Analyse historique détaillée
La construction du presbytère remonte au 17e siècle. Le 18 mai 1616, le seigneur de La Gaude, Scipion de Villeneuve, cède un terrain à la paroisse avec obligation d’y construire une église et la maison curiale. Après l’édification d’un modeste presbytère en 1629, le chapitre de Vence exige la construction d’une autre maison le 25 févier 1632. Elle était construite en 1635.
Une délibération du 31 décembre 1746 décrit le presbytère constitué de « trois étages et six membres (pièces), qui sont : la cuisine, au ras de terre, la crotte (cave) au plan d’icelle, la chambre de sieur vicaire, et au-dessus de chaque membre, il y a une chambre ».
La date de 1785 est gravée sur la clé de la porte du jardin du presbytère, signalant peut-être un nouveau chantier.
Elévation sud, premier niveau. Porte du logis.Elévation sud, premier niveau. Porte du logis, détail de la clé avec date portée (1785).
De nombreux travaux sont ensuite effectués jusqu’au 20e siècle. La maison fut vendue au curé Audibert à la Révolution, puis rétrocédée à la commune à sa mort en mars 1803. A cette période, la pièce à l’est du rez-de-chaussée surélevé est réquisitionnée par la mairie qui l’utilise comme salle du Conseil. La date de 1810 est gravée sur la clé de l’arc d’encadrement de la porte y donnant accès, indiquant très probablement l’année de son ouverture.
Elévation est, deuxième niveau. Porte du logis.Elévation est, deuxième niveau. Porte du logis, détail de la clé avec date portée (1810).
Elle n’apparaît cependant pas sur le cadastre de 1834. Seule l’entrée du presbytère, dans la ruelle longeant la place de l’Eglise est indiquée. A ce sujet, d’importants travaux viennent modifier cet aménagement en 1849 : le 16 novembre, une délibération du conseil municipal autorise la création d’une nouvelle entrée. Le 18 décembre, un rapport de l’agent-voyer Trotabas explique que la porte existante se trouve dans un emplacement incommode, en contrebas de la place de l’église, à l’extrémité d’une pente. De part cette position, des arrivées fréquentes d’eaux pluviales génèrent des inondations au premier niveau de la maison curiale. Par conséquent, un nouvel accès s’avère indispensable. Le devis-estimatif des travaux joint à ce rapport prévoit la construction d’un escalier de 12 marches parallèles à la façade sud de la maison, reliant la place de l’église au jardin du presbytère.
Un projet d’agrandissement de la maison avec un plan des travaux projetés, qui n’ont jamais été réalisés, en date du 18 juin 1852, figure l’escalier récemment construit par l'agent-voyer Trotabas. Par ailleurs, ce plan fournit des informations sur les différentes pièces de l’habitation et leur distribution, permettant de comprendre les différentes phases d'aménagement de la maison:
- il précise l'agencement de l'étage en surcroit : trois chambres, dont une réservée à la domestique, ainsi qu'un cabinet composent cet ensemble. En 1746, la description de la maison ne mentionnait pas cette partie. Seul l'étage de soubassement et le rez-de-chaussé surélevé existaient. Il est probable que l'aménagement de cet étage soit intervenu dans la seconde moitié du 18e siècle. La date de 1785 inscrite sur la porte du jardin pourrait ainsi éventuellement correspondre à une phase de travaux du presbytère dans son ensemble et pas simplement à la mise en place de cette ouverture. Par ailleurs, les documents d'archives qui retracent relativement bien les différents travaux effectués à partir de la Révolution ne mentionnent aucun aménagement de cette partie, qui devait sans doute déjà exister.
- Il fait état de la configuration de la salle du Conseil au premier étage, cloisonnée à l’ouest, avec une entrée spécifique ouverte sur le mur-pignon qui correspond très probablement aux travaux de 1810.
- Il montre que la porte donnant accès à la grande resserre (ou cellier ?) de l’étage de soubassement n’existe pas encore.
Plans et Elévation du Presbytère de la Gaude.
En 1868, un document de la préfecture mentionne la construction d’une citerne dans le presbytère pour l’alimentation en eau du desservant. Si ces travaux ont effectivement eu lieu, il n’en reste aucune trace.
En 1888, l’ancienne salle du Conseil, qui n’est plus utilisée depuis 1884 en raison de la construction d’une nouvelle mairie, est rétrocédé au presbytère. Enfin, en 1894, les enduits de la façade sud sont entièrement refaits. Le balcon filant au premier étage a probablement été construit a posteriori car il n’apparaît sur aucun plan ou croquis cités jusque-là.
Agent-voyer de la circonscription de Grasse, exerçant sur la commune de La Gaude dans la première moitié du 19e siècle.