Dossier d’œuvre architecture IA04001843 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Chapelle Saint-Christophe
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Castellane
  • Commune Rougon
  • Adresse route départementale n°17
  • Cadastre 1835 B6 1647, 1649, 1650  ; 2013 B7 1075, 1076
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Saint-Christophe
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

Bien qu’elle ne soit pas mentionnée dans les pouillés, la chapelle Saint-Christophe pourrait dater du 12e siècle. Dans son historique sur la Villa Rovagonis, Jacques Cru date son érection au 11e ou au début du 12e siècle. Cette hypothèse d'un édifice primitif médiéval semble être confirmée par la présence d'un petit appareil à assise régulière observable au chevet de la chapelle, vestige sans doute de ce premier édifice. Un autel médiéval a de plus été récemment mis à jour sous l'autel maçonné 19e siècle.

Ce premier édifice est sans doute laissé à l'abandon à la fin du Moyen Age. Dans la visite pastorale de 1582 en effet, il est écrit que "l’église qu’est dans led. simetière, [...], est toute descouverte et, si promptement ons ne y mect remède, viendra a ruine à faulte dud. couvert, n’y ayant aulcunes portes seures, demeurant ouverte nuict et jour" ; le cimetière n'est pas en meilleur état puisqu'il n'est pas clos et que "le bestailh y entre libérallement". Dans la visite pastorale de 1616, la chapelle n'est pas mentionnée mais les consuls de la communauté sont mis en demeure "à peine d'excommunication" de faire clore le cimetière.

Après une progressive dégradation de la chapelle, la communauté décide une reconstruction que Raymond Collier propose de dater à la fin du 17e siècle ou au début du 18e siècle. Cependant plusieurs éléments concourent à proposer une datation un peu moins tardive : peut-être la 2e moitié du 17e siècle. Il s'agit tout d'abord du voûtement : en voûte d'arête brisée sur arc doubleau, choeur en berceau brisé, ou encore du type de pavement (mallons de terre cuite partiellement vernissés selon un motif en croix) mais aussi de l'encadrement de la porte sud (en pierre de taille en plein cintre à clé décentrée), aujourd'hui murée, ou des petites baies au sud également en plein cintre ; on peut également s'interroger sur la datation des grilles, en ferronnerie, des oculi de part et d'autre de la porte ouest (porte plus tardive sans doute, probablement du 18e siècle).

Au 18e siècle, la chapelle apparaît sur la carte militaire dressée entre 1764 et 1769. Ce qui est certain c'est que la chapelle est débout avant 1772 : en effet, la pierre d'autel retrouvée dans la table d'autel porte le sceau de consécration de l'évêque de Riez (dont dépend la paroisse de Rougon jusqu’en 1801), François de Clugny, nommé en 1772. En 1788, Achard mentionne la chapelle Saint-Christophe en précisant que saint Romain en est le second titulaire. En 1796, lors de l'estimation des biens nationaux, la chapelle est décrite comme en très bon état, le cimetière se trouve, comme aujourd'hui, à l'est et au sud.

En revanche, en 1849, le curé desservant écrit "la chapelle bâtie dans un joli style est toute dégradée". En 1804, le conseil municipal ayant déjà noté cet état, avait décidé de réparer le toit pour "prévenir la ruine [de la chapelle]". En 1925, des travaux sont effectués sur le mur du cimetière : reprise de la maçonnerie, crépi, placement d'une porte en fer à double battant. En 2005 le conseil municipal décide la réfection de la chapelle.

En 2007, une première campagne de restauration concerne la toiture, en 2009, la seconde phase a consisté en la restauration de l'intérieur ainsi que des enduits extérieurs (porche couvert). Les travaux ont été assez intrusifs : les murs ont été enduits (enduit à la chaux coloré) et les peintures monumentales qui les ornaient, datées par Raymond Collier de la 2e moitié du 18e siècle, ont été masquées. La baie qui éclairait le chœur, jusque-là murée, a été dégagée. Les décors de gypseries ont été restaurés par Pierre Caron, plâtrier à Meyrargues (13), un médaillon de gypserie a été créé et placé sur l'arc triomphal.

il est à noter que dans le village (Référence : IA04001909) se trouve une ancienne chapelle, la chapelle Notre-Dame-du-Rochasson, actuellement entrepôt agricole, qui présente une façade tout à fait similaire à celle de la chapelle Saint-Christophe : porte d'entrée avec de part et d'autre deux occuli, surmontée d'une niche.

Chapelle médiévale reconstruite sans doute dans la 2e moitié du 17e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : (incertitude)
    • Principale : 2e moitié 17e siècle, 1ère moitié 18e siècle , (incertitude)

La chapelle se trouve en contrebas du village, assez éloignée de l'entrée de celui-ci, en bordure de chemin ; elle est construite perpendiculairement à la pente.

La chapelle présente un plan assez simple à nef unique. La nef est précédée d'un porche ouvert et terminée par une abside à chevet plat plus étroite et moins haute que le vaisseau principal. La nef est voûtée d'arêtes brisées sur arcs doubleaux délimitant trois travées ; les arcs reposent sur les pilastres engagés surmontés de petits chapiteaux moulurés. Le chœur, dont le sol est surélevé par rapport à la nef, est voûté en berceau brisé.

La chapelle a été construite en moellons grossièrement équarris de calcaire avec chaînage d'angle, ils sont couverts d'un enduit à pierres-vues.

L'édifice est éclairé par deux baies en plein cintre sur le mur sud de la nef, une baie en plein cintre également sur le mur sud du chœur, une toute petite baie sur le mur est. Ces baies ont un encadrement en pierre et un ébrasement extérieur incliné. La porte d’accès se trouve à l’ouest, elle est encadrée de deux oculi fermés par des grilles en fer forgé. Un autre oculus, muré, se trouve au-dessus de l'arc diaphragme, à l'entrée du choeur, il n'est visible que de l'extérieur. Une porte, également murée, ouvrait sur le cimetière, donc sur la façade sud de la chapelle : il s'agit d'une porte à encadrement en pierre de taille, en plein cintre, à clé décentrée ; sur le jambage droit, on peut observer un décor gravé qui pourrait être l'amorce de l'encadrement d'une inscription.

Le pavement, identique dans le chœur et la nef, est constitué de mallons de terre cuite partiellement vernissés selon un motif en croix. L’ensemble présente trois niveaux de toiture correspondants aux chœur, nef et porche ; il s’agit de toits à longs pans couverts de tuiles creuses, l'avant-toit est constitué de deux rangs de génoise. La façade ouest est surmonté d'un petit clocher à une seule baie en plein cintre.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau brisé
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • décor stuqué
  • Précision représentations

    Sur l'arc triomphal, un médaillon porte le chrisme.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché de Riez, 1580 (?)-1620(?). Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 5 G 3

    15 novembre 1582 : Visite pastorale faîte par l'évêque Elzias de Rastellis les 15 et 16 novembre 1582. Au sujet de la chapelle et du cimetière, il est écrit que "Lesd. conseulz adcistés dud. baille se sont plainctz à mond. seigneur de ce que feu monsieur Carles son prédécesseur, fesant la visite, ordonna de fère clorre le simetière dud. lieu, ce que n'a peu estre faict et par ce moyen le bestailh y entre libérallement. Disent aussi que l'église qu'est dans led. simetière, soubz le tiltre Sainct-Roman, est toute descouverte et, si promptement ons ne y mect remède, viendra a ruine à faulte dud. couvert, n'y ayant aulcunes portes seures." 1616/11/6 : Visite pastorale faîte par Guillaume Aleaume, évêque de Riez, le 6 novembre 1616. L'évêque ordonne "à peine d'excommunication" aux "consulz et communauté de fère fermer le cemitère" suivant l'ordonnance édictée en 1603.
  • Procès-verbaux d'estimation des biens nationaux du district de Castellane de l'an IV à l'an V. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 76

    16 août 1796 : Description et estimation de la chapelle Saint-Christophe : "confrontant du Levant et midi le cimetière public, et du couchant et septentrion le chemin public. [...] nous sommes d'avis que la chapelle St-Christophe est construite d'une fort bonne maçonnerie et en très bon état à l'exception du couvert auquel y manque un bon nombre de tuilles à la partie vers le couchant, contenant savoir la grande nef dix neuf cannes de sol et trois de hauteur, l'aile et le sanctuaire sept cannes de sol chacun et deux cannes de hauteur en tout trente trois cannes de sol, le patèque du cotté du septentrion contient six cannes et celui du cotté du midi".
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil municipal de la commune de Rougon, 1804-1875. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 171 1D1 à 1D8

    5 mai 1804 : "Le sieur maire a observé au présent conseil que le couvert de la chapelle St-Christophe est dans un mauvais état que pour prévenir sa ruine il serait à propos de faire faire des réparations" : le conseil approuve la décision de faire réparer le toit de la chapelle.
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil de fabrique de la paroisse de Rougon. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 171 1P1

    13 avril 1844 : A la suite de l'inventaire général du mobilier de l'église paroissiale par le conseil de fabrique, mention pour la chapelle Saint-Christophe : elle a été "augmentée d'une boiserie et d'un devant d'autel et des gradins".
  • Questionnaire sur l'état des paroisses du diocèse de Riez, 1849. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 077

    1849 : Questionnaire rempli par le curé desservant à l'attention de l'évêque concernant la population, la paroisse, l'histoire et l'archéologie religieuses, le presbytère et la fabrique. Ce questionnaire mentionne notamment le nombre d'églises de la paroisse : "une seule (sauf la chapelle de St-Christophe située à cinq minutes du village" ; ainsi que leur état : " le corps du bâtiment et les autels sont passables mais la tribune menace ruine, il y a grand danger pour les personnes qui sont placées par dessous. La Chapelle bâtie dans un joli style est toute dégradée.".
  • Inventaires des biens des fabriques des paroisses de l'arrondissement de Castellane dressés en exécution de l'article 3 de la loi du 9 décembre 1905. 1906. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 V 65

    12 mars 1906 : Inventaire descriptif et estimatif des biens contenus dans l'église et dans la chapelle Saint-Christophe au hameau de la Ferraye : "5 bancs en mauvais état ; 1 autel en plâtre fin".
  • Extraits du registre des délibérations de la commune de Rougon, 1er quart 20e siècle. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 171 2M1

    1er août 1923 : Le conseil municipal décide de travaux sur le mur de cloture du cimetière, en très mauvais état notamment "celui du côté nord ainsi que celui de l'est doivent être renouvelés complètement, ainsi qu'une partie de celui du midi". Délibérations concernant des travaux à la chapelle et factures afférentes. Une délibération du 8 mars 1924 valide des travaux à effectuer sur les murs du cimetière ; en 1925, des travaux de réfection sont effectués sur la clôture du cimetière de la chapelle Saint-Christophe : reprise de la maçonnerie, crépi, placement d'une porte en fer à double battant pour 3196 francs.
  • Campagne de soutien à la restauration de la chapelle Saint-Christophe de Rougon par la Fondation du Patrimoine, 2005. Archives communales, Rougon

    2 mai 2005 : La restauration de la chapelle bénéficie du concours de la Fondation du patrimoine : en 2005 elle envoie à la commune un dossier préalable au lancement de la campagne de mécénat populaire ; la convention de souscription entre la commune et la fondation est signée le 24 avril 2007.
  • Extraits du registre des délibérations de la commune de Rougon, début 21e siècle. Archives communales, Rougon : non coté.

    6 mai 2005 : "La chapelle Saint-Christophe, qui est un élément important du patrimoine communal, devrait faire l'objet d'une réfection aussi bien intérieure qu'extérieure", le conseil municipal approuve cette proposition du maire.
  • Dossier du SDAP 04 concernant la restauration de la chapelle Saint-Christophe de Rougon. Archives communales, Rougon

    décembre 2005 : Sur sollication du maire, le SDAP constitue un dossier afin d'établir un avis sur la restauration de la chapelle.
  • Travaux réalisés à la chapelle Saint-Christophe de Rougon. 2005-2007. Archives communales, Rougon

    Décembre 2005 : Descriptif des travaux : remaniements de la toiture par Jean-Philippe Perier, reprise des enduits extérieurs à la chaux, reprise des enduits du porche avec badigeon, régler les problèmes de remontée d'humidité, sondage des enduits du choeur par Dominique Luquet SARL. Puis, dans une deuxième campagne de restauration : décroutage des murs intérieurs, enduits plâtre chaux aérienne par Pierre Caron, plâtrier à Meyrargues. Janvier 2007 : Sondage en recherche de décors peints à l'intérieur de la chapelle, L'entreprise Dominique Luquet SARL réalise en janvier 207 des sondages et une étude des décors peints à l'intérieur de la chapelle : "les sondages effectués sur l'ensemble de l'édifice montrent la présence de deux décors successifs peints par des peintres locaux [...] ; les enduits et la couche picturale sont fortement détériorés par des infiltrations anciennes et répétées ; au regard de la simplicité de l'éxécution et du fort engagement financier que représente une restauration, il semble plus judicieux de se contenter d'une documentation photographique et d'envisager [...] un décor contemporain".

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    "Auprès du Village l'on trouve une anciène chapelle sous le titre de S. Christophe, Patron de Rougon, dont la fête se célèbre avec pompe le 25 juillet. On y fait aussi la fête de S. Romain, second Titulaire".
  • COLLIER, Raymond. La Haute-Provence monumentale et artistique. Digne: Imprimerie Louis-Jean, 1986, 559 p. : ill.

    p. 224 : "En continuant vers le Verdon, il faut citer la jolie chapelle de Saint-Christophe, à Rougon, avec son porche, sa nef de trois travées voûtées d'arêtes, ses doubleaux et pilastres à impostes, enfin son choeur à chevet plat voûté d'un berceau brisé. Fin 17e siècle ou début 18e siècle". p. 486 : "Un certain nombre d'églises et de chapelles présentent des "illustrations" à dominante de teintes rouilles ou ocres". L'auteur les date du 18e siècle, voire de la fin de ce siècle, ainsi "l'ornementation de la chapelle Saint-Christophe de Rougon, dont les doubleaux sont agrémentés de rinceaux, de feuillages". p. 513 : "La chapelle Saint-Christophe, à Rougon, possède un carrelage un partie à émail plombifère jaune, comme il devait en exister couramment depuis le 17e siècle jusqu'au cours du siècle dernier".
  • Cru, Jacques. Le polyptyque de Wadalde (813-814) et l'occupation du sol. L'exemple de la villa Rovagonis. Dans Bastides, Bories, Hameaux, l'habitat dispersé en Provence. Actes des 2emes journées d'histoire régionale Mouans-Sartoux, 1985.

    p. 87
  • GRAS-BOURGUET. Antiquités de l'arrondissement de Castellane (Basses-Alpes). Digne : Repos, 1842, 314 p. : ill. ; 21 cm.

    p. 288 : "Joseph [Brun de Caille] fit don de la terre de Rougon aux moines de Lerins qui l'ont possédé jusqu'à la suppression de leur ordre en 1791".

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 195-38. 1764-1769.
Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers