La première église d'Ondres, bâtie en 1624, interdite en 1876
Féraud, comme un curé de Thorame répondant à un questionnaire sur l'état des paroisses en 1840, attestent de l'existence d'une première petite chapelle à Ondres, bâtie en 1624 et érigée en succursale de Thorame-Haute en 1686. Cet édifice se trouve à l'ouest du cimetière actuel, tel qu'il est dessiné sur le cadastre napoléonien de 1827 (section B, parcelle 614).
Les visites pastorales décrivent l'évolution de l'édifice de 1697 à 1785. En 1697, le compte rendu de la visite pastorale indique que le cimetière est "en très bon état et bien fermé", tout comme la chapelle à l'exception du pavement. Il y a à cette date des fonts baptismaux, ce qui confirme l'érection en succursale. En 1712, "la chapelle sous le nom de St Laurent est en bon état". En 1745, "les jambages de la porte ont besoin de reparations, les murailles sont en etat, la cloche est rompue. La porte et les murailles du cimetière ont besoin de reparations". En 1768, "toute la chapelle nous a paru en bon etat. Il n'y a qu'à faire reblanchir et recrépir les murailles en dedans, et à construire un aqueduc derrière l'autel qui empeche qu'à l'avenir le blanchissage et crepissage ne tombent plus. En sortant de l'église, nous avons examiné le cimetière, il est bien clos de murailles". En 1785, "le sanctuaire est assez en etat. [...] La nef de cette eglise a ete aggrandie et reparée depuis peu de tems. Elle n'exige pas de réparations".
A la Révolution, l'église est saisie comme tous les bien du clergé. En 1795, le procès-verbal d'estimation la décrit ainsi : "edifice cy devant succursale au hameau d'Ondres contenant dix huit can. col confrontant le cimetiere chemin et autres". Mais la communauté a peut-être pu conserver la propriété de l'édifice puisque "les habitants dud. hameau d'Ondres nous sont déclarés prétendre conserver les édifices énoncés aux 11e [église] et 12e [presbytère] lots pour le temple de la raison ou pour un instituteur".
La visite pastorale de 1858 fait état de nombreuses dégradations : les murs sont "en mauvais état", tout comme la toiture, le pavé est "passable". Tout le mobilier semble également hors d'usage. L'évêque conclut donc : "vu le mauvais état de l'église sous tous les rapports et son indignité à y célébrer les Saints Mystères, nous avons déclaré urgence de reconstruction". Dans la visite suivante, en 1866, rien n'a été fait : "la reconstruction de l'église demandée dans le procès-verbal de 1858 n'ayant pas eu lieu, et les détériorations de cet édifice ayant augmenté, il devient indispensable de s'occuper de la reconstruction d'une nouvelle église. L'église actuelle sera interdite dans le courant de l'année présente, si on néglige de prendre les mesures convenables".
Dès 1865, est lancée l'enquête de commodo et incommodo qui rend une conclusion décrivant l'état de l'ancienne église et la nécessaire reconstruction à un autre emplacement : "l'église du hameau d'Ondres se trouve depuis longtemps dans un état déplorable. Elle est humide et il ne peut en être autrement puisque les terrains qui la touchent du côté du levant et vers le midi présentent un terreplain qui presque partout sur ces deux côtés arrive au niveau de la toiture. Cette humidité la rend malsaine et a été cause du dégradement des murs dont le crépissage a disparu et sur lesquels on remarques de nombreuses lézardes. Ces murs sont faibles, n'ayant pas une épaisseur convenable et tant par ce motif qui, à cause de leur dégradation, bien loin de pouvoir supporter le poids d'une voute en pierre dont l'église est dépourvue, ils menacent ruine. L'église actuelle est petite et ce n'est qu'à grand peine qu'en temps ordinaire, elle peut contenir la population, ce qui devient impossible aux jours de fêtes solennelles. En somme cette église du hameau d'Ondres n'est ni assez spacieuse ni assez élevée, elle est humide, malsaine, dans un état voisin de la ruine, insalubre, indécente, impropre en un mot à l'usage élevé, grand et noble auquel elle est destinée".
La construction de la nouvelle église, construite entre 1869 et 1873
Toujours en 1865, la commune de Thorame-Haute achète un terrain pour la construction de la nouvelle église d'Ondres, au centre du hameau et à proximité du presbytère (sur le cadastre napoléonien, parcelles 686 et 687 section B). En 1868, un devis est proposé par Fournier (agent voyer cantonal) ; il en avait proposé une première version en 1864. Dans ce devis, il est précisé que les moellons proviendront de la carrière dite de St Laurent, "à une distance moyenne de 300 mètres". "Le plâtre proviendra de la carrière de Gévaudan, commune de Barrême". "Le bois proviendra de la forêt communale dite Serre-Long à 4 kilomètres de distance". La toiture est prévue en tuiles creuses, aujourd'hui remplacées par de la tôle ondulée, il demeure cependant la génoise à deux rangs. L'encadrement de la porte d'entrée doit être réalisée "en maçonnerie de pierre de taille" : cela concerne "les pieds-droits ornés d'un imposte et les voussoirs de la porte de l'église, surmontés d'une architrave et d'une corniche" ainsi que "le pourtour de la fenêtre du devant sur 0m30 de largeur, ainsi que les pieds-droits et les voussoirs des fenêtres du clocher", mais aussi les marches du perron. "La pierre de taille provient de la carrière voisine à 300 m du lieu d'emploi". A l'intérieur, le devis prévoit la construction d'un tambour "en bois blanc avec deux portes, dont une à deux ventaux de la même grandeur que ceux la porte extérieure", en place encore aujourd'hui.
Le 16 juillet 1868, le sous préfet approuve le projet et accorde "une somme suffisante pour parvenir avec les ressources [de la commune] à l'entière exécution des travaux". Le 5 septembre 1869, a lieu l'adjudication des travaux à Pascal Simian, maître maçon de Thorame-Haute. L'entrepreneur tombe malade et finalement décède, peut-être en 1870. Les travaux sont alors confiés à un "sous-traitant" mentionné dans le décompte définitif : il s'agit de Gabriel Chaillan "déclaré sous-traitant des héritiers de feu Simian Pascal, entrepreneur par acte approuvé le 20 juin 1871 par M le préfet". Le 18 novembre 1871, dans une délibération du conseil municipal, on signale que "les travaux de reconstruction de l'église d'Ondres s'avancent rapidement et l'achèvement de cet édifice aura lieu avant la fin de l'automne". Et en effet, le 11 août 1872, toujours dans un délibération, la fin des travaux à l'église est annoncée : "l'église récemment construite au hameau d'Ondres est entièrement achevée et livrée au culte depuis le moi de juin dernier". Cependant la réception définitive des travaux n'a lieu que le 6 janvier 1873 ; à cette occasion quelques modifications sont exigées : le changement du carrelage du sol de l'église et de la sacristie pour "un parquet de planches fixés sur lambourdes", une augmentation du nombre de baie : il convient de "ménager aux quatre murs d'enceinte sept ouvertures pour fenêtres au lieu de trois prévues par le projet". C'est effectivement ce que nous observons actuellement.
Dans la visite pastorale de 1876, l'évêque donne son satisfecit et signale que "la vieille église est interdite avec ce qu'elle renferme". Laissée à l'abandon, l'ancienne église a aujourd'hui disparue. La seconde église d'Ondres aurait subi un incendie en 1955, c'est à cette date qu'aurait été placée la couverture de tôle ondulée. Depuis 2009, et après l'enquête de l'Inventaire, l'association de sauvegarde du patrimoine d'Ondres (ASOPE) a lancé des travaux de rénovation : sécurisation des ouvertures et rénovation de la sacristie, en 2012 pose de gouttières et enduit de la façade nord, en 2015, restauration des peintures murales par Mme Luquet.
Photographe de l'Inventaire, région Sud-Paca.