La serre froide est une serre non chauffée exposée au Sud-Ouest. Elle aurait été principalement conçue pour cultiver et présenter les clivias, plantes exotiques alors très rares.
I. DESCRIPTION
I.1 Localisation
La serre froide a été construite au bas de la propriété (actuel jardin de la serre froide) sur une étroite terrasse desservie par un petit escalier rustique. Cet escalier à deux volées convergentes, sans rampe d'appui, est excessivement étroit (environ 30 centimètres). Il a été érigé parallèlement à la terrasse, dont le mur de soutènement constitue ainsi le mur d'échiffre de l'escalier. L'ensemble de ces aménagements, entièrement réalisé en moellons de calcaire, est visiblement ancien et témoigne du passé agricole de la propriété. Il constitue désormais la plate-forme de la serre froide.
I.2 Gros-oeuvre et ordonnancement
La serre a été bâtie en rez-de-chaussée (c'est-à-dire sur un seul niveau), selon un plan très simple qui adopte la forme d'un rectangle allongé. Les murs sont en moellons de calcaire, entièrement recouverts d'un enduit jaune. Le sommet des murs est protégé par une rangée de tuiles creuses, qui forme une génoise sur les murs pignons.
La serre comporte sept grandes baies rectangulaires verticales, qui font toute la hauteur de la façade principale. Ces baies, régulièrement disposées, composent une façade ordonnancée. Elles sont complétées par une porte sur chaque mur pignon. Un oeil-de-boeuf occupe le centre de l'élévation arrière (Nord-Est), ainsi que deux petites fenêtres carrées, disposées symétriquement de part et d'autre de l'oeil-de-boeuf. Toutes les baies sont aujourd'hui dépourvues de leurs huisseries vitrées. Les grandes baies de la serre froide étaient initialement fermées par le même type de châssis que ceux de la serre chaude (Référence du dossier : IA06004155). La toiture à un pan en verre a disparu, tout comme les vantaux des portes.
I.3 Aménagement intérieur et décor
A l'intérieur, le sol est en grande partie recouvert d'un carrelage en terre cuite. La partie centrale du mur arrière est ornée d'un décor intégrant l'oeil-de-boeuf et un bas-relief de style classique, réalisé en stuc ou en en marbre blanc (?). Ce bas-relief de forme rectangulaire horizontale, apparemment ancien, a été fixé au mur, au-dessus de ce qui semble avoir été un réservoir (constituant initialement une fontaine ?) dont la forme reprend celle du réservoir ancien de la cour d'entrée. Le bas-relief figure une scène champêtre animée par des enfants moissonneurs dits Putti moissonneurs, probablement en raison de leur nudité. Le reste du décor a été exécuté pour mettre ce bas-relief en valeur et a été réalisé directement dans l'enduit. Il se compose tout d'abord d'un cadre fortement mouluré qui souligne les contours du bas-relief. Ce cadre se détache sur une table rectangulaire horizontale, surmontée de deux motifs à volutes formant un fronton curviligne. La composition ainsi créée est couronnée par l'oeil-de-boeuf, dont la partie supérieure est décorée d'une guirlande de feuilles de lauriers maintenue au sommet par un ruban. Cet ensemble décoratif était initialement complété par deux statues en pierre représentant des Anges ou des Putti ailés, bien visibles sur des photographies anciennes. Ces figures, qui étaient disposées sur les motifs à volutes, ont été déposées depuis. Elles sont très semblables à celles couronnant le portail arrière de la serre chaude (Référence du dossier : IA06004155). Par ailleurs, un petit bas-relief carré, de style moderne, en pierre sculptée ou en stuc (?), a été fixé dans l'enduit au-dessus de la porte Nord-Ouest. Il représente une Vierge à l'Enfant, dite La Maternité, qui est figurée en buste et vue de trois-quart. L'ensemble de ce décor intérieur est aujourd'hui à ciel ouvert. Il est complété comme à l'origine par de nombreux pots à plantes.
Parmi ceux-ci figurent tout d'abord deux vases d'Anduze (deux exemplaires de petit format, de fabrication récente, en remplacement de deux vases d'Anduze anciens, disparus). Ils ont été disposés de part et d'autre du réservoir sur deux socles monumentaux. Ces socles ont été réalisés par des artisans rocailleurs, dans le même esprit que ceux disposés le long du grand bassin du parterre d'eau. Ils ont été spécialement conçus pour recevoir les vases d'Anduze initiaux. Au pied des vases, un alignement de pots à plantes fait presque toute la longueur de la serre. Ces pots à plantes, posés directement sur le carrelage, sont tous plantés de clivia (clivia miniata), plante bulbeuse originaire d'Afrique du Sud. Cette disposition et ces plantations reprennent ce qui avait été réalisé à l'époque de Lawrence Johnston. En effet, les aménagements intérieurs de la serre froide sont connus par des photographies du début des années 1930. Ils ont été scrupuleusement reconstitués.
Lawrence Johnston est un Américain né en 1871 à Paris où il passe son enfance. Il quitte la France à 23 ans pour faire des études à Cambridge en Angleterre et devient sujet britannique en 1900. Passionné par l'horticulture, sa mère lui offre en 1907 une ferme dans les Cotswolds qui deviendra le jardin d'Hidcote Manor. Il s'engage dans l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale où il finira avec le grade de major. Après le guerre, il décide de créer un jardin à Menton pour y acclimater les plantes qu'il ramenait de ses voyages en Asie ou en Afrique du sud. Ce sera le jardin de Serre de la Madone.