siècle ?) ont été disposées de part et d'autre de cette corbeille. Elles figurent des Enfants ou des Putti, en position allongée. Après avoir été un temps déposées, ces sculptures ont finalement été remises en place. Elles sont semblables, les ailes en moins, aux Anges ou Putti ailés qui ornaient l'intérieur de la serre froide (Référence du dossier : IA06004156). Initialement, il semblerait que deux sphères en pierre reposant sur des piédouches décoraient les extrémités du couronnement. L'une des ces sphères était toujours présente au milieu des années 1990, comme en témoignent des photographies prises à cette époque. Il n'en reste plus aucune trace aujourd'hui.

I.4 Aménagement intérieur

L'intérieur du corps de bâtiment principal forme un petit vaisseau rectangulaire. Il est couvert par une charpente métallique apparente qui soutient le toit en verre. Le sol est dallé de carreaux en terre cuite. Des plates-bandes intérieures ont été aménagées au pied des baies et le long des murs. L'une des plates-bandes est occupée par un petit bassin de forme rectangulaire. Il a été creusé à même le sol, au pied d'une des baies donnant au Sud-Est. Un décor de treillages est plaqué sur l'ensemble des murs, qui comportent le même enduit que celui présent à l'extérieur. Ces treillages sont en bois peint en vert, tout comme les huisseries de l'ensemble des baies et les treillages extérieurs, qui sont tout à fait similaires. L'un des angles de la serre est occupé par un réservoir cubique en métal, suspendu à côté d'une porte par un système de fixation murale. Cette porte, percée dans le mur Nord-Ouest, permet d'accéder à la petite annexe (intérieur non visité).

Serre chaude construite vers 1930 lors de l'aménagement du jardin d'acclimatation par le major Lawrence Johnston.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Johnston Lawrence
      Johnston Lawrence

      Lawrence Johnston est un Américain né en 1871 à Paris où il passe son enfance. Il quitte la France à 23 ans pour faire des études à Cambridge en Angleterre et devient sujet britannique en 1900. Passionné par l'horticulture, sa mère lui offre en 1907 une ferme dans les Cotswolds qui deviendra le jardin d'Hidcote Manor. Il s'engage dans l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale où il finira avec le grade de major. Après le guerre, il décide de créer un jardin à Menton pour y acclimater les plantes qu'il ramenait de ses voyages en Asie ou en Afrique du sud. Ce sera le jardin de Serre de la Madone.

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      paysagiste attribution par source

Serre à élévation ordonnancée sans travée, construite en rez-de-chaussée et couverte d'une verrière. La toiture en verre forme un toit à deux longs pans, à la charpente métallique apparente et aux pignons couverts. Le gros-oeuvre a probablement été érigé en moellons de calcaire (la maçonnerie est entièrement recouverte d'un enduit jaune). Deux escaliers droits isolés, construits en maçonnerie, permettent d'accéder aux élévations latérales.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    verre en couverture
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée sans travées
  • Couvertures
    • verrière toit à longs pans pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier isolé : escalier droit en maçonnerie
  • Techniques
    • sculpture
    • céramique
  • Précision représentations

    Décor sculpté de la façade principale : bas-relief en marbre blanc à motifs de rinceaux, scellé dans la maçonnerie au-dessus de la porte centrale et ensemble de six vases décoratifs en pierre, posés sur le couronnement de la façade. Décor du couronnement du portail arrière : un pot à plante en terre cuite, imitant une corbeille en vannerie, encadré par deux statues en pierre représentant des enfants allongés ou des putti (ce décor a peut-être comporté des sphères en pierre, aujourd'hui disparues).

  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1990/12/12
  • Référence MH

Documents d'archives

  • BOURSIER-MOUGENOT, Ernest, BINET, Françoise. Inventaire national des parcs et jardins d'intérêt paysager, historique et botanique. Provence-Alpes-Côte. 1983. Ministère de l'urbanisme. Dactylographié.

    Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : PROV A 031
    P. 77 à 83. Photocopie consultable au Service Patrimoine, Traditions et Inventaire.

Bibliographie

  • BOTTIN, Frida, BOTTIN, Jean-Claude. Serre de la Madone. Enfant du Major Lawrence Johnston. Un jardin qui était oublié. Dans : Nice historique, N° 1, 1995, p. 36-43.

  • BOURSIER-MOUGENOT, Ernest, RACINE, Michel. Les jardins néo-méditerranéens. Dans : Monuments historiques, numéro 125, février-mars 1983, p. 69-77.

  • MONNIER, Yves. Serre de la Madone. Un nouvel exotisme. Un homme et son jardin. Illustrations : Géraldine SADLIER. Menton : Ville de Menton, 2010.

    Collection particulière
  • VALERY, Marie-Françoise. Jardins de Provence et de la Côte d'Azur. Photos : Deidi VON SCHAEWEN. Köln : Taschen, 1998. ISBN : 3-8228-7090-0. Texte sur Le Val Rahmeh par Yves MONNIER.

    Collection particulière
    p. 156-163.
Date d'enquête 2016 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers