Dossier d’œuvre architecture IA04001194 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
séminaire actuellement maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Barrême
  • Commune Senez
  • Adresse Grand'Rue
  • Cadastre 1811 E 193  ; 1986 E 76
  • Dénominations
    séminaire
  • Destinations
    maison

I. Historique

Le séminaire de Senez fut fondé en 1644 par l’évêque du diocèse, Monseigneur Louis Duchaine (1623-1671). Il s’agit certainement du plus ancien édifice conservé dans le village aujourd’hui. Faute de document (prix-fait, quittance), son architecte demeure inconnu. Monseigneur Duchaine en est vraisemblablement le commanditaire ; le bâtiment fut d’ailleurs construit sur un terrain lui appartenant. L’évêque y installa les Pères de la doctrine chrétienne venus de Castellane, chargés de deux missions bien précises, moyennant une dotation de 18 000 livres : procurer à l’église paroissiale de Senez cinq prêtres célébrants pour assurer les offices les dimanches et jours de fête et enseigner la doctrine chrétienne ; former des frères laïcs pour prêcher la mission dans le diocèse. La communauté de Senez exempta les Pères de toute taxe et taille pour leur maison, à charge pour eux d’instruire la jeunesse du pays. Bien qu’il ne fût pas considéré comme un bien national à la Révolution française, on le vendit en 1793, en deux temps. Ses biens meubles, y compris les objets liturgiques, dans un premier temps, lors d’une vente publique aux enchères effectuée sur place du 30 mars au 3 avril. Certaines pièces furent vendues, d’autres envoyées au Directoire du district pour l’établissement d’un hôpital militaire ; les ornements de l’église furent quant à eux remis au Directoire de Castellane. Seule la bibliothèque et un " Christ en Croix " échappèrent à la vente, faute d’offres et d’enchérisseurs. Le tableau se trouve encore sur place, chez l’actuel propriétaire. La vente rassembla un total de 399 livres.

La maison et le jardin afférent furent mis aux enchères dans un second temps, en juillet de la même année. Jean Collomp acquit le lot pour la somme de 4 000 livres. La fonction de séminaire ayant disparu, le bâtiment reçut d’autres affectations, notamment celle d’écurie en lieu et place de l’ancienne chapelle, disposition qui perdura jusque dans le courant des années 1940. Les chevaux étaient nourris par du foin entreposé à l’étage. L’ensemble a été réaménagé en demeure d’habitation par le propriétaire qui occupe les lieux depuis une trentaine d’années.

II. Description

Le séminaire se présente sous la forme d’un bloc parallélépipédique avec un toit à longs pans, dont l’entrée s’effectue sur le mur gouttereau. La modification des percements, conséquence d’aménagements intérieurs successifs dus à des réaffectations et des transformations de la structure, lui a fait perdre la régularité et le rythme de son ordonnance. Ainsi la porte cintrée de l’ancienne chapelle, légèrement décentrée sur la gauche de la façade principale, ne communique plus avec l’extérieur aujourd’hui. Elle a en quelque sorte été condamnée et ne sert plus qu’à faire pénétrer la lumière dans la pièce. La niche qui la surplombe, auparavant comblée, a été débouchée il y a une dizaine d’années par le propriétaire. Les deux autres ouvertures du rez-de-chaussée, de format rectangulaire, jouent donc ce rôle, l’entrée principale se faisant par la porte centrale. Le premier étage était originellement occupé par une rangée de quatre baies à embrasure extérieure, dont ne subsistent plus que deux éléments dans la partie gauche de l’édifice (la façade postérieure adopte le même schéma) ; les deux baies de la partie droite sont encore clairement discernables par leur encadrement en tuf reconnaissable au sein du montage en moellons de calcaire de la façade. Le bâtiment a été partagé en deux parties dont témoigne le décrochement de niveau de plancher, plus bas du côté droit, auquel on accède au moyen d’un escalier de trois marches. Le décalage se répète au second étage. Les fenêtres rectangulaires dans cette partie reflètent donc une profonde modification de la structure interne de l’édifice. De surcroît le bâtiment, abîmé dans sa partie supérieure, s’est vu rabaissé, ce qui l’a privé d’un véritable troisième niveau, qui servait initialement à loger les séminaristes : les agrafes indiquent l’emplacement de l’ancien niveau de plancher. Le décrochement permet cependant pour la partie droite la présence d’un grenier, éclairé par une fenêtre visible sur le mur pignon latéral. Les transformations ont entraîné une diminution significative de la hauteur sous plafond initiale. La circulation intérieure du rez-de-chaussée au premier étage s’effectue par un escalier tournant en bois à l’extrémité gauche du bâtiment, conduisant à une pièce qui s’appuie sur le sol de l’ancien grenier servant à entreposer le fourrage pour les chevaux, et qui donne sur l’escalier de trois marches permettant l’accès à la partie droite. Un autre escalier, dans la même partie, conduit au second étage, puis au grenier.

Le procès verbal d’estimation des biens nationaux permet de se faire une idée de la disposition intérieure initiale : " Le dit Séminaire se trouve ainsi composé au rez-de-chaussée, un passage ou corridor pour aller au vestibule communiquant à l’église, à côté de l’église la sacristie et derrière une cave, de l’autre côté du dit vestibule une cuisine avec un office la cuisine communiquant par un petit passage (à côté duquel se trouve un lavoir, une souillarde et un escalier dérobé communiquant au troisième étage) au réfectoire et étant retourné au corridor avons trouvé en face de la porte d’entrée une porte de communication au jardin, et à cotté la montée par laquelle somes montés au premier étage, où avons trouvé cinq chambres dont l’une prend son jour du cotté du midi, deux au couchant et deux au nord. En montant au second étage nous avons dabord trouvé une porte de communication de la ditte montée à la tribune de l’église et parvenus au dit second étage y avons trouvé trois chambres avec leur cabinet chacune. Parvenus au troisième étage l’avons aussi trouvé divisé par un long corridor tirant du levant au couchant et communiquant à treize chambres dont une sale et cinq chambres prennent leur jour du cotté du midi, et sept autres chambres du cotté du nord et étant montés plus haut y aurions trouvé le couvert et étant ensuite descendus par le susdit escalier dérobé serions revenus au dit passage communiquant de la cuisine au réfectoire et de là au susdit vestibule auquel se trouve encor une dépense et après avoir parcouru visité et examiné toute la ditte maison en compagnie du dit Mre Blanc (économe), de bas en haut et de haut en bas, et dans toutes les attenances et dépendances ainsi que léglise, sacristi et cave, disons icelle occuper un sol de cent quarante deux cannes et avoir trouvé au dessus du couvert de la ditte maison une cloche suspendue à un clocher du poids d’environ un quintal. Nous étant portés au jardin attenant au dit Séminaire du cotté du nord, et après l’avoir parcouru et examiné disons être de médiocre qualité de terre à cause du gravier qui n’est pas loin et de la contenance de trois cens trente sept cannes ".

Une terrasse couverte par un appentis est venue agrémenter la façade postérieure, en même temps qu’une remise à chacune de ses extrémités. Le bâtiment ne présente pas de décor, hormis la niche vide au-dessus de l’entrée en arc plein cintre de l’ancienne chapelle. Les encadrements des baies, légèrement moulurés ne sont pas significatifs, non plus que la fermeture d’avant-toit en génoise à deux rangs de tuiles creuses, puisque résultant d’opérations récentes.

Le séminaire fut fondé en 1644 par Monseigneur Duchaine, évêque de Senez de 1623 à 1671, qui y installa les Pères de la doctrine chrétienne en provenance de Castellane. Moyennant un dotation de 18 000 livres ils devaient procurer à la cathédrale cinq prêtres célébrants et des frères laïcs, les premiers pour assurer les offices religieux du dimanche et fêtes et enseigner la doctrine chrétienne, les seconds pour prêcher la mission dans le diocèse. Bien qu'il ne fût pas considéré comme un bien national le bâtiment fit l'objet en 1791 d'un inventaire immobilier et mobilier lors de l'estimation des biens nationaux : une vente aux enchères des objets mobiliers eut lieu du 30 mars au 3 avril 1793 ; la maison et le jardin furent vendus en août de la même année à Jean Collomp pour la somme de 4 000 livres. Durant la première moitié du 19e siècle la maison subit des transformations mineures : la chapelle servit d'écurie, fonction qui perdura jusque dans les années 1940. A côté, une épicerie fit commerce jusque dans les années 1950. Le bâtiment a été rabaissé dans la seconde moitié du 19e siècle alors qu'il était en mauvais état. C'est à cette époque qu'on intervint aussi sur les percements de la façade principale sur rue. Le séminaire est aujourd'hui une maison d'habitation qui nécessita pour ce faire des travaux d'aménagement spécifiques à l'intérieur (mise en place d'un escalier tournant en bois, percements ou agrandissement de baies) et à l'extérieur (adjonction d'un appentis en partie fermé servant de terrasse d'agrément).

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle , daté par source
    • Secondaire : 1ère moitié 19e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1644, daté par source

L'ancien séminaire de Senez est un bâtiment parallélépipédique présentant une emprise au sol importante et qui se déploie sur quatre niveaux d'élévation. La façade principale orientée sud-ouest qui correspond au grand côté donne sur la Grand'Rue, la façade opposée (orientation nord-est) sur un jardin d'agrément. L'édifice a subi des transformations profondes tant intérieurement qu'extérieurement. Dans l'élévation ordonnancée de la façade principale sur rue, sur les quatre travées percées de quatre baies à voussures réglées en plein-cintre et encadrées de tuf, deux seulement sont encore en place, au-dessus de l'ancienne chapelle, dans la partie gauche du bâtiment. Les deux autres ne sont plus perceptibles que par leur encadrement, et ponctuellement, dans la mesure où la partie droite de la façade a été repercée par des fenêtres modernes en décrochement inférieur par rapport aux baies d'origine. Cette modification traduit une rupture de niveau, que l'on retrouve à l'intérieur par un escalier à trois degrés aux deuxième et troisième niveaux. Cinq agrafes de la partie droite marquent l'emplacement de l'ancien plancher des cellules destinées aux séminaristes et témoignent du rabaissement de l'édifice. Les deux fenestrons subsistant dans la partie gauche en sont un rappel, mais ils ont été eux aussi rabaissés. Au premier niveau, légèrement décentrée sur la gauche prend place l'entrée cintrée de la chapelle dont l'arc repose sur des piliers à chapiteau simple. Une niche creusée dans le mur accueillait une statuette qui a disparu depuis longtemps. L'ensemble de la façade extérieure a fait l'objet d'un ravalement récent qui contribue à effacer les traces du passé. L'espace intérieur a été recloisonné et rend presque illisible la distribution originelle. La chapelle a ainsi été transformée en écurie dans le courant du 19e siècle : un pilier porteur est encore perceptible, pris dans un mur de refend séparant l'ancienne chapelle de ce qui servit d'épicerie jusque dans les années 1950. On accède au niveau supérieur par un escalier tournant moderne en bois : la pièce servit de fenil avec un abat-foin pour nourrir les chevaux à l'étage inférieur. L'espace est éclairé de part et d'autre par les quatre percements originaux des baies cintrées (deux de part et d'autre). Un escalier à trois degrés marque le décrochement entre les deux parties de la maison. Le bâtiment a subi des modifications si profondes qu'il ne rend plus compte du parti initial.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale
  • Statut de la propriété
    propriété privée, []

Documents d'archives

  • Procès-verbal d'estimation des biens nationaux du district de Castellane de 1790 à l'An IV [Senez]. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 62.

    Procès-verbal d'estimation des biens nationaux du 4 février 1791 décrivant la disposition générale intérieure et par niveaux du séminaire de Senez, et de son jardin.
  • Procès verbaux d'estimation et de vente des meubles provenant des cures et congrégations religieuses, commune de Senez [ancien séminaire]. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : AD 1 Q 089.

    Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 089
    1793/04/03 : Procès-verbal d'estimation des biens mobiliers contenus dans l'ancien séminaire de Senez.
  • "Acte de vente du cy-devant séminaire de la citté de Senez". 1793/08/12. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 5.

    Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 5
    n° 190 : Procès-verbal d'estimation des biens mobiliers contenus dans l'ancien séminaire de Senez.

Bibliographie

  • HERMELIN, Juliette. Senez en Haute-Provence. Chronique d'une cité épiscopale aux 17e-19e siècles. Dans : Cahiers de Salagon, n°7, Les Alpes de Lumière, 2002.

    Historique et description du bâtiment d'après le procès-verbal d'estimation des biens nationaux de 1791.
Date d'enquête 2008 ; Date(s) de rédaction 2008
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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