Dossier d’œuvre architecture IA83001466 | Réalisé par ;
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fort de l'Aiguillette
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune La Seyne-sur-Mer
  • Lieu-dit Pointe de l'Aiguillette

Construction et armement

En 1636, une tour de défense circulaire est construite sur l’une des deux pointes du cap de Balaguier, qui marque au sud-ouest la transition en faible étranglement entre la grande et la petite rade de Toulon. Cette pointe de Balaguier fait face à la pointe de Pipady, occupée par la Grosse Tour royale qui contrôle à l’est, depuis François Ier, l’entrée de la petite rade. La « petite tour » de la pointe de Balaguier, croisant avec la Grosse Tour ses tirs d’artillerie rayonnants, faisait partie d’un programme d’amélioration des défenses des côtes de Provence ordonné par Richelieu, à la suite d’une tournée d’expertise que le cardinal-ministre, Grand maître de la navigation et commerce de France, avait confiée en 1633 à Henri de Séguiran, lieutenant général des mers du levant.

Genèse et fondation du fort, 2e moitié du XVIIe siècle.

L’architecte François Blondel, ingénieur ordinaire de la marine au début de sa carrière, auteur en 1647 d’une campagne de relevé des places fortes des côtes de Provence, rédige à son tour, à la demande de Louis XIV, un rapport d’inspection sur ces places littorales de Provence, daté de 1651. Comme l’avait fait Séguiran avant lui, le jeune ingénieur architecte commente les avantages stratégiques de la rade de Toulon et ses défauts : « son golfe est très bon et très assuré pour les armées navales, qui y font souvent de grands séjours, sans y souffrir de mal (…) la trop grande largeur de sa bouche ôte le moyen de l’empêcher (une flotte ennemie) de s’y mettre parce qu’encore que l’on ait bâti des tours (la Grosse Tour et la tour de Balaguier) à l’entrée...elles sont néanmoins trop éloignées » 1. Blondel propose en conséquence l’érection d’une troisième tour intermédiaire, non sur la côte mais à un emplacement à trouver sur un haut fond devant l’entrée de la petite rade : « Il faudrait nécessairement passer au pied d’elle, et peut-être de toutes trois, ce qui embarrasserait fort une armée ennemie ».2

Cette proposition n’est pas suivie d’effet, mais l’idée d’un troisième tour pour compléter la défense de l’entrée de la petite rade est lancée.

En 1672, l’intendant de la marine de la place de Toulon, Louis Matharel, se soucie à nouveau du moyen d’améliorer la défense de la rade contre des offensives que des menaces de guerre avec la Hollande rendent prévisibles: « Il faudra donner ordre à ce que les tours soient mieux pourvues qu’elles le sont des choses nécessaires, car si les étrangers s’aperçoivent de quelque négligence de notre part en ce qui regarde la conservation de ce port et de cette rade, ce sera leur donner le moyen d’y entreprendre quelque chose » 3. François Gombert, ingénieur toulonnais en charge des travaux d’aménagement de l’arsenal maritime de Toulon, par délégation du chevalier de Clerville, commissaire général des fortifications, donne, dès le printemps 1672, les plans de deux batteries basses destinées à assurer des tirs au raz de l’eau, l’une au pied de la Grosse Tour, l’autre au pied de la tour de Balaguier 4. Il conçoit aussi ex nihilo une autre batterie à peu de distance de cette dernière tour, mais plus à l’intérieur de l’embouchure, au bout de la deuxième pointe du cap de Balaguier, dite pointe de l’Aiguillette, sur des rochers plutôt inondés qu’affleurants, soit quasiment sur un haut fond, comme le préconisait Blondel. Ce projet répond à une proposition formulée par le gouverneur de Provence Louis-Joseph de Bourbon-Vendôme, de « faire une espèce de batterie à l’endroit de l’Aiguillette où les vaisseaux peuvent mouiller quand ils sont entrés (dans la petite rade) et qu’ils ont passé les tours »5.

La construction de l’ouvrage de l’Aiguillette est assez bien documentée, par des sources comptables notamment. Il en ressort que la réalisation a été relativement lente, et conduite par étapes, à la différence de celle des batteries ajoutées au pied de la Grosse tour et de la tour de Balaguier.

On observe un fait significatif : le chantier a commencé par la construction d’une tour destinée à servir de réduit à la batterie, cette dernière n’étant réalisée que dans un second temps. Le programme, non signifié dans la proposition du gouverneur de Provence, était donc dès le départ celui d’une batterie à tour logeable, sur le principe de la tour de Balaguier. Il a paru convenable, quelle que soit la nécessité prioritaire de la batterie basse, de commencer par ériger cette « troisième tour » que Blondel appelait de ses vœux vingt ans plus tôt pour renforcer la défense de l’entrée de la petite rade.

Le parti se différencie de la tour de Balaguier par le choix d’un plan carré relativement plus ample, permettant de cloisonner l’intérieur de la tour et d’y réserver une étroite cour puits de lumière ; de plus, la distribution interne est plus complexe et plus intimement liée à la batterie basse, conçue simultanément, par la présence notamment d’une galerie d’escarpe murale continue de l’une à l’autre. On note aussi le caractère trapu de la tour, plus large que haute, et la présence, à première vue anachronique, d’un couronnement avec corniche à mâchicoulis portant un parapet d’infanterie. Cependant, il faut observer le retour du parti néo-médiéval du mâchicoulis en couronnement de tours dans l’architecture de certaines des batteries à tour littorales réalisées sous l’autorité de Vauban, dans les années 1685-1700 (Houat, Hoedic, Le Pilier, Socoa). A Toulon même, la batterie dite « Fort des Vignettes », bâtie entre 1692 et 1697 sur un dessin de Vauban, comporte une tour qui, dans son état premier comportait un couronnement à mâchicoulis portant parapet d’artillerie. Le couronnement de la tour de l’Aiguillette peut donc être considéré autant comme un archaïsme que comme un modèle précurseur.

Cette tour est commencée après l’achèvement des deux autres batteries de l’entrée de la rade, en 1674, par l’entrepreneur de maçonnerie toulonnais Gaspard Chaussegros, titulaire du marché dont les paiements d’acomptes échelonnés sont conservés. A la fin de 1678, Chaussegros a perçu pour l’œuvre un total de 45164 livres, et la tour, inachevée, figure sur un plan de la rade de Toulon joint au projet d’arsenal dessiné par Pierre Puget à l’intention de Colbert en 1676 6. La tour est achevée après 1678 par Chaussegros, Jean Ribergue et Barthélémy Martin, « associés entrepreneurs des ouvrages de maçonnerie, pierre de taille, voûtes et autres, du cap de l’Aiguillette ». Les mêmes édifient ensuite la batterie basse, formée de deux ailes symétriques de part et d’autre de la tour et formant un plan en chevron, batterie dont le chantier n’est terminé qu’en 1685. Ce plan géométrique savant contraste avec le plan beaucoup plus irrégulier des deux ailes de batterie conçues par le même Gombert pour la tour de Balaguier, et confirme la recherche architecturale déjà observée pour la tour. De plus, les deux ailes de la batterie de l’Aiguillette sont communicantes et non discontinues, étant placées au-devant de la tour et non recoupées par celle-ci, à la différence de Balaguier. Un autre trait original qui se démarque tout aussi nettement de Balaguier est que le programme de la batterie basse ne se combine pas avec celui d’une cour intérieure close environnant le pied de la tour, étant limité strictement aux deux ailes de batterie symétriques, toutes les fonctions logistiques (logement de troupes, magasins, etc.) étant concentrées dans la tour et ne nécessitant aucun bâtiment annexe. Ainsi le front de gorge, ou de terre, de l’ouvrage se présente-t-il comme une tenaille aux murs épais abritant une galerie d’escarpe crénelée, et portant un second niveau aussi crénelé, ces deux murs étant montés plus hauts que la batterie, pour lui servir de parados). La tour carrée fait saillie par un de ses angles au milieu de cette tenaille, et la porte de l’ouvrage est percée dans une face de la tour, de plain-pied avec le sol extérieur.

On retrouve la disposition très particulière du front de gorge rentrant en tenaille avec tour centrale saillant par un angle et deux faces dans plusieurs batteries à tour conçues par Vauban : celle de Camaret dite « tour Dorée » (1689-1695), celle dite « Fort Chapus », près d’Oléron (1692) et, à Toulon même, le Fort des Vignettes (1692-1697), réalisé sous la direction de l’ingénieur de la marine de Toulon Cauchy de Chaumont. Il est donc à peu près certain que la batterie de l’Aiguillette a été une source d’inspiration directe de Vauban sinon pour la conception générale de ces batteries à tour, comme le propose Bernard Cros 7, au moins pour les particularités de leur front de gorge, sans oublier le parti des mâchicoulis de la tour, présents au Chapus et au fort des Vignettes.

De fait, bien avant l’achèvement du chantier, Vauban, commissaire général des fortifications en 1678, avait fait une tournée d’inspection à Toulon à la demande de Colbert, secrétaire d’Etat à la marine, en février et mars 1679. L’objet principal de son expertise était de conduire à bonne fin le projet de l’arsenal, d’autant moins fixé qu’il avait progressé en ambition. A cette occasion, le commissaire général inspecta la rade « …la plus belle et la plus excellente de la mer Méditerranée, de l’aveu de toutes les nations » 8 et son Mémoire en décrit les ouvrages de défense, avec les améliorations à y apporter. Le bilan est plutôt flatteur pour les batteries de la rade, au point que, s’agissant de l’Aiguillette, le parti adopté n’appelle aucune modification : “ La Grande tour et l’Aiguillette sont des petits forts ou batteries qui croisent sur l’entrée de la petite rade, distants l’un de l’autre de quelques 600 toises, qui est une portée pour faire un grand effet sur les vaisseaux qui sont obligés de suivre un canal dont ils n’oseroient s’écarter à peine d’échouer aussitôt à l’un ou l’autre bord (…) L’Aiguillette est un petit fort commencé depuis peu de l’autre costé de la rade vis-à-vis la Grande tour…mon avis est de l’élever totalement selon le mesme dessein sur lequel il a été commencé, sans y rien changer, et d’approfondir autant qu’on le pourra son fossé du costé de la terre » . Le commentaire de Vauban laisse penser qu’il a vu non seulement la tour, mais aussi la batterie commencée et en cours de construction, ainsi que les plans du projet. On peut s’étonner toutefois de la mention du fossé côté terre, qui n’existe pas dans l’état achevé de la batterie.

Les registres des dépenses des ouvrages de la place forte de Toulon pour cette période prouvent que la tour de l’Aiguillette n’attendait plus que d’ultimes aménagements de second œuvre, notamment les menuiseries et ferrures, réalisées vers la fin de 1679 respectivement par Jean Ripert et André Février, artisans, qui sont payés par ordonnance de janvier et avril 1680 9.

En juillet 1683, Gaspard Chaussegros s’engage par marché à réparer une partie du parapet sur mâchicoulis de la tour, ruiné par la tempête, en récupérant des briques tombées et en en fournissant 500 nouvelles 10. La Grosse Tour avait aussi subi des dommages à cette occasion, également réparés par Chaussegros, qui est qualifié d’Entrepreneur du restablissement des batteries de la Grande tour et du fort de l’Aiguillette dans une ordonnance de paiement de 4000 livres du 31 décembre 1684, pour acompte sur des travaux à faire 11. Il y a donc lieu de croire que les ouvrages en cours de construction de la batterie basse de l’Aiguillette avaient aussi souffert de la tempête, ou encore d’une interruption de chantier un peu longue, toujours dommageable pour des ouvrages inachevés. En effet, on peut s’étonner qu’il ait fallu attendre 1685 pour voir achever une batterie vue en cours de construction par Vauban au printemps 1679, et le terme « rétablissement » trouverait là une explication plausible. Quoiqu’il en soit, l’architecte ingénieur concepteur de l’ouvrage, François Gombert, donne le toisé des matériaux employés à la réalisation de la plate-forme dallée de pierre de taille de la batterie basse au mois d’août 1685, ce qui peut être considéré comme le dernier acte de ce long chantier.

Des projets inaboutis de Vauban au siège de Toulon, un siècle sans changements.

A la suite d’une nouvelle tournée d’inspection effectuée quatorze ans après la première, en janvier 1693, Vauban rédige le premier mars une « addition » à son projet d’amélioration des fortifications de Toulon de 1679 12. Son regard sur la batterie de l’Aiguillette a évolué, et s’il n’en critique pas la conception en plan, il trouve insuffisantes toutes ses élévations : son projet comporte en conséquence le surhaussement de la tour sur 15 à 16 pieds, l’étage supplémentaire ainsi obtenu devant être voûté à l’épreuve pour procurer une terrasse servant de batterie haute, bordée d’un parapet d’artillerie à embrasures. La plate-forme et le parapet de la batterie sont également à rehausser d’une hauteur équivalente, pour que les tirs des canons permettent de démâter les vaisseaux plutôt que d’en percer la coque, remaniement aussi proposé pour la batterie de Balaguier. Vauban considère aussi que la batterie de l’Aiguillette gagnerait à adopter une forme arrondie, comme celle des Vignettes, plutôt que son plan en chevron, pour mieux couvrir le large. Enfin les améliorations proposées au front de gorge sont –logiquement- le rehaussement de ses murs, afin qu’ils puissent continuer à servir de parados à la batterie rehaussée, et le creusement de son fossé.

En janvier 1694, Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence, dessine, précise et chiffre le projet de Vauban. Ses dessins 13 montrent, pour le rehaussement de la tour, une variante sans voûte à l’épreuve dans laquelle la terrasse à canons n’est établie que sur l’arase des murs, remontés à partir de leur épaisseur maximale ; le parapet d’artillerie proposé ne comporte pas pour autant les mâchicoulis présents dans l’état existant et reproduits à la batterie des Vignettes, qui eussent pourtant permis d’accroître la largeur de cette terrasse d’arase.

En mars 1695, en prévention d’une croisière anglaise en Méditerranée, l’armement de la place est augmenté, ce qui n’a guère d’incidence sur la batterie ou fort de l’Aiguillette, qui, d’après un plan de la rade gravé cette même année chez Nicolas de Fer, n’est armé que de 19 canons, alors que la batterie comporte 22 embrasures.

Le projet de Vauban pour l’Aiguillette passe au second plan, la priorité à Toulon pour Antoine Niquet étant de lancer d’urgence la mise en place d’une série de nouvelles batteries de côte non pérennes pour repousser les bombardements de la flotte ennemie. Cinq sont prévues à l’entrée de la grande rade, dont la construction est confiée à Chaussegros, sept au pourtour de la presqu’île de Saint-Mandrier, à réaliser par César Aguillon, l’entrepreneur des travaux de la batterie des Vignettes. La répartition de ces batteries est indiquée sur le même plan gravé chez Nicolas de Fer.

Vauban rédige en mars 1701 une deuxième et dernière « addition » à son projet de 1679 14. D’autant plus critique à l’égard des ouvrages de la rade que ses propositions antérieures n’y ont pas été réalisées, il dénigre surtout sans nuances la batterie de Balaguier, concédant par comparaison que si celle de l’Aiguillette « …est un peu moins mauvaise que la précédente (…) elle ne laisse pas de l’être beaucoup » Ses critiques, insoupçonnables en 1679, portent aussi sur l’économie et réalisation, pourtant soignées, des ouvrages de l’Eguilette : « la tour n’est pas autrement bien scituée, elle est trop basse, ses couverts sont mal distribuez et les matériaux en sont très mauvais… » Depuis 1693, Vauban estime, sans doute par comparaison avec les batteries à tour qu’il fait construire à cette époque, que les tours de Balaguier et de l’Aiguillette doivent être nettement augmentées en hauteur. Le projet de l’Aiguillette reprend dans l’ensemble celui de la première « addition », s’agissant du rehaussement de la tour, de la batterie et du mur de gorge. Il précise que le parapet d’artillerie à prévoir sur la tour rehaussée ne doit être percé d’embrasures que du côté de la mer, ses faces côté terre devant servir de parados pour les canons établis sur la terrasse. Sans doute sans trop y croire, Vauban propose une variante « lourde » à son projet, chiffrée à 40 722 livres, dans laquelle la batterie serait complètement remaniée, en reconstruisant plus solidement le mur de gorge à galerie crénelée formant parados, et en lui donnant –souci affirmé par Vauban depuis 1679- un véritable fossé revêtu. Ce fossé, isolé de la mer par des batardeaux, serait franchi par un pont dormant aboutissant à une porte avec pont-levis à bascule flanquée d’un corps de garde, à créer dans le nouveau front de gorge.

Dans la longue dissertation générale que Vauban consacre à la défense du port de Toulon, la question de la protection de la rade le porte à formuler une hypothèse non incluse au projet : « …on pourrait fort bien faire une jettée de la batterie basse de la Grande tour à celle de l’Aiguillette (…) auquel cas la petite rade se trouvera séparée de la grande et pouroit fermer comme une darse ».

L’été 1707, lors du siège de Toulon par les troupes du duc de Savoie et la flotte anglaise, la batterie de l’Aiguillette est armée d’autant de canons que de bouches à feu, soit vingt deux pièces, huit de 36 livres, dix de 24, quatre de 12 15 . La garnison, sous le commandement d’Antoine de Pas, marquis de Feuquières, lieutenant général des armées du roi, est composée du capitaine de brûlot de Maserole, d’un enseigne, d’un maître et un second maître et de quatorze aides, sans garnison supplémentaire, faute de place.

Les décisions prises en conseil de guerre le 11 juillet à l’approche de l’armée savoyarde, tenant compte de l’insuffisance numérique des défenseurs, paraissent défaitistes et résignées, surtout dictées par le souci d’empêcher l’ennemi de retourner des fortifications de la rade contre la place : « On ôtera incessamment les canons des batteries de Balaguier et de l’Aiguillette qui regardent la ville et on les jettera à la mer ... On conservera les tours de Balaguier et Grosse tour et les forts de St Louis et de l’Aiguillette, et lorsque l’armée ennemie de terre sera à quatre lieues de Toulon, on ôtera les poudres et munitions des autres batteries qui défendent l’entrée des rades et l’on jettera les canons à la mer ou on les enclouera » 16 . L’armée de secours du maréchal de Tessé prenant de vitesse les troupes savoyardes, l’avis du conseil de guerre est moins radical et systématique : “n’étant pas à propos de laisser aux ennemis le canon qui est dans les batteries qui défendent l’entrée de la rade, nous avons requis M. le marquis de Langeron de faire jeter les canons à la mer dès aujourd’hui ... à l’exception de ceux du château de Ste Marguerite, des tours de St Louis, grosse tour et tour de Balaguier et du fort de l’Aiguillette17.

Le 22 aout, l’ennemi bat en retraite sans que la batterie de l’Aiguillette ait eu à combattre, les attaques principales, surtout terrestres, ayant par contre atteint la batterie des Vignettes ou fort Saint-Louis. Son rôle, comme celui des deux autres batteries de l’entrée de la petite rade, aura été avant tout dissuasif.

En avril 1743, Milet de Monville, directeur des fortifications de Toulon, inspecte les ouvrages de la rade de Toulon et des îles d’Hyères 18, alors que la guerre de succession d’Autriche fait peser de nouvelles menaces sur le secteur. Il constate que la batterie de l’Aiguillette est armée de neuf canons de 36 livres. Dans sa tournée d’inspection des côtes de Provence de Fréjus aux bouches du Rhône, en 1747, le même Milet de Monville juge la batterie basse de l’Aiguillette en très bon état, à la différence de la batterie de Balaguier, qui appelle des réparations et améliorations.

Un mémoire général sur la défense de Toulon daté du 1er mars 1768 et signé de l’ingénieur Aguillon 19, propose pour la première fois d’élever une redoute sur la hauteur qui domine les revers de Balaguier et l’Aiguillette de façon à les garantir d’une attaque venant de la terre. Ce projet, repris par la suite, n’aboutira pas sous cette forme, mais se concrétisera différemment au XIXe siècle par la création de plusieurs ouvrages échelonnés sur les hauteurs, un fort (Napoléon) et deux batteries.

Un état des lieux des batteries de la rade établi le 14 décembre 1770 par quatre ingénieurs 20, précise que la batterie de l’Aiguillette est toujours garnie de neuf canons de 36 livres, mais quatre d’entre eux sont hors service, son armement en état est en revanche complété de deux pièces de 24 livres.

Quelques années plus tard, Charles-François d’Aumale, directeur des fortifications de Basse Provence, fait de nouveaux constats dans son projet général annuel daté du 28 novembre 1774 21. Il s’émeut à son tour de la position enfoncée du fort l’Aiguillette, qui n’est pas du tout appuyé et qui est commandé des hauteurs si voisines, et propose une redoute semblable à celle (proposée aussi, en reprise du projet de 1768) au-dessus de la tour de Balaguier pour le garantir de l’approche par terre des ennemis ». Ces redoutes projetées sont en pierres sèches, celle de l’Aiguillette est estimée à 9500 livres. A propos de l’Aiguillette, d’Aumale précise, de façon surprenante : « Ce fort n’est pas en bon état et j’ai balancé sur la proposition d’un autre nouveau ; ce qui m’a arrêté est que celui qui existe peut être encore réparé… »

Durant la période révolutionnaire, en 1793, la flotte anglo-espagnole entre dans la rade de Toulon, et les compagnies débarquées, grossies de troupes napolitaines et piémontaises, bien accueillies par les toulonnais, prennent position dans la plupart des ouvrages de défense, et s’emploient à renforcer les défenses sur les hauteurs de Malbousquet et du Caire, cette dernière surplombant Balaguier et l’Aiguillette. Une redoute de campagne anglaise, dite Mulgrave, armée de 20 pièces d’artillerie et abritant 800 hommes, est construite sur la hauteur du Caire, ce secteur défensif étant alors surnommé le Petit Gibraltar. En décembre 1793, l’armée républicaine reprend les forts Balaguier et de l’Aiguillette, et le jeune capitaine Bonaparte, qui avait remplacé le chef de l’artillerie Dommartin, décline la proposition faite par son aide de camp Marmont de placer l’artillerie disponible sur les batteries basses de ces deux forts pour bloquer la rade, que les coalisés anglo-espagnols n’avaient pas évacuée.

Après la reprise de la place, le chef du génie local Armand-Samuel de Marescot, tirant les conséquences des évènements récents, propose d’occuper la hauteur au-dessus de l’Aiguillette, non plus par une redoute sommaire, mais par un fort avec tours et accessoires, assurant les arrières des deux batteries de Balaguier et l’Aiguillette22. Dans ce dernier fort, le génie fait construire un fourneau à réverbère pour rougir les boulets, installé dans l’aile droite de la batterie, au pied du haut mur de gorge crénelé.

Des premières altérations à la batterie casematée de 1849

Le 23 brumaire an 3 (14 novembre 1794) le comité de salut public nomme une commission pour visiter les défenses côtières entre Marseille et Savone. A propos de l’Aiguillette, le citoyen Legrand, rapporteur de la commission 23, signale que la tour a été tronquée dans son élévation. Cette opération, à en juger par l’état actuel, documenté graphiquement depuis 1817, a consisté en un dérasement inégal qui concerne la totalité du couronnement à mâchicoulis, et, plus bas, trois des quatre murs qui formaient le dernier étage à ciel ouvert, faces regardant la passe et la petite rade. L’unique mur conservé, avec l’amorce en retour d’angle des deux murs attenants, a été maintenu pour le bâtiment qui s’y appuie intérieurement. Ce dérasement aurait eu pour objet de limiter le péril encouru par les servants d’artillerie en cas de canonnade ennemie sur la tour, qui aurait précipité des éclats de pierres sur la batterie ; ce risque avait été mis en avant par le capitaine Bonaparte, chef de l’artillerie, lors des opérations de 1793. Peut-être aussi l’idée de placer des pièces en batterie haute sur la plate-forme ainsi constituée, le pan de mur conservé formant parados côté terre, a-t-elle joué pour décider de cette mutilation.

Sur les relevés d’état des lieux de 1817 et 1818, on constate d’autres modifications : la galerie crénelée haute du mur de gorge d’une des deux ailes de la batterie, en l’occurrence l’aile droite, est couverte d’un toit en appentis vers la mer, appuyé sur le parapet crénelé côté terre, qui a été rehaussé dans ce but. Quelques créneaux des deux parapets ont été transformés en petite fenêtre, et une cheminée a été construite au milieu de la galerie, contre le parapet côté terre. Cet aménagement avait pour but d’utiliser cette galerie comme « caserne non voûtée de 162 m carrés et pouvant loger 68 hommes » 24, ce qui améliorait notablement la capacité locative du fort. Contre la face intérieure du mur de la même aile droite avait été construit au sol de la batterie un corps de garde pour 7 hommes, couvert aussi en appentis.

Une commission d’armement des côtes, de la Corse et des îles est constituée le 11 février 1841, pour reconsidérer de façon globale l’artillerie et les capacités défensives des batteries de côte. Les travaux de cette commission conduiront à la programmation d’un projet d’une ampleur sans précédent, mis en œuvre à partir de 1846, sur la base d’une typologie normalisée de batteries de côte pour les ouvrages neufs ou largement refaits, appliquée à l’ensemble des côtes du territoire national. Les batteries côtières les plus complexes et solides parmi celles qui existent déjà sont conservées et simplement améliorées.

Dans ce cadre, la commission étudie les améliorations qu’il convient d’apporter à la batterie de l’Aiguillette 25. Outre la position commandée depuis les hauteurs voisines, les principaux défauts constatés, sont, comme à Balaguier, la position trop basse de la batterie et de ses embrasures par rapport à la mer, et le fait que son aile gauche est susceptible d’être retournée, en cas de prise, contre le fond de la rade, soit contre le port de Toulon. Il est donc proposé de mettre aux normes seulement l’aile droite, qui contrôle l’entrée de la rade, en exhaussant sa batterie par terrassement, afin d’y placer dix pièces d’artillerie (l’état existant comporte onze embrasures), soit cinq canons de 30 livres et cinq obusiers de 22cm).

Le projet de réorganisation de la batterie, destiné à traduire et approfondir les préconisations de la commission, est confié par le lieutenant-colonel Dhauteville, chef du génie de Toulon, au capitaine Long, qui le finalise en avril 1844. L’intervention proposée est assez simple et économe de moyens, car l’idée de réduire l’entrée de la petite rade à une passe, par une jetée allant de la Grosse tour à la presqu’île de Saint-Mandrier est alors envisagée, et sa réalisation ferait passer la batterie de l’Aiguillette au second plan d’importance stratégique.

Il s’agit de remblayer le sol de l’aile droite de la batterie, afin que la banquette et le mur de revêtement règnent à 5m au-dessus de la mer, surmontés par un parapet en terre profilé en glacis, large de 5m, abritant les canons à barbette. Le projet envisage en option l’aménagement de la galerie crénelée de la gorge de l’aile gauche en caserne pour 50 hommes, par mise en place d’un toit, selon le principe déjà réalisé pour l’aile droite. En effet, la galerie de gauche est beaucoup moins vulnérable face aux tirs venus du large, étant défilée par ce que la tour a conservé d’élévation.

Un nouveau projet plus ambitieux, chiffré à 108 000 francs, est rédigé en octobre 1845 pour l’exercice 1845-1846 26, par le nouveau chef du génie de Toulon, le chef de bataillon Corrèze, toujours secondé par le capitaine Long. Comme au fort de Balaguier, le projet comporte en plus du rehaussement proposé l’année précédente, un rallongement important de l’aile droite de la batterie, de l’ordre de 40m, modification permettant d’y disposer le nombre souhaité de pièces d’artillerie, mais à distance de la tour. En effet, malgré son dérasement partiel, cette tour continuerait à dominer directement la batterie, même rehaussée, de plusieurs mètres, et à mettre en danger les servants d’artillerie en cas de canonnade ennemie. La galerie-caserne crénelée à l’étage du mur de gorge de cette aile, ne serait pas allongée à l’identique mais dérasée et remplacée par un simple parapet d’infanterie crénelé. En compensation, de nouveaux locaux voûtés à l’épreuve pour le logement des troupes, d’une capacité de 54 hommes, seraient construits dans l’aire intérieure de l’aile gauche, en cinq travées transversales divisées par des murs de refend.

La réalisation des modifications de la batterie fait suite à l’avis du comité des fortifications, rendu en séance du 21 avril 1846, qui impose d’importants changements au projet, notamment dans le sens de l’économie, le budget du projet étant rabaissé à 66 000 francs.

Le rallongement de l’aile droite est complètement abandonné, de même que son aménagement en rempart de terre. En revanche, le principe des travées voûtées transversales est déplacé dans l’aile gauche, qui s’en trouve transformée, non en casernement, mais en batterie casematée à l’épreuve des bombes, dont le nombre de travées (10) s’ajuste à la desserte des douze embrasures d’origine, elles-mêmes voûtées à l’occasion. L’ancien parapet de maçonnerie rehaussé devient donc revêtement extérieur percé d’embrasures couvertes, terminé par une tablette, et les reins des voûtes des casemates portent une plate-forme maçonnée bordée à l’extérieur par un gros parapet de terre analogue à celui prévu depuis 1844. La batterie est donc ainsi dédoublée en deux niveaux : batterie basse casematée au même niveau et avec les mêmes embrasures que depuis 1685, et batterie surhaussée à barbette, avec parapet en terre, pouvant recevoir neuf pièces d’artillerie en plus des douze bouches à feu du dessous. L’aménagement de la plate-forme haute impose le sacrifice de la galerie-caserne crénelée d’étage du mur de gorge, effectivement remplacée par un simple parapet d’infanterie. Ces grands remaniements ne changent rien à l’aile gauche de la batterie proprement dite. Leur achèvement, en 1849, sous l’autorité du chef du génie Bauchetot 27, réalise l’option au projet d’avril 1844, soit : la transformation de la galerie crénelée d’étage du mur de gorge de cette aile en caserne non voûtée pour 50 hommes. Cet aménagement remplaçant celui, supprimé, de l’aile gauche, il n’apporte pas d’accroissement à la capacité locative de l’ouvrage, dont les casemates d’artillerie, bien distribuées, sont toutefois assez profondes pour être cloisonnées et servir en partie de logement d’appoint, au moins en temps de paix. Le magasin à poudres du fort est alors déplacé du rez-de-chaussée de la tour dans l’extrémité de l’étroite galerie d’escarpe voûtée du mur de gorge de l’aile gauche, en transformant les créneaux en évents en chicane, et en établissant un sas d’entrée dans la galerie. Sa capacité était de 2400kg en barils de 100kg.

Ultimes retouches, déclassement et reconversion.

La commission de révision de l’armement du littoral, dans sa session de 1852, proposa la création d’une nouvelle batterie de 20 pièces sur la hauteur qui domine immédiatement le fort, pour la défense de la petite rade, mais, en conseil d’Amirauté, cette position fut jugée trop dangereuse pour le port et l’arsenal en cas de prise par un ennemi, et le projet rejeté 28.

Un état de l’armement de la batterie de l’Aiguillette en 1854 fait état de quatre canons de 30 livres, au lieu de cinq en théorie, dont un seul en batterie, et de quatre obusiers de 22 cm (toujours au lieu de cinq), dont un en batterie. Les deux pièces en batterie dans les casemates sont montées sur affût marin. Les magasins d’artillerie abritent en outre huit affuts en fer et deux en bois 29.

Quelques années plus tard, le 7 mai 1858, le colonel A. Long, devenu lieutenant-colonel et chef du génie, présente un nouveau projet 30 concernant l’aile gauche de la batterie, jusque-là inchangée : il s’agit de la surhausser en la terrassant sur les ¾ de sa longueur, ce qui comporte la reprise en rehaussement du revêtement, avec suppression des anciennes embrasures, et la construction d’un parapet en terre destiné à abriter quatre pièces d’artillerie sur affût tournant (ce parti compensait partiellement le rejet, en 1852, d’un projet de batterie neuve hors du fort, regardant la petite rade). Le tiers de l’aile non remblayé, près de l’angle, est réservé pour une cour encadrée sur ses quatre côtés par la tour, par la façade habillant l’entrée des casemates de l’aile droite, par le mur de soutènement du nouveau rempart, et enfin par un segment du parapet, rehaussé en couvrant ses embrasures.

Ce projet est réalisé en 1859, malgré la prévention plusieurs fois exprimée quand au risque de retournement de l’ouvrage contre le port et l’arsenal de Toulon en cas de prise du fort par un ennemi.

L’armement théorique de la batterie en 1860 est de vingt-quatre pièces d’artillerie, à raison de neuf dans les casemates, treize sur les deux ailes de batteries d’étage à ciel ouvert, et deux dans la cour.31 Cet armement, en principe disponible en temps de guerre, requiert dans cette circonstance le service de 120 hommes (cinq hommes par pièce d’artillerie), ce qui laisse à penser qu’on se réservait d’aménager dans ce cas en logement de troupes la moitié postérieure des profondes casemates de l’aile droite de la batterie.

Le rapport de la commission de défense du littoral pour le 5e arrondissement (Toulon et environs) rédigé le 4 mars 1873, constate l’inadaptation des batteries anciennes comme l’Aiguillette et Balaguier, aux pièces de marine de gros calibre devenues d’actualité tant pour l’attaque que pour la défense du front de mer, qui nécessitent de nouveaux ouvrages aux infrastructures plus résistantes aux tirs des vaisseaux cuirassés. Aussi, aucun nouvel armement n’est proposé pour le fort de l’Aiguillette, alors garni de 18 canons dont 4 rayés, tout étant reporté dans une batterie neuve édifiée de 1876 à 1880 sur le relief immédiatement au-dessus, dite batterie haute de l’Aiguillette.

Parallèlement, la loi du 5 février 1877 entraîne le déclassement des forts de Balaguier et de l’Aiguillette, la batterie haute de l’Aiguillette étant en revanche classée dans la 2eme série des points fortifiés. Le fort n’a plus désormais d’autre utilité que de fournir le casernement du personnel militaire affecté au service de la batterie haute.

Deux seulement des casemates de l’aile droite sont utilisées en 1889 pour le casernement, tandis que les autres servent de locaux techniques pour le chargement des torpilles à mise à feu électrique du service de la défense fixe.

En 1899, deux groupes de deux canons sur affût crinoline (fixe, à pivot) de 47mm à tir rapide, sont placés à l’étage à ciel ouvert de l’aile droite de la batterie du fort, au-dessus des casemates, l’un à l’angle de capitale, regardant la grande rade et le large, l’autre, sur le flanc, regardant le fort de Balaguier et la route côtière.

La jouissance du fort est cédée en totalité à la marine en 1929, et dès lors utilisé comme dépôt annexe de combustible, associé à un parc à combustible foré en caverne dans le rocher voisin qui porte la batterie haute de 1874-1877.

Après une période d’abandon dans les dernières décennies du XXe siècle (hormis le service d’un phare installé sur l’angle saillant de la batterie) la direction des Travaux Maritimes de Toulon passe une convention en 1997 avec une association de réinsertion socioprofessionnelle par les chantiers de réhabilitation, Tremplin, qui amorce une campagne de travaux de restauration et mise en valeur du fort de l’Aiguillette. Le travail d’étude documentaire et de relevé, préalable et simultané à la mise en œuvre de ces travaux, est conduit alors conjointement par Bernard Cros, ingénieur des Travaux Maritimes et historiographe de la fortification, et par Benoît Maffre, architecte du patrimoine.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

Bien que qualifié de fort immédiatement après sa construction, dans les mémoires militaires et sur les cartes, l’ouvrage de l’Aiguillette n’est dans l’absolu qu’une batterie de côte à tour-réduit. Le qualificatif de fort doit cependant prévaloir, ne serait-ce que pour le différencier de la batterie haute de l’Aiguillette, ouvrage très voisin mais distinct, et moins complexe. Il est implanté sur la pointe éponyme, la plus septentrionale des deux pointes du cap de Balaguier, séparées par une petite anse ou baie. Le cap de Balaguier, comme on l’a vu dans l’introduction de la partie historique, forme le côté ouest de l’étranglement de la rade de Toulon séparant grande rade et petite rade. Vue générale lointaine depuis la grande passe (ouest).Vue générale lointaine depuis la grande passe (ouest).

Fondé sur des rochers de très haut fond et initialement relié à la pointe par un étroit isthme de rochers faiblement affleurants, le fort n’a pas d’enceinte à proprement parler, puisqu’il se limite à une tour encadrée de deux ailes de batterie qui se joignent côté mer en enveloppant le pied de la tour. Le front de terre, qui n’a jamais eu de fossé, est immédiatement dominé par l’escarpement rocheux du cap, quelque peu retaillé en front de carrière pour dégager le passage de la route actuelle. A l’origine, un court chemin se branchait sur la route militaire côtière pour arriver de plain-pied à la porte du fort, ménagée au pied de la tour. Un quai de manœuvre assez large a été créé au XXe siècle au sud et à l’est du fort, devant l‘aile droite et les deux tiers de l’aile gauche de la batterie, la coupant pour l’essentiel du contact direct avec la mer. Côté terre une clôture en ciment isole le fort de la voie publique, réservant un espace dans lequel est établi un bâtiment précaire de la seconde moitié du XXe siècle.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues

Le plan général du fort reste celui d’origine, conçu et réalisé entre 1673 et 1685, déjà sommairement décrit dans la partie historique : deux ailes de batteries symétriques disposées en chevron s’avançant dans la mer, longues chacune de 74m, encadrent une tour carrée de 20m de côté à la base, implantée sur l’angle. Cette tour est en saillie hors-œuvre dans l’axe du front de gorge, et enveloppée côté front d’attaque par la batterie, dont l’angle saillant (orienté plein est) est adouci en arrondi. Comme un bastion ou une contregarde, dont le plan en chevron s’inspire, la batterie comporte donc deux faces (longues de 56m) et deux flancs (flanc droit plein sud, flanc gauche plein nord), identiques et équilatéraux, ces flancs, plutôt courts (17m), étant en retour d’angle obtus des faces. Le parapet maçonné de chacune des deux faces, initialement bas, comportait, neuf embrasures à canon sensiblement équidistantes, d’axe régulièrement divergeant, pour permettre de varier les directions de tir malgré le plan rectiligne des faces ; chaque flanc avait deux embrasures frontales. Cette disposition d’origine demeure lisible et complète dans l’aile droite, simplement surhaussée et casematée en 1846 sans remettre en cause les embrasures en place, devenues ouvertures couvertes dans un mur d’enveloppe de casemates et non plus embrasures de parapet à barbette. Dans l’aile gauche, le parapet d’origine, conservé en l’état jusqu’en 1858, a été complètement dénaturé et rendu peu reconnaissable par le remblaiement de 1859.

Panoramique du front de gorge du fort, tour et deux courtines en chevron.Panoramique du front de gorge du fort, tour et deux courtines en chevron.

Les principales originalités formelles dans la conception du fort, par lesquelles s’exprime une architecture militaire savante et très « dessinée », concernent le front de gorge, constitué de deux pans de mur symétriques très épais (6m à la base, pour 46m de long), chacun parallèle à une des faces de la batterie, suffisamment hauts pour défiler les postes de tir, initialement découverts, des hauteurs voisines. Ce défilement était facilité par le peu de largeur (14m maximum) de l’aire intérieure entre ces murs de gorge ou courtines formant parados, et le parapet de la batterie, ne laissant la place à aucune cour de dégagement, hors le chemin de service des bouches à feu.

Greffés de part et d’autre à la tour carrée, en prolongement d’alignement légèrement divergeant des côtés de cette tour regardant la batterie et la traversée de la rade, ces deux pans de courtine offrent une embase talutée des deux côtés, qui était prolongée et bordée à l’origine côté batterie par un petit fossé intérieur comblé de longue date. Au-dessus d’un cordon régnant également des deux côtés, chaque courtine comportait une galerie d’infanterie (large de 3,25m dans œuvre) bordée tant vers l’extérieur que vers l’intérieur d’un parapet crénelé, initialement à ciel ouvert. Si le cordon continu, qui se retourne, à l’extrémité, sur la tranche de chacune des deux courtines, est généralement conservé dans l’état actuel, la superstructure a sensiblement changé. La galerie de la courtine de l’aile droite a complètement disparu à la suite des remaniements de cette aile en 1846. Par contre, celle de l’aile gauche existe encore, mais telle qu’elle a été remaniée en 1849 pour servir de caserne, soit légèrement rehaussée, couverte d’un toit (refait récemment à deux versants) et repercée de plusieurs fenêtres alternant avec les créneaux de fusillade d’origine. On remarque à l’extrémité extérieure de cette galerie aujourd’hui restaurée les arrachements en encorbellement de l’appui d’un large cabinet de latrines qui existait dès l’origine à cet endroit, soit dès avant la transformation de la galerie en caserne. Ces deux galeries ou chemins de ronde communiquent au premier étage de la tour par une porte en chicane, leur accès n’étant possible à l’origine que par ces portes (la porte latérale actuelle ouvrant la galerie de la courtine gauche au-dessus du rempart de l’aile de batterie correspondante est une adaptation d’une fenêtre, sans doute récente).

L’embase talutée de la courtine offre une subtile variation du fruit, assez marqué jusqu’aux 2/3 de la hauteur, plus proche de la verticale dans le tiers supérieur jusqu’au cordon ; la brisure de ce fruit est marquée par un bandeau plat. Dans les 2/3 inférieurs, sous le bandeau, cette embase est creusée d’une galerie d’escarpe ou gaine, voûtée en berceau, relativement étroite (1,20m), régulièrement percée de créneaux de fusillade profonds et relativement espacés, tant vers l’extérieur que vers la batterie, en alternance de part et d’autre. Ceux regardant la batterie ont tous été soit remplacés par des portes vers les casemates, soit condamnés, à l’occasion des remaniements de 1846 et 1859, les trois derniers de part et d’autre de la branche gauche avaient été transformés en évents de magasin à poudres en 1849.

Il est important de préciser que cette galerie d’escarpe se prolonge à l’identique, sans autre discontinuité qu’une légère rupture d’axe, dans l’épaisseur des quatre murs du rez-de-chaussée de la tour, avec les mêmes créneaux de fusillade. De plus, à ce niveau de l’élévation extérieure de la tour, on trouve aussi un fruit (l’épaisseur moindre des murs de la tour, 5m au lieu de 6 à la base s’explique par ce que le fruit n’y concerne qu’un côté), et un bandeau plat dans la stricte continuité de celui des courtines.

Enfilade de la galerie d'escarpe de la tour et de la courtine de droite.Enfilade de la galerie d'escarpe de la tour et de la courtine de droite.

La porte d’entrée du fort, de gabarit piéton, s’ouvre vers le milieu du côté gauche hors œuvre de la tour, dans la galerie d’escarpe, dont il faut emprunter un segment, à main gauche, pour déboucher, par une porte analogue, dans l’aire intérieure de la batterie (la porte actuelle, dans l’axe du segment de galerie, est une percée de 1846-1849, à la place d’un créneau, la porte d’origine, aujourd’hui murée, était plus loin dans la galerie en retour à droite).

L’ensemble de ces dispositions met en évidence une grande unité de conception architecturale et défensive entre la tour et les deux courtines du front de gorge à ce niveau, au point qu’on est fondé à croire à une construction simultanée de la tour dans sa totalité et de l’embase à galerie d’escarpe des deux courtines, jusqu’au niveau du bandeau. Le reste de l’élévation des courtines, dont le cordon, absent sur la tour, aurait été réalisé dans la seconde phase du chantier initial, après 1679, en même temps que la batterie proprement dite 32.

A son raccord avec la tranche d’extrémité des deux courtines, le parapet des deux flancs de la batterie forme une légère avancée outrepassant cette tranche, débord terminé non en angle aigu, mais en pan coupé. Un talus pyramidal maçonné, très remanié et sans doute modifié dans son état actuel, amortit ce débord contre la tranche de la courtine : en ce point, la liaison des parements trahit l’antériorité de la courtine sur le parapet de la batterie.

Cet ensemble formé par les deux courtines et la tour, au niveau des galeries d’escarpes voûtées comme au niveau du couronnement défensif (galeries crénelées d’étage des courtines, couronnement à mâchicoulis des quatre côtés de la tour, détruit en 1794), se présente comme une fortification de défense rapprochée entièrement réversible, autant conçue pour se prémunir des attaques côté terre que pour se retrancher et combattre un ennemi qui serait parvenu à prendre pied dans la batterie par la mer, en débarquant d’un vaisseau.

L’intérieur de tour, évidé d’une étroite cour puits de lumière carrée occupant un cinquième du volume, superpose trois niveaux divisés par un mur de refend. Ce mur, épais, incorpore un escalier à doubles rampes droites qui distribue les étages. Ces locaux de faible capacité locative, n’en sont pas moins équipés à l’origine de tous les accessoires et aménagements de service assurant une certaine autonomie à l’ensemble tour et courtines. Détail de l'escalier mural rampe-sur-rampe de la tour.Détail de l'escalier mural rampe-sur-rampe de la tour.

Au rez-de-chaussée, la porte d’entrée de ces locaux de la tour est ménagée au milieu de la galerie d’escarpe du côté où s’ouvre la porte du fort, mais pas exactement en vis-à-vis de cette porte (décalage en chicane). Elle débouche dans l’étroite courette carrée, flanquée de chaque côté d’un petit magasin voûté en berceau, également carré. Dans l’axe, un degré de cinq marches monte à la porte surhaussée qui dessert les deux volées divergentes de l’escalier à rampes droites étroitement logé dans le mur de refend. Derrière ce mur de refend règne une citerne rectangulaire d’un seul tenant, voûtée en berceau, accessible seulement verticalement depuis le premier étage.

Les deux volées de l’escalier mural débouchent au premier étage, par une porte centrée, dans une salle rectangulaire sans prise de jour, voûtée en berceau longitudinal, superposée à la citerne. Elle tenait lieu de salle commune mais a aussi servi de dortoir pour la garnison. A l’extrémité gauche de cette salle, on trouve, adossés au mur, les aménagements liés à la citerne : regard avec bassin pour l’eau de consommation courante, et colonne en cheminée ou puisard de descente des eaux pluviales recueillies dans un caniveau sur la plate-forme du second étage. A l’autre extrémité de la salle, près de l’angle, s’ouvre l’accès en chicane qui communiquait à la galerie crénelée d’étage de la courtine de droite, et qui donne accès depuis 1847 au chemin de desserte de la plate-forme d’étage de l’aile droite de la batterie, régnant sur les casemates. La salle principale du premier étage de la tour communique enfin, par deux portes latérales traversant le mur de refend, avec deux petites pièces voûtées superposées aux deux magasins carrés du rez-de-chaussée, prenant chacune par une fenêtre un second-jour sur la cour/puits de lumière. La pièce de gauche, sans aménagement particulier, était peut-être une chambre d’officier ; celle de droite, équipée dans le mur de fond d’un four qui semble d’origine, et sous la fenêtre, d’un évier ajouté au XIXe siècle, servait sans doute de cuisine, même si elle est qualifiée de « logement » en 1817. C’est dans cette petite pièce, face à la fenêtre, que s’ouvre le couloir mural en chicane qui communique à la galerie d’étage de la courtine de gauche. Chambre du four au premier étage de la tour.Chambre du four au premier étage de la tour.

Au-dessus, l’escalier débouche sur une plate-forme à ciel ouvert, qui, jusqu’en 1797, était environnée par les quatre murs de l’élévation supérieure de la tour. Le débouché de l’escalier était alors abrité par un toit particulier.

Trois ailes de bâtiments légers construites sur la plate-forme s’appuyaient en appentis à trois des quatre murs de la tour, distribués par la plate-forme. Bien éclairées par des fenêtres, ces ailes fournissaient l’essentiel des logements inclus dans la tour. Une seule des trois ailes a subsisté depuis le dérasement de 1794, formant une petite maison toujours adossée à ce qui reste de l’élévation supérieure du mur sud-ouest de la tour . Sa façade, jadis à plans de bois, a été reconstruite « en dur » au XIXe siècle, en même temps qu’on perçait dans le mur de la tour les trois fenêtres qui lui donnent jour vers l’extérieur.

Le quatrième côté de cet étage (nord-ouest), celui du mur dans lequel s’ouvre la porte du fort, n’offrait pas le dégagement nécessaire pour établir un bâtiment, du fait du débouché de la cour / puits de lumière au sol de la plate-forme, entouré d’un garde-corps. C’était donc le côté réservé pour l’escalier en pierre montant en une volée appuyée au mur jusqu’au chemin de ronde sommital à parapet sur mâchicoulis, disposition dont rien ne reste, mais dont les plans du génie ont permis une reconstitution graphique assez précise, dessinée par Benoît Maffre (vue axonométrique de l’état initial du fort). L’état actuel restauré de la plate-forme permet de lire très clairement l’emprise au sol des trois murs dérasés, en-deçà du garde-corps actuel.

Un corps de maison annexe (logement de gardien, actuellement du phare) construit sur l’étage de l’aile droite de la batterie, soit sur les reins des voûtes des casemates, s’est appuyé seulement au XXe siècle à l’extérieur de la tour et de la maison de son second étage.

La batterie de l’aile droite juxtapose une série de dix casemates voutées en berceau transversal retombant sur neuf murs de refend percés chacun de deux baies cintrées relativement larges, en enfilade. Les huit casemates médianes, à peu près identiques, à la réserve que celles adossées à la tour sont un peu moins profondes, desservent chacune dans l’axe une des embrasures de la batterie d’origine. Ces embrasures ont été voûtées pour s’insérer dans la surélévation de l’ancien parapet, devenu mur d’enveloppe de la batterie casematée de 1846. Les deux casemates d’extrémité sont de plan trapézoïdal et desservaient chacune deux embrasures. Les embrasures du flanc, dans la casemate du bout de l’aile, sont transformées en portes, une grande et une petite, sans doute depuis le premier tiers du XXe siècle, tandis que celle adossée à l’angle de capitale arrondi de l’ancienne batterie dessert la première embrasure de l’aile droite et la première de l’ancienne aile gauche. Cette casemate d’angle et la suivante sont refermées sur la cour intérieure réservée dans l’aire de l’ancienne aile gauche (en 1859), par une façade percée d’une porte centrale, assez large pour passer les canons sur affuts, et de deux fenêtres (celle de la seconde casemate transformée après-coup en porte-fenêtre.) En outre, les casemates sont distribuées, à partir de la troisième en partant de cette façade, par l’ancienne galerie d’escarpe défensive commune au côté sud-est de la tour et à la courtine droite. Des portes ont en effet été systématiquement percées vers cette galerie au fond de chacune des casemates, remplaçant et oblitérant les anciens créneaux de la galerie. Le fait que, en comptant cette galerie, les casemates bénéficient de trois axes de distribution en enfilade tend à démontrer qu’un cloisonnement interne était prévu, créant une partition entre une travée extérieure réservée au service de l’embrasure, avec sa série de portes en enfilade, et une travée intérieure, sans jour, utilisable pour des couchages de troupes, avec aussi une série de portes en enfilade et une communication à la galerie murale.

L’étage de la batterie, au-dessus des casemates, actuellement en cours de restauration (dallage de la plate-forme) a été altéré au XXe siècle par le dérasement partiel de son parapet en terre, dont le profil est matérialisé par l’élévation du mur d’enveloppe à gauche de l’angle arrondi de capitale. On retrouve à cet étage à ciel ouvert, derrière le parapet et son muret d’appui, vers l’angle de capitale, au pied du phare du XXe siècle, les socles ou sous-sellettes d’affût juxtaposés, avec niche à munitions, d’un des groupes de deux canons de 47mm installés en 1899. Le même dispositif, correspondant à l’autre groupe est toujours en place à l’opposé, sur le flanc de cet étage de batterie. Vue intérieure d'une casemate, du côté de l'embrasure.Vue intérieure d'une casemate, du côté de l'embrasure. Socle  des canons de 1899 sur l'angle de capitale de la batterie d'étage.Socle des canons de 1899 sur l'angle de capitale de la batterie d'étage.

Depuis la cour intérieure, une volée d’escalier droite sur arc-boutant, avec repos, longeant le mur de la tour, monte sur la plate-forme de l’aile droite de la batterie, au-dessus des casemates (elle dessert actuellement le phare et le logement associé). Cet escalier a été créé peu avant les remaniements de 1859, qui ont donné à la cour ses limites actuelles, en établissant vis-à-vis de la façade des casemates le mur de soutènement du terre-plein ou rempart alors créé dans les deux tiers de l’ancienne batterie de gauche. Un second escalier droit part de la cour en vis-à-vis du départ du premier, toujours contre le mur de la tour, pour monter, dans œuvre, à la banquette du rempart de la batterie gauche de 1859. Le parapet en terre de cette batterie est soutenu, côté banquette, par un muret de terrasse.

Le quatrième côté de la cour, en vis-à-vis du mur de la tour, est composé d’un segment de l’ancien parapet de la batterie de 1685, avec deux embrasures légèrement désaxées, d’où brisures d’axe dans le nu intérieur du mur. Cet ancien parapet d’artillerie est surhaussé en mur, avec arase en chemin de ronde sans accès fixe, bordé d’un parapet maigre. Ses deux embrasures sont voûtées depuis 1859, dans la continuité de ce qui avait été fait en 1846 pour la partie casematée de l’aile droite. L’une de ces embrasures, la plus proche de la façade sur cour, a été défoncée pour servir de porte au XXe siècle, lorsque le quai actuel a été construit entre le revêtement de la batterie et la mer. Dans ce revêtement, près du sol du quai, on remarque encore de gros fers d’amarrage scellés dans les maçonneries.

Partie du parapet rehaussé de l'aile gauche de la batterie fermant la cour.Partie du parapet rehaussé de l'aile gauche de la batterie fermant la cour.

Structure et mise en œuvre

Dans l’ensemble, les maçonneries du fort sont mises en œuvre avec soin, en pierre calcaire blanche. Les parements extérieurs des ouvrages du XVIIe siècle : tour, courtines (au moins jusqu’au cordon), partie d’élévation de la batterie correspondant aux anciens parapets à embrasures, sont dressés en pierre de taille de moyen appareil régulier de bonne qualité, dans lequel bandeau et cordon des courtines s’intègrent sur l’équivalent d’une assise 33. On observe toutefois que les parements de la tour et de la courtine gauche, côté terre, sont masqués par un enduit couvrant, appliquée à une date inconnue (2e moitié XIXe siècle), sans doute à la suite d’une dégradation différentielle de ces parties de parements. Avant la restauration actuelle, dans laquelle les enduits n’ont pas la même teinte de la tour à la courtine, l’état délabré de la courtine gauche laissait voir cette dégradation sous l’enduit, avec des réparations superficielles en blocage de petits moellons. Les murs parapets maigres de la galerie-caserne d’étage, entièrement ré-enduits récemment, ne peuvent plus être étudiés.

Les portes de la tour sont, pour la plupart, couvertes d’un arc plein-cintre. Celui qui couvre l’encadrement de l’ancienne porte unique du fort, au pied de la tour, n’est pas extradossé ; cet encadrement, en pierre plus dure, adapté au profil taluté de la base du mur, est impeccablement assemblé à joints fins. A l’intérieur de la tour, seul le mur de refend creux est entièrement bâti en pierres de taille, du fait de la précision de l’intégration des doubles rampes droites de l’escalier, et de la maigreur du mur d’échiffre et des parois résiduelles entre la cage de cet escalier et les nus extérieurs du mur. Les portes symétriques de deux petits magasins carrés en rez-de-chaussée, ouvrant sur la courette puits de lumière, ont un encadrement en pierre de taille, avec clef et sommiers saillants sur l’arc, arrière-voussure « de Marseille », le tout surmonté d’un œil-de-bœuf. Ces détails, comme l’escalier, font référence à l’architecture civile du XVIIe siècle et témoignent à leur tour du soin apporté par Gombert à la conception de l’édifice. Le reste des parements intérieurs de la tour est en blocage de petits moellons de tout-venant enduit ou destiné à l’être, la brique étant employée concurremment pour les voûtes, peut-être d’origine, ou en réparation, brique également destinée à être enduite. On fait le même constat pour les murs et les voûtes de la galerie d’escarpe tant de la tour que des courtines. Les créneaux de fusillade de cette galerie d’escarpe sont, on l’a vu, très incomplètement conservés, ceux regardant vers la batterie ayant tous été condamnés ou supprimés par les aménagements de 1846 et 1859. Ceux qui subsistent, soit ceux du front de gorge, sur les deux faces de la tour et sur la partie voisine des courtines, n’ont plus leur aspect d’origine, l’encadrement de leur bouche extérieur ayant entièrement été reconstruit en briques (en 1859 ?) avec ébrasement extérieur en trémie, voûte segmentaire et jambages simulant des assises alternées sortantes/rentrantes.

Parapet rehaussé, sur cour, de l'aile gauche de la batterie, vu de la tour.Parapet rehaussé, sur cour, de l'aile gauche de la batterie, vu de la tour.

La mise en œuvre des maçonneries des ouvrages des campagnes de 1846 (casemates, rehaussement du parapet ou murs d’enveloppe et façade sur cour de l’aile droite de la batterie) et de 1859 (reprise et rehaussement des parapets, mur de soutènement sur cour du rempart de l’aile gauche) est aussi soignée que celle du XVIIe siècle, mais moins luxueuse, notamment pour les parements extérieurs. Les murs d’enveloppe sont en moellons équarris assisés de plus petit gabarit que la pierre d’appareil du XVIIe siècle, en sorte que la transition entre ancien parapet et surélévation est bien visible. Le parement de la façade sur cour et du mur de terrassement est en simple blocage. La pierre de taille (calcaire dur), est réservée aux encoignures, aux tablettes et chaperons de couronnement des murs, aux encadrements des baies de la façade sur cour, aux marches des escaliers de la cour et à l’arc-boutant qui porte la volée de celui desservant la batterie d’étage droite. On note aussi la présence d’une série de belles gargouilles monolithes moulurées en forme de demi canon dans le mur d’enveloppe de l’aile gauche de la batterie, sous le niveau de la tablette, pour égoutter les eaux de la banquette d’étage ; on compte neuf gargouille équidistantes et nivelées sur la face, en alternance avec les embrasures, et deux , rapprochées mais dénivelées, aux deux extrémités du parapet de la batterie d’étage, flanc et retour après l’angle de capitale.

La brique est employée dans les casemates pour tous les encadrements de baies, les murs de refend et les voûtes étant par contre en blocage de pierre brute. L’encadrement des embrasures a été entièrement réalisé en briques en 1846, sans rien conserver des côtés en pierre des embrasures à ciel ouvert du parapet de 1685. Il s’agit de brique rouge pour l’essentiel, (avec quelques reprises de briques jaunes), disposées assez sommairement dans le large ébrasement de la bouche extérieure, certains employant aussi quelques pierres ; la voûte évasée comporte deux ailes divergentes d’appareil de briques parallèles calées sur une bande axiale faisant office de clef de voûte.

Les deux portes actuelles communiquant de la tour à la cour, percées avant 1849 dans l’axe de deux branches de la galerie d’escarpe, l’une à la place d’un créneau, sont aussi encadrées et cintrées en briques. Les deux baies percées dans chaque mur de refend, en enfilade d’un mur à l’autre, sont inégales : l’une (côté embrasure) est plus étroite et couverte d’un arc plein-cintre en brique, en rouleau large extradossé. L’autre (côté intérieur) est plus spacieuse, avec encadrement moins large, simulant des assises alternées rentrantes/sortantes, couvert d’un arc en anse-de-panier. Cette différence n’apparaît pas sur les plans de 1848, date à laquelle ces baies, qui y paraissent plus larges, n’étaient peut-être pas finies. Les petites portes de communication avec l’ancienne galerie d’escarpe ont un encadrement en brique du même type que celui des grandes arcades du mur de refend. Leur arrière-voussure en brique forme une pénétration dans la voûte de la galerie. Intérieur des casemates de l'aile droite, baies dans les murs de refend.Intérieur des casemates de l'aile droite, baies dans les murs de refend.

Par ailleurs, les deux portes inégales qui ont remplacé, dans le flanc de l’aile de droite, les deux embrasures de la dernière casemate ont un encadrement en briques. Celui de la grande porte forme une arcade en anse de panier analogue à celles des murs de refend. Ces portes sont évidemment postérieures à l’aménagement du quai, et ne datent probablement que de 1929.

Les dallages en place, sauf les vestiges (récemment retrouvés) de ceux de l’ancienne galerie d’étage de la courtine droite, en dalle de pierre, sont, pour la plupart, réalisés en briques ou carreaux de terre cuite. Plusieurs ont été récemment refaits à neuf : plate-forme de la tour, arase du mur à deux embrasures sur cour. Ce dernier matériau est employé pour le parement de l’amortissement pyramidal des raccords d’angles entre le parapet de la batterie et l’extrémité des deux courtines.

Il n’y a presque plus de menuiserie ancienne, excepté un vantail de porte à planches cloutées en double épaisseur en bandes horizontales, exposé dans l’ancienne cuisine de la tour, et un autre en place à l’entrée de la petite chambre carrée qui fait pendant à cette cuisine.

Les toitures des bâtiments, très simples, sont revêtues de tuiles-canal ou de tuiles mécaniques (maison sur la tour). La charpente à ferme et la couverture de la galerie-caserne d’étage de la courtine gauche sont entièrement neuves.

Hors les gros fers d’amarrage (déjà signalés) scellés dans le parement de la batterie, le fer forgé ou de fonderie est essentiellement employé dans des garde-corps, rampes d’escalier, grilles fixes ou ouvrantes qui, dans leur état actuel, ne datent que du XXe siècle.

Le fer de fonderie est toutefois employé aussi pour les plaques de fermeture boulonnées des socles de tir sur pivot de 1899.

Les profils de terre des parapets de 1846 (aile droite) et de 1859 (aile gauche), sont actuellement altérés par le prélèvement d’une partie des terres qui les structuraient. Détail d'un fer scellé dans le parapet de l'aile gauche, pour l'amarage.Détail d'un fer scellé dans le parapet de l'aile gauche, pour l'amarage.

1Cité par B. Cros, Historique sommaire du fort Balaguier, 2002 (inédit), d’après le Ms. Blondel « les plans, profils et devis de l’estat des places maritimes de Provence ». Vincennes, SHD, service historique de la Marine.2Cité par B. Cros, Citadelles d’Azur, Aix en Provence, 1998, p. 49, d’après le Ms. Blondel Op.cit.3Arch. Nat. B314, f° 90, Lettre du 11 mars 1672, Cité par B. Cros, Historique sommaire du fort Balaguier, 2002 (inédit, aimablement communiqué par l’auteur), et « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Revue de la société des amis du Vieux Toulon et de sa région, n° 130, 2008, p. 107, note 2.4Arch. Nat. B314, f° 157 Lettre du 24 mai 1672, voir B. Cros, Historique sommaire du fort Balaguier, 2002 (inédit)5Cité par B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Revue de la société des amis du Vieux Toulon et de sa région, n° 130, 2008, p. 77.6Bnf, Estampes. Détail reproduit par B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », op. cit, p. 80, fig. 4.7B. Cros, « La Seyne-sur-Mer, fort de l’Aiguillette », in Congrès archéologique de France, Monuments du Var, 160e session 2002, Paris, SFA, 2005, p. 191, et « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », op. cit, p. 86.8Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°1 Mémoire sur les réparations les plus nécessaires des fortifications de Toulon, forts et batteries d’alentour de sa rade ... Vauban, mars 16799 Toulon, Service Historique de la Marine, 1L 226 f°26 v° -27 ; B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Op. cit, p. 81 et note 5.10Toulon, Service Historique de la Marine, 5 E 178, f° 57 ; B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Op. cit, p. 81 et note 611Toulon, Service Historique de la Marine, 1L 232 f°48; B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Op. cit, p. 82 et note 712Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°19 Adition du premier mars 1693, au projet de Toulon de 167913Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°20.14Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, sect.1, carton 1 n°36 Deuxième adition au projet des fortiffications de Toulon du 19 mars 170115Les calibres exprimés en livres indiquent le poids du boulet.16Arch. Nat. B3 150 f°88 Résultat du conseil tenu le 12 juillet 1707. Cité par B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Op. cit, p. 108, note 24.17Arch. Nat. B3 150 f°130 Lettre de l’intendant de Vauvré, du 12 juillet 1707. Cité par B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Op. cit, p. 89 et note 2618Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 4, Section 2 Carton 1 n°29 Memoire sur partie de la côte de Provence depuis la passe de l’est de la rade des iles d’Hyeres, jusques a Toulon, 20 avril 174319Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1 carton 4, n°22 Mémoire sur la ville de Toulon, son objet relativement à une deffensive simple en Provence, ses fortifications anciennes & de terre & de mer, ...20Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, carton 5 n° 6 Etat actuel des batteries des rades de Toulon suivant la visite qui en a été faite par MM. de Champorcin, de Vialis, Boullement et Imbert le 14 Xbre 177021Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1 carton 5 n° 20 Raisons sur lesquelles est fondée la demande des ouvrages nouveaux dans l’extrait du projet général pour mettre la place dans l’état désirable, 28 novembre 1774.22Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, carton 9 n° 22, Mémoire militaire sur le Port la Montagne ci-devant Toulon, 20 nivôse an 2.23Toulon, Service Historique de la Marine, 4 A1, Commission du septième arrondissement des côtes, 23 brumaire an 3.24Vincennes, SHD, Archives du génie, Série V, E.G. Nice (chefferie génie), Place de Toulon, Art. 2, 8914, n° 26, plan 1817 légendé , contresigné J. Louis Fauille, 1823. Toulon, Service Historique de la Marine, 4B 1, Atlas des batteries de côte, 1818, pl. n°1.25Toulon, Service Historique de la Marine, 4B ex-Art. 1 n° 44, Projet de défense des côtes du 5° arrondissement maritime. Copie de la direction d’artillerie de Toulon.26Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1 carton 33, projets 1846, plan n° 227Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1 carton 36, n° 3, Terminer l’amélioration du fort de l’Aiguillette, projet du 11 fevrier 1849.28B. Cros, « Le fort de l’Aiguillette de Louis XIV à nos jours », Op. cit., p. 100.29Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1 carton 38, Etat de situation du matériel d’artillerie existant sur les forts et batteries des ports et rades à l’époque du 1er mars 185430Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1, carton 40, 1858-1859, n° 931Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1, carton 42, n° 8, projet du 15 mars 1860.32Au crédit de cette hypothèse, on observe du côté de l’aile gauche de la batterie, une anomalie de raccord entre la tour et la courtine au niveau intermédiaire entre le bandeau et le cordon, semblant indiquer que dans la première phase, on prévoyait d’arrêter le fruit de la courtine au-dessus du bandeau pour passer au plan vertical, comme pour la tour, et non pas au-dessus du cordon, ce dernier n’étant pas prévu.33Ce qui témoigne de la mauvaise foi du jugement expéditif de Vauban en 1707, évoquant les matériaux « très mauvais »

Le projet de construction d'une 3e tour pour croiser les feux des tours Balaguier et de la Grosse Tour de Toulon et renforcer l'entrée de la petite rade est lancé dans un rapport d'inspection de Francois Blondel en 1651. En 1672 François Gombert, ingénieur toulonnais en charge des travaux d’aménagement de l’arsenal maritime de Toulon, conçoit une batterie au bout de la pointe de l’Aiguillette. Les travaux sont commencés en 1674 par l'entrepreneur toulonnais Gaspard Chaussegros. La tour est achevée après 1678 par Chaussegros, Jean Ribergue et Barthélémy Martin, "associés entrepreneurs des ouvrages de maçonnerie, pierre de taille, voûtes et autres, du cap de l’Aiguillette". Les mêmes édifient ensuite la batterie basse, formée de deux ailes symétriques de part et d’autre de la tour et formant un plan en chevron, batterie dont le chantier n’est terminé qu’en 1685. En juillet 1683, Gaspard Chaussegros s’engage par marché à réparer une partie du parapet sur mâchicoulis de la tour, ruiné par la tempête. En 1693 et 1701, deux rapports de Vauban, restés sans suite, préconisent des travaux de rehaussement de la tour. En 1768 un rapport d'Aguillon mentionne pour la première fois la nécessité de construire une redoute en arrière de la tour pour la garantir contre une attaque venant de la terre. Une inspection de 1794 signale que la tour a subi un dérasement inégal qui concerne la totalité du couronnement à mâchicoulis, et, plus bas, trois des quatre murs qui formaient le dernier étage à ciel ouvert. Entre 1846 et 1859, d'importants travaux remodèlent complètement la batterie, dédoublée en deux niveaux : batterie basse casematée au même niveau et avec les mêmes embrasures que depuis 1685, et batterie surhaussée à barbette, avec parapet en terre. Le rapport de la commission de défense du littoral pour le 5e arrondissement (Toulon et environs) rédigé le 4 mars 1873, constate l’inadaptation de l'ouvrage aux pièces de marine de gros calibre devenues d’actualité tant pour l’attaque que pour la défense du front de mer. Aussi, aucun nouvel armement n’est proposé pour le fort de l’Aiguillette, tout étant reporté dans une batterie neuve édifiée de 1876 à 1880 sur le relief immédiatement au-dessus, dite batterie haute de l’Aiguillette. Parallèlement, la loi du 5 février 1877 entraîne le déclassement des forts de Balaguier et de l’Aiguillette. Le fort n’a plus désormais d’autre utilité que de fournir le casernement du personnel militaire affecté au service de la batterie haute.

Les maçonneries du fort sont en pierre calcaire blanche. Les parements extérieurs des ouvrages du 17e siècle : tour, courtines (au moins jusqu’au cordon), partie d’élévation de la batterie correspondant aux anciens parapets à embrasures, sont dressés en pierre de taille de moyen appareil régulier, les parements de la tour et de la courtine gauche, côté terre, sont masqués par un enduit couvrant, Les parements intérieurs sont en blocage de moellons enduit, à l'exception de quelques encadrements en pierre de taille. La brique est employée concurremment pour les voûtes, peut-être d’origine, ou en réparation, brique également destinée à être enduite. On fait le même constat pour les murs et les voûtes en berceau de la galerie d’escarpe tant de la tour que des courtines. Les ouvrages des campagnes de 1846 (casemates, rehaussement du parapet ou murs d’enveloppe et façade sur cour de l’aile droite de la batterie) et de 1859 (reprise et rehaussement des parapets, mur de soutènement sur cour du rempart de l’aile gauche) ont leurs murs d’enveloppe en moellons équarris assisés de plus petit gabarit que la pierre d’appareil du 17e siècle. Le parement de la façade sur cour et du mur de terrassement est en simple blocage. La pierre de taille (calcaire dur), est réservée aux encoignures, aux tablettes et chaperons de couronnement des murs, aux encadrements des baies de la façade sur cour, aux marches des escaliers de la cour et à l’arc-boutant qui porte la volée de celui desservant la batterie d’étage droite. La brique est employée dans les casemates pour tous les encadrements de baies ; les murs de refend et les voûtes étant par contre en blocage de pierre brute. L’encadrement des embrasures a été entièrement réalisé en briques en 1846, sans rien conserver des côtés en pierre des embrasures à ciel ouvert du parapet de 1685. Les étages de la tour sont distribués par deux escaliers en maçonnerie : un escalier tournant rampe-sur-rampe et un escaliers droit à deux volées divergentes. Les voûtes sont en berceau. Les toitures des bâtiments, très simples, sont revêtues de tuiles-canal ou de tuiles mécaniques (maison sur la tour). La charpente à ferme et la couverture de la galerie-caserne d’étage de la courtine gauche sont entièrement neuves.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • brique enduit
  • Toits
    tuile creuse, tuile plate mécanique
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • Raisons sur lesquelles est fondée la demande des ouvrages nouveaux dans l’extrait du projet général pour mettre la place [de Toulon] dans l’état désirable, 28 novembre 1774. Service historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1 carton 5 n° 20

Bibliographie

  • CROS, Bernard. Citadelles d'Azur, quatre siècles d'architecture militaire varoise. Aix-en-Provence : 1998, 159 p.

    P. 109-110.
  • CROS, Bernard. La Seyne-sur-Mer, fort de l'Aiguillette, dans Congrès Archéologique de France, Monuments du Var, 160e session 2002. Paris : Société Française d'Archéologie, 2005.

    P. 189-193.
  • CROS, Bernard. Le fort de l'Aiguillette de Louis XIV à nos jours. Dans : Revue de la société des amis du Vieux Toulon et de sa région, n°130, 2008, p.77-109.

  • RIBIERE, Hélène, ADGE, M., CATARINA, D. et al. La route des fortifications en Méditerranée, les étoiles de Vauban. Paris, 2007, 184 p.

Documents figurés

  • Plan [du fort de l'Aiguillette] / Dessin aquarellé, signé Niquet, 1694. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1V, Toulon, Art 8, section 1, carton 1, n° 20.

  • Plan des forts de la rade [de Toulon]. / Dessin, non daté, milieu XVIIIe siècle. Musée des Plans Reliefs, Paris : A 125.

  • Topographie de la France. Série de cartes gravées des XVIIe et XVIIIe siècles issues en partie des collections Marolles et Gaignières. Bibliothèque nationale de France, Paris : Va. Département des Estampes et de la Photographie.

  • Batterie de l'Aiguillette. / Dessin aquarellé, 1817 contresigné J. Louis Fauille, 1823. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série V, E. G. Nice (chefferie génie), Place de Toulon, Art. 2, 8914, n° 26.

  • [Plan du fort de l'Aiguillette]. / Dessin aquarellé, 1849. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1V, Toulon, Art 8, section 1, carton 36, n°3.

  • Fort et batterie haute de l'Aiguillette, plan de la position. / Dessin aquarellé. Fin 19e siècle. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1V, Toulon, Art 8, section 1, carton 40, 1858-1859, n° 9.

  • [Axonométrie du fort de l'Aiguillette, restitution de l'état en 1859.] / Dessin, par Benoît Maffre, 1997. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1V, Toulon, Art 8, section 1, carton 40, 1858-1859, n° 9.

Date d'enquête 2008 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble