Le bâtiment fut construit au début du 17e siècle pour servir d'hôtel à la famille des barons de Glandevez jusqu'à la Révolution française. Un plan militaire de la place forte d'Entrevaux pour l'année 1752 et dressé en 1751 par l'ingénieur Bernardy précise le nom des particuliers "possédant des maisons qui communiquent au rempart" et confirme cette propriété. Celle-ci ne prit fin qu'à la Révolution, lorsque la demeure fut réquisitionnée pour servir de caserne aux troupes affectées à la place d'Entrevaux, qui n'en possédait pas. Dans un mémoire daté de 1752, Pierre Joseph de Bourcet, lieutenant général des armées du roi et commissaire principal pour la limite des frontières de Dauphiné, de Provence et de Bourgogne, écrivait en effet que "les privilèges de cette ville l'exempte de tout logement des gens de guerre" et suggérait la rue de l'Orbitelle pour édifier une caserne. L'armée se rabattit finalement sur l'ancienne demeure de la famille Glandevez. L'édifice devenu bien national fut estimé le 29 prairial An III de la République (17 juin 1795) la somme de vingt mille livres et continua à accueillir les militaires en attendant un aménagement dédié à cette destination (deux compagnies de volontaires l'occupaient à cette date).
Sous la direction du capitaine du génie Thomas Brusco (entre 1813 et 1844) furent entrepris des travaux d'aménagement de l'ancien hôtel pour une meilleure utilisation fonctionnelle des locaux à leur usage de caserne militaire. A partir de 1821 notamment le Corps Royal du Génie, Direction de Toulon, décida de dresser des plans d'aménagement des façades extérieures et de la distribution intérieure qui permettent de montrer un état des lieux (par Banchetet) et, au moins pour le rez-de-chaussée et le premier étage, un projet envisagé (par Ducros). Pour ce faire, les deux lots de la demeure noble divisée à la Révolution (parcelles 312 et 313), auxquels s'ajoutait celui correspondant à la parcelle 311 et propriété du sieur Deprats en 1750, qui appartenaient encore tous trois à Charles Henry Léon en 1816, furent préalablement acquis par l'administration militaire. L'entrée rue Basse des Remparts donnait alors directement sur une tour d'escalier en vis faisant saillie en demi-hors oeuvre, qui a disparu depuis. En effet, très vite il fut décidé d'aligner la façade sur rue, ce qui entraîna la destruction de la tour d'escalier pour un escalier intérieur tournant, toujours en place. En 1822 l'aile en retour de la caserne fut raccordée à la tour de la Caserne (référence du dossier : IA04001854). L'alignement partiel (la façade sur rue conserve une forme générale en biseau) envisagé dès 1821 fut réalisé en 1823, dont l'entrée conserve la date par une inscription. On projeta des agrandissements nécessaires à l'accueil des troupes, dans le but de créer un ensemble militaire déployé entre les deux tours bastionnées défensives de la place, celle de la Portette à l'ouest (référence du dossier : IA04001853) et celle de la Caserne à l'est, reliées par le front de bâtiment et la cour de l'ancien hôtel, qui servaient déjà d'annexes (respectivement magasin des subsistances et réfectoire). Il fallait pour cela racheter les maisons mitoyennes (Bonnetty : ancienne parcelle 310, et Roux : ancienne parcelle 309). Ces acquisitions n'intervinrent qu'au début du siècle suivant.
En 1899 en effet la jauge de la caserne n'avait pas évolué : elle demeurait celle de l'ancien hôtel de Glandevez. L'opération se déroula en deux temps : rachat de l'immeuble Simonot en 1913 puis de l'immeuble Martel en 1915, ce qui entraîna une réorganisation générale grâce à la création d'un ensemble unitaire entre les deux tours. Réaménagement anachronique cependant de la désormais éphémère caserne dite de Bois-Gérard : Entrevaux avait en effet perdu son intérêt stratégique et en 1922 on évacuait la majeure partie du personnel militaire, avant le déclassement officialisé par décret du 30 novembre 1928.
La municipalité fit alors l'acquisition des locaux (le 2 juillet 1930), avec pour objectif l'aménagement d'un hôpital destiné à remplacer celui, vétuste, de la place du Planet, dit hospice Saint-Jacques (référence du dossier : IA04001595). A cette occasion, des plans furent dressés par l'architecte Adolphe Philippon, mais l'opération n'aboutit pas. Le bâtiment correspondant à l'ancien hôtel des barons de Glandevez est aujourd'hui géré par l'Association pour la Protection du Patrimoine Entrevalais : il accueille notamment un centre de loisirs (salle de sport et dortoir). Un bail locatif a été accordé à une boutique d'artisan mosaïste. Les deux immeubles achetés en 1913 et 1915 accueillent quant à eux des logements privés.
Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).