Dossier d’œuvre architecture IA83002192 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fort dit fortin du Bau Pointu
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune La Valette-du-Var
  • Lieu-dit le Bau Pointu
  • Dénominations
    fort
  • Appellations
    fortin du Bau Pointu
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

Vue générale du site, depuis une hauteur rocheuse située au sud.Vue générale du site, depuis une hauteur rocheuse située au sud.

En mars 1873, la défense terrestre éloignée de la place de Toulon fait l’objet d’un rapport rédigé par le colonel Le Masson, directeur des fortifications, qui renouvelle complètement un précédent projet général de camp retranché de mai 1867, en intégrant les enseignements tirés, entre temps, de la guerre de 1870 qui avait révélé les faiblesses de l'artillerie française. De plus, en 1873 le général Raymond-Adolphe Séré de Rivières, commandant du génie, prend la direction du Comité de Défense et planifie la réorganisation défensive des frontières de la France, tant terrestres que maritimes. Il en ressort officiellement la mise en place d'une nouvelle typologie des forts et batteries détachés à distance des places fortes, armés de canons permettant des tirs à longue portée (6-9km).

Pour Toulon, le rapport Le Masson, comme celui de 1867, préconise d’occuper solidement les points principaux d’où (l’ennemi) pourrait opérer un bombardement, faisant en sorte d’élargir le rayon d’investissement, d’isoler et de rendre bien plus difficiles les attaques par l’est et par l’ouest… Le comité des fortifications propose en avril 1873, reprenant une partie de ses conclusions antérieures d’un an, de renforcer les défenses du Mont Faron, et d’occuper les hauteurs autours de Toulon jusqu’à 6 km de distance, soit, du nord à l'ouest, Mont Caume, Croupatier, Gros Cerveau et Six-Fours (prévu dès 1872); et, dans le secteur nord-Est, à partir de la redoute en construction à La Croix-Faron : Mont Coudon, Thouars et La Colle-Noire, cette dernière position devant croiser ses feux avec ceux du Coudon.1

Ce programme de fortification terrestre n'est pas officiellement mis en oeuvre avant que soit lancé aussi le nouveau plan de défense de la rade de Toulon, en 1878, portant sur la remise au normes des batteries de côte, le tout appliquant les normes du « système Séré de Rivières ». Les réalisations terrestres concernent le secteur est, avec les forts du Coudon et de la Colle Noire, l'occupation de la hauteur intermédiaire de Thouars par un troisième fort étant finalement abandonnée. On notera que dans les deux cas, le programme comporte un fort et un ouvrage d'appui voisin fermé et resserré qualifié de "fortin", construit dans un second temps mais avant achèvement du fort : dans le cas du Coudon, le fortin du Bau Pointu, et dans le cas de la Colle-Noire (1878-1881), le fortin de la Gavaresse (1880-1881). Compte-tenu de sa situation littorale, ce dernier ouvrage assure aussi et surtout une fonction de batterie de côte.

Au Coudon, l'appropriation du site commence par la création d'une route d'accès militaire, dont le tracé est approuvé en mars 1876, après qu'une surface totale cumulée de 11 hectares 8 centiares ait été acquise pour la route sur des terrains de particuliers, au moyen d'expropriations. Les travaux de la route sont confiés à l'entreprise Ligeart, et achevés en 1879.

Le fortin du Bau Pointu, d'abord dit "de la Bergerie", fait partie du projet définitif de fortification du Coudon, rendu en mars 1878 et approuvé en décembre de la même année par le ministre de la Guerre, au même titre que le fort, dit fort Est, et que trois batteries annexes ouvertes, une liée au fort dite batterie du Gros Rocher, deux batteries annexes ouvertes distantes, dites batterie Nord et batterie Sud, sur la route d'accès entre le fort et le fortin. Ce dernier est un ouvrage d'appoint du fort, situé en arrière, à distance mais en co-visibilité, sur le rebord de l'éperon naturel, dominant les lacets de la route. L'ensemble du chantier de construction des ouvrages du Coudon est confié à l'entreprise Andreoli et réalisé entre 1879 et 1884, en commençant par le Fort Est, de 1879 à 1882, pour un coût de 348.900 francs et en finissant par le fortin du Bau Pointu, de 1882 à 1884, moyennant 93.000 francs 2.

Le fortin est conçu principalement pour servir de batterie d'appui de défense terrestre, sans action vers la côte, mais c'est une batterie fermée d'une enceinte et, comme son appellation le suggère, un fort en réduction, ayant une capacité d'autonomie défensive, avec casernement, à la différence des batteries annexes ouvertes. A l'instar du fort Est, dont il reprend pratiquement le plan polygonal proche du triangle, un front nord voué à l'artillerie, et un front de gorge accueillant la porte, face au sud/sud-ouest. En revanche, le front est du fortin est dépourvu de plates-formes d'artillerie, les tirs de batterie étant tous orientés vers le nord et le nord-ouest. L'artillerie du fortin est composée de quatre canons de 120mm, calibre un peu inférieur à celui des pièces de 155mm du fort, et complétée de deux mortiers de 22cm, le tout réparti sur deux sections d'artillerie, sans traverses-abri. L'ouvrage comporte un magasin à munitions confectionnées, donc tributaire dans son approvisionnement du vaste magasin à poudres du fort et de ses ateliers de munition. Les casemates de casernement ont une capacité maximum de dix huit hommes en temps de paix, et de quarante en temps de guerre. Une citerne de 101m3 d'eau potable est installée sous un angle du fortin, avec système de recueil des eaux pluviales.

Les perfectionnements et adaptations apportées au fort Est en 1893-1894 pour améliorer la protection des poudres et du personnel face à l'impact décuplé de l'artillerie employant la mélinite et l'obus-torpille, ne sont pas appliquées au fortin, plus petit, moins exposé et dépourvu de magasin à poudre 3.

En 1943, tandis que le fort est occupé par la kriegsmarine allemande, qui y installe une garnison permanente de 70 hommes sous le commandement d'un lieutenant de vaisseau, le fortin, sans doute désarmé, est occupé par un gardien. Le 20 et le 21 août 1944, le capitaine Ducournau, à la tête du 1er commando de choc des Commandos d'Afrique, entreprend la prise du fort. Le 3e commando, dirigé par le colonel Bouvet, prend position dans le fortin du Bau Pointu, et y installe un PC, grâce à la complicité du gardien qui venait d'en être chassé par les allemands. Ducournau réussit l'opération par surprise, non sans pertes humaines.

Après la guerre, tandis que le fort est réaffecté (en 1959) à une base d'expérimentation de l'armement (G.T.E.S. : groupe technique d'engins spéciaux, puis C.E.M. : Centre d'Essais de la Méditerranée), investissant aussi les abords, le fortin est laissé inoccupé, au mieux utilisé comme annexe. Relevant de la compétence de l'E.S.I.D. (Etablissement du service d'infrastructure de la défense) de Toulon, il fait l'objet depuis plusieurs années d'une mise à disposition à l'association Empreinte (La Valette-du-Var), qui l'utilise comme atelier d'artiste loué à un sculpteur.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

Le fortin est fondé à une altitude moyenne de 635m, sur la crête du front nord du Mont Coudon, dominant directement une paroi abrupte au nord, et un escarpement pratiquement aussi abrupt et haut à l'ouest. Du côté sud, il domine le plateau supérieur du Mont Coudon, en déclivité modérée et constante du nord au sud, et formant, en ce point, une sorte de gorge encaissée, du fait d'un groupe de rochers isolés surplombant le front sud du massif montagneux, vis-à-vis du fortin. Du haut de ces rochers, au pied desquels est nichée l'ancienne batterie annexe sud, on découvre parfaitement la situation du fortin, côté sud-est.

On accède à ce plateau supérieur par la longue route militaire en lacets traversant le massif rocheux dans son grand axe est-ouest, construite en 1878-1879, dite aujourd'hui "route du fort Coudon" et classée route départementale 446. Son départ à l'ouest se branche à droite de la route départementale 46, en venant de La Valette du Var et à mi-distance du Revest. Nommé d'abord sur 1,3 km route de Tourris, cette ancienne route militaire ou D.446 fait une bifurcation entre la continuation de la route de Tourris à gauche celle du fort à droite, puis monte en lacets sur environ 3,2 km jusqu'au fort. Elle dessert au passage, à 2, 5km, un premier embranchement à gauche, soit le chemin montant au fortin du Bau Pointu.

Le fortin jouit du côté ouest d'une co-visibilité parfaitement dégagée avec le Mont Faron, et, plus particulièrement avec le fort de la Croix-Faron qui en occupe la pointe sud-est. Malgré les petites dimensions du fortin, qui ont permis de donner à deux des trois côtés de son enceinte un alignement en partie rectiligne, il a fallu adapter son plan à une assiette pentue du nord au sud, mais comportant aussi une plongée vers l'ouest, ce qui se répercute sur le nivellement du mur d'enceinte. Cette contrainte a été optimisée, permettant de dégager devant le front de gorge (face sud/sud-ouest) une esplanade sur laquelle aboutit le chemin d'accès, et d'abriter ce front de gorge à l'arrière des batteries du front nord.

Front de gorge et front latéral : porte et bastionnet de l'angle sud, vus du sud/sud-est.Front de gorge et front latéral : porte et bastionnet de l'angle sud, vus du sud/sud-est.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Le fortin du Bau Pointu est moins irrégulier en plan que le fort Est du Coudon, et son enceinte moins soumise au tracé chaotique des contours rocheux. Il est aussi plus traditionnel dans sa conception parce qu'il reste fidèle au système bastionné, exprimé par de très petits bastionnets, dont un seul crénelé, jouant un rôle équivalent à celui d'une double caponnière de fort fossoyé plus solide, dans une version légère, non défilée, non casematée et économique. L'absence de fossé et l'exposition de ses escarpes non défilées le rendrait très vulnérable aux tirs à longue portée s'il n'était dérobé aux vues lointaines presque de tous côtés, excepté vers l'ouest, par sa situation naturelle. Seul le front nord, qui portait l'épaulement de la batterie, affecte un tracé sinueux, sur une longueur d'environ 90m, étant directement fondé sur le rebord de la paroi rocheuse verticale. Cette irrégularité de tracé contraint par le terrain n'est pas un inconvénient pour un front de batterie, et la plupart des batteries ouvertes, notamment de côte, s'en accommodent, l'épaulement en remblai de pierres-sèche et de terre, n'y étant souvent pas revêtu. C'est le cas pour l'épaulement des deux batteries annexes du Coudon, toutes voisines, qui sont ouvertes, sans enceinte de retranchement. C'est aussi le cas pour la batterie de côte du Gros Bau, sur la presqu'île de Saint-Mandrier, qui est une batterie fermée, mais dont l'enceinte, discontinue, enveloppant front de gorge et flancs, ne revêt pas le front de tête de l'épaulement, et s'interrompt au bord de la falaise rocheuse sur laquelle est construit cet épaulement.

Dans le cas du fortin du Bau Pointu (comme dans celui du fort du Coudon), le mur d'enceinte est continu et forme revêtement du front actif même au-dessus de l'à-pic, où il est incrusté ou plaqué sur le rocher. Il ne s'agit toutefois que d'un revêtement, dont l'élévation faible et aveugle, aujourd'hui en partie ruinée, jadis dominée par les profils en terre des parapets de batterie, se différencie de celle des murs des deux autres fronts du fortin. Ceux-ci sont des courtines crénelés, bâties sur un alignement majoritairement rectiligne, flanquées de trois bastionnets d'angle à leurs extrémités. Le front de gorge sud/sud-ouest, développé sur 75m, comporte en outre un redan flanquant qui fait transition entre la partie d'enceinte à peu près nivelée à l'horizontale, courtine d'entrée crénelée au centre de laquelle est ménagée la porte d'entrée du fortin, et, dans le tiers gauche, une partie "pendante" non crénelée. Celle-ci suit le décrochement de niveau de l'assiette rocheuse naturelle et aboutit au demi bastionnet de l'angle ouest (4m en contrebas), peu saillant, aussi non crénelé, au point le plus bas du fortin (alt. 627m).

Courtine crénelée du front de gorge, redant flanquant gauche, porte et créneaux,  vus du sud.Courtine crénelée du front de gorge, redant flanquant gauche, porte et créneaux, vus du sud.

La saillie flanquante du redan, à gauche de la courtine d'entrée, répond à celle du flanc droit du bastionnet de l'angle sud, à droite de la même courtine. Cet angle sud de l'enceinte relie la courtine d'entrée au mur du front latéral est/sud-est, long de 40m, rectiligne en plan mais "pendant" en élévation en suivant la pente montante naturelle. C'est un parfait angle droit, les maîtres d’œuvre ayant réussi à introduire une part d'orthogonalité dans le plan du fortin. Du fait de cet angle droit de l'enceinte, le bastionnet sud qui le flanque, crénelé et creux (non terrassé), plus saillant que les deux autres (ses flancs étant suffisamment larges pour accueillir des créneaux), est symétrique en plan, avec angle de capitale modérément aigu, angles d'épaule et angle rentrant flancs-courtine faiblement obtus. Le mur rampant crénelé du front latéral bute en partie supérieure sur le bastionnet de l'angle Est, qui occupe, au bord de l'abrupt, le point le plus haut du fortin (alt. 641m). Intégré au revêtement de la batterie, donc terrassé et non crénelé, d'où son flanc droit faiblement saillant, ce bastionnet est asymétrique : sa face gauche, plus allongée que la droite, est formée de deux pans reliés par un angle saillant très obtus, à peine marqué.

Les parements du mur d'enceinte sont mis en oeuvre avec beaucoup de soin, mais en opus incertum d'aspect rustique s'apparentant davantage à un blocage de moellons bruts triés et calibrés qu'à un moyen appareil polygonal tel que celui employé pour le fort du Coudon. Certaines parties toutefois, comme le redan flanquant du front de gorge (et la base de la courtine attenante), emploient un parement en moellons équarris assisés proche d'un petit appareil. La pierre de taille est strictement réservée aux tablettes d'arase, profilées en demi chaperon (en talus vers l'extérieur), et aux encadrements de baies (porte du fortin, créneaux). En revanche, les angles saillants, soit les angles de capitale et d'épaule des bastionnets, et celui du redan du front de gorge, sont arrondis, pour faire courir le parement courant et faire l'économie de chaînes d'angle appareillées. Face droite et angle d'épaule du bastionnet de l'angle est, dominant l'escarpement vertical nord.Face droite et angle d'épaule du bastionnet de l'angle est, dominant l'escarpement vertical nord.

Les créneaux de l'enceinte sont de deux sortes. Dans les courtines, courtine d'entrée et mur "pendant" du front latéral, il s'agit de créneaux de fusillade rapprochés en simple fente verticale encadrée de pierres de taille bouchardées posées de chant, avec ébrasement intérieur. Un autre type de créneaux est réservé aux flancs et faces du bastionnet sud, au redan flanquant du front de gorge et en partie supérieure de la courtine latérale est/nord-est au point où la courtine d'infanterie crénelée se transforme en revêtement, terrassé de l'épaulement de batterie. Cette transition, comme l'ensemble de la courtine, est desservie par un chemin de ronde en rampe de roulage qui aboutit à la plate-forme du bastionnet Est. Ces créneaux d'un type différent sont de petites embrasures horizontales assez larges sous arc segmentaire en briques (le reste de l'encadrement étant en pierre de taille), avec appui en talus plongeant vers l'extérieur, adaptées au tir d'infanterie fichant et offrant un angle de visée élargi. Ce type de créneau en forme d'embrasure, souvent utilisé dans les caponnières des ouvrages Séré de Rivières, est semblable à celui employé pour les courtines du front de gorge du fort Est du Coudon. Ceux du fortin se distinguent par leur disposition géminée, sauf dans le cas du flanc du redan, dont l'arase fortement pendante amortit le mur pour en réduire la hauteur à celle d'un simple parapet garde-corps, et ne laisse place qu'à un seul créneau dans la partie haute sous tablette pendante.

La porte du fortin n'étant pas retranchée par un fossé, ne comportait donc pas de pont-levis, comme dans diverses batteries sommairement fermées, et à la différence du fortin de la Gavaresse, ouvrage d'appoint du fort de la Colle Noire. Comme à la batterie de côte fermée du Gros Bau, c'est une simple ouverture en plein mur encadrée de deux piliers carrés en pierre de taille. Chaque assise est formée d'un seul bloc, en bossage à anglet, faces bouchardée, les piliers étant terminés par un bloc d'amortissement monolithe en légère saillie. Le portail en fer actuel à deux vantaux a sans doute remplacé au cours du XXe siècle celui d'origine, probablement en bois.

Passé ce portail, une cour rectangulaire allongée borde la courtine d'entrée et la sépare de la façade du casernement. Elle aboutit à son extrémité droite au bastionnet crénelé de l'angle sud, ouvert à la gorge, et à l'intérieur duquel se trouve l'orifice de puisage de la citerne du fortin.

Toujours à cette extrémité droite de la cour s'amorce le chemin de ronde en rampe de roulage bordant la courtine du front latéral en desservant ses créneaux, montant aux "dessus" du fortin, plus spécialement à l'ancienne plate-forme de batterie de la partie droite du front nord régnant sur le casernement, en passant sur le côté droit de celui-ci. Ce chemin de ronde en rampe se continue en pente régulière, comme on l'a vu, jusqu'à la plate-forme du bastionnet Est. Dans l'état actuel des lieux, le rocher naturel affleure, les profils des parapets de terre des deux sections de batterie ayant été déblayés, en supprimant par là leur cloisonnement (le parapet de la section de droite la refermait sur celle de gauche, sans communication). Il reste toutefois, de ces "dessus" un aménagement de la section principale de la batterie à droite du front nord, près de la rampe et de la gorge du bastionnet Est, à savoir une niche à munitions voûtée en berceau segmentaire, ouverte dans un mur de terrassement renfoncé; leur encadrement en pierre de taille, avec arc extradossé, est muni d'une feuillure dans laquelle s'inséraient les vantaux d'une porte (blindée ?) aujourd'hui disparue. L'accès à la section d'artillerie de la partie gauche de la batterie se faisant par une autre rampe, aujourd'hui ruinée, qui s'amorce dans la cour d'entrée à gauche de la façade du casernement.

Casernement : façade sur cour, vue oblique prise du sud et de la rampe montant la la batterie.Casernement : façade sur cour, vue oblique prise du sud et de la rampe montant la la batterie.

En saillie sur la façade du casernement et dans le même axe, le revêtement de cette rampe se prolonge pour former le mur de soutènement de gorge de la section d'artillerie de gauche. Il est percé, sur la cour, des portes jumelles d'un double cabinet de latrines, encadrées en pierre de taille bouchardée, avec arc très surbaissé, avec vantail dans la feuillure extérieure, et de deux grandes niches à munitions semblables à celle de la plate-forme droite de la batterie. Ces niches sont creusée dans le roc, en partie maçonnées (parois, voûte), et elles étaient doublées d'une paroi maigre isolante en briques creuses platrières.

La façade du bâtiment de casernement, en simple rez-de-chaussée, habille deux larges casemates effectivement au service du casernement mais aussi, à leur gauche, une casemate plus étroite qui servait de magasin aux munitions confectionnées. Dans l'état actuel des lieux, un mur-écran en parpaing cimenté surmonte la façade : il s'agit d'un aménagement du dernier tiers du XXe siècle, construit pour les exercices d'essai de tir du C.E.M. A la différence de celle de la caserne du fort Est du Coudon, cette façade présente, adaptée à une élévation à un seul niveau, l'ordonnance caractéristique propre aux ouvrages Séré de Rivières, à savoir les grandes arcades structurantes correspondant à l'ouverture du volume des casemates, refermées par un mur de remplage maigre non porteur dans lequel sont percées les baies, classiquement deux fenêtres encadrant une porte centrale plus haut couverte, donnant jour aux casemates. En façade, la mise en œuvre de l'encadrement de ces portes et fenêtres (couvertes d'un arc segmentaire), en pierre de taille appareillée, contraste avec celle du parement du mur de revêtement, en appareil polygonal irrégulier, et de l'encadrement des grandes arcades, dont les claveaux sont extradossés en bâtière. Le mur de remplage dans l'arcade correspondant à la travée du magasin aux munitions n'est percé que d'une porte, sans fenêtres, du fait de sa fonction et de sa moindre largeur.

Les deux casemates de casernement, voûtées en berceau segmentaire, avec cheminée de ventilation au milieu de la voûte, sont d'inégale profondeur; celle de gauche est la plus profonde. Sa voisine, deux fois plus courte et séparée par un mur de refend longitudinal, devait servir en partie de cuisine pour la garnison. L'ensemble des trois casemates, y compris le magasin, est enveloppé, dans la partie enterrée, par un couloir d'isolement voûté destiné à les mettre à l'abri de l'humidité, d'où la double paroi du fond de ces casemates (aujourd'hui percée d'une porte qui n'existait pas à l'origine). Ce couloir d'isolement a son issue en façade, sous forme d'une étroite porte cintrée, de chaque côté du groupe des trois arcades.

1B. Cros, Citadelles d’Azur, Aix en Provence, 1998, p. 120-1212Ces chiffres et leur imputation sont indiqués par la légende d'un plan du fortin du Bau Pointu, feuille n° 5 du Petit Atlas des Bâtiments Militaires, non daté mais apparemment antérieur à 1909, voire à 1901. Vincennes, SHD, 6V4130. Les autres informations sont données (d'après des sources conservées dans le fort - non référencées) dans une notice historique inédite dactylographiée établie en 1983 par un officier du C.E.M. sans date ni signature, en possession de Bernard Cros, qui me l'a communiquée. 3Tel n'est pas le cas au fortin de la Gavaresse, ouvrage d'appoint du fort de la Colle Noire, mais aussi batterie de côte exposée aux tirs venus de la flotte ennemie, qui est dotée à cette époque de souterrains avec magasin à poudre en caverne.

La défense terrestre éloignée de la place de Toulon fait l’objet d’un rapport rédigé en mars 1873 par le colonel Le Masson, directeur des fortifications, qui renouvelle un précédent projet général de camp retranché. Il préconise d’occuper les points hauts principaux d’où l’ennemi pourrait opérer un bombardement, et de rendre plus difficiles les attaques par l’est et par l’ouest. Parmi les points hauts que le comité des fortifications d'avril 1873, propose d'occuper, jusqu’à 6 km de distance de Toulon, figure, à l'est, le Mont Coudon. Les ouvrages répondront aux normes du « système Séré de Rivières ».

La route d'accès militaire fait l'objet d'un projet approuvé en mars 1876, précédé de l'expropriation de plus de 11 hectares. Le projet définitif de fortification du Coudon, rendu en mars 1878 et approuvé en décembre par le ministre de la Guerre, comporte un fort, dit fort Est, une batterie extérieure attenante au fort, deux batteries annexes ouvertes distantes, et le fortin dit du Bau Pointu.

L'ensemble du chantier de construction de ces ouvrages du Coudon est confié à l'entreprise Andreoli et réalisé entre 1879 et 1884, en commençant par le Fort Est, de 1879 à 1882, et en finissant par le fortin du Bau Pointu, de 1882 à 1884. L'effectif total de la garnison au service du fort de l'Est et des batteries annexes est fixée à 270 hommes, et l'armement, en 1883 à 8 canons de 155mm.

L'artillerie du fortin est composée de quatre canons de 120mm, calibre un peu inférieur à celui des pièces de 155mm du fort, et complétée de deux mortiers de 22cm, le tout réparti sur deux sections d'artillerie, sans traverses-abri. L'ouvrage comporte un magasin à munitions confectionnées, donc tributaire dans son approvisionnement du vaste magasin à poudres du fort et de ses ateliers de munition. Les casemates de casernement ont une capacité maximum de 18 hommes en temps de paix, et de 40 en temps de guerre. Une citerne de 101m3 d'eau potable est installée sous un angle du fortin, qui est un petit ouvrage de plan grossièrement triangulaire.

En 1943, tandis que le fort est occupé par la kriegsmarine allemande, le fortin, sans doute désarmé, est occupé par un gardien. Les 20 et 21 août 1944, le capitaine Ducournau, à la tête du 1er commando de choc des Commandos d'Afrique, s'appuie sur le fortin, utilisé comme PC par le 3e commando, pour prendre le fort par surprise.

Après la guerre, le fortin est laissé inoccupé, au mieux utilisé comme annexe. Il est aujourd'hui mis à disposition d'un sculpteur.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Andreoli
      Andreoli

      Entreprise de terrassement et maçonnerie dans le secteur de Toulon, 2e moitié du 19e siècle. Adjudicataire des travaux de construction des batteries côtières et du système de défense du secteur du Coudon entre 1879 et 1884.

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      entrepreneur de maçonnerie attribution par source

Le fortin est fondé à une altitude moyenne de 635m, sur la crête du front nord du Mont Coudon, dominant directement une paroi abrupte au nord, et un escarpement pratiquement aussi abrupt et haut à l'ouest.

Son plan, grossièrement triangulaire, n'est soumis au tracé sinueux des contours rocheux que sur le front nord, qui portait l'épaulement de la batterie, fondé sur le rebord de la paroi verticale, sur une longueur d'environ 90m.

Le mur d'enceinte, continu, forme revêtement aveugle du front actif même au-dessus de l'à-pic, et se transforme en courtines crénelées sur les deux autres fronts, bâtis sur un alignement majoritairement rectiligne, flanqués de trois bastionnets à leurs extrémités. Le front de gorge sud/sud-ouest, développé sur 75m, comporte en outre un redan flanquant qui fait transition entre la partie d'enceinte à peu près nivelée à l'horizontale, courtine d'entrée crénelée au centre de laquelle est ménagée la porte d'entrée du fortin, et, dans le tiers gauche, une partie "pendante" non crénelée. Celle-ci aboutit au demi bastionnet ouest (4m en contrebas), peu saillant, non crénelé, point le plus bas du fortin.L'angle sud de l'enceinte relie la courtine d'entrée au mur du front latéral est/sud-est, long de 40m, rectiligne en plan mais "pendant" en élévation en suivant la pente montante naturelle. C'est un parfait angle droit, et le bastionnet sud qui le flanque, crénelé et creux (non terrassé), plus saillant que les deux autres, est symétrique en plan. Le bastionnet de l'angle Est, en revanche, au point le plus haut du fortin, lié à la batterie, est asymétrique, terrassé et non crénelé.

Les parements du mur d'enceinte sont mis en œuvre avec soin, majoritairement en opus incertum d'aspect plus rustique et moins régulièrement polygonal que celui employé pour le fort du Coudon. La pierre de taille est employée aux tablettes d'arase, aux encadrements de baies, mais pas aux angles saillants, soit ceux des bastionnets, et du redan du front de gorge, qui sont arrondis.

Les créneaux de l'enceinte sont de deux sortes : dans les courtines, créneaux de fusillade rapprochés en simple fente verticale , dans les flancs et faces du bastionnet sud, au redan flanquant du front de gorge et en partie supérieure de la courtine est/nord-est, petites embrasures horizontales sous arc segmentaire en briques avec appui en talus plongeant vers l'extérieur, adaptées au tir d'infanterie fichant et offrant un angle de visée élargi. Ce dernier type de créneau est semblable à celui employé pour les courtines du front de gorge du fort Est du Coudon, mais ici dans une disposition géminée.

La porte du fortin, sans fossé de retranchement, est encadrée de deux piliers carrés en pierre de taille, en bossage à anglet, qui fermait par des vantaux de bois (portail actuel en métal). La cour rectangulaire borde la courtine d'entrée et la sépare de la façade du casernement; à son extrémité droite s'amorce le chemin de ronde en rampe de roulage bordant la courtine du front latéral montant à l'ancienne plate-forme de batterie de la partie droite du front nord régnant sur le casernement. Les profils des parapets de terre des deux sections de batterie sont aujourd'hui déblayés, il ne reste de celle de droite qu'une niche à munitions voûtée. L'accès à la section d'artillerie de la partie gauche de la batterie se faisant par une autre rampe, aujourd'hui ruinée, qui s'amorce dans la cour d'entrée à gauche de la façade du casernement, au dessus d'un revêtement percé des portes des latrines et de deux grandes niches à munitions.

La façade du bâtiment de casernement habille deux larges casemates effectivement au service du casernement mais aussi, à leur gauche, une casemate plus étroite qui servait de magasin aux munitions confectionnées. Elle présente, adaptée à une élévation à un seul niveau, l'ordonnance caractéristique propre aux ouvrages Séré de Rivières, à grandes arcades structurantes refermées par un mur de remplage dans lequel sont percées deux fenêtres encadrant une porte centrale plus haut couverte, donnant jour aux casemates.

Les deux casemates de casernement, voûtées en berceau segmentaire, avec cheminée de ventilation au milieu de la voûte, sont d'inégale profondeur. L'ensemble des trois casemates, y compris le magasin, est enveloppé, dans la partie enterrée, par un couloir d'isolement destiné à les mettre à l'abri de l'humidité.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • pierre pierre de taille
    • brique
    • béton béton armé
  • Toits
    terre en couverture, ciment en couverture
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • voûte en berceau segmentaire
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat

Ensemble homogène bien conservé, excepté les épaulements de batterie. Bel exemple de petit ouvrage d'appui sur site montagneux de la génération Séré de Rivières, à la fois léger et peu novateur.

Documents d'archives

  • Plan du fortin du Bau Pointu : feuille n° 5 du Petit Atlas des Bâtiments Militaires. Non daté [antérieur à 1909]. Service Historique de la Défense, Vincennes : 6 V 4130.

Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2016
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Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble