Dossier d’œuvre architecture IA04001854 | Réalisé par
  • inventaire topographique, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
  • enquête thématique régionale
ouvrage fortifié dit tour de la Caserne
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Entrevaux
  • Commune Entrevaux
  • Lieu-dit le Bourg
  • Cadastre 1816 G 325, 326 ; 2006 G 251
  • Dénominations
    ouvrage fortifié
  • Précision dénomination
    tour
  • Appellations
    tour de la Caserne
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    poudrière

Tour bastionnée est, dite de la caserne (après 1822)

C'est la première construite des deux tours bastionnées conçues par Vauban en 1693, et mise en œuvre aussitôt, mais encore inachevée en 1700. Elle remplace la petite tour bastionnée crénelée de même plan pentagonal, construite deux ans plus tôt par Niquet, conservée à l'arrière de la nouvelle construction, mais amputée de son front en étrave.

Cette tour bastionnée monumentale (12, 50m de large / 16, 50m de la gorge à la capitale), élevée de trois niveaux actifs les deux premiers pour l'artillerie, le premier voûté, correspond bien au modèle type mis au point par Vauban en 1692, mais avec une épaisseur murale au-dessous de la moyenne (2m, 1m pour le mur de gorge). Conforme au modèle est l'élévation extérieure percée aux deux premiers niveaux de 6 canonnières (1 par face, 2 par flanc) "à la française" (ébrasées au dedans et au dehors) avec large bouche extérieure couverte d'un arc surbaissé, et de créneaux de fusillade au dernier niveau, au-dessus d'un cordon. Ces dispositions d'origine sont altérées par des remaniements d'âge divers : obturation partielle des bouches à canon du rez-de-chaussée pour les transformer en créneaux de fusillade à simple fente (remaniement fin XVIIIe siècle), transformation plus regrettable en fenêtres des canonnières du premier étage et des créneaux du second (après 1922). La mise en œuvre des parements extérieurs, vivement critiquée par Vauban en 1700, est effectivement assez médiocre : blocage pour l'essentiel, moellons équarris formant chaînages en besace aux angles; seules les bouches des canonnières du premier étage sont encadrées en pierre de taille.

Tour 20. Tour bastionnée vue du sud ouest ; à l'arrière plan, courtine 14.Tour 20. Tour bastionnée vue du sud ouest ; à l'arrière plan, courtine 14. Tour 20. Tour bastionnée 20 vue du sud est.Tour 20. Tour bastionnée 20 vue du sud est. Tour 20. Raccord de la caserne à la gorge de la tour 20.Tour 20. Raccord de la caserne à la gorge de la tour 20.

En revanche, l'élévation intérieure de la salle du rez-de-chaussée tient entièrement sous le berceau de la voûte monté en pierre de taille, formant un raccord soigné avec les deux pans du front sud, montés de même comme une portion de coupole à pans. Seul le mur de gorge, au milieu duquel est percée la porte d'entrée (menuiserie ancienne en place de forte épaisseur avec lourdes pentures), est simplement parementé en blocage enduit. L'entrée des canonnières prend la forme d'un arc plein-cintre formant niche, soigneusement clavé, pénétrant dans les retombées de voûte jusqu'au nu du mur proprement dit, en blocage, dans lequel est percée la bouche intérieure de la canonnière. A l'intrados des arcs d'entrée des canonnières est ménagé (après coup) un évent pour évacuer les gaz toxiques. Il semble que la voûte actuelle, non chaînée aux murs, puisse être mise à l'actif d'une seconde phase de construction ou repentir consécutif au projet Vauban de 1700 qui recommandait de les très bien voûter (les deux tours) de loze ou de brique et non de mauvaise pierre comme elles ont ésté commencées. L'accès au premier étage se faisait par un escalier en charpente passant par une trémie ménagée dans la voûte au-dessus de la porte d'entrée, au raccord avec le mur de gorge.

La salle du premier étage, aujourd'hui dénaturée (enduit peint blanc uniforme), avait une porte en tribune dans le mur de gorge au dessus de la porte du rez-de-chaussée, dans laquelle pouvait être disposé un treuil pour le levage des munitions ou pièces d'artillerie. Cette porte est devenue l'accès unique des étages depuis 1822, date à laquelle les aménagements de la caserne de la ville dans l'ancien hôtel de Glandèves voisin ont permis de raccorder à la gorge de la tour l'aile en retour de cet hôtel, construite sur l'ancienne tour de Niquet, et d'installer une cage d'escalier dans la travée formant raccord.

Au second étage ne subsistent, obturés, que deux (dans les faces) des dix créneaux d'origine, les autres étant devenu des fenêtres après 1922.

La charpente, masquée par un plafond, porte une couverture en tuiles-canal (neuves) à 2 versants principaux et deux pans biais au sud.

Il s'agit de la première des deux tours bastionnés conçues par Vauban dans son projet général pour la fortification d'Entrevaux de 1693. Remplaçant la tour crénelée édifiée deux ans plus tôt par Niquet, elle fut mise en œuvre aussitôt, mais était encore inachevée en 1700. Elle subit en outre des modifications (phase de construction secondaire ou remaniement). Ainsi l'inspection menée par Vauban en novembre 1700 conduisit-elle par exemple très vraisemblablement à mettre en œuvre dans la poudrière au rez-de-chaussée une voûte en berceau brisée qui n'avait pas été initialement projetée, du moins sous cette forme. L'ingénieur préconisait en effet dans son rapport de 1700 de "les très bien voûter (les deux tours) de loze ou de brique et non de mauvaise pierre comme elles ont estées commencées". A ce même niveau les bouches à canons ont été partiellement obturées à la fin du 18e siècle pour les transformer en créneaux de fusillade. De même l'intégration de la tour à l'ancien hôtel de Glandevez devenu caserne militaire entraîna-t-elle quelques aménagements : en 1822 la porte au premier étage carré de la tour reliant l'aile en retour de l'hôtel à une cage d'escalier dans la travée formant raccord devint l'unique accès de distribution des étages de la tour (voir IA04001851). Après cette date les ouvertures des deux étages carrés perdirent leur fonction défensive pour être agrandies à des fonctions d'agrément.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle
    • Secondaire : 4e quart 18e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1693, daté par source

Cette tour monumentale (12,50 m de large / 16,50 m de la gorge à la capitale) présente un plan pentagonal sur trois niveaux. Si le premier étage voûté correspond au modèle conçu par Vauban dès 1692 la mise en oeuvre diffère : l'épaisseur murale est inférieure au projet de l'ingénieur du roi (2 mètres et 1 mètre pour le mur de gorge dans le cas présent). Vauban critiqua également la médiocre qualité du parement extérieur en blocage et moellon calcaire équarri pour le chaînage d'angle. Seuls les encadrements des canonnières étaient traités en pierre de taille. Les deux premiers niveaux (rez-de-chaussée et premier étage carré) assuraient par artillerie la défense active de la tour : six canonnières (une par face, deux par flanc) "à la française" avec large bouche extérieure couverte d'un arc surbaissé. Le deuxième étage carré comportait des créneaux de fusillade au-dessus du cordon. Ces dispositions d'origine ont subi de profondes altérations : obturation partielle des bouches à canon du rez-de-chaussée, transformation en fenêtres des canonnières du premier étage et des créneaux du deuxième (seuls deux sur les dix subsistent). A l'intérieur de la tour, seule la pièce du rez-de-chaussée semi-enterré, qui servit de poudrière, a été conservée en l'état. On y accède par une porte ménagée dans le mur de gorge (nord). Elle présente une voûte en pierre de taille en berceau brisé. L'entrée des canonnières prend la forme d'un arc en plein-cintre soigneusement clavé. Le tout vient se caler contre le mur en moellon calcaire. A l'intrados des arcs d'entrée des canonnières est ménagé un évent pour évacuer les gaz toxiques. La communication avec le premier étage carré se faisait par un escalier en charpente (disparu) passant par la trémie au-dessus de la porte d'entrée, en raccord avec le mur de gorge. Aux premier et deuxième étages carrés, la pièce a été dénaturée. La charpente, masquée par un plafond, porte une couverture en tuile creuse sur un toit complexe à deux versants principaux prolongés au sud par deux pans biais.

  • Murs
    • calcaire
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1937/12/23

Cette tour a été intégrée à l'ancien hôtel des barons de Glandevez lorsqu'il a été réaffecté en caserne militaire de la ville d'Entrevaux.

Date d'enquête 2003 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général