Dossier d’œuvre architecture IA83001605 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fort Saint-Louis dit fort des Vignettes
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Toulon
  • Lieu-dit les Vignettes
  • Dénominations
    fort
  • Appellations
    fort Saint-Louis, fort des Vignettes
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

A Toulon la décennie 1669 – 1679 fut consacrée à la recherche d’un projet d’agrandissement de l’arsenal. Colbert voulait rendre le port de guerre capable de bâtir et de soutenir une flotte de cinquante à soixante vaisseaux pour affirmer la puissance navale française en Méditerranée. Du chevalier de Clerville à Vauban, de nombreux ingénieurs consacrèrent des inspections à Toulon et à sa rade. Le grand architecte Pierre Puget prit part à cette quête en proposant cinq projets en 1671 et 1676. Dans le premier, il notait que le port des Vignettes est “fort propre au débarquement des ennemis, lesquels étant postés sur lesdites collines (Lamalgue) incommoderaient fort l’assiette de l’arsenal ”1. A son tour, en 1679, à l’issue de sa première tournée de commissaire général des fortifications à Toulon, Vauban insista sur le caractère névralgique de cette partie de la petite rade : “A l’égard de l’endroit appelé les Vignettes où l’on tient que l’on peut faire un grand débarquement, il y a lieu d’espérer que le détour de l’Egoutier le gâtera avec le temps, autrement il est certain que les vaisseaux peuvent approcher à portée, les galères y mettre presque la proue à terre et les chaloupes aborder facilement”.2 Ce n’est que treize ans plus tard, et non dans son premier projet sur Toulon, que Vauban proposa d’empêcher ces approches d’une flotte ennemie par la construction d’un ouvrage de défense côtière de dimensions restreintes, comme les autres batteries à tour réduit plus anciennes défendant la petite rade : Balaguier, l’Eguillette, La Grosse Tour. Ces ouvrages pérennes, comme celui qu’il proposa aux Vignettes, furent pour la plupart tôt appelés « fort », souvent « tour » ou « batterie », ce qui témoigne d’une certaine difficulté à les qualifier.

La « batterie à tour » de Vauban, vers un modèle-type. 1692-1708

Ensemble du fort, du côté gauche, 3 niveaux de défense: batterie, parados, tour.Ensemble du fort, du côté gauche, 3 niveaux de défense: batterie, parados, tour.

Le projet de « tour et batterie proposées par M. de Vauban sur le port des Vignettes », avec devis estimatif, comporte le projet daté de Paris, le 6 mars 1692 et son chiffrage avec commentaires par Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence, daté de Toulon le 27 mars 3. Les plans et coupes de l’ouvrage montrent les dispositions générales du projet : la batterie est en arc de cercle légèrement aplati face à la mer, avec front de gorge rentrant en tenaille emboîtant au centre une tour-réduit à deux étages de plan « en amande », soit semi-cylindrique vers la mer et renforcé d’un éperon en angle droit à la gorge, suffisamment saillant pour comporter de petits flancs. La porte est percée à droite de la tour dans le pan droit de la tenaille du front de gorge. La tour a deux niveaux voûtés (premier étage en coupole, crénelé, étage inférieur à voûte annulaire sur pilier central), surmontée d’une terrasse d’artillerie avec parapet sur mâchicoulis prévu à embrasures côté batterie et créneaux côté gorge. L’ensemble de ces dispositions correspond à la recherche d’un modèle-type de batterie à tour que Vauban voulait définir, fruit de sa collaboration avec les ingénieurs territoriaux. La conception générale de l’ouvrage des Vignettes reprend celle de la « Tour Dorée » de Camaret, en Bretagne, dessinée en 1689, réalisée par l’ingénieur Traverse et achevée avant 1695.

Mais la tour de Camaret est de plan carré implanté sur la pointe pour former éperon à la gorge de la batterie, elle est plus élancée, couverte d’un toit, et ses murs sont lardés de créneaux de fusillade sur trois étages, ce qui en fait un ouvrage d’infanterie donc la différencie de la tour des Vignettes, plus massive, aux murs plus épais, crénelée surtout au premier étage (généreusement tout de même : 11 créneaux dans le projet de 1692) et conçue pour porter des canons sur sa plate-forme. De ce point de vue, la batterie à tour des Vignettes se rapprocherait de celle d’Ambleteuse, dans le Nord, bâtie entre 1685 (tour seule, de plan en fer-à-cheval) et 1690 (batterie) sous la direction de l’ingénieur Benjamin de Combes. Toutefois, l’œuvre de Vauban la plus analogue au « fort » des Vignettes, lui est strictement contemporaine : c’est le Fort Chapus, barrant le pertuis d’Oléron, qui devait être une « tour ovale en forme de risban » selon le projet de l’ingénieur Ferry, concurrent de Vauban, soit une batterie haute casematée de plan ovale (comme le Fort Pâté près de Blaye), projet lancé en 1690 que Vauban changea en 1692 pour faire une batterie en ovale incomplet revue à la baisse, à front de gorge rentrant avec monumentale tour-réduit crénelée dans l’axe, du type Camaret, mais de plan en amande, plus robuste, et couronnée de mâchicoulis portant parapet d’artillerie. On notera au Fort Chapus la présence d’un fossé intérieur isolant la tour de sa batterie, ce qui n’est pas le cas à Toulon.

Dans le projet de Vauban pour les Vignettes, la porte à pont-levis du fort est percée au niveau de la terrasse de la batterie, c’est à dire au niveau du premier étage de la tour, dont la porte d’entrée s’ouvre de plain-pied sur la terrasse. Un escalier en vis est prévu dans l’éperon de la tour, pour relier ses différents niveaux, de l’étage de soubassement à la plate-forme ou batterie haute. La batterie basse n’est prévue que d’un niveau terrassé, sans casemates enterrées, la terrasse, revêtue d’un platelage de bois, desservant un gros parapet d’artillerie à embrasures en terre revêtu seulement vers l’extérieur. Aux deux angles de la batterie était prévu, symétriquement, un local adossé au parapet crénelé du mur de gorge, magasin à poudres à gauche, corps de garde à droite, près de la porte du fort. La plate-forme de la batterie haute, sur la tour, est proposée avec un parapet maçonné, sur mâchicoulis, mais Vauban prévoyait que les canons reposent sur une épaisseur de terre massée au-dessus des reins de la voûte en coupole du premier étage, pour mettre cette voûte à l’épreuve des bombes, des gargouilles égouttant les eaux pluviales au niveau des maçonneries de la voûte.

Le mémoire descriptif comporte quelques recommandations de Vauban à l’égard de son relais local, en l’occurrence Antoine Niquet : “…choisir un espace sur le bord de la mer dans le port des Vignettes à peu près de grandeur et capacité suffisante pour pouvoir contenir la batterie, qu’il faudra avancer dans la mer autant que la situation le pourra permettre, occupant tout ce qu’on pourra dudit espace et bien escarper le surplus du costé de la mer afin d’oster tous accès à la partie qui ne sera point flanquée (…) percer les embrazures et créneaux avec grand soin, leur donner toutes les ouvertures droites et de biais, les plongées et élévations nécessaires à pouvoir bien découvrir tout autour les placer juste comme elles sont marquées à chaque étage et n’en faire ni plus ni moins qu’il n’est marqué au dessein..Séparer la partie flanquée de lad batterie par un fossé de 20 à 24 pieds de large sur 12 de profondeur à la hauteur du pont dormant coupé d’une planchette forte qui lève du costé de la batterie (…) D’y faire un magazin à poudres voûté de 18 pieds de long sur 10 de large dans œuvre et un hangar à l’autre bout de18 de long sur 12 de large avec une cheminée pour servir de corps de garde et de couvert aux armeurs des pièces.Que si cette tour paroit à ceux qui sont sur les lieux n’avoir pas assés d’élévation, il ne tiendra qu’à eux de l’élever d’un étage de plus, les murs estant assés forts pour soutenir une 3e voûte.La batterie basse pourra porter 6 pièces de gros canon et 4 mortiers et la haute 3 pièces de 12 qui pourront se remuer d’une embrazure à l’autre. »Dans son chiffrage du projet avec notes marginales, Niquet propose deux emplacements dont un plus avancé dans la mer « à l’endroit CC » estimé à 29545 livres, qui nécessite d’établir un massif de fondation en maçonnerie avec pouzzolane, et un autre, à terre « à l’endroit BB », estimé à 24265 l. Il apporte en outre plusieurs corrections de détail, entrecoupé d’avis personnels, commentaires et considérations générales : « Il convient peu de faire dans ce pays des parapets de terre revestüe de gazon à cause des grandes chaleurs, il vaut mieux les faire moins épais avec maçonneries de matière douce- bastie sur arcades eslevées sur les contreforts (contreforts intérieurs du revêtement) Pour la raison alléguée ci-dessus, on fera beaucoup mieux de paver la platteforme avec pierre de taille posées sur un massif de maçonnerie (…) en la faisant de bois il n’en coûtera pas 500 l de moins, et il faudra la rétablir toutes les fois que l’on en aura besoin et de temps en temps la refaire à neuf… ». La couverture du magasin à poudres doit être en tuiles posées au mortier sur la maçonnerie. Niquet se lance ensuite sur une considération générale très enthousiaste à l’égard des batteries à tour à la mer que Vauban promeut à cette époque : « Des grandes tours situées dans la mer à 3 ou 400 toises de terre, gardées par 100 bombardiers, seraient imprenables et par conséquent infiniment meilleures pour la garde des places maritimes que toutes les fortifications qu’on y fait ordinairement. Si l’on en avait fait une telle devant l’embouchure du port de Marseille la révolte des peuples ne serait pas à craindre et les ennemis n’oseroient entreprendre de bombarder la ville». Il précise enfin, pour l’économie du chantier : « Quelque diligence que l’on fasse, il faudra au moins six mois pour achever entièrement la tour et la batterie qui l’environne.. »

Les travaux de construction furent confiés à l’entrepreneur toulonnais César Aiguillon [ou Aguillon] par marché du 12 juillet 1692 4. Ils furent suivis par l’ingénieur Cauchy de Chaumont et le dessinateur Cornillon, qui s’installèrent pour la circonstance dans une bastide louée à un particulier. Dans son addition du premier mars 1693 à son projet général de Toulon de 1679, 5 Vauban demande, pour la batterie des Vignettes à "épaissir de quatre à cinq pieds le derrière de sa tour, faire ma même chose du revestement de sa gorge, et l’eslever jusqu’à ce qu’elle puisse servir d’un parados suffisant à sa batterie, afin de protéger la garnison contre les tirs à revers provenant de la terre". Ce point avait dû être anticipé par Niquet qui, en marge, précise laconiquement : fait ! Autres demandes non prévues au projet de 1692 : Y faire deux magasins, et établir son corps de garde dans le bas de la tour, y faire une guérite (…) et une autre sur le derrière de ladite tour, achever le nettoyement du fossé qui la sépare de la terre ferme, le creuser tant qu’on pourra et en unir le fond. L’état des lieux le 15 Juillet 1694 est connu par un Plan et profil de la tour et batterie des Vignettes 6 signé De Vauvré (intendant de la marine). La construction de la batterie achevée, sur une plus grande hauteur de terrasse et de revêtement que projeté en 1692, avec contreforts intérieurs reliés à la tête par des arcs, le tout enterré et supportant le parapet en maçonnerie plus épais que le revêtement. La hauteur sous voûte de la salle basse de la tour s’en trouve augmentée, d’où le changement de forme de la voûte, berceau fini en cul-de four côté circulaire. Par contre l’épaisseur murale de la tour, montée jusqu’à mi-hauteur de la salle du premier étage, est réduite et l’éperon est réalisé moins massif que prévu, ce qui change le plan de la salle qui n’est plus circulaire ou ovale mais à deux pans suivant ceux de l’éperon. Autre changement concernant la tour : l’étage n’est plus crénelé, mais percé de quatre embrasures côté gorge, dans les faces et les flancs de l’éperon.

Le rehaussement de la batterie s’est combiné à d’autres changements : le mur de gorge tenaillé, de part et d’autre de la tour, est monté plus haut que le parapet de la batterie, faisant office de mur-écran ou parados ; la porte du fort, plus près que prévu de l’angle de droite ne débouche plus à ciel ouvert de plain pied avec la batterie, mais en contrebas dans un sas souterrain qui communique à la terrasse par un escalier en vis. Le local prévu dans cet angle est bâti au-dessus du sas d’entrée ; il est voûté et porte en partie le chemin de ronde d’arase du mur de gorge, porté au-delà sur contrefort et arcades, puis par le local de l’angle gauche de la batterie, symétrique de celui couvrant le sas. Ce local gauche a aussi un étage souterrain, où est logé le magasin à poudres, relié à la terrasse de la batterie par un autre escalier en vis. Le mur de gorge-parados est aussi percé d’une embrasure de chaque côté de la tour, sous une des arcades portant le chemin de ronde. Ces embrasures sont orientées pour flanquer les faces de l’éperon de la tour. Un an et demi après cet état des lieux, la partie supérieure de la tour fraîchement construite, peut-être affaiblie par l’insuffisance de l’épaisseur murale au droit de l’éperon, s’écroula.

Le maçon André Minuty, de Toulon, fut payé quatre cent cinquante livres pour avoir démoli, ôté les décombres et rangé les matériaux de l’éboulement arrivé à la tour et donjon des Vignettes du côté de la terre, afin de pouvoir travailler aux rétablissements, suivant le devis ou instruction, par marché passé par devant notaire du 30 mai 1696 7. Le fort fut achevé en 1697, pour un coût total de 44506 £ 14s 5d, dont 7041 £ 18s 1d pour le rétablissement de l’ouvrage après l’écroulement de 1696 8. Durant l’été 1699, une jetée à pierres perdues fut mise en place devant le fort pour protéger ses assises des effets de la mer, consommant un volume d’enrochements d’environ 540 mètres cubes 9. Vauban rédigea en mars 1701 une deuxième et dernière « addition » à son projet de 1679, accompagné de dessins en principe établis à partir de décembre 1700, sans doute par Niquet 10. L’article concernant la batterie des Vignettes propose quelques adaptations : « …Elle est petite et seulement capable de neuf gros canons sur la batterie basse et de quatre à cinq petits sur le haut de la tour pour sa deffence du costé de terre, comme elle est très importante, mon avis est de la perfectionner tant qu’on pourra, et pour cet effet de donner jusqu’à trois pieds d’ouverture à ses embrasures en ouvrant le plus estroit de trois à quatre pouces de chaque costé de plus qu’il n’est et en émoussant et arondissant les angles de leurs gorges … ». Vauban trouve peu utiles les deux embrasures du mur de gorge flanquant les faces de l’éperon de la tour, et propose de les réduire à des créneaux, en refermant d’un mur-façade sur cour l’arcade portant chemin de ronde sous laquelle elles sont percées, pour convertir cette arcade en un petit local logeable : « …de fermer les deux basses embrasures des parados de pied et demi ou deux d’épais et les réduire à de simples créneaux ouverts de quatre pouces à l’extérieur et d’un pied à l’intérieur, sur la hauteur de deux pieds, qu’on fermera jusqu’à besoin pressant. De fermer aussy l’entrée des deux grandes arcades des mesmes embrasures d’un mur de pied et demy d’épais percé de portes et croisées nécessaires et de faire une cheminée à chacune afin qu’on les puisse convertir en autant de chambres ». Il est aussi question d’améliorer la capacité locative de la tour en couvrant la plate-forme supérieure d’un toit après avoir rehaussé son parapet de trois pieds, pour former un étage logeable en transformant certaines embrasures en créneaux et en ajoutant une cheminée. Les autres améliorations sont mineures : maniabilité de la planchette levante de la porte, curage du fossé.

[Toulon. Fort Saint-Louis] Profil de la tour et du parados.] 1701[Toulon. Fort Saint-Louis] Profil de la tour et du parados.] 1701La feuille de plans et coupes associés au mémoire, datée 1701, laissent croire que la tour a été reconstruite à l’identique en 1696, car on ne remarque presque pas de différence avec les relevés de 1694. La salle basse est divisée en deux par un mur de refend qui reproduit le plan tenaillé du front de gorge de la batterie, et qui isole dans la partie sud (côté batterie) la citerne. L’escalier tournant côté du sas d’entrée du fort est toutefois différent de ce qui est indiqué en 1694, plus large qu’une vis ordinaire, avec mur-noyau. Un plan d’atlas militaire royal non daté mais établi vers 1708 au plus tôt, voire 171011 montre le fort au niveau de la batterie et du premier étage de la tour, à l’identique du plan daté de 1701.

Première restauration après le siège de 1707

Pourtant, en 1707, le fort avait subi des dommages plus lourds que l’écroulement partiel de la tour en 1696, justifiant une importante campagne de reconstruction consécutive qui était en cours en 1708. Pendant le siège conduit par le duc de Savoie en août 1707, le « fort des Vignettes » était armé de neuf canons de 36 livres et neuf canons de 8, servis par 104 matelots, encadrés par un capitaine de vaisseau, un lieutenant de vaisseau, une enseigne, un maître canonnier, un second canonnier et 18 aides canonniers 12. Il joua le rôle dissuasif pour lequel il avait été conçu, empêchant le stationnement de galiotes à bombes susceptibles de bombarder la ville et l’arsenal. C’est une attaque terrestre qui en eut raison. Installés sur la croupe de Lamalgue, les coalisés soumirent l’ouvrage à un feu intensif à partir du 9 août. Commandés par le capitaine Daillon et le lieutenant de Cauvières, les défenseurs opposèrent une ferme résistance. Devant l’importance des dommages subis, ils n’eurent cependant d’autre choix que de se replier dans la nuit du 18 au 19 août.

Un Mémoire sur la ville de Toulon rédigé en 1768 par le sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon 13 qui assurait alors le suivi de l’exécution des ouvrages de défense de Toulon, donne un bon résumé rétrospectif du contexte et de la nature des dommages de 1707 : « …L’officier qui commandait ce poste y tint pendant 11 jours malgré le feu continu des ennemis et il ne l’abandonna qu’après que la voûte du donjon eut été renversée, il se retira avec sa garnison à la grosse tour après avoir encloué son canon. Les ennemys n’ayant plus d’obstacle sur cette partie de la côte y amenèrent leurs galiotes à bombes, d’où ils bombardèrent la ville pendant plusieurs jours de suite. On n’aura plus à craindre cet évènement aujourd’hui (1768) par l’établissement du fort Lamalgue, et l’on peut même dire que le fort St. Louis devient un ouvrage inutile ».

L’écroulement de la moitié supérieure de la tour et d’une partie du mur de gorge parados imposèrent une reconstruction de grande ampleur, qui –semble-t-il- apporta quelques modifications au parti initial. Les plus importantes concernent la tour. Elle fut reconstruite plus solidement en disposant un pilier central sous la voûte de la salle basse, qui n’avait pas été ruinée, et en donnant à la salle de l’étage un plan ovalaire permettant d’épaissir le mur au droit de l’éperon, incorporant entièrement dans le mur la cage de l’escalier en vis auparavant en partie saillante. La voûte de cette salle fut reconstruite sur un plan annulaire sur pilier central portant sur celui ajouté en-dessous. De plus, le parapet à embrasures de la plate-forme supérieure fut reconstruit simplement à l’aplomb du mur, et non plus en encorbellement sur une corniche à mâchicoulis, et seulement sur les fronts de terre (côté batterie c’est un simple garde-corps). Certains indices, trop équivoques pour faire preuve décisive nous semble-t-il, laisseraient à penser que ces modifications remontaient à la réparation de l’écroulement de 1696. Tel est le cas de la relation des événements de l’été 1701 par l’intendant de la marine de Vauvré, signalant en date du 17 août que « que le donjon était criblé et que le pilier qui en soutient la voûte était à moitié coupé »14. Dans ce contexte, il n’est pas exclu que le mot pilier ait pu désigner l’angle de capitale de l’éperon, crevassé par la canonnade. D’autre part un dessin sommaire non daté, mais postérieur aux évènements, censé indiquer « la partie (de la tour) détruite par l’armée de M. de Savoye en 1707 »15, montre une coupe de la tour telle qu’elle était après sa reconstruction, en signalant par une couleur différente toute la partie au-dessus de la salle basse. Le dessinateur, dont l’objet était de montrer rétrospectivement l’étendue des dégâts, aura pu se servir d’une coupe d’état des lieux au moment où il dessinait, après reconstruction. Ce dessin ne saurait donc suffire à prouver que le dispositif actuel existait déjà entre 1696 et 1707.

Si l’on admet pourtant cette hypothèse, il peut sembler surprenant que les plans joints au mémoire de Vauban de 1701 et à l’atlas royal de 1710, censés donner un état des lieux fiables à leur date d’utilisation, n’aient pas été actualisés. S’agissant de l’atlas de 1710, l’état dessiné n’est, de toutes façons, plus d’actualité, mais depuis peu de temps, la reconstruction de la tour ayant été lancée au cours de 1708. Autre aspect discutable : pourquoi aurait-on changé la forme du parapet de la tour en supprimant les mâchicoulis dès 1696, alors que seul le « côté terre » de la tour s’était écroulé ? Quoi qu’il en soit, la voûte du premier étage de la tour a été reconstruite deux fois, soit une fois comme dans le projet d’origine et une autre fois avec pilier central, soit deux fois avec pilier central. En ce début du XVIIIe siècle commence à s’affirmer l’appellation concurrente de « fort Saint-Louis », sans que l’on puisse l’associer formellement à la restauration de l’ouvrage, qui n’est pas une refondation.

Un état des lieux stable, un armement fluctuant 1708-1841

En 1743 16, l’armement du fort se composait de neuf canons de 24 livres. Il était sous la garde d’un sergent et de huit invalides détachés de la Grosse tour. François Milet de Monville, officier du génie, né à Toulon, auteur d’un projet pour le fort Lamalgue en 1738, promu vingt ans plus tard directeur des fortifications de Provence et à ce titre, principal auteur du fort Lamalgue définitif, donnait en 1747 une description circonstanciée du « fort Saint-Louis » 17, précédée d’un état de l’armement, alors constitué de neuf canons de 36 et neuf de 12 livres, armés par un détachement d’un sergent et huit fusiliers de la Grosse tour, avec un garde d’artillerie, personnel à grossir de soixante hommes en temps de guerre. Milet procède à une visite complète qui renseigne sur l’état des locaux : « On y monte par un escalier au sommet duquel est un pont levis. Il y a à droite (du sas d’entrée) au premier palier un petit corps de garde, au second palier et au niveau de la plateforme, un magasin à l’usage de l’artillerie (au-dessus du sas et du corps de garde). Sur le derrière de cette plateforme à droite et à gauche de la tour ou bastion plat casematé 4 petites chambres hautes et basses, et à côté deux arsenaux où sont deux embrasures pour battre du côté de terre (locaux aménagés sous les arcades portant le chemin de ronde du parados, et refermés d’une façade côté batterie, selon le principe que Vauban proposait en 1701). Sur la même plateforme un magasin à poudre dans une espèce de tour appuyée en revêtement qui en contient 15 000 £. Au dessous un second magasin très humide qui ne pourrait servir que de cave (magasins dans l’angle en pendant de ceux associés à la porte et à son sas). Le bastion plat casematé (la tour) contient sous une voûte sur noyau des lits de camp pour coucher 24 hommes, il y a cheminée, four, margelle de citerne et une embrasure à chaque flanc. Au dessous est un souterrain occupé partie par la citerne, le reste destiné pour les vivres. Et au dessus est une plateforme avec 4 embrasures sur l’étendue du bastion plat, et à barbette du côté de la mer. La grande plateforme (la batterie proprement dite) au niveau des logements devrait être réparée en pierre de taille dure et un peu relevée y ayant trop de hauteur de genouillère pour des affûts marins. »

Plan de détail du fort Saint-Louis, 1775. Niveau 2.Plan de détail du fort Saint-Louis, 1775. Niveau 2.Cet état des lieux reste à peu près stable par la suite ; c’est celui qui est exprimé graphiquement par les plans détaillés des trois niveaux du fort qui figurent dans l’Atlas de la place-forte de Toulon établi en 1775 par le directeur des fortifications de Basse Provence Charles-François-Marie d’Aumale 18. Les modifications intermédiaires furent très mineures. Un plan schématique de 1753, signé Mareschal 19 mentionne en projet la réfection du dallage de la plate-forme de la tour et de la cour-chemin de ronde en arc de cercle entre tour et plate-forme d’artillerie, ainsi qu’une logette de latrines à l’extrémité gauche du parapet de la batterie.

Elévation vue du costé de la mer. [Fort Saint-Louis] 1758.Elévation vue du costé de la mer. [Fort Saint-Louis] 1758.

Cette logette fut bâtie en 1757, comme l’indiquent des plans, coupe et élévation côté mer signés Roquepiquet pour servir aux projets de 1758 20 (proposant une « jetée en pierre sèche » au pied du revêtement courbe de la batterie). Ces dessins donnent aussi l’état des lieux, montrant notamment les locaux adossés aux arcades du mur de gorge ou parados, les deux plus proches de la tour plus hauts, à deux niveaux, avec toit en appentis monté sur le chemin de ronde. Les cages d’escalier en vis des deux angles, associées aux magasins et à la porte, ont également une élévation importante avec toit en appentis, masquant à la manière d’une traverse un emplacement de tir haut qui terminait aux deux angles le chemin de ronde du parados. La construction et la reconstruction du fort avaient été suivies par la direction générale des fortifications, qui réunissait depuis 1691 les anciens ingénieurs de la marine à ceux de la guerre.

Lorsque le ministre de la marine Maurepas décida de revenir au statut antérieur en 1743, le fort Saint Louis fit partie des ouvrages relevant de la marine 21. C’est ce qui explique le changement de l’armement du fort Saint-Louis entre 1743 et 1747. Le département de la Guerre n’utilisait pas des pièces de plus gros calibres que 24 livres, tandis que la marine pouvait armer les batteries de côte de pièces équivalentes à celles dont elle armait les vaisseaux, particulièrement les gros canons de 36 livres, ce qui rendait cette artillerie de batterie plus efficace. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les ouvrages de côte passèrent sous l’autorité de la Guerre, en vertu d’une ordonnance de novembre 1759 instituant ce transfert généralisé. Néanmoins, la Guerre fit régulièrement appel aux moyens de la marine pour continuer à fournir les canons adaptés aux ouvrages de défense des rades et des ports, tant à Toulon 22 qu’à Brest. En 1770 23 le fort Saint-Louis était armé de six canons de 36 livres en bon état et de trois hors service. La construction, un peu plus au nord-est, du fort Lamalgue et de sa batterie de côte, ouvrages primordiaux pour la défense de Toulon, avait fait passer au second plan le fort Saint-Louis, dont on a vu qu’il était considéré par contrecoup comme inutile en 1768 par le sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon, principal adjoint du directeur des fortifications Milet de Monville, selon les termes de son Mémoire sur la ville de Toulon 24. Lors de la mise en état de siège de Toulon en l’an 2 de la République 25, le fort, à nouveau appelé des Vignettes, était armé de neuf pièces de 36 livres et de trois de 12. Un four à rougir les boulets y avait été installé entre le 21 mars et le 3 juin 1793. L’année suivante, il est précisé que les neuf pièces de 36 sont en batterie sur affûts marins, et que celles de 12, réduites à deux, sont sur la tour 26. Cette artillerie était servie par quarante-six canonniers de Marseille commandés par un capitaine et deux officiers. Les plans détaillés du fort, établis le 6 brumaire an 7 sous l’autorité du directeur des fortifications Garavague et du sous-directeur Legier, pour servir au plan-relief de Toulon 27, ne montrent aucun changement depuis l’atlas d’Aumale.

C’est aussi le cas d’autres relevés très complets établis en 1818 28, qui précisent l’affectation des locaux à cette date : le premier étage de la tour est affecté au logement de la garnison, la petite travée à deux niveaux adossée au mur de gorge-parados attenante à la tour à gauche est le logement d’officiers, celle à droite le logement du gardien de batterie, la travée plus large mais sans étage à droite de cette dernière est le corps de garde, sa symétrique adossée à l’aile gauche, après le logement d’officier est un magasin aux attirails. Le magasin à poudres, à la suite, reste à l’emplacement défini depuis Vauban. A l’étage de soubassement de la tour, la moitié non occupée par la citerne est un « souterrain à usage de prison ». L’article 19 des projets d’amélioration des fortifications de la place pour 1834, concernait « la Tour Saint-Louis »29 : il proposait de construire en avant du front de gorge, sur toute sa largeur et sur une profondeur supérieure à celle du fort, une sorte d’ouvrage à cornes ou cornichon, retranché de la terre par un fossé inondé mais non retranché du fort. L’ouvrage projeté aurait comporté sur ses faces latérales, de la pointe des demi-bastions au mur de gorge du fort (sauf côté porte) un épaulement de type banquette d’artillerie procurant une batterie basse pour des tirs prenant la côte en enfilade. Ce projet assez lourd resta sans suite.

Adaptations tardives de la batterie, déclassement et réutilisation, 1846-1965

La Commission d’inspection des batteries de côte instituée en 1841 pour relever les défenses côtières plaça le fort au premier degré d’importance et demanda que son parapet en maçonnerie fût remplacé par un épaulement en terre pour le tir à barbette. L’objectif de cette transformation était d’offrir à la batterie un meilleur commandement face aux nouveaux vaisseaux de haut bord, en rehaussant de près de deux mètres l’altitude des canons. Il était prévu de l’armer de trois canons de 30 livres et trois obusiers de 22cm. Le projet d’adaptation fut rédigé et dessiné en 1845 pour 1846 par le capitaine du génie Long, sous l’autorité du chef du Génie Corrèze. Outre la modification du parapet de la batterie basse en arc de cercle, ce projet proposait à nouveau, comme en 1834, la construction, en avant du front de gorge, d’un « cornichon » symétrique, avec porte dans l’axe de la tour, suivi d’un passage en caponnière défilé par deux épaulements de batterie placés latéralement, pouvant accueillir trois pièces chacune. Cette partie du projet ne fut cette fois encore pas retenue, mais le parapet en maçonnerie à embrasures de la batterie fut recouvert en 1846-1847 par le gros épaulement en terre prévu, derrière lequel devaient s’organiser les six pièces, servies par quarante-cinq canonniers logés dans la tour. Ces emplacements de tirs ne furent perfectionnés qu’en 1862 par des plates-formes de maçonnerie semi-circulaires équipées de leurs dés de sellettes. L’armement fut mis en place entre 1862 et 1869 30.

Lors de l’étude de la réorganisation des défenses de la rade, la commission de 1872 31 s’avisa que l’armement n’était plus en place. Elle proposa d’approprier le fort pour y installer quatre ou six canons de gros calibre, au moins 27cm, tout en estimant que le fort n’offrait qu’une mauvaise défense contre les cuirassés ce qui pouvait justifier de renoncer à l’armer. Peu après, fut envisagée l’installation de deux pièces de rupture sous blindage. Compte tenu des difficultés pratiques d’un tel projet, on renonça aux modifications que cela imposait au fort, dont l’armement fut fixé à trois canons de 160mm (30 livres) rayés. Le personnel nécessaire au service des pièces était de six canonniers exercés et douze auxiliaires, de la première batterie du 19e régiment d’artillerie. A la fin du XIXe siècle et au début du suivant, l’utilisation du fort, en tout ou en partie, fit l’objet d’échanges entre les services de la Guerre et de la Marine. A chaque fois le processus (demande initiale, tenue de conférences inter-services locales, validation par les ministères, décision puis remise effective) s’étala sur un long délai, qui put atteindre quelques années, symptomatique du mauvais climat qui régnait alors entre les deux armes en matière de défense des côtes. Tenu par la Marine depuis mai 1897, le fort fut remis en 1908 en grande partie au service du génie afin d’y installer un poste photoélectrique (PPE). Devenu obsolète comme ouvrage d’artillerie du fait des progrès de l’armement, le fort trouva une nouvelle utilisation militaire au profit des services de la Défense fixe. Ce service gérait la mise en œuvre des lignes de torpilles (c’est-à-dire de mines électriques) qui interdisaient l’entrée de la rade, ainsi que les projecteurs chargés d’éclairer les navires adverses pour le combat de nuit. Ainsi fut-il proposé en 1895 d’installer dans le fort le projecteur de 90cm de diamètre débarqué de l’Arrogante et d’y placer le poste X de la Défense fixe 32, poste d’observation et de commande de mise à feu d’une des lignes de torpilles formant barrage à l’entrée de la grande rade. La Marine ne conservait que les locaux de l’aile droite du parados et la salle d’étage de la tour. Le PPE devait être implanté dans des constructions neuves à ériger sur l’aile gauche de l’épaulement de la batterie.

A défaut de disposer des archives correspondantes du génie, l’examen de celles des Travaux hydrauliques montre qu’à la mobilisation de 1914, ce service avait terminé l’abri de combat du projecteur (aile gauche de l’épaulement)33. Le poste de commande ou poste d’exercice de torpilles X fut construit conformément au projet de 1895, entre cette date et 1899 34, à l’extrémité gauche de l’aile gauche du parados, tirant parti de l’embrasure haute existante pour assurer ses visées. Cet édicule fut compliqué, vers 1914, d’une sorte de guérite surmontant l’escalier en vis. Un bâtiment neuf de type hangar, servant d’abri pour appareils de télécommande, fut construit en 1930 en surélévation des locaux existants adossés à l’aile gauche du parados, entre le poste de torpilles et les abords de la tour ; en haut de celle-ci fut ajoutée une guérite-observatoire en ciment 35.

A partir de 1941, une école de tir à la mer de la Marine utilisa le fort, qui accueillit après la Libération un centre d’expériences tactiques. Préalablement, une remise en état était nécessaire, la période d’occupation allemande ayant occasionné des constructions adventices et des déprédations. Ces travaux, estimés à un coût de 2,3 millions de francs en 1946, furent réalisés en 1950 36, après que le fort eut été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques (arrêté du 29 novembre 1948), ce qui eut une influence sur leur caractère de restauration. Ils s’étendirent à la suppression de la guérite observatoire de 1930 et à celle de l’épaulement en terre mis en place un siècle plus tôt sur la batterie, avec réouverture des embrasures d’origine, mais sans abaissement de la plate-forme au niveau correspondant. La mise en place de la clôture du côté de terre date de 1965 37 ; elle réemploie une partie des grilles de l’ancienne préfecture maritime implantée sur la place d’armes jusqu’à sa destruction par les bombardements de mars 1944. Alors fut percée une issue de service en bas du flanc gauche de la tour, traversant le mur jusqu’à la salle basse. Depuis le début des années 2000, le fort est une dépendance du cercle naval (cercle des officiers de la marine à Toulon).

Analyse architecturale

Site et implantation générale

Ensemble du fort, côté droit, depuis le port.Ensemble du fort, côté droit, depuis le port.

Le fort a été construit en bordure de la côte nord de la grande rade de Toulon, dans une petite anse abritée à l’ouest par la péninsule du Mourillon, qui sépare la petite rade de la grande rade, et à la pointe de laquelle est implantée la « Grosse Tour ». Cette anse accueillait le port des Vignettes, dont la facilité d’accès à la flotte ennemie a justifié la construction du fort. Fondé « à la mer » sur un enrochement artificiel à une cinquantaine de mètres de la bordure rocheuse émergente de la côte, dans une zone de très bas fond, il est depuis sa construction relié à la terre par une sorte de pédoncule ensablé, qui lui donne plutôt l’aspect d’une presqu’île que celui d’un ilot. A l’origine, cet isthme était inondé dans la partie la plus proche du fort, et devait être retranché de lui par un étroit fossé ou bras de mer plus formel exigé par Vauban, mais dont la finition et l’entretien ont été très tôt abandonnés. Aujourd’hui un peu élargi et occupé par une aire de stationnement, l’isthme règne devant la moitié droite seulement du front de gorge du fort, soit devant la tour et l’aile droite, dans laquelle est ménagée la porte. Dès l794, le fort en construction avait déjà son système d’accès définitif, soit une volée d’escalier en maçonnerie montant face à la porte, détachée du mur de gorge et relié à la porte par une planchette ou pont-levis ; ce dispositif n’a pas changé, si ce n’est que la passerelle actuelle est fixe. Aujourd’hui enserré entre une plage et un petit port de plaisance, le fort est très facile d’accès par la route côtière partant du port de Toulon, qui longe ensuite la batterie de la Basse-Malgue et se poursuit jusqu’au cap Brun.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues

L’état actuel du fort Saint-Louis est à peu de choses près conforme à celui conçu par Vauban et Antoine Niquet, tel qu’il fut achevé à l’occasion de la reconstruction partielle de 1708. Comme on l’a vu, les remaniements postérieurs furent très limités, l’un d’eux (gros parapet de terre de 1846) a été supprimé, en sorte que si l’on excepte deux bâtiments ajoutés au XXe siècle, dont celui de 1930, l’œuvre initiale apparaît complète et indemne de lourdes retouches. L’ensemble de la batterie et de sa tour-réduit, dont le plan a déjà été caractérisé sans souligner sa géométrie savante, est assez petit, plus petit par exemple que la « Grosse Tour », œuvre de la Renaissance et première fortification royale de la rade. En élévation, cet ensemble comporte classiquement un soubassement formé par le terrassement de la batterie et la salle basse de la tour dont le revêtement est profilé en fruit ou talus ; son arasement à l’horizontale est souligné par un cordon continu marquant la « magistrale » de l’ouvrage, au-dessus duquel sont bâties des élévations murales verticales de trois hauteurs différentes : au plus bas le parapet à embrasures de la batterie en arc de cercle,Ensemble du fort, du côté de la mer: batterie, tour et locaux adossés.Ensemble du fort, du côté de la mer: batterie, tour et locaux adossés. ensuite le mur de gorge ou parados, c'est-à-dire, comme ce terme l’indique, un mur bouclier monté assez haut pour bien défiler la batterie des coups portés par l’ennemi du côté de la terre ; enfin l’étage et la plate-forme de la tour avec son parapet. Le plan en arc de cercle de la batterie est un demi-ovale outrepassé dont la figure complète théorique mesurée à la base (niveau de la mer) serait un ovale de 58,15m X 52,40m, dont le centre est aussi celui de la tour. Le front de gorge rentrant ou en tenaille, c'est-à-dire composé de deux ailes ou pans symétriques en angle légèrement rentrant constituant le mur-parados et incorporant la tour au centre, est large de 56, 80m à la base, soit 54,15m au-dessus du cordon. La tour est composée d’un volume demi-cylindrique saillant sur le nu intérieur du mur-parados côté batterie, évoquant une tour ordinaire comme celle de la batterie de Balaguier, associé côté gorge à un volume à quatre pans en éperon qui évoque une tour bastionnée, soit un demi-pentagone axé symétrique à deux petits flancs et deux faces reliées par des angles obtus, saillant sur le nu extérieur du mur-parados.

Tour, côté demi-circulaire donnant sur la batterie, et locaux adossés.Tour, côté demi-circulaire donnant sur la batterie, et locaux adossés.La largeur hors-œuvre maximum de la tour (au-dessus du cordon) est de 16,20m, pour une longueur (ou profondeur) de 18,90m. La profondeur maximum de l’ouvrage de l’angle de capitale ou éperon de la tour à l’axe de l’arc de cercle de la batterie est de 37m. Le plan des deux salles voûtées internes de la tour, salle basse et salle d’étage, n’est pas un cercle parfait, mais une ellipse ovoïde formé par le cercle outrepassé de 10,26m de diamètre inscrit dans la partie demi-circulaire, prolongé d’un demi-cercle de 9,90m de diamètre inscrit dans le front bastionnaire à quatre pans, cotes prises à l’étage. Comme on l’a vu, ce plan interne est un peu différent de celui sur lequel la tour avait été construite en 1694, qui laissait moins d’épaisseur murale au front à pans, et il comporte un pilier central, ajouté au parti initial pour le renforcer, soit en 1696, soit en 1708. Ce pilier central, de même, n’est pas simplement cylindrique, mais oblong, fusionnant un demi-cylindre, côté tour circulaire, avec un pilier carré, côté opposé. Dans la salle d’étage, ce pilier supporte une voûte annulaire simple, l’ensemble ayant été reconstruit intégralement en 1708. La configuration dans la salle basse est différente, et témoigne mieux du caractère de reprise du pilier central. Cette salle est bipartite d’origine, formée d’une part par la citerne, dans la partie tour circulaire, dont le sol en fond de cuve était plus bas que le sol actuel, d’autre part d’une pièce assez basse sous voûte que dessert le bas de l’escalier en vis logé dans la masse murale de l’éperon.Tour : porte de l'escalier en vis avec pénétration dans la voûte du niveau 2.Tour : porte de l'escalier en vis avec pénétration dans la voûte du niveau 2. Ces deux parties sont séparées par un mur de refend d’origine non pas droit mais formé de deux pans rentrants qui suivent l’alignement des deux ailes du mur de gorge-parados de la batterie. Le pilier central est engagé au milieu de ce mur de refend, à l’endroit ou était percée la porte de communication d’origine de la moitié antérieur de la « salle » à la citerne ; cette porte de communication a été repercée dans le pan de droite lors de la construction du pilier. La forme de la voûte est différente de part et d’autre du mur de refend, qui, plus qu’un simple cloisonnement, contribue à étayer la voûte. Côté citerne, c’est la voûte d’origine de 1692-1693, soit un cul de four.

Le pilier central est manifestement construit en sous-œuvre et vient buter l’intrados de cette voûte. De l’autre côté du mur de refend, la voûte est entièrement reprise sur le principe annulaire appliqué à l’étage. On peut donc en conclure que la voûte avait été crevée, de ce côté seulement, par l’écroulement / basculement de la moitié supérieure de la tour consécutif à la canonnade de 1707, qui pilonna précisément ce côté, et que la moitié couvrant la citerne était restée indemne grâce au mur de refend et au terre-plein de la batterie qui la bloquaient. La reconstruction de 1708 a donc réalisé la voûte complète de l’étage et reconstruit la moitié de celle de la salle basse bipartite. On notera que dans ce volume bas, en présence du mur de refend porteur, le pilier central n’était utile dans l’absolu que pour le report de charge de celui de l’étage, et que la voûte aurait pu rester une coupole oblongue, ce qui n’aurait probablement pas été changé si les bombes de 1707 n’avaient atteint sa partie antérieure.Le niveau de terrasse d’origine de la batterie, autrement dit celui du cordon, règne à 22 pieds, soit 7,15m au-dessus du niveau de la mer. Le revêtement est structuré, comme on l’a vu, par une série de contreforts intérieurs (environ 13 à 15 pour l’arc-de-cercle, d’après les plans du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle) reliés en tête par des arceaux qui supportent en partie en encorbellement le parapet maçonné de la batterie basse, celui-ci étant plus épais que le mur continu du revêtement. Ce dispositif est entièrement enterré, et la plate-forme carrelée actuelle recouvrant celle de l’ancienne batterie est plus haute qu’elle d’environ 1m, ce qui se repère au fait qu’elle règne au-dessus de l’appui des neuf embrasures d’origine.

Cet état hybride résulte de la restauration de 1950, qui a supprimé le gros parapet en terre de 1846 sans remettre en cause le niveau de sol de batterie correspondant.Le mur de gorge offre la même structure à contreforts intérieurs que le revêtement arrondi, mais ces contreforts définissent des travées plus espacées, trois de chaque côté de la tour. Les deux de ces six travées qui occupent les angles de la batterie sont fermées et utilisées d’origine comme casemates, sur deux niveaux : en soubassement, celle de droite abrite le sas d’entrée du fort, en chicane, divisé en deux par une porte intermédiaire et desservant l’escalier tournant sur mur-noyau qui monte à la terrasse et au chemin de ronde ; au-dessus, au niveau de la terrasse, c’est un petit magasin dont l’épaisseur murale semble avoir été rechargée de l’intérieur vers le début du XIXe siècle, si l’on compare les plans de 1775 (Atlas d’Aumale) et 1798 (plans pour servir au plan-relief), sur lesquels son volume équivaut à une travée normale, avec ceux de 1818 et ultérieurs, où ce volume est réduit au profit de la masse murale. Dans l’angle gauche, les deux magasins superposés, destinés au stockage des poudres, ont le même volume, équivalent à une travée normale entre contreforts. Pour former parados, le mur de gorge en deux pans symétriques s’élève à 6m de hauteur, parapet compris au-dessus du niveau d’origine de la plate-forme de la batterie, en sorte que la hauteur totale de ce mur à l’extérieur, côté gorge, est de 13, 15m. Pour ce mur-parados seul, les contreforts intérieurs et les arceaux qui relient leur tête s’élèvent au-dessus du sol de la batterie, pour porter le chemin de ronde qui règne à 4,50m de hauteur. Haut de l'escalier tournant à mur-noyau dans l'angle de l'aile droite du parados.Haut de l'escalier tournant à mur-noyau dans l'angle de l'aile droite du parados.

Les quatre grandes arcades qui en résultent, deux de chaque côté de la tour, larges de 4,30m à 5,40m, profondes de 2,70m, sont refermées depuis le premier tiers du XVIIIe siècle par des façades, pour les utiliser comme locaux d’appoint. Sur les deux plus étroites, directement attenantes à la tour, l’arcade et le chemin de ronde ont été supprimés (dès la reconstruction de 1708 ?) pour insérer dans la travée un local à deux niveaux, couvert d’un toit adossé en appentis au parapet du mur-parados. Depuis ce toit jusqu’aux angles du front de gorge, le chemin de ronde règne sur les deux ailes du mur-parados et s’élargit aux deux extrémités, portant sur la voûte et sur les murs des deux magasins, pour former une petite plate-forme d’artillerie qui dispose d’une embrasure (position de tir pour un canon) dans le retour latéral du parapet sur le mur en arc de cercle. Les deux cages d’escalier tournant à peu près symétriques (vis à gauche, escalier tournant à mur-noyau à droite) qui partent du sous-sol et desservent ces superstructures défensives du parados, forment un bâti saillant sur la plate-forme de la batterie, hors-œuvre des magasins, couvert de son propre toit en appentis. L’adossement de ce bâti à l’enveloppe en arc de cercle de la batterie, accroît d’autant en largeur la partie haute de cette enveloppe qui prolonge le mur de gorge en retour d’angle et domine la batterie basse. Si l’aile gauche du mur-parados est à peu près dans son état du XVIIIe siècle, celle de droite est surmontée de deux bâtiments jointifs, le petit poste de commande de torpilles de 1895, couvert en appentis, bâti sur l’emplacement de tir à canon, et le hangar des appareils construit en 1930, sur l’ancien chemin de ronde.

Outre les neuf embrasures de la batterie basse, de forme classique à fort ébrasement extérieur et talus plongeant, non couvertes, le fort comporte au même niveau six embrasures dans le front de gorge, de même conception mais couvertes d’une voûte segmentaire parce qu’elles ne sont pas ménagées dans un parapet mais dans un mur de plus grande hauteur. Quatre de ces embrasures sont percées dans la tour, servies depuis la salle d’étage voûtée, une au milieu de chaque face et une calée dans chaque flanc, l’ébrasement de ces deux dernières étant beaucoup plus étroit du fait de la petitesse des flancs. Par leur angle de tir, ces embrasures assuraient le flanquement strict des deux ailes du mur-parados.Détail des embrasures du front de gorge, parados et tour (niveau 2). Détail des embrasures du front de gorge, parados et tour (niveau 2). Celles des faces de la tour défendaient les approches depuis la côte. Les deux autres embrasures sont percées dans le mur-parados, sous l’arcade médiane utilisée comme local fermé, et implantées selon un axe oblique convergent, qui leur permettait de flanquer les faces de la tour tout en défendant les abords. Ces deux embrasures sont murées de longue date vers l’intérieur, à la différence de celles de la tour.On a noté la présence d’un niveau intermédiaire d’appoint de la batterie, 4,50m plus haut, avec les deux emplacements de tir situés aux extrémités du chemin de ronde du mur-parados, regardant non plus la rade, mais le littoral. L’aspect de ces deux embrasures et de leur parapet est identique à celui des embrasures de la batterie basse en arc de cercle.Enfin, la plate-forme sommitale de la tour comporte un parapet du même type, au-dessus d’un second cordon plus discret que celui qui ceinture l’ensemble du fort à la base des quinze embrasures du niveau de la batterie basse. Ce parapet est percé de quatre embrasures, exclusivement dans les pans du front de gorge en éperon, soit les deux faces et les deux flancs ; elles sont strictement superposées à celles de la salle d’étage voûtée de la tour, l’ébrasement de celles des flancs étant plus ouvert puisque régnant au-dessus du mur-parados. Le parapet de la partie demi-circulaire de la tour, face à la rade, est plus bas et ne comporte pas d’embrasures : il permettait un tir à barbette en plaçant les canons sans contrainte.Le parapet du chemin de ronde du mur-parados n’est qu’un garde-corps passif, dont la ligne de tablette horizontale se continue visuellement par un bandeau dans les faces et flancs du front de gorge de la tour.

On notera l’absence totale de créneaux de fusillade, pourtant recommandés par Vauban, dans l’ensemble des dispositifs de défense active du fort. Les embrasures du front de gorge pouvaient être éventuellement utilisées pour des tirs de défense rapprochées, mais elles sont conçues pour le canon, au même titre que celles de la batterie basse, non pour le tir à l’arme d’épaule. Une lecture du bâti permet de repérer, dans la salle basse bipartite, dans la partie côté gorge, de part et d’autre de la porte d’accès à l’escalier en vis logé dans l’éperon, les départs murés de fentes de ventilation qui traversaient l’épaisseur du mur mais dont on ne retrouve pas le débouché dans le parement extérieur. Sont-elles l’équivalent des fentes ou créneaux, que préconisait Vauban ? Elles font sans doute partie de la construction initiale de 1692-1693, mais n’ont été condamnées que tardivement, car elles apparaissent ouvertes sur les plans de 1818 et de 1846. Il faut supposer que leur débouché est actuellement sous le niveau du sol extérieur, rechargé au cours du XXe siècle, en gagnant sur la mer, notamment pendant et peu après la seconde guerre mondiale. C’est à la faveur de cette recharge qu’a été percée l’actuelle issue de service reliant directement la salle-basse, aménagée en cave et en garde-manger du restaurant, à l’extérieur du fort, dans le flanc gauche de la tour. La porte du fort Porte du fort, tableau de rabattement du pont-levis, et faux pont-levis décoratif.Porte du fort, tableau de rabattement du pont-levis, et faux pont-levis décoratif. est ménagée au deux tiers de la longueur de l’aile droite du mur-parados, ce qui permettait de la faire déboucher, comme on l’a vu, dans la plus proche de l’angle des trois travées définies par les contreforts intérieurs de ce mur. La porte proprement dite est percée dans le revêtement suffisamment en-dessous du cordon pour que les reins de la voûte du sas voûté qui lui fait suite ne dépassent pas le niveau de la plate-forme de la batterie, niveau matérialisé par le dessus du cordon. En revanche, cette porte piétonne assez étroite, couverte d’un arc très surbaissé, s’ouvre dans un tableau rectangulaire en net retrait du nu du parement, plus large et beaucoup plus haut qu’elle, tableau qui recoupe le cordon et le dépasse d’environ 1m. Ce tableau est évidemment celui dans lequel venait s’encastrer en position relevée la « planchette » soit le tablier du pont-levis qui portait sur la culée de l’escalier d’accès ; sa hauteur était donc déterminée par la longueur de la planchette. Le levage s’effectuait au moyen d’une corde partant du bout de la planchette et passant par une ouverture rectangulaire percée en haut et au centre du tableau d’encastrement, qui accueillait une poulie ; cette ouverture avait toutes les caractéristiques d’un soupirail plongeant vers l’intérieur pour déboucher dans la voûte du sas. La corde allait s’enrouler sur un treuil disposé dans une niche au fond du sas, tandis que le piéton passait à droite du sas, dans un petit vestibule pouvant servir de corps de garde, avant de retourner à gauche, selon un parcours en baïonnette, pour gagner l’escalier tournant sur mur-noyau. On peut regretter l’aménagement extérieur actuel de la porte, décorée d’un pseudo pont-levis postiche à flèches et à chaînes, évoquant un décor de film « de cape et d’épée », encadrant un placard en bois affichant « cercle naval », qui masque l’ouverture de la poulie du « vrai » pont-levis.

Avant de déboucher sur la plate-forme de la batterie ou de se poursuivre jusqu’au chemin de ronde du parados, l’escalier tournant sur mur-noyau, variante oblongue d’un escalier en vis, dessert le « petit magasin » casematé aux murs épais qui surmonte le double sas d’entrée. Ce magasin est aveugle et seulement percé d’un évent minimal dans le mur de fond (gauche). La porte de l’escalier donnant de plain-pied sur la batterie s’ouvre en vis-à-vis de celle de la tour, ménagée exprès très latéralement dans le volume semi-cylindrique, mais dans l’état actuel, une recharge en épaisseur des façades des locaux nichés dans les deux travées intermédiaires (à usage de cuisine du restaurant du cercle naval) masque un peu cette co-visibilité. La cour-passage, dégagée entre la gorge de la plate-forme de la batterie et l’ensemble tour-parados, est aujourd’hui plus encaissée qu’elle ne l’était jusqu’en 1846, du fait du surhaussement de la plate-forme. Cette cour-passage dessert dans l’ordre en sortant de l’escalier, les deux locaux des travées entre contreforts de l’aile droite du parados, la porte de la tour, les deux locaux entre contreforts de l’aile gauche du parados, et enfin la porte de l’escalier en vis qui dessert les deux magasins à poudres superposés et les dessus de l’aile gauche du parados, occupés par les bâtiments de l’ancien poste photoélectrique, restaurés et réaffectés en logement pour les usagers actuels du fort. Les deux magasins à poudres sont totalement aveugles. Seul celui du haut, de plain-pied avec la cour-passage est ventilé de deux évents en chicane, percés dans les murs extérieurs, l’un côté gorge, l’autre sous l’embrasure latérale du chemin de ronde du parados. Immédiatement à droite de la cage d’escalier, le début du parapet de la batterie basse est traversé par un passage étroit desservant la logette de latrines en encorbellement sur trois consoles, bâtie à cet endroit en 1757 et bien conservée. Malheureusement, ces latrines ayant été jugées obsolètes pour les usages plus récents, un bloc sanitaire en ciment armé est en place à proximité immédiate, probablement construit durant la seconde guerre ou lors des travaux de 1950. Tour : porte d'entrée depuis la batterie.Tour : porte d'entrée depuis la batterie.

La porte de la tour bénéficiait d’un système de barrage passif permettant éventuellement une résistance séparée du réduit : pas de pont-levis, faute de fossé intérieur, et pas de herse, mais peut-être une forte grille extérieure, qui pourrait expliquer le large tableau en retrait dans lequel cette porte est ménagée. L’encadrement de la porte proprement dite est lui-même muni d’une feuillure de vantail ouvrant vers l’extérieur, le passage d’entrée qui fait suite comportant un autre vantail, ouvrant cette fois vers l’intérieur ; enfin, l’issue côté salle est elle-même incluse en retrait dans un tableau couvert d’un voutain pénétrant en lunette dans la voûte annulaire : ce tableau pouvait accueillir une autre grille ou menuiserie défensive (rien de visible sur les coupes anciennes). Les aménagements de la salle d’étage sont assez limités, si l’on ne revient pas sur ceux déjà mentionnés, à savoir l’escalier en vis logé dans l’angle de capitale et les quatre embrasures côté front de gorge qui en temps ordinaire sont les seules prises de jour. Une cheminée, aujourd’hui masquée, existait dans le mur circulaire côté batterie, décentrée à gauche, tandis qu’à droite, en pendant, dans le même mur et tout près de la porte d’entrée, on remarque l’emplacement de la margelle du puits qui permettait de remonter directement l’eau de la citerne située en-dessous, avec corde jouant sur une poulie fixée à une potence (disparues). A côté de ce puis était une vasque. Ces éléments sont aujourd’hui dénaturés, et on ne voit plus traces dans les murs enduits lisses, des accroches des cloisons rayonnantes qui organisaient la chambrée où logeaient 24 hommes sur lit de camp.

Structure et mise en œuvre

Les parements ordinaires des revêtements du fort et des murs de la tour sont très homogènes dans leur mise en œuvre, et ne conservent pas de trace archéologique flagrante des traumatismes subis par le front de gorge en 1696 pour la tour seule, et en 1707 pour la tour et le mur-parados. Il y a lieu de croire que la reconstruction de 1708 s’est étendue à une reprise du parement dans les œuvres basses non détruites en profondeur, pour homogénéiser l’aspect. Quoiqu’il en soit, le génie avait un savoir-faire très sûr en termes de réparations de parements bien intégrées. Ces parements du XVIIIe siècle, semblables au-dessous et au-dessus du cordon en ce qui concerne le front de gorge, sont réalisés en petits moellons de pierre blanche demi-dure soigneusement équarris tête dressée, calibrés et assisés, au point de former un appareil moyen à petit de carreaux de hauteur d’assises assez régulière, qui se différencie d’un parement en pierre de taille par l’imperfection des joints, épais, et de la finition en tête.

Les pierres du parement du revêtement en arc de cercle de la batterie paraissent un peu différentes, en moyenne plus longues, en assises un peu moins régulières (assises plus petites en bas qu’en haut du revêtement), mais ces différences sont ténues. La pierre de taille est assez bien représentée et mise en œuvre avec soin, pour les chaînes des angles saillants principaux, présents seulement sur le front de gorge, et à l’encadrement de la porte et du tableau de son pont-levis, couvert en plate-bande appareillée, leur hauteur d’assise correspond à un moyen appareil, une fois et demi à deux fois supérieure à la hauteur d’assise des carreaux du parement courant. Le cordon principal, volumineux et formant une saillie vigoureuse, repose sur une assise en cavet droit et réglet. Le cordon marquant la base du parapet de la tour n’est en réalité qu’un bandeau détaché en fort relief par une mouluration en doucine, à la manière d’une corniche.La brique est bien représentée : même si son emploi est à peu près réservé aux parapets, ceux-ci, parapets d’artillerie épais Ensemble du fort, tour et aile droite du parados avec la porte.Ensemble du fort, tour et aile droite du parados avec la porte.pour la plupart (si l’on excepte le parapet garde-corps du parados, également en brique) représentent un volume de maçonnerie considérable à l’échelle modeste du fort. La pierre de taille ne se combine à ces ouvrages de briques que de manière limitée, pour le prolongement dans les parapets des angles principaux du front de gorge, pour certaines encoignures ou bas d’appui d’embrasures. On notera que les retours d’angle du mur-parados sur le revêtement en arc de cercle, murs habillant le fond des magasins casematés d’angle, au-dessus du cordon, sont entièrement montés en briques, comme un parapet. Ces parements de briques sont d’ailleurs enduits.

La brique est également utilisée sans partage pour l’encadrement des six embrasures médianes du front de gorge, les quatre du premier étage de la tour, et les deux du mur-parados, ce qui crée un contraste assez inhabituel et esthétiquement réussi dans les matériaux de cette façade. A l’intérieur du fort, les escaliers en vis ou tournant sur noyau sont les aménagements dont l’exécution requiert la meilleure maîtrise de la taille de pierre, et leur mise en œuvre est à la fois soignée et peu savante. Aucun détail ne demande un savoir-faire particulier en stéréotomie. Les voûtes des deux étages de la tour sont en briques, avec pénétrations de voûtains en lunette au droit des portes, comme celles de l’escalier en vis. Les piliers centraux sont en pierre de taille (matériaux invisibles au premier étage du fait de l’enduit couvrant peu valorisant). Le magasin à poudres souterrain est couvert d’une voûte en berceau blocage de moellons sur couchis, laissée brute de décoffrage, qui comporte aussi une pénétration en lunette au droit de la porte d’entrée.

L’ensemble des bâtiments et locaux adossés aux ailes du mur-parados ou montés dessus, est revêtu d’enduits, tant à l’extérieur qu’à l’extérieur, réalisés ou renouvelés au XXe siècle. De la même manière, les toits, en appentis ou à deux pentes (bâtiment de 1930), sont couverts en tuiles-canal traditionnelles qui favorisent leur intégration dans l’architecture du fort en terme de silhouette. Les façades regardant la batterie et la mer, en partie revêtues de lierre, sont toutefois assez indigentes et moins bien intégrées, de même que la plate-forme trop haute revêtue de tomettes ordinaires. Le local sanitaire en ciment constitue une verrue sur cette plate-forme, par son matériau et sa volumétrie, comparé à l’aspect finalement pittoresque du local de visée et des guérites de l’ancien poste photoélectrique.Aucune menuiserie de porte ni grille ancienne remarquable n’est à signaler.

Magasin à poudre souterrain sous l'angle de l'aile gauche du parados.Magasin à poudre souterrain sous l'angle de l'aile gauche du parados. Porte du magasin à poudre souterrain vers l'escalier en vis.Porte du magasin à poudre souterrain vers l'escalier en vis.

1AN Marine 3JJ 203. 2Mémoire sur les réparations plus nécessaires des fortifications de Toulon, forts et batteries d’alentour de la rade … 9 mars 1679. Vincennes SHD, art. 8, carton 1 ( 1V H 1831) n° 1b.3Estimation de la tour et batterie proposées sur le port des Vignettes près l’entrée de la rade de Toulon. Vincennes SHD, art. 8, carton 1 ( 1V H 1831) n° 16.4Registre tenu au contrôle des fortifications pour l’enregistrement des fonds faits par le roi et la dépense faite sur iceux pour le nouvel arsenal et agrandissement de Toulon et des travaux d’Antibes pendant l’année 1692. Différents folios relatifs aux acomptes et toisés. Toulon, SHM 1L 240 5Addition du premier mars 1693 au projet de Toulon de 1679. Vincennes SHD, art. 8, carton 1 ( 1V H 1831) n° 19 6Vincennes SHD, art. 8, carton 1 (1V H 1831) n°22. 7Dépense tour et batterie des Vignettes. Toulon, SHM, 1L 244 f° 6 8Toulon, SHM, 1L 246 f° 3 9Paiement en faveur du sieur Digne pour 45 voyages de chalands, faisant 67 toises et demi cubes. Toulon, SHM 1L 247 f° 4 10Deuxième adition au projet des fortiffications de Toulon du 19 mars 1701, Vincennes, SHD, art. 8, carton 1 ( 1V H 1831) n°36. 11Vincennes SHD, Bibliothèque du Génie, Atlas n° 117, f° 22 « plan du fort des Vignettes dans la grande rade de Toulon ». 12 Etat des officiers, canonniers … destinés pour le service des batteries … établis dans la grande rade de Toulon. Juin 1707, Arch. Nat. Marine G 231 13Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834), n° 22. 14AN Marine B3 150 f° 203 v° 15BNF Estampes, Va topo. France, Var. 16Mémoire sur partie de la côte de Provence depuis la passe de l’est de la rade des îles d’Hyères jusques à Toulon, Milet de Monville, 20 avril 1743. SHDV Art 4 Son 2 § 6 Carton 1 n° 29 (ancienne cote) 17Description de la coste de Provence depuis l’embouchure du Rhosne jusques au golfe de Fréjus, Milet de Monville. SHDV Art 4 Son 2 § 6 Carton 1 n° 37 (ancienne cote). 18Vincennes SHD, Bibliothèque du Génie, Atlas n° 64, Toulon, par d’Aumale, 1775, articles 1, 2, 5,6. 19Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 3 (1 VH 1833). 20D’après la légende sur un plan signé Roquepiquet du 31 octobre 1757 ; Arch. Nat. Marine G 207 pièce 49 ter. 21Lettre du 4 mai 1743 aux intendants de la marine. Toulon, SHM 1A1 244 f° 121 v° 22Mentions diverses de cette situation dans les archives ; à Toulon, SHM sous-série 1H1 23Etat actuel des batteries des rades de Toulon, suivant la visite qui en a été faite par MM. De Champorcin, de Vialis, Boullement et Imbert le 14 xbre 1770. Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 5 (1 VH 1835) n° 6. 24Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834), n° 22. 25 Etat de situation des batteries de l’entrée et de l’intérieur de la rade du Port de la Montagne, au 15 prairial de l’an 2, 18 prairial an 2 (6 juin 1794) Locquin, Toufaire, Thevenard, Pierron. SHDV 1V H 1839 n° 30 26Commission du septième arrondissement des côtes, comprises entre Marseille et Savone. SHMT 4A1 440 27Paris, Musée des Plans-reliefs, non coté. 28Toulon, SHM, 4B1. 1bis 29Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 carton 24 (1 VH 1854). 30D’après l’Atlas des batteries de côtes de 1881. Toulon, SHM. 31Commission mixte de révision des défenses du littoral dans le 5è arrondissement maritime, Rapport de la commission, 6 mars 1873. SHMT 4B1 22 n° 27532Projet de transfert au fort saint Louis du poste X de la défense fixe, mai 1895. Toulon, SHM 94 001 393 et Archives ESID (archives courantes du service domanial). 33PV de remise par l’artillerie de terre aux travaux hydrauliques en date du 1er mars 1915. ESID Toulon (domanialité). Travaux hydrauliques était la dénomination du service des travaux maritimes de la marine de 1828 à 1927. 34Ce poste est en place sur les premières photographies du fort éditées en carte postale illustrée en 1900, certaines ayant été expédiées et oblitérées en 1901.35Projet de construction au fort saint Louis d’un local pour appareils de télécommande et d’un observatoire, août 1929. L’ordre de service de réalisation est daté du 12 février 1930. Toulon, SHM 94 001 393 36Marché n° 83 50-5 du 31 mai 1950. Archives ESID Toulon carton 1996/632. 37Note intérieure n° 1084/D du 15 mai 1965, du directeur des TM à l’ingénieur chef de la section TM.R. Archives ESID Toulon carton 1996/632.

Dans le cadre de son projet général de 1692 pour la défense de Toulon, qui concernait exclusivement la défense de la rade, Vauban propose une « tour et batterie » à la mer, en basses eaux, sur le port des Vignettes, point vulnérable au nord de la petite rade. Revu et estimé par Niquet, l’ouvrage est bâti sous le contrôle de Cauchy de Chaumont par l’entrepreneur César Aiguillon entre 1692 et 1696. A cette dernière date, la tour s’éboule en partie et doit être rétablie. Le chantier est achevé en 1697. Le front de terre du fort et la tour sont ruinés par une canonnade lors du siège de Toulon par le duc de Savoie. Ils sont reconstruits l’année suivante avec quelques changements mineurs. En 1743, le fort est armé de neuf canons de 24 livres, en 1747 de 18 canons, la moitié de 36 livres (artillerie de marine), l’autre de 12. En 1770, trois des canons de 36 sont hors service ; ils sont rétablis en l’an 2, tandis qu’il n’y a plus que deux pièces de 12.

En application d’une demande de la commission de défense des côtes de 1841, le parapet de la batterie basse est transformé en 1846 par une épaulement de terre destinée à recevoir trois canons de 3 livres et 3 obusiers de 22cm. Les emplacements de tir sont perfectionnés en 1862. Après 1872, le nouvel armement de la batterie de côte se compose de trois canons de 160mm rayés.

Après 1895, le fort abrite un poste d’observation et de commande de torpilles de la Marine, puis, après 1908 un PPE (poste photoélectrique) du Génie, avec projecteur. En 1930 un bâtiment neuf est construit sur le fort pour les appareils de télécommande.

Après l’occupation allemande, en 1950, le fort, inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, est restauré : l’épaulement de 1846 est supprimé, mais le bâtiment de 1930 est maintenu.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle, 1er quart 18e siècle
    • Secondaire : milieu 19e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1708, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Le Prestre de Vauban Sébastien
      Le Prestre de Vauban Sébastien

      Ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Nommé maréchal de France par Louis XIV. Expert en poliorcétique (c'est-à-dire en l'art d'organiser l'attaque ou la défense lors du siège d'une ville, d'un lieu ou d'une place forte), il a conçu ou amélioré une centaine de places fortes.

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      ingénieur militaire attribution par source
    • Auteur :
      Niquet Antoine
      Niquet Antoine

      Ingénieur général des fortifications de Provence, de Dauphiné, de Languedoc en 1680. En 1700, il est à Toulon où il travaille avec Vauban sur un nouveau projet d'aménagement du site : retranchement de la ville, aménagement du port et de la darse, défense de la ville avec des forts et des tours. Auteur des projets de fortification de la place de Seyne (Alpes-de-Haute-Provence) en 1690.

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    • Auteur :
      Cauchy de Chaumont Jean
      Cauchy de Chaumont Jean

      Ingénieur-architecte de la Marine en 1675, employé à Toulon. Ingénieur en chef vers 1707. Travaille aux agrandissements de l'enceinte de Toulon et à la transformation de la ville vers 1675-1700.

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      ingénieur militaire attribution par source

Fondé « à la mer » sur un enrochement artificiel à une cinquantaine de mètres de la bordure rocheuse émergente de la côte. Il est depuis sa construction relié à la terre par une sorte d’isthme ensablé. La batterie est en arc de cercle légèrement aplati face à la mer, large de 58m, avec front de gorge rentrant en tenaille emboîtant au centre une tour-réduit à deux étages de plan « en amande », soit semi-cylindrique vers la mer (16,20m de diamètre) et renforcé d’un éperon en angle droit à la gorge, suffisamment saillant pour comporter de petits flancs. La porte, piétonne, à pont-levis (supprimé) est percée à droite de la tour dans le pan droit de la tenaille du front de gorge.

La tour a deux niveaux voûtés de plan ovoïde sur pilier central oblong ; le premier (soubassement, jadis à moitié occupé par une citerne) mi-coupole, mi-annulaire, le second annulaire. Ils sont reliés par un escalier en vis logé dans l’éperon.

En élévation extérieure, le soubassement du fort, formé par le terrassement de la batterie et la salle basse de la tour, a un revêtement profilé en fruit ou talus ; son arasement à l’horizontale est souligné par un cordon continu, à 7m de hauteur, au-dessus duquel sont bâties des élévations murales verticales de trois hauteurs différentes : au plus bas le parapet à embrasures de la batterie en arc de cercle, puis le mur de gorge ou parados, c'est-à-dire, comme ce terme l’indique, un mur bouclier monté assez haut (13m en tout) pour bien défiler la batterie des coups portés par l’ennemi du côté de la terre ; enfin l’étage et la plate-forme de la tour avec son parapet.

Deux cages d’escalier tournant à peu près symétriques (vis à gauche, escalier tournant à mur-noyau à droite) qui partent du sous-sol, celle de droite du sas de la porte d’entrée, l’autre d’un magasin à poudres, desservent la batterie, puis les superstructures défensives (chemin de ronde) du parados.

Le parapet d’artillerie maçonné de la batterie en arc de cercle comporte neuf embrasures à barbette (découvertes) ; le front de gorge, au même niveau, en compte six, couvertes (voûtées), quatre dans les faces et les flancs de la tour, deux dans les « ailes » du parados. Deux autres embrasures à barbette sont ménagées aux deux extrémités du parados, au niveau de son chemin de ronde. Les arcades-niches structurantes du parados côté batterie sont refermées de locaux adossés couverts en appentis, celui de l’aile gauche surmonté du bâtiment de 1930.

Les parements sont en petits moellons de pierre blanche, les chaînes des angles saillants principaux et l'encadrement de la porte et du tableau de son pont-levis sont en pierre de taille de moyen appareil. La brique est utilisée pour l’encadrement des embrasures médianes du front de gorge, du premier étage de la tour et du mur-parados. Les voûtes des deux étages de la tour sont en briques, les piliers centraux sont en pierre de taille. Le magasin à poudres souterrain est couvert d’une voûte en berceau de blocage de moellons sur couchis. L’ensemble des bâtiments et locaux adossés aux ailes du mur-parados ou montés dessus est revêtu d’enduits, tant à l’extérieur qu’à l’extérieur. Les toits, en appentis ou à deux pentes (bâtiment de 1930), sont couverts en tuiles creuses.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • brique enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    système tenaillé
  • Étages
    étage de soubassement, en rez-de-chaussée surélevé
  • Couvrements
    • cul-de-four
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Protections
    inscrit MH, 1948/11/29
  • Référence MH

Exemple très représentatif de batterie à tour Vauban. La seule réalisée dans sa catégorie sur le littoral méditerranéen. Très comparable mais un peu moins parfaite et moins bien conservée que la « tour dorée » de Camaret en Bretagne ou le fort Chapus près de La Rochelle.

Documents d'archives

  • Archives du Génie de Toulon. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1 V, Art. 8, section 1.

    1677-1875
  • Estimation de la tour et batterie proposées sur le port des Vignettes près l’entrée de la rade de Toulon. Projet de Vauban daté de Paris le 6 mars 1692 et chiffrage avec commentaires par Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence, daté de Toulon le 27 mars. Service historique de la Défense, Vincennes : art. 8, carton 1 ( 1V H 1831) n° 16.

  • Registre tenu au contrôle des fortifications pour l’enregistrement des fonds faits par le roi et la dépense faite sur iceux pour le nouvel arsenal et agrandissement de Toulon et des travaux d’Antibes pendant l’année 1692. Différents folios relatifs aux acomptes et toisés. Service Historique de la Défense, Toulon : 1L 240

  • LE PRESTRE DE VAUBAN Sébastien. Addition au mémoire de 1679 sur les réparations à faire aux fortifications de Toulon, 1er mars 1693. Service historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°19.

  • Dépense tour et batterie des Vignettes. Marché de démolition des ruines de la tour passé à André Minuty le 30 mai 1696. Service Historique de la Défense, Toulon : 1L 244 f° 6

    Service Historique de la Défense, Toulon : 1L 244 f° 6
  • LE PRESTRE DE VAUBAN Sébastien. Deuxième adition au projet des fortiffications de Toulon, 19 mars 1701. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 n° 36. Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°36

  • MILET DE MONVILLE Nicolas François. Description de la coste de Provence depuis l’embouchure du Rhosne jusques au golfe de Fréjus, 1747. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art 4 Son 2 § 6 Carton 1 n° 37 (ancienne cote).

Bibliographie

  • CORVISIER, Christian, WARMOES, I. L'art de fortifier de Vauban. Normalisation de la fortification bastionnée et réminiscences des formes médiévales. Dans Martin, Th. et Virol, M.. Actes du colloque international "Vauban, architecte de la modernité ?", Besançon, 11-13 octobre 2007. Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté, 2008. (Cahiers de la MSHE Ledoux ; n° 11)

    P. 102-134.
  • CROS, Bernard. Citadelles d'Azur, quatre siècles d'architecture militaire varoise. Aix-en-Provence : 1998, 159 p.

    P. 51-53.
  • Le fort Saint-Louis, construit sous Louis XIV pour défendre l'entrée de la rade. Dans Les Amis du Vieux Toulon, n° 25-26, 1930, 34 p., ill.

  • RIBIERE, Hélène, ADGE, M., CATARINA, D. et al. La route des fortifications en Méditerranée, les étoiles de Vauban. Paris, 2007, 184 p.

    P. 132-133.
  • TRUTTMANN, Philippe. Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France (1634-1914). Thionville, 1993.

    P. 81-83.

Documents figurés

  • Topographie de la France. Série de cartes gravées des XVIIe et XVIIIe siècles issues en partie des collections Marolles et Gaignières. Bibliothèque nationale de France, Paris : Va. Département des Estampes et de la Photographie.

  • Plan et profil de la tour et batterie des Vignettes. / Dessin, signé De Vauvré (intendant de la marine), 15 juillet 1694. Service Historique de la Défense, Vincennes : art. 8, carton 1 (1V H 1831) n°22.

  • [Toulon. Fort Saint-Louis] Profil de la tour et du parados. / Dessin, 1701. Dans : Le Prestre de Vauban, Sébastien "Deuxième adition au projet des fortiffications de Toulon", 19 mars 1701. Le dessin est sans doute de la main d'Antoine Niquet. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 n° 36. Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°36.

  • Plan du fort des Vignettes dans la grande rade de Toulon. / Dessin, sd [vers 1708-1710] Service Historique de la Défense, Vincennes : Bibliothèque du Génie, Atlas n° 117, f° 22.

  • Plan des forts de la rade. / Dessin non daté, [milieu XVIIIe siècle]. Musée des Plans Reliefs, Paris : A 125.

  • Elévation vue du costé de la mer. [Fort Saint-Louis]. Dessin plume et lavis, signé Roquepiquet, 1758. Archives nationales, Paris : G 207 49 ter 1.

  • Plan de détail du fort Saint-Louis. / Dessins, plume et lavis, 1775. Par Charles-François-Marie d'Aumale, directeur des fortifications de Toulon et de Basse Provence. Service Historique de la Défense, Vincennes : Atlas des places-fortes, Toulon et ses forts extérieurs, atlas n° 64.

    Plan de détail du niveau 1, du niveau 2 et du niveau 3.
  • [fort Saint-Louis]. Coupe suivant AB. / Dessin plume et lavis, 1846. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1863 p 22.

  • [Fort Saint-Louis.] / Dessin, vue axonométrique par Philippe Truttmann, sd. [2e moitié 20e siècle]

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012
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